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Méfiez-vous des slips moulants, super-héros...

    Voici ce que m'envoie l'ami Alain Dettinger depuis Lyon, grâce à une photo malheureusement un peu floue. Mais l'on peut deviner ce qu'il a vu, un curieux télescopage (si je puis m'exprimer ainsi) entre l'avertissement publicitaire sur les slips moulants et la vitrine abritant l'annonce qui (du coup?) a explosé. Si vous portez ce genre d'accessoire, il faut s'attendre à tout, et par exemple à briser la glace plus vite que vous ne l'auriez voulu.

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Ph Alain Dettinger, Lyon, 2015

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L'étrange homme aux yeux exorbités et au slip kangourou un peu lâche

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Anonyme, sans titre, sans date, environ 60 cm de haut, exposé en décembre à la galerie Dettinger-Mayer, Lyon ; ph. Bruno Montpied, 2014

     Avec cet ensemble sculpté en bois naturel, vous devrez chers lecteurs vous déterminer sans la moindre référence préalable. Exercice salubre, n'est-ce pas? Personne ne viendra vous dire ce qu'il faut en penser. Car on a affaire ici à une sorte d'aérolithe, un objet non identifié, une énigme visuelle. En tombant dessus à la galerie Dettinger-Mayer très récemment, où j'étais venu voir l'exposition Solange Knopf, je ne me rendis pas compte tout de suite de son côté atypique. Mon œil la voyait à la périphérie de l'expo et de ma conversation avec les personnes présentes. Et tout d'un coup elle fut là, et m'occupa exclusivement.sculpture anonyme,art brut anonyme,galerie dettinger-mayer

      D'où sortait ce personnage aux yeux exorbités, la bouche largement ouverte aux lèvres épaisses, les oreilles décollées, pourvu d'une paire de jumelles, coiffé d'un calot comme de certains pensionnaires d'hôpitaux psychiatriques d'autrefois ou de certains soldats, portant on aurait dit un slip kangourou en laine fort lâche, jambes  nues, au bout desquelles on voyait cependant des chaussettes (roulées de façon différente l'une de l'autre) et des chaussures?

 

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Anonyme, Galerie Dettinger-Mayer, ph. BM, 2014 

 

      Etait-ce une sorte de touriste que l'on voulait ainsi tourner en dérision (les jumelles et les yeux hors de la tête étant deux détails qui paraissaient marquer une intention de la part du sculpteur), touriste qui en outre avait été dépouillé de son pantalon, et peut-être aussi de sa voiture, vu qu'il traînait à côté d'une valise à terre une portière de voiture (assez semblable à celle d'une 2CV)? Mais alors, d'autres éléments, une petite hache à ses pieds, et surtout un très insolite vélo fort étiré, hésitant entre la bicyclette et la barrière, l'entouraient aussi, parfaitement indéchiffrables... Les roues de cette bicyclette garde-fou étant incomplètes, apparemment volontairement, par intention délibérée d'artiste, conféraient à l'engin un côté évanescent, soulignant sa fonction de simple décor d'arrière-plan. Ces roues étaient percées de trous circulaires ce qui paraissait peu usuel pour des roues de vélo...

 

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Anonyme, détail du bas de la statuette, vélo-barrière, portière, valise, hachette... Galerie Dettinger-Mayer, ph. BM, 2014

 

     L'objet, nous confia Alain Dettinger, son découvreur, avait été chiné quelque temps auparavant aux Puces de Lyon. Et comme d'habitude, avec les objets de curiosité ramassés en brocante, il n'y avait aucun élément d'information concernant ses origines.

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Une Maison Jaune hospitalière: Catherine Garrigue y fait résidence trois jours, pressez-vous...

       J'avais remarqué un dessin particulièrment inpiré de Catherine Garrigue sur un carton d'invitiation à une exposition de la Galerie d'Alain Dettinger, à Lyon. C'était en 2014 ou 2017 (une des deux dates lorsqu'elle exposa chez Dettinger, place Gailleton). A la même époque, Jean-Louis Faravel l'avait exposée à sa biennale de l'Art partagé. Ces deux adresses étant un point commun avec moi, puisque j'y ai été également exposé (en 2017, d'ailleurs, chez Dettinger, le mois précédant l'expo de Miss Garrigue). Elle vit actuellement en Dordogne après avoir été active et résidente à Paris (où elle paraît avoir animé un atelier dans le XVIIIe arrondissement, mon quartier favori...).

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Catherine Garrigue, dessin qui figurait sur un carton d'invitation à une de ses expositions Galerie Dettinger.

 

      L'univers du dessin automatique ou simili médiumnique est convenablement encombré, ça bouchonne au pays des mandalas et autres sinuosités plus ou moins arachnéennes, et il n'est pas toujours facile, quand on pratique de ce côté-là, comme paraît vouloir le faire Catherine Garrigue, de se faire une place bien délimitée.

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     Elle vient de me signaler un lieu situé à Revel, près du Lauragais, dans le Sud-Ouest, où elle va exposer trois jours, les 23, 24 et 25 septembre prochains : la Maison Jaune (31 avenue de la Gare, Revel), tenue par un couple d'amoureux des arts, Alix et Joël Bardeau, qui propose là-bas des résidences d'artiste. Elle y sera présente personnellement le 23 septembre. Voici ce qu'elle m'écrit, enthousiaste, à propos de cette résidence: "Les conditions d'exposition sont exceptionnelles  : cadres à disposition, socles pour les sculptures, hébergement. Leur équipe prenant en charge la conception de l'affiche ainsi que sa diffusion et de même que pour les annonces sur les réseaux sociaux. Je n'évoquerai pas le vernissage offert qui sera, très certainement, à la hauteur de la qualité de l'accueil..." Dont acte. A conseiller à tous ceux qui cherchent des endroits où montrer leurs œuvres, bien que je ne sache pas si Mme et M. Bardeau ont une ligne bien précise quant à ce qu'ils souhaitent montrer, et, si ils en ont une, quelle est-elle. Pour joindre ces derniers je n'ai trouvé qu'une adresse Facebook (je vous mets le lien, mais moi, j'ai horreur de Fesse-bouc) : https://www.facebook.com/lamaisonjauneresidencedartistes/

      On ne trouve pas grand-chose sur internet au sujet de ses dessins (qu'elle a commencés en 2011), les reproductions sont mises en ligne, en particulier sur un site de la Dordogne et du Périgord, comme à distance. Voir ci-dessous:

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Sans titre, sans dimensions, sans date indiquées... Idem pour les suivants:

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Un titre à l'intérieur de ce dernier dessin, cependant : "Tourbillon"....

 

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11/09/2022 | Lien permanent

D'Anglefort en force

       Yves D'Anglefort (majuscules, à la particule comme au patronyme, il y tient), ne dirait-on pas le nom d'un aristocrate peut-être breton (?), à la personnalité bien trempée, vivant au secret d'un quelconque ténébreux manoir où il s'adonne à des jeux aux règles de lui seul connues ? 

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Yves D'Anglefort, photo Matthieu Chandelier, extrait du livre de Sylvie Gallin, "Yves D'Anglefort, Un aperçu de son œuvre" ("Einblick in sein Werk"), 2017.

 

      Ce grand seigneur, de fait, aime à jeter sur le papier, et parfois sur d'autres supports, ses armées de figurines (pas très loin de quelques Playmobil ultra schématisés), auxquelles il trace des plans d'action, en fin stratège que trop d'amateurs continuent d'ignorer (par manque de liberté d'esprit, je crois). Ce qui, il faut bien l'avouer, ne l'incline pas à leur pardonner. Il veut en effet à toute force qu'on lui prête attention. Il a tant de choses à dire, et avec tant de manières de le dire (et de l'écrire, souvent au verso de ses compositions ébouriffantes).

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Yves D'Anglefort fecit: Semi-remorque de vin avec sa citerne remplie, c. 2023 ; exposition "Cash", Galerie Dettinger-Mayer, 2023 ; ph. Bruno Montpied.

 

         Il aime en effet se renouveler, n'appréciant guère ceux qui se complaisent dans les redites, prisonniers d'un système. C'est l'un des aspects de la dignité qu'il guigne. Ces derniers temps, on voit donc une nouvelle évolution de son œuvre. La galerie lyonnaise (place du Docteur Gailleton, 2e arrondissement) d'Alain Dettinger nous en administre la preuve depuis le 14 octobre (cela se termine le 4 novembre, pressez-vous donc). Dans ses deux salles, ont surgi, en parfait contraste : pour celle sur rue, de petits formats, certains en simple noir et blanc auquel notre artiste brut (un des rares pour qui j'accepte d'accoler les deux termes) ne nous avait jusqu'ici pas habitués, et pour celle en retrait, deux grandes compositions fort ambitieuses.

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Yves D'Anglefort, Mont de piété, voilà... (ce n'est pas forcément le titre, car généralement, auparavant, YDA professait ne pas aimer mettre de titre, mais plutôt des numéros d'ordre qu'il apposait au verso ; lorsque j'ai pris la photo, je n'avais pas accès à ces versos), date : aux alentours de 2022-2023 ? ; exposé chez Dettinger ; ph. B.M.

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Yves D'Anglefort, autre composition sans titre, date? : vers 2022-2023?, exposition chez Dettinger ; ph B.M.

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Yves D'Anglefort, sans titre, 2022 ; expo chez Dettinger ; ph. B.M.

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Yves D'Anglefort, sans titre (AAAAA), date: 2022-2023? ; exposé chez Dettinger; ph. B.M.

 

       A ces dernières, je dois avouer préférer, dans la première salle sur rue, lorsqu'Yves D'Anglefort pratique la couleur, comme dans le fort charmant paysage ci-dessous, à la composition délicate, absolument pas claironnante (comme c'est le cas dans les deux grandes œuvres de la deuxième salle ; ouh... je sens qu'Yves ne va pas me pardonner ce jugement ; mais, comme le titre qu'il a donné à son expo chez Dettinger ("Cash"¹), il m'arrive d'être, plus souvent qu'à mon tour, moi aussi, "cash"...).

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Yves D'Anglefort, sans titre (paysage avec avion de Vatican Airway...), date : 2022-2023? ; exposé chez Dettinger ; ph.B.M.

 

           Les petits formats de la salle sur rue sont denses, rythmés, bien construits. On a plaisir à les regarder. Parfois un seul personnage se tient frontalement, nous dévisageant dans une "apostrophe muette" (comme l'a écrit Jean-Christophe Bailly dans son livre sur les Portraits du Fayoum que l'on vient de rééditer tout récemment). Et ce personnage bleu, qui sert d'amorce à l'exposition sur le carton d'invitation de la galerie Dettinger, une sorte de ménagère hirsute flanquée de dreadlocks, à la bouche barrée de chiffres, je ne sais pourquoi, me fait quant à elle penser au prince D'Anglefort lui-même, et à son visage carré de John Wayne de l'art brut... Etrange déplacement, n'est-il pas?

Yves D'Anglefort, Lady of now, 2e expo (2023).jpg

Carton d'annonce de l'exposition "Cash" avec une œuvre d'Yves D'Anglefort: Lady of now, technique mixte sur papier, 29,7x21cm, 2023.

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¹ Yves D'Anglefort aurait-il inventé, au-delà de l'art brut, l'art cash?

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Le retour de l'art brut marocain

     Il y a quelques années, certains s'en souviendront, la mode fut un moment à la découverte des artistes dits naïfs d'Essaouira, l'ancienne Mogador au Maroc où fut tourné l'Othello d'Orson Welles et où résidèrent à une époque beaucoup d'artistes et d'écrivains occidentaux (dans les années 70, la ville vit passer Jimmy Hendrix, Cat Stevens et le Living Theater, entre autres). Les autodidactes singuliers paraissaient littéralement y pulluler, certains d'entre eux firent connaître leur nom au delà des frontières du pays, comme Ali Maimoun, Mohamed Tabal, Abdallah Elattrach, Rachid Amarhouch ou Mostapha Assadeddine. Une grande exposition tourna en France en 1999, à Strasbourg, Barbizon, Bourges, La Rochelle, Lyon (galerie des Terreaux), Pézenas, Saint-Etienne et Paris (dans un espace Paul Ricard qui d'après moi maintenant n'existe plus, rue Royale  près de la Concorde, au-dessus du café chez Maxim's). Elle présentait Boujemâa Lakhdar (1941-1989), ancien conservateur du musée des Arts Populaires d'Essaouira et en même temps peintre, comme le pionnier et le doyen des peintres de la ville. Sa peinture était naturellement inspirée des arts et traditions populaires de cette région, il s'intéressait à la magie, aux chants traditionnels, à la sculpture, à l'artisanat et à l'histoire de la ville. Certaines de ses œuvres figurèrent dans la fameuse exposition Les Magiciens de la Terre qui se tint en 1989 au Centre Beaubourg et à la Grande Halle de la Villette, expo où il fut le seul représentant du Maghreb. Il semble qu'il ait été un des grands initiateurs de la peinture autodidacte populaire moderne dans cette ville d'Essaouira, véritable pépinière de peintres singuliers, ressemblant un peu à Haïti et ses nombreux artistes autodidactes.

     Ces créateurs se firent connaître à l'étranger grâce à l'activité dynamique de la galerie Frédéric Damgaard qui les exposa dès le début des années 90. Hélas aujourd'hui, cette galerie semble avoir cessé sa médiation et son entreprise de communication énergique en leur faveur (son propriétaire n'étant apparemment plus en état de la continuer). On n'entend du coup plus parler des "Naïfs" d'Essaouira, qui sont en réalité plus proches de l'art brut. Pourtant récemment, Darnish, de passage au Maroc, a retrouvé certains d'entre eux. Ali Maimoun est toujours actif, et avec d'autres, a fondé une "Association des Couleurs des Mouettes Naïves d'Essaouira" dont le nom plaide assez peu pour leur travail il est vrai (il paraît que le terme marche mieux en arabe) mais qui leur permet de retrouver un peu plus de visibilité, en dépit des lamentables critiques venues de certains intellectuels arabes arcboutés sur leurs privilèges élitistes comme ce peintre académique d'Essaouira nommé Houssein Miloudi qui, selon Darnish, les traita en 1999 dans un de ses textes de "canassons analphabètes", ce que confirma Abdelwahab Meddeb (comme c'est souligné par Darnish dans un récit que je publierai bientôt) en déclarant dans une émission à la gloire de ce Miloudi diffusée il y a peu sur France Culture: "ces malfaisants n’ont laissé aucune trace"...

 


Ahmed Fellah, œuvre reproduite sur le carton d'invitation de la Galerie Dettinger-Mayer

     En attendant que Darnish veuille bien nous faire un reportage sur son voyage, nous pourrons ronger notre frein de façon féconde en allant voir ce que nous ont dénichés deux chercheurs de talent de première, le galeriste Alain Dettinger et sa collaboratrice Fatima-Azzahra Khoubba, qui ont ramené de Tanger quatre créateurs nouveaux, tout aussi autodidactes que ceux d'Essaouira, Ahmed Fellah, Zohra Saïdi, Mohamed Larbi Amarnis et Abdelaziz Hakmoun, vivant dans la médina. Ils vont être exposés dans la Galerie Dettinger-Mayer (4, place Gailleton, dans le 2e ardt de Lyon, tél: 04 72 41 07 80) du samedi 28 septembre au samedi 19 octobre.


Zohra Saïdi, titre non identifié (il semble qu'il s'agisse d'une scène de rue dans la vieille ville de Tanger, avec des collines montagneuses en arrière-plan, un liseré de ciel longeant le bord supérieur du tableau ; les deux têtes à gauche correspondraient aux visages d'enfants curieux de la scène se passant dans la ruelle), ph. Bruno Montpied, expo chez Dettinger 2013

      Je n'ai pas pu voir l'ensemble de l'expo en avant-première, mais j'ai tout de même entraperçu quelques beaux morceaux prometteurs que je vous livre en guise d'avant-goût. Les deux plus étonnants dans cette bande des quatre, à mon humble avis, c'est surtout Zohra Saïdi (qui paraît signer quelquefois Saïda) qu'une rumeur présente comme une nouvelle Chaïbia, et Abdelaziz Hakmoun.


Zohra Saïdi, œuvre (sur papier?), ph.BM, expo chez Dettinger 2013

Abdelaziz Hakmoun, pas de titre identifié, pas de date non plus, ph. BM, expo chez Dettinger 2013

      Etonnantes et fortes images, ne trouvez-vous pas?

    Zohra Saïdi a une façon toute particulière et très libre, en véritable affranchie de la représentation picturale et graphique, de restituer ses observations, sans souci de la ressemblance autre que propre à son ressenti, à sa vision des choses. Ce visage est coulant? Ses pieds ressemblent à des pattes de chameau? Peu importe si cela marche dans la composition, si cela tient et doit être conservé par le peintre. Ce n'est pas une traduction immédiate de la vision, c'est plutôt un jeu avec les couleurs et les formes qui prenant prétexte d'une restitution de paysage extérieur s'affranchit des règles de ressemblance et se déploie dans un accord étroit avec le ressenti immédiat de la créatrice, analogue avec sa façon de vivre le monde au jour le jour. C'est cela que j'entrevois quand je parle d'art de l'immédiat, M. Gayraud.


Abdelaziz Hakmoun, sans titre identifié, ph.BM, expo chez Dettinger 2013

     Abdelaziz Hakmoun est plus sombre, comme plus tourmenté, aimant plonger ses faces de carême (ou de ramadan en l'occurrence) dans un maelström de cercles embrumés et flasques.


Mohamed Larbi Amarnis, une pierre, ph BM, expo chez Dettinger 2013

      Mohamed Larbi Amarnis procède autrement encore, en grand obsédé des formes naturelles des pierres qui le sollicitent fortement. Comme le Français Serge Paillard qui fait de la divination d'après pommes de terre, Amarnis est visionnaire dans le minéral. Il peint une pierre en tentant d'en révéler le mystère. La roche apparaît inexorablement, peinte sur verre, tel un bloc quelque peu abstrait, comme un aérolithe tombé du ciel. Les pierres magiques "lui chuchotent des histoires. La forme de ses pierres le guide dans l'interprétation de rêves prémonitoires. Il voit dans ces formes des messages qu'il dessine avec des plumes de pigeon, en gris métallisé sur des fonds noirs. Plus loin des fleurs fragiles se dressent dans des vases aux formes asymétriques et des chandeliers sans bougies éclairent un pigeon..." (Fatima-Azzahra Khoubba).

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Apparition de Fatima-Azzahra Khoubba

      Voici une dessinatrice lyonnaise, d'origine marocaine, que la Galerie Alain Dettinger nous propose du 30 novembre au 10 janvier 2014, pour les fêtes de fin d'année entre autres donc, dans une exposition intitulée "confidence à un perroquet".

 

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     Ne dirait-on pas une variante de l'art dit fractal, tel que l'illustre un certain Jean Corrèze du côté de Bordeaux? Un art de l'échancré, de l'aber ou du fjörd appliqué aux silhouettes inconsciemment surgissantes dans ces îlots bleus et rouges? Car on voit bien des ombres de personnages fantomatiques sur ce dessin reproduit en couverture du carton d'invitation, paraissant danser dans un grand frou-frou de loques effilochées. Ronde, flottement de figures indistinctes, parentes, dans d'autres dessins, de formes moins identifiables comme des taches, des graphismes informes, tavelures abstraites chargées de figurer des pensées ou des humeurs sans signification claire, toutes flottant dans un espace indéfini. Peut-être analogues à ces taches de peau qui apparaissent avec l'âge sur le dos de nos mains et plus généralement de notre corps... Qui sont comme des avertissements, des signaux...

Petite vidéo sur le vernissage de la galerie Dettinger le 29 novembre dernier

    

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L'art pur de Christopher Simmons

     J'ai précédemment évoqué fort succinctement la figure et l’œuvre secrète d'un certain Christopher Simmons, totalement inconnue dans le monde extérieur à l'Australie où elle fut (et est encore?) produite à la fin des années 70 de l'autre siècle.


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Christopher Simmons, Autoportrait avec coupe en brosse (autres inscriptions: "Plus d'une larme doit couler mais cela fait partie du jeu", "un verre de vin rouge"), 22 x 22 cm environ, 1980 "A.D. or B.C." ("Après Jésus-Christ ou avant Jésus-Christ", que voulait signifier Simmons par là? L'intemporalité de ses saynètes?), ph. Bruno Montpied


      Alain Dettinger, l'excellent galeriste de la place Gailleton à Lyon dont je ne manque jamais de dire le plus grand bien tant il est un chercheur sans cesse à la recherche de nouveaux talents, était tombé sur lui et l'avait connu entre 1979 et 1982, en Australie donc, où il résidait. L'homme dessinait à l'époque (en particulier ? Ou exclusivement?) sur des serviettes en papier, fragiles supports peut-être en lien avec le sentiment de fragilité que ressentait l'auteur lui-même par rapport à son activité de dessinateur (voire plus)? Ces serviettes étant empruntées aux restaurants où il déjeunait.

 

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Christopher Simmons, sans titre, sans date, Galerie Dettinger-Mayer, ph.BM

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Christopher Simmons, sans titre, "1979 AD or BC", Galerie Dettinger-Mayer, ph. BM


    Dettinger a conservé quelques-uns de ces dessins qui étaient récemment exposés à l'Ecole Nationale Supérieure de Lyon, prêtés par ses bons soins. Tous montrent un personnage masculin principalement, entouré de divers motifs ornementaux, tracés au stylo (semble-t-il) noir mais aussi souvent avec quelque couleurs, toujours les mêmes, des bleus des rouges et des verts, parfois du rose. Ces motifs permettent de remplir le fond du dessin, suppléant la couleur qui n'a pas été employée pour l'occasion.

 

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Christopher Simmons, Small man with Big Head (Petit homme avec une grosse tête), "1980 AD or BC", Galerie Dettinger-Mayer, ph.BM


         Ce personnage se tient la plupart du temps les bras croisés sur sa poitrine, dans une attitude voisine de celle dans laquelle sont représentés les pharaons égyptiens, les cheveux hérissés et séparés un par un sur le crâne, "en brosse" comme le décrit un "autoportrait" avoué, autoportrait qui pourrait bien être répété dans tous les autres personnages solitaires malgré l'absence d'explicitation. C'est un style de dessin très simple en vérité, mais qui retient le regard, et ne lasse pas à la longue, ce serait plutôt le contraire même... Je m'en suis convaincu en en acquérant un, qui apparemment dans ce cas n'est plus un autoportrait, mais le portrait d'un "Martien" (ou d'un commissaire de police?).

 

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Christopher Simmons, Small friendly martian, or small friendly marshal (Petit Martien amical ou petit (commissaire?) amical), 1980 "AD or BC", coll. et ph. BM

     Comme on le voit ci-dessus, le dessinateur se délectait à trouver des motifs décoratifs variés, ici des sortes de roses des vents entourées de guirlandes bouclées coloriées, et des formes d'éclairs en zig-zag. Des croix, des sortes de serpentins, des étoiles, des croix dans des cercles, des points, des grilles, des points d'interrogations, des lignes sinueuses, des formes fermées non identifiables reviennent régulièrement, semblant jouer comme une partition et une danse autour des personnages se tenant assez paisibles et plutôt souriants en général.

 

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Christopher Simmons, The Tap (le Robinet), Karl Marx, Agamennon and The Sphinx, 1979 "AD or BC", Galerie Dettinger-Mayer, ph. BM ; ce dessin qui montre une image apparemment simple, un homme qui ouvre un robinet et fait couler de l'eau, devient très mystérieux dès que l'on lit l'inscription qui parle de Marx, d'Agamemnon et d'un Sphinx

    Il reste une photo de ce créateur mystérieux prise au début de ces mêmes années 80, dans un restaurant, où on le voit attablé et un stylo apparemment en main en train de s'apprêter à dessiner sur une feuille placée en dessous de lui. L’œil est malicieux, il est jeune, porte moustache et barbiche, et il est roux. Alain Dettinger m'a confié que son œuvre avait peut-être été signalée à l'époque à la collection de l'Art Brut du vivant encore de Dubuffet, ce dernier cherchant partout des créations qui auraient pu alimenter son corpus, y compris en Australie. La Collection de Lausanne a-t-elle conservé des dessins de Simmons, à voir... Il semblerait en tout cas que notre héros soit toujours de ce monde, et qu'il soit interné actuellement dans un hôpital à Sydney. Une galerie "d'art brut", le studio 79 Balmain, à Sydney encore, exposa longtemps ses œuvres...

 

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Christopher Simmons, Forever or infinity (A jamais ou l'infini) et MAN AND BOLT OF LIGHTNING (Homme avec éclair), 1980 "AD or BC", Galerie Dettinger-Mayer, ph.BM

 

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Photo de Christopher Simmons, auteur inconnu, fin des années 70, typique de la photo pouvant servir à mythifier, n'est-ce pas?

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Tandis que le petit monde dégringolant de Ruzena s'expose (à nouveau) à Lyon...

     Des singuliers, il se peut qu'il s'en montre de fort belle facture à Lyon, mais pas où on le croit généralement, pas dans les piscines du bord du Rhône, mais plutôt à la Galerie d'Alain Dettinger, place Gailleton, non loin de la place Bellecour.

 

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Ruzena, image sur le carton d'invitation à son exposition à venir à la Galerie Dettinger

     C'est le retour dans ces murs de Ruzena, à partir du 3 mars jusqu'au 31 du même mois, le vernissage étant pour vendredi prochain 2 mars à partir de 18h. L'expo s'intitule "Parce que ce que j'écris peut se lire dans le noir", qui est une citation d'Antonio Lobo Antunes. Une lumière au fond du noir, ça éveille un écho avec l'expo autour de Victor Hugo que je vais annoncer ci-dessus (dans cette colonne de notes). C'est d'ailleurs étonnant parfois tous ces échos autour d'un même thème qui s'agrègent par une sorte de hasard orienté (hier, j'ai reçu aussi d'un correspondant éminent la nouvelle qu'il émergeait, lui et ses compatriotes britanniques, des "ténèbres", de l'hiver s'entend...).

 

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Tiens, en prime, un Ruzena inhabituel, un dessin (Ex-voto (plumes), 19-11-05) avec collage (une plume), broderie sur papier calque, pas forcément exposé à Lyon, ph. Bruno Montpied


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29/02/2012 | Lien permanent

Tourisme brut, populaire en été, poésie de l'immédiat (2): Louttre B. exposé à la galerie Le Troisième Œil à Bordeaux

      Après une balade à Strasbourg, filez donc à Bordeaux en ce mois de juin... (Le travail salarié, et les contraintes qui vont avec, ont bien sûr été abolis!). On peut y découvrir, rue des Remparts, à la galerie Le Troisième Œil (pour probablement peu de temps encore (je crois que cela se finit fin juin) une petite exposition de Louttre B., le peintre de Boissiérette dans le Lot (1926-2012), que personnellement j'apprécie bien, surtout dans ses compositions des années 70, dont certains tableaux au Troisième Œil font partie (sur son mur de gauche sans la salle du rez-de-chaussée ; il y a d'autres peintures plus récentes au 1er étage). Ces compositions-là offrent une audacieuse rencontre de matières dites abstraites avec des figurations quelque peu ingénues, pour ne pas dire assumées naïves.

Louttre B.,(2) Le Café de Syta, 1974, h sur contreplaqué, 78x107cm, Le 3e oeil.jpg

Louttre B., Le Café de Syta, huile sur contreplaqué, 78x107 cm, 1974, exposé à la Galerie Le Troisième Œil, Bordeaux, juin 2017, ph. Bruno Montpied (avec un mobile pas terrible; ne pas trop s'attarder sur la lumière orangée aussi, présente au sommet de la composition, reflet de l'éclairage de la galerie...).

 

    Le bonheur a été capté et capturé dans ces peintures, c'est lui qui passe tout entier, imprégnant de sa lumière toutes choses, posées sur la surface de la toile comme papillons mentaux, touches légères et désinvoltes, musique de nuit...

louttre b., galerie le troisième œil, naïveté et abstraction

Louttre B., Les naufragés de l'Astrolabe,  huile et sable sur contreplaqué, 78x107 cm, 1975, ph. B.M. (ici aussi, on ne se fiera que fort modérément aux couleurs faussées de cette reproduction assez minable...).

     

     Peut-être que certains internautes, après avoir parcouru cette note et vu ces reproductions si infidèles (elles ne peuvent que l'être), me rétorqueront que Louttre B., ils ne  voient pas pourquoi je m'y intéresse. C'est qu'il ne faut pas faire confiance à ces images. Il ne faut pratiquement jamais se fier aux seules images, qui ne fonctionnent que comme faibles indices. Il faut absolument, au contraire, aller voir sur place, se confronter aux œuvres dans leur présence matérielle, expérience qu'aucune contemplation d'images ne peut remplacer. Ceci paraîtra peut-être un truisme pour certains, mais sur internet cela a besoin d'être asséné, et répété. Nous sommes tellement baignés d'images que nous en perdons – surtout les plus jeunes peut-être – le sens du contact avec l'œuvre réelle, en trois dimensions. La rencontre physique avec celle-ci est incontournable. C'est peut-être pour cela que les galeries que j'aime, Le Troisième Œil à Bordeaux (d'Anne-Marie Marquette) ou la galerie Dettinger-Mayer (d'Alain Dettinger) à Lyon ne possèdent pas de sites internet (ou si elles en ont un tout de même, comme chez Dettinger, il n'est pas à jour et végète lamentablement...!).

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Frère de tout le monde...

       Frère de tout le monde, voici qui peut parfois entraîner de lourdes responsabilités... Bonne année nouvelle à tous, cela dit.

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Dessin de Huub  Niessen, Brother of everybody...

 

       A signaler en 2017 deux événements me concernant de près : une exposition Bruno Montpied-Huub Niessen à la Galerie Dettinger-Mayer, 4 place Gailleton à Lyon 2e ardt – du 17 mars au 7avril –... et la parution de mon nouveau livre, un inventaire des environnements populaires spontanés, intitulé Le Gazouillis des éléphants, (sortie prévue à l'automne 2017, aux éditions du Sandre). Cela devrait être un gros ouvrage plein d'images et de textes inédits, de quoi faire le panégyrique d'une véritable France parallèle des créateurs ingénus inconnus...

Page annonçant la parution du Gazouillis dans carte catalogue du Sandre.JPG

Cette annonce figurait dans la dernière carte de vœux des éditions du Sandre en 2016, avec les parutions à venir...

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