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Rechercher : Joseph Donadello

Sanfourche, fin de partie

       Jean-Joseph Sanfourche, le disciple de Chaissac, l'émule de Dubuffet, dont j'appréciais l'oeuvre fort modestement en ce qui me concerne (ce qui explique que je m'étendrai pas sur le sujet, d'autres ne manqueront pas de le faire), est décédé samedi 13 mars dernier. Ses obsèques ont lieu ce mercredi 17. Paix à ses cendres et condoléances à ses proches. Une page de l'art singulier, de la "neuve invention" et de la création franche se tourne.

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Une oeuvre de Sanfourche pas vilaine exposée dans la Maison-Folie de Wazemmes en 2009, expo "Sur le fil"


Une petite vidéo sur FR3 

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Un auteur d'art brut dans le goût du temps

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Anonyme aux petits carrés brodés, sans titre, ph. Régine Goret, 2016

 

     On m'a transmis récemment cette œuvre qui me laisse quelque peu sur ma réserve, je dois dire. Elle entre à n'en pas douter dans un certain corpus d'art brut tel qu'on peut parfois s'en convaincre en fouillant dans certaines sections de la vaste collection d'art brut ABCD – je pense en particulier à ces œuvres dues à un participant aux ateliers de la "S" Grand Atelier à Vielsalm en Belgique, nommé Joseph Lambert.

Joseph Lambert dans la coll ABCD.JPG

Joseph Lambert, coll. ABCD

    Certes les dessins de ce dernier, composés de strates de signes entortillés patiemment superposées les unes aux autres (un jeu de patience certes plus minutieux que celui du tisseur ci-dessus, qui reste, pour le coup, plus "brut"...), participent d'une conception plastique toute différente. Mais le sentiment esthétique qui en résulte se rapproche de l'œuvre à petits cubes ligaturés du brodeur anonyme ci-dessus. On se perd  là dans des coupes géologiques, des stratifications avec une espèce de bonheur cérébral, voire d'hébétude mystique, que je ne suis pas sûr quant à moi de toujours partager, hormis les jours de grande canicule...

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Pépé Vignes à Montmartre

    Durant "tout l'été" (est-ce que cela comprend septembre? Mystère et boules de gomme...), une vingtaine de dessins de Joseph "Pépé" Vignes sont exposés sur le mur noir de la friperie du 57 bis, boulevard de Rochechouart, chez Antoine Gentil, en provenance des réserves de la Fabuloserie. Il y en a pour tous les goûts, autocar, voiture de course, instrument de musique, ballons de rugby, steamer, etc., et toujours le tout réalisé aux crayons de couleur, et plus rarement, aux feutres.

Joseph Vignes dans sa cuisine, photo Bourbonnais.jpg

Expo Joseph Vignes au 57 bis bvd de rochechouart.jpg

Carte postale éditée par Gentil, recto et verso.

 

    J'aime profondément Pépé Vignes, ce fils de tonnelier catalan français (d'Elne), qui nous donna si généreusement sa poésie tendre et candide, inversement proportionnelle aux moyens techniques dont il disposait, et peut-être en raison de ces moyens limités, qui lui suffisaient, la preuve... Les prix de ses dessins restent accessibles, le marché ne s'étant pas encore jeté dessus. Question de mode sans doute, tant le marché paraît le reflet des lubies de quelques gros marchands et collectionneurs.

Joseph Pépé Vignes, sans titre (instrument à cordes), 43x37cm, 1975 (2).jpg

Joseph "Pépé" Vignes, sans titre (un instrument à cordes), crayons de couleur sur papier fixé sur carton enveloppé de papier kraft, 43x37 cm,1975 ; Ph. et coll. Bruno Montpied.

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Remy et Bruno migrent sur Radio-Aligre

     La communication continue, orchestrée par nous-mêmes, les auteurs du livre Eloge des jardins anarchiques et du film Bricoleurs de Paradis (le Gazouillis des éléphants) sur les inconnus de l'art, les créateurs excentriques invisibles, qui pondent comme les poules, sans se préoccuper pour qui elles pondent. Si on ne le fait pas soi-même, hormis quelques revues qui font encore leur travail d'information de manière désintéressée, qui le fera?

Note Lefur Artension 107.jpg

Note de lecture par Patrick Lefur dans Artension n°107, mai-juin 2011

 

     En tout cas, pas ceux que l'on aurait imaginés au départ plutôt concernés, n'est-ce pas, les enfants du bac à sable, qui n'aimez pas qu'on partage les seaux et les pelles, les joujoux que vous vous croyiez les seuls à avoir le droit de manipuler (citons, pour ne pas vitupérer dans le vide, par exemple les blogs de messieurs Ryczko, Chesné et de miss Vague Ulla)? Non content de ne pas en parler, d'ailleurs certain d'entre eux, le nommé Ryczko encore lui, nous reproche même de "claironner" notre info sur notre propre blog, démasquant là son désir secret, qui doit être de nous voir bien correctement réduit au silence, eh bien, désolé Joseph...

 

Ryczko, vers 93.jpgJoseph Ryczko, du temps qu'il cherchait le retour de l'archaïsme dans l'art contemporain (ou un truc dans le genre)... La belle trouvaille! Et quelle profonde inspiration pleine d'originalité...En fait, Ryczko, c'est l'inventeur de la Tête à Toto appliquée à l'art dit singulier ; (image extraite du catalogue du musée de la Création Franche)

         Telle n'est pas ma position, je partage l'info (et d'abord sur le blog, l'info que j'aime bien sûr, ce blog n'est pas un bulletin exhaustif de news d'art brut ), et pas seulement celle qui me concerne -bien évidemment! (Comme on le constatera en lisant mes archives ici présentes)- mais aussi celle qui me concerne, n'en déplaise aux pisseurs de fiel style friches de l'art ou petite âme errante. L'Eloge des jardins anarchiques a été conçu entre autres raisons dans l'idée d'élargir le cercle des individus qui peuvent se sentir concernés par cette création sans vénalité, sans arrivisme, sans autre ambition que de mettre de la surprise et de l'ingénuité dans le monde qui nous entoure, et de l'expression de soi sans alignement sur une quelconque conformité. Elargir le cercle et faire enrager les soi-disants spécialistes (rappelons qu'en argot un spécialiste c'est un tueur).

 

bac_sable_vario.jpg

 

      Remy Ricordeau et Bruno Montpied passent demain lundi entre 19h30 et 21h sur Radio-Aligre, dans l'émission Songs of Praise (93.1 FM Paris / Région Parisienne, puis ça sera en chargement sur le site de l'émission dans la semaine (donc captable du monde entier... Eh, Joseph c'est pas du clairon, ça?): http://songsofpraise.hautetfort.com/

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Où trouver ”Eloge des Jardins anarchiques”? Liste des points de vente

     Voici la liste des points de vente telle qu'elle pouvait être établie en mai (plutôt vers le début de ce mois). J'ai essayé de situer les librairies quand j'avais le temps... La liste n'est probablement pas exhaustive, le diffuseur (Court-Circuit diffusion) ayant probablement trouvé d'autres librairies entre temps, mais en l'état, elle peut tout de même être utile, je pense. Il se peut également que certains points de vente mentionnés ci-après n'aient déjà plus de livres. Il ne faut pas hésiter dans ce cas à passer commande à votre libraire (ceci étant valable aussi dans n'importe quel lieu ne figurant pas dans cette liste ; le diffuseur s'engage à honorer toutes les commandes que lui feront les librairies où que ce soit).

Paris: 

Librairie de la Halle Saint-Pierre, rue Ronsard (18e ardt), L’Arbre à lettres dans les 3e, 5e, 12e, 13e ardts, L’Alinéa, L’Appel du livre, L’Attrape-Cœurs (18e), L’Atelier 9, L’Atelier (20e), Atout-Livre (12e), Librairie des Batignolles (17e), Les Buveurs d’encre, Le Cabanon, Le Merle Moqueur (20e), Chapitre.com, Le Comptoir des Mots, Compagnie (5e), Dédale (5e), Le Divan (15e), L’Ecume des pages (6e), La Friche (11e), Librairie des Gâtines, Le Genre Urbain, Gibert Joseph (Bd St-Michel, 6e), Les Guetteurs de vent (11e), L’Harmattan (5e), La Hune (6e), L’Humeur vagabonde (18e), L’Iris noir (11e), Les Jardins d’Olivier (rue Gay-Lussac, 5e), Libralire (11e), Le Livre Ecarlate, Libre Ere, Matière à lire, La Maison Rustique (6e), Le Merle Moqueur (20e), MK DVD Loire (19e), Le 104 (19e), Le Monte-en-l’Air (20e), Libraire du Musée du Louvre/RMN (1er), Les Oiseaux Rares (13e), Page 189, Parallèles (1er), Librairie du Parc/Actes Sud (La Villette, 19e), Flammarion Centre Pompidou (1er), Publico (11e), Quilombo (11e), Un Regard Moderne (5e), SFL Danton (6e), Librairie Jean Touzot, Tropiques, Tschann (6e), Vendredi (9e), La 25e Heure (5e), Equipages (20e), Le Flâneur des deux rives (6e), La lucarne des écrivains (19e), Comme un roman, Le 104 (19e), La FNAC

Couronne de Paris

78 (Yvelines) : Le Livre Bleu, Versailles, 92 (Hauts-de-Seine): Au Grillon, Nanterre, 93 (Seine St-Denis): Folies d’Encre, Montreuil ; Folies d’Encre-Liberté sur parole, St-Ouen ; La Malle aux histoires, Pantin ; Les Mots Passants, Aubervilliers ; SFL Alizé, St-Denis ; La Traverse, La Courneuve (centre-ville),  94 (Val de Marne): L’envie de lire, rue Gabriel Péri, IvryGénérale Libr’Est, Charenton-Le Pont ; Gibert Joseph, Vitry ; Millepages, Vincennes.

Régions

06 (Alpes-Maritimes): Librairie Jean Jaurés, Nice ; Librairie Masséna, Nice.

10 (Aube): Les Passeurs de textes, Troyes.

11 (Aude): Mots et Cie, Carcassonne.

12 (Aveyron): Musée des Arts Buissonniers, Saint-Sever-du-Moustier.

13 (Bouches-du-Rhône):  Bouquinerie des 5 avenues, bd de la Libération, Marseille ; Gibert Joseph, Marseille ; Le Greffier de St-Yves, rue Venture, Marseille (1er ardt) ;  Le Lièvre de Mars, rue des 3 Mages, Marseille ; Maupetit (éd. Actes Sud), Bd de la Canebière, Marseille ; L’Odeur du Temps, Marseille ; Librairie Vents du sud, Aix-en-Provence ; Libraire de l’Université, Aix-en-Provence ; Librairie La Provence, Aix-en-Provence ; Goulard, Aix-en-Provence.

14 (Calvados): Brouillon de culture/L’Université, Caen ; Euréka street, place de la république, Caen.

16 (Charente):  Librairie MCL, Angoulême.

17 (Charente-Maritime): Les Saisons, La Rochelle.

22 (Côtes d’Armor):  Gwalarn, Lannion ; Mots et Images, Guingamp ; Centre Leclerc, Plérin.

23 (Creuse): Maison de la Pierre, à Masgot (commune de Fransèches), hameau du sculpteur François Michaud.

24 (Dordogne): Marbot, Périgueux.

25 (Doubs): Camponovo, Besançon ; Les Sandales d’Empédocle, Besançon.

26 (Drôme): Le Bazar des Mots, Hauterives.

29 (Finistère): Caplan and Co, près de Morlaix, à Poul Rodou par Guimaëc ; La Petite Librairie, rue Danton, Brest ; Daniel Roignant, bouquiniste, Brest.

30 (Gard): Sauramps en Cévennes, place St-Jean, Alès.

31 (Haute-Garonne): Castela, Toulouse ; Gibert Joseph, Toulouse ; Ombres blanches, Toulouse ; Privat, Toulouse ; Terra Nova, Toulouse.

33 (Gironde): La Machine à lire,  Bordeaux ;  La Mauvaise Réputation, Bordeaux ; Mollat, Bordeaux) ;  Librairie du Muguet, Bordeaux.

34 (Hérault): Gibert Joseph, Montpellier ; Le Grain des Mots, bd du Jeu de Paume, Montpellier ; Sauramps, Montpellier.

35 (Ille-et-Vilaine): Le chercheur d’art, 1, rue Hoche, Rennes ; La Cour des Miracles, rue Penhoët, Rennes ; Forum du Livre, Rennes ; Librairie Le Failler, Rennes.

38 (Isère): Lucioles, Vienne ; Le Square Librairie de l’Université, Grenoble ; Association Antigone, Grenoble.

39 (Jura): Jacques, Dôle.

42 (Loire):  Lune et l’Autre librairie, St-Etienne ; Librairie de Paris, St-Etienne).

44 (Loire-Atlantique): Coiffard, Nantes ; Durance, Nantes ; Vent d’Ouest Lieu unique, Nantes ; Boutique Bientôt, Nantes ; La voix au chapitre, St-Nazaire.

45 (Loiret): Les Temps Modernes, Orléans.

46 (Lot): Régis Benatré, Biars-sur-Céré.

49 (Maine-et-Loire): Contact, Angers ; Les Nuits bleues, rue Maillé, Angers. 

53 (Mayenne): Livres compagnie/chapitre, Laval ; Libraire du musée d'art naïf du Vieux-Château, Laval. 

54 (Meurthe-et-Moselle): L’Autre rive,Nancy ; Hall du Livre/Privat, Nancy.

57 (Moselle): Hisler even, Metz.

59 (Nord): Le Bateau-Livre, rue Gambetta, Lille ; Le Furet du Nord, Lille ; La Boutique du Lieu (musée du LaM, musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut de Villeneuve-d’Ascq) ; L’Harmattan/Les Alizés, Lille ; Librairie Meura, Lille.

64 (Pyrénées-Atlantique):  L’Alinéa, Bayonne ; Mattin Megadenda/Librairie Elkar, Bayonne. 

66 (Pyrénées-Orientales): Torcatis, Perpignan.

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La canne populaire, le sceptre du pauvre

    

Canne Edouard et Mme Bloch, expo sur les cannes populaires par Laurence Jantzen, Le louvre des Antiquaires, 2008.jpg
Deux cannes "probablement d'Europe Centrale", selon le catalogue Les cannes d'art populaire en Europe du XVIIe au XXe siècle par Laurence Jantzen

     Dans le foisonnement des productions d'art rustique, la canne a toujours eu une place de choix. C'est un support de rêve pour les moments de patience et de délassement des paysans, bergers, ou chemineaux et autres petits tailleurs de bois qu'on appelle à certains endroits (en Haute-Loire par exemple) les "tziapuzaïres" (les faiseurs de copeaux). Comme par hasard aussi, du fait que les cannes recevaient ainsi les hommages de sculpteurs improvisés et improvisateurs qui n'étaient pas dans une posture utilitariste (ouvrager une canne d'inscriptions, de proclamations, de figures adulées, humaines ou animales, de figures grotesques, érotiques, voire parfois scatologiques, à quoi cela sert-il?), les résultats ont été dans l'art populaire proches de ce que l'on a appelé l'art brut à partir des années 50. Du reste, dans les collections d'art brut, on trouve nombre de sculpteurs sur bois dont les oeuvres s'apparentent aux cannes les plus torturées qu'on rencontre dans l'art populaire rustique. On trouve des cannes sculptées même dans la collection de l'art brut à Lausanne. Qu'est devenue dans cette collection l'oeuvre de Xavier Parguey en particulier (voir article de Michèle Edelmann dans le fascicule n°5 de la Compagnie de l'Art Brut en 1965), dont certaines pièces étaient aussi autrefois signalées dans les collections des ATP?

Canne d'art brut, Xavier Parguey, fasc. 5 de la Compagnie d'Art Brut, 1965.jpg
Xavier Parguey, poignée de canne sculptée, collection de l'Art brut, extraite du fascicule 5 de la compagnie de l'Art brut (1965)
Cannes populaires,le catalogue de l'exposition 2008 par Laurence Jantzen.jpg

      Pour se convaincre davantage des parallèlismes et des différences entre art populaire et art brut relativement aux cannes sculptées, voici une belle occasion à ne pas manquer là encore, une extraordinaire exposition organisée par la galerie Laurence Jantzen (spécialiste des cannes de toutes appartenances, du pauvre au riche) au Louvre des Antiquaires. 232 cannes magnifiques vous y attendent jusqu'au 15 novembre 2008 (plus que quinze jours...). Ainsi qu'un catalogue édité à la clé (quoiqu'à un prix légèrement excessif: dans les 70€ pour 190 pages richement illustrées certes, mais le prix reste tout de même peu "populaire"...). On ne sait pas où donner de la tête tant l'accumulation de ces cannes seules éclairées au milieu d'une salle toute noire donne le vertige et crée un climat propice à l'hallucination.Canne en buis, XIXe, exposition les cannes populaires d'Europe, catalogue de L.Jantzen.jpg Les cannes sont exposées selon des thématiques, cannes à contenu religieux, cannes érotico-scatologiques, cannes militaires, historiques et politiques, animalières, etc... On y trouve des cannes populaires en majorité, mais aussi des cannes dues à des auteurs contemporains (notamment P.Damiean), nettement plus sophistiquées même si elles restent fascinantes elles aussi.

      Les cannes, taillées dans un seul morceau de bois ("monoxyles"), je ne peux me défendre de les considérer tels des sceptres pour rois de la dèche. Je connaissais déjà des trônes sculptés ironiquement par des artisans à leur propre usage, je m'aperçois qu'ils avaient aussi des sceptres. Tel apparaît ainsi ce Joseph Cruciani, dit "le grand Joseph", excentrique corse que la carte postale ancienne a fait connaître des amateurs d'art insolite (voir la collection de Jean-Michel Chesné que j'évoque dans ma note du 8 juin 2008), se tenant fièrement debout une haute canne sculptée à la main et le poitrail bardé de décorations probablement fantaisistes, fabricotées à son propre usage fantasmatique.Joseph Cruciani, sa canne sculptée, ses décorations, carte postale début XXe siècl.jpg La carte postale en question est reproduite en agrandissement dans l'exposition du Louvre des Antiquaires, et surtout on peut admirer juste à côté deux cannes originales de Joseph Cruciani, dont l'une paraît être celle que l'on voit sur la carte postale (le catalogue reproduit les deux cannes avec des détails et des commentaires).Canne de Joseph Cruciani,vers 1900, catalogue Les cannes populaires par L.Jantzen, 2008.jpg

     Les cannes ressemblent à des sceptres, et elles sont chargées parfois aussi de concentrer tout le long de leur fût les symboles ou les objets représentatifs d'une vie entière, ou d'un événement fondamental (une guerre par exemple). Ces microcosmes faits de saynétes ou évocations diverses empilées dans un espace restreint donnent là encore une sensation de vertige. Leurs auteurs les trimballaient avec eux tout au long des jours, insignes de leur destin promenés au long de leur vie quotidienne. 

Ensemble de cannes populaires, catalogue de l'exposition sur les cannes sculptées au Louvre des Antiquaires 2008.jpg
Ensemble de cannes sculptées, extraites du catalogue de Laurence Jantzen
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MERCI A PHILIPPE LALANE pour l'information...!

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Quatre personnages de pierre volcanique (enfin... trois seulement)

      Ça y est, se dit le lecteur de ce blog, le sciapode commence à voir des Barbus Müller/Rabany partout? Non, non, rassurez-vous, les quatre personnages ci-dessous, dont un correspondant clermontois (tiens, tiens, en Auvergne, là aussi, comme Antoine Rabany, autrefois (au début du XXe siècle) à Chambon sur Lac), m'a envoyé récemment la photo, n'ont absolument rien à voir avec les fameux Barbus rabanesques. Qu'on s'en avise plutôt:

 

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Quatre sculptures trouvées à Clermont-Ferrand par un antiquaire ; la plus claire ne paraît pas de la même roche que les autres, à l'évidence.

 

      Comment résister aux interprétations qui  se pressent en l'imagination, suscitées par nos mémoires saturées de références, devant de telles œuvres anonymes (aucune marque, sur ou sous ces pierres, à ce qu'il paraît)? On est bien souvent tenté de les croire venues d'un autre âge, l'âge de pierre, l'âge de l'archaïsme, peut-être même de régions de la Terre bien loin de nos contrées, et pourquoi pas l'Extrême-Orient? Ils tirent en tout cas vers un certain réalisme, ils ont des corps quasi complets, des vêtements (jusqu'à des cravates?), des attributs pileux marqués, un air de venir, au final, non loin de chez nous tout de même, et d'époques pas si lointaines.

    Car les collectionneurs n'admettent pas toujours qu'ils puissent avoir affaire à un autodidacte qui habite près de chez eux, un Primitif que nous préférons ignorer, passer sous silence, parce que ce qualificatif se doit de rester applicable à un être exotique, ravalé à un être primaire, pas aussi développé intellectuellement et culturellement parlant que l'individu occidental. Et pourtant, des oeuvres stylisées de ce genre, avec l'art brut et l'art populaire, nous savons qu'il en existe, qu'il en a existé en nombre, les sculptures d'Antoine Rabany, de François Michaud dans la Creuse – de Joseph Barbiero (1901-1992) lui-même qui vivait il n'y a pas si longtemps, durant le dernier siècle, en banlieue de Clermont, et que l'on a classé dans l'art brut – étant là pour nous en fournir des exemples.

 

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Sculptures de Joseph Barbiero prises dans l'escalier de sa maison à Beaumont (Puy-de-Dôme), ph. Bruno Montpied, 1990 ; le style était plus détaché de la perception rétinienne, on dérivait avec lui vers une figuration de plus en plus réinventée, donc bien éloignée de celle à l'œuvre chez l'auteur des quatre personnages en photo au début de cette note.

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François Michaud, mascaron au-dessus d'une fenêtre de sa 1ère maison à Masgot (Creuse), ph. B.M., 2013.

 

     Cela posé, je n'empêche personne de nous adresser des remarques si les quatre sculptures de la première image mise en ligne ci-dessus éveillent quelque écho pouvant faire progresser la connaissance de ces personnages. L'antiquaire qui les possède et moi-même en serions ravis.

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Des jardins anarchiques aux étudiants en architecture de Belleville

    Suite de la tournée de présentation du livre et du film dont je vous abreuve sur ce blog depuis un certain temps, aura lieu vendredi 21 octobre, à la fin de cette semaine, une nouvelle séance de présentation à 19h à l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Paris Belleville (60, bd de la Villette, 19e), avec mézigue et Remy Ricordeau.

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    Ce sera peut-être, entre autres, l'occasion de relever ce qui, outre les habitats plus purement paysagistes, relèverait plus précisément de l'architecture dans les environnements évoqués dans le livre et le film. Dans une liste provisoire, je citerais ici le jardin de colonnades d'objets récupérés (ou réemployés comme on dit aujourd'hui de façon plus neutre) de Bohdan Litnianski, la maison de Mme C. (dont on voit un détail sur l'affiche ci-dessus de la manifestation dont je vous cause), la Tour Eiffel de M. Henri Travert, l'habitat troglodytique de Bernard Roux, le Palais Idéal de Cheval, la maison de Monsieur G., le Jardin de Nous Deux de Pauline et Charles Billy, les cabanes du meunier Debord, l'Eglise vivante et Parlante du curé Paysant, le petit musée privé de la famille Montégudet, la fantaisie médiévale de Joseph Meyer, sans compter les fresquistes en mosaïque ou peinture qui recouvrent leurs maisons d'une prolifération de décors colorés.

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Tour Travert dans le Maine-et-Loire, ph. Bruno Montpied, 2003

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Pépé Vignes joue sûrement de l'accordéon au paradis

    Il me semble que personne n'en a parlé (*), mais Pépé Vignes s'en est allé. et cela fait déjà quelques mois cette année, cette année qui meurt à son tour... Nous ne savions plus grand-chose de lui depuis bien longtemps, tant il était protégé de ses admirateurs par ce qui lui restait de famille. Il serait temps de songer à repartir à sa recherche. Voici une première trace ci-dessous. 

art brut,pépé vignes

Pépé Vignes, sans titre, crayons de couleur sur papier Canson, 1976, coll.privée, Paris (ce qui pourrait ici ressembler aussi bien à un châlet suisse est en réalité un tonneau, normal pour un homme qui s'appelle Vignes...)
 
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(*): Personne? Pas tout à fait. En regardant mieux, j'ai trouvé que le site du musée de la Création Franche avait indiqué la date du décès de Joseph Vignes à la date de cette année... Un peu plus d'ampleur serait cependant souhaitable pour une telle nouvelle. Il n'y a pas que Julien Gracq qui mérite des hommages.
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Post-scriptum n°2: Personne? Ouh là là... Suite au commentaire de "fd" paru à la suite de cette note, j'ajoute qu'on doit signaler aussi le blog consacré à l'art singulier et à l'oeuvre de Jerzy Ruszczynki qui contient une notice sur Pépé Vignes enrichie de belles reproductions de ses oeuvres, notice où a été également signalée la date de décès de M.Vignes.

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Disparition de Jean-François Maurice, fondateur et animateur de ”Gazogène”

     J'ai appris le décès de Jean-François Maurice, l'animateur et fondateur de la revue Gazogène, et par ailleurs chercheur d'art populaire sous toutes ses coutures. Il est mort jeudi 6 mars, emporté par le sale crabe qui n'a pas de pinces d'or.

     Je n'avais plus de relations avec lui depuis 2002. Mais, je m'en souviens encore, nous avions auparavant collaboré (je lui avais donné quelques articles pour son Gazogène primitif, certains que nous avons co-édités, à l'égide de Gazogène et de l'Art Immédiat : un "Tour de France de quelques bricoles en plein air" et une "Promenade dans l'Art Populaire du Rouergue") et souvent échangé, entre 1988, année où il m'avait écrit suite à mes articles dans Artension, et donc 2002. Je me rappelle entre autres lui avoir fourni sur sa demande un exemplaire du célèbre bouquin de Verroust et Lacarrière, Les Inspirés du bord des routes, célèbre s'entend uniquement dans le micro-milieu des mordus de l'art brut et consorts. Nous nous intéressions tous deux fortement au sujet.

 

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Jean-François Maurice dans la merveilleuse machine à découvrir de l'art brut de l'Eco-musée de Cuzals, dans le Lot, photo Bruno Montpied (je crois bien inédite), 1991

 

 

    Malgré mes divergences de goût et d'accord avec lui (il était dubuffetolâtre alors que je me prosternais devant André Breton), je dois avant tout reconnaître et saluer, alors que ses traces pourraient risquer de s'évanouir –on oublie si vite les médiateurs– sa passion qui resta entière des années durant pour les créateurs de l'ombre, les vagabonds sans culture au pays de l'inspiration. Il a apporté sa pierre à l'édifice mémoriel où l'on conservera encore longtemps j'espère le souvenir de la poésie des sans-grade (car cette poésie est faite pour annoncer le triomphe de la créativité de tous dans nos sociétés, ne l'oublions pas, c'était le rêve auquel Jean-François Maurice, tout comme moi, nous croyions).

    S'il consacrait trop de temps à mon goût à divers plasticiens d'arrière-province, suiveurs sans grande originalité de la région du Lot, il restait fidèle à l'art populaire, à l'art brut et surtout aux environnements spontanés à la recherche desquels nous partîmes une fois en dérive de Limoges à l'Yonne dans l'espoir de voir si on pourrait en trouver par hasard (le butin fut maigre, et il profita plutôt du voyage pour m'emmener avec lui chez Jean-Joseph Sanfourche et  André Escard, l'ancien colonial reconverti en chasseur d'inspirés, personnages qui m'intéressaient personnellement beaucoup moins –tous sont décédés à présent, et moi-même comme dirait l'autre je ne me sens du coup plus très bien...).

 

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De gauche à droite, BM, Jean-Joseph Sanfourche et Jean-François Maurice, lors d'une visite à St-Léonard-de-Noblat, 1991, ph. (inédite là aussi), BM

 

 

     Je pense que son principal mérite avec Gazogène fut en vérité lorsqu'il l'axa en direction des collections de cartes postales anciennes, notamment celle de Jean-Michel Chesné, montrant des environnements peu connus du passé. Cette idée, je l'avais appliquée en illustrations de certains de mes articles sur des sites du passé (la Villa des Fleurs à Montbard, le Père Eternel à Trégastel par exemple).

     Les numéros spéciaux de Gazogène parus au cours de ces dernières années comptent certainement parmi les plus fertiles en découvertes de ce point de vue.

 

Gazogène n°32 couv.jpg

 

      Cependant, que ses proches me pardonnent une dernière remarque : j'apprends qu'une "cérémonie religieuse" sera observée en l'église de son village de Belaye. Or, Jean-François Maurice ne se proclamait-il pas libertaire? Qu'est-ce que cette cérémonie vient faire là dans ce cas?

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