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Rechercher : cartes postales

Les amis de l'oeuvre de l'abbé Fouré au Sémaphore de la Pointe du Grouin

     Joëlle Jouneau et son Association des Amis de l'Œuvre de l'abbé Fouré remettent le couvert pour une expo du 10 au 24 août à Rothéneuf (dans la salle de quartier) sur le cher Ermite (pas si ermite que ça puisqu'il avait une bonne, a-t-on appris grâce au livre de Jean Jéhan...). C'est le prolongement de l'expo de décembre 2010 dont j'avais parlé et que peu de monde avait pu aller voir. Elle est en outre complétée d'une présentation de la Côte d'Emeraude à la Belle Epoque. Espérons que comme en décembre dernier, à cette occasion on puisse voir surgir d'on ne sait quel placard quelque petite oeuvre d'Adofe-Julien Fouré revenue faire un tour devant nos yeux ébahis.

 

invitation expo aout 2011.jpg

 

    De plus Mme Jouneau m'apprend que l'association occupera le Sémaphore de la Pointe du Grouin, situé entre Rothéneuf et Cancale, non loin de St-Coulomb, de septembre à novembre. Qu'on se le dise, si l'on passe par là cet automne. Ce sera l'occasion pour ceux que la visite des rochers sculptés aurait laissés sur leur faim d'en apprendre un peu plus sur le sens de ces rochers qui n'ont que très peu à voir avec l'histoire de corsaires que les gérants du lieu véhiculent à leur propos depuis cent ans.

 

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Rochers sculptés de l'abbé Fouré, une vache, des généraux de la Guerre des Boers, ph Bruno Montpied, 2009

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Jeanne du Minihic (un type sculpté par l'abbé ici, la femme du marin qui attend le retour de son mari, les yeux anxieux fixés sur l'horizon) ; sculpture disparue aujourd'hui, carte postale Guérin, St-Malo, peut-être années 1910?

Et un rappel...:

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Dossier paru en janvier 2010 dans la revue L'Or aux 13 îles n°1 (Jean-Christophe Belotti, 7, rue de la Houzelle, 77250, Veneux-les-Sablons)

 

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06/08/2011 | Lien permanent

Postérité des environnements (3): Abbé Fouré, avant, après...

     Il est rare je trouve, lorsque d'aventure on s'intéresse aux rochers sculptés de l'ermite de Rothéneuf, de son vrai nom, Adofe-Julien Fouré (Fouéré pour l'état-civil, mais lui signait Fouré), de présenter parallèlement ce qu'il reste de ces rochers sculptés en bordure de mer avec ce qu'ils furent à l'origine. Cent années (depuis la mort de Fouré) séparent les vestiges actuels (car c'est le mot, des vestiges...) des pierres taillées du début du XXe siècle. L'usure, peut-être des vols, et/ou des descellements, les ruissellements, les lichens vérolant les formes de taches disgracieuses, toutes ces causes se sont liguées pour entamer le grand travail d'effacement de la roche rognonneuse péniblement amenée par l'abbé en seulement quinze ans (il habita Rothéneuf de 1894 à 1910) à l'état d'hallucinations figées. L'inconscient naturel reprend lentement ses droits sur l'inconscient humain.

Niche avec inscription H Cruce salus, carte postale ancienne, début XXe siècle.jpg
Niche avec l'inscription "H Cruce Salus" (prés du gisant de St-Budoc), début du XXe siècle, carte postale du temps
Niche Cruce Salus,photo Bruno Montpied, avr 10.jpg
La même en avril 2010... Ph. Bruno Montpied
Abbé Fouré, Gisant de St-Budoc,et panneau de l'Ermite et de l'avocat, Rothéneuf.jpg
Le gisant de St-Budoc, avec les sculptures fraîches de l'autel au-dessus de lui ; plus haut à droite, le panneau sculpté avec "l'Ermite" sculpté les bras écartés en signe d eprotection pour ses ouailles placées autour de lui ; au-dessus, "l'avocat de l'ermite" et Jeanne du Minihic
 
Autel de St-Budoc,vestiges 2010, ph Bruno Montpied.jpg
Ce qu'il reste en 2010 du décor sculpté autrefois par l'abbé Fouré pour l'autel de Saint-Budoc, quasiment plus rien..., ph. BM
Abbé Fouré, Mur de l'ermite de Rothéneuf et de son avocat, ph Bruno Montpied, 2010.jpg
Le panneau de l'Ermite protégeant ses ouailles... Dont il ne reste plus que quelques formes floues... Ph BM, 2010

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Un gouffre en plein ciel, le jardin de rocailles de St-Cyr au Mont d'Or

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Emile Damidot, posant devant une de ses chapelles pour une des cartes postales qu'il vendait aux touristes

 

     Samedi 16 avril à 16h à la Salle des Vieilles Tours (rue des Ecoles) à S-Cyr au Mont d'Or, je viendrai pour une conférence dans le but de situer le jardin de rocailles de l'Ermitage du Mont-Cindre, créé entre 1878 et 1913 par un ermite appelé "Frère François", alias Emile Damidot, dans le contexte plus large des rocailleurs et, surtout, des environnements spontanés bâtis par d'autres inspirés, qu'ils soient religieux, laïcs ou athées. Cette causerie sera illustrée d'une centaine de photographies et de cartes postales anciennes tirées de mes archives.

Conférence de B.Montpied : samedi 16 avril à 16h, salle des Vieilles Tours, Saint-Cyr au Mont d’Or. info@montcindre.fr / Tél : 06 32 39 94 73. Entrée 4 euros (ce tarif vise à aider les caisses de l'Association qui cherche à conserver et restaurer le jardin de rocailles d'Emile Damidot). Il y aura la possibilité ce jour-là de visiter l'ermitage et son jardin de 14h à 15h30 OU de 17h30 à 18h30, c'est-à-dire, avant ou après ma conférence.

*

    Afin de documenter les lecteurs sur ce jardin de rocailles, je mets en ligne ci-dessous la notice sur le jardin d'Emile Damidot qui figure dans le tapuscrit de mon prochain ouvrage sur les environnements d'autodidactes populaires , ouvrage actuellement en projet d'édition : 

"Emile Damidot, dit « Frère François » (?-1913), jardin de rocailles de l'Ermitage du Mont-Cindre, Saint-Cyr-au-Mont-d’Or. Non visitable en dehors de journées exceptionnelles de visite du patrimoine. A l’époque de mon passage, plusieurs chapelles en rocaille étaient en réfection sous des coffrages en tôle ondulée. L’entrée était étayée, et on ne pouvait accéder au belvédère à cause de la fragilisation des structures.

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Vue sur le jardin de rocaille et son belvédère depuis le bas, ph. Bruno Montpied, 2014

 

Ce frère François, installé après tant d’autres dans l’ermitage du Mt-Cindre[1], d’où l’on embrasse un vaste paysage avec vue imprenable sur la métropole de Lyon, fit des aménagements considérables durant son séjour de 1878, date de son arrivée à l’ermitage, jusqu’en 1910[2], à la fois sans doute pour des raisons d’édification religieuse, mais aussi probablement pour s’occuper. Il recourut surtout à l’art de la rocaille qui, importé d’Italie, visait l’imitation de la nature par un usage du ciment en trompe l’œil. On réalisa, essentiellement au XIXe siècle, dans maints jardins privés et parcs publics, des balustrades en faux rondins ou de fausses grottes.

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Par delà le paysage de rocaille, on aperçoit à l’horizon la ville de Lyon que domine le Mont-Cindre, ph. B.M., 2014

Par-dessus une grotte, créée auparavant par un confrère appelé Grataloup, il bâtit un belvédère en ciment de 12 mètres de haut. Amassant des pierres sur les chemins environnants, se servant de parties rocheuses qui avaient été à une époque plus ancienne une petite carrière, il maçonna et bâtit, par-dessus une multitude de faux rochers, des petites chapelles dédiées à des figures vénérées qu’il peupla de statues, apparemment[3], d’allure  saint-sulpicienne, Jeanne d’Arc, le Christ, François d’Assise, le curé d’Ars, etc. Trois croix dans un angle étaient chargées de figurer le site du Golgotha.

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Le belvédère au sommet du jardin de rocailles de l'Ermitage du Mt-Cindre, ph. B.M., 2014

 

Un chemin de prières fut également dessiné parmi des fleurs et toutes sortes de plantes qui constituaient de fait un jardin botanique qui disparut malheureusement par la suite. « Lavandes, mélisses et romarins, mêlant leur parfum aux roses, lys blancs, hémérocalles et iris émergeaint d’un tapis de pervenches, fraises des bois ou lierre rampant. Les buis et les lauriers forment maintenant des touffes imposantes » (Marie-Chantal Pralus). Plusieurs cartes postales furent éditées, popularisant grandement le lieu. C’était alors un moyen de diffusion à la portée de l’homme du commun soucieux de sa publicité, à une époque où il y avait très peu d’autres média[4].

L’aspect quelque peu foisonnant, baroque et naïf, la technique illusionniste de la rocaille, avec ses effets faussement naturels mêlée à de véritables végétalisations, méritent d'être associés à d'autres types d'environnements d'autodidactes qui parfois en procèdent également. Lorsque l’on se trouve plongé dans ce décor semblable à celui d’un théâtre en plein air, on se sent submergé par l’aspect fantastique du lieu, assez proche d’une gorge ou d’un gouffre en réduction (et on oublie bien vite les surdéterminations religieuses qui présidèrent à sa constitution). C’est d’autant plus renversant que, paradoxalement, ce « gouffre » est placé au sommet d’un mont dans un beau défi à la logique géographique."

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Le jardin de rocailles en cours de (laborieuse) restauration ; on note la rupture de style frappante entre le bourgeonnement rocailleux et la chapelle voisine, ph. B.M., 2014

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[1] Sa fondation officielle remonterait à 1341.

[2] Au même moment se bâtit dans la Drôme, non loin de là, le Palais Idéal du Facteur Cheval et se sculptent sur la côte de Rothéneuf les rochers à figures de l’abbé Fouré. Le curé Paysant dans l’Orne à Mesnil-Gondouin décore pour sa part les murs intérieurs et extérieurs de son église jusque vers 1920.

[3] J’écris « apparemment » parce qu’elles ont disparu, soit volées, soit détruites à la suite du vandalisme ou des intempéries. 

[4] Ce que comprirent aussi de leur côté l’abbé Fouré (en Bretagne), le curé Paysant (en Normandie), ou le Facteur Cheval (Rhône-Alpes).

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Vœux (vaches) 2020

voeux humour noir victorien, 2020.jpg

Carte de vœux victorienne (trouvée sur le site web La Boîte verte)

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Du CrAB et des environnements spontanés

(Cette note a reçu deux mises à jour)

     Deux membres du CrAB (Centre de recherche autour de l'Art Brut), Roberta Trapani et Déborah Couette, paraissent s'intéresser aux environnements des autodidactes, populaires (Fouré, Cheval, Picassiette, Litnianski, Taugourdeau, Chatelain, etc.), ou non, sans opérer de distinction  avec les créateurs de sites plus "artistes" (ce qui n'est pas ma tasse de thé, comme je l'ai déjà plusieurs fois exprimé). A l'occasion en effet elles paraissent mettre l'accent aussi sur des sites d'artistes alternatifs (tels Jean Linard, ou Robert Tatin, ou Warminski, ou Chomo, etc.), ce qui pourrait avoir un sens si ces artistes alternatifs étaient présentés nettement à part (sans délirer non plus outre mesure sur leurs talents respectifs). 

    Que veulent-elles faire exactement, c'est peut-être – avant de les juger trop vite (faut dire, commencer par la défense du site de Jean Linard, ce ne serait pas le plus fascinant des choix, ça a un petit goût contre-culture résurgente qui peut donner l'impression qu'on veut ressusciter ces vieux babas-cools des années 70 qui furent aussi en même temps des récupérateurs du vrai art inspiré des bord des routes, créé lui par des gens infiniment plus modestes et infiniment moins m'as-tu-vu)– c'est le moment d'aller les écouter quand elles vont se présenter, en compagnie de Vincent Capt qui s'intéresse surtout par ailleurs aux écrits bruts et autres, dans le cadre de l'expo Marcel Storr, au Pavillon Carré de Baudouin, le jeudi 8 mars prochain, à 15h (oui, c'est pas un horaire pour ceusses qui ont des obligations salariées, ça, on n'a visiblement pas songé à eux...). Voici ci-dessous quelques précisions ultimes transmises par le service communication de la Mairie du XXe ardt:

"Murs, (an)architectures et villes utopiques

Carte blanche au CrAB pour une série d'interventions sur l’art brut et l'architecture fantastique animée par Laurent Danchin:

-Vincent Capt (Université de Lausanne/Université Paris VIII) analysera différents types de murs transfigurés par l’utilisation de diverses écritures.

-Déborah Couette (Université Paris I) abordera des œuvres picturales d’art brut qui figurent des architectures et des utopies urbanistiques.

-Roberta Trapani (Université de Palerme/Université Paris X) évoquera des œuvres monumentales - installations ou architectures insolites réalisées par des autodidactes excentriques - en présentant un projet italien inédit sur l'art spontané in situ, Bâtisseurs de Babel de l’anthropologue Gabriele Mina.

Pour finir, le collectif présentera L'invention rustique, documentaire réalisé en décembre 2011 par Jean-Michel Chesné, collectionneur de cartes postales d’anciens environnements insolites."
Pavillon Carré de Baudouin
, 121 rue de Ménilmontant, 75020, Paris.
Tél. 01 58 53 55 40. Accès : M° Gambetta (Lignes 3 et 3 Bis) ou bus 26 et 96 (Arrêt Pyrénées/Ménilmontant). Horaires d’ouverture au public : du mardi au samedi de 11h à 18h (sauf jours fériés).

(ENTRÉE LIBRE dans la limite des places disponibles)

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”Le Gazouillis des éléphants”, premier inventaire des environnements populaires spontanés en France, par Bruno Montpied,

      Trente-cinq ans que je le méditais cet inventaire... Longtemps, je me suis dit que je n'y arriverais jamais. Et puis un soir... A la Maison de Victor Hugo, j'ai fait une rencontre, j'ai fait connaissance avec le responsable des éditions du Sandre, Guillaume Zorgbibe, qui accompagnait un vieux camarade à moi, Joël Gayraud. Guillaume éditait alors la revue de Marco Martella, Jardins, qui cessa malheureusement après six numéros. Martella m'avait invité à publier un article pour son n°2. Par la suite j'en fis un autre dans le n°5. Bref, les Editions  du Sandre, c'était donc déjà mon éditeur... Je le signalai en souriant à l'ami Guillaume. Il me semble qu'il m'a regardé avec curiosité, mais peut-être mon souvenir enjolive, mythifie ce qui s'est réellement passé ce soir-là. Ce fut le début de notre collaboration plus étroite autour d'un projet qui m'était cher depuis longtemps, faire l'inventaire des environnements spontanés français...

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Après Eloge des jardins anarchiques en 2011...

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Andrée Acézat, oublier le passé, en 2015...

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Marcel Vinsard, l'homme aux mille modèles, en 2016...

 

Voici donc :

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Le Gazouillis des éléphants, tentative d'inventaire général des environnements spontanés et chimériques créés en France par des autodidactes populaires, bruts, naïfs, etc., éditions du Sandre, novembre 2017.

 

     Ce projet d'inventaire des environnements populaires spontanés français (= "inspirés des bords de  routes", "habitants-paysagistes", "bâtisseurs de l'imaginaire"...) me trottait dans la tête depuis des décennies. Chaque fois que je commençais à accélérer dans l'idée de le finaliser en m'y mettant sérieusement, un livre sortait sur la question, parcellaire, toujours insuffisant à mon avis (par exemple le Bonjour aux promeneurs d'Olivier Thiébaut chez Alternatives en 1996), ou mixé de façon peu judicieuse (mais commerciale!) avec des sujets insolites plats  (par exemple Le Guide de la France insolite de Claude Arz chez Hachette en 1990, où le sujet était mêlé à l'évocation de lieux hantés, de trésors cachés, de musées de l'épicerie, de la sorcellerie de bazar...).

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Le Gazouillis présent à l'étalage du stand de la Halle St-Pierre à la dernière Outsider Art Fair, du 19 au 22 octobre dernier, où il fit une apparition temporaire en avant-première... pour une dédicace.

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Le Gazouillis ouvert sur une notice consacrée à Denise Chalvet en Lozère. Ph. B.M.

 

     En rassemblant tous les sites recensés dans les différents ouvrages d'un certain volume traitant de la question, il me semblait toujours qu'on ne dépassait pas la centaine de créateurs environ, tout compris, dispersés qui plus est sur plusieurs ouvrages distincts publiés à des années de distance. En outre, les découvertes se renouvelaient fort lentement (je ne veux pas jeter la pierre à Claude et Clovis Prévost, mais au fil des années, ils ne nous ont parlé que des mêmes 15 créateurs, dont certains, comme Chomo, Tatin ou Garcet étaient plutôt des artistes singuliers et marginaux que des créateurs totalement hors système des Beaux-arts). Dans Eloge des Jardins anarchiques, moi-même, je n'évoquais qu'une cinquantaine de sites (dont plusieurs avec une seule photo).

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Couverture de Jardins n°5, 2014 ; avec un texte de Bruno Montpied sur la Mare au Poivre d'Alexis Le Breton (Morbihan)

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Alexis Le Breton, dans son arboretum de La Mare au Poivre, Locqueltas, ph. Bruno Montpied, 2010.

 

       Ainsi, si l'on voulait se faire une idée de l'ensemble des sites qui avaient existé, existaient encore, ou étaient en train d'apparaître, l'information était éclatée, parfois dans des publications devenues très difficiles de se procurer, uniquement consultables pour beaucoup en bibliothèque, ou bien se trouvait sur des cartes postales anciennes rarement rassemblées en un livre unique (la collection de cartes postales sur les Inspirés de Jean-Michel Chesné, si elle fut dévoilée dans la défunte revue Gazogène de Jean-François Maurice, ne paraît l'avoir été que de façon fragmentaire et, là aussi, éclatée sur les différents numéros ; de plus ce rassemblement de documents anciens, séparé d'un rassemblement plus général qui aurait montré la continuité des sites présents sur les cartes postales, donnait une impression tronquée du phénomène). Ces cartes postales anciennes (en l'occurrence, venues de ma propre collection), il me semblait nécessaire – c'est une autre caractéristique importante de mon inventaire - de les associer dans mon livre à une iconographie en couleur illustrant les mêmes sites conservés jusqu'à l'époque présente, ainsi, bien sûr, que des sites nettement plus récents. D'une manière  immédiate, devant ce noir et blanc confronté à la couleur, le lecteur comprend que les environnements existent depuis bien avant le Palais Idéal du Facteur Cheval (commencé en 1879) et se poursuivent aujourd'hui...

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Bas-relief de Louis Licois, daté de 1843, toujours présent sur la façade d'une maison à Baugé (Maine-et-Loire), Photo B.M., extraite du Gazouillis, 2009.

 

       J'ai longtemps déploré dans mes débuts de recherche de ne pas trouver une ressource qui me permettrait d'avoir la liste complète des lieux existants ! C'est une question qui m'a souvent été posée au cours des débats que j'ai pu faire à la suite de la sortie d'Eloge des jardins anarchiques : comment faites-vous pour trouver ces sites? Pour aller voir ces sites étonnants, c'est un truisme,  il faut d'abord apprendre qu'ils existent, et trouver l'endroit où on les évoque. Ce sont des lieux privés, où il y a une exhibition certes, mais qui restent des lieux privés, des habitats  supposant une approche discrète et respectueuse des habitants. Dans les années 1980, années où j'ai commencé ma quête, il n'y avait bien sûr pas d'annuaire des inspirés! Ce dernier n'est d'ailleurs pas souhaitable. J'ai patiemment cherché, sans me presser (cette lenteur m'a toujours paru essentielle ; aujourd'hui les nouveaux venus dans ce genre de recherche, habitués à tout trouver très vite sur internet, sont trop pressés...), accumulant des fiches, des références... Une bibliographie condensée et fournie, commencée dans Eloge des JA, et légèrement augmentée dans mon nouveau livre, fait office à mes yeux de premier signe de pistes... Il n'est pas aventuré ou has been de considérer cette recherche des Inspirés hors système des Beaux-Arts comme une longue dérive au sein d'un labyrinthe... Un sens préservé du merveilleux est à ce prix.

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Entrée du Paradis, chez son auteur, Léopold Truc, à Cabrières d'Avignon (Vaucluse), ph. B.M. (extraite du Gazouillis), 1989.

 

      Le Gazouillis n'est donc pas un annuaire. Je n'y ai donné des adresses que lorsque j'étais sûr que cela correspondait au désir des créateurs inventoriés, ou des collections qui préservent des fragments d'environnements (comme la Fabuloserie dans l'Yonne, la collection de l'Art Brut à Lausanne, le LaM de Villeneuve d'Ascq à côté de Lille, ou le Jardin de la Luna Rossa à Caen). C'est plutôt une immense stimulation à découvrir la création primesautière française se déployant hors les cadres des beaux-arts traditionnels, et aussi, point remarquable, hors du marché de l'art (ce qui explique qu'on n'en parle pas tant que cela!).

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Les Ruines de la Vacherie, exemple de carte postale ancienne (début de XXe siècle), montrant un site réalisé par un récupérateur de gravats nommé Auguste Bourgoin, alentours de Troyes (Aube), aujourd'hui disparu, coll. B.M.

 

      Il rassemble, avec discrétion et parfois un peu de mystère, en un seul volume, tout ce que j'ai pu voir et trouver dans des ouvrages ou des revues, pas forcément des publications spécialisées en art brut d'ailleurs, et  tout ce que j'ai découvert de mon côté, ou éclairé, ou remis en perspective. A partir de ce rassemblement, il me semble qu'on pourra se faire une idée plus précise du phénomène des créations d'autodidactes en plein air, entre habitat et route, associables tantôt à l'art brut, tantôt à l'art naïf, sur le territoire métropolitain en France.

      Le Gazouillis des éléphants recèle ainsi jusqu'à 305 notices consacrées à ces créations d'hier et d'aujourd'hui. En donnant l'état des lieux, dans la mesure de mes connaissances, et en particulier les solutions diverses qui ont été trouvées pour sauvegarder ou prolonger, en partie ou en totalité, divers sites. Depuis quelque temps, il me semble en effet que la notoriété de l'art brut et des environnements d'inspirés allant en augmentant, le public se montre de plus en plus sensibilisé à la question du prolongement à donner aux environnements spontanés post mortem. Ce que les héritiers de ces décors foutraques auraient jeté naguère, il arrive plus fréquemment qu'il soit désormais conservé ou, quand on veut à tout prix s'en débarrasser, au moins mis en vente par exemple (voir le cas du site d'André Hardy en Normandie).

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André Hardy, lion en ciment peint et collage de faux crin, ph. B.M. en 2010.

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Le même lion d'André Hardy dans les réserves du LaM à Villeneuve d'Ascq, après acquisition et en attente de restauration, © photo LaM 2011.

 

    Fidèle à mon angle habituel pour aborder ces créations de plein air, je  me suis cantonné  dans cet ouvrage aux environnements populaires, en écartant tous les environnements créés par des artistes modernes ou singuliers (marginaux), hormis quelques cas-limites qui permettent de faire ressortir la spécificité du corpus retenu (comme par exemple le jardin de Monsieur X dans la Presqu'île de Crozon en Bretagne, de son vrai nom Jacques Boënnec - je donne à présent son nom car il vient de disparaître ; auparavant, il m'avait demandé de taire son identité, d'autres que moi n'avaient pas eu ce respect...). Pas de Cyclop de Tinguely, ou de musée Robert Tatin, pas davantage de maison de "Celle qui peint" (Danielle Jacqui), manifestant une culture artistique préalable (Jacqui m'a toujours donné l'impression de connaître Picassiette, par exemple).

     Primo, il fallait circonscrire à tout prix le champ d'étude (déjà, arriver à 305 notices m'a amené à un livre-monstre qui fait 930 pages avec plus de mille photos, pour un poids de 2,7 kgs...). Secundo, j'ai un faible pour les créations d'autodidactes populaires, qui œuvrent artistiquement sans se revendiquer artistes, et dont les travaux, détachés de toute attitude référentielle – y compris quand il leur arrive de démarquer ou de copier/transposer des œuvres d'art vues à la télé ou dans les magazines –, gardent une fraîcheur authentique. Fraîcheur brute ou naïve, je ne fais pas de hiérarchie sur ce point, si l'œuvre me surprend et m'enchante (critère premier!).

     C'est ce qui explique que l'Introduction du Gazouillis insiste sur ce slogan que je reprends régulièrement, depuis quelque temps, dans mes textes : il s'agit bien d'un Art sans artistes. Comme on parla à une époque d'une architecture sans architectes.

     Bon vagabondage à tous!

 

Bruno Montpied, Le Gazouillis des éléphants, tentative d'inventaire général des environnements spontanés et chimériques créés en France par des autodidactes populaires, bruts, naïfs, excentriques, loufoques, brindezingues, ou tout simplement inventifs, passés, présents et en devenir, en plein air ou sous terre (quelquefois en intérieur), pour le plaisir

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Après le Gazouillis (1): Le Jardin du Cuirassier, à B. de Clément V. (a)

Mise à jour du 13 août 2021, motivée par la visite finalement rendue, quatre ans après la note ci-dessous, à ce jardin (grâce à une faveur spéciale). Les habitants m'ayant gentiment demandé de ne pas les localiser, afin de repousser les visites fatigantes à leur âge. Le jardin n'est pas accessible de la rue, c'est une propriété privée.

 

      Le Gazouillis des Eléphants, mon inventaire des environnements populaires spontanés en France n'est pas encore diffusé en librairie (c'est officiellement pour le 2 novembre), mais me démange l'envie de parler d'un site récemment découvert, à travers un petit morceau de papier de 10 x 15 cm, appelé communément carte postale, que j'ai chiné ces jours-ci. Encore un site dont je n'avais jamais entendu parler (et pourtant, je vous prie de croire que je suis bien documenté sur le sujet...).

       Ce site fera à n'en pas douter partie de mon futur supplément au Gazouillis.

 

Clément V. (1877-1952), "Le jardin du cuirassier", à B.

 

Le Jardin du cuirassier à Bou, Loiret (années 50) (2).jpg

"Curiosités régionales : le jardin du cuirassier", cp, éditions R. Guibout, Combleux.

 

           Situé près d'Orléans, soit non loin de la propriété excentrique de Marcel Lambert (voir Le Gazouillis des éléphants dans la région Centre) et de la petite maison du sculpteur et dessinateur brut André Robillard à Fleury-les-Aubrais, ce village de B. possède un site curieux qui ne m’a été révélé, dans un premier temps que par une unique carte postale, paraissant dater des années 1950-1960 étant donné ses bords dentelés caractéristiques de ces périodes.

          On y découvre un jardin structuré apparemment autour d’une allée principale, au bout de laquelle on repère la statue du cuirassier qui donna sans doute son nom au jardin. D’autres statues de style plutôt naïf se laissent également voir ça et là au milieu des plantes, de même que des socles supportant deux chiens de grandes dimensions, des vasques, des jarres, des maquettes, et des jardinières, le tout le plus souvent recouvert de coquillages et de bouts de faïence. De part et d’autre de l’allée, on distingue deux autres statues, des enfants. Les deux personnages ont la tête couverte, celui de gauche portant une casquette à grande visière et l’autre un chapeau rond. Les symboles des cartes à jouer paraissent avoir de l’importance pour l’auteur de ce décor. On découvre en effet un losange en forme de carreau dessiné par des fils placés en l’air, et un trèfle dessiné par un évidement au sein d’un support placé par-dessus un énorme vase installée comme à la croisée d’allées, à un point central du jardin. Enfin, tandis qu’à droite de l’image on note la présence d’une pompe antique, à gauche, on devine un tonneau à demi dissimulé derrière un tronc d’arbre ou un pan de mur.

          Hormis le surnom du jardin et le nom de la commune, on ne trouve sur la carte aucune indication qui donne le nom de l’auteur de cet environnement, la date de sa création, les significations qui s’attachent à ces sculptures. L’idée de représenter un cuirassier me paraît insolite dans les années 1940-1950. Ce type de soldat, faisant partie de la cavalerie, exista au moins jusqu’à la guerre de 1914-1918. La cavalerie devenant progressivement blindée au XXe siècle, le terme fut conservé ici et là pour certains régiments, mais l’uniforme traditionnel avec la cuirasse disparut en même temps que les chevaux. La statue que l’on devine au fond de l’allée, au torse pourvu d’une armure et la tête, semble-t-il, coiffée d’un casque à plumet, se réfère visiblement aux cuirassiers anciens, probablement à ceux qui furent engagés durant la première guerre. Peut-être est-ce un souvenir d’un vétéran de ce conflit qui, sur ses vieux jours, le dressa pour mémoire au milieu de son jardin ?

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      J'en étais là de mes réflexions sur ce site, ne trouvant pas d'informations Google sur l'existence préservée de nos jours quand Régis Gayraud m'affirma que si!... On trouvait un article de 2015 de la République du Centre signalant que le site existait toujours. Par quel miracle cet article avait-il pu faire son apparition sur le moteur de recherche alors qu'il y a quelques jours encore on ne trouvait rien? La première mise en ligne de la présente note avait-elle repêché et relié l'article? C'est fort possible. En tout cas, on apprend que le site, créé en 1940, existe toujours, protégé apparemment par les héritiers de Clément V. – l'ancien vigneron qui fut son auteur – sa petite fille Ginette et son mari Robert. Il avait bien représenté – mon intuition ci-dessus est bonne – son petit-fils et sa petite-fille (les enfants chapeautés) dans le jardin, cette dernière étant sans doute la dame que l'on voit sur la photo ci-dessous, à 80 ans passés... Cette même photo en faible résolution qui montre aussi que le fameux cuirassier est toujours debout.

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Photo Jean-Paul Huber

 

 

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Un souvenir du musée d'art naïf de Flayosc (Var)

     Nous sommes quelques-uns (assez peu tout de même il me semble) à recueillir les cartes postales relatives aux arts populaires, surtout relatives aux environnements spontanés. Dans le flot de ce que le hasard me propose, il arrive que certaine image me tire l’œil de façon imprévue.

 

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Musée d'art naïf de Flayosc, le Musée et ses animateurs, photo Paul Teulade, 1973

 

       Ces trois personnes revenues de l'année 1973, il y a exactement quarante années donc, posent avec chacune un tableau d'artiste naïf entre les mains. Ce sont des œuvres intéressantes qui plus est. Je n'en reconnais qu'une, facile à identifier, un Van Der Steen, l'homme qui peignait des chats tout à fait exubérants et colorés. A droite, le tableau avec ses nonnes au bain (semble-t-il) est tout à fait insolite aussi. Et le plus petit n'a pas l'air mal non plus. Je n'ai pas connu ce musée d'art naïf de Flayosc qui ne semble pas avoir duré bien longtemps. Il était probablement abrité dans la demeure blanche que l'on voit à l'arrière-plan de la carte postale, du moins on l'imagine. Du coup, ce musée fait figure de petit musée idéal dans sa vocation de défendre un art naïf non mièvre. Dommage que cela n'ait pas duré...

flayosc,musée d'art naïf de flayosc,musées d'art naïf,frédéric altmann,ermite de rothéneuf,abbé fouré,habitants-paysagistes naïfs,van der steen       L'homme aux imposantes côtelettes et bacchantes qui tient le Van Der Steen, je le reconnais. Ce doit être à l'évidence Frédéric Altmann qui animait ce musée à l'époque, et qui se fit connaître par la suite dans le milieu des amateurs d'art brut et d'habitants-paysagistes populaires en publiant le livre La vérité sur l'abbé Fouéré, "l'Ermite de Rothéneuf" aux éditions AM en 1985 à Nice, où il rétablissait que ce dernier ermite n'avait pas représenté une légende de corsaires dans ses rochers sculptés mais toute une tripotée de personnages divers, des types de son pays, des célébrités historiques, des héros de légende, etc. Frédéric Altmann à ces époques se passionnait en effet pour l'art naïf, avec la complicité parallèle d'Anatole Jakovsky, le célèbre critique et collectionneur d'art naïf. Hélas, cette complicité vola en éclats lorsque Jakovsky légua sa collection à la ville de Nice qui lui consacra un musée international sur les hauteurs des collines niçoises. Altmann qui avait rêvé d'en devenir le conservateur en fut pour ses frais et prit en grippe Anatole, ce qui le poussa à écrire son livre sur Fouré qui remettait en cause un certain nombre d'approximations de Jakovsky sur Fouré (publiées dans son livre paru chez Encre en 1979, Les mystérieux rochers de Rothéneuf). Par la suite, cette déception conduisit Altmann vers d'autres rivages intellectuels, puisqu'aux dernières nouvelles il s'est tourné vers l'art contemporain, toujours dans la région niçoise.

 

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Ce musée d'art naïf de Flayosc édita-t-il beaucoup de catalogues? A part celui-ci sur "le monde étrange de Boris Bojnev" dont je n'ai qu'une pauvre photocopie, je n'en ai jamais vu d'autres... Mais je suis sûr que l'on va venir m'aider à compléter cette information déficiente.

 

     On retrouve dans les trois noms que j'ai relevés au verso de cette carte, "Doytier" également. il s'agit à l'évidence de Martine Doytier. J'ai déjà eu l'occasion de mentionner cette artiste dans une note sur l'expo consacrée au Facteur Cheval au Musée de la Poste en juin 2007. C'était une peintre remarquable apparemment, totalement oubliée, hormis de quelques personnes dans la région niçoise semble-t-il. Elle disparut en 1984, et ce départ trop tôt survenu est sans doute cause de son occultation.

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¹ Voir Bruno Montpied "Boris Bojnev. L’Art pour l’Art", Artension n°4, Rouen, juin 1988 (Ce texte voisinait avec un autre, également sur Boris Bojnev, qui était dû à la plume de Régis Gayraud, qui éclairait le parcours russe de Bojnev ; les deux articles constituaient un mini dossier initié par mes soins sur Boris Bojnev, poète à l'origine, qui, retiré en Provence, avait auparavant côtoyé les avant-gardes à Paris, et s'était pris de passion, une fois devenu provençal, pour la peinture naïve qu'il qualifiait d'"archangélique").

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Une hypothèse inédite que je formule au sujet de certaines sculptures de l'ermite de Rothéneuf

     Voici donc l'été des vacances, l'époque de transhumance (enfin, pour les plus chanceux d'entre nous parce que l'étau du travail se resserre de plus en plus, même sur ceux qui n'en ont pas, en chercher, ou simplement survivre étant une autre forme d'aliénation). Et donc, pour ceux qui partent, si vous allez du côté de Rothéneuf, à côté de St-Malo, allez donc regarder de plus près ce qui subsiste des sculptures de l'abbé Fouré.

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Abbé Fouré en pose sculpteur, vers 1908? Coll. BM

     Le temps passant, on le sait, les roches sculptées il y a plus d'un siècle à présent (de 1894 à 1908) s'estompent toujours plus, certaines ayant disparu depuis longtemps (voir carte ci-dessous).

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Sur cette carte colorisée, on aperçoit de dos des statues de Bretonnes, épouses fouillant du regard l'horizon dans l'attente du retour de leurs maris marins ; les deux femmes représentées en pied et peintes en blanc (l'abbé on le sait peignait ses statues) ont aujourd'hui disparu, sans qu'on sache exactement à quelle époque ; on notera cependant leurs emplacements, en hauteur, disposées qu'elles sont sur des sortes de socles de roches faisant piédestal ; coll. BM

    C'est pourquoi les touristes qui passent ayant de plus en plus de mal à discerner les sculptures, chaque jour qui passe les ayant passablement érodées, et confondu avec le commun des autres roches de la falaise, les touristes se concentrent logiquement sur ce qu'ils peuvent plus facilement voir, certaines têtes restées nettement visibles et comme placées en évidence, trois en particulier, une de forme triangulaire avec son menton en pointe de botte, une avec un bonnet de marin à moins que ce ne soit d'un lutin (nain de mer au lieu de nain de jardin?), et une autre belle tête de vieux loup de mer, barbu.

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Abbé Fouré, tête de profil triangulaire, ph. Bruno Montpied, 2010

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Abbé Fouré, l'homme au bonnet (de marin ou de lutin), ph.BM, 2010

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Abbé Fouré, le barbu les yeux clos (?), ph. BM, 2010

 

    Ces trois-là sont de la belle sculpture savante, taillée avec maestria et inspiration. Justement... Tout à coup, depuis quelque temps, cela me rend perplexe. Si les autres sculptures, correctement déchiffrables sur les anciennes cartes des années 1900 et parfois encore aujourd'hui ici ou là, montrent que l'abbé parvenait dans son art à un certain réalisme puissant, appuyé toujours sur la forme naturelle donnée au départ par la roche brute, ces trois sculptures-là sont d'un style plus affirmé, infiniment moins rognoneux que les autres, plus rondes généralement (il paraît que Raymond Humbert, le fondateur du musée d'art populaire de Laduz, trouvait ces formes assez analogues à des étrons, que l'on me pardonne cette digression peu romantique). Et puis, autre argument qui accentue ma perplexité parce que plus frappant, on ne les voit apparaître sur aucune carte éditée du vivant de l'abbé (et même après, dans les années 20-30)...

     Alors? Qu'est-ce à dire? Ne serait-ce pas qu'elles sont "arrivées" sur le site à une époque bien ultérieure, dans la seconde moitié du XXe siècle, après la seconde guerre, de façon posthume donc, transportées là par l'exploitant des rochers de l'époque qui reprenait l'exploitation des Rochers après l'occupation de Rothéneuf par les Allemands, le fameux Henri Brébion, auteur d'une brochure appelée "la Légende des Rochers Sculptés" où il se livre à des interprétations fantaisistes purement subjectives (reprises ensuite à l'envi par tant de plumitifs peu rigoureux jusqu'à nos jours) sur une histoire de famille de corsaires qu'aurait voulu représenter l'abbé dans ces rochers? Il aurait pu, de même que dans ses "légendes", dans l'agencement des sculptures sur le site originel, se livrer à des modifications en voulant "l'améliorer"...? Si mon hypothèse se révélait fondée, il faudrait alors s'interroger sur celui qui a réellement sculpté ces trois pièces. Est-ce bien l'abbé lui-même qui les aurait stockées à part? Dans ce cas, où étaient cachées ces sculptures que l'on ne voit ni sur les cartes des rochers début 1900 ni sur les cartes montrant l'intérieur du musée de l'ermite dans le bourg? Est-il possible d'imaginer que l'abbé les a sculptées à part et planquées, remisées sans jamais les laisser se faire photographier? Connaissant son goût de la communication via les éditeurs de cartes postales (il en existerait environ 400 paraît-il), cela paraît curieux à tout le moins, d'autant que ces sculptures paraissent les plus belles parmi celles qu'il a faites (trop belles?). On notera enfin qu'elles occupent aujourd'hui une position en hauteur, ou à tout le moins des emplacements situés de façon à bien les voir, comme si elles avaient été destinées à remplacer les statues des femmes bretonnes en train de guetter disparues à un moment donné (vol? Déplacement? Destruction?).

     Peut-on imaginer que ces trois têtes sculptées soient le résultat d'une manipulation restée inaperçue, et qu'elles soient en bref dues au ciseau d'un autre sculpteur? Je lance l'hypothèse...

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Les Nefs des Fous

   Que nos confrères de Belvert et d'Animula nous pardonnent (ça commence comme une prière), mais nous allons devoir leur repomper (pour le premier) et pomper (pour la seconde) certaines images d'esquifs qui traînent dans leurs colonnes (en y ajoutant cependant nos forts grains de sel).

    Notre excuse est d'avoir initié la confrontation bateaux pop/bateaux bruts (sur Belvert, s'entend, et en fournissant déjà les photos), du temps où nous hésitions encore à franchir le Rubicon de la création de blog.

    Nous voudrions maintenant réaliser un petit rassemblement des objets maritimes en question, des bateaux, sur une SEULE page, bien persuadé que le thème contient sûrement d'autres éléments à verser au dossier, mais en permettant aux amateurs de s'instruire des différences à relever, des parallèlismes, de la plus ou moins grande dose de fantaisie appliquée à ces diverses rêveries flottantes: 

Pour commencer, une maquette de bateau anonyme photographié dans le département "Marine populaire" du musée rural des arts populaires de Laduz:

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Puis un bateau sculpté par un créateur rangé dans l'art brut, Auguste Forestier, intitulé "Le Myra" (ancienne collection Docteur Ferdière, photo 1990: Bruno Montpied):
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Restons dans l'art brut en ajoutant ce bateau de Carlo M. (à ne pas confondre avec Carlo Zinelli). Sa maquette s'appelle "Le sozialist" et fait partie des collections du musée de la Waldau près de Berne (photo Paul F.Talman). Nous l'avons extraite du catalogue de l'exposition de 1996 au Centre Culturel Suisse à Paris, "Le Dernier Continent, ou la Waldau, asile de l'art": 
 
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 A présent de l'art fait en prison par un certain Agostini ("fait à la prison St-Paul en 1936", dixit  Animula Vagula qui l'a récemment remis en lumière en allant dénicher sa reproduction dans un vieux numéro de magazine):
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Cela n'est pas loin de Carlo M., non? Peut-être dans une variante plus rigolarde...
Ce qui nous amène à une veine plus enfantine, une poterie populaire trouvée sur la base Joconde (photo Philippe Motte, Zoom Studio) et qui appartient au musée du Berry à Bourges (le même musée qui héberge des Pierre Petit mais ne les montre jamais...). C'est une arche de Noé dûe aux potiers Jean Lerat et Armand Bedu (second quart du XXe siècle):
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Puis, pour ne pas quitter le cher André Bindler (voir note précédente), voici le bateau que le catalogue "Un Art autre, un autre art" (expo organisée par Traces+Signes Sundgau en 1982 à Altkirch en Alsace, présentait, en précisant que sa coque avait été taillée avec la technique du sabotier:
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Art naïf?
Et que penser alors de ce brave Claude Poulllaouec, natif de Plougonvelin dans le Finistère posant devant les escadres anglaises au cours d'un passage en rade de Brest  qu'il a si poétiquement représentées dans les années 1900 (une inscription parle de 1905), et dont, semble-t-il, il ne reste comme traces que d'anciennes et rares cartes postales, du type de celle que je présente ci-dessous?
J'avoue avoir une toute particulière prédilection pour ce type de peinture. Qu'est-elle devenue hélas...:
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Je dois marquer ma gratitude une fois de plus à la collection Humbert du musée de Laduz ainsi qu'à Marie-José Drogou à qui je dois la découverte de Poullaouec dont quelques cartes (il semble qu'il y ait quatre cartes différentes sur ce créateur) sont présentées dans leur département de sculpture populaire.
Agrandissons son coin inférieur droit, on y reconnait le fort Berthomme (avec à côté peut-être la propre maison de Poullaouec, à Trez-Hir, un lieu-dit de par là-bas?), le phare de la Pointe Saint-Mathieu...
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Pour finir, un dernier hommage à ce musée en concluant sur les bateaux en bouteille qu'il ne faudrait pas oublier de citer dans un rassemblement de corpus comme celui que nous tentons ici:
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