Chez Prinzhorn, sur Arte (09/09/2007)
Ce dimanche aura été illuminé par l'excellent documentaire de Christian Beetz au titre à double sens (au moins dans sa traduction française), un "art insensé", insensé de force et de beauté poétique.
Bien sûr, on a sous la main le bouquin de Hans Prinzhorn, traduit depuis les années 80, on a le catalogue de "La Beauté insensée" de l'expo du Palais des Beaux-Arts de Charleroi (1995-1996), on a des catalogues en pagaille venus de la clinique d'Heidelberg où se trouve la collection Prinzhorn (par exemple un des plus récents, de 2006, très soigné comme tout ce qui provient de la Sammlung Prinzhorn, "Wahnsinn sammeln, Outsider Art aus der Sammlung Dahmmann-Collecting Madness, Outsider Art from the Dahmmann Collection), mais personnellement, je n'arrivais pas à me faire une idée exacte de la qualité des oeuvres de cette fameuse collection Prinzhorn (jamais montrée en France à ce qu'il me semble?), hormis quelques cas célèbres très souvent reproduits, comme August Natterer (connu d'abord sous le nom de Neter), Karl Brendel (ces deux créateurs ayant influencé Max Ernst dans quelques-unes de ses oeuvres, quelques-unes sur des milliers comme on oublie souvent de le souligner), Joseph Schneller (Sell), ou encore le célèbre Heinrich Anton Müller. "La Beauté insensée" du musée de Charleroi, avec son côté austère, ses fiches signalétiques médicales, la pâleur de ses reproductions, n'aidait pas, il faut dire...
Le film de Christian Beetz avec ses choix esthétiques parfaits, la qualité des commentaires de ses intervenants (tous collaborateurs ou responsables de la collection Prinzhorn: Thomas Röske, Bettina Brand-Claussen, Ferenc Jadi, Inge Jadi -conservatrice de la collection-,Sabine Mechler, etc), leur générosité et leur compréhension vis-à-vis des créations mises en lumière par une caméra non voyeuse mais rendant à César ce qui appartient à César, ce film tout à coup en deux fois vingt-cinq minutes révélait la haute qualité des oeuvres conservées à Heidelberg, leur haute valeur humaine, la profonde nullité des Nazis qui ont massacré leurs auteurs dans les chambres à gaz après avoir tenté de stigmatiser leurs oeuvres dans une exposition de mise à l'index (l'"Art" soi-disant "dégénéré"), le film révélait tout cela de manière éclatante. Un rayon de soleil passait subitement à travers la télévision et son habituel océan de vulgarités. Montrant subrepticement ce que pourrait faire la télévision si elle se transformait plus souvent en loupe merveilleuse se promenant sur les oeuvres d'art et leurs rapports avec la vie, la souffrance, les joies des hommes, instrument idéal de médiation directe entre les hommes et la poésie.
Une seule petite critique aurait pu s'adresser à Thomas Röske qui affirme un peu vite à un moment du film que le surréalisme n'aurait sans doute pas pu exister sans les oeuvres de Natterer, ce qui est aller un peu vite en besogne tout de même...
23:45 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Prinzhorn, Art brut, Christian Beetz, Inge Jadi, Thomas Röske, August Natterer | Imprimer
Commentaires
Va, Bruno Montpied, toi qui es un fin chercheur ; fouille un peu à propos de Prinzhorn et de Talbot
Tu en apprendras des choses ou alors je suis complètement tarée !
Madeleine Lommel
Écrit par : madeleine lommel | 22/09/2007
Je rappelle qu'il n'y a aucun rapport entre le sieur Talbot, qui s'emploie au nom d'une anti-psychiatrie sommaire et à coups de syllogismes malhonnêtes (psychiatre = tortionnaire, tortionnaire = nazi, donc Prinzhorn= nazi...) à essayer de récupérer les oeuvres de la collection Prinzhorn du musée de la clinique d'Heidelberg afin de les faire servir à je ne sais quelle cause démagogique, il n'y a aucun rapport donc entre ce monsieur et le film de Christian Beetz évoqué dans ma note "Chez Prinzhorn, sur Arte".
Écrit par : BM | 23/09/2007
M. Poignard S ou BM ou d'autres fidèles lecteurs de ce blog auraient-ils eu vent de 2 photos (en circulation) sur lesquelles figurerait Auguste Forestier?
LN
Écrit par : LN | 04/10/2007
Non, je n'ai pas eu vent. J'attends tout sur ce sujet (et sur d'autres) de mes lecteurs, de vous, si vous en apprenez davantage.
Écrit par : Le Sciapode | 04/10/2007