T. Venkanna, un étonnant figuratif érotomane indien (06/08/2018)
J'avais été intrigué, il n'y a pas si longtemps, par les aquarelles ou les encres, souvent sur papier et même sur papier de riz, d'un jeune artiste indien présenté à Paris parmi d'autres artistes contemporains dans la galerie d'Hervé Perdriolle, rue Gay-Lussac.
T. Venkanna, sans titre, aquarelle ou encre sur papier, 10x14 cm, 2018, ph. et coll. Bruno Montpied ; qu'est-ce que cette bête qui sodomise cette femme bleue manchote qui pour sa part embouche la trompe de la dite bête par l'autre côté, une étrange forme sombre poilue, piquetée de points blancs les masquant tous deux, forme sur l'identité de laquelle le spectateur se perd en conjectures...?
T. Venkanna, 10x15cm, 2018. Toujours cette curieuse manière de cacher une partie des scènes...
T. Venkanna, 15x10cm, 2018 ; voici qui peut faire penser à Topor...
Leur inspiration louche du côté d'une espèce d'érotisme souvent scabreux, représenté avec raffinement et une certaine candeur. Les scènes sexuelles exhibent ainsi parfois des rapports zoophiliques, avec des bêtes pas toujours très répertoriées en zoologie. On songe vaguement à Roland Topor, et parfois aussi au Douanier Rousseau. Hervé Perdriolle va jusqu'à citer en référence Jérôme Bosch.
T. Venkanna, sans titre, encre sur papier de riz marouflé sur toile, 76x55cm, 2018 ; où l'on voit que l'artiste peut aussi s'exprimer sur des formats plus grands.
Ce dernier s'apprête à monter une exposition de 50 œuvres de notre Venkanna à partir du 27 août dans sa galerie¹ située en appartement. A ne pas manquer pour les curieux.
L'artiste photographié en 2015, à côté d'une affiche – peut-être d'un film? – en tout cas d'un graphisme au sujet voisin de son propre univers graphique ; on notera le tee-shirt à l'enseigne des pirates...
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¹ (Galerie Hervé Perdriolle, rue Gay-Lussac Paris 75005, visite sur rendez-vous, contact +33 (0)687 35 39 17).
00:04 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : t.venkanna, galerie hervé perdriolle, art contemporain indien, topor, bosch, douanier rousseau, érotisme, zoophilie | Imprimer
Commentaires
Ces noces entre hommes et animaux (il y a sur le site de la galerie une désopilante représentation d'homme terrorisé violé par une ourse où c'est plus marquant encore) me font irrésistiblement penser au si énigmatique tableau de Rousseau "La bohémienne endormie", qui fixe l'ultime seconde précédent le réveil épouvanté de la bohémienne, ou l'ultime seconde avant l'accouplement monstrueux que Rousseau n'a pu figurer. La peinture de T. Venkanna représente juste ce moment d'après le rêve.
Écrit par : Régis Gayraud | 06/08/2018