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Rechercher : Amoureux d'Angélique

Joseph Donadello, suite, un Panthéon passé à la loupe

  

Joseph Donadello, le Panthéon, vue rapprochée, Saiguède, ph. B.Montpied, 2008.jpg
Le Panthéon, vue rapprochée ; de gauche à droite du haut vers le bas: Irène, Louis Seize, A Dada, deux chevaux sculptés par un ami bouliste de Bepi Donal, à savoir Séverino De Zotti (voir au musée des Amoureux d'Angélique), et enfin Lori (sic) ; ph. Bruno Montpied, 2008

    Suite à la note récente sur l'environnement de statues et de maquettes créé par Joseph Donadello à Saiguède en dessous de Toulouse, et en particulier suite aux commentaires de Michel Valière sur certains détails du Panthéon où ce dernier semblait reconnaitre un Roi Salomon cher au Compagnonnage (à gauche sur notre photo) - effectivement, les motifs décoratifs sur le poitrail du personnage semblent bien représenter une équerre et un compas croisés des emblèmes compagnonniques -, j'ai reçu de la part de Pierre-Louis Boudra, responsable du musée des Amoureux d'Angélique, quelques précisions, ou rectifications, à ce sujet.

Joseph Donadello,Pinocchio, ph. Martine et Pierre-Louis Boudra.jpg
Joseph Donadello, Pinocchio (qui était placé à droite de la statuette du personnage à jupette), aujourd'hui disparu ou déplacé du jardin; notons que lui aussi porte une jupette...; photo Pierre-Louis et Martine Boudra
Joseph Donadello,statuette disparue de son jardin, maquette du Panthéon, ph.Martine et Pierre-Louis Boudra.jpg
Joseph Donadello, La fille de leurs voisins, noter au-dessus la statue de "Charles", portant aujourd'hui un autre nom ; photo Pierre-Louis et Martine Boudra 

   Il connaît assez bien le lieu et le créateur, pour y être passé plusieurs fois. Lui et sa femme ont fait des photographies du site avant moi qui montrent des statuettes qui ont disparu depuis (sans doute vendues). Deux statuettes, un Pinocchio et une représentation de la fille de leurs voisins, encadraient, à une date pas encore déterminée, le Panthéon aux extrémités de la terrasse avec les colonnes. En outre, certaine statuettes qui sont encore en place avaient d'autres noms. En haut à droite, Le "Louis Seize" d'aujourd'hui s'appelait autrefois "Charles" (ce serait Charlemagne pour Pierre-Louis). La photo qu'il m'a envoyée le montre clairement. A noter aussi que Bepi a incorporé au décor de cette maquette deux oeuvrettes de son ami Séverino De Zotti (voir photo au début), autre sculpteur populaire contemporain de la même région, qui joue souvent aux boules avec lui. Cette présence d'autres oeuvres, même réduite, à elle seule, introduit l'idée pour cet environnement d'une tentation de faire oeuvre collective...

Joseph Donadello,Irène, détail de sa maquette du Panthéon à Saiguède, ph.B.Montpied, 2008.jpg
Joseph Donadello, Irène (de Russie? I...reine Salomon?), détail de la photo du début de cette note ; ph.B.M., 2008

   Le personnage au chef semble-t-il couronné (à moins que ce ne soit une sorte de calot, ou de toque), et portant jupette, que Michel Valière interprète comme un Roi Salomon, représentait, paraît-il Catherine de Russie...Catherine de Russie.jpg Mais là, pas de preuve. Pierre-Louis tient sans doute cela de la bouche de Bepi (Donadello). Par contre, en zoomant sur ma photo du Panthéon de juillet 2008, j'ai découvert qu'en fait un prénom était inscrit sur ce "Roi-Salomon-de-Russie-en-jupette": IRENE... Les emblèmes compagnonniques restent-ils toujours reconnaissables ou sont-ce seulement des ornementations en croisillon !

Roi Salomon.jpg   Bepi Donal est un farceur qui nomme ses personnages selon des géométries variables, semble-t-il. De quoi bien énerver les commentateurs de tous poils, et générer  de potentiels crépages de chignons... 

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Voeux singuliers

      Je ne cache pas que les voeux de nouvel an me laissent passablement dubitatif. Certes, je n'en veux pas à ceux qui me disent bonjour chaque fois qu'on se croise pour la première fois dans une journée. Après tout, on pourrait voir les voeux de nouvel an comme une salutation spécifique pour la première fois de l'année. Ah bonjour, vous êtes encore là? (Car c'est peut-être ce qui est sous-entendu par "Bonne année, bonne santé"...?). Ceux qui meurent dans l'année qui suit avaient d'abord essuyé en début d'année les voeux de leur semblables leur souhaitant de vivre une bonne année, la vraie poisse en somme. Est-ce à cela qu'a pensé Laurent Jacquy en publiant ces temps-ci, à l'enseigne des Beaux Dimanches, Avec par ordre de disparition, Répertoire 2010 des Macchabées Célèbres, tomes 1 et 2 ? 

Répertoire des macchabées 1 et sommaire du 2.jpg 

Les Beaux Dimanches, Laurent Jacquy, beauxdimanches@orange.fr  ; ci-dessus, la chronologie macabre est tirée du tome 2 de cette mini publication

Extrait Tome 1 répertoire des macchabées célèbres de Laurent Jacquy.jpg

Laurent Jacquy, extrait du Tome 1 du Répertoire 2010 des Macchabées Célèbres

 

Extrait Tome 2 du Répertoire des macchabées célèbres de Laurent Jacquy.jpg

Extrait du Tome 2

 

     C'est pourquoi ma préférence, plus qu'aux simples voeux formulés plus ou moins machinalement, va aux oeuvrettes qui prennent prétexte de ces voeux pour pouvoir déployer une autre facette du talent de leurs auteurs, cartes postales spécialement éditées pour l'occasion avec quelque chose de singulier dans leurs atours, voire oeuvres graphiques ou autres spécialement conçues pour l'occasion, parfois variantes de l'art postal.

Voeux Donadello 2011.jpg

        Joseph Donadello, dont je parle sur ce blog et qui sera au sommaire de mon prochain livre sur les Jardins Anarchiques, a édité une carte de voeux luxueuse où on le découvre paraissant attendre avec bienveillance le chaland occasionnel. Derrière et autour de lui sont ses coupes glanées aux champs de bataille des boulistes et ses peintures naïvo-bruto-singulières qui sont une des autres facettes de son talent, à côté des sculptures qu'il dissémine dans son jardin. Je crois savoir que ses peintures sont à vendre.

        De leur côté, le musée des Amoureux d'Angélique (alias l'association Geppetto, alias Martine et Pierre-Louis Boudra, dans le village du Carla-Bayle en Ariège) ont sorti une carte où sont réunis une pièce sculptée de Roger Beaudet (représentant le couple Boudra) et un arbre couvert d'oiseaux naïfs qui serait dû à "un vagabond russe" croisé du côté de Villemur-sur-Tarn.

 

Voeux Musée des Amoureux d'Angélique 2011.jpg

 

  Bi, un cadavre exquis de Geha et Pierre Albasser, 2010.jpg     Mais la palme de la création la plus délicieuse revient pour moi sans conteste au binôme Géha + Pierre Albasser qui m'ont envoyé au croisement des deux années le cadavre exquis ci-dessous, intitulé Bi:

Bi, Pierre et Geha Albasser.jpg

Bi, Geha et Pierre Albasser.jpg

Bi, Geha et Pierre Albasser.jpg

Bi, Pierre et Geha Albasser.jpg

Geha et Pierre Albasser, Cadavre exquis, 2010 

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Des Joseph Donadello à vendre

      Aperçues récemment chez un ami collectionneur qui souhaite s'en défaire, voici quelques peintures de Joseph Donadello sur panneaux de bois, dans des dimensions variant entre 32 x 38 cm et 30x50 cm (voir les dimensions exactes par œuvre ci-dessous. On sait que ce dernier a créé un environnement de statues et maquettes, pour leur majorité en ciment coloré en Haute-Garonne, je lui ai consacré un chapitre dans mon livre de 2011, Eloge des jardins anarchiques, et il est également mentionné, plus succinctement, par une notice dans mon prochain ouvrage, Le Gazouillis des Eléphants.

Donadello-13,-jardin-zone-c.jpg

Le jardin de Joseph Donadello en 2008, ph. Bruno Montpied.

 

    Ces dernières années, Joseph Donadello, persuadé que ses œuvres ne lui survivraient pas si elles restaient autour de ou dans sa maison, en a cédé et vendu un nombre assez considérable. Le musée des Amoureux d'Angélique au Carla-Bayle dans l'Ariège en possède une sélection conséquente. Personnellement, j'en conserve aussi. Les œuvres ci-dessous mises en ligne sont à vendre, au nombre de cinq. Leurs prix sont peu élevés (me contacter en privé), c'est surtout une affaire d'aficionados attachés à préserver la mémoire de cette création particulière d'Occitanie et qui revendent des œuvres acquises sans idée spéculative.

01 Ciovana (2), AOUT 2013, signé au dos Bepi Donald, 32x38cm.jpg

Joseph Donadello, Ciovana (sic, en réalité, ce doit être le prénom Giovanna), peinture sur bois aggloméré (1 cm d'épaisseur), daté août 2013 et signé au dos "Bepi Donald" (le surnom de Donadello), 32 x 38cm, ph. B.M. VENDUE

03 Silvie (2), fait le 8 10 2001, 31x40cm, signé au dos.jpg

Joseph Donadello, Silvie, "fait le 8 10 2001", 31 x 40cm, signé au dos, peinture sur bois aggloméré (1,5 cm d'épaisseur), ph. B.M. VENDUE

04 Sisi (Sissi) (2), Fait le 10-9-1988, 46X35 env.,signé au dos.jpg

Joseph Donadello, Sisi (Sissi), "Fait le 10-9-1988", 46 X 35 cm env., signé au dos, peinture sur panneau de bois (1 cm d'épaisseur ; au verso, on trouve un essai de coulure, expérimentation dont Donadello était de temps à autre adepte), ph. B.M. PLUS A VENDRE

05 Ss titre (2), le 7-11-1999, 30x50cm,  signé au dos.jpg

Joseph Donadello, sans titre, "le 7-11-1999", 30 x 50cm,  signé au dos, peinture sur bois aggloméré (1,5 cm d'épaisseur), ph. B.M. VENDUE.

02 Le beau Richard (2), tempé moins 4; fait le 4 12 1998, (repeint le 9 7 2011 ptet), 32x44 cm.jpg

Joseph Donadello, Le beau Richard (titre donné au verso en dépit du prénom Pierre apposé sur le personnage au recto, Donadello n'est pas à une contradiction près), avec, marqué au verso: "tempé moins 4; fait le 4 12 1998", (tableau probablement repeint le 9-7-2011, comme il est indiqué sur le panneau en bas à gauche ; il est également probable que les inscriptions du verso correspondent à un état plus ancien du tableau), 32 x 44 cm, peinture et collage sur panneau de 0,5 cm d'épaisseur, ph.B.M. PLUS A VENDRE

 

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Réhabiliter l'art naïf de qualité, trier le mauvais grain de l'ivraie...

       Cela fait déjà un certain temps que je milite pour une revalorisation et un ré-éclairage de la peinture naïve, dont, à mon avis, il faudrait retrancher beaucoup d'artistes trop mièvres, trop systématiques (les petites foules multicolores à la brésilienne, les chats, les natures mortes sans relief, les "cucuteries" comme dit le collectionneur Yankel...), qui ont contribué à dévaluer l'art naïf de qualité.
 

L-A Déchelette, la restauration des Saints.jpg

Louis-Auguste Déchelette

 
      Il faudrait réorienter les projecteurs au contraire sur les insolites (Dechelette), les frustes (Louis Roy), les rugueux (Ghizzardi ; voir ci-contre son autoportrait), Ghizzardi-Autoportrait.jpgles oniriques (Skurjeni, Trouillard, Beranek, certains Haïtiens), les cas-limites que l'on confond avec l'art brut (Séraphine, Emerik Fejes, Ilija Bosilj, Hirshfield, Trillhaase, Bödeker...), sans parler des anonymes insolites et talentueux qui sont présents en maintes collections , etc.
 

Autoportrait assis sur une chaise, ph Musée de thurgovie.jpg

Erich Bödeker, Autoportrait assis sur une chaise, musée de Thurgovie, Suisse.

ErichBoedekerAmoureud'ang1.jpg

Erich Bödeker, groupe, photo transmise par les Amoureux d'Angélique.

ErichBoedekerAmoureud'ang4.jpg

Erich Bödeker, Famille royale (?), photot transmise par les Amoureux d'Angélique.

 

art naïf,

Bruno Bruno, Romantica, huile sur toile, 65 x 50 cm, Lyon, 1973, ph. et coll. Bruno Montpied ; ce tableau a été chiné à l'origine par Jean-Louis Cerisier qui a eu la gentillesse de me le céder.

art naïf,

L. Plé, sans titre (un homme en train de se noyer), huile sur toile, 22,5 x 33,5 cm, sd (milieu XIXe siècle ?), ph. et coll. B.M.

 
       Je parle ci-dessus de "cas-limites". Il y a en effet, de temps à autre, de la part des défenseurs de l'art brut, régulièrement des tentatives de récupération de nombreux artistes ou créateurs qui avaient été jusqu'à une époque classés dans l'art naïf (Séraphine, Scottie Wilson, Joseph Moindre (voir ci-contre les deux tableaux de paysage photographiés par moi à l'Atelier-Musée Fernand Michel de Montpellier), Boix-Vives, Wittlich...), avant que l'art brut développe sa notoriété. Auguste Moindre (2).jpg
     Il serait temps d'adopter la démarche contraire, et de rendre à César ce qui appartient à César.
       Chez les meilleurs Naïfs, à ne pas confondre donc avec l'art mièvre, il y a aussi de l'onirisme et de la distorsion qui assurent un charme incomparable à leurs œuvres où l'imaginaire vient fêter des noces inédites avec le spectacle du motif extérieur. Georges Schmits, en Belgique, s'inspirant de Georges-Henri Luquet, appelait cela du "réalisme intellectuel". Certes on est dans ce que l'on appelle "la peinture de genre" (portraits, paysages, nus, natures mortes), et alors? Ce qu'il y a de passionnant avec ces peintres, qui certes ne dédaignaient pas de se confronter à l'art académique (Rousseau rêvait de s'égaler aux peintres "pompiers", genre Bouguereau et Gérôme), c'est qu'ils sont débordés par des pulsions qui laissent s'exprimer l'inconscient de leur relation au monde extérieur. Le défaut de leur technique, auquel ils remédient par un bricolage personnel, est la première "trahison" de cet inconscient qui suinte... Dubuffet, en repoussant l'art naïf, essentiellement je trouve par décision stratégique – il voulait se distinguer à tout prix d'Anatole Jakovsky qui avait déjà constitué un corpus vaste et varié d'oeuvres d'autodidactes, à l'instar d'autres critiques d'art internationaux (je pense à Otto Bihalji-Merin, Albert Dasnoy, Thomas Grochowiak...) –, a commis une erreur de nature régressive, contrairement aux surréalistes, André Breton en tête, qui admiraient sans séparation auteurs d'art brut ou d'art naïf. Les tentatives de déshabillage de Paul pour donner à Jacques, auxquelles les successeurs de Dubuffet se sont livrés ces dernières années en expurgeant l'art naïf de certains de ses éléments talentueux (Séraphine en est emblématique) ont essayé de corriger et d'effacer l'erreur de Dubuffet. Mais en masquant, ce faisant, la valeur de l'art naïf lui-même.

Abram Topor, paysage, coll Guillaume Z..jpg

Abram Topor, un paysage, collection privée région parisienne (Abram était le père de Roland Topor), photo B. M.

E. Daider (dec par Cl Massé), le Grand Bal, bas-relief en plâtre peint, don famille Michel,1970 (2).jpg

E. Daider, Le Grand bal, bas-relief en plâtre peint, oeuvre découverte par Claude Massé, don famille Michel, Atelier-Musée Fernand Michel,1970 ; ph. B.M. ; cet auteur est inconnu, ce me semble dans le corpus connu de l'art naïf, du moins dans celui qui a été circonscrit par les livres de Jakovsky ou de Bihalji-Merin ; de celui-ci, on consultera toujours avec fruit, pour se faire une idée des plus qualitatives et variées, son monumental ouvrage, rédigé en compagnie de Nebojša-Bato Tomašević, L'Art naïf, Encyclopédie mondiale, paru chez Edita en 1984.

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Création Franche n°38

    Juste avant le mois de juillet et le départ sur les routes des plus chanceux est paru le dernier numéro de la revue Création Franche émanant du musée du même nom.

 

CF-n°38-juin-13.jpg

Création Franche n°38, juin 2013


    Au sommaire, on retrouvera un nouvel article de mézigue, consacré à un site d'art brut en plein air très peu décrit et présenté. Je crois bien avoir ici publié le premier texte à son sujet. Mon article s'intitule "Un carnaval permanent dans l'Aubrac, les "épouvantails" de Denise et Pierre-Maurice". J'étais allé le visiter, après avoir été alerté à son sujet par une page du catalogue du Musée des Amoureux d'Angélique à Le Carla-Bayle et la recommandation également de François Sarhan.

 

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Dense et Pierre-Maurice, la colline aux mannequins dans l'Aubrac, 2012, ph. Bruno Montpied


    Denise et Pierre-Maurice, dont je ne donne pas les patronymes puisqu'il m'a semblé qu'une certaine discrétion était demandée par les auteurs (mais tant d'autres ne se donneront pas ce mal, soyez-en assurés), Denise et Pierre-Maurice sont des habitants ruraux des contreforts de l'Aubrac. Denise a pris plaisir, à la suite de la confection d'épouvantails destinés classiquement à faire fuir les rapaces qui s'attaquaient à leur volaille, à les faire se multiplier hors de cette fonction, peut-être pour épouvanter d'autres types de prédateurs...

     Cela leur fait en tout cas de la compagnie, et constitue un panorama à coup sûr insolite sur la colline où elle les installe l'été, bien nippés et assez ressemblants à une armée de morts-vivants chorégraphiés figés. De quoi sont-ils les emblêmes ou les symboles? Des esprits anciens de la nature? Des aïeux passés comme nous passerons à notre tour? Du dérisoire statut d'êtres provisoirement installés sur cette Terre? Un peu de tout ça certainement...

 

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Denise et Pierre-Maurice, mannequins ayant l'air de dire "nous ne sommes que de passage"..., 2012, ph.BM


     Denise les aime propres, ses mannequins (ce sont davantage désormais des mannequins que des épouvantails) ; dès qu'ils s'abîment, elle les détruit par le feu, redonnant vie par la même occasion à la tradition des feux de la Saint-Jean ou de la mort du roi Carnaval que l'on brûlait je crois après Carême. Les vêtements, les nippes dont ils sont affublés, c'est sa partie à elle, Pierre-Maurice son mari se spécialisant plutôt dans la taille des masques en bois qu'elle peint ensuite de façon assez sauvage, souvent dans les mêmes couleurs, rouge, blanc et noir, les mêmes teintes qu'elle applique ausi à certains petits sujets en bois et matériaux recyclés qu'il lui arrive de céder moyennant quelque don en échange. Un tronc est aussi placé bien en vue pour ceux qui s'aventurent à prendre des photos. On ne vient pas pour prendre seulement...

 

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Masques taillés par Pierre-Maurice et peints par Denise, 2012, ph.BM

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Denise et Pierre-Maurice ont aussi des espaces de stockage qu'ils ont organisés en salles d'expositions particulièrement populeuses, dans un ancien garage et une ancienne étable ; ces ruraux développent ainsi des pratiques créatrices qui tout en s'inspirant de pratiques anciennes traditionnelles (les épouvantails) les subvertissent savamment, allant jusqu'à reconvertir tous les anciens espaces à leur disposition, remettant en cause leur fonction (la colline, l'étable, le garage, la nature)...

 

     Au même sommaire de ce numéro 38 de Création Franche, on trouvera des articles de Jean-Louis Cerisier (première participation, ce me semble) sur Jacques Trovic, de Paul Duchein sur Fernand Michel, de Denis Lavaud sur Mr.Imagination, d'Anic Zanzi qui réussit l'exploit de publier dans Création Franche le même texte sur Yves-Jules Fleuri, quoiqu'illustré différemment, que celui qu'elle vient d'insérer dans le dernier fascicule de la Collection de l'Art Brut (n°24), etc... Pour plus de détails, on se reportera au site web du Musée de la Création Franche auprès duquel on trouvera les moyens de se procurer le numéro (également en vente en ce moment à la librairie de la Halle Saint-Pierre à Paris).

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Gasp! Grand rassemblement en Gaspésie

    Alors Antoine Peuchmaurd a brisé le silence qui entourait l'origine des sculptures qui ornent la couverture du recueil d'Alice Massénat (voir ma note précédente) en m'indiquant le nom de leur auteur et le lieu où elles se trouvent... Le sculpteur s'appelle Marcel Gagnon. Il semble qu'on puisse le ranger parmi les patenteux contemporains du Canada (ces créateurs analogues à nos inspirés du bord des routes qui bricolent dans leurs jardins des statues naïves, des girouettes et des vire-vents, des maquettes, etc., et qui contrairement aux inspirés européens ne dédaignent pas de les vendre, ce qui met un peu de beurre dans leurs épinards... S'il y a des épinards au Canada). Il a façonné à partir de 1986, en béton armé plus qu'en bois semble-t-il, 80 statues sans bras ni jambes, juste sommées d'une tête ultra simplifiée, qu'il a installées au bord du Saint-Laurent, ce fleuve-estuaire-bras de mer qui ressemble à une mer intérieure. En 2003, il a augmenté ce nombre jusqu'à une centaine de statues. Le tout s'intitule "Le Grand Rassemblement".

Marcel Gagnon, ph Rolf Hicker.jpg
Statues de Marcel Gagnon émergeant des eaux, photo Rolf Hicker

     Cela se trouve à Sainte-Flavie à l'ouest de la Gaspésie (à l'opposé de la zone où se trouve le Rocher Percé cher à Breton). Marcel Gagnon a un site web où lui et son fils Guillaume font en bons professionnels leur pub pour leurs peintures, sculptures et livres (Gagnon a écrit une histoire à destination de l'enfance sur un "petit prince de Ste-Flavie", ça rappelle quelque chose..., petit prince qui semble vivre sous la mer). Les peintures ne m'enthousiasment guère, c'est assez gentillet. Il y a un restaurant aussi, un gîte, le lieu s'appelle lui-même Centre d'Art Marcel Gagnon. Tout cela respire le bonheur, le tourisme écologique (la Gaspésie, c'est immensément sauvage et pas très peuplée), une poésie de fleur bleue...

Marcel Gagnon, ph Alex Nad.JPG
Les statues paraissent être tantôt en bois, tantôt en ciment (je leur trouve un faux air de statues de Lui Buffo, voir le Musée des Amoureux d'Angélique dans ma note du 28 août 08) ; photo Alex Nad

    Il y a surtout ces statues qui, comme me l'a écrit Antoine Peuchmaurd, viennent du fleuve (car moi au début je les voyais plutôt partir vers l'eau) qui dans ces parages est touché par la marée, ce qui fait que les figures sont périodiquement recouvertes par les eaux. Le créateur a-t-il pris en compte l'usure, le polissage qu'entraînera inéluctablement la baignade répétée de ses statues les plus avancées dans le fleuve? Sans nul doute. Depuis 1992, il a également confectionné des radeaux qui transportent d'autres effigies sculptées en bois cette fois, ballottées de ci de là sur le St-Laurent. Les différents éclairages de la journée, et ceux que l'auteur a installés pour la nuit, qui les métamorphosent continuellement, la situation insolite  de ces statues dans un tel contexte naturel sauvage militent pour l'étonnement de ceux qui les découvrent et en font tout le prix. La maison de Marcel Gagnon dont la photo traîne sur internet dans des souvenirs de voyage paraît elle aussi fort insolite, non dénuée de charme (elle montre que M.Gagnon paraît plus à l'aise en trois qu'en deux dimensions). Sa position par rapport au centre d'art n'est pas précisée. A noter enfin que ce site ne paraît pas avoir intéressé les animateurs de la Société de l'Art Indiscipliné. 

Maison de Marcel Gagnon, ph. Alex Nad.jpg
Maison de Marcel Gagnon, photo Alex Nad

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Joseph Donadello, ”Ralenti regarde moi”...

A Pierre Gallissaires, fidèlement   

Joseph Donadello, jardin de statues prés de Saiguède, photo Bruno Montpied, 2008.jpg
Jardin de statues de Joseph Donadello, prés de Saiguède, en dessous de Toulouse, photo B.Montpied, 2008

    On n'entendait plus parler de nouveaux environnements spontanés depuis longtemps. C'est pourquoi j'étais curieux de faire un tour du côté de Saiguède en Haute-Garonne, pour découvrir le jardin de statues de Joseph Donadello dit "Bepi Donal", site signalé discrètement avec quelques autres par Bernard Dattas et Denis Lavaud dans le bulletin Zon'Art (boudi que ce titre est dépréciatif, collant mal aux sujets qu'il servait pourtant à défendre...).

Jardin aux statues de Joseph Donadello, partie centrale, ph.B.Montpied, 2008.jpg

    Ce fut un peu difficile à trouver. Sur le bord d'une route menant au bourg de Saiguède (Haute-Garonne), on finit pourtant par ne pas le manquer, le jardin de M.Donadello, grâce au témoignage classique, "vous verrez, c'est au coin, c'est plein de trucs, on ne peut pas ne pas le voir". On a déjà tourné un film sur lui (de Noémie Dumas, et intitulé "Le Jardin de Bepi", voir le programme des XIe Rencontres autour de l'Art singulier à Nice avec Hors-Champ au début juin de cette année). Avant Zon'Art, Joseph Donadello avait été signalé dans un numéro de La Dépèche du Midi (article de Sylvie Roux) à l'occasion d'une exposition avec Honorine Burlin, Roger Lemière (tous deux créateurs presque voisins de Donadello) et aussi Joseph Buil (qui était alors âgé de 95 ans, selon Donadello) ainsi que Joël Barthe, à l'Espace Saint-Cyprien à Toulouse en 1999 (elle avait un titre amusant, "Les Mains de Jardin" et était organisée par l'Association Vertical).Article de Sylvie Roux dans La Dépèche du Midi, 1999.jpg De leur côté, les Boudra du musée Les Amoureux d'Angélique avaient découvert Donadello et les autres par eux-mêmes, comme des grands, en secret. On peut retrouver des oeuvres de Joseph ainsi que d'Honorine au musée des Amoureux d'Angélique au Carla-Bayle, voir nos notes sur cette collection.

    Son jardin empli de statues épaisses et plates pour la plupart, faites grâce à des moules, trés colorées, serait terminé aux dires de son auteur  (le dernier sujet sculpté étant, à ce qu'il nous a confié en juillet, un Bob l'Eponge...). C'est qu'il est arrivé à l'âge respectable de 80 ans (naissance en 1927). Et que la fatigue vient, légitime après "trente-six métiers, trente-six misères", expression qu'il aime reprendre avec le sourire. C'est vrai qu'il a exercé plusieurs boulots passant du bâtiment aux chauffeurs routiers, de l'agricuture aux charpentes, du cordonnier aux PTT. Construisant au passage de ses mains une douzaine de maisons pour sa parentèle, de nuit après ses journées de travail.

Portrait de Joseph Donadello avec son autoportrait Zozo, ph.B.Montpied, 2008.jpg
Joseph Donadello posant à côté de "Zozo", son autoportrait, ph.B.Montpied, 2008

   Ces métiers, on ne les sent pourtant pas omniprésents dans l'inspiration de ses statues (hormis une compositon avec des scies assemblées sur le fronton d'une remise). En dehors d'une inspiration hétéroclite puisant (c'est le cas de le dire, Donadello a commencé par un puits) passablement à des sources télévisuelles (mais aussi régionales, voire le 3ème commentaire ci-après de Michel Valière), il semble que l'une de ses passions dominantes soit avant tout la pétanque... Dans l'autoportrait en "Zozo" qu'il a planté dans un coin de son jardin, à côté d'un présentoir avec rayonnages envahis de petites sculptures, il a mis des boules à la place des mains de ce dernier. Lorsque je lui demandai de poser à côté de ce loustic, il s'appuya sur lui avec d'évidentes fierté et joie.

Joseph Donadello, fresque et bas-relief à l'entrée de son jardin, ph B.Montpied, 2008.jpg
Joseph Donadello, fresque et bas-relief à l'entrée de sa propriété, le bateau "Victoire", le chien de garde "Tango", etc... Ph.B.M., 2008

    Le jardin (commencé vers 1985-1986, environ 240 statues selon leur auteur) s'étend en bordure de route, émaillé de panneaux où des avis sont destinés aux curieux qui s'arrêtent en voiture (je conserve leur orthographe): "Ralenti regarde moi", "Stop visites à l'oeil", "Propriété privé interdit de photographier" (ce qui n'empêcha pas qu'une fois que nous nous fûmes présentés, l'auteur me laissa photographier tout à mon aise, étant entendu que nous convînmes ensuite d'un échange qui pût nous satisfaire tous les deux), "Visites interdites depuis la route DANGER On visite à l'intérieur"... Cette dernière injonction est assez juste, car si les statues sont placées de façon à amorcer l'attention des passants motorisés (juste après un virage), elles se donnent plus facilement à voir de l'intérieur du jardin (et c'est aussi plus sûr car les bas-côtés ne sont pas assez sécurisés). Il est donc essentiel de faire courtoisement connaissance avec le créateur des lieux.

            Jardin de Joseph Donadello, Laurel et Hardi (sic), ph B.Montpied, 2008.jpg        Joseph Donadello, Adam et Eve, ph.B.Montpied, 2008.jpg

    Les statues sont nombreuses, pas très hautes, vivement colorées, sans trop de nuances. Des noms, parfois sibyllins, sont généralement apposés dessus les pièces (là aussi je respecte l'orthographe): Amanda [Lear], Rika [Zaraï], Belmondo, Lolobrigida, O no Lulu [Honolulu], Babar, Fernandel, Bourvil, Kali [l'ours dans le film Zorba le Grec], Papinette [un personnage inventé par l'auteur ; du reste, il y en a d'autres de même inspiration, ce qui me rappelle l'abbé Fouré], Cazanova, Serge [Blanco, ex-champion de rugby], Adam [bien membré] et Eve, Bomba [au lieu d'Alberto Tomba], Catinou et Jakouti [personnages comiques régionaux, selon Michel Valière], Laurel et Hardi [curieusement intervertis dans leurs noms], Marilyn [sans aucune ressemblance avec Monroe], Vénus, Eric [Cantona], Serge ["Lama", voua, le jeu de mots, car le nom est porté par un lama],

Joseph Donadello, trois statues dans son jardin, ph.B.Montpied, 2008.jpg
Joseph Donadello, Serge "Lama", La Soeur Kikète, l'Ours Zorba, etc., ph.B.M., 2008

 Shirley et Dino, Aldo [Maccione] et la Mama, le Père Noël, etc.,etc... A côté, quelques maquettes de monuments (la Tour Eiffel, le Mont Saint-Michel et un autre monument intitulé "Qui l'aurait dit",  le Panthéon et ses "grands hommes" -cette citation par maquette interposée est évidemment malicieuse, le jardin tout entier de Bepi Donal proposant un autre Panthéon, nettement plus alternatif).

Donadello,Le Panthéon,ph B.Montpied, 2008-.jpg
Joseph Donadello, le Panthéon avec divers personnages, ph.B.M., 2008

     Distincte du jardin proprement dit, autre sas avant l'habitat intime du couple Donadello, on trouve ensuite une véranda qui fonctionne à la fois comme une galerie et une salle des trophées. Trophées gagnés dans les multiples concours de pétanque auxquels participa le créateur, coupes se bousculant sur les rayonnages qui courent le long des murs de cette grande salle.

J.Donadello au milieu de ses peintures et de ses trophées, ph B.Montpied, 2008.jpg
Joseph Donadello au milieu de ses oeuvres et de ses trophées de joueur de pétanque, ph.B.M., 2008

 

     Dans cette "galerie" bien remplie, on découvre que Bepi Donal, signature que Joseph Donadello préfère apposer sur ses oeuvres, est aussi un peintre hésitant entre naïveté et art brut,Bepi Donal, peinture, la Cicolina (sic), ph B.Montpied, 2008.jpg lorgnant de temps à autre vers une certaine expérimentation. A côté de saynètes souvent proches de l'esprit satirique ou caricatural, il peint en effet par des coulures aléatoires des tableaux où il superpose parfois des silhouettes. Le résultat faisant penser à des effets proches du papier marbré pour reliure. L'"artiste" ne s'arrête pas là, il peint sur tuiles aussi, et ne dédaigne pas à l'occasion de mêler à la peinture des collages de personnages découpés d'après des photos.Bepi Donal, peinture et collage, sans titre, ph.B.Montpied, 2008.jpg

     Au total, un lieu joyeux, où la couleur règne en maîtresse, et où, en dépit d'une certaine hâte du créateur (qui "aime que ça aille vite") qui est peut-être cause de l'inégalité d'inspiration des diverses sculptures, on rencontre à maintes reprises des oeuvres de très belle facture, à la fois comiques et étranges... Chefs d'oeuvre primesautiers masqués derrière une apparence de bonhommie?

Bepi Donal, peinture sans titre, ph.B.Montpied, 2008.jpg
Bepi Donal, peinture sans titre, ph.B.M., 2008

   

 

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Les bandits font du cinéma

    "I banditi dell'arte font leur cinéma", tel est le titre retenu par Pierre-Jean Wurtz, de l'Association Hors-Champ à Nice, et Denis Lavaud pour une programmation de courts et moyen métrages (en fait, un seul moyen métrage de 52 min) sur l'art brut, et hors-les-normes, et populaire contemporain, et environnemental spontané italien dans le cadre de l'expo Banditi dell'Arte qui s'ouvre le 23 mars à la Halle St-Pierre, programmation qu'ils ont prévue pour un week-end entier, les 24 et 25 mars (programmation conçue "à 90%" par Wurst et "à 10%" par Lavaud, selon les propres termes de ce dernier, voir cette interview glissée sur la Toile).

"Elefanti effervescenti, In the Cave" par un cinéaste vidéo anonyme proposant une balade du côté de Sciacca en Sicile dans le "Château enchanté" de Bentivegna, vidéo trouvée sur le blog en italien Lapsus (est-ce que par hasard, cela pourrait se traduire par "éléphants effervescents"? Ce qui constituerait un titre fort cousin de notre Gazouillis des éléphants à remy Ricordeau et à moi, qui est comme on sait le véritable titre de Bricoleurs de paradis ; mais peut-être fais-je une erreur, les "éléphants effervescents" en question n'étant peut-être que le nom du (des) cinéaste(s)?)

    Cette programmation s'annonce d'ue richesse exceptionnelle. enfin des choses rares et précieuses comme nos deux compères savent en dénicher. On n'est plus dans le ressassement. Cela commence samedi 24 à 11h, avec Filippo dalle mille teste de Laura Schimmenti (2002), projeté entre 11h et 12h, sur Filippo Bentivegna, ce créateur sicilien qui avait semé des centaines de têtes sur un espace rocheux  (réorganisées par la suite longtemps après sa disparition, me semble-t-il, peut-être pourra-ton en apprendre plus s'il y a débat?). Le film fait 30 min. et sera montré en présence de Lucienne Peiry. Pause. La programmation reprend à 14h avec I Graffiti della mente de Pier Nello et Erika Manoni (2002 ; 20 min.), sur les graffiti de Fernando Oreste Nanetti sur les murs de l'hôpital psychiatrique de Volterra.association hors-champ,pierre-jean wurtz,cinéma et arts populaires,art brut italien,filippo bentivegna,podesta,lucienne peiry,nanetti,ghizzardi,joseph barbiero,amoureux d'angélique,fabuloserie,luigi buffo S'ensuivra un film de Stephan Burckhardt, de 1974 (5 min.) sur Podesta, en présence de Caroline Bourbonnais (qui conserve des oeuvres de Podesta à la Fabuloserie) et de Lucienne Peiry. On ne s'arrêtera pas en si bon chemin puisqu'on continuera avec Pittore Contadino (sur Pietro Ghizzardi), de Michèle Gandin (1963, 10 min.), en présence de la famille Ghizzardi, et Joseph Barbiero, de Christian Lamorelle (produit par France 3 Auvergne, 1985, 4 min.) en présence d'Alain Bouillet. L'après-midi de ce samedi pourra alors s'achever en beauté avec Le Sanctuaire de Buffo, de Glaüdio da Silva (2006, 20 min.), en présence de Martine et Pierre-Louis Boudra du musée des Amoureux d'Angélique venus tout exprés de leur Ariège chéri (et accompagnés d'une célèbre concierge de l'art brut, monsieur Maurice).

Illustration ci-dessus: un fragment de mur graffité par Nanetti dans son hôpital, moulé, et exposé l'année dernière à la Collection de l'Art Brut à Lausanne (photo Bruno Montpied)

 

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Bonaria Manca, I Fidanzatini (Les fiancés), circa années 2000, coll BM

     Dimanche 25, ça continue, à partir du début d'après-midi, le matin on fait la grasse matinée (à moins que Pierre-Jean et Denis se mettent en règle avec Dieu à la messe de onze heures?). A 14h, on commencera avec Giovanni Bosco, dottore di tutto, de Tore Bongiorno, Claudio Colomba et Carlo di Pasquale, Giovanni Navarra et Vito Ingoglia (2009, 25 min.). On enchaînera avec La Tinaïa, RGBForce/Associazione Nueva Tinaïa (2008, 14 min), en présence de Gustavo Giacosa, le commissaire de l'expo. Sans temps mort, on passera à Toy (sur Franco Bellucci ; 2006, 5 min.), de Ricardo Bargellini, Tiziano Camacci et Elena Govi (les Italiens ont apparemment la passion du collectif dans les noms des réalisateurs, même quand les films ne font que 5 minutes), en présence du premier des trois.

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Marcello Cammi, un buste de personnage peu sympathique (peut-être un fasciste? Voir le calot représenté sur la tête), Bordighera, 1990, ph Bruno Montpied

    Le programme se poursuivra avec I misteri dei sassi, Luigi Lineri e l'Adige, de Enrico Ranzanici (2007, 10 min.), en présence du créateur et de Paolo Mucciarelli (Luigi Lineri, collecteur de pierres qu'il ordonne dans un espace couvert d'une manière qui fait penser à une cité en maquette, est évoqué dans le livre de Gabriele Mina, Costruttori di Babele, que j'ai cité dans ma précédente note sur l'expo Banditi dell'arte). Deux films, faits par des Françaises cette fois, viendront enfin clore ce week-end d'art brut italien: Marcello Cammi, le jardin secret, de Muriel Anssens (1999, 12 min.), en présence de l'Association Hors-Champ (qui nous parlera peut-être de leurs essais de sauvegarde des oeuvres de Cammi?), et La Sérénité sans carburant (sur Bonaria Manca ; film de 52 min.; 2004), de Marie Famulicki, en sa présence et celle de Claire Margat.

ATTENTION!  Si l'entrée est libre (auditorium de la Halle St-Pierre au sous-sol), il est conseillé de réserver sa place. Tél: 01 42 58 72 89.

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Info-Miettes (34)

Jean-Louis Cerisier à l'ouest

     L'ami aux cerises expose avec une certaine Emilie Collet grâce à l'association LFLF2015 au 56 Ile d'Errand 44550 Saint-Malo-de-Guersac. Du 17 Juillet au 31 Juillet. Et ce, tous les jours de 16h à 20h. Ou sur rendez-vous : 06 18 97 13 63. Qu'on se le dise. Info pour tous ceux qui iront traîner leurs guêtres par là. Le 44, c'est la Loire Atlantique, où je me suis laissé dire que Jean-Louis Cerisier, né à Châteaubriant dans le même département, habitait désormais. Retour aux sources...

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Peinture récente de Cerisier...

 

François Monchâtre et Alain Pauzié au Musée d'Art Naïf et d'Art Singulier (MANAS) de Laval

     Restons dans l'Ouest. J'aurais même dû commencer par là pour un voyageur venant de l'est, et de Paris par exemple, à Laval, au musée du Vieux Château qui a ajouté à sa déjà riche collection d'art naïf tout un département consacré à l'art singulier (dont le signataire de ces lignes fait partie), va ouvrir une expo consacrée à un ancien de l'art singulier, Alain Pauzié, qui s'était fait connaître autrefois (dans les années 1990) en peignant sur des semelles de chaussure. A l'exposition "Art brut et compagnie" les animateurs de la Halle St-Pierre à Paris, qui montaient l'expo en 1995, avaient du reste trouvé très spirituel de m'exposer à côté de lui. Montpied avec les semelles... Très finement observé, vous dis-je.

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      "La rétrospective qui lui est consacrée présente 110 œuvres datées de 1969 à 2016. On pourra y retrouver peintures, dessins, art posté, semelles peintes, « Bons à rien », et cuirs scarifiés", nous dit le dossier de presse.

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       Déjà commencée depuis le mois de juin, on pourra également voir tout l'été (ou presque) une autre personnalité importante de la mouvance des grands singuliers, François Monchâtre, à qui le musée de Laval consacre une rétrospective également, en 55 oeuvres, qui va de ses premiers OPNI (Objets Peints Non Identifiés) montrés chez Iris Clert dans les années 1970, en passant par ses machines dites "automaboules" (dont la Fabuloserie a toujours montré un brillant exemple à Dicy), jusqu'à ses cohortes de "Crétins", personnages clonés redoutables.

         Comme on le voit, le MANAS de Laval, qui édite désormais des "Petits MANAS illustrés", accompagnant chaque exposition-dossier, a mis les petits plats dans les grands pour cette saison estivale. 

 

"Du Bic dans le buisson", Saint-Sever-du-Moustier

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Dessin de Gabriel Evrard

     Pour cette expo-là, cette fois, il faudra descendre plus au sud, vers Saint-Affrique, dans l'Aveyron, dans le charmant et discret village de St-Sever-du-Moustier où chaque été le Musée des Arts Buissonniers s'efforce d'organiser une manifestation artistique hors des chemins battus (d'où le "buisson" dans le titre de l'expo qui renvoie aussi au nom du musée).jean-louis cerisier,lflf2015,île d'errand,art naïf,art singulier,alain pauzié,manas de laval 

      Cette année, les responsables du lieu sont allés creuser du côté des oeuvres exécutées à coup de stylo Bic. Bonne idée. L'outil en question facile à se procurer,  traîne dans les poches, disponible à tout instant pour satisfaire le besoin irrépressible de griffonnage. Plus immédiat que lui, il n'y a rien. A part le café renversé, la tache de sang, le jus des fruits ou des sèves...

   La liste des artistes, dont on pourra apercevoir sans doute une oeuvre pour chacun d'entre eux, paraît alléchante et foisonnante que l'on s'en convainque en la détaillant ci-dessous. Parmi eux, je distinguerais particulièrement Kashinath Chawan, Karl Beaudelère, Janko Domsic, Guyodo...

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Au Carla-Bayle (Ariège), un certain Lucien Grelaud...

     Peintre et créatif varié apparemment, ce monsieur qui n'est exposé que durant cinq jours, du 10 au 15 juillet (ça commence demain donc), porte un patronyme qui pourrait faire jaser les amateurs d'aptonymes. Il serait trop facile, et surtout malveillant, en effet, de l'accuser d'être porteur des fameux grelots que l'on attribue aux bonnets des anciens fous... C'est Martine et Pierre-Louis Boudra, qui animent toujours leur petit Musée des Amoureux d'Angélique au Carla-Bayle (village d'art comme St-Paul-de-Vence, la notoriété en moinsse...) qui m'ont avisé de cette exposition (c'est eux, "l'association Gepetto"). Cela m'a l'air tout à fait alléchant.

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 Dimitri Pietquin et "Art Brut et apparentés, 30 ans de création franche"

      Dimitri Pietquin est un quadragénaire (et non pas un "quarantenaire" comme je l'ai entendu dire dans les media à plusieurs reprises ces jours-ci, nouvelle mode idiote de journalistes illettrés sans doute) épris de véhicules, ce qui est assez fréquent parmi les pratiquants d'ateliers pour handicapés mentaux – sans doute par réminiscence d'anciens jouets manipulés durant l'enfance? –, qu'il dessine grâce, nous dit le carton d'invitation à son exposition à Bègles (du 7 juin au 1er septembre 2019), à sa "technique mixte", en tout cas souvent auréolés d'une brume comme due à une vaporisation de fixatif trop zélé... Voir le trolley figurant ci-dessous...

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      A Bègles, autre exposition en parallèle (du 7 juin 2019 au 5 janvier 2020), consacrée à l'anniversaire de ce qui s'appela autrefois la galerie Imago, puis le Site de la Création franche, puis enfin le Musée de la Création Franche, une aventure qui a duré trente ans déjà... Et, coïncidence aussi, on attend également en ce début de juillet (il tarde beaucoup d'ailleurs, je trouve) le n°50 de la revue du même nom dont les trente ans ne seront fêtés que l'année prochaine (le 1er numéro a paru en octobre 1990 en effet). Un certain nombre de rencontres sont prévues dans le cadre de cette expo ("Art brut et apparentés, 30 ans de création franche"), voir ci-dessous.

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Rature ci-dessus parce qu'on m'a invité, en tant que "partenaire particulier", à remplacer Nico Van der Endt, indisponible, alors que le carton était déjà imprimé (eh oui, j'ai été dès le départ un soutien de la création franche, en 1989 ; à tel point que je pourrais moi aussi prétendre au qualificatif d'"historique", au même titre qu'un Bernard Chevassu, par exemple...).

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Horace Diaz se prend parfois pour un sciapode

    Il a 81 ans et il est en pleine forme ce maître cimentier qui avait déjà été repéré dans les années 1970 par Jacques Verroust qui sans citer son nom fit figurer une de ses girafes lourdement vêtue de gros galets dans son livre fameux Les inspirés du bord des routes (1977).Les Inspirés des bords de routes,Ph.JacquesVerroust, Le Seuil, 1978.jpg Il répond au doux nom d'Horace Diaz, et habite Lodève dans l'Hérault. En trente ans la population de ses statues a semble-t-il passablement proliféré, ce qui lui attire des cars de touristes. Je dis "semble-t-il" car je n'ai pas encore eu l'occasion d'aller vérifier de mes propres yeux. Ce sont Martine et Pierre-Louis Boudra de l'association Gepetto (le musée des Amoureux d'Angélique à Carla-Bayle prés des Pyrénées) qui sont mes yeux en l'espèce. Ils m'ont envoyé toute une flopée de photos en guise de reportage sur le créateur.

Horace Diaz, autoportrait, collection Musée des Amoureux d'Angélique, Carla-Bayle, ph.Boudra, 2009.jpg
Horace Diaz, autoportrait monopodique... ph.Association Gepetto, 2009

    Et pour commencer, ils m'ont d'abord fait connaître cet "autoportrait" de monsieur Horace, posé sur une jambe unique, ce qui l'unit furieusement avec le thème du sciapode, n'est-il pas? Le sujet semble l'émoustiller, puisqu'il en a réalisé aussi une autre version plus "potiche"...Horace Diaz, sculpture en ciment, ph.Boudra, 2009.jpg Comme le sciapode de plus, il paraît être sensible au fait de devoir lui associer le personnage mythique féminin qui lui fait pendant, la sirène, justement évoquée dans ma note précédente... C'est du reste un thème souvent traité par les faiseurs d'environnements spontanés. Elle séduit l'imagination aisément cette sirène, elle appelle peut-être aussi les mains façonneuses, par ses seins, et ses courbes ondoyantes faciles à modeler...Horace Diaz, Sirène, ph.Boudra, 2009.jpg A côté de cette figure de la mer, Horace a pensé à ses possibles compagnons les dauphinsHorace Diaz, Dauphin, ph.Boudra, 2009.jpg.

Le monsieur se livre ainsi à l'édification d'une galerie en plein vent des figures qui lui viennent à l'esprit petit à petit. Tiens une girafe,Horace Diaz, girafe et autres animauxs, ph.Boudra, 2009.jpg puis si je faisais un chien, un cygne, un éléphant, un crocodile...?Horace Diaz, un crocodile, ph.Boudra, 2009.jpg De proche en proche, Horace Diaz se coule dans la peau d'un Noé se reconstituant une arche pour un improbable déluge (quoique pas si improbables que cela les déluges dans l'Hérault...).

     A la différence d'autres bricoleurs de décors faits maison, il ne se sert pas de matériaux issus de son environnement immédiat, il ramène ses galets en particulier du sud de l'Espagne (quoique la veine paraisse s'y tarir, je tiens ces informations de l'association Gepetto). Horace Diaz en use immodérément de fait, recouvrant avec aussi bien ses oeuvres que ses meubles, ses portes... Ses mosaïques présentent un aspect un peu moins fin que dans le cas d'un Picassiette mais sans doute plus solide sur la durée (et plus doux à  ce qu'ont ressenti les Boudra).

Horace Diaz,et Piere-Louis Boudra, ph.Martine Boudra, 2009.jpg
Statue d'un tailleur de pierre (?), Horace Diaz le protégeant de son parapluie, et Pierre-Louis Boudra, ph.Martine Boudra, 2009
*
    A cette note, ajoutons une précision, qui s'avère une découverte tout à fait surprenante et une révélation. Je la dois à M.van Hes, l'animateur émérite du blog cousin de nos préoccupations Outsiders Environments Europe  (voir le lien dans notre liste de liens colonne de droite).  Dans le commentaire qu'il a nous a laissé ci-dessous, il nous apprend en effet que le sculpteur barbu représenté ci-dessus par Horace Diaz est très probablement Paul Dardé, vedette à Lodève où il est connu entre autres pour le monument aux morts anti-conformiste qui se trouve prés de la mairiePaul Dardé, monument aux morts de Lodèveve.jpg. En cherchant sur la toile, j'ai découvert l'oeuvre de ce sculpteur que je ne connaissais que par ouï-dire. Un site consacré aux monuments aux morts pacifistes (décidément on trouve tout sur la Toile) nous signale que l'homme était un antimilitariste qui s'était pour cette raison spécialisé dans la sculpture des monuments aux morts, malin, non...? Il est notamment connu pour un autre monument aux morts qui fit scandale à Clermont-L'Hérault, où il représenta à côté du cadavre d'un Poilu une femme lascivement étendue à ses côtés, le veillant nue, assurant à ses mânes le soutien des filles aux moeurs pas si légères aprés tout...Monument de Clermont-L'Hérault, ph.Site Monuments aux morts pacifistes.jpg L'artiste a de la force en tout cas, lui qui écrivait en 1931 à un de ses amis: "Je sculpterai non pas pour ce monde puant et civilisé, mais pour les solitudes... Où ? Vous le savez : je travaillerai, à l'avenir, pour le Larzac"...
      Il me revient vaguement que j'avais trouvé autrefois une carte postale montrant une des sculptures insolites de ce Paul Dardé. Je vais tâcher de la retrouver pour l'insérer à la suite de cette note. En tout cas, il est tout à fait passionnant de noter cette proximité, cet hommage rendu par un sculpteur autodidacte, Horace Diaz, à un sculpteur professionnel du temps passé. Ce n'est pas la première fois, on se rappellera par exemple le peintre autodidacte François Baloffi (qui n'habitait pas loin, défendu du côté de Perpignan par Claude Massé) qui avait représenté dans certaines de ses peintures sur nappe cirée le célèbre Catalan Pablo Picasso...
*
     Et voici que j'ai retrouvé la carte postale ancienne qui représente une oeuvre tout à fait insolite et puissante de Paul Dardé (la carte ne porte que le nom "Dardé" mais ça ne peut être que de Paul...), une "Tête aux serpents", peut-être la célèbre Gorgone de la mythologie gréco-latine. A la regarder attentivement, on se dit que la qualification parfois décernée à Dardé par certains historiens d'art, que sa sculpture porterait la marque d'une sorte de "naturalisme surréaliste", n'est en réalité pas du tout aventurée...
Dardé,TêteAuxSerpents.jpg

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