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Rechercher : Joël Gayraud

Alberto Sani, sculpteur ”naturel”, génie de ”la mémoire inconsciente”, artiste spontané...

     Un camarade, Joël Gayraud, m'a signalé récemment l'existence d'un numéro de la revue assez luxueuse FMR (Franco Maria Ricci), le n°100, d'octobre-novembre 2002, qui contient un mini dossier sur un bûcheron sculpteur nommé Alberto Sani (textes de Massimo Lippi, Albert Lassueur, Dario Neri et Bernard Berenson, photographies de Massimo Listri). Je ne le connaissais pas, et je parie que l'on doit être assez nombreux dans ce cas en France tout au moins. Ce qui justifie que je renvoie les quelques lecteurs de ce blog à ce numéro de revue actuellement soldé (voir par exemple à la librairie "Culture" rue Pavée à Paris).

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      Bernard Berenson, grand historien d'art et collectionneur de Primitifs italiens et de peintures de la Renaissance, a écrit qu'Alberto Sani lui faisait penser à la sculpture qui ornait les sarcophages paléo-chrétiens, à l'époque de l'art romain tardif. Il a souligné ainsi que d'autres, le peintre, éditeur et industriel Dario Neri par exemple qui employa, hébergea et mit Sani et sa famille à l'abri du besoin, à quel point ce sculpteur véritablement autodidacte ne paraissait s'intéresser à personne dans l'histoire de l'art. Isolé en son temps (prenant ses sujets dans sa mémoire, et utilisant peut-être une mémoire inconsciente qui stocke à la vitesse de l'éclair les moindres vues, même fugitives), sculpteur ayant une technique sommaire assez équivalente finalement à celle des sculpteurs de l'Antiquité tardive (et aussi équivalente à celle de tous les autodidactes du monde se trouvant dans le même état d'esprit de spontanéité, et face à des matériaux similaires), Sani a obtenu des résultats d'art stylisé (ce que j'appelle art naïf sans y mettre aucune condescendance, mais au contraire avec grand respect) similaires à ceux des artistes de l'époque romaine tardive (ou à ceux des créateurs du meilleur art populaire universel).

Alberto Sani, Les vendanges, photo Massimo Listri, n°100 de la revue FMR.jpg
Alberto Sani, Les vendanges, photo Massimo Listri, n°100 de la revue FMR

     Particulièrement intéressante est de ce point de vue la remarque de Bernard Berenson: "Avant que l'art n'ait été canonisé par les Egyptiens, puis intellectualisé par les Grecs et enfin rendu académique par ces mêmes Grecs sous la domination romaine, les créations de l'art visuel se ressemblaient partout à travers le monde." On pourrait comparer cette remarque avec ce que l'on ressent face au meilleur des arts populaires où qu'il se trouve sur la planète... Un Naïf ou un Brut européens, un Naïf ou un Brut asiatique, africain, américain, ne sont-ils pas tous aussi proches les uns des autres que ces créateurs d'avant les Egyptiens et les Grecs ne l'étaient entre eux? Comme si après l'histoire de l'art savant, était venue une période de l'art où ont disparu à nouveau la cérébralité et l'intellectualisme trop sophistiqué... "Après" l'histoire, ou bien n'est-ce pas plutôt que l'ancien art d'avant les Egyptiens n'a jamais cessé de cheminer parallèlement à l'art savant, et que ce dernier, se délitant à présent, le laisse revenir sur le devant de la scène?  

Alberto Sani, Les Chaufourniers, 1942, photo Massimo Listri, n°100 de la revue FMR.jpg
Alberto Sani, Les Chaufourniers, 1942, bas-relief en tuf de Pienza, 47x40x8cm, photo Massimo Listri, FMR n°100

     Né en 1897 et mort en 1964, Alberto Sani, originaire de la région de Sienne en Italie, travailla d'abord naturellement le bois qu'il avait en abondance grâce à son métier, jusqu'à ce que son mécène et ami Dario Neri lui propose de la pierre (du tuf) et du marbre. Ses oeuvres sont conservées  à la Galleria d'Arte Moderna du palais Pitti de Florence, dans les musées du Vatican ainsi que dans des établissements américains. Des collectionneurs privés en possèdent également (les images que je mets ici proviennent de ces collections non nommées dans la revue FMR).  

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L'OR AUX 13 ILES, pour un numéro 3 au cœur de l'été, on souscrit!

     C'est pas une date dira-t-on pour sortir une revue, surtout quand on l'attend depuis un bail... Jean-Christophe Belotti, son animateur, se moque de ce genre de problématique car il compte sur le bouche à oreille, sur le réseau des lecteurs qui avaient déjà repéré les deux numéros précédents. Et puis, il sera toujours temps de le faire connaître par les librairies à la rentrée. Et puis encore, la revue est tellement intéressante que peu importe le moment où on la sort...

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La couverture du nouveau numéro de L'Or aux 13 îles

      Pour ceux qui n'ont pas déconnecté de leurs petits écrans internet en ce mois de juillet, j'annonce donc la parution de ce troisième opus de cette revue toujours aussi soigneusement présentée (elle est à l'impression pour le moment). La couverture du numéro est peut-être la plus belle des trois parues. Pour souscrire, il faut cliquer sur ce lien au bout duquel vous trouverez un bon de commande avec quelques pages de la revue reproduites en vignettes. Pour ceux qui ne connaissent pas -ou ne voient pas j'en connais, du côté de Clermont-Ferrand...-  ce que j'appelle un lien, ils pourront toujours écrire à l'adresse de la revue: Jean-Christophe Belotti, 7, rue de la Houzelle, 77250 Veneux-les-Sablons en envoyant un chèque de 22€ + 4,50€ de frais de port (pour le numéro 3 ; mais on peut aussi acheter les deux numéros précédents: 30 €+ 4,50 de frais pour les deux). Et ils pourront aussi consulter le sommaire que la revue nous a gentiment communiqué:

 

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L'Or aux 13 îles n° 3, le sommaire ; l’œil dans l'oreille c'est peut-être pour souligner le rapport à la musique qui s'est invité dans ce numéro à travers deux contributions, dont un CD qui est joint au numéro

     On notera l'importance du dossier consacré à Alan Glass, surréaliste créateur entre autres de poèmes-objets qui vivait au Mexique, ami de Léonora Carrington, dont des dessins furent publiés en leur temps par André Breton et Benjamin Péret et qui a fait l'objet d'un film d'art dans la collection de documentaires sur des artistes surréalistes de la série Phares Seven Doc.

     Ce numéro contient aussi des contributions de Joël Gayraud et de Mauro Placi (des habitués des commentaires de ce blog), un scénario inédit, Les Insectes, de Jan Svankmajer, et divers compte-rendus consacrés à d'importantes publications parues ces derniers mois (sur l'univers de Svankmajer, sur Krizek, sur Laurent Albarracin, et sur Stanislas Rodanski).

 

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Deux pages de la revue consacrées au début du texte de Bruno Montpied sur "Les Bouteilles Malicieuses des époux Beynet"

 

       Enfin, je ne peux passer sous silence ma propre contribution visant à dévoiler quelque peu l’œuvre atypique et naïvo-brute de deux autodidactes auvergnats, les époux Beynet, qui dans les années 80 de l'autre siècle produisirent en secret, pour leur plaisir intime, près de deux cent bouteilles peintes sur leurs pourtours de saynètes drolatiques. Je suis très fier de cette découverte faite à un moment où les bouteilles en question étaient sur le point d'être dispersées. J'en ai ainsi récupéré près d'une centaine que l'on voit ci-dessous, en partie, accrochées à mes plafonds, dans un dispositif qui ressemble à celui qu'adoptaient chez eux dans leur musée secret à Auzat-sur-Allier les Beynet:

 

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Louis et Céline Beynet, 9 bouteilles peintes, coll. et ph. Bruno Montpied, 2014

 

   Une fois la période de souscription passée, je suppose qu'on pourra trouver la revue à Paris à la librairie de la Halle St-Pierre par exemple.

      

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V'là le choléra!

Chanson signalée par Joël Gayraud... d'actualité?

 

V'là le choléra qu'arrive

 

Paraît qu’on attend l’choléra,

La chose est positive.

On n’sait pas quand il arriv’ra,

Mais on sait qu’il arrive.

 

V’là l’choléra ! V’là l’choléra !

V’là l’choléra qu’arrive !

De l’une à l’autre rive

Tout le monde en crèv’ra !

V’là l’choléra ! V’là l’choléra !

V’là l’choléra qu’arrive !

De l’une à l’autre rive

Tout le monde en crèv’ra

 

Les pharmaciens vont, répétant :

Il vient !… la chose est sûre ;

Ach’tez-nous du désinfectant…

Du sulfat’, du chlorure.

 

V’là l’choléra ! V’là l’choléra !

V’là l’choléra qu’arrive !

De l’une à l’autre rive

Tout le monde en crèv’ra !

V’là l’choléra ! V’là l’choléra !

V’là l’choléra qu’arrive !

De l’une à l’autre rive

Tout le monde en crèv’ra !

 

Les sacristains et les abbés

Répètent des cantiques

Pour attirer les machabé’s

Dans leurs sacré’s boutiques.

 

V’là l’choléra ! V’là l’choléra !

V’là l’choléra qu’arrive !

De l’une à l’autre rive

Tout le monde en crèv’ra !

V’là l’choléra ! V’là l’choléra

V’là l’choléra qu’arrive !

De l’une à l’autre rive

Tout le monde en crèv’ra !

 

On rassemble des capitaux

Pour fabriquer des bières.

On vendra des cercueils, en gros,

À la port’ des cim’tières.

 

V’là l’choléra ! V’là l’choléra !

V’là l’choléra qu’arrive !

De l’une à l’autre rive

Tout le monde en crèv’ra !

V’là l’choléra ! V’là l’choléra !

V’là l’choléra qu’arrive !

De l’une à l’autre rive

Tout le monde en crèv’ra !

 

Tous les matins, avant midi,

Dans une immense fosse,

On apport’ra les refroidis

Qu’on empil’ra par grosse.

 

V’là l’choléra ! V’là l’choléra !

V’là l’choléra qu’arrive !

De l’une à l’autre rive

Tout le monde en crèv’ra !

V’là l’choléra ! V’là l’choléra !

V’là l’choléra qu’arrive !

De l’une à l’autre rive

Tout le monde en crèv’ra !

 

L’bon Dieu, du haut du Sacré-Cœur,

Chante, avec tout’ sa clique,

Et les cagots reprenn’nt en chœur :

Crève la République !!!

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Connaissez-vous Claire Chauveau?

Cet article contient des mises à jour (de janvier 2020)...

 

    Je ne sais pas trop où il faudrait ranger les trois gravures que je mets ici en ligne. Art brut, naïf ou singulier, ou tout simplement inclassable, et séduisant, parlant à la délicatesse et à l'imagination.

    Je suis tombé sur ces gravures lors d'une de ces journées portes ouvertes improbables, où je ne vais généralement pas, de peur d'être rasé de près par les artisteuhs hyper narcissiques se croyant tous sortis de la cuisse de Jupiter parce qu'ils ont la bonne fortune d'étaler un peu de dégoulinade colorée avec plus ou moins d'inspiration et de maestria sur tous les supports de leur choix (allez, je ne vise, on l'aura compris que ce qu'on appelait autrefois les m'as-tu-vu ; a-t-on remarqué du reste à quel point on n'emploie plus ce mot, alors que la chose est pourtant si fréquente?). On m'avait mis au parfum, faut dire. Monelle Guillet et Joël Gayraud m'avaient signalé une "artiste" intéressante dans l'atelier d'un de leurs amis, André Elalouf.

Claire Chauveau, gravure aux chasseurs, vers 1995, ph.B.Montpied.jpg
Gravure, sans date, vers 1995 ; ph.B.Montpied

    Elle était sur les lieux, dans cet atelier de la rue Bichat dans  le 10e ardt, il y a déjà quelques années maintenant. Il était difficile de lui parler. Sa mère très présente à ses côtés répondait pour elle. Quelque chose commençait à se dire, mais la protectrice, sans doute inquiète, venait se superposer à ce discours qui ne parvenait pas à l'esquisse d'une formulation qui aurait eu peut-être - c'est l'impression toute subjective que j'en retirais - besoin de plus de temps pour se déployer.

Claire Chauveau, gravure aux hippocampes, vers 1995, ph.B.Montpied.jpg
Gravure sans titre, sans date, vers 1995 ; ph.B.M.

    En attendant (en attendant quoi?), j'acquis trois gravures où les sujets représentés distillaient une sensation de raffinement enfantin. C'était une scène de chasse avec hommes des bois avec fusil et arc. Plus une autre où l'on découvrait un avion à réaction larguant des bombes à côté, au-dessus, on ne savait trop, d'un Pégase géant (il me semblait reconnaître des souvenirs de mythologie gréco-latine), une chèvre attachée par le licol comme un appât pour un improbable tigre, un ange en robe, des arbres fragiles tentant vaille que vaille de croître dans le vide. Une troisième image représentait dans un médaillon central tout déchiqueté sur son pourtour une scène de chasse à la baleine, comme dans un dessin d'Inuit, avec des hippocampes, ces animaux démodés...

Claire Chauveau, gravure au Pégase, vers 1995, ph.B.Montpied.jpg
Gravure sans titre, sans date, vers 1995 ; ph.B.M.

     Je ne les ai jamais encadrés, jamais accrochés au mur chez moi. Je les garde dans un carton, où je vais les repêcher de temps à autre, les regardant avec reconnaissance pour leur grâce et leur finesse, leur simplicité raffinée. J'ai revu d'autres gravures de Claire Chauveau il y a quelques années à la Halle Saint-Pierre, dans l'espace pompeusement nommé "galerie" entre cafétaria et moignon de collection Max Fourny, au rez-de-chaussée. Le charme n'était plus le même, une certaine sophistication avait remplacé l'élan candide des départs. Comme si avait été conjurée l'immédiateté poétique, un peu étrange, hors-normes, des débuts... Mais peut-être n'est-ce là que suppositions et devrai-je faire place ici, plus tard, à un correctif...

 

Note du 14 janvier 2020 : Je reviens sur cette note de 2008 pour signaler le nom de l'animatrice de l'atelier de gravure de l'ADAC, rue des Arquebusiers dans le IIIe ardt (où, entre parenthèses, j'ai moi-même pratiqué de manière éphémère la typographie dans les années 1980), Mireille Baltar, qui accompagna, m'a-t-elle écrit ces jours-ci, Claire Chauveau dans ses travaux de gravure durant vingt ans, sans se préoccuper de ses coordonnées psychiques.

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Incroyables mais vrais

    Signalée par Régis Gayraud, que ma recherche déjà ancienne sur les noms prédestinants avait grandement titillé, voici une plaque de gynécologue qui présente un nom tout à fait suggestif eu égard à la profession annoncée.

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    Et puis voici non pas des fruits, des fleurs et des branches, mais cette autre incroyable plaque de gynécologue relevée rue de Richelieu. A croire que le médecin en question a pris un pseudonyme exprès pour l'occasion...

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(Photos B.Montpied, en haut 2004, en bas, 2003)

    Incroyable, n'est-il pas?

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L'anti tag à l'eau, une nouvelle forme de graffiti

     Mon camarade Régis Gayraud, flâneur invétéré, m'a signalé récemment dans les rues de Clermont-Ferrand un personnage discret et taciturne, du genre taiseux apparemment, qui pratique une forme d'intervention expressive peu commune. Il y a même de fortes chances qu'il en soit l'unique inventeur. Il exécute sur certains murs de la ville des tags... à l'eau! A l'aide d'une bouteille dont il a percé le bouchon... Ce qui signifie que ses inscriptions, et d'une, ne peuvent être considérées comme du vandalisme, puisqu'elles s'effacent inexorablement, et de deux, s'opposent aux tags classiques, visant à une forme de temporalité ultra éphémère.

    Tout ceci se déduit des notes brutes prises par Régis, qu'il m'a envoyées récemment sous forme de  textos (ça explique le style laconique) :

 

      Je viens de revoir le type qui fait des tags à l'eau. J'ai essayé de lui parler. Il ne répond pas...

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Photo Régis Gayraud, oct. 2017.

 

      J'ai réussi à lui parler. Il appelle ça des anti-tags

      Il fait cela depuis trois ans.

     Je lui ai demandé s'il en faisait des photos. Il dit que non, il refuse de les photographier. [Pourquoi ce terme d’]"anti-tags" : le tag est fait pour rester, c'est une signature. Lui n'écrit pas deux fois la même chose et ce n'est pas une marque qu'il laisse pour montrer où il est passé.

     Je lui ai demandé s'il avait des relations avec des artistes de street art ou des tagueurs de Clermont. Non, cela ne l'intéresse pas.

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Photo Régis Gayraud, nov. 2017.

 

    « Ma démarche est inverse, dit-il. Je fais une trace qui disparaît en quelques heures, encore plus vite, s'il fait chaud. Eux veulent marquer le territoire. »

     Mais il faut lui tirer les mots de la bouche.

     Régis Gayraud, Clermont-Ferrand, octobre-novembre 2017.

 

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MASSIF EXCENTRAL (14): Soulier, Masseboeuf, Canis et Mamelle

   Clermont-Ferrand, ville des prédestinants, pourrait-on ainsi l'appeler? Notre correspondant Régis Gayraud y chasse pour nous depuis quelque temps déjà ce que d'autres sur d'autres sites ont appelé des "aptonymes" et que je me contente d'appeler des noms prédestinants. Quel régal, qu'on en juge...

Photo Régis Gayraud, plaque de kinésithérapeuthe, Clermont-Ferrand, 2001.jpg
Photo R.Gayraud, Clermont-Ferrand, 2001
Photo Régis Gayraud, Clermont-Ferrand, 2001.jpg
Photo Régis Gayraud, Clermont-Ferrand, 2001

   Notre correspondant naguère nous avait aussi envoyé un entrefilet sur une affaire de "chiens écrasés" (paru dans La Montagne du 17 janvier 2002), comme on dit en argot journalistique, ou plutôt en l'occurrence de chiens volés... Ce n'était pas les noms des jeunes prévenus dans l'affaire qui faisaient réfléchir mais bien le patronyme de leur avocat, le bien nommé Maître Jean-François CANIS... Ce qui, pour nos lecteurs non latinistes, veut dire "chien". Normal, dés lors, qu'il ait tenu à défendre ces amoureux trop zélés des animaux?

    Régis, enfin (tout au moins dans le cadre de cette note...) lit le Monde avec attention et y déniche certaines perles à la rubrique nécrologique... Comme au sujet de cette Nicole Mamelle, "chercheuse engagée au service de la santé périnatale", hélas décédée en novembre 2005:

Article Jean-Yves Nau, Le Monde, 1er décembre 2005.jpg
Article de Jean-Yves Nau du Monde du 1er décembre 2005

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Une éolienne bizarre, interprétation paranoïa-critique n°2

Eolienne ancienne, ou bien...Abords de Laval (2).jpg

Photo Bruno Montpied, près de Laval (Mayenne), août 2020.

 

    Aux abords de Laval, alors que Régis Gayraud et moi-même nous nous faisions la réflexion que les parages de la ville de Rousseau et de Jarry, en venant de l'est, n'étaient aujourd'hui pas bien beaux (avec les ronds-points, les échangeurs en veux-tu, en voilà...), nous avisâmes tout à coup un édifice en ruine qui ressemblait à une vieille éolienne¹. N'était-ce que cela? Deux hypothèses surgirent alors en nous...


podcast

Interprétation paranoïa-critique (l'instrument de supplice ou le dispositif optique), par Régis Gayraud et Bruno Montpied, août 2020.

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¹ A priori, il aurait pu s'agir d'une éolienne de Bolée (pompant l'eau grâce à l'énergie du vent), du nom de son inventeur, Ernest-Sylvain Bollée (1814-1891), comme me l'a suggéré mon corressondant, Eric Bougréau, de Tours. A l'intérieur, elle comportait un tableau électrique. Cette éolienne, cependant, ne paraît pas figurer dans la liste des éoliennes répertoriées sur Wikipédia, où la seule encore en place est localisée à Villiers-Charlemagne. La nôtre est située à Bouge (joli nom...) dans la commune de Louvigné, à quelque dizaines de mètres de la D57. D'après notre camarade émérite historien des techniques en tous genres, Régis Gayraud, il s'agirait plus exactement d'une éolienne de Girard (au nom prédestinant, puisqu'une éolienne, ça gire pas mal).        Mais, comme on l'aura compris, ce fut, devant cet édifice, inconnu de nous sur le moment, un beau prétexte à interprétation paranoïa-critique, improvisée de la même manière que celle que nous avions réalisée au cours d'un périple précédent, dans l'Allier, à St-Pardoux, voir note plus ancienne, le 12 mars dernier.

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Trouvetout...

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Photo Régis Gayraud, Paris, rue Vivienne, 2018.

 

     Cela faisait longtemps que je ne vous avais pas transmis de nom prédestinant. Ce Gustave-là, un Trouvé – trouvé deux fois en quelque sorte  ces jours-ci – par le camarade Régis Gayraud, avait le nom de l'emploi. Une sorte de Géo Trouvetou, en somme.

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Le personnage des studios Disney, Géo Trouvetou.

    Mais, étourdi que je suis, et trop heureux de la trouvaille de ce possible nouveau nom prédestinant, je ne me suis pas avisé que c'était sans doute trop beau pour être vrai... Régis Gayraud me signale que Gustave Trouvé, ça peut aussi se lire "G.Trouvé"... Et que cela pourrait ressembler à un canular (en dépit des nombreuses notices biographiques que l'on trouve par-ci par-là sur internet, Wikipédia, data-BNF, la Nouvelle République, etc., qui paraissent, s'il s'agit d'une supercherie, relever d'un travail particulièrement acharné...). J'avais été, dans un premier temps, alerté par la typographie et la couleur de la plaque qui me paraissent très, très proches de celles des anciennes fausses plaques commémoratives qui fleurirent un temps à Paris (j'en ai déjà parlé ici). Alors? Supercherie ou véritable nom prédestinant?

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SCIAPODES ?

       J'utilise le logo du sciapode depuis de nombreuses années...
     En voici la définition telle qu'on la trouve dans le Lexique de l'Art Fantastique de René de Solier (c'est dans ce dernier ouvrage que j'ai fait connaissance la première fois avec ce "monstre" collant assez bien avec mon patronyme):
     "n.m. pluriel, du grec skia, ombre et de podos, pied. Peuple fabuleux (comme les Scythes, "ceux qui ont de grandes oreilles"), composé d'individus qui n'avaient qu'un pied, fort grand: au repos, le pied, dressé à la verticale, devenait "parasol" ".
     Il semble que la première mention des sciapodes se trouve dans L'Histoire Naturelle de Pline. On trouve de nombreuses images du sciapode dans des relations de voyage de la Renaissance qui mêlaient alors indissolublement le réel à l'imaginaire, accordant foi à tous les racontars et rumeurs qui les précédaient sur les pays traversés (ou non, ces récits n'étaient parfois que d'habiles compilations).
     Ci-dessous je publie le texte (inédit) qu'un vieil ami m'a envoyé sur le sujet il y a des lustres, et qu'il a eu la gentillesse de légèrement corriger ces derniers jours.
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  GENESE ET ILLUSTRATION DU SCIAPODE
                                                                                                          Pour Bruno
   « Retenus à terre par nos chevelures, longues comme des lianes, nous végétons à l'abri de nos pieds, larges comme des parasols ; et la lumière nous arrive à travers l'épaisseur de nos talons. Point de dérangement et point de travail ! La tête le plus bas possible, c'est le secret du bonheur!"
   Gustave Flaubert, La Tentation de Saint-Antoine.
         De l'octapode*  au sciapode, il y a la distance de sept pieds, le pied de nez, le pied de marmite, le pied de biche, le pied plat, le pied marin, le pied à coulisse et, pour finir dans la grande cuisine, le pied pané. Ce sont les sept pieds de la sagesse ; ils forment un portique où se rassemblent les manchots ; et le huitième, qui donne sa perfection à l'ordonnance octapodique du poulpe, est le pied parasol, ou pied de science, à l'ombre duquel s'allonge la paresse, cette mère de toutes vertus. Dans la terrible dégringolade de l'évolution, c'est ce pied-là qu'a conservé le sciapode. Poulpe échoué sur la terre, projeté par quelque gigantesque convulsion des mers dans l'ahurissant milieu de la stabilité, il a abandonné l'un après l'autre ses sept jambages,
         il a jeté le pied de nez aux soutanes,

         il a lancé le pied de marmite à la tête des juges,

         il a enfoncé le pied de biche entre les omoplates de la philosophie, et il a forcé,

         il a cambré le pied plat en une arche triomphale pour les processions de chenilles,

         il a coiffé le pied marin d'une voilette afin de lui faire capturer les regards,

           il a évidé de sa moelle le pied à coulisse et en a fait l'instrument qui retient prisonniers les vents et les change en notes,

         il a enfin rendu le pied pané à sa crudité première de rose et palpitant pied de cochon.

         Il n'a gardé attaché à son corps que le seul pied de science qui développe ses orteils comme autant de frondaisons balançant leur ombre sur les écarts du langage. Et sous cet abri qui tourne avec le soleil, le sciapode sait demeurer inutile.

           Sa tête, en contact permanent avec le sol, se laisse bercer aux ondulations millénaires de la croûte terrestre; sismographe sans cadran ni aiguille, son cerveau enregistre les plissements des montagnes, la lente dérive des plaques sur la bouillie du magma, la lourde et bonne bouillie rouge, et il rêve parfois de la longue louche en bois qui remue doucement la pâtée boursouflée des cratères. Il se remplit la vie de cette vision.

         Plus solides que le byssus, ses cheveux l'ont arrimé pour des siècles à la roche aiguë des promontoires, aux pentes pavées de lave des pics surgis de l'abîme, à la crête vertigineuse des falaises bleues de sel. Il n'est, on le comprend, pire malédiction pour le sciapode que de devenir chauve ; il va lui falloir, désancré de son centre d'inertie, rouler sur le plan incliné de l'existence, en se déchirant les flancs aux bouquets d'épineux et aux racines, et fouler son unique membre poussé hors de toute mesure dans les degrés inégaux d'une époque terrifiante.

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        *En grec moderne le poulpe se dit "octapode", l'animal à huit pieds. Ce sont ces huit pieds, disposés en étoile autour d'une poche d'encre que l'on mange, grillés, dans les tavernes du bord de mer en vidant nombre carafes d'ouzo. On a dit que c'est en dévorant un poulpe cru que Diogène a trouvé la mort ; certains soutiennent même que cette mort n'avait rien d'accidentel et que, lassé de la vie, le philosophe cynique a voulu par son exemple enseigner aux hommes une nouvelle manière de se suicider, singulièrement étrangère aux moeurs de la cité. Dans l'un des grands romans méconnus du XXe siècle, Les Poulpes, Raymond Guérin fait de cet animal le symbole des forces obscurantistes et totalitaires qui de leurs tentacules enserrent l'individu et l'entraînent avec elles dans l'abîme. C'est donc pour le plus grand bénéfice de la civilisation qu'il faut battre le poulpe, comme le font tous les pêcheurs dans tous les ports de Grèce : ils font rendre son encre à la pauvre bête, qui sinon ne serait pas comestible et risquerait encore de nos jours d'empoisonner quelque philosophe étourdi.
          © Joël Gayraud
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Les illustrations sont extraites du très joli site http://www.art-roman.net/stparize/stparize.htm


 

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12/06/2007 | Lien permanent

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