L'été des expositions (note rallongée) (02/07/2008)
Cet été, il y a du singulier saupoudré un peu partout pour ceux qui voudraient voyager en fonction des arts contemporains sous médiatisés. Je ne cite que quatre lieux cependant, car vous trouverez bien le reste sans moi, la toile pullule de sites consacrés à l'art dit singulier, la singularité résidant de plus en plus dans l'apparence, comme tant d'autres choses ces temps-ci...
On trouve de tout, des "classiques", des "ancêtres", et des aspirants à la notoriété "singulière" plus récents. Classiques sont en effet désormais Chaissac, Pierre Bettencourt et Louis Pons, exposés du 1er juin au 5 octobre dans le cadre des Passeurs de frontière (sur les trois, c'est Chaissac et Pons que je préfère) au centre d'art contemporain de l'Abbaye d'Auberive. Auberive, c'est entre Langres et Châtillon-sur-Seine. A noter que ce centre possède des fonds d'art contemporain où l'on retrouve entre autres des oeuvres des Moiziard (Jean et Andrée) et d'autres artistes chéris de la galerie Béatrice Soulié. Tous les renseignements pratiques se trouvent sur le site du centre. Il suffit de cliquer...
Parmi les "ancêtres" (hou là, là... elle ne va pas apprécier...) de l'art singulier, il y a Danielle Jacqui dont on connaît la maison rutilante de couleurs, ultra baroque et foutraque à Roquevaire-en-Provence. Elle crée depuis trente ans au moins avec une belle constance et une grande profusion bariolée que je ne suis pas toujours sûr de pleinement apprécier (mais Jacqui et moi, on peut parler librement)... On ne peut cependant douter de sa sincérité, et de sa persévérance. L'occasion est donnée pour tous ceux qui voudraient en savoir plus de se renseigner sur l'ensemble de sa production multiforme puisque le Musée International d'Art Naïf Anatole Jakovsky à Nice lui consacre une exposition intitulée "ORGANuGAMME" (titre super tarabiscoté). Du 20 juin au 3 novembre, au Château Sainte-Hélène, avenue de Fabron, Nice. (Renseignements: 04 93 71 78 33).
Au Musée de la Création Franche à Bègles, ils ont prévu cet été de nous montrer encore et toujours Joël Lorand, en passe de devenir un classique lui aussi, étant donné la cadence de ses expositions. Il faut dire que son art frappe l'attention de beaucoup de spectateurs. L'oeuvre qui sert pour l'illustration du carton d'invitation ne déroge pas à la règle. De même que les autres peintures (dessins en couleur?) qui continuent d'être exposées en ce moment même à l'exposition L'Eloge du Dessin à la Halle Saint-Pierre à Paris. Cela est prévu pour durer du 27 juin au 7 septembre.
Très classiques aussi sont Claudine Goux et Alain Lacoste qui exposent jusqu'au samedi 28 juin (va falloir se dépêcher, si ça vous intéresse ; personnellement, le site de la galerie où l'on voit des photos des expos laisse imaginer une tendance au foutoir et au n'importe quoi... ; mais, tout de même Goux et Lacoste étant des artistes estimables, il me paraissait malhonnête de ne pas les signaler) à l'Espace Lucrèce, 16, rue Salneuve, dans le 17e arrondissement de Paname.
Marilena Pelosi, Il va renaître dans un corps sans haine, dessin aux crayons de couleur, 5x17 cm, 2004, coll.privée, Paris
21:35 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : auberive, chaissac, louis pons, jacqui, joël lorand | Imprimer
Commentaires
Pour en rajouter à votre inventaire, je vous signale l'exposition consacrée à "Maximiliana", le livre d'Iliazd et Max Ernst, qui y sera intégralement présenté avec des travaux préparatoires, à partir du 12 juillet 2008 à la Galerie Chave, à Vence. A l'occasion de cette exposition, publication d'un album reprenant en fac simile les pages de ce livre exceptionnel.
Régis Gayraud
Écrit par : Régis Gayraud | 24/06/2008
On ne se lasse pas des dessins de Joël Lorand et Bègles étant loin de Paris, il est bien que ses tableaux se rapprochent des amateurs du sud... Souhaitons lui une longue et belle carrière.
Écrit par : Anne-Lise | 25/06/2008
Salut O Poignard !
pour ma part, mais tu dois être au courant, je voulais signaler à l'amateur de Surréalisme aïgu l'expo. Leonora Carrington à la Maison de l'Amérique Latine. Ière expo française depuis 1969 d'une TRES TRES GRANDE DAME toujours vivante de l'autre côté de l'Océan (et belle avec ça!) !!!!!
Et oui en France on est frileux malgré l'arrivée maintenant d'un réel été.
Je suis tombée à genoux devant un masque en bronze posé au sol à l'entrée...ms c'est vrai que pour tomber à genoux, il m'en faut peu !
Sans quoi il m'a bien plu le griffonneur de Rouen....un qui n'a pas peur de s'abimer les dents !
Bel été aux armes subtiles !
Écrit par : SB | 01/07/2008
Oui, je suis au courant, j'ai même le catalogue (un peu décevant, assez peu d'oeuvres reproduites sur le nombre qu'il doit y avoir). Pas encore eu le temps d'y aller voir, ça ne saurait tarder. C'est le genre d'informations qui ne manque pas dans les média. Je préfère a priori me concentrer sur ce qui me surprend davantage ou surtout ce qui me surprend et dont on ne parle pas.
Cela dit, je reconnais que Léonora Carrington n'est pas très connue, et que c'est là une belle occasion d'en apprendre enfin plus. Est-elle victime du phallocentrisme de la critique d'art? Il doit y avoir de ça... Quant à ceux qui sont toujorus prêts à renverser les problèmes en attribuant son occultation à ses compagnons surréalistes qui seraient des phallocrates, je les méprise cordialement. (C'est d'ailleurs une surréaliste, Annie Le Brun, qui la présente dans le catalogue).
Merci de ton intervention, SB, bel été aussi à toi, sans trop d'agenouillements autres que d'extase!
Écrit par : Le sciapode | 01/07/2008
J'y suis allé lors de mon dernier passage à Paris. Ce n'est effectivement pas une très grande exposition (en volume), mais gratuite, toutefois, et où il y a quelques belles oeuvres, peintures et aussi sculptures. A noter aussi une grande photo de l'atelier commun de L. Carrington avec Ernst (décidément, j'y tiens, à mon Ernst, déplacez-vous tous en masse samedi chez Chave!) en Ardèche où l'on voit que le mur extérieur était peint et agrémenté de sculptures insolites qui lui donnent un air très "brut" (le peu qu'on en discerne me rappelle aussi la maison d'Asger Jorn à Albisola). Mais comme on le sait, Ernst était coutumier du fait, puisque en 1924, après le départ inopiné d'Eluard, quand il était allé retrouver Gala à Eaubonne (les deux enfants menacés par un rossignol...) dans la maison où Iliazd, le troisième larron "avait transporté ses pinceaux" (c'est ainsi qu'il s'exprime), Ernst avait peint de haut en bas et de long en large toute la maison de fresques... disparues bien sûr. Comme quoi le sort des artistes singuliers et celui de ceux auxquels les esprits séparateurs ont beau jeu de les opposer est souvent très voisin... tant qu'on n'a pas compris le profit qu'on peut tirer d'avoir un artiste dans ses murs, ou sa commune, etc.
Régis Gayraud
Écrit par : Régis Gayraud | 07/07/2008
Qu'il n'y ait pas d'ambiguïtés : le rossignol, c'était Eluard, bien sûr. Le pauvre n'était d'ailleurs pas très menaçant.
Régis Gayraud
Écrit par : Régis Gayraud | 07/07/2008
Les fresques de la maison de St-Martin d'Ardèche (il y a un site web qui tente de faire revire cette maison) ne me paraissent pas vraiment de même substrat culturel que des fresques naïves ou brutes que l'on peut à l'occasion voir dans des environnements d'autodidactes populaires. Je ne trouve pas très pertinent de vouloir à tout prix les confondre.
Disant cela, je ne dévalue aucun des deux champs l'un par rapport à l'autre. Les tentatives de décor de Max Ernst (peintre que j'admire infiniment plus qu'un Dubuffet par exemple, très vite lassant), dans ses années de jeunesse, ont toujours été des réussites. Les fresques de la villa d'Eaubonne (qui n'ont pas disparu, ce me semble, puisqu'il y en avait d'exposées à une expo Max Ernst à Beaubourg il y a quelques années, elles ont été démontées après qu'on les ait redécouvertes sous un badigeon ou un papier peint qui les avait temporairement masquées) étaient fort belles (en dépit de l'avis contraire de Breton qui, paraît-il, ne les aimaient pas). Ces décors, comme tu le dis, cher Régis, sont davantage rapprochables de la villa d'Asger Jorn à Albisola, autre exemple de décor artistique en plein air fort réussi (avec les divers décors peints ou sculptés du même au lycée d'Aarhus au Danemark, ou les décors des divers membres de Cobra comme Constant par exemple). Ces membres de Cobra, stylistiquement parlant, dans ces tentatives de muralisme spontané, sont quant à eux bien plus proches de l'art brut (l'art populaire les fascinait, voir le n°6 de la revue Cobra).
Écrit par : Le sciapode | 07/07/2008