Sauve-toi, Petit Poucet... (01/01/2011)
Bruno Montpied, Cherchant le Petit Poucet, 24 x 17 cm, 1.1.11
Il a le physique d'un ours vraiment mal léché. D'ailleurs, à propos de lèche, vous avez vu sa langue? Il en goutte des grains de poussière qui vont s'accumuler en un gros tas poudreux devant ses pieds. L'estomac proéminent, il s'avance d'un pas lourd à la recherche de celui dont il veut se venger, depuis qu'on lui a fait une mauvaise, une très mauvaise farce. Sa main gauche tient, au bout d'un bras démesuré, ballottant comme une chiffe molle, une petite hache. Ses hardes peu soignées, roussies à force d'être restées tant de fois trop prés des âtres, flottent au vent, on dirait une vague robe de chambre, il ne porte plus ses bottes habituelles qui lui faisaient gagner tellement de temps (c'est d'ailleurs pour cette raison que son corps a pris du poids, ne faisant plus les efforts dont le dispensaient ses bottes magiques). Il avance d'un pas lourd, des petites bêtes lui mordillent les chevilles pour tenter de le ralentir davantage. Le Petit Poucet est déjà loin. Il ne paraît pas pouvoir s'en rendre compte, car son crâne n'a pas eu la place de lui garantir une loge pour un cerveau suffisamment grand. Le peu qu'il lui reste, par surcroît, goutte de sa langue en particules de poussière. Il va bientôt buter dessus et s'étendre de tout son long, la gueule fendue sur sa propre hache.
22:20 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : bruno montpied, petit poucet, contes et art singulier, art singulier, 1.1.11 | Imprimer
Commentaires
En fait, il s'agit d'un leurre. C'est lui, le Petit Poucet, caché sous un déguisement monstrueux qui le surmonte comme un costume de géant de la ducasse d'Ath pour tromper l'ogre. Regardez attentivement, juste devant le manche de la hache, il y a son profil qui apparaît. Admettez qu'il a l'air beaucoup plus futé, le petit bonhomme.
Écrit par : Régis Gayraud | 02/01/2011
Un peu comme dans un de ces merveileux albums de Claude Ponti, en particulier "Le jour du Mange-poussins" (ou un titre avoisinant...), avec en vedette principale, Blaise, le célèbre poussin masqué.
Écrit par : Le Petit Poucet | 02/01/2011
C'est ça, exactement. je suis heureux de voir qu'il y a un amateur de Claude Ponti sur ce blog. Oui, c'est bien "Le Jour du mange-poussins", à ne pas confondre avec "La Nuit des Zéfirotes" (qui se passe dans Paris assoupi, et où Blaise, du reste, n'apparaît pas).
Écrit par : Régis Gayraud | 03/01/2011
Erreurs, cher Mister Gayraud!
Le 17 février 2009, le Poignard Subtil consacra une note à un album de Claude Ponti (http://lepoignardsubtil.hautetfort.com/search/Claude%20Ponti), ET D'UNE...
ET DE DEUX: Blaise le poussin masqué (c'est pas pour rien qu'il est masqué, souvent doublement, puisqu'il se cache dans la plupart des albums de Ponti, en des petits coins, et ce depuis les débuts de l'auteur ("l'Album d'Adèle") ; je m'amuse souvent à faire chercher par mes enfants le petit endroit où il se cache dans les albums - nombreux - que je tiens à leur disposition, et aussi, où il ne se cache pas, ce qui est fort rare -il me semble que c'est dans "Le Chien Invisible" qu'il n'est pas, mais je n'ai pas regardé tous les livres de Ponti qui en a pondu un sacré paquet, au moins un par an depuis pas mal d'années), Blaise donc, pour revenir à nos poussins, apparaît, brièvement certes, mais apparaît tout de même dans "La Nuit des Zéfirotes". Cherchez bien... Comme pour le Petit Poucet.
Écrit par : Le redresseur de torts | 03/01/2011
Bon, je me rends, vous avez raison. Blaise apparaît bien dans "La Nuit des Zéfirottes" (avec deux "t", en plus). Quand j'ai osé raconter cette mini-polémique à mes enfants hier soir, ils m'ont regardé, consternés. Mais bien sûr qu'il y est, Blaise! Tu vois rien! Ah, ces papas, c'est nul! Du coup, il a fallu relire le livre en question en cherchant Blaise. Ce qui n'est pas déplaisant, du reste. Avis à ceux qui ne connaîtraient pas Claude Ponti. C'est un régal. Et du coup, on a relu aussi "Le château d'Anne Hiversère", avec sa célèbre variante de Pince-mi et Pince-moi, "Pète et répète", ou les délices de l'infini...
Écrit par : Régis Gayraud | 04/01/2011
Alors, bien sûr, pour les apparitions de Blaise, je ne parlais que des albums de grand format. Il n'en pas question dans les petits formats pour les petits nenfants, comme "les Montres molles", "les épinards", les aventures de Monsieur Monsieur et de Mademoiselle Moiselle, "Le réfrigogérateur", etc.
A l'époque du "réfrigogérateur", il y a eu une espèce de rumeur qui, partie sans doute de la trame de cette petite histoire - le héros serre la main de la Mort et devient un frigidaire - a couru comme quoi Ponti était très mal en point, aux portes de la Faucheuse. Bientôt après, sortait son énième album montrant bien que l'homme était parfaitement en vie, et plus que jamais.
Oui, Claude Ponti est de nos plus grands auteurs actuels dans la littérature jeunesse, surréaliste sans étiquette, parfaitement inconnu sous une telle casaque, et pourtant. Il a réussi à faire aimer des enfants, qu'on aurait pu croire rebelles à ce genre de littérature foutraque et délirante, le surréalisme sans qu'ils sachent qu'on peut appeler cela ainsi. C'est très fort.
Écrit par : Le sciapode | 04/01/2011