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Les Nefs des Fous (4)
Lancer un esquif que l'on a bricolé de ses petites mains potelées sur le bassin d'un parc, suivre ses trajectoires sur l'onde en tremblant de devoir le perdre, qu'il s'abîme... Y inscrire de toute la force de son âme ses rêves, ses espoirs, s'y projeter afin qu'il nous prolonge et nous grandisse... Qui ne comprendrait ces désirs d'enfants? Il était un petit navire...
Le bateau parfois informe que ses mains agrippent avec fragilité et fébrilité, l'enfant le voit peut-être comme une autre modalité de la chose qu'il suçotait il y a peu encore, ce doudou malaxé et déchiqueté à force d'amour.
Ces adultes qui jouent aux miniaturistes, se délectent à confectionner des maquettes, et ont prolongé vaille que vaille ces désirs enfantins. Ils lancent leurs esquifs comme bouteilles à la mer, messages envoyés vers un avenir imaginaire qui les sauverait de leur finitude. N'est-ce pas ce qui nous touche avant tout dans ces bateaux bricolés, sculptés avec amour dans l'art populaire, brut, singulier? Voici une nouvelle moisson de pièces repérées depuis nos précédentes notes (retrouvables en cliquant sur la catégorie "Marine populaire et singulière"):
21/09/2008 | Lien permanent
Les Journandises, manifestation artistique sur le campus de Bourg-en-Bresse et ma venue le 12 octobre
Je dois dire, qu'avec l'âge, je m'y perds de plus en plus dans les annonces que je reçois. Les "Journandises", par exemple, dans le cadre desquelles je suis invité le 12 octobre prochain à venir débattre avec qui veut (des étudiants a priori) d'art brut, d'art naïf, d'art populaire, et, accessoirement, à partir de la maison peinte d'Eric Le Blanche dont je montrerai l'intérieur, via le film que j'ai écrit et coréalisé en 2019 en autoproduction (y a marqué "Zoom back productions" dedans, mais c'est un mot bidon)... C'est une manifestation qui se tient apparemment de manière régulière (du moins quand il n'y a pas de pandémie par-ci, par-là), dans une bourgade appelée Journans (c'est la première fois, n'étant pas de la région, que j'en entends parler ; mais comme il y a internet, maintenant, tout le monde fait dans l'implicite et comme si tout le monde savait ; donc, je regarde sur internet moi aussi et je vois que Journans, c'est dans l'Ain (hein? c'est au sud-est de Bourg-en-Bresse (prononcer Bourk-en-Bresse), et donc au nord-est de Lyon aussi). Mais je ne sais trop pourquoi, il se trouve que dans le cadre de ces Journandises, (la manifestation qui se tient à Journans s'appelle comme ça, donc), qui, elles-mêmes cette année, se tiennent dans le cadre de la Biennale Hors-les-Normes de Lyon (plus communément appelé BHN : un acronyme, ça fait toujours bien dans le décor) - ce qui accentue la complexité de la chose, tout de même, non? -, la manifestation (une expo de trois personnes, Jean Branciard, Hanna Chroboczek et Marcel Vinsard (1930-2016 ; un créateur sur qui j'ai abondamment renseigné par un livre et par des notes sur ce blog) dont c'est le vernissage pas plus tard qu'aujourd'hui, une rencontre avec mézigue autour d'un film donc (le 12 octobre à 18h30), et le 14 octobre, un atelier avec Jean Branciard qui incitera les étudiants de Bourg à fabriquer des bateaux à partir de matériaux recyclés) se tient non pas à Journans, ni à Lyon, mais sur le campus de l'université de Bourg-en-Bresse (je ne savais pas qu'il y avait une université là-bas, ne pensant personnellement qu'aux poulets quand j'entends le mot Bresse, qu'on me le pardonne, SVP...). Avouez qu'il y a de quoi s'y paumer, non, quand on n'est pas familier des secrets des dieux (c'est-à-dire des animateurs de la BHN), non?
Donc... A bientôt?
30/09/2021 | Lien permanent | Commentaires (2)
Lexique des arts populaires (1): l'art populaire rural
Cela fait un certain temps que je me dis qu'il faudrait essayer de donner mes définitions des différentes catégories d'arts populaires, le rural, le brut, le naïf, le modeste, les graffiti, les environnements spontanés, le singulier, l'outsider, et peut-être pour finir, l'immédiat. Que je regrouperai dans ma colonne de droite à la rubrique "Catégories" sous le nom de "Définitions des arts populaires". Tant pis si cela paraîtra immodeste à certains. Cela éclairera peut-être un peu mes lecteurs, en même temps que moi-même, comme si je mettais la maison en ordre par la même occasion.
Je vais commencer par...
C'est un vaste corpus d’œuvres, la plupart du temps utilitaires, créées par des artisans habiles, dont le tour de main est empreint d’un goût de la stylisation et de la naïveté plus ou moins codifié, plus ou moins reconnu par la communauté rurale à laquelle ils appartenaient. Elles se caractérisent souvent par une bonhomie, une simplicité d'allure, un humour parfois rabelaisien, un sens de l'immédiateté, et une foi naïve aussi.
On rangera dans l’art populaire des campagnes de jadis, les meubles, les outils, les vanneries, les vêtements, les coiffes, les dentelles, les plaques muletières, la vaisselle, les épis de faîtage (voir l'exemple ci-contre, extrait de la collection de l'antiquaire Michel Boudin) les jouets, les marionnettes, les objets forains, les chevaux de manège, les lettres de mariage, les bannières de procession religieuse, les bannières commémoratives de campagnes militaires, les douilles sculptées, les quilles de conscrits, les ouvrages en cheveux commémoratifs, les enseignes, les girouettes découpées et peintes, les objets de patience, les bateaux en bouteille, les marques à beurre, etc., etc. Les ex-voto sont plutôt rangés dans l'art populaire.
Beaucoup d’objets rattachés à ce dernier corpus, comme les fourneaux de pipe sculptés, ou les dessins de bagnards, les tatouages, pourraient cependant très facilement être associés à l’art brut ou à l’art naïf. De même, quelques œuvres orphelines, comme certains tableaux de chêne, des marquèteries, des paysages brodés dont la technique génère un climat onirique particulier, parce qu’elles sont restées anonymes, sont classées en art populaire alors qu’elles pourraient tout aussi bien être jointes à l’art brut. On distingue cependant l'art populaire de l'art brut par le fait qu'il est d'essence avant tout collective. C'est un langage reconnu par une communauté particulière celle des gens du commun, ouvriers, paysans, artisans. Au sein de ce corpus se détachent cependant des oeuvres parfois insolites, surtout du côté des objets curieux, de patience, que les brocanteurs spécialisés ont tendance ces temps-ci sous l'influence de la recherche d'art brut peut-être à mettre de plus en plus en vitrine. Les objets les plus singuliers de l'art populaire, la plupart du temps anonymes, du fait de cet anonymat, de leur statut d'orphelins de l'art, et aussi parce qu'ils n'ont pas été forcément en rupture vis-à-vis de la communauté populaire au sein de laquelle ils ont été produits, irradient d'une très grande force aujourd'hui. Ce sont comme des oeuvres d'art brut avant la lettre, qui auraient le pouvoir d'être communicantes, elles.
Collection Michel Boudin, détail d'un cadre de miroir ciselé, art populaire, Adam et Eve, Dieu le père sont représentés ; ph.Bruno Montpied, 2008
Collection Michel Boudin, porte-montre sculpté, photo BM, 2009
14/02/2011 | Lien permanent | Commentaires (4)
”De bric de broc”, exposition au musée d'art naïf et singulier de Laval
Affiche de la nouvelle expo du musée d'art naïf et d'arts singuliers de Laval (on notera le pluriel désormais attaché par les responsables du musée de Laval à "art singulier"), 26 mars au 27 septembre 2016
C'est une "exposition-dossier" à laquelle nous convient Antoinette Le Falher, directrice des musées de Laval, et ses collaborateurs, conçue pour mettre en valeur, hors de la collection permanente, des œuvres confectionnées à base de matériaux recyclés ou détournés, comme les galets peints que l'on voit sur l'affiche ci-dessus et dont je ne reconnais pas l'auteur (Alain Pauzié peut-être?).
Pierre Albasser dessin sans titre de 2007
On retrouvera ainsi, entre autres, sur les cimaises du musée du Vieux-Château, Pierre Albasser, dessinateur et peintre sur cartons alimentaires exclusivement, Jean-Louis Cerisier, régional de l'étape (dans la section petits papiers consacrée aux œuvres faites de collages), Youen (Yves) Durand, un formidable mosaïste autodidacte populaire dont quelques tableaux ont fait le déplacement depuis le Finistère (voir ci-contre "Bellorophon monté sur Pégase terrassant la chimère", titre aimablement communiqué par Mme Durand de l'Association des amis de Y.D.), Alain Lacoste et ses "bri-collages" (voir ci-dessous), Bruno Montpied (deux œuvres en collage là aussi, une "orthodoxe", faite seulement de photos découpées – assez ancienne puisqu'elle date de 1983, elle est intitulée Le Fakir – et une en "technique mixte" de 1999, intitulée La voix du mauvais sang, voir ci-dessous), Léopold Jean-Jean (un Naïf cette fois, autrefois défendu par Anatole Jakovsky, connu pour ses tableaux de bateaux en relief fort rugueux et quasi bruts, voir ci-dessous un paysage maritime exposé à De bric de broc), Noël Fillaudeau, avec certains de ses objets constitués d'agglomérats de matières hétéroclites (il est par ailleurs connu pour ses "métamorphoses" (peintures sur photos de magazines ; voir ci-dessous), Anselme Boix-Vives, Sabine Darrigan, Nicolae Popa, créateur populaire avant tout sculpteur et assembleur je crois, fort connu et estimé en Roumanie où un musée lui est consacré (voir ci-dessous le masque à l'expression bien grotesque qui est présent dans l'expo de Laval), François Monchâtre, connu pour sa série des "Crétins" et ses machines "automaboules", Alain Pauzié connu pour peindre sur des semelles, etc... L'exposition sera l'occasion de faire également des découvertes de créateurs moins connus, comme par exemple les paysages en assemblages de matériaux composites d'un certain Léon Chimisanas.
Alain Lacoste, le pont d'Art-Colle, 2005, collection permanente du musée d'art naïf et d'arts singuliers de Laval, ph. Bruno Montpied, 2011
Noël Fillaudeau, sans titre (série des "Métamorphoses"), peinture sur page de magazine, 10x17 cm env., vers le milieu des années 1990, coll. et ph. B.M.
Le carton d'invitation à l'inauguration, qui aura lieu le samedi 2 avril à 15h30, annonce la prise de parole de "personnalités du monde de l'art singulier". Sont ainsi annoncés (sous réserve): Didier Benesteau (pour parler d'Alain Pauzié et Jean-Joseph Sanfourche), des membres de l'association Youen Durand, Pierre Albasser, Douce Mirabaud et moi-même.
Bruno Montpied, La voix du mauvais sang, collage et technique mixte sur papier, env. 24x32 cm, 1999, coll. Musée d'art naïf et d'art singuliers de Laval ; cette œuvre figure dans l'exposition De bric de broc
28/03/2016 | Lien permanent | Commentaires (3)
Youen Durand et ses tableaux de coquillages à Lesconil, plus que quelques jours...
Le temps file, c'est terrible, plus que quelques jours, cela s'arrête le 4 septembre au Temple des Arts à Lesconil-Plobannalec, près de Concarneau.
Ils ont monté là-bas une grande exposition sur un des héros de la région, qui créa de magnifiques tableaux en mosaïque de coquillages (pesant parfois plus de 20 kg) dont le rendu n'a rien à voir avec la recherche de clinquant d'un Paul Amar, autre spécialiste de l'assemblage (plus arcimboldesque) de coquillages, puisque Youen Durand cherchait avant tout à conserver aux coquillages leurs couleurs naturelles (il se limitait à passer un vernis incolore qui visait à valoriser ces couleurs ; le problème de ces vernis étant par contre parfois de recouvrir avec le temps l'ensemble des compositions d'un glacis jaune).
Seul manuscrit retrouvé de Youen Durand, où il décrit sa technique ; extrait du livre de M-C. Durand, Yves Durand, l'art des coquillages, Calune éditeur, Kereun, 2015
Youen Durand (ou Yves Durand), souvenez-vous, je l'ai déjà évoqué lorsque j'ai parlé de l'exposition récente du musée de Laval "De bric, de broc", où trois de ses tableaux étaient exposés. Né en 1922, avec une jambe handicapées, d'abord tailleur puis directeur de la criée de Lesconil, d'opinion communiste, il est disparu en 2005, trois avant que son exégète, Marie-Christine Durand, au nom homonyme, sans lien de parenté avec lui, elle-même artiste (spécialisée, semble-t-il, dans l'assemblage d'épaves) se passionne pour son œuvre qui jusque là végétait dans un débarras de la mairie.
Elle en a fait un livre-album où elle donne beaucoup de renseignements sur la vie et l'œuvre de ce créateur autodidacte qui s'était constitué une solide culture en lisant et en visitant des expositions, comme par exemple du côté de Pont-Aven (cela aura été un des mérites de Paul Gauguin et de ses amis d'avoir pris fait et cause pour la culture populaire bretonne, et d'avoir dans un retour inattendu suscité aussi des intérêts artistiques chez des hommes du peuple).
Yves Durand, Ballet aquatique, 67x78 cm, 1988, coll. privée ; extrait du livre de M-C. Durand
A partir des albums de photos d'œuvres (datées et titrées) que Youen Durand avait pris soin de laisser derrière lui, le livre recèle un inventaire en photos et en fiches descriptives de ces tableaux aux thématiques diverses (maquettes de bateaux, ports, scènes mythologiques ou allégoriques, la musique, les animaux, les travailleurs de la mer, le cinéma, la famille, les enfants). On y trouve également une photo du grand tableau didactique où le collecteur de coquillages (apportés par les marins qui le connaissaient) donne toutes sortes d'explications au sujet des mollusques utilisés. Notons aussi que Youen Durand laissa derrière lui un certain nombre de tableaux naïfs que le livre présente en annexe. François Caradec, dans son livre Entre miens (Flammarion, 2010), au chapitre "Naïfs", consacre une notice (datée de 1997) à ce créateur., où il souligne à quel point pour Durand son œuvre était en rapport avec la recherche de record (de poids, d'heures passées, etc.). On a déjà rencontré cette caractéristique chez de nombreux auteurs d'art brut ou d'environnements (Cheval, Charles Billy, Marcel Vinsard, etc.). Il est à rapprocher de Paul Amar (avec la différence que je pointe au début de cette note), et peut-être surtout d'un autre Breton, Pierre Darcel, que j'ai évoqué dans Eloge des jardins anarchiques et qui apparaît dans le film Bricoleurs de paradis, au milieu de ses statues et bas-reliefs en mosaïque de coquilles St-Jacques, palourdes et moules.
Yves Durand, Le berceau, 100x80 cm, 1998, coll. municipale ; extrait du livre de M-C. Durand
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Pour se procurer le livre de Marie-Christine Durand : "Les Amis de Youen Durand", Kereun, 29740, Plobannalec-Lesconil. Tél: 02 98 82 22 25, et lesamisdeyouendurand@orange.fr/. Voir aussi le blog http://latelierkereun.blogspot.fr, rubrique Yves Durand.
24/08/2016 | Lien permanent | Commentaires (15)
Infos-Miettes (7)
Jean Linard is dead
Ce titre résume à lui seul tout ce que j'ai à dire sur ce blog au sujet du céramiste Jean Linard, auteur d'un environnement appelé communément "la Cathédrale" à La Borne, village comme on sait de potiers depuis des générations. L'info nous a été transmise par le site ArtInsolite.com. Il était l'auteur d'un environnement très "artiste" (et un peu trop mystique pour mon goût) très différent des environnements du genre qui me retient sur ce blog. Pour information, je répercute l'annonce de cette disparition vers ceux que cela pourrait concerner, avec mes condoléances à ses proches.
Expos François Burland et Alp-Traüme au Museum Im Lagerhaus, St-Gall, en Suisse orientale...
Tiens, ça faisait longtemps que je n'avais pas fait d'info sur le Musée d'art naïf et d'art brut suisses de St-Gall. C'est que leurs informations me parviennent toujours en allemand que je déchiffre fort mal... Mais bon, il est toujours loisible de jouer à la devinette. S'achève en ce moment (ça se termine le 7 mars prochain) une exposition de photographies d'Hildegard Spielhofer (dont je ne perçois pas trop le rapport à l'art brut ou à l'art naïf) et de "jouets" créés par François Burland qui n'en finit plus de produire des maquettes de bateaux, et autres véhicules variés, bricolés en matériaux de récupération, qui ne sont pas sans faire songer à d'autres maquettes telles qu'on en rencontre dans l'art brut conservé en Suisse, à Lausanne notamment (pensons aux bateaux de Forestier par exemple, mais plus généralement, l'art brut n'est pas avare de grands enfants jouant encore graphiquement avec des trains - David Braillon, Willem Van Genk... - des voitures, des engins spatiaux - André Robillard... - etc.).
Et cette expo sera suivie d'une autre, Alp-Traüme, plus inspirante à mon goût sur des créateurs du massif montagneux du Säntis (région d'Appenzell et Toggenburg), riche en traditions populaires (voir les Sylvester klaüse d'Urnasch et leurs costumes prodigieusement inventifs) et en peintres originaux, Alp-Traüme que l'on doit pouvoir traduire simplement par Rêve d'alpe, nein? Il s'agit cette fois de nouveaux noms, comme Erich Staub, ou Imma Bonifas, Willy Künzler, présentés à côté de plus connus comme Hans Krüsi. Nouveaux noms et nouvelles créations, plus dégagées de l'imitation du réel que dans le cas des peintres d'alpage déjà présentés précédemment dans ce musée (les peintres de poyas décorant les chalets et les étables de la région). L'exposition se tiendra du 24 mars au 4 juillet 2010.
Colloque sur "l'art outsider" en Sicile, "la création différente"
Mlle Roberta Trapani m'a signalé récemment trois jours (26-27-28 mars prochains) où l'on va colloquer vaillamment à Palerme sur l'art brut et consorts, voir ici le programme en français et le programme (plus détaillé) en italien, à l'initiative de "l'Association culturelle" Start Factory (pas très sicilien le titre). Ce sera "coordonné scientifiquement" par la professore Eva Di Stefano qui dirige à Palerme un "Observatoire Outsider Art" dans le cadre de l'université locale.
Joël Lorand et Claude Massé à Carquefou
Ah, ce Joël Lorand, il en aura fait des voyages à travers la France, c'est un des plaisirs qui accompagnent tous ceux que la poursuite d'une quête imaginative titille. Outre des oeuvres représentatives de ses différentes périodes précédentes, proches du graffito au début, puis les "personnages floricoles", et les "boucliers", il montrera dans une nouvelle exposition au Manoir des Renaudières (direction de l'action culturelle de Carquefou) une nouvelle série d'oeuvres. Est-ce que la peinture reproduite sur le carton d'invitation en fait partie? Faut aller voir l'expo pour répondre.
Avec lui, au même moment, on pourra également voir les "patots" de Claude Massé, sculptures-assemblages sur liège. Pour le vernissage du 6 mars, à 16h30, Massé fera d'ailleurs une conférence-débat sur "l'Art Autre".
Exposition du 6 mars au 4 avril 2010, ouverte les ven., sam. et dimanche de 14h à 18h et sur RDV (02 28 22 24 40). Entrée libre.
Histoire d'une Collection (2)
Là c'est à Paris, c'est le deuxième volet d'une exposition qui paraît vouloir retracer l'histoire de la collection du centre d'étude de l'expression, collection qui est abritée dans le centre hospitalier Ste-Anne, dans le 14e ardt. Anne-Marie Dubois est l'organisatrice de l'expo qui est accompagnée aussi par la publication d'un troisième tome de son ouvrage De l'art des fous à l'oeuvre d'art. Cette collection vaut surtout à mes yeux pour sa partie ancienne, rassemblant des oeuvres produites par des patients que l'on n'avait pas encore encadrés soit artistiquement (artistes-thérapeuthes) soit chimiquement. L'expo La Clé des champs qui s'était tenue à la Galerie Nationale du Jeu de Paume en 2003 avait permis de s'en rendre compte de façon nette. L'expo actuelle, commencée le 28 janvier, s'achévera le 28 mars 2010, elle se tient dans le musée Singer-Polignac, à l'intérieur du centre hospitalier (ne craignez rien, on vous laissera ressortir...).
22/02/2010 | Lien permanent | Commentaires (3)
De la sirène d'Europe à la Mami Wata, sirène africaine
Cela fait longtemps qu'en rêvant à mon sciapode, emblème et logo que je me sens davantage que d'autres (les éditions Zoé en Suisse par exemple) fondé à brandir, étant donné mon patronyme, cela fait longtemps que je me dis que si je devais trouver une épouse à mon sciapode, son pendant féminin ne saurait être autre qu'une sirène.
Cela recoupe mon histoire sentimentale, j'ai connu il y a des lustres une femme, désormais disparue, qui était fascinée par ces mêmes sirènes, ayant été sans doute l'une d'entre elles dans une vie onirique parallèle. Elle avait commencé une esquisse de collection sur ce thème. Cela n'avait pas été loin. Cependant, pendant les mois de gestation intra-utérine de ce qui allait devenir par la suite sa charmante fille, elle la rêva comme une sirène, ce à quoi ressemblent les foetus d'ailleurs...
Ce rapport aux sirènes connut un épisode posthume assez merveilleux. Cette amie avait fait planter un rosier devant sa maison en Brière. D'une variété nommée Mermaid... Quelques semaines après sa disparition, nous nous trouvions, sa fille (âgée alors de douze ans), son mari et moi ensemble dans cette maison. Un matin, en sortant sur le pas de la maison, sa fille eut la surprise de voir qu'une des roses de l'arbuste s'était tournée vers le seuil, avec cette étrange impression que la rose la regardait... J'apprends à cette occasion le nom de cette variété de rose. Mermaid veut dire Sirène comme on sait. Je me demande si la disparue savait le nom de la rose, sans doute que oui, connaissant son goût pour les coïncidences. Mais alors, dans un second temps, le mot sonne autrement, j'entends tout à coup: Mère m'aide... Signal post mortem d'une mère errant parmi les choses, du souvenir de la mère flottant dans le décor de sa vie pour une petite fille désormais orpheline?
L'iconographie sur la sirène est vaste et variée, bien davantage que sur les sciapodes, bien moins connus. Elle contient parfois des images un peu effrayantes, comme ce bébé en bocal que garde paraît-il le musée de l'école vétérinaire de Maisons-Alfort (signalons au passage à nos lecteurs qu'il vient de réouvrir après deux ans de travaux de restauration, merci à Jean-Raphaël pour l'info), ou des images plus sensibles comme cette sirène peinte sur un bombardier pas spécialement conçu pourtant pour l'expression de la sensibilité...
Enfant-"sirène", musée Fragonard de Maisons-Alfort ; les jambes soudées par malformation les font assimiler à une queue de poisson
09/11/2008 | Lien permanent | Commentaires (22)
Le véritable art brut, tournée des expositions pour le découvrir (1)
Le titre de cette note est un peu provocateur? Voire... J'ai comme l'impression qu'en France, ces temps-ci, on s'éloigne de plus en plus du véritable art brut, tant est envahissante la passion d'intégrer l'art produit dans les ateliers pour handicapés dans l'art contemporain, via "l'art brut". Ce dernier est tripatouillé par les marchands désireux de l'assimiler à l'art contemporain, histoire d'avoir une clientèle plus large venue de cette dernière aire, déçue par l'art contemporain aux inspirations exsangues. Et l'art des handicapés mentaux, plus ou moins dirigé par les animateurs des ateliers, recèle des moyens de permettre ce genre de confusion...
Il est donc peut-être utile de signaler quelques expositions où l'on peut voir ce qui correspond mieux à la définition de l'art brut, productions artistiques créées dans un état d'urgence, indépendamment des Beaux-arts traditionnels, sans recherche volontaire de profits monétaires, sans besoins d'exhibition autre que liés à une foi, ou à un exercice désintéressé de cette forme de communication (montrer spontanément ses dessins à ses proches...). On conçoit que ce genre de pratique, en tout contraire à l'exploitation commerciale de l'art – une pratique qui outrepasse et nie l'économie, sacro-sainte dans ce monde capitaliste – puisse révulser tous les partisans du capitalisme appliqué à l'art, au point même de la passer de plus en plus sous silence.
Dans cette note, je commencerai par la "Galerie de Toute chose" (The Gallery of Everything), à Londres, où a commencé le 29 septembre une exposition de peintures médiumniques, intitulée "Le médium du médium" (si je traduis correctement...), et sous-titrée "les pratiques de l'art spiritualiste au tournant du siècle et au delà", où l'on peut découvrir quelques chefs-d'œuvre étourdissants de créateurs peu connus dans nos contrées. La manifestation se décline en deux volets, une à la galerie du 4 Chiltern street, et l'autre aux Frieze masters à Regents Park. Comme on sait, l'art médiumnique est une des composantes de l'art brut.
J'en extrais deux images, dont la première ci-dessus, montrant un grand tableau de Marian Spore Bush (intitulé Guerre, et daté autour de 1938) est proprement extraordinaire (les armées marchent dans la partie haute recouvrant les 2/3 de la composition, tandis que des monceaux de têtes de mort en résultent en bas ; une sorte de tornade symbolique représente la transformation des vivants en macchabées, sans doute). Je ne résiste pas à la tentation de le rapprocher d'un autre créateur, peu connu lui aussi, mais français (breton), non médiumnique en revanche, Claude Poullaouec, dont seules les anciennes cartes postales ont révélé jusqu'à présent le talent naïvo-brut. En effet, on se demande bien où ses oeuvres étonnantes ont pu aller?
Claude Poullaouec, fasciné par le défilé des escadres militaires anglaises et françaises en rade de Brest (à Plougonvelin, où il travaillait, il était bien placé pour les voir passer) ; la disposition des bateaux et des différentes silhouettes, comme dans la tradition des ombres et autres canivets, me fait penser par association de formes au tableau de Marian Spore Bush ; que sont devenues ces peintures? Coll. B.M.
Autre artiste médiumnique étonnant qu'on pourra découvrir à la Gallery of Everything (se reporter au lien que j'ai mis ci-dessus pour en savoir plus), ce Tchèque appelé František Jaroslav Pecka, qui paraissait adorer faire sourdre des volutes floraux des profils délicats de femmes, qui font penser aux représentations féeriques. On sait d'ailleurs que dans le spiritisme tchèque, les esprits avaient la "main verte", l'âme botanique, tandis que leurs homologues des mines du Nord de la France avaient des goûts plutôt de type architecturaux (voir l'exposition qui commence le 4 octobre, au LaM de Villeneuve d'Ascq consacrée à Augustin Lesage, Fleury-Joseph Crépin, et Victor Simon¹).
František Jaroslav Pecka, vers 1920, exposition the Gallery of Everything.
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¹ L'exposition (4 octobre 2019 au 5 janvier 2020) n'est pas seulement concentrée sur les trois créateurs médiumniques cités en titre, on pourra aussi y rencontrer d'autres oeuvres, en rapport avec l'univers des artistes médiums, de Christian Allard, Théophile Bra, Victor Brauner, André Breton, Yvonne Cazier, Vincent Ceraudo, Fleury Joseph Crépin, Fernand Desmoulin (dont des dessins inédits ont été récemment exposés à la Galerie L'Art absolument dans le 13e arrondissement), Robert Desnos, Abdelkrim Doumar, Paul Éluard, Abdelhakim Henni, Auguste Herbin, Louise Hervé & Chloé Maillet, Victor Hugo, Vassily Kandinsky, Mathilde Lavenne, Lempereur-Haut, Rainier Lericolais, Augustin Lesage, Frédéric Logez, Timo Nasseri, Stéfan Nowak, Mme Bouttier, Frantisek Pecka (le même qu'à Londres), Danièle Perronne, Victorien Sardou, Nicolas Schöffer, Victor Simon, Lucien Suel et Elmar Trenkwalder.
30/09/2019 | Lien permanent
Les Amoureux d'Angélique (1)
Note dédiée à Pierre Gallissaires
Cela faisait longtemps que je n'avais pas entendu parler en France d'un nouveau musée d'art brut, ou naïf, ou simplement d'art populaire contemporain (étiquette qui en l'espèce correspond assez bien).
L'Aracine verra bientôt on l'espère ses collections présentées en un espace bien défini et distinct de l'art moderne dans les nouveaux espaces du musée de Lille-Métropole à Villeneuve-d'Ascq dans le Nord. La Fabuloserie, et ses collections d'"art-hors-les-normes" (dont pas mal d'oeuvres récupérées d'environnements spontanés qui allaient être détruits, exemple assez réussi de sauvetage et de déplacement de fragments d'environnements qui devrait faire taire les puristes toujours prompts à taxer ce genre de solution d'"ânerie" ou de "ridicule", cf Belvert et "J2L"), la Fabuloserie tient bien le coup dans l'Yonne à Dicy. Le Petit Musée du Bizarre (de tous, celui qui s'apparente le plus au musée dont je veux vous entretenir) semble perdurer en Ardèche à Lavilledieu, près de Villeneuve-de-Berg (on aimerait avoir des nouvelles fraîches de l'endroit, si un lecteur de ce blog passe par là...), premier musée sur la question en France (car créé en 1969). Nous avons également des musées d'art naïf de qualité (à Laval, collection ouverte au public au Musée du Vieux-Château depuis 1966 ; à Nice, musée construit à partir de la collection d'Anatole Jakovsky, depuis 1982). Un musée consacré à la création singulière (un zeste d'art brut, un peu d'art naïf, un soupçon de surréalisme et beaucoup de singuliers, alias des créateurs marginaux et autodidactes de l'art contemporain), le Musée de la Création Franche, créé par Gérard Sendrey depuis 1988, existe également à Bègles en banlieue de Bordeaux. Le Musée International d'Art Modeste de Di Rosa et Bernard Belluc à Sète montre aussi des oeuvres relevant davantage de l'art populaire manufacturé, comprenant parfois des créateurs aux limites des collections précédemment citées. Sans compter les divers musées d'art populaire ou écomusées, privés ou publics, qui contiennent également nombre de créations relevant de ces mêmes champs, l'art brut, l'art naïf, les environnements spontanés...
La découverte du musée des "Amoureux d'Angélique", fondé par l'association Geppetto, qu'animent Martine et Pierre-Louis Boudra au Carla-Bayle en Ariège, une cinquantaine de kilomètres en dessous de Toulouse, non loin de Pamiers, je la dois à un petit dossier qu'avait publié naguère Denis Lavaud à partir des notes et des photos de Bernard Dattas dans le bulletin Zon'Art (n°14, automne-hiver 2005). A dire vrai, ce dossier était avant tout centré sur l'évocation de divers sites et environnements bruts/naïfs de la région de Toulouse, sans trop insister sur les Amoureux d'Angélique, qui pourtant avaient indiqué aux auteurs les sites en question.
Pierre-Louis et Martine, chercheurs modestes mais acharnés de la poésie populaire cachée (du Sud-Ouest au Massif Central sans oublier la Région Parisienne dont ils sont originaires), sont à l'origine de nombreuses découvertes, ou de sauvetages de créateurs tout à fait insolites et intéressants. Installés depuis huit ans au Carla-Bayle (soit donc vers 2000, à l'orée du nouveau siècle), ils y ont aménagé une bâtisse sur plusieurs niveaux où finalement ils commencent déjà à manquer de place tant les oeuvres conservées et sauvegardées pullulent. La maison est rustique, la muséographie est simple et bon enfant, sans chichis, semblant inséparable d'une visite guidée en compagnie des propriétaires. Les portes, aux heures d'ouverture au public (mieux vaut téléphoner avant de venir), sont ouvertes dans la plus grande des confiances. Des chats, des chiens font la visite avec vous. Le village ressemble à un de ces villages d'artistes perchés sur une colline comme on en connaît du côté de la Provence par exemple, le snobisme et l'apprêt en moins. De ses remparts, par beau temps, on aperçoit la chaîne des Pyrénées au loin.
Chaque été, en sus de la collection permanente forte d'une dizaine de créateurs, Pierre-Louis et Martine organisent une petite exposition temporaire. Si la saison dernière, ce furent des "jouets" de Pierre et Raymonde Petit (venus de deux collections privées), l'été 2008 est consacré à Roger Beaudet, créateur ouvrier de la région de Roanne, où il sculpte des jouets, des maquettes, et des personnages organisés en saynètes dans un local exigu. Les Boudra indiquent qu'au début ces oeuvres étaient destinées aux enfants, et que par la suite des collectionneurs sont arrivés pour lui en acheter. Beaudet oeuvre à la commande paraît-il, étant capable sur la foi d'une photographie de reproduire, passée bien sûr au tamis de son imagination et de ses déformations, l'image du collectionneur et de sa femme par exemple.
La collection permanente, à l'image des oeuvres de Roger Beaudet, est fortement marquée par l'empreinte de l'enfance. Que ce soit dans les dessins de Thierry Chanaud, qui ressemblent à des imagiers enseignant le vocabulaire aux enfants quoique réinventés par leur auteur, ou dans ses sculptures archaïsantes, dans les peintures de Gilbert Tournier, ancien maréchal-ferrant (spécialisé dans les chevaux d'hippodrome) découvert par les Boudra du côté de Champigny-sur-Marne (une de leurs premières découvertes, je pense) qui dessinait le nez collé sur le support, ou d'autres sculpteurs comme Joseph Donadello -par ailleurs auteur d'un environnement remarquable dans la région sur lequel je ferai bientôt une note à part- ou le fils de tzapiuzaïre (faiseur de copeaux, selon P.Mamet dans Les Artistes Instinctifs, Almanach de Brioude, 1924...) Denis Jammes en Haute-Loire. Les attelages d'Henri Albouy, par leur côté miniaturisé, eux aussi font penser à des maquettes et à des jouets. Les statues d'Honorine Burlin, elles aussi venues d'un environnement de la région à côté de Cintegabelle, à Picarou, ont quelque chose de fortement candide.
Pourrait-on forger pour ce petit musée fort sympathique l'étiquette d'art populaire enfantin? Pourquoi pas... Cependant, au coeur de ce musée, existe aussi une autre salle consacrée à un autre créateur à qui l'étiquette ne colle pas tout à fait... Mais cela, je vous en parlerai dans un épisode suivant...
Contacts:
Les Amoureux d'Angélique, 09130, Le Carla-Bayle, tél: O5 61 68 87 45, e-mail: amoureuxanges@hotmail.com
Pour le moment, pas encore de catalogue sur place, seulement des cartes postales et des mini-dépliants comme ci-dessous (merci à Pierre-Louis et Martine Boudra pour m'avoir laissé prendre toutes les photos que je voulais):
09/08/2008 | Lien permanent | Commentaires (5)
Info-Miettes (37)
Musées, galeries rouverts
Citons quelques musées qui rouvrent depuis le 19 mai: à Laval: celui de l'Art Naïf et des Arts Singuliers (qui vient de finir de construire un site web) ; à Paris : la Galerie Claire Corcia (qui prolonge son exposition consacrée à Hélène Duclos qui s'était retrouvée victime du confinement), la Galerie Pol Lemétais (avec des outsiders américains du 19 mai au 6 juin) et la Galerie Polysémie qui reviennent faire un tour pour un mois dans les locaux de l'ancienne galerie de Béatrice Soulié rue Guénégaud (6e ardt), la Galerie Les Yeux Fertiles (avec une exposition intitulée "Boîtes à mystères"), également dans le 6e, le Musée d'Art et d'Histoire de l'Hôpital Sainte-Anne, dans le 14e (qui prolonge jusqu'au 13 juin prochain son intéressante expo, "Follement drôle", pas vue du public, consacrée à l'humour des artistes pensionnaires d'hôpitaux psychiatriques, les oeuvres présentées provenant du MAHHSA et, fait bien plus inédit, de la Collection Prinzhorn à Heidelberg, voir l'article que j'ai consacré à l'expo dans le n°166 d'Artension en mars-avril dernier) ; A Villeneuve-d'Ascq, à côté de Lille, le LaM (dont mon petit doigt m'indique qu'ils préparent là-bas une exposition prévue pour l'année prochaine sur un sujet qui me tient tout particulièrement à cœur, car je l'ai, dans un de mes anciens textes, appelée de mes vœux : Art brut et surréalisme ; on sait que contrairement à la collection de l'Art Brut à Lausanne, les conservateurs du LaM en charge de l'art brut ont une sensibilité particulière envers André Breton et les surréalistes, l'idée de l'expo est donc logique) ; à Marseille : la Galerie Béatrice Soulié, désormais seulement installée dans la cité phocéenne, monte une "Rétrospective Louis Pons (1927-12 janvier 2021)" du 11 juin au 7 août 2021, voir ici le dossier de presse ; en Belgique: le Musée de la Création Franche de Bègles est, on le sait, fermé pour travaux (environ deux années), cela ne l'empêche pas de faire des expo hors-les-murs comme celle qui s'ouvrira du 21 mai au 12 décembre 2021 à la Fondation Paul Duhem, à Quevaucamps.
Vue de l'expo Outsider Roads organisée par Pol Lemétais dans l'ancienne galerie Soulié, ph. Galerie Lemétais. ; au mur divers outsiders américains comme Kenneth Brown ou Henry Speller, voire John Henry Tooner...
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PIF, quésaco?
Cet acronyme signifie Patrimoines Irréguliers de France. Il s'agit d'une association animée par trois Italiens, Roberta Trapani, Chiara Scordato, Danilo Proietti et un Français, Olivier Vilain. ils viennent de finaliser leur site web où l'on apprend plus sur leur action et leurs projets, qui flirtent avec les cultures alternatives. Ils s'intéressent comme moi aux environnements atypiques, mêlant dans un même sac environnements et artistes marginaux plus ou moins inventifs (Jean-Luc Johannet, Danielle Jacqui, Jean Linard...) et créations environnementales spontanées plus strictement populaires.
Jean-Luc Johannet, une maquette de ville imaginaire exposée dans le hall de la Halle Saint-Pierre dans le cadre d'une exposition montée par le PIF en 2018, ph. Bruno Montpied.
Je les soupçonne parfois d'être attirés avant tout par les artistes marginaux, et un peu moins par les créateurs autodidactes amateurs (malgré les textes de Roberta Trapani qui est plus sensible à ces derniers que ses complices). Un autre point qui me chiffonne est le relatif sous traitement, sur leur site web, des références aux autres acteurs défendant le domaine (mon blog qualifié "d'historique" - merci pour le coup de vieux que je me prends au passage!) - n'étant pas oublié cependant, merci pour lui). L'action de ce collectif de quatre personnes, on s'en convaincra aisément en parcourant leurs professions de foi, se veut clairement politique, mettant en avant les mots utopie, libertaire, indiscipline, surréaliste-révolutionnaire, ZAD, clandestinité, illégalité, excusez du peu... Ils ont édité une revue, intéressante, mais au format et à la mise en pages un peu difficiles à aborder, Hors-les-normes, qu'elle s'appelle, empruntant son titre à l'art défendu à la Fabuloserie... Je signale aussi pour finir qu'ils font actuellement un petit reportage filmique sur la restauration de la tour Eiffel de Petit-Pierre dans le parc de la Fabuloserie (voir l'appel de ces derniers que j'avais répercuté, et qui a été couronné de succès, dégageant les fonds nécessaires à la restauration). A suivre, donc...
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Joseph "Pépé" Vignes, une expo à la Fabuloserie et un film
A la Fabuloserie, à Dicy (Yonne), est montée pour cette saison (tout l'été) une expo bâtie à partir des œuvres de Pépé Vignes dans le fonds permanent de la Fabuloserie. Deux photos que m'a prêtées la Fabulose Sophie Bourbonnais donnent envie d'aller musarder dans cette belle région :
Photo Archives Fabuloserie.
Vue des différentes œuvres de Pépé Vignes à la Fabuloserie-Dicy, archives Fab.
J'aime particulièrement les graphismes aux crayons de couleur (plus stables dans le temps que les feutres d'école que Vignes utilisait) de cet ancien tonnelier, qui en dépit d'une vue déficiente (il dessinait l'œil collé au support) mettait toute son énergie à concentrer dans ses bus, trains, voitures, bateaux, tonneaux, instruments de musique, bouquets de fleurs, poissons, avions, l'amour qu'il portait à leurs aspects. Plus immédiate poésie visuelle que cela, tu meurs... Tous ceux qui se moquèrent de lui, le brocardant à l'envi quand il jouait de son accordéon dans les bals populaires à Elne et sa région (pays catalan), doivent rire jaune aujourd'hui quand ils découvrent par hasard qu'il est désormais considéré comme un grand créateur (en particulier lorsque l'on découvre la rue qui a été octroyée à sa mémoire à Elne).
Photo Illibérien, prise à Elne.
La Fabuloserie et Philippe Lespinasse se sont alliés pour que ce dernier réalise un film à partir d'extraits de la "capture" filmique qu'Alain Bourbonnais avait tournée dans les années 1970. Le réalisateur a gardé quelques passages du film où l'on aperçoit Vignes dans son petit logement, et il a fait alterner ces extraits avec des fragments d'entretien avec divers témoins qui ont connu Pépé Vignes, comme Jean Estaque, cet artiste qui m'est cher, comme j'ai eu l'occasion de le dire dans plusieurs notes précédentes. On trouve le DVD du film dans la librairie de la Fabuloserie-Paris, rue Jacob (6e ardt).
Joseph "Pépé" Vignes, avec ses lunettes à double foyer, ph. JDLL, transmise par "Illibérien".
Jaquette du DVD de Philippe Lespinasse "Pépé Vignes: c'est du bau travail!", co-production Fabuloserie et Locomotiv films.
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Escale Nomad aussi dégaine ses trouvailles de printemps profitant du déconfinement...
Cette fois, la galerie nomade de Philippe Saada fait son nid, du 26 mai au 6 juin rue Notre-Dame de Nazareth (3e ardt) dans une galerie appelée "L'Œil bleu", voir ci-dessous...
On notera de prestigieux et classiques nouveaux venus dans le stock de Saada, quand on y découvre Emile Ratier par exemple, ou encore Carlo Zinelli et Fernando Nanetti, qui avait graffité les murs de la cour dans son hôpital psychiatrique à Volterra en Italie. Comment il s'y est pris, le Saada? il a fauché un morceau de mur de l'hosto, ou quoi?
20/05/2021 | Lien permanent | Commentaires (1)