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Rechercher : Guy Girard

Singuliers à l'écart, une exposition virtuelle

      Cela fait longtemps que je souhaite établir mon propre rassemblement de créateurs que je range dans mon for intérieur sous le qualificatif, fourre-tout je m'en avise volontiers, de "singuliers". Singuliers, mais à l'écart alors, et d'abord à l'écart des singuliers pluriel qui s'affichent – contradictoirement, parce que très exhibitionnistes finalement, et de plus très identiques les uns aux autres avec leurs tics graphiques et plastiques tirant du côté du Chaissac mal digéré, de la Tête à Toto déclinée industriellement – qui s'affichent dans les festivals dits "d'art singulier" comme ceux de Banne, de la biennale hors-les-normes de Lyon, la galerie Singul'Art de la Croix-Rousse, etc, etc. Comme sous-titre de mon exposition virtuelle, je pourrais mettre "autodidactes marginaux, imaginistes, intimistes et visionnaires".

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De haut en bas, et de gauche à droite, des œuvres de Jean Branciard, Andrée Acézat, Géral Stehr, Bruno Montpied, Ruzena et Monique Le Chapelain

      En attendant de pouvoir trouver l'espace d'exposition matériel adapté (on a un peu d'espoir), je commence par un espace virtuel ici même et dans ma colonne de droite du blog consacré aux albums. Le nouvel album que je commence aujourd'hui, et qui sera évolutif en fonction des découvertes, des rencontres à venir, et aussi des lassitudes, des rectifications, des changements d'avis, devrait contenir pour le moment 46 créateurs. Voici les noms (dans l'ordre alphabétique des patronymes): Acézat, Marie Adda, Pierre Albasser, Jean-Christophe Belotti, André Bernard, Michel Boudin, Emmanuel Boussuge, Jean Branciard, Jean-Louis Cerisier, Thierry Chanaud, les créateurs de l'atelier La Passerelle (Béatrice B., Lydie B., Kevin R., Cyrille A., Monique M.), Caroline Dahyot, Gabrielle Decarpigny, Joseph Donadello (Bepi Donal), Jean Estaque, Noël Fillaudeau, Yves-Jules Fleuri, Alain Garret, Régis Gayraud, Guy Girard, Armand Goupil, José Guirao, Pascal Hecker, Emilie Henry, Hérold Jeune, Laurent Jacquy, Monique Le Chapelain, Stéphanie Lucas, Gilles Manero, Pierre-Louis Martin, Bruno Montpied, Huub Niessen, Serge Paillard, Jean-Pierre Paraggio, Marilena Pelosi, Jean-Christophe Philippi, Sylvia Katuszewski, Marcel Katuchevsky, Ruzena, Lino Sartori, Chrsitine Sefolosha, Petra Simkova, Gérald Stehr, Thibaud Thiercelin, Bernard Thomas-Roudeix.  

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Jeu du dictionnaire

     J'aime beaucoup jouer au jeu du dictionnaire. Petite explication pour ceux qui ne connaissent pas. On choisit un mot inconnu de tous les joueurs. Chacun d'entre eux se cache pour écrire une définition qui pourrait être la bonne, puis la tend au meneur de jeu. Ce dernier écrit la bonne définition, et puis une imaginaire comme les autres joueurs. Il mélange toutes les versions, et ensuite, il les lit. On vote chacun à tour de rôle pour la définition que chacun croit la seule correcte. Ceux qui trouvent la bonne définition marque un point, et ceux de qui l'on a choisi la définition, marquent également un point, autant de fois que l'on a voté pour eux...

   Ce qui m'amuse là-dedans, c'est évidemment, non pas que l'on marque des points (quoique un peu de compétition ne fasse pas de mal), mais que l'on invente des définitions imaginaires qui pourraient être plausibles – tellement, que l'on vote pour elles. Et aussi, que l'on invente des définitions surprenantes d'une poésie qui ne dédaigne pas d'être cocasse...

    Voici quelques exemples, où, pour un même mot, j'ai mêlé, à l'exacte définition de mots rares, les définitions imaginaires que nous avons inventées récemment,  le soir de la Saint-Sylvestre, où nous nous étions réunis à quatre amis (Michèle Bachelet, Guy Girard, Régis Gayraud et votre serviteur). A vous de reconnaître, si vous le pouvez, et sans tricher en regardant le dictionnaire, la définition qui vous paraît la plus plausible...

Quérulence : n. f. Tendance exagérée à la revendication et  à la recherche de réparation contre des dommages imaginaires.

Quérulence : n.f. Maladie de l'âme ou neurasthénie légère propre aux troubadours (mot vieilli).

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Gomarisme : n.m. Mouvement artistique d'avant-garde portugais (début XXe siècle). Il préconisait la représentation de scènes triviales sur des chasubles et autres vêtements sacerdotaux dont avaient été gommés les signes religieux.

Gomarisme : n.m. Doctrine du théologien protestant Gomar.

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Sandaraque : n.f. Poisson que l'on trouve dans les hauts fonds de l'Océan Pacifique. Les pêcheurs vont les attraper en apnée, en risquant leur vie, car il est très rare qu'ils parviennent jusqu'à l'animal, le harponnent et parviennent à le remonter.

Sandaraque : n.f. Résine de thuya qui sert à faire des vernis.

Sandaraque : n.f. Bourreau qui était chargé de souffleter, jusqu'à ce que mort s'ensuive, les esclaves à Byzance.

Sandaraque : n.f. Arme de poing à lame recourbée utilisée en Crète archaïque lors de rituels minotaurins.

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Racahout : n.m. Oiseau du genre perdrix, vivant sur les pentes des volcans de Nouvelle-Zélande. Il se distingue par son chant particulièrement semblable au concassage d'huîtres.

Racahout : n. m. Poudre à base de cacao et de glands servant en Turquie pour fabriquer des bouillies.

 Racahout : n.m. Mot d'origine occitane qui désigne le bruit causé par l'entrechoquement des cailloux, consécutif au passage des marcheurs sur les chemins empierrés.

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”Des Pays Habitables”, six numéros, et ”Alcheringa”, trois numéros, des revues amies à la Halle Saint-Pierre

      Cette rencontre (au sommet) de deux revues – auxquelles je participe (pour le n° 5 de Des Pays Habitables, et pour les numéros 2 et 3 d'Alcheringa) – aura lieu samedi 22 octobre prochain, à 15h dans l'auditorium de la Halle Saint-Pierre. Il y aura présentation de sa revue par l'animateur de Des Pays Habitables, Joël Cornuault, avec lecture de quelques textes de James Ensor par Nicolas Eprendre, et présentation de la leur – Alcheringa (Le temps du rêve, en langage aborigène d'Australie) – par trois membres du groupe surréaliste de Paris, Guy Girard, Sylwia Chrostowska et Joël Gayraud. Pour clore la réunion, qui devrait durer environ une heure (et plus si affinités), je serai également présent pour ajouter aux traits d'union entre ces revues cousines, en passant quelques images en rapport avec mes contributions dans les deux publications, contributions ayant bien sûr à voir, me connaissant – et connaissant ce blog –, avec les arts spontanés (bruts, naïfs, populaires). En l'occurrence, il s'agira d'oeuvres réalisées par divers autodidactes, certaines (celles d'Emile Posteaux, sculpteur de bouchons de champagne), datant des années 1930, d'autres plus récentes, plus ou moins en rapport avec des tentations infernales...

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Gabriel Jenny, sans titre (crèche "païenne"), terre cuite vernissée, 43 x 35 cm, années 2000 (?) ; photo et collection Bruno Montpied ; cette photo sera projetée samedi parmi 13 autres ayant un un rapport avec deux de mes articles dans les revues.

 

     Ce sera aussi l'occasion pour les deux revues de proposer à l'achat les derniers numéros parus, le 6 pour Des Pays Habitables et le 3 pour Alcheringa. Les anciens numéros seront églement disponibles bien sûr.

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Des Pays Habitables n°5, couverture et 4e de couv'.

 

     On en saura plus en consultant la newsletter des "événements" à la Halle Saint-Pierre: https://www.hallesaintpierre.org/2022/09/05/lectures/

     Pour se procurer la revue Des Pays Habitables, on peut en savoir plus en allant sur le site web des éditions La Brèche. Ce sera aussi l'occasion de consulter les autres livres toujours séduisants que cette maison édite. A signaler en particulier la réédition par La Brèche du merveilleux Journal de neiges du poète Jean-Pierre Goff (un journal tenu uniquement les jours de neige à Paris) qui n'avait pas été republié depuis 1983 (voir ci-dessous la couverture de l'édition originale de 83 – qui a malheureusement pris un "coup de soleil"–, ainsi que le dessin (fait à la carte à gratter, il me semble) que Jean Benoît avait offert à Le Goff en guise de frontispice).

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La réédition du Journal de neiges de Jean-Pierre Le Goff par La Brèche éditions, 2022.

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L'édition originale aux éditions le Hasard d'être, 1983.

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Dessin en frontispice de l'édition originale de Jean Benoît ; le petit homme moustachu sur le chemin, c'est Le Goff bien sûr.

 

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19/10/2022 | Lien permanent

La chasse à l'objet du désir, Liaison Surréaliste à Montréal

    Du 5 juin au 17 juin se tiendra à Montréal, au Canada (à la Galerie Espace, 4844, boulevard Saint-Laurent, heures d’ouverture : 13h à 20h.), une exposition collective internationale présentée par le groupe "Liaison surréaliste" animé entre autres par Enrique Lechuga. Ils sont forts, nos surréalistes contemporains, n'est-ce pas? Ils sont capables d'organiser, de façon "indépendante, sans l’appui d’aucune galerie d’art ni institution gouvernementale ou privée", une manifestation regroupant environ 75 créateurs ou groupes dans un local situé en plein centre ville.

 

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Jean-Claude Charbonel, La nuit elfique, 2005

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Kenneth Cox, Jambe trouvée (Found leg), 1999

 

   On pourra rapprocher, sans qu'il y ait je crois de lien plus formel que cela, cette exposition de celle qui avait été montée à Prague l'année dernière (cela s'appelait Another air et je l'avais chroniquée sur ce blog). Ils sont très forts, vous dis-je, en plus de cela, ils se transportent à travers l'espace en se jouant des frontières, sans qu'on arrive à déterminer où se tient la tête de ce serpent de mer surréaliste.

 

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Jacques Desbiens, Branches, 2005

 

 

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Affiche de l'expo

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Le catalogue

   En plus, il est annoncé, comme à Prague, un catalogue avec diverses interventions des uns et des autres (on m'avait demandé de leur décrire l'objet désirable de mes chasses perso, je me suis exécuté), une improvisation sonore, une lecture de poèmes, une table ronde, le troisième numéro d'une revue intitulée A Phala devant publier par ailleurs "des documents inédits de l'exposition". Durant toute la durée de l'expo seront également projetés les films suivants: Corps Alchimique de Ludwig Zeller, Vaterland, A Hungry Diary, de David Jarab, Tiny Gifts, de Songs Of The New Erotics (S.O.T.N.E.), Delirios, de Iñaki Muñoz, Alergia, d'Enrique Lechuga, Merzkopf, de S.O.T.N.E., The Antichild, de S.O.T.N.E., Electric Whispers, de Kathleen Fox, Conspirateurs of pleasure (les Conspirateurs du Plaisir), de Jan Svankmajer, La Rue K, de Pierre-André Sauvageot, Ni d'Ève ni d'Adam, de Michel Zimbacca.

 

     Avec des moyens plus que limités, ce groupe québécois semble avoir réalisé là un exploit hors du commun qui devrait stimuler d'autres groupes internationaux (quid des Français, dont plusieurs créateurs sont présents dans cette manifestation, citons en vrac Joël Gayraud, Claude-Lucien Cauet, Mireille Cangardel, Suzel Ania, Elise Arue, l'incontournable Ody Saban, Michel Zimbacca, Guy Cabanel, Jean-Claude Charbonel, Jean-Pierre Paraggio, Guy Girard, Michaël Löwy, Thomas Mordant, Georges-Henri Morin, Dominique Paul, Pierre-André Sauvageot, Bertrand Schmitt, Ludovic Tac, Virginia Tentindo, et mézigue). Je leur ai prêté en effet deux dessins de création récente (L'Œil dans la bouche, 2008 et La Sorcière au travail, également de 2008, tous deux faisant 29,7x21 cm), en voici un ci-dessous.

 

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Bruno Montpied, La Sorcière au travail, 29,7x21 cm, 2008

    A propos de Michaël Löwy que je citais plus haut, je ne suis pas sûr que l'on connaisse bien la production graphique quelque peu automatique qu'il lui arrive de pratiquer à côté de ses travaux d'essayiste. Je profite de l'occasion de cette note pour mettre en ligne un de ses dessins (qui ne préjuge en rien de ce qu'il va exposer à Montréal).

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Michaël Löwy, Démon de l'écriture ou Dialectique de la volupté II, entre 2005 et 2009

 

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Infos-miettes (26)

Solange à Bruxelles

     Solange Knopf s'en vient à Bruxelles exposer à nouveau, cette fois hébergée par deux passionnés de son travail, Clem et Claude Jadot. L'exposition a une durée météorique, deux jours seulement, les samedi 9 et dimanche 10 mai (de 14 à 19h), le vernissage se passant le vendredi 8 mai de 18 à 22h. Voici l'adresse pour ceusses qui aimeraient y faire un tour: 77,  Drève des Renards, Uccle, Bruxelles.

 

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Solange Knopf, sans titre, 109 x 79 cm, crayons de couleur sur papier en fibre de bambou, 2015 ; Ph Luc Shrobilgten

 

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Galerie Isola de Francfort, de l'art brut en Allemagne: Ernst Kolb

     La galerie Isola à Francfort, dirigée par Patrick Lofredi, un Français installé en Allemagne, galerie qui était présente au récent salon outsider art fair de Paris à l'Hôtel le A, présente actuellement une exposition sur un nouveau venu dans le champ de l'art brut, Ernst Kolb, à l'occasion de la sortie d'un livre de Rolf Bergmann consacré à ce créateur. Cela dure du 3 avril au 24 mai. Adresse: Falkstraße 40, 60487 Francfort. Tel 01 57 34 92 23 72. Ils ont un site web bien sûr:  http://www.galerie-isola.de/. L'art brut en Allemagne est un terrain très peu connu en France, n'est-il pas?

 

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Ernst Kolb, portrait et dessins, photo extraite de www.outsider-art-brut.ch

 

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Et toujours le musée d'art brut et naïf de Suisse orientale, le "museum im Lagerhaus" (l'Entrepôt) à Saint-Gall qui présente cette fois une collection privée...

 

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Alfred Leuzinger (1899-1977), Homme avec coléoptères (autoportrait), crayons de couleur sur papier, © Museum im Lagerhaus, Collection Mina und Josef John

 

      Du 21 avril au 18 Octobre 2015 (ouverture le 20 avril), se tiendra une exposition consacrée à la collection de Mina et Joseph John avec environ 650 œuvres d'art brut ou populaire suisse. Il semble que cette collection soit ouverte au public en dehors de cette manifestation. Parallèlement à l'expo, le musée Im Lagerhaus présente dans sa documentation un aperçu  de la collection complète (de même sur son site web, on peut découvrir des reproductions de l'ensemble de cette collection mise en ligne!). J'avoue avoir toujours eu un petit faible pour ce musée caché dans l'Appenzell qui nous montre si souvent du nouveau et du plus délectable en matière d'art brut, naïf ou populaire. Dommage que ce ne soit pas ma banlieue...

 

 

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 Ernst Kummer (1918-2003), maquette d'avion avec personnage,  matériaux variés, sans date © Museum im Lagerhaus, Collection Mina und Josef John

 

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La galerie Les Yeux Fertiles a des obsessions

    Là, l'exposition intitulée "Obsessions", n'en a plus que pour quelques jours, puisqu'il est prévu qu'elle se termine le 16 mai. Parmi plusieurs noms relevant de l'art  moderne (Bellmer, Saby, Fred Deux, Molinier...) ou de l'art singulier (inévitable Ody Saban...) dont les œuvres sont exposées, on signalera trois magnifiques peintures d'Eugen Gabritschevsky, qui devrait être bientôt exposé en plus grand à la Maison Rouge (vers la fin de l'année), d'après ce que nous en a dit Benoît Morand l'un des animateurs de la galerie. Ainsi que la peinture de Lubos Plny, moins chargée qu'à l'habitude et formidablement équilibrée, qui a été choisie pour le carton d'invitation. Et un très beau André Masson également (à quand une rétrospective de cet artiste qui paraît moins chéri des commissaires d'exposition que d'autres du mouvement surréaliste?)... Liste complète des exposants: H. Bellmer, J. Benoît, F. Deux, J. Domsic, J. Ferrer, J. Fischer, E. Gabritschevsky, G. Harloff, E. J. Hodinos, V. Jakic, I. Jarousse, J. Kolar, R. Léonardini, S.Lepri, R. Lonné, M. Macréau, A. Masson, P. Molinier, M. Pelosi, L. Plny, O. Saban, B. Saby, Scottie-Wilson.

 

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Lubos Plny, sans titre, 83 x 59,5 cm, encre de Chine et acrylique sur papier, 2008

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"Ligabue et les visionnaires candides" au Centre Miche Berra de Costigliole Saluzzo (région de Coni, Piémont) 

 

      Ça doit être bien joli ce patelin de Costigliole Saluzzo, situé au sud de Turin, au pied des Alpes (du côté français, il y a le Queyras), où est montée une exposition (du 28 mars au 5 juillet) que j'aurais bien aimé voir... Hélas, elle se terminera juste au moment de la grande transhumance des vacances. Ligabue, ce peintre naïf connu pour ses tigres aux gueules féroces, n'est pourtant pas bien connu hors d'Italie et pas souvent exposé.

 

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Antonio Ligabue, un de ses tigres féroces

 

     Cette année, c'est le cinquantième anniversaire de sa disparition. Avec lui, on a joint des œuvres de Ghizzardi, lui qui fut exposé à Nice et à Paris il n'y a pas si longtemps, et de Bruno Rovesti. A côté sont aussi présentés quelques artistes naïfs yougoslaves Generalic, Rabuzin, Vecenaj, Lackovic et Kovacic qui m'attirent moins (hormis Rabuzin).

Un document tourné par Raffaele Andreassi en 1962, assez étonnant je trouve,  Ligabue, il vero naïve, de 1977 pour la RAI semble-t-il, où l'on voit Ligabue en action, cherchant à imiter des bruits d'animaux (je crois...) et trouver l'amour auprès d'une dame qui paraît charitable à son égard, sans plus...

 

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Louis Soutter confronté à Victor Hugo dans le musée de la Place des Vosges

      "Dessins parallèles" est le sous-titre de l'expo (prévue pour durer du 30 avril au 30 août) des dessins des deux grands artistes amants du noir et du charbonneux. On connaît les encres de Hugo, ses paysages visionnaires, ses personnages grotesques, ses pochoirs, ses taches interprétées, mais un peu moins les peintures tracées aux poings et aux doigts par le Suisse Soutter.

 

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Louis Soutter, Parvis, encre noire, 1937, © galerie Karsten Greve, Cologne, Paris, St-Moritz

 

    Je ne sais pas encore si ce sont ces dernières du reste qui seront au musée Victor Hugo, je me contente de l'espérer car le carton d'invitation que j'ai reçu en montre une, ce qui paraît inférer qu'il y en aura d'autres place des Vosges. C'est ce que je préfère dans l'œuvre de Soutter, ses dessins au trait me lassant davantage. Ses peintures aux poings, parfois d'une sobriété étonnante  et sans perdre pour autant de leur force, ont marqué d'après moi certains artistes singuliers suisses comme par exemple Christine Sefolosha (à ses débuts) ou François Burland.

 

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Un Soutter (le Héros)exposé il y a peu (2012) à la Maison Rouge, provenance galerie Karsten Greve là aussi...

 

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Guy Girard, Jean-François Affre, Christian Martinache 

      Vous ne trouverez pas beaucoup de renseignements sur le Net sur ces trois compères-là qui se sont alliés pour exposer à la galerie Artcomplice (11, rue Petit dans le 19e ardt, Paris ; tél: 01 40 41 97 77 et 06 70 06 31 88) du 15 au 27 avril (plus que quelques jours donc). Personnellement, je me suis souvent intéressé aux peintures du premier qui a exposé autrefois au musée de la Création Franche à Bègles et que j'ai souvent évoqué sur ce blog.

 

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Guy Girard, anagraphomorphose sur le paraphe de Flora Tristan, huile sur toile, musée de la Création Franche, ph Bruno Montpied (2009)

 

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Du côté de la Galerie Dettinger, Danielle Stéphane

 

     Nouvelle exposition à Lyon, place Gailleton, d'une artiste qui paraît sûre de ses moyens quant à la représentation de personnages, dans des compositions apparentant ses scènes de cirque à des constellations de formes blanches sur des fonds sombres, le tout dans un trait poudreux.

 

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Danielle Stephane, Lola au cirque, 110 x 72 cm, encre sur papier, 2014, ph Claire Defosse

 

    Cela s'appelle "Variations Lola, encre sur papier" et c'est du 11 avril au 9 mai, en partenariat avec la galerie Jean-Louis Mandon, (3, rue Vaubecour dans le 2e ardt) où une autre exposition intitulée "Nymphes et vanités, encre sur  volume" est montée en parallèle (du 7 avril au 25 avril, plus que très peu de temps...).

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"Wild Garden" (Jardin sauvage), art naïf et brut venu d'Iran à la Galerie Hamer, Amsterdam

 

      J'ai déjà mentionné quelques créateurs bruts venus d'Iran, tous aussi originaux et talentueux les uns que les autres. On retrouve dans cette expo Davood Koochaki qui fut exposé déjà à la galerie Hamer ainsi que récemment à Paris dans le cadre de "Sous le vent de l'art brut II" (sur la collection néerlandaise

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19/04/2015 | Lien permanent

Une collection d'art immédiat dans ”L'Or aux 13 îles” n°2, et un vernissage le 6 novembre prochain

     L'Or aux 13 îles, je vous en ai déjà parlé lorsqu'était sorti en janvier 2010 son n°1 qui concernait grandement les passionnés d'art populaire brut et des environnements spontanés parce qu'y était inséré un dossier volumineux sur le musée disparu de l'abbé Fouré consacré à ses bois sculptés à Rothéneuf (ce fut l'occasion surtout de republier un document rare, le Guide de ce petit Musée étonnant, guide paru en 1919 ; par la même occasion, nous commémorâmes ainsi -les premiers!- le centième anniversaire de la disparition de l'abbé, mort en 1910).

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     Puis suit un grand dossier sur Pierre Peuchmaurd, poète estimable disparu tout récemment (comme dans le n°1 était inséré un dossier sur Jean Terrossian). Les poèmes nombreux sélectionnés par Belotti dans l'œuvre de Peuchmaurd ont tous un lien avec l'animal. 

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      Ce numéro 2 est aussi pour moi l'occasion d'entrouvrir une porte sur une collection "d'art immédiat" dans le texte de 40 pages que j'ai intitulé Le Royaume parallèle.l'or aux 13 îles n°2,jean-christophe belotti,art immédiat,bruno montpied,armand goupil,marilena pelosi,joël lorand,gérald stehr,hérold jeune,la passerelle,maugri,jean-lous cerisier,charles lacombe,sefolosha,émilie henry,louis roy,art naïf,lobanov,donadello,sirènes,manero,ruzena,bernard javoy,serge paillard,monique le chapelain,pépé vignes,paul duhem,javier mayoral,guy girard Dérivant derrière cette porte, j'invite le lecteur à découvrir des créateurs aussi variés  que Guy Girard, Marilena Pelosi, Gérald Stehr, Armand Goupil, le sergent Louis Mathieu, le peintre naïf Louis Roy, le "patenteux" québécois Charles Lacombe, Christine Séfolosha, divers pratiquants de l'atelier pour handicapés mentaux de la Passerelle (l'atelier animé par Romuald Reutimann à Cherbourg), des objets d'art populaire anonyme, des collages d'un "anonyme américain" (que j'ai identifié depuis peu grâce à l'amabilité de Frédéric Lux comme étant de l'autodidacte américain Javier Mayoral, voir le blog de Laurent Jacquy Les Beaux Dimanches qui y parle d'un blog tenu par ce créateur, appelé Locus Solus 1 où Mayoral parle de ses créations très diverses, ex-voto décalés, catcheurs, phénomènes à la Barnum ; le monsieur en question paraît beaucoup jouer de la distanciation tout en restant friand d'ingénuité: curieux!), un jeu de massacre forain, une poupée rescapée de tribulations dans des greniers oubliés, Jean Estaque, Serge Paillard, l'inévitable et mirifique Joël Lorand, Jean-Louis Cerisier, soit autant de figures ou de sujets que les lecteurs fidèles et attentifs du Poignard reconnaîtront sans coup férir  comme rôdeurs dans ces parages...

l'or aux 13 îles n°2,jean-christophe belotti,art immédiat,bruno montpied,armand goupil,marilena pelosi,joël lorand,gérald stehr,hérold jeune,la passerelle,maugri,jean-lous cerisier,charles lacombe,sefolosha,émilie henry,louis roy,art naïf,lobanov,donadello,sirènes,manero,ruzena,bernard javoy,serge paillard,monique le chapelain,pépé vignes,paul duhem,javier mayoral,guy girardA noter que je viendrai à l'auditorium de la Halle Saint-Pierre à 15h le dimanche 6 novembre (dans une semaine donc) en compagnie de Jean-Christophe Belotti qui dédicacera ce numéro tandis que je proposerai aux personnes présentes une dérive en une centaine d'images sur cette collection d'art immédiat (cela ne se limitera pas, étant donné le nombre, aux images présentes dans la revue). A bientôt donc.

Les illustrations qui accompagnent cette note sont, pour ce qui concerne les dernières des pages extraites de la revue.

        

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Info-Miettes (20)

Boudin et Jakobowicz arrivent à Bègles

     Prochaine expo au Musée de la Création Franche, qui continue de permettre aux artistes et créateurs de la collection permanente de montrer leurs derniers travaux, Marie Jakobowicz et Michel Boudin. Ce dernier, on le sait, propose des dessins à l'encre où des petites bêtes ne cessent de tarabuster les êtres humains, histoire peut-être de leur rabattre le caquet.

 

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Michel Boudin, sans titre, encre sur papier vélin, 65 x 51 cm

 

     Sur la seconde, voici le texte qu'elle m'avait dans un premier temps demandé pour la présenter de façon franche (c'était son souhait à elle, des gens qui diraient le pour et le contre, et l'entre deux...) et qu'elle a finalement fait remplacer par une autre présentation:

     "Marie Jakobowicz me laisse perplexe. Si j’apprécie ses anciens pastels, discipline qu’elle pratique avec une aisance qu’elle a fini (bizarrement !) par trouver suspecte, je reste réservé en ce qui concerne toutes sortes d’autres travaux qu’elle veut de contenu « engagé » comme on disait dans les années 70. Ce choix à mon avis plombe l’envolée du merveilleux dont elle était aussi dépositaire.

         Et je me demande si ses réticences, sa suspicion à l’égard de sa maîtrise du pastel ne viendrait pas de son traumatisme concernant l’extermination des Juifs par les Nazis. Une descendante des familles massacrées ne pouvant plus pratiquer la moindre forme d’expression sans se sentir obligée à la vigilance… Si cela était avéré, on mesurerait là à quel point cette tragédie et cette folie ont poussé loin leurs ruptures et leurs censures. N’y a-t-il donc plus de place, Marie, pour un merveilleux sans hantise du massacre ?"

Marie Jakobowicz et Michel Boudin au Musée de la Création Franche du 7 décembre 2012 au 20 janvier 2013.

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Guy Girard, lui, expose dans un couloir

 

expo (3)-1.jpg

     Guy Girard expose quant à lui à partir de jeudi prochain 29 novembre dans la Galerie du Couloir, espace dédié paraît-il aux petits formats (ce qui semble adéquat avec le nom de la galerie). Les horaires et jours de monstration sont assez particuliers. Le jeudi 29 novembre, c'est de 19h30 à 22h. Puis c'est entrée libre le samedi 1er décembre ainsi que le dimanche 2 de 14h à 18h. Ensuite, du 3 au 20, on visite sur rendez-vous: 06 19 63 64 51. Pour les artistes, l'heure est venue des jeux de pistes. L'art sincère d'aujourd'hui se cache au fond d'un labyrinthe. Il est passé par ici, il repassera par là...

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Jean Estaque voit des saints partout

     Il expose cette fois à Montluçon, avec une proposition de nouveaux saints qui n'auraient pas déplu au marquis de Bièvre qui était grand amateur comme on sait de calembours bons. Ci-dessous par exemple voyez le portrait de saint-Ethique.

 

expo nov 2012 montluçon.jpg

 

       Trouverons-nous encore dans cette expo Saint-Bol, Sainte-Hure, et peut-être aussi Saint-Dé, Saint-Trait et Saint-Plaie?

Galerie Ecriture, 1 rue Pierre Petit (ça ne s'invente pas, mais ce n'est sans doute pas le même qui est bien connu dans l'art brut), Montluçon, exposition du 28 novembre 2012 au 14 février 2013.

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Alexis Lippstreu exposé chez Berst et au Madmusée

      En cette fin d'année, on assiste à une déferlante Alexis Lippstreu à Liège et à Paris. Trois expos simultanées se tiennent pour vanter le travail de ce créateur handicapé qui s'est fait une spécialité (ou à qui on a fait une spécialité?) de transposer des chefs-d'œuvre de l'art dans une sorte de réduction graphique tout à fait fascinante (j'ai déjà eu l'occasion de montrer des images sur ce blog). Il paraît être en même temps un cheval de bataille exemplaire pour ceux qui voudraient mélanger art brut, art moderne et art contemporain dans la même arlequinade artistique ("artification", qu'ils disent, sans lésiner sur les néologismes effroyables).

Alexis Lippstreu au Madmusée du 1er décembre 2012 au 16 février 2013. A la Galerie Christian Berst, du 7 décembre 2012 au 12 janvier 2013. Au BAL (musée des Beaux-Arts de Liège), du 30 novembre 2012 au 16 février 2013.

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L'art brut italien à travers le cinéma documentaire, une programmation de Pierre-Jean Wurtz et Denis Lavaud

    C'est à la Halle Saint-Pierre (sans laquelle on ne sait pas ce que l'on deviendrait) que cela va se passer, durant le week-end du 15 et du 16 décembre. Un second programme de films courts a en effet été programmé pour ces dates. A découvrir ci-dessous:

Samedi 15 décembre 13h30 - 17h30

- Pennarelli (Antonio Dalla Valle) di La Manica Lungo officina creativa, 2003, 29’.
En présence d’Alain Bouillet, commissaire d’expositions, écrivain (c'est sur un atelier de créateurs handicapés, si je ne me trompe pas? NDR)

- Nella prospettiva della chiusura lampo de Paolo Pisanelli, 1997, 54’.
En présence d’Alain Bouillet

- Pietro Ghizzardi de Muriel Anssens, 2004, 10’

- Alla ricerca del giardino incantato (Marcello Cammi) di Piero Farina, Marisa Fogliarini con Marco Farotto, 2012, 21’, (c'est tout en italien, sur le jardin détruit de Cammi)

- Luci Sospese. L’opera irriducibile (Mario Andreoli) de Gabriele Mina, 2010, 27’. (Là aussi, c'est pas sous-titré, mais il y aura sans doute un interprète dans la salle, enfin on verra bien...) 
En présence de Gustavo Giacosa, commissaire de l’exposition

 

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La "Crèche" de Mario Andreoli telle qu'elle s'illumine aux alentours de Noël sur une colline ligure, ph extraite du site de la Galerie Rizoi à Turin

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La colline de M. Andreoli, de jour... ph Gabriele Mina

 

Dimanche 16 décembre 13h30 - 17h30

- Un « facteur Cheval » en Sardaigne (Fellicu Fadda) de Giuseppe Trudu, 2004, 47’.
En présence du réalisateur

- Un sculpteur de l’île aux ânes blancs (Enrico Mereu) de Giuseppe Trudu, 2009, 38’.
En présence du réalisateur

- Melina Riccio de Gustavo Giacosa, 2009, 10’. En présence du réalisateur

- Eugenio Santoro de Dominique Clément, Chantal Woodtli, 1994, 12’. (A signaler que ce film est édité dans le DVD intitulé "Art Brut" avec deux autres courts, un consacré à Ni-Tanjung par Erika Mannoni et un autre de la même Mannoni consacré à Lobanov; le film sur Santoro est plus précisément intitulé dans ce DVD "Les jardins de l'imaginaire" ; le tout est édité par la Collection de l'Art Brut et la Télévision Suisse)

- Antipasti (surprises à l’italienne) 45 ‘.
Suite de petits plats (films) divers et variés, exubérants, bigarrés, goûteux. (Dont paraît-il des films de Bernard Dattas sur des "choses" vues en Sardaigne)

 Pour tout renseignement complémentaire, on peut contacter Denis Lavaud himself : 01 42 45 19 67/06 75 94 16 48.

A la Halle Saint-Pierre encore, le retour du "Petit Paris" de Marcel Dhièvre

    Marcel Dhièvre est connu depuis les années 70 grâce au livre Les Inspirés du Bord des Routes de Jacques Lacarrière et Jacques Verroust où l'on peut voir cinq belles photos et un fragment de témoignage de Dhièvre. C'est peut-être grâce à ce livre que sa maison richement décorée de fresques et d'ornementations diverses peintes et parfois sculptées en relief parvint à être classée monument historique dès 1984 (né en 1898, il décéda en 1977).

 

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Image récupérée sur le site d'une association qui défendait, notamment sur la toile, "le Petit-Paris", l'association Entre-Tenir ; l'affirmation "je ne suis pas un artiste" avait été très justement repérée par ce site web, avis aux "artificateurs"...

 

      Il avait en effet réalisé une magnifique décoration naïve, brute, ou simplement populaire, sur les murs d'angle à l'extérieur de son magasin de vêtements (il était vendeur en confection dans la lingerie et les vêtements de travail) à Saint-Dizier dans la Haute-Marne. Il avait poussé le bouchon plus loin en peignant (ce n'était pas un mosaïste) les murs intérieurs de la petite bâtisse, mais aussi divers petits sujets, des animaux, des tableaux de fleurs, des paysages. C'était comme il le disait lui-même également un tour de force dans la mesure où, paralysé de la main droite, il avait dû tout faire de la main gauche.

 

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Marcel Dhièvre, la façade d'"Au Petit Paris", vers 1976, ph Jacques Verroust

 

     Il avait appelé cette maison "Au Petit Paris", car la ville-lumière, où il allait se fournir chaque semaine, l'avait charmé au point de le pousser à représenter dans des médaillons l'Arc de Triomphe sur sa façade, ainsi que la Tour Eiffel, la Madeleine, les quais de la Seine, et la nef symbole de la capitale. L'ensemble connut quelques vicissitudes pendant de nombreuses années. Diverses bonnes volontés tentaient régulièrement d'alerter l'opinion pour essayer de sauver une maison qui visiblement résistait dans le souvenir de la population de St-Dizier (cet attachement d'une ville populaire à un tel monument naïf est assez touchant je trouve). L'illustratrice Kathy Couprie racheta à un moment le magasin, y faisant quelques réparations, puis ce fut la mairie, sous l'impulsion d'un maire UMP, François Cornut-Gentille (comme l'a signalé entre autres un article paru cet été dans La Croix, dû à Aude

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24/11/2012 | Lien permanent

Un autre regard, la collection permanente de la création franche s'expose

       Du 11 juin, date du vernissage (pour les Bordelais, car cela a lieu un vendredi soir, les gens qui habitent plus loin ne sont pas invités à venir ce soir là, à moins de casser un bout de leurs RTT?), au 5 septembre, "à l'occasion de la parution d'un nouveau catalogue", voici que le fonds permanent du musée de la Création Franche est exposé avec prés de 300 oeuvres sur les 13000 inscrites à l'inventaire, le tout réparti sur les onze salles du musée. C'est le retour en force de la collection qui n'était que trés, trés partiellement montrée depuis des lustres, la plupart du temps confinée dans les trois quatre salles du fond du premier étage, où il ne fallait pas hésiter à faire un tour aprés chaque expo temporaire, dans l'espoir d'y voir surgir, ou resurgir, telle ou telle oeuvre inconnue, ou oubliée.

Jean-Louis Cerisier, Fragment organique,1974, mus. de la Création Franche.jpg

Jean-Louis Cerisier, Fragment organique, 1974

       Comment présenter cette masse d'oeuvres assez diverses il faut l'avouer (cela me plaît à moi cette variété)?

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Claude Massé, des patots comme s'il en pleuvait..., Collection du musée, ph Bruno Montpied, 2008

      Les organisateurs ont opté pour une classification par ensembles et thèmes semble-t-il. Les "pionniers" de la collection sont au rez-de-chaussée, à côté d'une salle plus spécifiquement consacrée aux créateurs classés dans les collections de l'art brut (comme Madge Gill, Louise Tournay, Benjamin Bonjour, Martha Grünenwaldt, etc - seul Michel Nedjar, il est vrai classé généralement dans l'art brut, y fait figure d'erreur, sa place étant plutôt selon moi parmi les singuliers, créateurs francs et autres "neufs inventeurs"...), dans lequel la création franche, nous dit le prospectus (non signé) de la présentation (consultable sur le site web du musée, voir plus haut), "prend sa source". Une autre salle du rez-de-chaussée est vouée à Claude Massé et à ses découvertes d'art "autre",Joseph Sagués, donation Claude Massé au musée de la Création Franche, ph.Bruno Montpied 2009,-avril-.jpg à la succession du peintre Jacques Karamanoukian, et à Gérard Sendrey, dont beaucoup d'oeuvres, à ce que j'ai découvert, aprés sa récente méga-exposition au Musée, ont rejoint la collection permanente, ce qui met un terme à son refus maintes fois réitéré de mêler sa propre oeuvre à celles de la collection qu'il avait grandement contribué à rassembler. Gérard Sendrey devient in fine un créateur franc tout à coup...

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Emile Ratier, grande roue de fête foraine, ph. BM, sept 2009

      L'étage paraît plus labyrinthique, du moins dans l'exposé de la présentation de l'expo. On y a ménagé des espaces avec des thèmes hétéroclites, le coin des "visionnaires" ou des "rêveurs de mondes", un cabinet de curiosités (avec paraît-il des oeuvres "inclassables et insolites" - miam-miam, c'est là que j'aimerais être! - un coin "maternité et enfance", qui sent presque sa crèche... En salle 10 (cela vous prend un petit air de jeu de l'oie tout à coup cette expo), ont été parqués les "tourmentés", merci pour eux...Stani Nitkowski, (sans titre mentionné), musée de la Création Franche.jpg Les "tronches", c'est en salle 9... "L"homme du commun" (le bouseux en somme?) est en salle 5, avec ses travaux des champs, ses animaux... Et le visiteur n'aura encore vu qu'une petite partie de l'ensemble de la collection, que seule une plus grande surface, souvent annoncée sous cape, jamais effective, pourrait révélér dans toute sa munificence éclatée.

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Jean Dominique, un "homme du commun" comme dit la présentation de l'exposition,en des termes qui deviennent presque moqueurs, et pourquoi? Ce genre d'oeuvre est plus prés de la plus grande poésie que tous les chefs d'oeuvre ciselés du monde..., ph. BM 2009

      Je n'ai pu voir l'accrochage, je ne fais ici qu'un compte rendu basé sur le dossier de presse envoyé en signe avant-coureur. Mais pourquoi ne pas faire moi aussi mon mini-accrochage à partir de quelques photos prises au cours des années? Chaque visiteur devrait ainsi avoir le droit à son accrochage perso, ses préférences, ses passerelles à lui, ses analogies, ses confrontations d'une oeuvre face aux autres, etc. Pourquoi pas?

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Bruno Montpied, Les masques de la mort rouge, 35x27cm, collage et technique mixte sur papier, Musée de la Création Franche
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Guy Girard, peinture à l'huile, anagraphomorphose sur la signature de René Char, ph BM, 2009, musée de la Création Franche
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Alain Garret, La diligence de Gustave, Musée de la Création Franche, ph BM, juillet 2008
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Cathy Massé, Rêve, déc.1985, Musée de la Création Franche, ph. BM, avr. 2009
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Pépé Vignes, 1979, Musée de la Création Franche, ph. BM, mars 2009
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Marilena Pelosi, dessin sans titre, 2001, Musée de la Création Franche, ph. BM, avr. 2009
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Jean Tourlonias, "Spéçiale Gérard Sendrey", 1996, Musée de la Création Franche, ph. BM, juil. 2008 
 

     

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08/06/2010 | Lien permanent

”Aventures de lignes, treize imaginistes-intimistes en marge de l'art contemporain”, une exposition organisée par Bruno

Le vernissage, c'est aujourd'hui!

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Exposants: Marie Audin, Jean-Louis Cerisier, Migas Chelsky, Darnish, Caroline Dahyot, Alain Garret, Régis Gayraud, José Guirao, Solange Knopf, Gilles Manero, Bruno Montpied, RuzenaGérald Stehr ; le vernissage est en entrée libre, en particulier tous les lecteurs du Poignard Subtil sont cordialement invités...  

      

     Sur une proposition de Guy Girard, membre de l’association qui gère la galerie Amarrage, j’ai décidé de réunir pour quelques semaines un choix d’artistes exposant généralement dans des circuits alternatifs, que l’on qualifie ailleurs de « Singuliers », et que j'ai tous défendus, au moins une fois, sur ce blog. Le terme "singuliers", on le sait, est de plus en plus galvaudé dans les festivals qui se sont emparés de l’étiquette, les poncifs esthétiques s’y faisant légion, au point d'y anéantir tout réelle "singularité". C’est pourquoi j’ai cru bon d’employer, pour les besoins de l'exposition que j'organise, un autre terme, en dépit de son aspect un peu « intellectuel » : imaginiste-intimiste ; il désigne à la fois la prépondérance de l’imagination dans les travaux présentés et le caractère indépendant de leurs auteurs.

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Solange Knopf, série Behind the darkness, 23x48 cm,  vers 2014, coll. privée, Paris, ph. Bruno Montpied ; œuvre exposée à St-Ouen

 

     Depuis l’essor de l’art brut‒ cet art pratiqué par des non-professionnels de l’art, qui résulte d’une pulsion irrépressible et qui se manifeste dans tous les secteurs de la société, quoique pour une large part dans les milieux défavorisés et populaires ‒ de nombreux artistes sont apparus, prenant exemple sur la position morale des créateurs de l’art brut, qui étaient plus soucieux de pouvoir s’exprimer que d’en retirer un bénéfice matériel.

      L’art brut se caractérise par une forme d’autarcie mentale, un individualisme esthétique, un désintérêt vis-à-vis de la communication ultérieure de son art. A une époque où l’apparence est devenue l’alpha et l’oméga de toute attitude sociale, il n’est pas irraisonné d’attirer l’attention sur l’engouement actuel de beaucoup d’amateurs d’art pour ces grands introvertis de l’art que sont les auteurs d’art brut, œuvrant en dehors de tout souci du « paraître ».

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Bruno Montpied, En surfant sur les sirènes, 40x30cm, 2016, ph. B.M ; œuvre exposée à St-Ouen

 

       Les artistes rassemblés ici*  sont tous sensibles à cet assaut de sincérité appliquée à la création, à ce rappel à l’ordre d’une certaine pureté d’intention. Esthétiquement en outre, on reconnaîtra parmi ces œuvres un goût marqué pour une certaine stylisation et pour des techniques d’expression innovantes, qu’elles se rencontrent chez des artistes plus influencés par l’art naïf (Cerisier), l'art brut (Guirao), le surréalisme et l’expressionnisme naïfs (Manero, Montpied, Gayraud, Garret), le dadaïsme et les cultures populaires (Darnish), l’art textile (Dahyot, Audin), ou par l’art visionnaire, voire fantastique (Gasqui, Ruzena, Knopf, Stehr).

 

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Marie Audin, sans titre, 24x30 cm, sans date (avant 2010), ph. B.M. ; œuvre exposée à St-Ouen 

      C’est une sélection partielle, comme la pointe immergée d’un iceberg qui cache beaucoup plus d’artistes actuellement installés en France tout aussi originaux et inventifs, et tout aussi peu médiatisés, les media contemporains n’accomplissant plus leur mission d’information depuis belle lurette.

 

* Expo du 22 octobre (vernissage de 15h à 19h) au 4 décembre. Galerie associative Amarrage à Saint-Ouen, 88 rue des Rosiers. Je donnerai une "conférence-promenade" au sujet de l'art brut, l'art naïf, les environnements spontanés et l'art singulier en me basant sur des images d'œuvres en provenance d'une collection privée vouée à ces catégories, le jeudi 24 novembre à 19h30, dans les mêmes locaux.

A signaler qu'une petite librairie de divers ouvrages et catalogues (dont les quatre titres de la collection la Petite Brute par exemple) se rapportant aux artistes exposés sera disponible dans la galerie.

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Vue de la galerie Amarrage... ph.B.M., 2016

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22/10/2016 | Lien permanent

Visions et Créations ”dissidentes”, le cru 2019

VCD 2019 avec Joseph Donadello.jpeg

     Dans trois jours, commence la nouvelle édition de l'exposition automnale du Musée de la Création Franche à Bègles (huit créateurs: le Hollandais Jos van den Eertwegh, les Cubains Carlos Huergo et "Chucho" : Luis de Jesus Sotorrios Fabregas (tous les deux en provenance du Riera Studio), le Suisse Pascal Vonlanthen et les Français Christine Achard, Joseph Donadello, Thibaut Seigneur et Ghislaine Tessier, dite communément "Ghislaine"). Elle se déploie pour le trentième anniversaire du musée, ouvert en 1989, alors appelé Site de la Création franche, appellation qui succédait à la Galerie Imago, lieu d'exposition séparé de l'actuel bâtiment (c'était une petite échoppe – une maison simple – située presque en face de la mairie de Bègles), le tout créé par l'artiste singulier Gérard Sendrey.

       Il y était question de "création franche", terme forgé par Sendrey, pour cibler tous les artistes et créateurs marginaux, œuvrant dans leur coin, qu'on les range dans l'art brut (Pépé Vignes), l'art populaire individualisé (Jean Dominique), l'art rustique moderne (Gaston Mouly), l'art naïf (Joseph Sagués, Jean-Louis Cerisier), voire le surréalisme contemporain (comme André Bernard ou Guy Girard), et surtout l'art singulier (synonyme de "neuve invention" à la collection de l'Art Brut à Lausanne, ou de "création franche"), dont de nombreux anciens de cette catégorie font partie de l'actuelle collection béglaise (Sanfourche, Lacoste, Goux, Chichorro, Pauzié, Saban, Carles-Tolra, etc.) ainsi que des auteurs de générations suivantes  (comme l'auteur de ces lignes, Montpied, ou Manero, Ruzena, Albasser, etc.).

       L'étiquette de "création franche" avait donc, au départ de l'aventure il y a trente ans, un pouvoir recouvrant bien développé, qui ne se limitait pas au seul art brut.

       Mais, aujourd'hui, on préfère à Bègles mettre en avant davantage ce dernier terme, puisqu'on parle pour l'expo anniversaire, parallèle à celle des "Visions et Créations dissidentes", de "l'Art Brut et apparentés". Pourquoi? Bien sûr, comme il n'y a plus d'autorité centrale à Lausanne qui pourrait interdire l'utilisation de ce terme (comme ce fut longtemps le cas, du temps de Jean Dubuffet, inventeur du terme, et de Michel Thévoz, son fidèle disciple et premier conservateur de la collection lausannoise), tout le monde aujourd'hui se jette sur le mot pour le manipuler à l'envi. Tant et si bien d'ailleurs qu'il est en voie accélérée de galvaudage généralisé. Une chatte n'y retrouverait pas ses petits. On tend par exemple à confondre art brut et art des handicapés. Alors que ces derniers travaillent dans des ateliers dirigés. On oublie que l'art brut n'a pas de directeur de conscience ou de travail... On réclame par ailleurs des droits d'auteur pour les créateurs de l'art brut, comme si ces derniers étaient des artistes comme les autres, et comme si leur production n'avait pas quelque chose à voir avec le dépassement de tout, notamment de l'économie. Bien sûr, ceux et celles qui demandent cela pensent avant tout aux handicapés des ateliers, confondus désormais avec l'art brut...

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Une œuvre de Carlos Huergo, vue sur le site web du Riera Studio, atelier qui promeut un "art brut project" à Cuba, quelque chose qui me paraît ressembler à ce qui se fait en Europe avec les ateliers divers et variés qui défendent l'intégration des créateurs handicapés mentaux parmi les artistes contemporains ; on trouve sur la Toile la photo ci-dessous où l'on voit les responsables de la Collection de l'Art Brut de Lausanne (Sarah Lombardi en tête) fraternisant avec les animateurs de ce Riera Studio...

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      Le mot art brut finira par ne plus rien dire, à force d'être employé à tort et à travers pour des raisons intéressées (l'art brut a une telle réputation que cela fait riche de se parer de ses plumes). Et c'est peut-être le but caché de plusieurs dans le champ de l'art savant, faire rentrer l'art brut dans le rang...

       Je reviens à l'édition 2019 des Visions et Créations "dissidentes". Pourquoi je mets des guillemets à l'adjectif? Parce que je ne suis pas sûr que les auteurs que l'on range sous ce vocable soient volontairement des rebelles, des dissidents. Ils créent, ils s'expriment à leur manière, et, comme ils n'ont pas appris de recettes, il s'inventent des techniques d'expression. Ils font ainsi œuvre originale sans l'avoir voulu. Ce sont les médiateurs, ceux qui les médiatisent – collectionneurs, amateurs passionnés, critiques d'art –, qui voient en eux une "dissidence".

      Dans la présentation de l'exposition sur le site web du musée, deux autres points suscitent en moi des remarques. Je cite : "Quelles que soient leurs origines, ces auteurs proposent un langage artistique résolument personnel et anticonformiste refusant la norme, et tout conditionnement culturel. Leur ignorance de l’académisme et de ses règles esthétiques normées en fait des créateurs affranchis et libres de toutes contraintes."

   "Tout conditionnement culturel": est-ce si vrai ? Personne n’échappe complètement à un conditionnement culturel.

02 Le beau Richard (2), tempé moins 4; fait le 4 12 1998, (repeint le 9 7 2011 ptet), 32x44 cm.jpg

Joseph Donadello, Le beau Richard, peinture industrielle et collage sur panneau de bois, 4-2-1998, (repeint le 9-7-2011 peut-être), 32 x 44 cm. Donné par Bruno Montpied au Musée de la Création franche en 2017. A-t-on ici échappé au "conditionnement culturel"?  

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Joseph Donadello, Sisi (sic, en réalité Sissi, sans doute l'impératrice d'Autriche), peinture industrielle sur panneau de bois, 10-9-1988, 46 x 35 cm, donné par B.M. au Musée de la Création franche en 2017. Sissi, personnage popularisé par le cinéma grâce au charme de Romy Schneider, participe d'un certain "conditionnement culturel" , non? Et c'est tant mieux, après tout...

 

        Et cette affirmation relative à l'affranchissement et à la liberté vis-à-vis de toutes les contraintes? 

     Ce n’est pas parce qu’un créateur autodidacte échappe sans l’avoir fait exprès aux règles de composition classique qu’il est pour autant totalement « affranchi et libre de toutes contraintes »… Ne risque-t-il pas généralement de retomber sous l’empire d’autres contraintes, qu’il se sera forgées tout seul, à commencer par les limites imposées par ses propres capacités créatrices ? On a remarqué par exemple qu’un dessinateur automatique ne saura pas aller au-delà d’un tracé sinueux, tout en courbes, tant est difficile de dessiner spontanément des lignes droites, des angles droits, des carrés, des rectangles… Le geste dit « libre » engendre des courbes plutôt que des lignes droites. C’est par conséquent un nouvel esclavage, et non pas une liberté.

   Il serait plus juste de reconnaître seulement dans l’activité créatrice d’un autodidacte l’exercice et l’emploi de solutions plastiques et graphiques inusuelles, bricolées en autonomie par des pratiquants de l’art ignorants des procédés et des recettes apprises dans les centres de formation (ce que j'ai déjà dit plus haut). Bien obligés de créer leurs propres techniques, ils inventent de nouvelles formes d’expression. C’est le seul apport de leur activité d’autodidacte de l’art : une fleur nouvelle au bouquet des expressions possibles. Une fleur qui n'est pas pour autant l’emblème d’une nouvelle liberté de langage.

    Cette dernière ne peut naître que de la combinaison d’une technicité très personnelle (et pourquoi pas à la suite d'une éducation artistique) avec un tempérament indépendant de toute attitude mimétique, à l’écoute de ses « visions », de ses rêves, de ce qui le hante… Si l’autodidacte s’enferme dans sa technique bricolée personnellement, il y a fort à parier que sa « liberté » et son « affranchissement » resteront fort bornés .

 

 

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18/09/2019 | Lien permanent

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