Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Guy Brunet

Hommage à Caroline Bourbonnais, une exposition et un catalogue

 

Caroline Bourbonnais lisant une monographie sur Dubuffet de Max Loreau, visuel Fabuloserie © Philippe Couette

 

Couverture du catalogue de l'exposition d'hommage à Caroline Bourbonnais (1924-2014), visuel Fabuloserie

 

      Du 18 avril au 2 novembre 2015, les héritières de Caroline Bourbonnais, Agnès et Sophie Bourbonnais, ont décidé de rendre un hommage appuyé à cette fondatrice, avec son mari Alain, disparu en 1988, de la collection de la Fabuloserie, un ensemble d'œuvres hors-normes conservé dans un bâtiment-labyrinthe, ainsi qu'autour d'une pièce d'eau, au sein du petit village de Dicy dans l'Yonne. Elles ont y été aidées par Déborah Couette, qui avait déjà réalisé, en compagnie d'Antoine Gentil et d'Anne-Marie Dubois en 2013-2014, juste avant la disparition de Caroline Bourbonnais donc, au musée Singer-Polignac, dans l'Hôpital Sainte-Anne à Paris une expo consacrée aux œuvres moins connues conservées dans les réserves de la Fabuloserie, "Un Autre Regard".

 

L'etang-de-la-Fabuloserie-a.jpg

Le parc de la Fabuloserie autour de l'étang, avec à l'arrière-plan le manège de Petit-Pierre et sur la rive à droite des statues de Camille Vidal rescapées du démantèlement du site de ce dernier situé originellement à Agde dans l'Hérault, ph. Bruno Montpied, 2011

 

     "Des Jardins imaginaires aux jardins habités, des créateurs au fil des saisons" est le titre d'une première exposition réalisée dans le cadre de cet hommage, et présentée dans le parc de la Fabuloserie ainsi que dans l'ancien atelier d'Alain Bourbonnais se situant à l'orée de ce parc (voir ci-dessous).

 © Jean-François Hamon

 

      Sa thématique est centrée sur les réalisations exécutées en plein air par un certain nombre de créateurs d'environnements spontanés, créateurs dont plusieurs fragments de leurs environnements se sont trouvés déplacés et sauvegardés dans le parc de la Fabuloserie, espace d'exposition caractéristique et original au sein de cette collection, la seule à posséder ainsi en Europe un musée de plein air consacré aux environnements d'art spontané (comme je l'avais déjà signalé dans mon ouvrage Eloge des Jardins Anarchiques en 2011). Voici la liste des créateurs exposés dans le cadre de cette première expo, avec pour ce qui concerne les autodidactes de culture populaire: Pierre Avezard, dit Petit Pierre, Giuseppe Barbiero (Joseph Barbiero), Jean Bertholle, Marcello Cammi, Jules Damloup,  Marie Espalieu, Marcel Landreau, Gaston Mouly, Charles Pecqueur, François Portrat, Abdel-Kader Rifi, Robert Vassalo, dit Vlo, le Finlandais Alpo Koivumäki et Camille Vidal. En ce qui concerne les créateurs en plein air plus "artistes", on trouvera aussi des œuvres d'Alain Bourbonnais, de l'Indien Nek Chand, de Roger Chomeaux, dit Chomo, de l'ineffable Danielle Jacqui, du baba new age Jean Linard, de Vincent Prieur, de Raymond Reynaud, du Belge Jean-Pierre Schetz et de Tô Bich Haï.

Joseph Barbiero, sans titre, sans date, pierre volcanique 45 x 33 x 21 cm, coll. La Fabuloserie, © Jean-François Hamon (visuel Fabuloserie) 

C.-Vidal-et-Portrat.jpg

Des sculptures de Camille Vidal et sur le mur rouge, structure portante conçue par Alain Bourbonnais, des médaillons en mosaïque et ciment de François Portrat, dans le parc d'environnements de la Fabuloserie, ph. BM, 2011

Robert Vassalo, Tu vas l'exposer à Marseille les 29-30 aout 94, Robert - Oui à la "Galerie Ola" 16.500.000 FRS Bld d'HAIFA - Tu es ignoble, v.1994, gouache et encre sur papier, 20,5 x 31 cm, coll. La Fabuloserie, © Jean-François Hamon ; Vassalo n'était  pas seulement l'auteur de sculptures installées à l'air libre mais il était aussi peintre (à noter que dans le catalogue on en apprendra plus sur lui grâce à une présentation de Roberta Trapani)

vue expo fabuloserie caroline bourbonnais 2015.png

Vue de l'exposition actuelle d'hommage à Caroline Bourbonnais ; on reconnaît des pierres sculptées de Barbiero sur la table blanche et (peut-être...) des personnages créés par Bich Haï dans le fond derrière une vitrine

 

     Les nouvelles animatrices de la Fabuloserie ne se sont pas arrêtées là. Elles proposent en effet  une seconde exposition, la première d'un cycle d'expos à venir (centrées sur des créateurs emblématiques de la Collection), consacrée à l'un des "piliers" parmi les artistes singuliers de la collection, à savoir Francis Marshall, connu pour ses grandes poupées boursouflées et bourrées dont l'une, Mauricette, occupe avec beaucoup de présence une salle entière à la Fabuloserie, avec en vedette la nommée Mauricette. A noter qu'à la faveur de cette exposition, première d'un cycle intitulé "Parcours turbulents", une nouvelle collection, dirigée par Déborah Couette, voit paraître son premier titre consacré à Francis Marshall, accompagné d'un DVD d'un film évoquant le parcours de cet artiste. D'autres devraient suivre, à chaque fois consacré à un des créateurs connus ou inconnus, dont l'œuvre est conservée à la Fabuloserie. C'est en quelque sorte une revitalisation de l'ancienne collection d'ouvrages que l'Atelier Jacob, première aventure d'Alain et Caroline Bourbonnais menée dans le quartier de St-Germain-des-Prés à Paris, éditait avant que leur collection migre en Bourgogne à Dicy.

Francis Marshall, la nommée Mauricette

 

caroline bourbonnais,des jardins imaginaires aux jardins habités,fabuloserie,habitants-paysagistes,inspirés du bord des routes,environnements spontanés,déborah couette,camille vidal,françois portrat,bich haï,gaston mouly,robert vassalo,francis marshall,jacques renaud-dampel

Plaquette sur François Monchâtre, de la collection Fabuloserie n°2, 1980 (on y annonçait l'existence de la Fabuloserie à Dicy)

 

     Enfin, une troisième exposition est également mise en place, intitulée "Le temps des collections, Hommage à Caroline Bourbonnais", qui se décline tout au long du parcours de la visite dans les collections, les œuvres sorties des réserves et constitutives de cet hommage faisant l'objet d'une signalétique particulière. Les créateurs exposés dans ce parcours sont : un Anonyme, dit Pierrot le fou (qui était déjà exposé à "Un Autre Regard"), Renaud d’Ampel (Sic, ce dernier que j'orthographierais personnellement plutôt "Renaud-Dampel" - car cela paraît être son nom et Jacques son prénom -  me semble être le même que celui dont on peut voir de magnifiques pierres peintes au Musée de l'Art en Marche de Luis Marcel à Lapalisse, voir ci-dessous), Guy Brunet, Gustave Cahoreau, Thérèse Contestin, Michel Dalmaso, Paul Duhem, Ted Gordon, Roger Hardy, Gérard Haas, Jeantimir Kchaoudoff, Aranka Liban, André Labelle, André Lécurie, Edmond Morel, Marilena Pelosi, André Robillard, Jean Tourlonias, Jacques Trovic et Jephan de Villiers.

 

J.Renaud-Dampel,3-.jpg

Jacques Renaud-Dampel, pierre peinte exposée au Musée de l'Art en Marche en 2014, ph. BM

passerelle-1170x580.jpg

Une vue de l'intérieur de la Fabuloserie, avec quelques pièces de la collection, des Guivarch (les animaux en bas à droite), une enseigne de coiffeur en provenance d'Afrique de l'Ouest, à côté d'un tableau d'assemblage, semble-t-il, de Fernand Michel, de sculptures exécutées à la tronçonneuse de Jean Rosset(dans le fond), d'un bateau d'Emile Ratier(à gauche) et peut-être des pierres peintes du même Renaud-Dampel que dans l'illustration précédente, ph. BM, vers 2012

 

      Et puis il y a aussi un catalogue à l'occasion de ces expos, avec réuni autour de l'évocation des multiples aspects du travail de prospection et d'enrichissement de la Fabuloserie un bel aréopage de personnes connues depuis longtemps ou bien depuis plus récemment pour leur engagement envers l'art  brut, l'art populaire, l'art naïf, les environnements, l'art singulier et tutti quanti. Personnellement je me retrouve installé, pour évoquer mon vieux camarade Gaston Mouly (arrivé à la Fabuloserie en 89 parmi les premières nouvelles acquisitions de l'ère Bourbonnais avec Caroline en solo), entre Martine Lusardy (qui traite de Raymond Reynaud) et Céline Delavaux (sur Barbiero). Mais foin de beaux discours, autant vous donner le sommaire qui apparaît assez copieux:

Avant-propos, Agnès et Sophie Bourbonnais

 Avant-propos, Roger Cardinal

 Des jardins imaginaires au jardin habité, présentation de l’exposition, Déborah Couette

 Territoires imaginaires dans la collection art hors-les-normes, Déborah Couette

 Bâtisseurs et autres inspirés à La Fabuloserie :

 Charles Pecqueur ou la féerie d’un mineur, Sophie Bourbonnais

 La cathédrale de Marcel Landreau, Claude et Clovis Prévost

 Le jardin extraordinaire de François Portrat, Anic Zanzi

 Avec Chomo dans la tranchée des rêves, Jean-Louis Lanoux

 L’Arche de Noé de Camille Vidal, Déborah Couette

 Le Paradis Barbare d’Abdel-Kader Rifi, Déborah Couette et Antoine Gentil

 P.Avezard, vacher à la Coinche, « un aire de musique avant la sortie », Pierre Della

 Giustina

 Raymond Reynaud ou le fantassin du mouvement perpétuel de la création, Martine

 Lusardy

 Gaston Mouly, un artiste rustique moderne, Bruno Montpied

 Barbiero au pays des volcans, Céline Delavaux

 Marie Espalieu à la croisée des chemins, Jean-Michel Chesné

 La Petite Afrique de Jules Damloup, Michel Ragon et Sophie Bourbonnais

 La Galleria dell’Arte de Marcello Cammi, Salade Niçoise ou Antipasti Bourguignon,

 Sophie Bourbonnais et Pierre-Jean Wurtz

 La maison de celle qui peint, Danielle Jacqui. A la démesure d’un rêve éblouissant,

Marielle Magliozzi

 Le harem fantastique de Robert Vassalo, Roberta Trapani

 Vincent Prieur le pinseyeur, Marie-Rose Lortet

 Les girouettes polychromes de Jean Bertholle, Agnès Bourbonnais

 Un élan venu de la forêt finlandaise d’Alpo Koivumäki, Raija Kallioinen

 D’un jardin extraordinaire à un autre. De Chandigarh à Dicy, Lucienne Peiry

 Le Coin au soleil de Jean-Pierre Schetz, Brigitte Van den Bossche

 Les âmes errantes de Tô Bich Haï. Peintures, poupées et pieux, Tô Bich Hai et Sophie

 Bourbonnais

 Fabuleuse Caroline Bourbonnais

 Fabuleuse Caroline, Laurent Danchin

 Tu vois, Michèle Burles

 La Fabuloserie, Musée des diables et des anges, Sepp Picard

 Nos musées, souvenirs, Jacqueline Humbert

 La grande Caroline de La Fabuloserie, Suzanne Lebeau

 Lettre de réclamation d’affection, Francis Marshall

 Merci Caroline, Pascale Massicot et Stéphane Jean-Baptiste

 Caroline, Philippe Lespinasse

Lire la suite

Voeux

Farbus,-Don-Quichotte-sorta.jpg
(Détail d'une fresque murale sur le pignon d'une maison à Farbus (Pas-de-Calais), signalé par Mme M-P.Griffon de l'Echo du Nord-Pas-de-Calais, peintre Guy Hejnal ; ph. B.Montpied, octobre 2008)

Lire la suite

A la niche les glapisseurs de dieu!...

    La Fédération de Paris de la Libre Pensée et le groupe Francisco Ferrer organisent une conférence de Guy Ducornet à la Bourse du Travail, salle Jean Jaurès, (3, rue du Château d'Eau, tout près de la place de la République à Paris), le jeudi 21 février prochain :
"Surréalisme et athéisme
«A la niche les glapisseurs de dieu !»"

*

     Guy Ducornet (membre du mouvement surréaliste américain depuis 1967) y présentera son dernier ouvrage Surréalisme et athéisme «A la niche les glapisseurs de dieu !» (Gingko éditeur).
     «A la niche les glapisseurs de dieu !» est à l'origine un pamphlet signé par André Breton et 50 surréalistes en 1948, qui a été contresigné sur la proposition de Guy Ducornet, en 2006, par 175 surréalistes du monde entier. Se calquant sur le mot d’ordre «A chacun selon ses désirs» clairement antagonique à la morale chrétienne, ce projet est l’occasion de revenir sur les combats anticléricaux et antireligieux du mouvement surréaliste. 
    Dans cette anthologie de textes méconnus – historiques ou contemporains – l’auteur revient en détail sur l’engagement politique (sur son aspect marxiste et libertaire) des surréalistes.

d2f4617fc804cbf42fe902635e4ec40b.jpg

   (Cette note est basée sur une information émanant de la Libre Pensée et de Guy Ducornet, que j'ai remontée et légèrement remaniée pour l'adapter au blog ; j'ajoute que je n'ai pas encore eu le livre entre les mains, je répercute de confiance l'information en laissant juges mes lecteurs)

Lire la suite

Dictionnaire du Poignard Subtil

PERSONNALITE:

18a8f2dd32c15fc204cdf2d8c913ee36.jpg

     "Se dit d'une personne notoirement malade. PERSONNALITE."

     (Mots-gigognes, Claude-Rose et Lucien-Guy Touati, cité dans Le tireur de langue, Anthologie de poèmes insolites, étonnants ou carrément drôles, Ed. Rue du Monde, 2000)

Lire la suite

Inversion, encore un jeu (un livre à gagner)...

    En guise de consolation peut-être pour ceux qui ne sont pas allés assez vite l'autre fois avec Yves-Jules Fleuri, voici une nouvelle énigme. Quelle est la comptine que je m'amuse ci-dessous à psalmodier selon des moyens techniques que je viens de découvrir sur mon ordinateur (la prononciation des mots est inversée) ?


podcast

    A gagner cette fois un livre que j'ai aussi en double, Surréalisme et athéisme de Guy Ducornet, paru chez Ginkgo en 2007. Comme toujours, sera désigné(e) premier(ère) celui ou celle dont la réponse juste apparaîtra en premier dans les commentaires.




Lire la suite

Pas de musée d'art brut à Hauterives...

Hauterives renonce Le Dauphiné vers le 28 oct 17 (2).jpg

Paru dans le Dauphiné, vers le 28 octobre 2017.

 

      Le musée d'art brut qui devait se constituer autour de la collection de l'association ABCD (Bruno Decharme) dans l'ancien château d'Hauterives, à côté du Palais Idéal du Facteur Cheval, dans la Drôme, ne se fera donc pas. On lira l'article ci-dessus pour se faire une idée de ce qui a coincé. Des histoires de gros sous apparemment, comme toujours. Et peut-être aussi de l'idéologie par dessous aussi? Je relève personnellement les propos passablement aventurés du maire de la commune, M. Florent Brunet ("divers droite"), qui aurait avancé que la collection Decharme, n'ayant pas attiré plus de 100 000 visiteurs en 2015 lorsqu'elle a été exposée à Hauterives, prouverait par là, selon lui, qu'elle serait pour un public qui resterait "élitiste". Le sens caché de cette déclaration a de quoi laisser perplexe. Parce qu'une manifestation n'attire pas une flopée de visiteurs d'emblée, on serait en droit de la qualifier réservée à une "élite" (ou ce que voulait peut-être plutôt dire ce maire : réservée à "une coterie d'initiés"?)? Ne serait-ce pas plutôt que l'art brut n'est pas encore suffisamment connu, et que le public n'a pas été correctement informé ? Quand on sait l'alarmante incurie du monde médiatique vis-à-vis du corpus des œuvres populaires (art populaire, art naïf, art brut), ne serait-ce pas à cela qu'il faut davantage imputer le manque d'affluence du public (quoique "moins de 100 000" indique que le maire mettait déjà la barre bien haute dans ses espoirs...)? Comment veut-on faire venir du monde si ce monde n'est pas avant tout informé?  

       Sans compter qu'Hauterives ne se trouve pas non plus extraordinairement bien desservi par les transports... Ce serait tout de même autre chose si on était à Valence par exemple, ou encore mieux, à Lyon, une ville où, personnellement, je verrais fort bien un nouveau musée d'art brut...

      Taxer d'élitiste une collection d'art brut, c'est donc renverser le problème, quand il faudrait plutôt incriminer les responsables des préjugés à l'égard de l'art brut qui freinent sa pénétration auprès du public, que les manipulateurs d'opinion professionnels (c'est-à-dire les responsables des media) prennent généralement pour des imbéciles. Alors que l'art brut est tout à fait capable d'intéresser le public, répétons-le avec Antoine de Galbert ("l'art brut peut toucher au contraire un large public populaire", dit-il dans le même article ci-dessus), d'autant plus, ajouterais-je, que ce sont des créateurs d'origine populaire qui ont alimenté une large partie des collections d'art brut.

Lire la suite

Le musée d'art cru serait cuit

   Je le dis tout de suite, je ne suis pas de ceux qui s'intéressent passionnément aux collections du musée d'art cru dont s'occupe Guy Lafargue (c'est lié à un art-thérapie qui ne me plaît pas beaucoup). On peut voir quelques échantillons (extraits du site du musée) sur ce lien. D'accord, dans ses collections, il y a du Sefolosha, du Joël Lorand... Mais il y a aussi tout le reste qui ne me fait pas follement vibrer (Bon... il y a aussi Philippe Aïni, c'est parfois original, surtout depuis quelque temps avec ces travaux où il utilise de la bourre sur toile, je préfère cela à ses oeuvres d'autrefois).
1578b6bc6de7a0c3cf6b42b86190e3bb.jpg
Philippe Aïni, Confusion, 2006 (photo extraite de son site)
   Je n'en parle que parce qu'un correspondant m'a retransmis un appel à l'aide de Guy Lafargue. Le musée serait en danger de disparaître (en fait c'est peut-être déjà fait). Des histoires de dettes, semble-t-il, et en plus aux dires de Lafargue, il y aurait de la persécution dans l'air, du Kafka, de la censure... Son appel a par moment des allures de texte de fou littéraire, je trouve (je ne cherche pas à savoir s'il a raison ou non, l'affaire a l'air bien trop compliquée, je ne juge que son texte, pas toujours très clair, mais les histoires judiciaires ne le sont pas non plus, très claires...). Ca peut intéresser des amateurs, ce genre de texte (je pense à l'IIREFL). Et puis, il peut se trouver chez mes lecteurs des partisans de l'engagement auprès de Guy Lafargue.
    Ceux-là se reporteront peut-être donc à SOS Art cru museum.doc

Lire la suite

08/12/2007 | Lien permanent

Jean Estaque dans sa Maison du Tailleu

    J'ai déjà mentionné l'existence de la Maison du Tailleu créée à Savennes dans la Creuse par le sculpteur Jean Estaque, créateur au moins aussi important (sinon plus à mon goût) qu'un Sanfourche à qui, dans les dîners en aparté, on le comparait à une époque. Il a décidé de présenter le travail de certains artistes qu'il trouve intéressants de montrer dans une maison qu'il consacre entièrement à des expositions, d'où cette "Maison du Tailleu" (Tailleur).

Jean Estaque,l'homme-fille selon Maupassant, photo Bruno Montpied, 2009-.jpg
Jean Estaque, L'homme-fille selon Guy de Maupassant

     Il ne s'efface pas complètement derrière ces talents extérieurs et veut aussi montrer ses propres oeuvres, en l'occurrence ses étranges "reliquaires" consacrés aux livres de Guy de Maupassant, où il installe au centre de ses compositions des personnages taillés à sa façon naïviste qu'il place environnés d'un extrait littéraire tracé dans une calligraphie appliquée qui s'accorde parfaitement à l'ingénuité maîtrisée de ses personnages. Voici qu'une nouvelle exposition de ces oeuvres liées à Maupassant est organisée à Savennes. Comme une suite de l'exposition qui avait été montée naguère à Lyon (et que j'ai signalée en mars de l'année dernière).

Expo Jean Estaque, Conte, reconte et raconte, à Savennes, 2010.jpg

 

 

Lire la suite

Surrealistic pillow, ou Confidences sur un oreiller

    A signaler la parution d'un recueil de poèmes de Guy Girard illustrés de "dessins et monotypes" (imprimés en noir et blanc) par feu Sabine Levallois, L'Oreiller du Souffleur, aux Editions surréalistes. J'aime ces poèmes. En voici un:

LE BATELEUR

N'aurait-elle qu'un mur

La mort

Est cette maison d'outrages

Où nul n'entre qui ne soit perdu

Dans l'odeur des comètes

Voici la clé

Que s'ouvre une porte

Comme un ouragan murmurant

Du fond des bottes du zodiaque

Ordres ou charmes

D'une voix de linge

Revienne le moulin minuit

Entre le soleil et son double de porcelaine

Passe

Le bateleur à grandes enjambées

Vent roux aux trousses

Les lèvres charpentées de voix et chandelles

Le nom qui le porte

S'approche

D'un autre lié

Entre le gorille et la girolle

 

    Guy Girard

Sabine Levallois,dessin sans titre, 2004, coll.privée, photo Bruno Montpied.jpg
Sabine Levallois, dessin sans titre, crayons de couleur, 24x30 cm, 2004, ph.B.Montpied

    Cette publication me permet d'attirer un peu, si peu, l'attention sur les oeuvres de Mlle Levallois, disparue prématurément en 2004 alors qu'elle venait d'entamer un cycle créatif tout à fait inattendu de sa part. Des dessins aux crayons de couleur qu'elle me montra un jour avec ce que je pris pour de la timidité et de la circonspection. Lorsque je venais les voir, elle et Guy, nous parlions beaucoup d'art brut (il m'est difficile d'éviter le sujet). Est-ce ce qui la poussa à essayer de dessiner alors que rien ne l'y prédisposait, du moins était-ce ce que je me disais alors, la connaissant à peine...? Certains amis m'ont insinué que oui. Toujours est-il qu'elle produisit, dans les quelques mois qui la séparaient d'une fin brutale, toute une série de dessins que dans un premier temps je regardais -j'en vis un échantillon réduit cela dit à l'époque, le gros de la production est resté passablement intime- en faisant la fine bouche. Le temps passant, je changeai peu à peu d'avis. Ces dessins, celui qu'elle m'avait offert notamment, avec ses teintes réalisées à coups de fins traits de crayons de couleur, me regardaient avec une simplicité déconcertante non dépourvue d'étrangeté. Je les trouvais désormais beaux, à nul autre pareils.

Guy Girard,Sabine Levallois, Bruno Montpied, dessin collectif, 2004, photo B.Montpied.jpg
Guy Girard, Sabine Levallois, Bruno Montpied, Dis-moi pourquoi jamais ?, dessin collectif à l'encre, 24x30 cm, 2004
*

L’OREILLER DU SOUFFLEUR

de Guy Girard

104 pages, dessins et monotypes de Sabine Levallois, 15 €, parution septembre 2008.

 Bulletin de commande à adresser aux

ÉDITIONS SURRÉALISTES

122, rue des Couronnes

75020 Paris

(Frais de port en sus (France : 3 Euros, ailleurs 5 Euros)

Sans frais de port pour toute souscription faite avant le 31 octobre 2008

Chèque à l'ordre des éditions surréalistes)

(Une rencontre avec l'auteur est prévue le 30 septembre au Café de la Tour St-Jacques, rue de Rivoli à Paris - voir l'adresse exacte en cliquant sur le site des éditions surréalistes)

 

 

Lire la suite

Mme Zka est partie en Catalogne (espagnole) dans un magnifique et stimulant musée du Jouet

     Madame Zka, dont ce n'était pas le nom et "qui n'était pas absolument folle", selon les dires de Guy Selz dans la revue La Brèche n°2, (sous-titrée "Action surréaliste", et datée de mai 1962 ; son texte sur elle s'intitule "Les doigts de la mémoire"), a échappé aux collections d'art brut où elle n'aurait pas détonné¹. Sans doute parce que celui qui possédait ses "poupées" pas comme les autres  les aura protégées d'un tel transfert... Simple supposition, car je ne sais pas grand-chose de la collection de Guy Selz (frère de Jean Selz et de Jacqueline Selz – elle-même, en compagnie d'Yvon Taillandier, collectionneuse d'art populaire essentiellement méditerranéen² –, et père de Dorothée et Philippe Selz, Dorothée étant connue comme artiste créatrice d'œuvres en sucre). On sait seulement qu'il fut une connaissance proche d'André Breton, qui lui demanda un article sur Mme Zka pour le n°2, en mai 1962, de la revue La Brèche qu'il dirigeait.

 

mme zka,guy selz,la brèche n°2,surréalisme

Une des illustrations de l'article de Guy Selz dans La Brèche, montrant les poupées peu communes de Mme Zka.

mme zka,guy selz,la brèche n°2,surréalisme

Les poupées possédaient sous les vêtements, particularité insolite, des visages aux yeux, bouches et autres pommettes, cousus de fils ; ici c'est un détail de la figure 7 reproduite ci-dessus et empruntée à la revue La Brèche.

mme zka,guy selz,la brèche n°2,surréalisme

Les poupées de Mme Zka, telles qu'elle étaient présentées à l'expo "Poupées" à la Halle Saint-Pierre en 2004 ; à noter que le catalogue ne les reproduisit pas, car elles furent prêtées inopinément à l'exposition, après que le catalogue avait été lancé ; du coup tout élément biographique ne put être donné dans l'ouvrage à leur sujet³ ; photo Bruno Montpied, 2004.

mme zka,guy selz,la brèche n°2,surréalisme

Ces poupées de Mme Zka ont aussi, autre particularité, le don d'exhiber des membres virils qui sortent des pantalons, comme oubliés... ; photos B.M., 2004.

 

      Cette collection Selz vient – en partie? En entier? On ne le précise pas – d'entrer dans le remarquable et vivant Muséu del Joguet de Catalunya à Figueres (le Musée du Jouet de Catalogne), suite à une donation, précisément, de ses enfants, Philippe et Dorothée. Voici le laïus de ce musée au sujet de Guy Selz : 

     "Guy Selz (Paris, 1901-1975), designer graphique et journaliste, a été membre de l’équipe fondatrice de la revue Elle et chargé des chroniques culturelles du magazine. Collectionneur avide, il s’est intéressé à la créativité et à l’art populaire. Cela l’a conduit à collectionner des objets insolites, surprenants ou fascinants, sans hiérarchie ni frontières entre les genres et les arts. Et il est parvenu à rassembler plus de 30 000 pièces qu’il conservait chez lui, exposées et regroupées suivant son propre sens de l’esthétique. Cet espace abrite la plupart des fonds de la collection dont ses enfants, Philippe et Dorothée Selz, ont fait don au musée, tout en recréant l’aspect qu’elle avait lorsqu’elle était exposée chez lui. En 1974 la collection fit l’objet d’une exposition, qui connut un grand succès, au musée des arts décoratifs de Paris dont le commissaire était le conservateur en chef, François Mathey (à noter cependant que cette exposition était consacrée à plusieurs collections, et que celle de Françoise et Guy Selz, si elle était particulièrement bien représentée en effet dans l'expo, n'en était qu'une parmi beaucoup d'autres ; voir ci-dessous une page du catalogue de 1974).

madame zka,guy selz,la brèche n°2,surréalisme,poupées sexuées,poupées,jouets,figueres,caganers,navarette,maquettes de trains,musée de noyers sur serein,jacqueline selz,yvon taillandier,art brut

Une des pages consacrée à la collection Françoise et Guy Selz dans le catalogue de l'exposition "Ils collectionnent..." du musée des Arts Décoratifs en 1974.

 

     L’intérêt de Selz pour l’art populaire dans sa collection se manifeste, entre autres, sur la série de siurells (figurines en céramique, intégrant un sifflet, typiques des Baléares), compte tenu qu’entre 1933 et 1936, il tenait un bar sur l’île d’Ibiza."

   J'ajouterai que ces sifflets en céramique originaires de Majorque furent très importants pour le peintre surréaliste catalan Joan Miro (qui en possédait, comme celui ci-contre, qui appartient au musée catalan).mme zka,guy selz,la brèche n°2,surréalisme Ce musée du jouet de Figueres est remarquable, disais-je, par sa façon extrêmement vivante de présenter ses collections classées par départements aux thématiques insolites, surprenantes et ludiques, où diverses activités liées au jeu sont proposées en lien avec différents thèmes où l'esprit de curiosité règne en maître : le jeu dans l'antiquité, les jouets animaliers, les théâtres miniatures et les marionnettes, les illusions d'optique, la magie et l'illusionnisme, les soldats de plomb, une évocation de l'enfance et la jeunesse de Salvador Dali, les jeux de papier, les jouets mécaniques (avec une section consacrée en particulier aux jouets japonais), les jouets d'éducation sexuelle (les figures japonaises Kar Kar - la fille - et Tac Tac - le garçon -...)mme zka,guy selz,la brèche n°2,surréalisme, les figurines de la guerre civile espagnole, les jouets liés à la thématique spatiale avec des robots, des soucoupes volantes, les déguisements, les jouets bricolés par les enfants du Sahara, les jouets sonores, les jeux pour non-voyants, les casse-têtes, les instruments-jouets de Pascal Comelade, les figurines créées par José Antonio Heredia Navarrete, un autodidacte populaire (dont j'ai bien l'impression d'avoir un jour, il y a fort longtemps acheté l'une d'entre elles, une sirène, pour l'offrir à ma muse Christine Bruces ; voir ci-contre une de ces sirènes par Navarrete),mme zka,guy selz,la brèche n°2,surréalisme les œuvres d'art inspirées par les jouets, etc., etc. Une maquette de réseau ferroviaire est présente également dans ce musée due à Andreu Costa Pedro (1926-2013) qui la réalisa durant dix-huit ans. Mention spéciale aussi doit être faite à des représentation de "caganers", c'est-à-dire des figurines de chieurs... Sortes de santons d'un genre spécial que l'on cachait dans les crèches (Catalogne, région de Valence,  Baléares) pour soi-disant attirer la chance et la richesse (on sait que le caca est selon Freud la première monnaie d'échange, et donc l'origine de l'argent... ; dans une crèche, la défécation est censée fertiliser le sol de la crèche... argument qui sent bon - si j'ose dire - la justification). Il existe des caganers de toutes sortes (comme on le devine...), notamment actuellement, "des politiciens, des sportifs et des personnages célèbres ou médiatiques"...

madame zka,guy selz,la brèche n°2,surréalisme,poupées sexuées,poupées,jouets,figueres,caganers,navarette,maquettes de trains,musée de noyers sur serein,jacqueline selz,yvon taillandier,art brut,ils collectionnent,musée des arts décoratifs

Les caganers du musée du Jouet de Figueres...

____

¹ Bizarrement, une notice du musée du Jouet de Figueres signale que les poupées en question parvinrent entre les mains de Guy Selz grâce à Jean Dubuffet. Si cette information a un fondement quelconque, on se demande alors pourquoi l'inventeur de l'Art Brut n'en a pas gardé pour lui dans sa prestigieuse collection? En tapant les mots-clés "Mme Zka" sur la base de données du musée lausannois, on ne rencontre que "0 résultat"...

² Jacqueline Selz et Yvon Taillandier qui eux-mêmes ont fait donation de leur collection d'art populaire personnelle au musée départemental de Noyer-sur-Serein dans l'Yonne.

³ On n'a en guise d'éléments biographiques sur Mme Zka que quelques lignes extraites du n° de La Brèche par Guy Selz: "Sans doute d'origine polonaise, Mme Zka fut chanteuse lyrique, et fit probablement aussi du théâtre et du music-hall (...) Elle a vécu en Russie, en Italie, en Egypte, en Roumanie et peut-être dans d'autres pays où "ses tournées" et ses 4 ou 5 maris la conduisirent (...) Deux choses se remarquent aussitôt : un talent extraordinaire de couturière, et un bon lot de poupées figurant des officiers de l'ancienne armée polonaise..." Si le lecteur veut en apprendre plus, il se référera à l'article entier ici en PDF...

Lire la suite

Page : 1 2 3 4 5 6 7 8 9