Festival du film d'art singulier à Nice: "C'est quoi"? (21/05/2017)
"C'EST QUOI?", sous cette question brutalement formulée en grosses capitales, se présente le programme du 20e festival organisé par l'association Hors-Champ chaque année au début du mois de juin à Nice, dans l'auditorium du MAMAC, à la librairie Masséna,, voire depuis peu de temps dans les locaux de l'Hôtel Impérial où, à chaque fois, est projeté un nouveau film de Guy Brunet, cette fois-ci sur Marcel Pagnol... Demandez le programme... Avant que je ne me fende de quelque laïus ou réclamation...
Bon, il y a des choses classiques, les Prévost qui viennent signer la réédition de leur livre Les Bâtisseurs de l'imaginaire, comme ils l'ont fait naguère à Paris. Guy Brunet, la mascotte du festival, le raton-laveur incontournable... Les nouveaux courts-métrages de Philippe Lespinasse (Zemankova, connue au bataillon, Mikaël Glotz, beaucoup moins, et que se cache-t-il sous le titre "A bâtons rompus"? C'est là qu'un petit dossier de presse avec explicitations et visuels à la clé ne serait pas de trop, mister Wurtz! Voilà, c'était ma réclamation, c'est parti plus vite que je ne l'aurais voulu...)... Les incontournables de l'art singulier, Ody Saban et Adam Nidzgorski (manque juste Joël Lorand)... Le tapis rouge déroulé en matinée au MAMAC pour Pierre Albasser, le Chaissac du carton alimentaire (pour un film de 52 minutes, mazette, qu'est-ce qui s'est passé? Albasser a vampé Wurtz, on dirait, lui qui n'en voulait pas des moyens-métrages au début...)
Dessin de Pierre Albasser, ph. Bruno Montpied, 2007.
Et côté art brut stricto sensu (non, pas "sangsue"...), on a deux petits opus (opi?) sur Smilowki, et Sylvain Fusco (celui-ci m'intrigue, et le film sur lui, d'Eric Duvivier, me paraît du genre rare).
Sulfateuse retapée à l'aide d'une pompe à vélo, collection du "raccommodage rustique" à l'écomusée de Cuzals (Lot), ph. B.M., 1991.
Enfin, on annonce dans ce même programme un film sur les "ingénieux du Lot" produit et réalisé par l'Ecomusée quercynois de Cuzals. Et cela m'interpelle, me rappelant que j'ai mentionné un jour (conversation? texte ancien?) les objets rapetassés ingénieusement pendant l'Occupation dans le Quercy (ç'aurait pu être ailleurs tout aussi bien), que cet Ecomusée – que j'avais visité avec Gaston Mouly à la fin des années 1980, puis avec Jean-François Maurice au début des années 1990 – conservait judicieusement. Ils appelaient cela je crois me souvenir "le raccommodage rustique". Il me semblait alors que ce corpus était peu retenu et étudié, encore moins préservé (est-ce que cela a beaucoup changé depuis, j'en doute...). L'Ecomusée de Cuzals était en 1991 le seul que je connaisse à avoir entrepris une telle sauvegarde. J'avais fait deux photos lors de ma visite, je suis allé en repêcher une pour ce blog (la sulfateuse ci-dessus)... Par contre je ne sais pas du tout si le film annoncé à Nice a un quelconque rapport avec cette section des objets rapetassés ingénieusement par des anonymes qui était remisée un peu à l'écart à Cuzals. A vérifier pour ceux qui pourront aller sur place... Mais "ingénieux du Lot", si on ne doit se fier qu'aux titres, ça fait penser avant tout à ces "raccommodages", dont un de mes amis brocs (la Patience) a le chic de collecter des exemples au hasard de ses chines.
Objets collectés par Philippe Lalane (La Patience), chaussures faites en morceaux de pneus récupérés ; hypothèse aventurée par moi: cela servait pour aller marcher dans l'eau des rivières sans se blesser les pieds sur les cailloux... ; ph. B.M., 2016.
19:05 | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : hors-champ de nice, festival du film d'art singulier, pierre-jean wurtz, albasser, guy brunet, cinéma documentaire sur les arts spontanés | Imprimer
Commentaires
Mon cher petit loulou, vous avez l’air bien en verve, ces temps-ci! Vous êtes vous pris un coup de sulfateuse dans le pif? Cela fait plaisir. Quel esprit! ... qui n’évite pas quelques coquilles : « être peut pu », et surtout le savoureux « cout-métrage » (insinuez vous que les films de M. Lespinasse coûtent cher). Mais à la réflexion, ce n’est guère pire que la coquille sur le nom des Prévost (Prévos) sur le prospectus du festival.
Pour ce qui est de ses jolies petites « opanke » (le nom vernaculaire et serbo-croate de ces sandales populaires dans les Balkans) taillés dans du pneu, je dois vous dire qu’il y en a partout dans les pays pauvres où l’on recycle ingénieusement ce produit dont il est si difficile de se défaire, le pneu. Savez-vous qu’en France, après rechapages divers, la majorité les pneus finissent dans leur écrasante majorité enfouis dans des cavités, anciennes carrières, anciennes mines, où ils resteront jusqu’à la fin des temps, bien après la mort des descendants de nos descendants? Mais en Inde, au Mexique, en Afrique, etc. ils poursuivent une nouvelle vie de lente usure, transformés dans des ateliers artisanaux en semelles, en sandales comme ici, parfois en sacs? Ce qui vous comble d’aise est assez fréquent, en fait.
Écrit par : Isabelle Molitor | 23/05/2017
Cela ne me comble d'aise que modérément, il me semble, ne soyez pas si taquine et donneuse de leçon de relativisme.
Que ce soit fréquent en Inde, en Afrique, au Mexique, etc., ne rend pas ce recyclage, ou ce réemploi (pour utiliser un terme plus à la mode), moins ingénieux et utile. Et cela permet de faire un parallèle Afrique/Europe, entre nos raccommodages dans le Quercy et les réemplois en Afrique et autres régions du monde, que tant de chroniqueurs européens jugent de haut sous le masque d'une bienveillance paternaliste.
Écrit par : Le sciapode | 23/05/2017
La note de Mademoiselle Molitor me suggère de rappeler ici la vogue des puits en pneus qui a embelli les banlieues et campagnes françaises dans les années 1960. On les remplissait de terre et on y faisait pousser des fleurs. De ces témoins d'un art populaire facile à mettre en œuvre, il ne reste plus guère hélas...
Écrit par : L'aigre de mots | 23/05/2017
Détrompez-vous, on en rencontre encore ici et là. J'en ai vu un il me semble près de l'ancienne base de sous-marins de Bordeaux, il n'y a pas si longtemps. Et puis, je sais d'où vous vient votre connaissance des puits en pneus, ne serait-ce pas de Stéphane Mahieu, qui avait consacré au sujet un de ses petits opuscules publiés à l'enseigne de son (éphémère?) publication intitulée "De rien". C'était dans "De rien" n°61 de septembre 2010, précisément. N'oubliez donc pas de citer nos grands auteurs, monsieur l'Aigre. Rendez à César...
Écrit par : Le sciapode | 23/05/2017
Autre réemploi des pneus auquel ne pense pas la dame ci-dessus : les pneus brûlés dans les sit-in et autres blocages de routes par des manifestants agriculteurs, ou ouvriers au bord d'être jetés par leurs patrons et actionnaires, pneus qui, en cramant, dégagent de formidables panaches de fumée noire...
Écrit par : Justin Grumeau | 23/05/2017
Mademoiselle Molitor ne serait-elle pas employée au service "environnement, culture et recyclage" des usines Michelin de Clermont-Ferrand ? Ne nous préparerait-elle pas en effet une petite exposition sur l'art du recyclage du pneu et ses bienfaits environnementaux ?
Écrit par : Bibendum | 23/05/2017
Il y avait aussi les chambres à air, noires, recyclées en bouées sur les plages bretonnes de mon enfance...La classe était d'en avoir une de camion, voire de tracteur, où il était possible de flotter à plusieurs.
Écrit par : Darnish | 23/05/2017
Ah, c'est vrai, moi aussi tout à coup me revient le souvenir d'une bataille pour grimper sur une chambre à air de camion, avec d'autres gosses que je ne connaissais pas, dans une piscine me semble-t-il, et ce ne devait pas être en Bretagne, plutôt sur la Côte d'Azur (?). Me revient aussi que l'on essayait de ne pas se déchirer la peau sur la valve pointue qui servait à gonfler la chambre à air. Cela se passait dans une enfance plus ancienne, mon cher Darnish...
Écrit par : Le sciapode | 23/05/2017
Et en Afrique, il y avait aussi le supplice du pneu enflammé autour du cou, une horreur.
Écrit par : Atarte | 24/05/2017
Supplice surtout en vogue en Haïti, où il porte le doux nom de Père Lebrun.
Écrit par : Félicie Corvisart | 24/05/2017
A ce que je vois, Atarte et Félicie Corvisart se rejoignent dans la connaissance pointue des supplices et du sadisme...
Écrit par : Le sciapode | 24/05/2017
L'aigre de mots n'a pas encore perdu la mémoire et se souvient parfaitement d'avoir vu des puits en pneus dans son enfance et son adolescence. Il s'est réjoui de l'opuscule de Stéphane Mahieu sur ce sujet et de l'existence d'une association de protection des dits puits.
Écrit par : L'aigre de mots | 24/05/2017
Bien le bonjour,
N'étant pas très doué en informatique, je n'ai pas encore réussi à vous faire parvenir de photos. Merci d'éclairer ma loupiote.
Romega
Écrit par : Romega | 26/05/2017
Effectivement, lorsque vous cliquez sur "Me contacter", vous ne pouvez pas me faire parvenir de pieces jointes, comme des photos. Pour cela, il vous faut passer par l'adresse e-mail qui est indiquée à la fin de "l'éditorial" de ce blog que l'on trouve en cliquant sur la ligne intitulée "A propos" (à droite). Je reconnais qu'il faut le savoir, c'est tout le charme de ces portails électroniques...
Écrit par : Le sciapode | 27/05/2017