André Hardy est doublement parti désormais (13/01/2014)
J'avais chroniqué l'annonce du démantélement en cours en 2011 de son jardin de sculptures populaires en ciment et coquillages qui avait tenu environ 40 ans à Saint-Quentin-des Chardonnets dans l'Orne. J'avais informé que les statues étaient alors en train d'être vendues et dispersées (il y en a par exemple cinq de parties au LaM de Villeneuve-d'Ascq, un lion, un poney, et un léopard avec son petit et une proie ; la fameuse baleine bleue d'au moins deux mètres de long a été également vendue, mais je ne sais à qui, etc.). André Hardy avait vendu, était parti une première fois ne pouvant plus faire face à certaines difficultés. Et voici que j'apprends qu'il s'est absenté encore plus définitivement. Sinon le souvenir de sa personne (je n'ai jamais eu l'occasion de le rencontrer), je garderai le souvenir de son œuvre, avec la satisfaction d'avoir contribué, avec d'autres bien sûr, à la maintenir un peu connue des amateurs grâce à mon livre et ce blog. Son jardin était un des plus harmonieux et des plus merveilleux que l'on ait eu en France.
André Hardy 1921-2013
André Hardy et son Andalouse, photo Remy Ricordeau, 2008 (peut-être une des dernières, sinon la dernière photo de lui dans son jardin?)
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Commentaires
Bien dommage....que des associations ou des mairies ne puissent pas défendre ces oeuvres d'une évidente culture populaire ou ces créations toujours originales....
Ne faudrait-il pas lancer un appel à défendre ces lieux????
Écrit par : Landry | 13/01/2014
Quand on songe à tous ces maires dépourvus d'imagination qui commandent à des artistes bien en cour auprès des services du ministère de l'équipement d'affligeantes sculptures pour décorer les ronds-points situés aux sorties de leurs bourgades ! Pour de telles nullités esthétiques, ils sont prêts à payer des sommes astronomiques et à endetter leur commune, alors qu'il ne leur viendrait pas à l'idée de protéger un jardin d'art populaire comme celui d'André Hardy...
Écrit par : L'aigre de mots | 14/01/2014
Dans mes bras, l'Aigre, que je vous embrasse ! Car le jardin d'André Hardy, autant que son créateur qui était une crème d'homme, l'auraient assurément mérités. Mais comme l'expliquent le maire et son adjoint dans un des bonus du dvd de "Bricoleurs de paradis", le problème est plus complexe car il s'agit d'une propriété privée que la mairie de ce tout petit village n'avait pas les moyens de préempter. A sa décharge, il faut noter que ce village ne possède pas non plus de ronds-points
Ne serait-ce que pour ce seul cas de figure, il faut abolir de toute urgence: 1- la propriété privée qui a imposé cette destruction, 2- l'argent qui l'a permise et 3- le travail salarié qui ne lui a pas laissé le temps de créer un jardin encore plus extraordinaire ! (Il était ouvrier dans une petite usine locale de ferronnerie)
Écrit par : RR | 14/01/2014
Il faut préciser que je ne sais pas à l'heure actuelle si la mairie de St-Quentin-des-Chardonnets -fort modeste bourgade- n'a pas acquis quelques statues qui étaient mises en vente par le nouveau propriétaire -ce qui est une amélioration, autrefois on se serait dépêché d'enfouir ça dans le sol à grands coups de masse.
Elle serait impardonnable de ne pas l'avoir fait, car les prix des sculptures étaient fort accessibles. Je ne me suis personnellement pas porté acquéreur, ne disposant hélas pas d'une pelouse dans mon appartement, voire de salles bien plus vastes.
Mais l'Aigre qui tance si facilement les maires des petites communes, a, à ce que je me suis laissé dire de bien belles surfaces à remplir. Une baleine bleue au milieu de votre salon, c'eut été du plus bel effet...
Écrit par : Le sciapode | 15/01/2014
J'évoquais les bourgades de plus ou moins grande importance affligées de ronds-points aussi onéreux que disgracieux. Loin de moi l'idée de jeter l'anathème sur les maires de communes minuscules qui, de toute façon, sont hors d'état de se payer de tels ronds-points. Il est donc difficile, ou impossible, pour leur maigre budget de préempter les sites d'art populaire. Mais on parle beaucoup depuis quelque temps d'intercommunalité, qu'on a tendance à imposer, si je ne m'abuse. Voilà un cadre dans lequel les communes riches pourraient aider au financement de telles préemptions...
Écrit par : L'aigre de mots | 15/01/2014
La plupart des sites d'art naïf ou brut se situent dans des communes modestes loin des grosses métropoles, surtout aujourd'hui. On constate en effet que les sites récemment découverts sont de plus en plus en périphérie, loin des centres urbains importants où la pression sur la créativité excentrique a dû devenir trop normalisante. En partant à leur rencontre, je suis amené à aller de plus en plus vers les frontières de la France.
Entre parenthèses, il a existé un cas de créateur, Charles Pecqueur qui à Ruitz dans les années 60 après avoir été élu maire de sa commune a colonisé le rond-point de son village pour y camper des personnages en ciment, Blanche-Neige et ses sept nains... Dès qu'il fut battu aux élections suivantes, le rond-point fut démoli!
Il y a eu aussi le cas du maire Guillemare à St-Ouen-sur-Iton dans l'Orne (voir mon article dans "les Cahiers de l'Institut" n°2) qui s'était fait faire un monument avec des statues naïves sur la place centrale de son village. Lui eut plus de réussite. Il resta des dizaines d'années au pouvoir, et le monument existe toujours, avec d'autres traces de son passage (par exemple les cheminées torsadées de son village correspondent à une de ses préconisations...).
Sur les intercommunalités, vous avez raison, c'est à la mode. Il existe un cas celui du jardin de Fernand Chatelain à Fyé dans la Sarthe (voir mon livre "Eloge des Jardins anarchiques", ou ce blog que je ne vois vous ne lisez pas attentivement) qui bénéficia des moyens débloqués par une de ces Communautés de communes. Résultat: une vitrification du site, une artificialisation.
Sauver les sites, mais pour en faire quoi? Si c'est pour en faire disparaître la poésie, et pérenniser à sa place une illusion de création populaire sauvegardée qui obérera la poésie initiale, je trouve qu'il vaut mieux ne rien faire, à part ce que je fais, avec d'autres, de l'information, de l'archivage, de l'écriture de livres sur le sujet, des poèmes pourquoi pas (cf André Breton), des photographies, des films, le tout nécessaire pour propager l'exemple de ces créations débridées de plein vent.
Écrit par : Le sciapode | 15/01/2014