Cobra et tireur de langue (31/07/2009)
Dans nos interprétations des images trouvées dans la nature ou la rue - ce blog comme on l'a peut-être déjà remarqué en est fort friand - transparaissent évidemment nos centres d'intérêt, notre mémoire, avec ses pôles obsessionnels. Cependant, il existe des cas où d'autres voient les mêmes choses que nous, et nous ne savons pas si ce ne seraient pas ces images-là que nous recherchons en priorité. Donnons deux exemples récents, le premier est une interprétation aidée d'un petit caillou que l'auteur de la photo a déplacé pour les besoins de soulignage et de mise au jour de sa vision:
Il s'agit bien ici d'une projection de notre part, toutefois inspirée d'un thème, le tireur de langue, cher à Asger Jorn (et à Noël Arnaud, avec qui il avait publié un livre sur le sujet, La langue verte et la cuite, publié chez Jean-Jacques Pauvert autrefois). Le même Asger Jorn qui avait appartenu au groupe d'artistes spontanés Cobra à la fin des années 1940. Or, c'est justement un cobra que nous avons vu apparaître en mai au détour d'un champ en mai dernier au cours d'un séjour dans le Cézallier.... Et là, il nous semble que nulle retouche n'est nécessaire pour voir le cobra tapi, ramassé sur lui-même, prêt à bondir?
14:15 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cobra, langue, poésie naturelle | Imprimer
Commentaires
Sans votre notation de la langue tirée ou du cobra, je pense que je n'aurais pas lu, tout à fait, les mêmes figures. Déjà face à un même objet, le regard de deux êtres varie, mais d'un objet à sa photo, l'égarement est encore plus marqué.
Ce besoin que les autres voient la même chose est, je suppose, lié au désir de l'existence objective de ce qui est vu: que le cobra et la langue tirée existent hors de nous - que la projection soit bien interprétation, et non illusion.
Sans quoi nous resterions seuls au monde, alors que ce que nous indiquent ces signes, c'est un monde qui nous parle: "les forêts de symboles au regard familier", etc.
La rencontre de la projection et de la vision est au cœur même de toute création, et cela ouvre vers Vinci et Ernst, l'inspiration trouvée dans les irrégularités des murs et des empreintes.
Écrit par : Charp | 04/08/2009