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Rechercher : épis de faîtage

Disparition de Lino Sartori

    C'est l'ami Alain Garret qui m'apprend cette triste nouvelle. Lino Sartori nous a quittés le 21 décembre 2011. C'était un peintre sur souches de toute première force que je n'ai pu rencontrer qu'une seule fois en juin de l'année dernière, si éphémèrement, une après-midi fugace, tout en me laissant un grand souvenir cependant.

 

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Lino Sartori face à sa créature, photo Bruno Montpied, juin 2011


    Epoux d'une autre grande créatrice singulière, au parcours différent de Sartori, Andrée Acézat (ce fut au départ une peintre académique de la région bordelaise qui avait rompu à 180° avec ses anciennes habitudes de représentation, creusant la geste enfantine en la revisitant à travers un regard adulte), il avait d'abord été une grande partie de sa vie chef de chantier dans le bâtiment. C'est le compagnonnage avec cette femme artiste atypique, et peut-être aussi la mue opéré par cette dernière dans sa propre production, débouchant sur une expression infiniment plus directe, qui provoquèrent le désir chez Lino Sartori de créer à son tour.

 

Lino-Sartori,-bois-peint-au.jpg Bois peint de Lino Sartori, coll. BM


     Durant  notre rencontre, avant tout centrée sur l'évocation de sa femme qu'il faut aussi faire reconnaître, je ne pouvais m'empêcher d'être gagné du coin de l'œil, séduit par les œuvres de Sartori qui se trouvaient semées dans sa maison, mêlées à celles d'Acézat. L'enchantement continua quand j'allai dans la suite de l'après-midi chez un collectionneur qui a conservé de nombreuses pièces des deux créateurs.Tronc-creux-peint-9.jpg

        Le problème de cette œuvre, qui comprend aussi des peintures en deux dimensions à côté des souches peintes, c'est sa proximité ave le travail d'un Gaston Chaissac. La façon qu'a Sartori de cerner ses couleurs de manière compartimentée, sa liberté de traçage sur des surfaces aussi bosselées et imprévisibles que peuvent l'être des morceaux de bois brut, cela l'apparente fortement à Chaissac et peut nuire à une approche immédiate de son travail. Il faut en particulier ne pas s'arrêter à l'image en deux dimensions de ses souches peintes qui bien entendu aplatissent ces dernières, et le rapprochent encore plus de Chaissac. Quand on fréquente assez longtemps les oeuvres de Sartori, cette référence peu à peu s'estompe et surnage l'opinion que l'on a affaire ici à un amoureux des formes naturelles qu'il sublima par la caresse de ses couleurs, et le dessin de ses figures tendres et naïves, parfois humoristiques.

 

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Lino Sartori, sans titre (un dialogue entre marionnettes?), 2007, coll. privée, Bordeaux

     Il faut absolument se pencher sur cette oeuvre, en dresser le catalogue avant que l'oubli et ses mâchoires de néant ne se referment sur le personnage qui fut discret, réservé, s'effaçant derrière une épouse déjà elle-même fort secrète, véritable ombre derrière une autre ombre...

 

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Acézat et Sartori, Hymne à l'unanimité, il faut de tout pour faire un monde, 1994 ; peinture commune aux deux époux (l'église étant plutôt du fait de Lino apparemment), émaillée d'inscriptions variées et datée de la période charnière dans la production d'Acézat


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Face de poutre

   La théorie des trois points suffisant pour faire un visage, cette barre de protection sur une route des Cévennes l'été dernier l'illustre parfaitement je trouve.

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Cévennes, ph. Bruno Montpied, 2011

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01/03/2012 | Lien permanent

Jeu de jambes

     Je range c'est dimanche. Et je range surtout des dessins de préférence, marottes et obsessions. Je retombe sur un dessin de corps emmêlés qui date de 1985. Avec un texte (sans titre) à la clé dans le goût automatique (ici fonctionnant sur le principe des associations d'idées et de mots) que je pondais encore en ce temps-là (j'ai délaissé avec le temps l'écriture automatique pour le dessin lui aussi automatique). Je le trouve encore bien, même bonifié dans la durée, passablement échauffé... Donc, je vous le colle aussi, par delà le dessin. Dites-moi ce que vous en pensez à l'occasion...

 

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Bruno Montpied, sans titre, 21x29,7cm, stylo Bic sur papier, 1985

     La jambe pend au bout du nez qui suinte du pied. Quatre jambes sautillantes viennent sur la pointe des pieds et s'enlacent aux poignets des bras qui se nouent aux cous des jambes de matrones et de têtes de Turc. Une jambe frémissante enfle et dans le gras de la cuisse un ongle grave quelques signes cabalistiques. C'est une chair malléable, fondante lorsque l'ongle use d'un petit fer à pyrogravure. La cuisse coule comme une motte de beurre. Les gouttes d'or fondu, chester aigre, s'étalent sur les mamelons mafflus d'une forte des Halles au sourire largement fendu sur sa denture ébréchée. Les flaques fondues imitent la forme des pieds. Certains ressemblent à des sabots. Plusieurs jambes voletantes, french cancan et jupons roses, frappent le sol de leurs talons aiguilles. Les chaussures filent dans l'air et vont se planter dans les paumes de main de conscrits qui défilent au pas cadencé, au pas de l'oie, faisant le salut nazi. La jambe! La jambe! La jambe! Elle a l'accent nasillard et laisse passage à la déesse qui s'extirpe du ventre de la cuisse. Au bord de la plaie, dégouttant des lèvres à vif, pendent à ce moment de petits doigts de pied dont les ongles sont miroitants. La main qui farfouille dans la bouche de cuisse aperçoit de ses milliards d'yeux, pris entre plusieurs feux croisés, au carrefour des pinceaux lumineux d'une DCA des chairs, sur chaque miroir onglé un petit jeu de mollet. Le muscle du mollet est une boule parfaitement sphérique qui au repos tombe au fond de la jambe, tout contre la cheville, telle une monstrueuse pomme d'Adam ou un kyste poussé sur le talon. Ainsi talonné, ressemblant à une vieille chaussette détendue, le mollet flasque où pend la peau lamentablement se couvre de sueur et chacun de ses poils commence à ressembler à un cou sans tête. Les cous se balancent au vent attendant les moissonneurs. A la fin de certains intervalles, ils propulsent à l'extérieur dans le ciel bleu des geysers de sang d'où dérivent en ruisseaux des immondices perdues dans le flot, quelques ongles géants, radeaux pour des pieds aux ongles incarnés, des jambes, toujours des jambes car nous sommes dans un pays de jambes, n'est-ce pas?... de jambes qui serpentent doucement au bas des collines des dos jusqu'à la mer qui est une forêt de poils, sous la pluie qui est une douche de sueur. Jambes, jambes qui faites toute ma délectation, jambes comme des boas qui poussent et se ramifient et se transforment en d'autres jambes, d'autres genous, d'autres pieds, d'autres têtes, lèvres, nez, d'autres ventres, accessoires qui ne se fixent jamais en un seul corps mais qui prolifèrent, se multiplient, alternent les uns avec les autres dans un carrousel sans bornes.

(BM, 16 avril 1985)

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Une voix de robot

      Dans le train, la voix de robot de la SNCF tutoie tout à coup familièrement les voyageurs en proférant cet ordre insolite: « Prochain arrêt, jouis ! ». Je lève, étonné, les yeux de ma lecture, mais nous faisons halte à Jouy. Ah, bon…

               (Octobre 2011)

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Esprits de la mine à Lewarde

     "Esprit Mine" au Centre Historique Minier de Lewarde (Nord), tel est le titre de l'expo qui a débuté le 1er juillet et se finira le 31 décembre de cette même année. Y sont réunis 16 artistes et créateurs, autodidactes et professionnels mêlés, "ayant entretenu dans leur démarche créatrice un rapport conscient ou inconscient à la culture minière, au charbon ou à la mémoire de la mine", comme le rapporte le site web d'ABCD qui a collaboré à cette expo en prêtant des oeuvres d'Anselme Boix-Vives. Ce sont surtout les autodidactes présents dans cette expo qui nous intéressent, comme de juste: Boix-Vives certes mais aussi Augustin Lesage, Félicien Delvigne, Gaston Duf, Jacques Trovic, Jean-Michel Wuilbeaux (venu du centre La Pommeraie) et Stefan Nowak (voir illustration ci-contre, "L'amour dans l'amour", oeuvre conservée au LaM de Villeneuve-d'Ascq.L_amour_dans_l_amour_Stefan_NOWAK LaM_Villeneuve_d_Ascq.jpg

 

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Jacques Trovic derrière une mosaïque, et non pas derrière une de ses tapisseries pour lesquelles il est davantage connu ; il s'agit d'un mineur devant un chevalet, ph. Bruno Montpied, novembre 2009 (est-ce que cette oeuvre a été sélectionnée à Lewarde, je ne sais pas, mais elle aurait pu...)

 

     Les liens et les créateurs populaires ayant des rapports avec la mine sont effectivement fort nombreux. Citons au passage le Félix Picques que j'ai mentionné dans ma note sur le n° récent d'Area sur l'Art et la Folie. Mais on pense aussi aux spirites de la région de Béthune, Arras, etc, les Lesage, ou les Victor Simon.

 

Victor-Simon (1903-1976), la toile jaune (hui sur t), 21 fév 71.jpg

Victor Simon, la Toile jaune, 21 février 1971, coll d'art brut du LaM, Villeneuve-d'Ascq

 

     On pense aussi à ces créateurs d'environnements spontanés, ou anarchiques (mot synonyme), que l'on rencontre depuis déjà un siècle dans le Nord et le Pas-de-Calais, à commencer par un Charles Pecqueur ancien mineur qui fit une fresque dans son jardin sur Blanche-Neige et ses 7 nains revenus de la mine (Neige blanche, rêve d'antithèse absolue pour un qui a le corps immergé dans le charbon et la nuit des galeries?), révélé autrefois par Bernard Lassus et Francis David (voir ci-contre photo de ce dernier).Charles-Péqueur,-Blanche-Ne.jpg D'autres ont travaillé aux Houillères, comme Léon Evangélaire à Pont-à-Vendin, auteur de statues en ciment ou Remy Callot à Carvin qui a vu ses mosaïques préservées par la commune.

 

 

 

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Remy Callot, Carvin (Pas-de-Calais, détail d'une fresque en mosaïque (scène égyptienne antique?), ph. BM, octobre 2008

 Centre Historique Minier de Lewarde, Fosse Delloye BP 30039, rue d’Erchin, 59 287 Lewarde. 03 27 95 82 82. http://www.chm-lewarde.com/

 

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Plaque émaillée d'avertissement dans les mines, signalée par Laurent Jacquy, voir son blog Les Beaux Dimanches

 

 

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Dessin de feu

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Photo Bruno Montpied, Saint-Malo, 2010

     Dans cette immensité blanche, tapis de neige d'une bitte d'amarrage, attendait une figure de feu. Coulée de rouille faite femme. Ou petit enfant né du hasard, lutin songeur et renfermé, un peu hâbleur cependant, la bouche entrouverte sur une réflexion qui meurt au bord des lèvres. En contrebas, un autre individu est sur le point de naître. Très opaque, comme calciné, figure charbonnée, le torse à peine esquissé, tourné de trois-quart. Tous deux sortent fumées d'une lampe invisible, génies inaperçus sur la rive du bassin portuaire, guettant peut-être le navire qui les embarquera, futurs passagers clandestins.

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Les roulottes de Pascal Tirmant

     Qui n'a jamais rêvé de se déplacer en roulotte, ou en péniche? Pascal Tirmant, je ne sais s'il a pu réaliser le rêve, mais en tendres maquettes curieuses, fichées sur des tiges comme fleurs d'un nouveau genre, au moins il aura pu lui donner un commencement d'exécution. Il possède un blog consacré à son travail, et à celui de sa compagne Léa qui fait des monotypes d'après ses roulottes, blog qui permet de se faire une idée de dix-huit d'entre elles. En voici deux que j'ai sélectionnées parmi la troupe, la première en raison de la thématique de la sirène qui m'est chère. On peut voir les originaux à Paris en ce moment (voir ci-dessous).

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Pascal Tirmant, Roulotte-sirène

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Pascal Tirmant, Où sont les nuages?

Les Roulottes Objets-sculptés de Pascal Tirmant, Toiles et monotypes de Léa Tirmant sont à découvrir du 6 mai au 4 juin 2010 à la Médiathèque Fnasat-Gens du voyage - 59, rue de l'Ourcq, Paris 19e. T: 01 40 00 35 04. (Merci à Myriam Peignist pour l'information);

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Empreintes au marché de la poésie

    Ca fait un bout de temps que la revue Empreintes, imprimée volontairement en noir et blanc, dans la conception classique de la photographie, animée par Claude Brabant, par ailleurs maîtresse de la Galerie l'Usine, du 102, boulevard de la Villette dans le 19e arrondissement - depuis quoi? Au moins trente ans? - sort des numéros avec de ci de là des textes en relation avec les dadas de ce blog,  sur des environnements spontanés par exemple. Petite recension ultra rapide et parcellaire: dans le n°13 (sans date),Couverture d'Empreintes n°13.jpg on trouve un article sur Lucien Favreau avec des photos de Claude (p 35 à 41) et dans le n° 14, un texte sur Bohdan Litnianski (p 22 à 27). Le noir et blanc va particulièrement bien au jardin de rebuts assemblés de Bohdan.

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Lucien Favreau, photo Claude Brabant, Empreintes n°13

    Pour la couleur des statues de l'environnement de  Lucien Favreau (que je n'ai jamais trouvé l'occasion d'aller visiter), on peut trouver sur le web des photos en couleur abondantes sur un site anglo-saxon Outsider art in France (signalé par le blog d'Henk Van Es, Outsider environments Europe).

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La même oeuvre que ci-dessus, site anglo-saxon Outsider art in France

    Pour Litnianski, on peut aussi aller sur mon propre blog (où plusieurs photos sont d'ailleurs faites sous le même angle que celles de Claude B.).

      D'autres numéros contiennent d'autres sujets en rapport avec les environnements (il me revient qu'il y en a eu un avec des photos sur la cave sculptée des Mousseaux à Dénezé-sous-Doué, dans le Maine-et-Loire). Je vous invite à aller les repérer au prochain Marché de la Poésie, stand F.11, où la revue Empreintes sera présente. Du 17 au 20 juin prochain, place Saint-Sulpice, Paris 6e ardt. Et si vous n'avez pas l'opportunité, ni les moyens d'y aller, voici le lien vers le site de l'Usine où vous trouverez d'autres renseignements.

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Château de la Loire

 

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Château de Saumur ou Tour de Robert Garcet ? Photo BM, 2009

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Fin du Tour de France

      Pour saluer la fin du Tour de France, ce petit panneau d'un de nos inspirés du bord des routes récemment découvert.

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Panneau d'Alexis Le Breton, Morbihan, photo Bruno Montpied, 2010

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