Biopic et biographie de Ferdinand Cheval, une communication très au point (09/01/2019)
L'Incroyable histoire du Facteur Cheval, le biopic de Nils Tavernier, sort le 16 janvier, après que sa biographie, parue chez Flammarion, a été préalablement publiée courant novembre 2018. Ça, c'est de la com' bien huilée, n'est-il pas? Et comme il devient incontournable de le faire, le double auteur vient à l'auditorium de la Halle St-Pierre présenter livre et film très bientôt. Ce sera ce dimanche 13 janvier à 15h (entrée libre). Il nous dira peut-être pourquoi il a préféré voir Philomène, la deuxième femme de Cheval, sous les traits de la belle - et intelligente - Laetitia Casta. Cela dit, après ça, il deviendra difficile d'ignorer notre sublime Facteur drômois¹.
Ferdinand, assis, Alice (qui n'a pas l'air de rigoler), et Philomène debout, en 1884 (Cheval a 48 ans). C'est cette dernière que joue Laetitia Casta. Histoire d'enjoliver la réalité?
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¹ Car on ignore bien souvent l'existence de cet extraordinaire autodidacte qui a construit pendant une trentaine d'années un "Palais Idéal", à l'aide de pierres et de ciment armé à la fin du XIXe siècle, chanté par Jacques Brunius en 1929 et André Breton en 1932 et classé monument historique en 1969, la même année où des hommes posaient le pied sur la Lune... On l'ignore, c'est pourquoi la production du film a cru nécessaire d'apposer sur l'affiche que le film raconte "une histoire vraie"... Mais pourquoi l'ignore-t-on depuis si longtemps? Il faudrait analyser les raisons de ce silence sans doute intéressé des grands media culturels.
00:05 | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : facteur cheval, philomène cheval, nils tavernier, halle st-pierre, l'incroyable histoire du facteur cheval, environnements populaires spontanés, laetitia casta | Imprimer
Commentaires
Dommage! nous serons au théâtre du Lavoir Moderne à ce moment-là.....nous irons voir le film qui raconte l'histoire du facteur Cheval.... Il fallait mettre plutôt une jolie fille pour attirer plus de monde pour ce biopic.... vous n'auriez pas d'autres photos de Philomène? Ne seriez vous pas jaloux de n'avoir pas une si jolie compagne ?
Écrit par : Landry | 09/01/2019
Certains commentaires sont proprement affligeants. Celui de ce Landry pourrait remporter un prix dans ce sens.
Écrit par : isabelle Molitor | 09/01/2019
Tout juste, Madame, on ne peut guère faire plus crétin que le commentaire ci-dessus plaidant pour les films commerciaux de fait.
Et que voulez-vous que ça nous fasse que vous alliez à votre Lavoir, mister Landru, ou Landry (capé)?
Écrit par : Alfred | 09/01/2019
Super ! Je relais dans Archi Possible et viens dimanche !
Écrit par : Franck | 09/01/2019
c'est trop de la chance que Ferdinand il ait été marié avec ce thon repoussant, comme ca il avait envie que d'aller au dehors bosser à la crétion de son oeuvre immense
t'imagines il est marié avec la Laeticia ... trop occupé dedans ; jamais il trimballe une brouette dehors ... et pas de palas idéal
et bref donc, conneries mises à part, qu'est ce que c'est merveillleux son palais idéal
merci Seigneur d'avoir fait ce Cheval
Écrit par : Yves D'Anglefort | 09/01/2019
Donc, être l’amant d’une belle femme et être créatif seraient choses incompatibles? Que voilà une conception austère, qui sent quand même un peu le préjugé ranci.
Écrit par : Atarte | 13/01/2019
Et, Yves d'Anglefaible, vous copiez sur Bousquetou, ou je rêve?
Voir son commentaire, l'année dernière, à la suite de ma première note sur ce film: "Vé, s’il avait eu une Laetitia Casta comme épouse, le facteur Cheval, il se serait certainement moins intéressé aux pierres de son chemin...
Écrit par : Bousquetou | 09/09/2017"
Et pourquoi vous nommé-je d'Anglefaible ? Parce que je vous ai connu plus inspiré... C'est quoi cette ire déversée sans mesure sur cette pauvre Philomène traitée de "thon repoussant"? On avait dit "pas le physique"...
Écrit par : Le sciapode | 13/01/2019
Le biopic, c'est souvent très chiant. C'est d'autant plus bidon que ça se prétend proche du réel, plus vrai que vrai...Celui ci n'a pas l'air formidable.
Écrit par : Darnish | 11/01/2019
Tout à fait d'accord avec vous, Atarte. J'ai presque envie de vous en rouler une, pour le coup. Car la création n'a en soi rien à voir avec la frustration, n'est en rien la compensation d'un manque. Ce manque, cette frustration peuvent servir de déclencheur, certes, mais il y a mille fois plus de gens frustrés qui ne créent pas que de gens frustrés qui créent. En revanche, la fréquentation quotidienne de la beauté, humaine ou non, me semble particulièrement favorable au développement de la créativité. Pour revenir à notre Cheval, la vulgarisation de sa vie ne fera que la rendre vulgaire, accessible au premier crétin venu, qui sur son mur fesse-bouc pour la liker comme n'importe quelle autre marchandise culturelle. Bon, pour vous détendre, écoutez donc tout en gamahuchant votre partenaire cette merveilleuse chanson surréaliste : https://www.youtube.com/watch?v=K0h7LGq0WIA
Écrit par : Félicie Corvisart | 13/01/2019
Chère Félicie, merci d’approuver mon commentaire. Votre soutien me va droit au coeur. Pour le reste, j’avoue me méfier du jugement péremptoire que vous affichez concernant ce film que vous n’avez pas plus vu que moi. C’est vrai qu’on peut légitimement se méfier, comme le fait Darnish aussi, des « biopics » , et que le mot « vulgarisation » signifie bien tout ce qu’on entend dedans, c’est vrai que l’affiche du film fait assez « Jean de Florette », que la mention « d’après une histoire vraie » peut faire sourire, etc. ... mais bon, j’ai écouté Nils Tavernier cet après-midi à la Halle Saint-Pierre (enfin... je l’ai écouté quand la présentatrice, qui jouait un peu les institutrices castratrices, voulait bien le laisser parler) et justement, ce garçon ne m’a pas paru antipathique, mais plutôt pas vraiment sûr de lui, justement pas péremptoire, et puis il a dit deux ou trois choses qui me paraissent justes, et notamment : 1) qu’il y avait une dimension « lutte des classes » chez ce facteur qui se construit un palais (ce que la présentatrice reprenant la parole, a aussitôt noyé dans des considérations plus générales et en voulant, elle, insister, sur le caractère transculturel (l’intérêt pour les civilisations non-européenne qui transparaît dans le Palais), et qui est sans doute vrai, mais en établissant une opposition assez étrange - mais au fond très droitdel’homiste à la façon dont bientôt 40 ans de manipulation par le PS ont modelé les esprits - entre la « lutte des classes » et cet internationalisme qui n’est bien sûr pas du tout contradictoire avec la conscience de classe, mais comme si l'expression lui faisait peur) et venu avec pas mal de réticences, 2) que ce palais était comme un grand terrain de jeu pour enfants, qu’il y avait là une dimension ludique, que c’était un monument à la vie. Etc. etc. Alors comment y voir l’oeuvre d’un fou, ou d’un illuminé? Bruno Montpied, depuis la salle, a justement fait remarquer que ce sont plutôt ceux qui ne font rien qui sont des aliénés, et un autre intervenant a encore précisé que le travail créatif de Cheval avait sans doute été pour lui un formidable outil de désaliénation. Et on voyait ce brave Nils, visiblement plus apte à ressentir romantiquement qu’à exprimer du concept, osciller entre ce que ses documentalistes avaient dû lui dire de l’esprit du lieu (une salle fréquentée par toute sorte de psychiatres...) et ce que ses oreilles entendaient.
Écrit par : Atarte | 13/01/2019
Une autre chanson, plus directement en rapport avec le thème, et pour arrêter ces faciles jeux de mots sur le nom de notre cher Facteur...
https://www.youtube.com/watch?v=XXoFElfrQgU
Écrit par : Le sciapode | 13/01/2019
Et, mister Atarte, votre commentaire mélange un peu diverses phases dans la série des propos qui ont été tenus durant cette rencontre à la Halle St-Pierre...
S'il fut question, chez Nils Tavernier, de reconnaître une dimension de lutte des classes dans le projet de Cheval, c'est précisément à la suite de ma révolte contre le fait de traiter à tout bout de champ Cheval de "fou" s'appliquant à lui-même une thérapie en construisant son Palais Idéal. Curieusement, Tavernier ne répondit rien quand je lui eus souligné que pour moi Cheval n'était pas un "malade", qu'il était plus fécond de souligner, comme il l'a fait dans sa biographie parue chez Flammarion, la concomitance de l'exposition universelle tenue à Paris un an juste avant la pose de la première pierre du Palais, ses lectures du "Magazine Pittoresque" avec ses palais du monde entier et la naissance de sa fille Alice... Il ne répondit rien comme s'il n'était pas l'auteur de cette biographie où cela est écrit (on parla durant cette après-midi d'un film que personne dans la salle n'avait encore vu alors qu'on avait annoncé une rencontre autour du livre ; Nils Tavernier, me demandé-je, est-il bien l'auteur du livre sur Cheval, ou n'y a-t-il eu qu'un coup de marketing de la part de Flammarion avec des nègres là-dessous?).
Cheval n'était pas un malade, ni un obsessionnel, seulement un passionné, comme me le murmurait Régis Gayraud, non loin de moi... Un créateur qui décida de prouver au monde ce que peut un homme simple, venu du peuple, sans instruction poussée, sans connaissance architecturale particulière, autre qu'intuitivement développée et peu à peu affirmée, déjà probablement expérimentée au fil de ses années où il exerça trente-six métiers. Le XIXe siècle, cela je l'ai dit aussi à un autre moment, est le siècle où quelques prolétaires, comme François Michaud dans la Creuse, quelques années avant Cheval, ou Antoine Rabany, l'auteur des Barbus Müller, ont commencé d'oser s'exprimer à l'air libre, en mettant en avant sans fard leurs valeurs philosophiques, leurs hommes célèbres, à l'exemple des artistes officiels, histoire d'affirmer que n'importe qui a le droit de parler artistiquement, au vu et au su de tous. Cela n'a rien à voir avec la folie, cela, et pas davantage avec cette tarte à la crème des "névroses" que Martine Lusardy a voulu à un moment nous tartiner...
Mais, oui, Atarte, vous avez raison, j'ai dit aussi que s'il faut chercher à tout prix de la névrose, de la folie du côté de ces créateurs, mieux vaudrait renverser le problème et s'interroger sur cette étrange folie qui consiste à vouloir se fondre dans le gris muraille de la banalité, du conformisme, de la bien-pensance, en se gaussant stupidement des créateurs qui sortent des moules, comme le magnifique Cheval.
Enfin, je pense que ce film, qui accroîtra probablement le retentissement de l'existence de cette œuvre incroyable, a priori, dans son principe n'a rien à voir avec la vulgarisation redoutée par Félicie Corvisart. Cette dernière me fait l'effet d'une défenseuse d'un usage restreint du Facteur Cheval à l'usage exclusif d'une coterie, ou d'une élite. Ce qui est aller à rebours complet de ce que voulait Cheval, qui s'adressait au monde entier, à toutes les cultures, à tous les êtres humains, aux enfants aussi bien...
Écrit par : Bruno Montpied | 14/01/2019
Bon, j’en ai gardé qu’il n’était pas un mauvais bougre, sans doute sincère dans ses indignations (un simple tour sur son compte Twitter suffit à s’en persuader, quand par exemple il relaie les images de violences policières dont les médias ne nous parlent pas), amis il a eu quand même quelques mots malheureux. Sa mauvaise conscience de « fils d’une certaine aristocratie », comme il s’est dit, ne l’a quand même pas empêché, quand Montpied lui disait que réaliser des films était sans doute plus compliqué pour réaliser l’individu que le travail solitaire d’un créateur habité par sa création, car cela demande un travail d’équipe, ne l’a pas empêché, donc, abandonnant ses hésitations, de balayer d’un revers de mains toute l’humanité que contenait son propos jusque-là en nous disant : « Oh! ils sont payés! Et ce sont des cons! ». Hélas, le propos de « l’aristocrate » nous rappelaient soudain que malgré tous ses efforts, la caque sent toujours le hareng. Mais bon, j’y ai vu là une fois de plus ce que l’on observe chez les gens qui sont à la fois dans le spectacle et un peu à côté : leur sentiment de trahison perpétuel finit par brouiller leurs repères et ils glissent vite dans le cynisme ambiant contre lequel même ils se sont pourtant fait spécialité de s’indigner... Il s’est aussi pris un ou deux fois dans le tapis de cette critique de l'esprit parisien tellement sotte que tout vieux Parigot a envie de lancer un bon petit pavé cubique des faubourgs sur la tronche de l’habitué du Flore qui, généralement, a émis cette remarque... Bref, on l’a compris, nous nagions dans une telle confusion entre les attentes d’un public connaisseur, les hésitations du conférencier, la logorrhée de la présentatrice, le temps qui passait, qu’on en a même quasiment oublié de parler du livre (et non du film) que Nils Tavernier a signé et qui était pourtant censé être le sujet de cet après-midi.. Mais bon, quoi qu’il en soit et malgré cet embrouillaminis, peut-être grâce à lui, j’avoue avoir un peu plus envie de voir ce film qui ne me paraît pas scandaleux (on verra bien), et je me dis, contrairement à vous, chère Félicie, qu’un tel film qui se veut populaire, avec le nombre d’entrées qu’il va faire, va bien entendu être liké par des cohortes d’imbéciles (entre-nous, il y a déjà 170000 touristes qui chaque année vont visiter Hauterives, donc le processus de vulgarisation ne commence pas ici), mais si sur le nombre, il se trouve rien qu’un seul spectateur qui, tel Cheval regardant les photos d’Angkor dans une revue illustrée de son temps, s’en trouve bouleversé à tel point qu’il décide de révolutionner sa propre vie d’aliéné pour tenter sa propre aventure de reconquête de son être, eh bien, ce film ne sera pas vain. A tchao! Et pour rouler un patin, c’est quand vous voulez, mais envoyez-moi votre photo.
Écrit par : Atarte | 14/01/2019