Dictionnaire du Poignard Subtil (08/09/2015)
MERDE:
Page d'un livre d'un certain Francis Ricard, copiée par hasard sur la Toile, DR
02:11 | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : francis ricard, merde, dictionnaire du poignard subtil, media, con, télévision | Imprimer
Commentaires
Sur le fond, tout cela est juste sans doute, mais sur la forme c'est un peu pauvre et peu original, quand même. Il ne suffit pas d'adopter le ton d'éructation de la langue parlée, d'écrire sans ponctuation et d'intituler son œuvrette "En un seul souffle" pour sortir son auteur du magma de l'insignifiance littéraire contemporaine. Comme il le dirait lui-même, ça ne laissera aucune trace, c'est sûr...
Écrit par : Zébulon | 08/09/2015
J'avais retenu cette page et ce style d'écriture, c'est vrai assez limité, comme un exemple d'essai d'écriture immédiate, comme on peut parler d'un art de l'immédiat. Essayer d'écrire comme on pense et on ressent, rendre le monologue intérieur...
Écrit par : Le sciapode | 09/09/2015
Paru chez Cheyne en 2007 dans la collection Grands fonds. Peut-être ne devrait-on pas juger ce recueil sur sa page la plus criarde... Pour la belle langue, on peut toujours aller s'emmerder du côté de Stéphane Mallarmé.
Écrit par : Laurent | 11/09/2015
Cette page d'écriture postmoderneuse n'a absolument rien de brut ni d'immédiat. L'auteur utilise un gag stylistique facile à mettre en œuvre qui simule la langue parlée. Preuve en est l'absence de ponctuation, qui dénote un parti pris littéraire. L'écrivain populaire ponctuerait peut-être maladroitement, mais il ponctuerait. Avec ce texte proprement «merdique», on est dans l'artifice lourdingue, pénible, usé jusqu'à l'os.
Écrit par : L'aigre de mots | 12/09/2015
Encore un exemple de l'écart entre nous, cher monsieur Aigre. Immédiat n'est pas synonyme de populaire. Et vous voyez de l'artifice dans un style direct, vous vivez décidément à l'envers, beaucoup trop sophistiqué.
Écrit par : Le sciapode | 12/09/2015
Je maintiens qu'il s'agit d'un procédé stylistique, et je parie que l'auteur du texte le reconnaîtrait volontiers. Procédé analogue, en moins sophistiqué, au langage «parlé» de Céline, lui aussi totalement fabriqué. Quoi qu'il en soit, une page de Huysmans, de Schwob ou de Paul Valéry me touchera toujours de façon bien plus directe que genre de prose puant la pose, à défaut de la «chose».
Écrit par : L'aigre de mots | 12/09/2015
Enfin, voyons, ça m'ennuie parce que j'ai l'impression d'en rajouter une couche là où c'est un peu inutile, cher Sciapode, c'est évident, que c'est un procédé. Bien moins crispant, moins à l'esbroufe quand même que la fanfare célinienne, certes, mais un procédé lui aussi. On peut détester ou aimer, ensuite, c'est autre chose, mais c'est bien entendu un procédé stylistique, un "artifice", comme vous dites. Ce qui, notez-le bien, n'est pas du tout, sous ma plume, un reproche, même si ce genre de procédé-là n'est pas de ceux que je préfère (encore que si c'était pour reproduire le discours d'un personnage, je ne dis pas…)
Écrit par : Régis Gayraud | 20/09/2015
Eh bien, je ne l'ai pas ressenti comme tel, voilà tout. Vous voyez avant tout le "procédé", comme vous dites (et n'en verra-t-on pas toujours dès lors qu'on écrit - qui n'est pas une façon très naturelle de s'exprimer, au fond), là où j'ai d'abord entendu ce qui se disait de simple dans cette page, et qui n'est pas du tout éloigné pourtant de ce que vous dites des jeux vidéo et des programmes lobotomiseurs, d'une manière qui m'a paru bien directe, et où j'oubliais de voir un "procédé". Peut-être tout simplement et avant tout que ceci n'est pas votre tasse de thé, de même que pour ce monsieur Laurent avec son dédain vis-à-vis de Mallarmé (qui moi aussi m'emmerde, dois-je l'avouer, sans qu'il soit besoin de me soupçonner adepte des autodafés pour autant ...).
Écrit par : Le sciapode | 20/09/2015
Quant au nommé Laurent, c'est un sot redoublé. Et ce serait simplement un motif de risée si de tels discours ne nourrissaient pas les futurs autodafés. Et encore, quand je dis ça… Auront-ils besoin des autodafés? La pauvre école de la République et ses programmes lobotomiques, alliés aux jeux vidéo, auront bientôt tellement avancé le travail que les autodafés deviendront inutiles…
Écrit par : Régis Gayraud | 20/09/2015
A propos de langue simple, sans procédés, lisez donc un livre comme «Marie-Claire» de Marguerite Audoux, admirablement préfacé par Octave Mirbeau. Ecrit par une bergère autodidacte devenue couturière, ce roman autobiographique subtilement anticlérical a la grâce de ce qui coule de source.
Écrit par : L'aigre de mots | 20/09/2015
Je suis souvent passé devant ce livre, sans mettre l'œil dedans, sans que je me l'explique (sans doute à cause de sa pauvre maquette chez Grasset sous couverture rouge, là...). Sans doute êtes-vous de bon conseil en l'occurrence.
Écrit par : Le sciapode | 20/09/2015
J'ai eu la chance de le trouver le 23 avril 2001 à Saint-Malo (librairie la Caverne à livres) dans le Livre de poche (n°742) dont les maquettes, dessinées ou peintes, étaient si belles.
Écrit par : L'aigre de mots | 21/09/2015
Un bien joli livre, en effet. Et savez-vous le nom incroyable que portait Marguerite Audoux pour l'état-civil? … Marguerite Donquichotte. Cela ne s'invente pas.
Écrit par : Régis Gayraud | 22/09/2015
Totalement incroyable en effet au point de croire à une supercherie! Ce serait le monde à l'envers, que l'état-civil ressemble à une liste de pseudonymes de roman et que les pseudonymes soient tout plats.
D'où ça peut sorti un tel nom, Donquichotte...?
Écrit par : Le sciapode | 23/09/2015
C'est le genre de noms que l'on donne aux enfants trouvés. Marguerite était orpheline et, ou bien a été renommée à l'orphelinat, ou bien, ce qui est plus probable, est elle-même fille d'un enfant trouvé ou d'un descendant d'enfant trouvé.
Mais nous connaissons un autre exemple de nom qui fleure bien plus le pseudonyme que le nom figurant sur l'état-civil : le génial artiste autodidacte Fred Deux, qui vient de disparaître à 91 ans et dont le nom de plume est Jean Douassot (il faut lire La Gana, chers familiers de ce blog, si vous ne l'avez encore fait).
Écrit par : L'aigre de mots | 23/09/2015
Plus précisément son nom de plume était Jean Douassot, car toutes les rééditions sont signées de son patronyme, Fred Deux, donc. Je ne connais pas les raisons de l'abandon de ce nom de plume mais on peut supposer qu'il est lié au caractère sulfureux de ses textes autobiographiques dont La Gana fait partie. (A l'époque il tenait peut être à séparer ses activités d'écrivain et de graphiste). La Gana est pour moi également un très grand livre et son auteur fait partie de ces écrivains qui ont transformé les récits de vie ou d'expériences vécues, en chef-d'œuvres absolus, comme Jean Malaquais ou Claude Mc Kay, pour ne pas seulement citer des auteurs français (encore que Malaquais ne l'était pas mais il écrivait dans cette langue).
Écrit par : RR | 23/09/2015
Ils sont amusants ces commentaires éclairés et érudits.
Au premier coup d'œil on peut s'y laisser prendre à ce petit texte, (bien qu'une virgule de temps en temps ne serait pas du luxe), car évidemment on est du bon côté, celui des esprits qui pensent juste avec un grand J comme "Je sais de quoi je cause".
La merde. Vaste sujet.
Malheureusement tout ça va laisser des traces, c'est sûr !
Écrit par : Wens | 13/11/2015