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Rechercher : Gabriel Albert

Albert Dürer et la guerre des paysans, une analogie proposée par Darnish

      La colonne du monument aux morts de Camplong  [voir note précédente] avec à sa base le casque prussien me fait penser à un autre monument commémoratif qui n'a jamais été réalisé mais qui fut pensé et dessiné par Dürer en hommage aux paysans insurgés de la guerre des paysans vers 1525.

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Albert Dürer, projet de monument commémoratif de la guerre des paysans, 1525


        Il s'agissait aussi d'une sorte d'assemblage d'objets, ceux-ci issus du quotidien d'un paysan tels que des fagots, des fourches, etc. Au sommet de ce monument, Dürer voulait y placer un paysan assis, semblant méditer (un peu comme le Penseur de Rodin) , un glaive planté dans son dos. Ce dessin se trouve reproduit dans le livre de Maurice Pianzola intitulé Peintres et vilains [voir ci-dessus l'image extraite pas nos bons soins du livre dans l'édition que nous possédons aux Presses du Réel, de 1992].

         Darnish

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Les inspirés du bord des routes, premier film du Vidéoguide de l'Inventaire du Patrimoine de Nouvelle-Aquitaine

     Suivez le Vidéoguide de l'Inventaire du Patrimoine en Nouvelle-Aquitaine... Qui vous emmène sur les traces des environnements populaires spontanés de cette immense région sous la forme de courts-métrages disponibles en libre service sur YouTube. Le premier de cette série vient d'être mis en ligne (voir ci-dessous). Cette dernière en comprendra quatre autres : un sur la question de la conservation et de la patrimonialisation, un sur le cas d'André Degorças en Charente, sur lequel je prépare en outre un article à paraître dans le prochain Création Franche, un troisième sur les cas d'Antoine Paucard et François Michaud, bien connus des lecteurs fidèles de ce blog puisque j'en parle, surtout du dernier, depuis 1991, et dans mon inventaire du Gazouillis des éléphants, bien entendu, enfin un quatrième sur le jardin de Gabriel Albert à Nantillé (Charente). Tous ces films courts sont, et seront,  réalisés par Juliette Chalard-Deschamps avec l'aide rédactionnelle de Yann Ourry (connu pour sa défense du jardin de Gabriel Albert ). Dans le premier, on voit Stéphanie Birembaut, la directrice et conservatrice du Musée Cécile Sabourdy à Vicq-sur-Breuilh (Haute-Vienne), interviewée dans le jardin de son musée, en compagnie de votre serviteur, l'animateur de ce blog, tous deux s'évertuant à donner une première présentation du sujet à destination d'un public "non averti" :

 

 

 

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Michel Valière nous a quittés

      Michel Valière est mort le 22 février dernier, d'une longue maladie, dit-on... Et, même si je n'avais plus de contact avec lui depuis longtemps, je dois dire que cette nouvelle m'a fait mal. Une sorte d'adage résonne en moi... Lorsqu'un vieillard meurt, c'est comme une bibliothèque qui brûle. Et ici, mieux qu'ailleurs, l'adage se vérifie.

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Michel Valière (et sa femme, Michèle Gardré-Valière) en compagnie de Franck Vriet et sa femme, à Brizambourg (Charente), ph. Bruno Montpied, 2006 ; nous visitions ce créateur de statues en plein air situé non loin de chez Gabriel Albert, qu'il connaissait bien, et avec qui il avait réalisé des statues (peut-être en commun?), apparemment plutôt animalières.

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Le Corbeau de la fable Le Corbeau et le Renard de La Fontaine, imaginé par Gabriel Albert à partir d'un dessin de costume pour une pièce de théâtre ; cette attribution m'avait été signalée par Michel Valière ; ph.B.M. 2006.

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   L'homme, que j'avais rencontré au LaM de  Villeneuve-d'Ascq, en marge d'une journée sur les environnements spontanés, en 2005, alors que venait de paraître un de ses ouvrages chez Armand Colin, Le Conte populaire, approche ethnographique, s'est engagé à fond durant toute une période dans la défense et la sauvegarde du jardin de 420 statues naïves de Gabriel Albert à Nantillé (Charente-Maritime), sauvegarde qui paraît en voie d'être acquise aujourd'hui (voir la note que j'ai consacrée au cahier de l'Inventaire du Patrimoine de la région Poitou-Charentes entièrement centré sur  l'environnement de Gabriel Albert, cahier que Valière a supervisé ; on lira avec fruit, en cliquant sur le lien ci-avant, le débat enrichissant qui s'instaura à la fin de la note, en commentaires, entre Michel Valière, Emmanuel Boussuge et mézigue). Mais, à côté de cela, c'était avant tout un puits de science en matière ethnographique, et de cultures, de langues populaires (notamment en occitan). Les lecteurs anciens de ce blog se rappelleront peut-être ses commentaires érudits et fort pointus (trop?), sous le pseudonyme de "Belvert", qui renvoyait à son propre blog, toujours ouvert à l'heure où j'écris ces lignes... C'était, en dehors de son savoir ethnologique (il s'est consacré beaucoup au collectage de témoignages oraux dans la région du Poitou), en effet, un grand linguiste spécialisé dans les parlers poitevins-saintongeais, ainsi qu'en occitan (né à Paris, il a grandi à Lespignan, dans le Biterrois et l'Hérault). Il nous avait gratifiés sur ce blog, on s'en souviendra, de commentaires pointus sur les tsapluzaïres, ces tailleurs de copeaux, sculpteurs amateurs à leurs heures de loisir, que l'on rencontrait encore jusqu'à ces dernières années dans le Massif Central.

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        Par ailleurs, Michel Valière était un grand connaisseur de l'art populaire et avait contribué à monter avec d'autres des musées. Mais je ne parviens plus à me rappeler de lequel d'entre eux il m'avait parlé. Son rapport avec des gens dans mon genre montre que sur ses "vieux jours", il s'était ouvert aux nouveaux surgeons de l'art populaire que sont l'art naïf, l'art brut (ce n'est absolument pas signalé dans la notice qui lui est consacrée sur Wikipédia). Même l'art singulier l'intéressait (à ce titre, je lui avais offert une  de mes peintures sur papier, Un rugby aux règles étranges, qui faisait une vague allusion à l'ancêtre du rugby, la soule, jeu violent pratiqué dans le Sud-Ouest). Sa curiosité était vaste et variée. Il faut espérer que quelque bonne âme aura eu l'heureuse idée de l'enregistrer, comme lui-même sut le faire pour beaucoup d'interlocuteurs dépositaires de culture populaire. 

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Bruno Montpied, Un rugby aux règles étranges, 30 x 40 cm, 2005, coll. Michel Valière, ph. B.M.

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Henri Caillaud autre pape des escargots

    Cette note est inspirée des commentaires avisés de Michel Valière sur les cagouilles et les amateurs de cagouilles de ses régions de prédilection, Poitou et Charentes. Cela m'a donné l'envie d'aller repêcher un petit ouvrage au fond de ma bibliothèque...

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   Bon, en effet, il semble, je veux bien le croire, que ce coin de France a des affinités particulières avec les escargots (autres noms: cagouilles, lumâs, limas), une passion dévorante bien sûr. Goût qui paraît répandu particulièrement entre Loire et Garonne, à en croire Hélène Tierchant et Bernard Cherrier, les auteurs en 1990 (avec la complicité du photographe Alain Bourron), à la librairie Bruno Sepulchre -imprimerie Plein Chant...- d'un ouvrage intitulé "Le livre de l'escargot" que je possède depuis une randonnée de 1996 en Charente.

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(Photo Alain Bourron, extraite du Livre de l'escargot ; escargots de béton d'Henri Caillaud)

    Le livre est donc entièrement voué à cet animal intrigant dont certains, jadis, ont fait un symbole de couardise et d'impuissance (faut dire que ça se rétracte au moindre contact, ça rentre dans sa coquille, ça se recroqueville en moins de deux). J'aime les entreprises obsessionnelles et je l'avais acheté déjà pour cela. Mais il contient en outre l'évocation, malheureusement un peu trop succincte, d'un créateur nommé Henri Caillaud.

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(Photo extraite du Livre de l'escargot, Henri Caillaud avec sa nièce [non! sa petite fille... Voir commentaire ci-dessous], une de ses oeuvres au sol...)

    Ce dernier a vécu de 1889 à 1981, soit 92 années, en Charente, à Villejésus où en 1990 existait encore sa fontaine en forme d'escargot sur la grand'place du village (on suppose qu'elle y est toujours).

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(Photo Alain Bourron)

    Excentrique, l'homme a défrayé la chronique villageoise en construisant par exemple à l'abri des regards et des murs d'une vieille grange une autre maison, toute neuve, qu'il fit un jour apparaître en détruisant à coups de masse les murs de la coquille protectrice de la grange matricielle... Les auteurs nous signalent que cette maison était décorée de tableaux naïfs, "une naïveté vigoureuse", mais on n'en apprend pas plus, le livre ne contient pas d'illustrations sur le sujet, l'obsession majeure restant la cagouille, la cagouille, toujours la cagouille. Animal qui était aussi le thème central d'Henri Caillaud, qui en fit apparemment toute une série en ciment et en béton, nous dit le livre... Jusqu'à en réaliser un d'un mètre de long, pesant quarante kilos.

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(Photo Alain Bourron ; dernière oeuvre d'Henri Caillaud, un mètre, quarante kilos)

    "L'escargot possède, à travers nos départements, ses peintres, ses statuaires, ses orfèvres. Ils sont légion. Pour un Caillaud passé à la postérité, combien d'adulateurs anonymes qui ont façonné leur portail, forgé leur balcon en forme de cagouille? Combien d'ébénistes qui tournent des cagouilles de bois, combien de céramistes qui adaptent le même animal en porte-parapluie ou en récipient? Le petit-gris est une des sources d'inspiration populaire les plus fécondes." (Hélène Tierchant, Bernard Cherrier).

     Pour qu'on se pénètre encore plus de cette évidence, j'insère ci-dessous deux photos, l'une représentant l'environnement de 400 statues de Gabriel Albert à Nantillé en Charente-Maritime, et l'autre celui de son émule de Brizambourg, tout proche, Franck Vriet. Parmi tant d'autres merveilles, on y retrouve des escargots, en premier ou second plan.

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(Jardin de feu Gabriel Albert à Nantillé ; L'escargot est en haut près de la fenêtre...)
 
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(Photos B.Montpied, 2006 ; Ci-dessus jardin devant la maison de Franck Vriet à Brizambourg, otaries, crocodiles, flamants roses, escargot...)

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Naïfs démiurges, voyeurs conséquents!

    De temps à autre, je compulse mes archives, à la recherche d'une référence, d'une information plus précise, d'un souvenir... Ou plus souvent sans but autre que le compulsage compulsif, automatiquement, en réalité mû par une nécessité intérieure qui ne veut pas parler à voix haute...

    Voici que mes yeux retombent sur cet entrefilet extrait d'un article sur "Les Facteur Cheval" paru dans un almanach "banlieue" de la revue Actuel, numéro hors-série, datant vraisemblablement de 1974 ou 75...:

   "Il y a vingt ans, Monsieur Colaniz, maçon à la retraite, modela une statue de femme nue qu'il installa devant sa maison et qu'il repeignit avec soin jusqu'à sa mort. (Boulevard Circulaire, 93420, Villepinte)".

   Je ne suis jamais allé à Villepinte voir si la femme nue était toujours là, toujours "soigneusement repeinte". Je suppose bien que non. Je m'en console avec d'autres, modelées par des créateurs un peu partout. Dès qu'on se rend compte qu'on sait faire surgir du néant quelque être ressemblant, on est terriblement tenté de se faire démiurge et voyeur! 

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Statues de femmes de Gabriel Albert à Nantillé, Charente-Maritime, photogrammes (1988) extraits des Jardins de l'Art Immédiat, ensemble de films Super 8 sur divers environnements spontanés, B.Montpied
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Oeuvres de Frédéric Paranthoën.
 Parmi les statues que ce marin retraité rangeait à la fin de sa vie la plupart du temps dans son garage au lieu de les exposer à la vue des passants dans le petit jardin qu'il possédait au rez-de-chaussée d'un petit immeuble de Royan, on peut découvrir une jeune Tahitienne en costume d'Eve (l'exotisme autorisant la nudité, comme dans le cas des photos coloniales de jeunes Africaines vivant nues à la manière traditionnelle), photogramme (1988) Les Jardins de l'Art Immédiat, B.Montpied
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Statue de femme nue par François Michaud, installée derrière un Napoléon sur le mur de clôture de sa seconde maison à Masgot dans la Creuse (datable de la deuxième moitié du XIXe siècle, avant 1880...), photo B.Montpied, 1988.
  

  

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31/01/2008 | Lien permanent

Conserver (on non) les environnements populaires spontanés: 4e et 5e volets du Vidéoguide de la Nouvelle-Aquitaine sur l

      Viennent d'être mis en ligne le 4e et le 5e volet de la série éditée par l'Inventaire de la Nouvelle-Aquitaine et pilotée par les conseils scientifiques de Yann Ourry à propos des inspirés du bord des routes en Nouvelle-Aquitaine. Ces petits courts-métrages sont toujours réalisés par Juliette Chalard-Deschamps, avec des prises de vue par Arnaud Deplagne.

    Dans le 4e "opus", on me retrouve comme dans le premier volet, toujours avec mon superbe pull (!), répondant en quelque sorte à l'interview d'Hélène Ferbos qui, pourtant, eut lieu plusieurs semaines après le mien, et qui figure ici en tête de gondole. Il s'est agi d'évoquer quelque peu le sujet compliqué des mesures conservatoires – ou non – qui peuvent être mises en place pour prolonger autant que faire se peut ces créations de plein vent, réalisées par des auteurs qui ne se souciaient guère de la pérennité de leurs travaux exécutés dans l'immédiat de leur vie. Est-ce humilité de leur part? Sans doute pour certains, mais ce n'est pas assuré dans tous les cas. Plusieurs créaient dans l'immédiat de leurs temps de loisirs, hors vision artistique, hors système des Beaux-Arts, sans se préoccuper de la postérité, qui est un paramètre spécifique aux artistes professionnels plutôt.

       Et, donc, vouloir – ce qui est naturel, on aime à conserver ce que l'on aime – prolonger et conserver ces sites et réalisations naïfs, plus rarement bruts, pose divers problèmes que nos interviews croisées, à Hélène et à moi, effleurent seulement. Problèmes qui ont trouvé des solutions ici et là, assez variées, qu'il m'est arrivé de décrire sur ce blog à l'occasion, et surtout dans mon inventaire (désormais épuisé, trouvable en bibliothèque ?), Le Gazouillis des éléphants, paru en 2017 aux éditions du Sandre.

     Hélène Ferbos indique cependant qu'en tant que conservatrice et directrice du Musée de la Création Franche à Bègles (réouverture prévue en 2025), elle reste favorable à la sauvegarde de parties et d'éléments extraits de divers environnements. Par exemple, le Musée a très récemment acquis  le vélo couvert d'une toile d'araignée de colifichets d'André Pailloux que j'avais révélé et éclairé dans Eloge des Jardins anarchiques en 2011. L'affaire fut réalisée grâce à la médiation d'un autre admirateur de ce vélo, Philippe Lespinasse. Je suis très favorable à ce genre d'extraction, quand il n'y a pas d'autres possibilités de sauvegarder l'intégralité d'un site sur place. Bien sûr, les pièces extraites se doivent d'être alors accompagnées de contextualisations photographiques ou filmées, voire de témoignages écrits ou enregistrés dus aux auteurs et à leurs médiateurs, etc.

 

4e volet du Vidéoguide Nouvelle Aquitaine consacré aux Inspirés du bord des routes et diffusé sur YouTube.

 

     Dans  le film que j'avais co-écrit avec son réalisateur, Bricoleurs de paradis, dans la séquence consacrée à André Pailloux et son vélo, je lâche un peu vite le mot de "patrimonialisation" appliqué à ces créations environnementales éphémères. Il me parut dès l'achèvement du film un peu trop sacralisant, et si j'avais pu assister au montage, ou du moins, voir une première épreuve du montage final, j'aurais plaidé pour qu'on l'enlève. Car utilisé comme cela, isolé, il donne l'impression que je défends cette intégration au patrimoine de façon généralisée pour tous les sites (il y a en effet un effet pervers de la patrimonialisation à tout va ; je me souviens d'un village du Queyras, Saint-Véran, où l'on exhibait deux paysans en train de manger leur soupe au fond d'une masure "à la manière d"autrefois"...). En l'occurrence, j'essayais avant tout de convaincre André Pailloux de songer un jour à léguer son vélo à une musée d'art populaire contemporain.

     Il a fini par se laisser convaincre, plusieurs visiteurs ayant sans doute poussé à la roue (c'est le cas de le dire) entretemps dans ce sens. Et tant mieux, après tout, Mais bonjour le travail des restaurateurs futurs dudit vélo... Tant ses matériaux, du plastique entre autres, pourront se révéler difficiles à maintenir en bon état... Sans compter le changement de statut de cette œuvre, issue de la vie quotidienne au départ, comme le pointe Hélène dans son interview, qui interviendra dans son élection au rang d'œuvre d'art, trônant peut-être sur un futur piédestal mobile, à l'entrée des collections de la Création Franche?

 

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Jardin et ses vire-vent d'André Pailloux à Brem-sur-Mer (Vendée) : le portail défendait l'allée hérissée d'une haie de vire-vent, menant au garage où se cachait le vélo extraordinaire de Pailloux ; photo Bruno Montpied, 2008.

 

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André Pailloux ayant sorti son vélo, devant le portail de son jardin ; ph. B.M., 2010 (durant le tournage de Bricoleurs de paradis)

 

     Le 5e volet du Vidéoguide de Nouvelle-Aquitaine concerne exclusivement le jardin de Gabriel Albert, cas unique d'environnement constitué de statues multiples conservé et restauré grâce aux efforts de la Région à laquelle il appartient désormais, après le legs primitif de l'auteur à sa commune de Nantillé (Charente). On y suit Yann Ourry décrivant d'un ton le plus neutre et avec un aspect le plus inexpressif possibles (par volonté sans doute de s'effacer au maximum derrière le créateur qui est pour Yann le vrai héros du film) le pourquoi et le comment du site qui recelait au départ 420 statues, dont certaines ont disparu à la suite de vols (ce qui n'est pas dit dans le film). Ce 5e volet contient à la fin un tout petit fragment de mon film Super 8 montrant le jardin dans l'état où il se trouvait en 1988, date de ma visite en compagnie de Christine et Jean-Louis Cerisier, ce qui nous avait permis de parler un peu avec Gabriel Albert, qui devait décéder douze ans plus tard.

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Entrée Visité Merci n°3/4

   

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Une mosaïque de Da Costa ; Photo Bruno Montpied, 1997

    Le n°3/4 du bulletin Entrée Visité Merci, animé par Claude Lechopier et consacré à la mémoire de la Maison Bleue d'Euclides Da Costa Ferreira, située à Dives-sur-Mer dans le Calvados, vient enfin de paraître. Sans doute pour rattraper son retard, l'auteur a mis les bouchées doubles et a pondu deux numéros en un.

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Le n° 3/4 d' Entrée Visité Merci avec un collage de Charles Soubeyran sur la couverture (à partir de fragments et de documents se rapportant au site de Da Costa)

    Son titre, à l'orthographe reprise de celle de Da Costa (il n'y a donc nulle coquille de notre part), et son contenu ne peuvent avoir une éternelle relation à l'environnement de mosaïque de ce maçon d'origine portugaise, sous peine de ne plus rien trouver à se mettre sous la dent au bout d'un moment. Si les premiers numéros firent ample place aux éléments de recherche d'ordre biographique (quitte parfois à partir vagabonder de façon légèrement hors-sujet du côté de la culture portugaise ; l'auteur a déjà fait paraître un beau livre sur Da Costa: Claude Lechopier, Ue mosaïque à ciel ouvert, la Maison Bleue de Dives-sur-Mer, éditions Cahiers du Temps, Cabourg, 2004), ils ont également malheureusement aussi beaucoup parlé des problèmes aigus relatifs à la conservation du site (qui appartient à la municipalité qui laisse, comme dans d'autres lieux -je pense au jardin de Gabriel Albert à Nantillé en Charente-Maritime- pourrir cet environnement, malgré de pauvres prothèses destinées à le couvrir). A la longue, sa dynamique, et littéraire, animatrice s'est rapidement convaincue qu'il fallait aussi parler d'autres environnements spontanés situés en France.

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     Ce qui fait que nous avons eu droit à de très intéressants articles sur d'autres environnements, dûs à des collaborateurs extérieurs, comme dans le n°1 sur Lucien Favreau (par Claire Lecuyer et Laurent Layet, auteurs d'un des meilleurs textes qu'il m'ait été donné de lire sur la "Bohème" de Lavaure, sur la commune d'Yviers, en Charente, où l'on trouve un étonnant jardin de statues naïves et brutes), ou comme dans ce n°3/4 sur Robert Vasseur (entretiens avec Claude Vasseur, son fils, qui fait toujours visiter le jardin de mosaïque et girouettes de son père, rare cas de pérennité d'un site par héritage familial)... Le bulletin Entrée Visité Merci a pris à ces occasions la tournure d'un bulletin qui tendait à se spécialiser sur l'information dévolue aux environnements et autres jardins de l'art immédiat. Mais est-ce le projet que guigne son animatrice? Force est de constater que cette dernière avec ce récent numéro ne paraît plus tracer de ligne conductrice pour l'avenir (le dernier numéro ne contient plus de bulletin de réabonnement)...

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Autre mosaïque animalière (un chien comme dans l'autre cas?), Da Costa, Dives-sur-Mer ; ph.B.Montpied, 1997

     Ce numéro 3/4 contient également des collages de qualité dûs à l'éminent connaisseur de Chaissac et de Gilles Ehrmann, Charles Soubeyran (auteur du joli livre Les Révoltés du Merveilleux paru aux éditions Le Temps qu'il fait). On le connaît aussi sous le nom de Frédéric Orbestier (voir dans L'Art Immédiat n°2, 1995, le texte La maison d'Alice qu'il m'avait permis de republier sur Hippolyte Massé et sa maison de la Sirène aux Sables d'Olonne). Dans la revue de Claude Lechopier, des entretiens permettent d'en apprendre davantage sur lui et ses publications.

Pour commander le bulletin, il faut écrire à:

Claude Lechopier, La Renardière, 14130 Les Authieux-sur-Calonne (le n°3/4 est à 10€). Les numéros précédents sont peut-être encore disponibles... 

 

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10/06/2008 | Lien permanent

La maison de la gaieté de Chérac: un autre chef-d'oeuvre en péril

     Des camarades m'ont signalé depuis plusieurs mois l'existence à Chérac (à deux pas de Cognac en Charente-Maritime) d'une maison couverte de mosaïques où s'étale sur une des façades l'inscription visible de loin, "LA MAISON DE LA GAIETÉ". Il s'agit d'un travail d'autodidactes, un père et son fils, Ismaël et Guy Villéger, qui de 1937 à 1952 avaient choisi de décorer d'un million de cassons de vaisselle les murs extérieurs de leur cabaret de campagne. Cela mettait à l'évidence de la couleur au bord de la route, signalant de façon immédiate aux soiffards de passage qu'ils trouveraient là bonne humeur et joie de vivre. Des fenêtres en trompe-l'œil et des grappes de raisins avaient été représentées pour égayer les parois en mosaïque.

 

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La Maison de la Gaieté, photo Eric Straub, 2012 ; à noter que la façade à droite derrière les palmiers (qui ont depuis disparu, ce qui est déjà bien dommage) possédait aussi des mosaïques qui sont tombées au fil du temps

 

     Eh bien, cette maison qui s'était maintenue vaille que vaille jusqu'à nous depuis les années 50 de l'autre siècle, voilà-t'y pas que la nouvelle équipe municipale arrivée au pouvoir récemment s'est mise en tête de s'en débarrasser Elle en est en effet la propriétaire. Comme paraît-il elle coûte trop cher (ah bon? Faudrait voir ça de plus près), le conseil municipal veut la vendre. Et le candidat au rachat a demandé si on ne pourrait pas la démolir... Histoire de mettre à la place sans doute quelque banalité architecturale qui n'attirera plus aucune attention.  Elle est prudente, la dite équipe municipale, elle s'est dite, on va demander à l'architecte des monuments de France si une étude de la démolition pourrait être faite. C'est que par ailleurs, si je suis l'article de Sud-Ouest qui évoque la question (merci à Michel Valière de me l'avoir transmis), "la maison et ses objets étaient en cours d'instruction pour être inscrits à l'inventaire général du patrimoine, au titre des Monuments historiques". Sans doute quelques esprits un peu avertis du patrimoine populaire des bords de routes avaient dû s'inquiéter de la sauvegarde de ce décor, et avec juste raison selon moi.

 

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La Maison de la Gaieté, détail, les grappes de raisin, ph. Eric Straub, 2012

 

 

      On avait pourtant parlé d'en faire un musée, ce qui aurait pu être une bonne idée. Ignore-t-on à Chérac qu'il existe dans cette même région un autre site, décoré de 400 statues cette fois, là aussi naïves, par un menuisier nommé Gabriel Albert pour lequel la région s'est récemment mobilisée afin de chercher la possibilité de le préserver durablement? C'est à Nantillé, entre Saintes et St-Jean-d'Angély. Tout près de Nantillé, à Brizambourg, existe aussi le jardin naïf rempli d'animaux en ciment de Franck Vriet. Et un peu plus loin à Lavaure, près d'Yviers, en dessous d'Angoulême, n'oublions pas le site étonnant de Lucien Favreau. En France, on recense ainsi des dizaines et des dizaines d'environnements tous plus excentriques et merveilleux, plus anti conformistes les uns que les autres, créés par des autodidactes d'origine populaire, qui mériteraient qu'on les documente par des centres d'information et des petits musées qui constitueraient un réseau de points de documentation et de sauvegarde relié les uns aux autres à travers la France. C'est la culture créée par le peuple pour le peuple qui est ici en jeu. Sans oublier qu'en préservant ainsi ce genre de sites artistiques rares, on crée une ressource touristique supplémentaire pour des communes qui n'en ont pas forcément tant que cela.

 

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Détail de la fenêtre en trompe-l'œil imaginée par Ismaël Villéger et son fils, ph Eric Straub, 2012

 

     Souhaitons donc que le nouveau maire de Chérac laisse tomber son projet funeste, et que la population de cette commune se rende compte qu'en le laissant agir comme un vandale institutionnel elle perdrait un fleuron de l'architecture populaire insolite, et qu'elle fasse pression pour que cela n'arrive pas.

 

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On tapait le carton aussi à la Maison de la Gaieté, comme l'indiquent les piques, carreaux, trèfles, cœurs qui dégringolent à gauche... Ph. Eric Straub, 2012

 

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Appel du 18 juin: ”Alcheringa” n°4 est paru et ses animateurs viennent en causer à la Halle Saint-Pierre

      Alcheringa, j'en ai déjà parlé lors de la parution de son n°3. Il continue de se manifester, puisque son n°4 sort à présent, toujours édité (et maquetté) par Venus d'Ailleurs du côté de Nîmes. Il sera présenté dimanche prochain à l'auditorium de la Halle, à 15h, en présence de Joël Gayraud, Guy Girard, Régis Gayraud et mézigue. Je dois y présenter en effet les articles que j'ai donnés à la revue, l'un sur l'art en commun (il y aura quelques images projetées) et l'autre, plus réduit, consacré à une remarque concernant le catalogue de la récente exposition "Chercher l'or du temps", consacrée au surréalisme, l'art magique et l'art brut, au LaM de Villeneuve-d'Ascq. Ce catalogue contient en effet une prodigieuse découverte due à l'une des conservatrices de ce musée, Jeanne Bathilde-Lacourt, découverte qui regarde les prémisses de la collection d'art brut de Jean Dubuffet. Il me paraissait important de la souligner un peu plus, notamment auprès de lecteurs intéressés par le surréalisme.

 

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         Voici le sommaire de la revue:

Numéro 4 - Été 2023
(128 pages ; 22 €)
 

Dans ce numéro:

Guy Girard, Devant le feu

Joël Gayraud, Métamorphoses de l’alkahest

Sylwia Chrostowska, Tout et son contraire

Jacques Brunius, Le jardin n’a pas de porte

Bruno Montpied, L’art en commun, si peu commun…

Laurens Vancrevel, Will Alexander et l’usage surréaliste du langage

Natan Schäfer, Vers le Phalanstère du Saï

Régis Gayraud, Souvenons-nous de Serge Romoff.

Autour d’une lettre inédite d’André Breton

 

      ainsi que d’autres articles, poèmes, récits de rêves, notes critiques et images par :

René Alleau, Aurélie Aura, Jean-Marc Baholet, Anny Bonnin, Massimo Borghese, Anithe de Carvalho, Eugenio Castro, Claude-Lucien Cauët, Juliette Cerisier, Sylwia Chrostowska, Darnish, W. A. Davison, Gabriel Derkevorkian, Kathy Fox, Antonella Gandini, Joël Gayraud, Régis Gayraud, Yoan Armand Gil, Guy Girard, Beatriz Hausner, Jindřich Heisler, Alexis Jallez, S. L. Higgins, Marianne van Hirtum, Richard Humphry, Andrew Lass, Michael Löwy, Albert Marenčin, Alice Massénat, Bruno Montpied, Peculiar Mormyrid, Leeza Pye, Pavel Rezniček, Alain Roussel, Bertrand Schmitt, Carlos Schwabe, Petra Simkova, Dan Stanciu, Wedgwood Steventon, Ludovic Tac, Virginia Tentindo, Marina Vicehelm, Sasha Vlad, Susana Wald, Gabriela Žiaková, Michel Zimbacca.

 

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Bruno Montpied et Petra Simkova, "Des êtres se rencontrent et une douce musique s'élève dans leurs cœurs", hommage à Jens-August Schade,  3 x 4 m, peinture industrielle sur toile PVC, 1999.

 

     Des exemplaires de la revue seront bien sûr ensuite disponibles à la vente dans la librairie de la Halle Saint-Pierre.

     Signalons aussi par la même occasion la parution d'un autre n°4, de la revue L'Or aux 13 îles (qui devient également un foyer éditorial), qui lui de même qu'Alcheringa est disponible à la vente à la librairie de la HSP (accompagnant, c'est à noter, les trois premiers numéros de la revue, qui contiennent trois articles copieux de moi-même: dans le n°1 (2010), un grand dossier sur les bois sculptés de l'abbé Fouré, où j'avais réédité le Guide du Musée de l'ermite, dans le n°2, une prose poétique sur ma collection illustrée de plusieurs reproductions, Le royaume parallèle, et dans le n°3, un article sur les bouteilles peintes de Louis et Céline Beynet, des autodidactes inconnus et inventifs qui vivaient en Limagne, près d'Issoire).

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L'Iran naïf? Un texte de Marc Grodwohl et un prolongement du Sciapode en direction de MOKARRAMEH GHANBARI

Dans la région du Guilan existe une tradition tout à fait étonnante pour nous de peintures figuratives naïves, notamment sur les sanctuaires (Husseinzadé).
En voici quelques images prises dans un village du delta oriental du Sefid Rud (photos 1-2-3) .
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           Cet art populaire et l'art des réalisations publiques sont de la même veine surtout dans les périodes les plus récentes, fin XIXe, début XXe siècle, et il serait ethnocentrique de qualifier de "naïf " ce qui peut relever en réalité des conventions régissant la représentation des personnes. A titre de comparaison avec l'art public urbain, les faïences d'un hammam fin XIXe, début XXe s. à Rasht, la capitale du Guilan avec la représentation du héros Rostam (photos 4-5-6).

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(Trois vues consacrées aux mêmes faïences)
Les thèmes légendaires iraniens dits préislamiques (tirés du Livre des Rois de Ferdowsi) sont assez courants et volontiers prétexte à des oeuvres d'art officiel au milieu des ronds-points (exemple l'oiseau Simorgh dans un rond-point près de Chaboksar).
J'ai vu aussi se diffuser le motif du char d'Athéna, choisi par un commerçant pour décorer sa boutique, et qu'on voit maintenant décliné aussi dans des réalisations publiques.
Enfin deux photos (7-8) du pèlerinage de Immamzadé Ebrahim, montrant le développement du goût pour la couleur et un jeu d'adresse ingénieusement réalisé avec des vieilles poupées.
Marc Grodwohl
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LE POINT DE VUE DU REDACTEUR DU BLOG: 
M.Marc Grodwohl, ancien responsable de l'Ecomusée d'Alsace est revenu récemment d'un séjour en Iran où il a été invité par des confrères à visiter leur propre musée du patrimoine rural  dans la région du Guilan, dans le but de procéder à un échange de vues.
 Son site internet (voir dans nos liens ci-contre à gauche) évoque cette visite et contient aussi plusieurs autres images. Elles renvoient vers un autre lieu, à Fuman, un espace ouvert au public, où sont disposées plusieurs statues qui font penser un peu aux statues que l'on voit dans certains jardins ou environnements de créateurs populaires autodidactes européens (par exemple celui de Gabriel Albert en Charente-Maritime, ou celui de René Escaffre, dans le Lauragais). J'en présente quelques-unes ci-dessous:
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(Toutes les photos jusqu'ici sont de Marc Grodwohl) 
Le mot de "naïf" est employé, on l'a vu ci-dessus dans son texte, par Marc Grodwohl qui lui trouve par moments un accent "ethnocentrique". En Europe, ce même terme revêt aussi une connotation ou une intention réductrices de temps à autre, de la part des historiens ou des critiques d'art paternalistes ou condescendants à l'égard des créateurs autodidactes dont ils ne voient pas l'originalité et l'extrême fraîcheur d'expression. Personnellement, quand je l'emploie, ce n'est bien entendu pas du tout dans une telle optique . Naïf pour moi est synonyme d'"immédiat".
Si l'on retient ce caractère d'"immédiat", on peut juger les statues de Fuman "naïves". Cependant, à ne considérer que les photos (je n'ai jamais vu les oeuvres originales), je leur trouve un aspect assez analogue à celui des santons provençaux, que je ne qualifie pas de naïfs, mais plutôt d'artisanat populaire à la limite du kitsch (je parle des santons surtout). Il me paraît bon de les faire figurer ici à titre de documentation servant à nourrir nos regards d'amateurs d'arts populaires.
Pour compléter la confrontation des styles et aider à se faire une idée plus juste de ce qui se joue sous ces termes de "naïf" ou de "brut", il est bon de signaler qu'il existe aussi en Iran une immense artiste autodidacte qui n'a été révélée pour le moment en France que par le magnifique film d'Ebrahim Mokhtari, "Mokarrameh, et soudain elle peint", diffusé dans de nombreux festivals (notamment celui de Vic-le-Comte dans le Massif Central, merci Régis Gayraud de nous l'avoir signalé en son temps; cliquez ici pour plus de renseignements sur le moyen actuel de se procurer le film, apparemment seulement en version anglaise). Elle s'appelait Mokarrameh Ghanbari. Née en 1928, elle est décédée tout récemment le 24 octobre 2005.
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Photos de Mokarrameh ci-dessus et ci-dessous récupérées sur le site Mokarrameh.com

              Sa première exposition date de 1995 (soit environ quatre ans après qu'elle eut commencé à 63 ans à peindre) et eut lieu bien entendu en Iran à la galerie Seyhun (par la suite, elle a exposé en Suède et aux USA ; en France, comme d'hab, on n'a encore rien vu venir, malgré la diffusion du film dans des festivals...). Il semble que ce soit son fils artiste qui la voyant en train de barbouiller spontanément dans le décor de sa vie quotidienne eut l'idée de lui fournir du matériel de peinture et qui l'encouragea (ça fait songer à d'autres cas similaires, Boix-Vives, ou Joseph Barbiero, aussi me semble-t-il en France furent poussés par leur progéniture vers la création). Elle a peint des toiles mais aussi les murs de son logement. Parmi ses thèmes de prédilection, on retrouve entre autres le héros Rostam dont parle Marc Grodwohl dans son texte.

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               Elle fut mariée contre son gré à une sorte de cacique de son village (Dankandeh dans la province de Mazandaran, au nord de l'Iran) qui obligea par la torture son père à lui donner sa fille. Elle eut plusieurs enfants de ce mariage pour le moins houleux (émaillé de brutalités).

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                On annonce un film en préparation aux USA avec Meryl Streep dans le rôle de Mokarrameh, et un metteur en scène iranien résidant en Californie, Essy Niknejad... Ah, ces Yankees, ils ne manquent jamais de prendre le train en marche...

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