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Mes récentes publications (Info-Miettes n°21 bien narcissiques car centrées sur ma pomme)

"Art populaire et art brut, quelques exemples de comparaison", Actes I du séminaire sur l'art brut 2010-2011, dirigé par Barbara Saforova, éditions ABCD, 2012

 Actes I Séminaire B Safarova001.jpg    J'ai participé à ce séminaire qui se déroule dans les locaux du Collège International de Philosophie afin de présenter quelques éléments pemettant de mettre en regard art brut et art populaire insolite. Le but était de tenter de mettre en lumière à quel point, tout au moins pour une bonne part des collections d'art brut de Dubuffet transférées à Lausanne, l'art brut recélait des œuvres dont le style et les sujets étaient visiblement proches ou dérivés, malgré des ruptures, d'œuvres faisant partie des corpus de l'art populaire des campagnes d'autrefois. Comme je l'ai dit (briévement) dans mon intervention (dont le texte est donc paru dans ses Actes I publié l'année dernière), cette couleur populaire des collections était apparente surtout dans les premières décennies de la collection (commencée comme on sait vers 1945).

      Depuis quelque temps, l'art brut tend à être redéfini dans différents travaux, notamment ceux de la directrice de ce séminaire Barbara Safarova, travaux qui insistent sur la dimension transgressive de l'art brut, détachée de tout souci de communication, quasi volcanique, se limitant à la matière pure du signe. Le rapport à la culture, à une présupposée absence de culture (même seulement artistique), est moins abordé désormais. L'aspect sociologique est beaucoup moins présent (l'aspect de démocratie directe dans l'art n'intéresse pas les commentateurs actuels, peu politiques). On se concentre désormais davantage sur le côté anthropologique (comme le fait par exemple dans ces Actes une Céline Delavaux) ou esthétique des productions de l'art brut (voire poétique, comme le fait l'assez délirant Manuel Anceau, toujours un peu à la limite de la voyance).

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Une page d'illustrations de "Art populaire et art brut, quelques éléments de comparaison", intervention de Bruno Montpied, p.77 (de haut en bas et de gauche à droite, Thuilant, Forestier, un anonyme au De Gaulle membré -voir sur ce blog-, Müller et Leclercq)

      Au sommaire de ces Actes I, on retrouve outre mon texte, illustré d'oeuvres comme les autres contributions (le tout édité avec le goût extrême que l'on reconnaît à chaque publication de l'Association ABCD, et je vous prie de croire que je ne leur fais pas de la léche), des interventions de Philippe Dagen sur Marcel Réja, de Céline Delavaux sur une réaffirmation qu'il ne faut pas limiter l'art brut à l'art des fous, de Baptiste Brun qui revient sur la notion d'homme du commun mise en avant par Dubuffet au début de ses recherches d'après-guerre, de Lise Maurer sur Laure Pigeon, de Béatrice Steiner (avec des illustrations montrant d'intéressantes oeuvres – je ne parle pas ici de celles de Serge Sauphar, assez mièvres, mais plutôt de celles d'un Adrien Martias – venues des archives de la section du patrimoine de la Société Française de Psycho-pathologie de l'Expression et d'Art-Thérapie)  et enfin de Manuel Anceau interrogeant "L'art brut: une contre-culture?", mais ne répondant pas vraiment à la question, préférant céder à une dérive au fil de la plume, basculant la plupart du temps en termes abscons et se révélant à d'autres moments capables de traits de lumière, comme dans l'envolée finale de son texte  où il cite une nouvelle de Philippe K. Dick dont le propos devient un beau symbole de ce que peut représenter l'art brut.

Actes I, séminaire sur l'art brut, "De quoi parle l'art brut?", dirigé par Barbara Safarova, 2010-2011, 160 p., 29€, éd.ABCD, sd, 2012. Disponible en vente à la librairie de la Halle Saint-Pierre, à la galerie ABCD, 12, rue Voltaire à Montreuil, et à la Collection de l'Art Brut à Lausanne. Voir également le site d'ABCD. A signaler en outre que la galerie de Montreuil est ouverte en ce moment pour l'exposition "Voodoo Chile" consacrée à J-B.Murray et Mary T.Smith le samedi et le dimanche de 12h à 19h jusqu'au 17 mars.

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Cinéscopie n°26, 2012: BM, "Brunius, un cinéaste surréaliste en DVD"

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     Bon, je vais pas la ramener trop encore sur Jacques Brunius, parce que j'en ai déjà abondamment parlé dans cette colonne de notes sans fin (ou presque). Le compte-rendu que j'ai publié dans la revue ci-dessus citée, en juin 2012, est une reprise de la note qui a paru ici même et qui est donc désormais aussi fixée sur papier (car les blogs durent ce que durent les fleurs, en un peu plus longtemps seulement...). A noter que cette revue destinée aux fondus de cinéma amateur, notamment Super 8, animée par un passionné fort sympathique, par ailleurs dessinateur autodidacte de grand talent (voir ci-dessous un de ses dessins), Michel Gasqui (alias Migas Chelsky), s'est aussi intéressée aux Bricoleurs de Paradis entre autres pour mes films Super 8 des années 1980 qui se retrouvent dans les bonus du DVD paru avec mon livre Eloge des Jardins Anarchiques, et dans certaines des incrustations du film.

 

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Migas Chelsky, Bidule 1

Pour obtenir Cinéscopie, voir le blog http://cinescopie.unblog.fr/

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Création Franche n°37, décembre 2012, BM: "Bernard Jugie, un petit musée à usage interne"

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     Autre découverte que j'ai faite l'été dernier, avec la maison Péridier et autres merveilles dont je devrais bientôt parler, voici un petit article, avec de belles photos en couleur, bien imprimées (j'en suis très fier, si, si) sur un créateur populaire à la retraite, Bernard Jugie.B.Jugie-dans-son-petit-musé.jpg Je l'avais repéré en passant un jour par Billom dans le Puy-de-Dôme, du moins n'avais-je entraperçu que des petits décors naïfs placés au-dessus d'une porte et d'une fenêtre en rez-de-chaussée. J'ai attendu deux ans pour faire le tour du petit musée qui se cachait à l'étage. Quelques merveilles nous y attendaient moi et les deux camarades de dérive de cet été-là. Dont certaines se retrouvent ainsi photographiées et en pleine page dans ce dernier numéro de Création Franche. C'est la révélation d'un attachant créateur populaire caché au fond de l'Auvergne.

 

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Une des pages consacrées au petit musée de Bernard Jugie, Création Franche n°37

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Bernard Jugie, un renard taillé dans de l'aggloméré, coll. et photo inédite BM, 2012

       A noter au sommaire de cette livraison d'autres contributions de Gérard Sendrey sur "Lucie M. dite de Syracuse", de Bernard Chevassu sur Christian Guillaud, de Joe Ryczko sur un "Monsieur Grosjean, constructeur d'automobiles en chambre", un projet des étudiants de l'association Campus dynamique sur une prochaine exposition du musée de la Création Franche hors les murs ("La Création Franche s'emballe! Itinérance d'une collection insoumise", du 4 au 14 février 2013 au Bâtiment 20 des Terres Neuves aux lisières de Bordeaux et de Bègles, première étape d'une exposition d'une centaine d'œuvres de la collection qui devrait partir en balade, nous dit-on, excellente initiative...), un texte de Pascale Marini sur Aloïse et Dubuffet et aussi des contributions de Paul Duchein sur Labelle et Dino Menozzi sur Enrico Benassi.

 

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On reconnaît sur cette affiche un masque de Simone Le Carré-Galimard

La revue est disponible au musée ou en écrivant au contact du site web du musée.

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Les Maçons de la Creuse, bulletin de liaison n°15, daté juin 2011 (en réalité imprimé et disponible en janvier 2013), avec deux textes de BM: "François Michaud n'était pas seul, quelques exemples d'environnements populaires créés avant le Palais Idéal du Facteur Cheval" et "La dynastie des Montégudet, inspirés de père en fils"

 

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     Dans ce bulletin, le deuxième texte sur les Montégudet, je l'avoue sans peine, est  le même que celui publié dans mon livre Eloge des Jardins Anarchiques (qui lui-même était dérivé des notes parues sur ce blog...). Il est cependant mis en page différemment et comporte des photos supplémentaires inédites du petit musée privé de René et Yvette Montégudet, descendants et continuateurs de Ludovic Montégudet l'ancien maire de la commune creusoise de Lépinas qui avait créé un espace ludique et poétique avec statues et divertissements variés autour de son étang.

    Le premier texte quant à lui, "François Michaud n'était pas seul", est par contre une amplification d'un texte précédent paru dans Création Franche n°28 en 2007 (« François Michaud et les autres, quelques exemples d’environnements populaires sculptés avant le Palais Idéal du facteur Cheval »). De nouvelles photos inédites et des paragraphes nouveaux évoquent quelques sites anciens ayant précédé les Facteur Cheval, abbé Fouré ou abbé Paysant. Par exemple les statues du sabotier Jean Molette auteur dans les monts du Lyonnais d'une œuvre naïve, taillée dans la pierre et le bois, tout à fait remarquable. Il fit des Napoléon, Ier et IIIe du nom, une immense Madone, une fontaine ornée d'un écu et de lions, des croix de chemin, le tout en plein air (certains restaurés par les architectes des Monuments Historiques, car ils sont classés à l'Inventaire). Ce bulletin me permet aussi de présenter un extraordinaire panneau sculpté du même Molette – en 1854, excusez du peu... –, parfaitement inédit jusqu'à présent, consacré à la gloire de l'Empereur Napoléon III dont ce sabotier était raide dingue (comme François Michaud le tailleur de pierre de la Creuse dont mon article le rapproche). "Le Tableau des Souverains de France" étant le titre de l'œuvre de Molette entièrement vouée à chanter les louanges impériales (Napoléon III est représenté à cheval entouré de 78 médailles chargées de figurer les rois de France que l'Empereur surclasse selon l'auteur). Ce bas-relief fut longtemps conservé dans les archives locales jusqu'à ce qu'il parte chez les brocanteurs à une date récente, et de là dans une collection privée parisienne. Ces représentations naïves et populaires de Napoléon correspondent au regain de bonapartisme que l'on put observer dans diverses campagnes auour de 1852 en France lors du retour au pouvoir d'un Bonaparte. On trouve maintes références à cette napoléonimania, qui ressemble à un culte, sous la forme de statuettes ou d'imagerie, voire de fresques.

 

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Le Napoléon Ier et le panneau sculptés par Jean Molette, et autres décors situés en plein air avant le Palais Idéal... Les Maçons de la Creuse n°15, pages de l'article de BM

 

      Dans ce bulletin, je donne un autre exemple de décor napoléonolâtre photographié (là aussi, c'est complètement inédit) dans le Puy-de-Dôme près de La Tour d'Auvergne (voir ci-dessus). D'autres décors sculptés sur des maisons rurales du Cantal, que m'avait naguère signalés Emmanuel Boussuge sont également présents dans le numéro. Par ailleurs, l'article est flanqué d'encarts dus à la rédaction du bulletin (Roland Nicoux) et de nombreuses photos qui ajoutent de précieux renseignements sur les sculptures de François Michaud à Masgot. L'édition du livre que nous avions fait à plusieurs en 1993 sur ce créateur précurseur des environnements bruts et naïfs du XXe siècle aux éditions Lucien Souny étant désormais épuisée, ces précisions et photos sur Michaud viennent redonner un peu de lumière au sujet.

 

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Raymond Arthur, arrière-petit-fils de François Michaud, sur le seuil de sa maison en 2009, ph. BM

 

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1 L'auteur des ”Barbus Müller” démasqué ! (1er chapitre) ; une enquête de Bruno Montpied, avec l'aide de Régis Gayraud

     Je gage que ces mots, "les Barbus Müller" ¹, ne sont pas nécessairement des plus connus des lecteurs de ce blog, alors que, parallèlement, chez les amateurs pointus d'art brut (au sens historique du mot), ces mêmes termes ont une consonance quasi mythique, tout auréolées d'énigme que sont les sculptures qui portent ce surnom.

Affiche les Barbus Müller 1979 m Barbier Mueller (2).jpg

Le "Barbu Müller" reproduit sur cette affiche appartenait à Joseph Müller ; il est toujours dans les collections du musée Barbier-Mueller à Genève ; affiche, coll. Bruno Montpied.

 

     Lorsque j'ai commencé de m'intéresser à l'art brut en 1979-1980, comme un fait exprès, et comme par un coup du sort (un merveilleux coup du sort), je suis personnellement d'abord tombé sur ces fameux Barbus...

    Or, ces derniers personnages étaient eux-mêmes à l'origine de la collection d'art brut que débuta Dubuffet vers 1946-1947...

    Cela se passait à Genève, en 1980, où je fis un voyage en compagnie de Christine Bruces (j'avais alors 26 ans et elle, 24). Nous visitâmes des musées, et entre autres, nous tombâmes sur le musée d'art tribal Barbier-Mueller (fondé en 1977 par Jean-Paul Barbier-Mueller, le gendre du collectionneur Joseph Müller, musée toujours ouvert aujourd'hui). Il était fort réputé pour la richesse et la qualité de ses collections. Cependant, ce qui m'y frappa dès l'entrée, ce ne fut pas l'art tribal, ce fut l'affiche de l'exposition qui s'était tenue dans ses murs l'année précédente, en 1979 (voir ci-dessus), où l'on découvrait une fascinante   et surtout énigmatique, quoique européenne a priori – figure taillée dans une matière granuleuse, et aussi – et surtout – une mince plaquette blanche intitulée L'art brut, Fascicule I, Les Barbus Müller et autres pièces de la statuaire provinciale, avec pour nom d'éditeur, au bas de la couverture, Gallimard. Cette plaquette, que j'achetai immédiatement, était en réalité le fac-similé d'un fascicule que Dubuffet avait fait imprimer par Gallimard en 1947. Cet éditeur ne voulut pourtant jamais la diffuser, l'histoire de l'art brut lui imputant même un pilonnage ultérieur. Quelques exemplaires échappèrent à cette destruction incompréhensible, dont celui de Joseph Müller qui avait laissé photographier sept sculptures de sa collection pour les besoins de cette plaquette. Ce fut grâce à cet exemplaire, réchappé "des flammes" en quelque sorte, que le musée réitéra – en 1979 donc – l'édition manquée de 1947... Cette plaquette est devenue  rare elle-même par la suite. Qui la rééditera à nouveau?

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Le fascicule n°1 de l'Art Brut, réédition de 1979, "premier fascicule" manqué, puisque le Fascicule n°1 – plus officiel – de l'Art Brut date de 1964, dix-sept ans plus tard donc... ; retenez bien la figure qui était exposée sur cette couverture, nous allons la retrouver plus tard dans cette série de notes... ; la photo en noir et blanc l'éclaircit quelque peu, lui donnant une apparence assez voisine à celle d'un pain sculpté ; elle est aujourd'hui conservée au Musée des Confluences à Lyon ; archives B.M.

 

     J'y insiste : c'est donc dans ce musée Barbier-Mueller que je tombai sur ces étranges sculptures, et non pas dans la Collection de l'Art Brut de Lausanne, où je ne pus aller que quelques années plus tard (mais je me souviens encore du choc ressenti à l'intérieur de cet extraordinaire endroit !). Je ne sais combien de Barbus furent exposés en 1979 au musée Barbier-Mueller. Avait-on réuni tout ce que l'on pouvait regrouper comme pouvant faire partie du même ensemble? Je ne sais. Le musée a dû garder ces renseignements dans ses archives. Mais probablement pouvait-on y admirer au moins les sept sculptures que Joseph Müller, le beau-père du fondateur du musée,  avaient acquises (le musée Barbier-Mueller en possède désormais dix). C'est lui, le collectionneur qui paraît en avoir eu le plus grand nombre. C'est grâce au fascicule de 1947-1979 que l'on peut ainsi dénombrer qui possédait ces statues à cette époque. Dubuffet y a publié un court texte qui donne la liste des collectionneurs avec le nombre de possessions : Joseph Müller (7), Charles Ratton (qui en avait 4), le sculpteur Saint-Paul (1), Henri-Pierre Roché (3) et un "musée de Lyon" (1 ; celle mentionnée et reproduite ci-dessus).

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"Barbu Müller" reproduit dans le fascicule de 1947-1979, ayant appartenu à Charles Ratton.

 

     La difficulté, qui s'est imposée au fil des décennies pour les amateurs de ces sculptures, tient surtout au manque d'informations quant à l'attribution certifiée de telle ou telle statue à un seul auteur. Dès le fascicule publié avec deux textes de Dubuffet, puis en 79, d'un troisième texte, dû à un rédacteur anonyme du musée Barbier-Muller, on s'aperçoit que ces pièces ne sont attribuées à aucun auteur, en dépit du fait que Dubuffet subodore  tout de même un auteur unique ("On dirait que plusieurs sont l'œuvre du même homme") et qu'il est d'origine provinciale... 

      Ce corpus fut dénommé – par Dubuffet lui-même – "Barbus Müller" (parce que d'après lui, plusieurs personnages sculptés arboraient des barbes – ce qui est loin d'être évident, à bien examiner le fascicule et les 16 sculptures photographiées, on ne trouve de nettement barbue qu'une seule tête, et encore (voir ci-dessous)... –, et que Joseph Müller en possédait plusieurs). En dépit de son approximation, ce sobriquet fit son chemin et s'imposa, du moins tant qu'il s'appliqua à un ensemble cohérent. Avec le temps, on commença cependant à voir apparaître des sculptures qui s'éloignaient stylistiquement du premier ensemble, et, comme par coïncidence, le sobriquet des "Barbus Müller" se corrompit et l'on se mit à parler de "Barbier-Müller"...

       Comment – sur quoi – doit-on se fonder pour délimiter le plus précisément possible le corpus?

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Le "Barbu Müller": barbu, vraiment? Ou bien, plutôt lippu? Extrait du Fascicule n°1 de l'Art Brut de 1947, rééd. 1979.

 

     La réponse est à rechercher avant tout du côté des matières employées, granit ou roche volcanique, et surtout, du style et des caractéristiques figuratives de ces personnages schématiques : yeux proéminents, tantôt percés, tantôt à fleur de tête, arcades sourcilières très marquées, de même que des nez  imposants et forts, bouches très larges, comme lippues, une certaine rondeur des formes, sans doute due à la dureté de la pierre qui imposait au tailleur de pierre des raccourcis dans ses figurations (un peu comme dans le cas de l'ermite de Rothéneuf, l'abbé Fouré, qui tailla plus de 300 rochers de la côte malouine entre 1896 et 1908, dates qui ont de fortes chances d'être contemporaines de la taille des sculptures dites des Barbus Müller, comme on le verra plus tard ; Fouré, confronté à la dureté du granit, opta vite pour des formes rognonneuses...). Et je souligne que le style  de ces sculptures est en effet suffisamment marqué pour que différents collectionneurs, ayant trouvé ces pièces chez des antiquaires différents (à Paris, à Macon, à Lyon), les aient tout de même associés en un corpus unitaire, certes sous le regard de Dubuffet, mais aussi après lui.

     Une autre réponse, plus secrète, doit exister, mais il faudrait pouvoir aller la chercher, justement, dans les traces qu'a pu laisser Dubuffet dans ses rapports avec ces collectionneurs ou ces marchands chez qui il découvrit les sculptures. Peu de noms, du côté des antiquaires chez qui les pièces avaient atterri, ont circulé ². Il paraît sûr que Dubuffet a fait photographier (par un bon professionnel : Henri Bonhotal, au nom relevé par Sarah Lombardi, et Baptiste Brun dans son texte L'Atlas de Jean Dubuffet: place nette pour l'art brut, paru dans les Albums photographiques de Jean Dubuffet publiés  en 2017 par la Collection de l'Art Brut et les éditions Cinq Continents) les 16 sculptures de son fascicule de 1947, d'abord chez les collectionneurs qui les lui avaient révélées. C'est ainsi qu'il procédait pour acquérir des pièces pour sa collection naissante d'art brut. Il créa un réseau d'amateurs, de marchands, d'experts, de poètes, de critiques, etc., pour lui permettre d'amasser des informations. Mais il n'eut pas la possibilité d'acquérir les plus remarquables Barbus photographiés, la Collection de l'Art Brut n'en possède au bout du compte qu'assez peu (3).

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Ce "Barbu"-ci fait partie de la Collection de l'Art Brut à Lausanne, sous la cote d'inventaire cab-A701, et il est intitulé "buste de femme"... ; Il ne figure pas dans les Barbus reproduits dans les Albums photographiques de Jean Dubuffet, ni dans ceux reproduits dans le fascicule n°1 de 1947-1979 ; on notera que la couleur permet de mettre en évidence le type de matière sculptée, ici visiblement une roche volcanique ; on ne l'associe aux Barbus Müller que  par certains points communs stylistiques, les lèvres lippues, les arcades sourcilières marquées... et par le type de pierre.

 

       Car c'est à noter : il n'y a que trois "Barbus Müller" dans la Collection de l'Art Brut, désormais à Lausanne comme on sait, ouverte au public depuis 1976. Peut-être ne sont-ils arrivés en outre  qu'après l'enquête photographique de 1947. J'en reproduis un premier ci-dessus. Un second est un personnage appelé "L'évêque" et portant une barbe (voir p.16 des Albums photographiques de Jean Dubuffet), ce qui représente un deuxième cas pouvant justifier le sobriquet pileux inventé par Dubuffet...  Un troisième, d'allure plus germinatif et grumeleux, lui aussi visiblement en basalte, peut se voir à la p. 17 du même ouvrage (on peut le voir aussi dans l'article de Sarah Lombardi, publié dans Arts et Culture 2017, cité plus haut). A ces trois pièces, on peut  en ajouter trois autres, étiquetées "HC" (c'est-à-dire "Hors Collection", et qui ne purent donc être acquises par Dubuffet, et Lausanne ensuite), reproduites toujours dans ce même volume des Albums photographiques de Jean Dubuffet), dont une qui ressemble à un étrange ver.... Cela m'amène à 22 pièces dans l'inventaire que je tente de bâtir peu à peu ici, nécessaire pour délimiter le corpus dont nous parlons.

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Un "Barbu" très vermiculaire, avec toujours de gros yeux cependant et un nez marqué (des caractéristiques du visage de leur auteur?)... Extrait des Barbus Müller "Hors Collection" reproduits dans les Albums photographiques de Jean Dubuffet.

 

      Un vingt-troisième Barbu est à retrouver dans les archives de la Collection de l'Art Brut, comme me l'a aimablement communiqué son documentaliste, Vincent Monod.  En effet, en 1953, Dubuffet remercia un certain M. P. Demeny pour la photo d'une statuette d'un style pouvant permettre de l'attribuer à la série des Barbus Müller.

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Un Barbu Müller repéré par un certain P. Demeny, qui logeait à Paris, "Barbu" inédit, photo Archives de la Collection de l'Art Brut, Lausanne ; à noter le socle visible sur la photo : on ne sait pas où a pu être prise la photo : en Auvergne? Ailleurs? Dans la lettre que Dubuffet adressa à ce M. Demeny (également conservée à Lausanne à la CAB), Dubuffet lui parle d'un docteur de Tarbes qui lui a signalé une autre sculpture de même type, découvert chez un antiquaire de la région de ce médecin.

 

       Un vingt-quatrième cas, appartenant au LaM de Villeneuve-d'Ascq, est classé par moi comme un Barbu Müller authentique (je m'en expliquerai dans le 5e chapitre de ce blog), digne de figurer parmi les Barbus authentifiés, voir ci-dessous...

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Barbu Müller de la collection d'art brut du LaM ; troisième exemple de barbe... ; A noter, comme me l'a signalé Savine Faupin, la conservatrice de la collection, que l'on trouve, sur cette tête au moins, des traces de bleu dans les pupilles en creux : l'auteur avait-il peint en bleu les yeux de certaines de ses statues?

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Barbu Müller, avec l'aimable autorisation de The Museum of Everything.

 

        Enfin, on peut classer parmi les Barbus authentiques également cette autre figure  ci-dessus appartenant à The Museum of Everything en Grande-Bretagne. La preuve de son authentification se révélera dans les chapitres suivants de cette enquête, c'est d'ailleurs la même que celle qui a trait à la pièce du LaM, barbue, reproduite au-dessus de celle de The Museum of Everything...

      Hormis ces vingt-cinq cas reposant sur une documentation historique, on peut citer cependant quelques autres pièces présentées comme des Barbus dans diverses collections (au LaM ³, dans la collection ABCD, et à The Museum of Everything), mais qui demandent vérification pointilleuse pour être complètement rangées dans ce corpus, selon moi. Elles ne figurent pas dans le fascicule de Dubuffet de 1947-1979, ni dans ses Albums photographiques. Je n'en ai trouvé aucune trace dans les autres documents que j'ai découverts par la suite, documents qui permettent d'authentifier les dits Barbus Müller et que je publierai dans les notes à suivre sur ce blog. Parfois, certains possèdent quelques traits stylistiques en commun avec les Barbus, parfois ils n'en possèdent aucun. En voici quelques exemples:

présentés comme des BARBUS-MULLER, mais pas selon moi, coll ABCD.jpg

Coll. ABCD ; cette sculpture – par ailleurs intrigante et singulière – a davantage de points communs avec des pierres gravées de Jean Pous, autre auteur classé dans l'art brut, qu'avec les Barbus Müller (cependant, voir le commentaire, après notre chapitre 6, du responsable de la collection ABCD, B

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Un DVD rien que pour Jacques Brunius

     Brunius a désormais un DVD à lui seul consacré. C'est Doriane films et les films de l'Equinoxe (ces derniers étant les gérants des droits relatifs à Brunius, ils s'occupent aussi du fonds Denise Bellon, la photographe belle-soeur de Brunius, avec qui ce dernier collabora à plusieurs reprises, notamment sur le Palais Idéal du Facteur Cheval) qui patronnent cette sortie toute récente.

 

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Couverture du DVD Jacques Brunius, Un cinéaste surréaliste, éd. Doriane Films et les Films de l'Equinoxe, sorti en mars 2012

    Quatre films, tous des documentaires, sont ainsi édités dans ce DVD: Autour d'une évasion (ultra rare; 65 min., 1931), Violons d'Ingres (30 min. ; 1937 ; déjà réédité dans le triple DVD Mon frère Jacques de Pierre Prévert,), Records 37 (28 min, 1937), ces trois derniers films ayant été tous restaurés par les Archives Françaises du Film et le CNC, et enfin Sources noires (38 min. ; 1937 ; docu "artistique" sur l'industrie pétrolière).

     Brunius, j'en parle souvent ici, c'est un homme qui me fascine et m'enchante. Par sa rigueur, son côté impitoyable aussi, dont on se fera une idée précise en lisant son livre de 1954, En marge du cinéma français, où il se livre en de certaines pages à des exécutions d'une rage inouïe (sur Cocteau notamment où sa verve anti Cocktail -un cocteau, des cocktails- fondée par rapport à certains des films de ce poète mondain -je pense notamment au Sang des Poètes d'une mièvrerie et d'un formalisme creux insupportables- dérape dans l'injustice lorsqu'il se livre à une descente en flammes de la Belle et la Bête ; on sait cependant à quel point Cocteau était haï des surréalistes, au point de faire dire à Philippe Soupault, comme le cite Jean-Pierre Pagliano dans son Brunius à l'Age d'Homme en 1987 (note 108, p.136): "Nous nous [les surréalistes] sommes éloignés du cinéma parce qu'il était aux mains de truqueurs comme Cocteau" ; ce genre de phrase est à retenir dans une histoire du cinéma et du surréalisme il me semble...). Brunius était un de ces passionnés, –de cinéma d'abord– qu'aucune tiédeur ne retenait de lâcher les chevaux. Son livre montre par ailleurs aussi quel redoutable théoricien du cinéma il pouvait être. La réunion des quatre films de ce DVD, mis en relation avec son livre, met en évidence en particulier son goût et son désir de promouvoir un cinéma de montage, au rythme particulièrement rapide (parfois même un peu trop rapide, empêchant de savourer les raccords, les analogies... comme dans Records 37, les plans sur le thème de la roue mise en parallèle avec les cercles concentriques générés par le jet d'un caillou dans l'eau par exemple). Il était là dans le droit fil des théories surréalistes s'inspirant de la phrase célèbre de Pierre Reverdy (que cite Brunius dans son livre, p. 128 de l'édition originale des éditions Arcanes): "[L'image poétique] ne peut naître d'une comparaison mais du rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées. Plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l'image sera forte – plus elle aura de puissance émotive et de réalité poétique..." (Nord-Sud, mars 1918). Des "rapports lointains et justes", on les illustrera par exemple par ce rapprochement juste des formes des différentes roues avec des ronds dans l'eau, matières et objets pourtant éloignés les uns des autres dans la réalité. 

     Lui qui fut admiratif de cinéastes comme Jean Renoir (avec qui il collabora comme assistant -dans La Vie est à nous- et comme acteur -dans Partie de Campagne et Le Crime de Monsieur Lange), ou encore René Clair, Alberto Cavalcanti, Walter Ruttman, ou bien Luis Bunuel (dont il fut l'assistant sur L'Age d'Or), rêvait en effet d'un cinéma qui devait permettre, dans la continuité des films des avant-gardes des années 20, d'apporter un souffle nouveau basé sur les rapports égalitaires et complémentaires entre images toutes faites, tournées par d'autres (exemples des images d'actualités), musique, bruitage, et sous-titres. Brunius, en particulier voulait réformer l'usage du commentaire dominant par rapport aux autres langages du cinéma (image, bruits...).

      Dans Records 37, l'oreille du spectateur entend médusée ces mots, "Ni dieu, ni maître..." chantés en arrière-plan sonore (à moins que ce ne soit au premier plan?) sur un poème de Paul Valéry, alors que le film  continue simultanément et imperturbablement de dérouler sa litanie d'émerveillement devant les améliorations apportées au monde moderne par les différentes techniques ingénieuses qu'il nous présente.

Brunius, en marge du cinéma français, couverture.jpg     Le livre En marge du cinéma français dont maints chapitres ont été rédigés apparemment les années précédentes paraît déplorer que les recherches de montage, notamment de bandes d'actualités (comme dans Autour d'une évasion, où Brunius récupéra des images de Silvagni tournées en Guyane d'après l'enquête d'Albert Londres sur les bagnes, ainsi que les images rares, volées, filmées de derrière des persiennes entrebaillées par Gaston Chelle, opérateur de Pathé-Gaumont, montrant l'embarquement de bagnards à Saint-Martin-de-Ré dans les années 20 (ceci est révélé dans  l'instructif et synthétique livret du DVD par Nathaniel Greene), images qu'il entrelaça à des séquences qu'il filma à Paris avec Eugène Dieudonné, ancien anarchiste ayant fréquenté la  Bande à Bonnot et condamné injustement au bagne en Guyane), le livre de Brunius déplore que ses recherches de montage n'aient pas été reprises par d'autres. Cependant, au même moment (au début des années 50) les lettristes, tels Isou avec son Traité de Bave et d'Eternité où bande-son et bande-image se séparent à un moment du film de façon discrépante comme le qualifia Isou, ou tel Guy Debord qui fit au même moment des films sans images (Hurlements en faveur de Sade) puis par la suite dans ses films situationnistes des films de montage de bandes d'actualités et autres films tout faits, publicitaires entre autres, qu'il détournait, représentent à l'évidence des héritiers des théories cinématographiques de Brunius et autres surréalistes.

 

 

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Alphonse Benquet, portrait de sa femme Marie, 1889, coll. Rassat, ph. Bruno Montpied (sculpture inédite)

    Brunius qui ne s'en tint pas là, comme je ne cesse de le rappeler ici et là, devançant également Dubuffet et l'art brut par son film de 1937 Violons d'Ingres qui évoque diverses figures de l'art populaire comme le Facteur Cheval, l'abbé Fouré, Alphonse Benquet, Auguste Corsin, Alphonse Gurlhie, le Douanier Rousseau, divers artistes naïfs, associés à des figures excentriques populaires (le Diable Rouge), des inventeurs et des artisans populaires, tous représentants d'une persistance du génie de l'enfance se prolongeant à l'âge adulte. Autour d'une évasion, film d'une audace étonnante pour l'époque, puisqu'il traite dans la suite des enquêtes d'Albert Londres (voir son livre sur  Dieudonné, L'Homme qui s'évada et celui sur les bataillons d'Afrique, Dante n'avait rien vu, réédités au Serpent à Plumes), des conditions faites aux bagnards, montre à un moment dans les mains de Dieudonné un rouleau de peau humaine conservé en raison des tatouages qu'il recèle, tatouages que l'on voit dans un autre passage du film, dans les images de Silvagni en train d'être apposés sur les bras et les épaules des bagnards par des compagnons d'infortune.

 

Aoutr-d'une-évasion-Dieudon.jpgDieudonné déroulant la peau tatouée dans Autour d'une évasion

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L'opération de tatouage dans Autour d'une évasion

 

 

      Il reste à espérer que ce DVD soit le premier d'une série qui ne pourra se limiter sans doute qu'à deux compilations, la deuxième se consacrant à ses films tournés en Angleterre après la Seconde Guerre. Car on sait que Brunius, fuyant les Nazis, alla vivre là-bas, revenant de temps à autre après guerre voir ses amis et parents sur le continent, continuant à fréquenter le cercle surréaliste notamment, jusqu'à sa mort en 1967, la veille d'une grande exposition surréaliste à Londres qu'il avait grandement contribué à organiser (on le voit témoigner sur Jacques Prévert dans le film de Pierre Prévert Mon Frère Jacques en 1966,  rare moment de présence personnelle devant une caméra, en dehors de ses rôles de comédien).

      D'autres films furent réalisés par lui durant sa période anglaise (j'en ai évoqué un, Somewhere to live, dans la note ici et en lien), et notamment un film pour enfants, To the rescue (A la rescousse) en 1952, qu'il fit avec Richard Massingham que Pagliano présente comme "une sorte de pionnier, réinventant le cinéma pour son usage personnel", une sorte de "cinéaste du dimanche", bourré d'humour et d'esprit carrollien, goût qu'il partageait avec Brunius qui réalisa pour la radio française en 1966, un an avant sa mort, une émission fleuve d'environ huit heures sur Lewis Carroll (rediffusée en 1986 sur France-Culture : faudra-t-il attendre 2016 pour la réentendre? Qu'attend-on pour l'éditer en coffret?). Ce film fut apparemment la seule incursion de Brunius dans le domaine de la fiction, sorte de poursuite burlesque, nous dit toujours Jean-Pierre Pagliano, en hommage au cinéma comique des premiers temps. Il reçut le prix du meilleur film pour la jeunesse au festival de Venise 1953. On aimerait bien le voir...

A noter en bonus: le Palais Idéal d'Ado Kyrou (1958, déjà réédité en même temps que le film de Claude et Clovis Prévost sur le Facteur Cheval dans un autre DVD produit par le Palais Idéal de Hauterives), surtout une éclairante "rencontre autour de Brunius" au Lux, scène nationale de Valence (le 16/10/2010), avec Eric Le Roy (CNC, Archives Françaises du Film, Films de l'Equinoxe), Christophe Bonin, l'ancien directeur du Palais Idéal aujourd'hui nommé à d'autres responsabilités culturelles dans la Creuse, et Jean-Pierre Pagliano (rencontre que j'avais signalée en son temps sur ce blog), une "chronologie" de J-B. Brunius et un diaporama de photos de films et de dessins de Brunius.

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Info-Miettes (29)

Le musée de l'art spontané

 

    Oui, il y a un musée pour la spontanéité et il est à Bruxelles. Semble-t-il longtemps concentré sur l'art naïf (envisagé dans nombre de cas dans son versant gentillet), il s'ouvre aussi à différentes formes d'automatisme autodidacte dans l'art (dans une démarche qui n'est pas sans rappeler celle du musée d'art naïf et d'arts singuliers de Laval). Comme c'est le cas, en février et mars, avec l'exposition "Au fil de l'encre" de Rosanna Brusadelli, dessinatrice qui crée en symbiose avec les formes naturelles, calquant son graphisme sur des arborescences et des réseaux, voire des rhizomes, ressemblant parfois à des échangeurs routiers.  Elle dessine à la plume "à profiler" en noir et colorie après coup, toujours à l'encre. Un travail en tout cas qui me retient, d'après le peu que j'ai vu jusqu'à présent..

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Rosanna Brusadelli 

Exposition du 14-02-2017 au 05-03-2017, Musée d'Art spontané, 27, rue de la Constitution, à 1030 Schaerbeeck (nord de Bruxelles).

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Dreamdew n°8

     Dreamdew, ça veut dire "Rosée de rêve". C'est un bulletin de 4 pages édité numériquement par Sasha Vlad et Bruno Jacobs, rédigé en anglais et provenant des USA. La publication est entièrement vouée aux rêves, comme de juste. Le dernier numéro (de février 2017) vient de m'être envoyé, et on y trouve des récits, plutôt brefs dans l'ensemble, relatifs à des lectures intervenues dans les rêves des divers auteurs des récits. Pour accéder à ce numéro, cliquez ici.

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Sasha Vlad, "Sur le plan horizontal, une fraîcheur noire. Sur le plan vertical, un éther neutre" (légende de Dan Stanciu), collage, date et dimensions non précisées ; œuvre non reproduite dans Dreamdew.

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Des "Singuliers de l'art" à Carquefou, au Manoir des Renaudières

            Une exposition, parmi les dernières qui vont se tenir dans l'année qui vient au Manoir des Renaudières qu'anime avec brio Chantal Giteau à Carquefou (banlieue de Nantes), en instance de départ à la retraite, promet d'être un perit feu d'artifice rendant grâce à l'art véritablement singulier.

Singuliers à Carquefou, Carton Recto (2).jpgCarton d'invitation à l'expo "Des singuliers de l'art", on reconnaît en bas à droite un dessin patatomancien de Serge Paillard, plus haut une roulotte en réduction de Paskal Tirmant, quelques personnages grotesques de Briantais, des corbeaux (peut-être de Manero? Il est difficile à identifier, celui-ci, parce qu'il a plusieurs manières), en déduisant que le reste, par élimination, est due à Goux et Cottalorda...

 

      "Véritablement", parce qu'en l'occurrence cela n'a rien à voir avec les festivals de Têtes à Toto que l'on déplore ici et là, et qui abîment l'étiquette d'art singulier par voie de conséquence plus du tout "singulier". Sont annoncés pour l'occasion Gilles Manero, Serge Paillard, Paskal Tirmant, Bernard Briantais (quatre artistes que j'ai chroniqués sur ce blog), et Claudine Goux (un pilier de l'art singulier et de la création franche), ainsi que Chloé Cottalorda (inconnue de moi). Le carton d'invitation est un collage original réunissant en un tout homogène des fragments d'œuvres de ces six artistes.

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       En outre, seront présentés le samedi du vernissage, à 10h30, un film sur l'abbé Fouré, L'homme de granit, avec une intervention de Joëlle Jouneau, animatrice de l'association qui cherche à faire mieux connaître l'ermite de Rothéneuf, et surtout, à 14h30, un film plus inédit, car récemment produit (2016), La Dame de Saint-Lunaire, d'Agathe Oléron, consacrée aux recherches et découvertes de cette dernière sur l'étonnante créatrice d'une maison singulière à Dinard, Jeanne Devidal.

 

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 Disparition de Bernard Jugie (1940-2013)

 

 La-porte,-la-boîte-aux-lett.jpg           M'est avis que ce nom ne dira vraiment rien à la plupart de mes lecteurs en dépit de l'article que je lui avais consacré dans la revue Création franche (le n°37, décembre 2012), de quelques notes sur ce blog et d'une de ces expositions confidentielles dont la revue Recoins a le secret – c'était dans la galerie de la Halle Saint Pierre.

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Bernard Jugie, sans titre, panneau de bois peint et gratté, ph. et coll. Bruno Montpied

      J'avais repéré des indices de son activité de sculpteur et de peintre naïf et populaire en passant en voiture dans une rue de Billom (Puy-de-Dôme ; voir photo ci-dessus avec la boîte aux lettres, ph.B.M., 2012). Je poussais alors mes compagnons de route vers le Livradois en quête d'un château où se trouvaient peut-être de belles fresques naïves de l'époque napoléonienne (cette quête se heurta à une magnifique porte fermée). Quelques années plus tard, en 2012, on fit l'expédition directement à Billom pour savoir si on aurait plus de chances du côté de Billom. On appela l'intéressé au téléphone au préalable, grâce à l'entremise d'une créatrice de cette ville, Marie Paccou.

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Bernard Jugie, un renard obtenu par évidement d'un panneau d'aggloméré longuement travaillé, ph. et coll. B.M., 2012.

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Bernard Jugie, une lapine et ses lapereaux, ph. B.M., 2012.

 

     Qui se cachait derrière cette porte surmontée de tableautins naïfs (renard, oiseaux, faisans, nichoir, papillons...), on le découvrit bientôt avec bonheur. C'était un des ces créateurs solitaires qui produit des objets, des sculptures, des tableaux (fleurs, animaux, paysages) pour son plaisir et celui de quelques rares proches et amis... Un dépositaire d'un talent naïf, toujours aussi difficile à expliquer pour ce qui est de savoir pourquoi il avait élu domicile en ce corps-là, et pas ailleurs chez maints autres individus.

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Bernard Jugie, statuette sans titre, coll. privée, Paris, ph. B.M. 2012.

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Bernard Jugie, sans titre (fleurs dans un vase), vers 2012, ph. et coll. B.M.

 

      Bernard Jugie était modeste, parlait peu, et il était généreux. Je poussai à la roue pour acquérir des œuvres, conscient de l'éphémère de la situation. A trois, nous lui achetâmes quelques pièces qui sont pour le moment à l'abri. Est-il sûr qu'il en soit de même pour les œuvres que Jugie garda jusqu'à l'année suivante? On vient de m'apprendre en effet que la Camarde est venue l'année d'après le chercher. On aimerait savoir ce que deviennent les sculptures et peintures qu'il accumulait dans son petit musée sous les combles...

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Bernard Jugie, créateur à ses heures, ph. B.M., 2012.

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Joël Lorand dans une nouvelle galerie d'art singulier à Nantes, la galerie Perrine Humeau

     Tiens, ça faisait longtemps que je n'avais pas parlé de Joël Lorand, le globe-trotter de l'art singulier. II est toujours autant en recherche qu'au début. Après être passé par différentes périodes (les dernières étant les "personnages floricoles", les "boucliers cosmogoniques" et une série de dessins en noir et blanc - qui me laissent personnellement  sur ma réserve), le voici qui fait une incursion à Nantes dans une neuve galerie (ouverte en mars 2016) qui veut se consacrer à l'art singulier, plus qu'à "l'art brut" proprement dit (si l'on doit s'en référer aux créateurs et artistes choisis jusqu'à présent), la galerie Perrine Humeau, qui a déjà exposé entre autres Bernard Briantais (qui s'est fait connaître des amateurs d'art singulier en exposant préalablement au Manoir des Renaudières à Carquefou) et quelques créateurs venus de l'atelier de l'ESAT de Cholet.

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Joël Lorand, exposition du 2 février au 25 mars 2017. Coordonnées de la galerie en cliquant sur le lien ci-dessus.

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Scottie Wilson à la Galerie du Marché, Lausanne

 

     Une exposition d'œuvres d'un créateur classique de l'art brut – qui me paraissent inégales (si je dois penser que les œuvres exposées correspondent à celles qu'on voit sur le site de la galerie), mais baste, ça n'est pas si fréquent de voir des dessins de Scottie par ces temps de marché de l'art brut galopant – est organisée à la Galerie du Marché animée par l'affable Jean-David Mermod à Lausanne, du 25 janvier au 11 mars. Le danger avec les dessins de Scottie Wilson, c'est leur propension à tomber parfois dans le décoratif. Toutes les œuvres affichées sur le site web n''échappent pas toutes à cet écueil. Je n'ai pu m'empêcher d'être un peu déçu, surtout après avoir d'abord découvert l'œuvre ci-dessous que proposait comme une amorce alléchante le mail d'annonce de l'expo...

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Scottie Wilson, sans titre, technique mixte, 50x70 cm, Galerie du Marché

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Jean-Marie Massou est édité en disque chez un nouveau label dont le titre me rappelle quelque chose...

 

      Il y a quelque temps, j'ai parlé de M. Olivier Brisson et de son projet d'éditer un enregistrement des complaintes et autres mixages sur radio K7 de l'ermite de la forêt de Marminiac, Jean-Marie Massou, dont il nous dit qu'il n'a plus trop d'énergie désormais pour descendre dans les galeries qu'il a creusées durant des décennies à la recherche d'on ne sait quelle civilisation préhistorique (ce qu'il m'avait confié en 1987 lors de ma visite chez lui en compagnie de Gaston Mouly). Eh bien, le projet vient de se réaliser, un disque vinyl vient d'être réalisé (zut, je n'ai plus de platine...) avec cartes de téléchargement aussi (je n' y comprends plus rien à ces nouveaux supports... Le CD me paraissait pourtant bien pratique et bien plus simple). Il  fixe les expérimentations de Massou. Olivier Brisson, avec deux de ses compères (Matthieu Morin - ce nom me dit quelque chose... - et Julien Bancilhon - on comprend qu'il s'occupe de vinyls avec un tel nom, où l'on entend déjà du sillon sur un banc...), paraît passionné de mettre en lumière la possibilité d'une musique brute, moi, je dis "d'outre-normes" pour éviter toute possibilité de confusion. Pour ce faire, il a fondé, après un premier label qui s'appelait, si j'ai bien compris, "Vert pituite la Belle", une nouvelle collection... "La Belle Brute"... Fondée au milieu de 2016. Tiens? Ça ne vous rappelle rien?

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3 L'auteur des ”Barbus Müller” démasqué ! (3e chapitre) ; une enquête de Bruno Montpied, avec l'aide de Régis Gayraud

Traque aux archives... La silhouette de l'auteur des "Barbus" se précise...

 

      Antoine Berthoule Rabany, dit "le zouave", qui va se révéler être un cultivateur, et Antoine Rabany Séran, dit le "jeune", tailleur de profession... disais-je à la fin de mon deuxième chapitre : ces noms recouvriraient-ils le(s) nom(s) de l'auteur – ou des auteurs – des Barbus?

       Régis Gayraud et moi nous plongeons alors en même temps, quoiqu'à distance, dans une rubrique des Archives départementales qui est, elle, consultable en ligne, disponible pour tout chercheur amateur, sans besoin de sortir de chez soi  : le recensement par communes, consultable jusqu'aux dates précédant la Grande Guerre. Puisque nous avons repéré des propriétaires de la parcelle jusqu'en 1907 au moins, autant regarder l'année de recensement la plus proche, et voir s'ils y figurent avec des renseignements complémentaires à leur propos. C'est le recensement de 1911 qui s'offre à nous... Nous égrenons une liste de noms assez longue, retranchant rapidement tous ceux qui habitent dans des villages ou des hameaux limitrophes du village principal de Chambon-sur-Lac (je rappelle que ce village est distant de quelques centaines de mètres du lac Chambon, lac qui en était probablement à cette période d'avant-guerre à ses premiers balbutiements touristiques). Sur cette liste de recensement, nous retrouvons rapidement les deux personnages cités dans les matrices cadastrales.

      Antoine Rabany dit le jeune, tailleur de profession, né en 1849, habite avec une certaine Nancy Séran, couturière, sa deuxième épouse (Antoine est un veuf, comme sa seconde femme d'ailleurs)  et son beau-fils, Alphonse Besson, né en 1898 d'un premier mariage de cette dame Séran (comme Régis le reconstituera ultérieurement grâce aux actes de mariage consultables sur le site Filae).

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Page du registre de recensement de la population de Chambon en 1911, donnant les noms des personnes habitant avec Antoine Rabany, dit le "jeune", tailleur...patron... (mais tailleur de vêtements et non pas de pierre... ; né en 1849).

 

      La mention du métier de tailleur, dans un premier temps, nous donnera un espoir : ne s'agissait-il pas d'un tailleur... de pierres? Jusqu'à ce que la mention du métier de sa femme, couturière, et la précision de son métier à lui (tailleur de tissus) sur l'acte de mariage que nous trouverons ensuite, viennent nettement doucher cette hypothèse. Etait-il le plus à même d'avoir sculpté ces statues, avec des doigts de tailleur que l'on imagine fins ? Les deux prénoms identiques – Antoine – nous agiteront un moment également. Quel manque d'originalité de la part des parents, appeler leurs deux fils du même prénom...

     Devant cette déconvenue, il faut explorer la piste d'Antoine l'aîné, plus vieux de cinq ans, puisque né – nous apprend toujours le recensement de 1911 – en 1844, ce qui, entre parenthèses, en 1911, lui confère l'âge, respectable à cette époque, de 67 ans. Ce qui peut le présenter comme un candidat plausible au passe-temps de sculpteur de Barbus... si on le compare à d'autres sculpteurs autodidactes de la même époque (le Facteur Cheval, l'abbé Fouré, François Michaud bien auparavant – né en 1810, ce dernier meurt en 1890), créant à leurs moments de loisirs et plutôt dans leur vieillesse.

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Page du recensement de 1911, où l'on trouve les habitants du foyer d'Antoine Rabany (né en 1844). C'est le même qui est surnommé "le zouave" sur le cadastre.

 

     Sur la liste du recensement, il est présenté comme "cultivateur", avec cette précision : "patron". Il est qualifié également de "chef du ménage". Son foyer en 1911 comprend sa femme, Marie Rabany, née en 1850, et ses trois petites-filles, Mélanie (née en 1902, et qui a donc 9 ans en 1911), Marie (née en 1903, qui a 8 ans) et Irma (née en 1907, qui a 4 ans). Des recherches ultérieures que j'effectuerai sur des sites de généalogie, m'apprendront que cet Antoine-là – surnommé "le zouave" dans la matrice cadastrale, sobriquet ayant sans doute servi à le distinguer, dans les papiers administratifs du moins, de son frère, dit le "jeune" – s'est marié avec Marie Berthoule (de son nom de jeune fille) le 25 juillet 1874. Les trois fillettes qui vivent chez lui sont les enfants que son fils Alphonse Rabany (né en 1875) a engendrés avec une certaine Catherine Frappa (qu'il a épousée en 1901 dans la Loire, département voisin du Puy-de-Dôme). Le recensement n'explique bien sûr pas ce que font ces trois fillettes dans le foyer des grands-parents Rabany. Nous n'avons pas retrouvé jusqu'à quel moment leurs parents vécurent (Alphonse Rabany, par ailleurs, était gendarme).  En 1911, cependant, on peut  penser qu'ils étaient encore vivants, au moins l'un des deux. Peut-on imaginer que le père des trois fillettes avait perdu sa femme et qu'il ne se sentait pas de taille à élever ses trois fillettes? Notre imagination bien entendu se met en action...

     Toujours est-il que, parvenus à ce point, nous n'avons toujours pas d'éléments qui permettraient de déterminer de façon certaine si c'est un de ces deux frères qui est bien l'homme qui a, à un moment, rangé, face à la route, des dizaines de sculptures dans le potager de la parcelle 1029, dite de "la Chapelle". Nous sentons que nous brûlons, que nous tournons autour du pot aux roses, mais la vérité se dérobe encore...

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Page du Moniteur d'Issoire où est annoncée la vente de "divers immeubles"... 14 novembre 1928.

 

      C'est alors qu'en cherchant par indexation de mots-clés sur un moteur de recherche, je vais faire une découverte importante quant à la détermination du propriétaire unique du potager à la cabane carrée : je tombe sur un encart dans le journal Le Moniteur d'Issoire (du 14 novembre) annonçant en 1928  la vente "sur licitation" de biens et de terrains situés à Chambon-sur-Lac... dont la fameuse parcelle 1029. La licitation des biens d'une succession, c'est la vente aux enchères de ces biens. Cela se passe ainsi quand il y a indivision entre plusieurs propriétaires. Les biens possédés en commun par les héritiers sont ainsi vendus. La vente paraît s'effectuer suite à la demande d'Irma Rabany, la plus jeune des sœurs devenues les héritières de leur père et grand-père. L'adjudication s'effectue aux enchères à la mairie du Chambon-sur-Lac le dimanche 9 décembre 1928. antoine berthoule rabany,antoine rabany le zouave,antoine rabany le jeune,chambon-sur-lac,grande guerre,barbus müller,zouaveIl s'agit, comme le proclame l'encart, de la vente d'"immeubles" "dépendant des successions d'Alphonse Rabany, époux de Catherine Frappa, et d'Antoine Rabany dit "Le Zouave" décédés au Chambon-sur-Lac". Ce qui implique qu'Antoine "le Zouave" n'a pu mourir qu'avant 1928, de même que son fils Alphonse (les dates de leurs décès ne sont pas données sur cet encart). Dans le jargon juridique pas toujours accessible à tout un chacun, l'annonce de la vente signale que la vente se fait aux noms de requérants et de "poursuivants" qui sont les héritières de ces immeubles en indivision – peut-être depuis plusieurs années? – : Mme Irma Rabany,  épouse Vitti, Mme Mélanie Rabany, épouse Servier et "Mademoiselle" Marie-Joséphine Rabany (sans doute la même qui, dans le recensement de 1911, est appelée "Marie", née  en 1903).

      La parcelle 1029 fait partie de bien liquidés par des héritières qui ont fait et refait leur vie ailleurs qu'à Chambon. Rien n'est dit de possibles sculptures qui seraient vendues avec le terrain, ce sont des "immeubles"  qui sont vendus en effet, et pas des biens meubles...  Cette vente apporte en tout cas une information importante: il n'est plus question dans cette succession du deuxième frère, Antoine Rabany Séran, dit "le jeune".

     Régis Gayraud va creuser la question. Et, toujours en consultant aux Archives Départementales, les matrices cadastrales, les actes d'état-civil, les archives du notaire qui a couvert la vente de 1928, on va apprendre deux autres informations capitales quant à la propriété du jardin aux sculptures du lieu-dit La Chapelle : 1, Antoine Rabany dit le zouave" est devenu seul propriétaire de la parcelle en 1907, et 2, il est mort en 1919, soit à 74 ans. Les biens qu'il possédait sont sans doute naturellement passés entre les mains de son fils Alphonse (sa femme, Marie Berthoule, dont on n'a pas encore retrouvé la date de décès, en ayant peut-être gardé quelque temps l'usufruit?), jusqu'à ce que ce dernier disparaisse lui aussi, événement qui ouvrit la question de la vente des biens en 1928. Une troisième information, légèrement secondaire, mais quelque peu sombre, va surgir des archives notariales consultées par Régis : une des trois petites-filles du "zouave", Mélanie (prénommée exactement "Marie-Mélanie") était en 1928 internée, comme folle, à l'asile Sainte-Marie de Clermont-Ferrand...

    Bon... On sait donc à présent que l'unique propriétaire du jardin aux sculptures, de 1907 à 1919, était un cultivateur nommé Antoine Rabany, dit "le zouave". Mais était-il l'auteur des statues alignées dans le fond de la parcelle ? Car rien ne nous assure véritablement, à cette étape de notre enquête, que les clichés-verre, dont j'ai appris l'existence en 2017 chez le marchand Gilles Minette, ont bien été pris à ces dates? En 1928, le propriétaire qui racheta la parcelle suite à la vente sur licitation, un certain Marius Carriat (fils d'un voisin de la parcelle aux statues), aurait pu être le sculpteur, si l'on estime que les clichés ont pu être réalisés entre 1928 et les années 1930... Question subsidiaire : ces statues, qui ressemblent furieusement à des "Barbus Müller", on n'a pas encore la preuve définitive, en ne se fondant que sur les clichés-verres, et en dépit des ressemblances plausibles de deux ou trois d'entre elles (voir mon ouvrage Le Gazouillis des éléphants), qu'elles peuvent être parfaitement assimilées aux Barbus de Dubuffet...

    Il faudra lire les chapitres suivants pour que ces deux questions trouvent leurs réponses et que tout s'éclaire...

antoine berthoule rabany,antoine rabany le zouave,antoine rabany le jeune,chambon-sur-lac,grande guerre,barbus müller,zouave

Chambon-sur-Lac, à une date indéterminée, peut-être les années 1930... ; dans le fond, à gauche, on aperçoit la chapelle sépulcrale et le cimetière, mais en dessous, la végétation cache la route de la parcelle... ; à l’arrière-plan, proche de l’horizon, on découvre le lac Chambon ; carte postale, coll. B.M.

 

(Fin du 3e chapitre :

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10/04/2018 | Lien permanent

Les vacances du facteur Cheval

    "Je pose ça où?", demande le facteur au brave abbé qui rictusse devant l'appareil du photographe. C'est qu'il a fait un bout de chemin en poussant sa brouette depuis sa Drôme natale.

CarteChevaletFouré,-détourn.jpg

    Et merci à Laurent Jacquy, auteur de cette carte postale (Les Beaux Dimanches éditions, 2007). 

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Du CrAB et des environnements spontanés

(Cette note a reçu deux mises à jour)

     Deux membres du CrAB (Centre de recherche autour de l'Art Brut), Roberta Trapani et Déborah Couette, paraissent s'intéresser aux environnements des autodidactes, populaires (Fouré, Cheval, Picassiette, Litnianski, Taugourdeau, Chatelain, etc.), ou non, sans opérer de distinction  avec les créateurs de sites plus "artistes" (ce qui n'est pas ma tasse de thé, comme je l'ai déjà plusieurs fois exprimé). A l'occasion en effet elles paraissent mettre l'accent aussi sur des sites d'artistes alternatifs (tels Jean Linard, ou Robert Tatin, ou Warminski, ou Chomo, etc.), ce qui pourrait avoir un sens si ces artistes alternatifs étaient présentés nettement à part (sans délirer non plus outre mesure sur leurs talents respectifs). 

    Que veulent-elles faire exactement, c'est peut-être – avant de les juger trop vite (faut dire, commencer par la défense du site de Jean Linard, ce ne serait pas le plus fascinant des choix, ça a un petit goût contre-culture résurgente qui peut donner l'impression qu'on veut ressusciter ces vieux babas-cools des années 70 qui furent aussi en même temps des récupérateurs du vrai art inspiré des bord des routes, créé lui par des gens infiniment plus modestes et infiniment moins m'as-tu-vu)– c'est le moment d'aller les écouter quand elles vont se présenter, en compagnie de Vincent Capt qui s'intéresse surtout par ailleurs aux écrits bruts et autres, dans le cadre de l'expo Marcel Storr, au Pavillon Carré de Baudouin, le jeudi 8 mars prochain, à 15h (oui, c'est pas un horaire pour ceusses qui ont des obligations salariées, ça, on n'a visiblement pas songé à eux...). Voici ci-dessous quelques précisions ultimes transmises par le service communication de la Mairie du XXe ardt:

"Murs, (an)architectures et villes utopiques

Carte blanche au CrAB pour une série d'interventions sur l’art brut et l'architecture fantastique animée par Laurent Danchin:

-Vincent Capt (Université de Lausanne/Université Paris VIII) analysera différents types de murs transfigurés par l’utilisation de diverses écritures.

-Déborah Couette (Université Paris I) abordera des œuvres picturales d’art brut qui figurent des architectures et des utopies urbanistiques.

-Roberta Trapani (Université de Palerme/Université Paris X) évoquera des œuvres monumentales - installations ou architectures insolites réalisées par des autodidactes excentriques - en présentant un projet italien inédit sur l'art spontané in situ, Bâtisseurs de Babel de l’anthropologue Gabriele Mina.

Pour finir, le collectif présentera L'invention rustique, documentaire réalisé en décembre 2011 par Jean-Michel Chesné, collectionneur de cartes postales d’anciens environnements insolites."
Pavillon Carré de Baudouin
, 121 rue de Ménilmontant, 75020, Paris.
Tél. 01 58 53 55 40. Accès : M° Gambetta (Lignes 3 et 3 Bis) ou bus 26 et 96 (Arrêt Pyrénées/Ménilmontant). Horaires d’ouverture au public : du mardi au samedi de 11h à 18h (sauf jours fériés).

(ENTRÉE LIBRE dans la limite des places disponibles)

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Brises de Nice, un nouveau festival hors-champ

    Le chiffre 13 va sûrement leur porter bonheur à ce festival Hors-Champ, treizième du nom. Treize rencontres  de cinéma autour de l'art singulier, pour un festival qui devait s'arrêter au bout de dix éditions, il semble que le pli ait été pris et qu'à Nice on ait décidément pris goût à réunir son monde au printemps. Cela aura lieu cette fois sur deux jours, le vendredi 4 juin tout d'abord, dans l'auditorium de la Bibliothèque municipale de Nice, quelques films (déjà montrés dans les éditions précédentes) à l'usage des nouveaux spectateurs (sur Gilbert Peyre: que devient ce dernier au fait? ; sur Petit-Pierre et sur les châteaux de sable de Peter Wiersma, les deux films par le légendaire documentariste mort trop jeune Emmanuel Clot ; sur Yvonne Robert...). Et le samedi 5 juin surtout, dans l'auditorium du MAMAC de Nice, où là les films et autres documents présentés auront une toute autre importance, au point de vue de leur rareté.

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Programme-13èmes-Rencontres.jpg

     Le gros morceau (probablement, mais surtout pour un amateur "d'archive") sera sans doute la reprojection des photographies de Gilles Ehrmann, intitulées "Les inspirés et leurs demeures", à savoir sans doute des images (en couleur?) des sites évoqués par Ehrmann dans son livre au titre éponyme de 1962, ceux de Frédéric Séron, Malaquier, Chaissac, Fouré, Picassiette, etc., qui avaient été présentées à la fameuse exposition des "Singuliers de l'Art" au Musée d'Art Moderne de la ville de Paris en 1978 (on se référera au catalogue de l'expo trouvable encore ici ou là, ou en bibliothèque). Mais bien entendu, la présentation du film de Michel Zimbacca et Jean-Louis Bédouin, L'invention du monde, avec des commentaires de Benjamin Péret, permettra aussi à d'autres amateurs, plus tournés vers les arts dits premiers, de découvrir là aussi un film mythique que l'on attend depuis bien trop longtemps en réédition sous forme de DVD (c'est pour aujourd'hui ou pour demain en effet?).

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     Les organisateurs de ce festival, qui se voue comme on le voit à un éclectique programme de documentaires d'art sur la créativité vivante, pas seulement borné à l'art brut ou singulier, se sont aussi tournés cette année vers la rediffusion du film de Jean Painlevé consacré à Calder qui fut tourné en 1955 et qui avait été un peu occulté par l'autre film tourné sur le cirque de semi-automates fait par Calder en fil de fer et autres bouts de chiffon, à savoir "le cirque de Calder" de Carlos Vilardebo en 1961. Le documentaire de Painlevé s'intitule "Le grand cirque Calder 1927" et il est disponible en DVD (édité par le Centre Pompidou et les documents cinématographiques dirigés par Brigitte Berg qui viendra à Nice présenter le film). Avec ses figures en matériaux précaires, il devance de plusieurs décennies des créations populaires comme celle de Petit-Pierre Avezard, aujourd'hui conservée à la Fabuloserie.

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Michel Nedjar, quelques poupées pour la fête de Pourim, ph Adam Rzepka, Musée d'art et d'histoire du Judaïsme, extrait du livre "Poupées Pourim" paru chez Gallimard, coll. Giboulées en 2008

   Egalement présents, on pourra voir à Nice Alain Bouillet et Adam Nidzgorski présenter des images relatives à l'art brut et l'art populaire polonais (pour une confontation? Le programme ne le précise pas). On retrouvera aussi un film de Philippe Lespinasse et Andress Alvarez sur les reliquaires du Suisse Marc Moret, et un autre film consacré à la "grotte" de Maurice Dumoulin (autre créateur présenté à l'expo sur l'art brut fribourgeois naguère à la Collection de l'art brut à Lausanne). Bref, comme on le voit, du beau, du bon, rien que du bonheur.  

   

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Touslas, tout passe, tout casse? Que non pas!

   Note dédiée à Emmanuel Boussuge et à Jean Branciard 

   Voici quelque temps déjà que mon jeune camarade Emmanuel Boussuge m'a glissé malicieusement sous les yeux une carte postale ancienne relative à un "monument aux morts", bricolé de façon naïve, situé à Saint-Jean-de-Touslas dans le département du Rhône.

Carte postale ancienne montrant le monument aux morts de St-Jean-de-Touslas, coll.E.Boussuge.JPG

Monument aux morts en mosaïque et en rocaille, auteur abbé Pierre Cognet, vers 1919, carte postale d'époque, coll. Emmanuel Boussuge

    On se dit devant ces fragiles, quoiqu'évocatrices ô combien, traces de sites bâtis ou confectionnés par des autodidactes, dans un premier temps, que ces lieux n'appartiennent qu'au passé. Tant ce petit bout de papier jauni par le temps, par son côté hors d'âge, semble devoir enfermer son sujet dans une île spatio-temporelle à jamais isolé de nous, de notre présent. Or, il ne faut pas hésiter à interroger la possiblilté que ce lieu ait pu franchir le temps à travers une passerelle protégée.

    Je n'ai donc pas trop traîné avec le monument aux morts de Saint-Jean-de-Touslas. Depuis quelque temps, j'ai une connaissance dans la région lyonnaise, que les lecteurs de ce blog ont du reste rencontré en même temps que moi puisqu'il s'y est manifesté par un commentaire évoquant son oeuvre toute en assemblages forts et poétiques (que j'aurai bientôt l'occasion de présenter plus copieusement), j'ai nommé Jean Branciard. Plus besoin de se déplacer pour vérifier les lieux, je propose l'affaire à celui qui est le plus près dans la région,à savoir lui. Cela l'intéresse. Il se rend sur place, et il ramène de précieuses informations, que je vous livre à présent.

   Le monument existe toujours, sur la place du village, à l'encoignure de deux maisons (il est d'une taille beaucoup plus grande que sur la carte postale). Il est en bon état, on veille sur lui, l'auteur s'appelle l'abbé Cognet, qui a été curé à St-Jean de 1903 à 1932 (comme cela est signalé sur le site du Pays Mornantais). Il a bénéficié des bons soins d'un autre curé, le père Braichet, lui-même sculpteur, décédé voici une dizaine d'années, qui entretint les décors en mosaïque de l'abbé Cognet et qui y ajouta en de petis endroits ses propres oeuvres (voir les petites sculptures dans une niche au bas de la photo du monument actuel).

Le monument aux morts de l'abbé Cognet, St-Jean-de-Touslas, état 2008, photo Jean Branciard.jpg

Le monument aux morts, état actuel (on rélève en inscriptions les mots "Bonjour, Amitiés" sur la partie inférieure du monument, partie qui correspond à la photo de la carte postale ancienne ; il est possible que ce monument ait été continué après la photo de la carte postale, voir l'auvent en tuiles...), photo Jean Branciard, février 2008

   Le site du Pays Mornantais indique que l'abbé Pierre Cognet a créé ses mosaïques entre 1905 et 1925. Il paraît s'être exercé sur trois zones principales dans l'espace de son village de St-Jean-de-Touslas: le monument aux morts, les murs extérieurs de la sacristie, cette dernière étant accollée à l'église du village, et enfin certains murs et corridors du presbytère, où ses interventions paraissent plus timides.

Les murs couverts de mosaïques naïves de l'abbé Cognet sur la sacristie, photo Jean Branciard, 2008.jpg
      
La sacristie de l'église de St-Jean-de-Touslas et ses décors de mosaïque naïve, photo du Site du Pays Mornantais.jpg

   Sur les murs de la sacristie, il s'est amusé à représenter les différents châteaux de sa région dont il a incrusté les reproductions en mosaïque au milieu de compositions décoratives. Son monument aux morts, qui me paraît de tous ses décors le plus frais et le plus primesautier, reproduit les noms des six soldats de la commune morts à la Grande Guerre. Il est à souligner qu'il s'agit là d'un des rares monuments aux morts en France dûs à une initiative individuelle, de plus dans l'espace public. Un autre monument aux morts de style nettement plus pompier fut réalisé en 1929 à quelques distances de celui de l'abbé, la différence d'allure et de caractère des deux monuments saute aux yeux, selon ce qu'en m'en dit mon correspondant. L'existence de ces décors et leur préservation ont bien sûr été favorisés par le fait que leurs auteurs étaient des ecclésiastiques, et donc en tant que tels, personnalités généralement autorisées par la communauté des ouailles, les critiques ne venant généralement dans ce cas que de leur propre hiérarchie (comme ce fut le cas pour l'abbé Paysant avec son Eglise Vivante et Parlante de Ménil-Gondouin dans l'Orne, dont on sait que les interventions et le musée furent anéantis après sa mort, vers 1920, avant de réapparaître ces dernières années et d'être restaurés). 

Intérieur du jardin du presbytère de St-Jean-de-Touslas, avec des mosaïques et des objets traditionnels, ph.Jean Branciard, 2008.JPG

Intérieur du jardin du presbytère à St-Jean-de-Touslas, mosaïques de l'abbé Cognet; cet endroit conserve aussi des objets d'artisanat et de traditions populaires ; photo Jean Branciard, 2008 

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Info-miettes

    C'est le moment de communiquer diverses petites informations qui me parviennent, sans que je sois tout  à fait fixé à leur égard, mais ça peut servir à d'autres, alors...

1. Exposition à partir du 18 novembre (mardi prochain) jusqu'au 12 janvier 2009 de M. Ch.Rouffio au Nouveau Latina (www.lelatina.com), 20 rue du Temple, à Paris 4e, qui présente des photographies apparemment sur le thème d'affiches lacérées, cela s'appelle finement "Défonce d'afficher".

carton Ch.Rouffio,.jpg

2. Dans le numéro 73 de la revue La Grappe, Claude Dehêtre (poète amateur de boucheries-charcuteries semble-t-il et entre autres) présente quelques facettes du travail de Chomo. Revue de format 10,5 x 14,8 cm, 60 p., tirée à 120 ex, 5€ (port compris). (Claude Dehêtre 4 Cité Souzy 75 011 Paris. Chèque libellé à l’ordre de La Grappe).Chomo.jpg

 

3. Exposition Martin Udo Koch du 22-11-08 au 14-02-09 à la Galerie du Madmusée, Parc d'Avroy, 4000, Liège, Belgique. A signaler également à propos de ce musée qui se consacre à défendre entre autres ce qu'il appelle l'Art Différencié (l'art de ceux qui ont des capacités intellectuelles différentes, déficientes par certains côtés, hyper-développées par d'autres), la parution d'un catalogue de 312 pages (30€) présentant la collection du Madmusée (1998-2008), forte des oeuvres de 214 artistes et auteurs. On peut contacter le musée à info@madmusee.be .

Martin-Udo Koch , Momo, 1998, sur art-magazin.de.jpgMartin-Udo Koch, "Momo", 1998, assemblage de matériaux et objets divers, extrait du site web allemand art-magazin
4. Se termine bientôt en revanche (le 23 novembre prochain), une exposition collective "HANG-ART" (encore un des calembours avec le mot art, un ami m'a récemment signalé qu'on avait oublié dans le panel "Con'Art" aussi bien...), où parmi divers artistes contemporains régionaux (je préfère écrire cela, car "G." me surveille...), j'ai eu le plaisir de voir que l'oeuvre de Noël Fillaudeau était au programme. On sait que ce dernier, décédé en 2003, était un des disciples de Chaissac qu'il avait connu, mais qu'il ne copiait pas, son inspiration personnelle ayant opéré une sorte de transubstantiation à partir de l'oeuvre de Chaissac. On trouve son oeuvre à présent représentée un peu partout, par exemple à la galerie Objet Trouvé. Tous renseignements sur l'expo Hang'Art, cliquez ici. Cela se situe au Moulin Roty sur la commune de Saffré en Loire-Atlantique. Tél: 02 40 77 22 10. Accés en entrée libre.
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Noël Fillaudeau, sans titre, de la série des "Métamorphoses" (avant 1993), coll.privée, Paris, Ph.Bruno Montpied
5. L'abbé Coutant, éminent destinataire et ami de Chaissac, peintre aussi, dont l'oeuvre fit l'objet d'une rétrospective au musée de la Création Franche à Bègles naguère, est décédé en juillet 2008.
abbé Coutant.jpg
6. L'Association des Amis de Benjamin Péret publie un bulletin d'information intitulé Trois cerises et une sardine. Dans son prochain numéro sont publiées entre autres des lettres inédites d'André Breton, Paul Eluard, Eugenio Granell, Benjamin Péret. Mais plein d'autres choses aussi.

7. Jean-Pierre Paraggio publie un fort magnifique recueil d'images récemment créées par lui,  le long desquelles Pierre Peuchmaurd a déposé quelques poèmes, quelques vues. Le tout s'intitule "La Nature chez elle". Imprimé sur les presses de l'Umbo (à compte d'auteur) par les auteurs, à Annemasse.

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Une image de Jean-Pierre Paraggio (obtenue par caviardage, semble-t-il, et retouche d'une image donnée)

 

 

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