Petra Šimková la galerie 35, Institut français à Prague (06/01/2020)
Petra Šimková est une artiste qui se sert de la photographie pour des photomontages numériques, parfois retouchés avec des outils de peintre ou de graphiste. Ils illustrent des thématiques diverses. Un des sujets de travail qui l'a fait primitivement remarquer, ce sont ses autoportraits nus et métamorphosés, où elle recherche un au-delà du corps qui exprimerait plus véritablement les facettes variées de sa personnalité, l'identité multiple de sa chair et de sa personnalité.
© La Transformation, photo Petra Šimková, 2017.
C'est une quête qui s'apparente quelque peu à celle du surréaliste allemand Hans Bellmer, avec ses "jeux de la Poupée" et ses photos de son modèle Unica Zurn dont il avait, par ligotage de cordelettes (voir ci-contre), créé une image démultipliée et métamorphosée du corps. Comme le peintre Bernard Dufour qui, n'ayant pas de modèle à sa disposition au début de son œuvre, s'était pris lui-même pour modèle nu, Petra Šimková a choisi son propre reflet, certes nu au départ, qu'elle transcende ensuite à l'aide de divers artifices, utilisation d'accessoires à la prise de vue, retouchage par ordinateur, et parfois aussi par surlignage graphico-pictural. Cela ne va bien entendu sans un certain érotisme sous-jacent...
© Photo (autoportrait) de Petra Šimková retravaillant ses photos, septembre 2019.
L'ensemble de ce travail sur la recréation de sa représentation, elle l'a nommé "Captive insaisissable" (sur une suggestion que je lui fis voici plusieurs années pour ce qui n'était à l'époque qu'un travail d'étude ; à noter aussi qu'elle sortait d'un apprentissage dans une école des métiers du verre). Elle est, en apparence, captive de nos regards, ainsi que du cadre de la photo, alors que, simultanément, son apparence ne cesse de s'échapper en se transformant, se réfractant en des centaines d'éclats parfois kaléidoscopiques, où l'œil voyeur ne parvient jamais à la saisir dans une nudité réaliste fixe.
Le sixième sens, © photo Petra Šimková, 2018.
Parallèlement à ce thème, elle est aussi une artiste qui se passionne pour une forme d'abstraction colorée, et des paysages urbains sublimés, eux aussi pour révéler une sorte d'outre-paysage, une outre-ville, un outre-monde bâti à partir du décor de nos vies quotidiennes.
La nuit est la plus jeune, © photo Petra Šimková, 2018.
Carton d'invitation à l'exposition "Insaisissable" à la galerie 35.
Après avoir publié très récemment (2019) un magnifique ouvrage d'art sur elle-même, avec des textes de présentation de Terezie Zemánková, et de votre serviteur, Bruno Montpied, elle va bénéficier entre le 10 janvier et le 9 février 2020 d'une exposition à la galerie 35, situé dans l'Institut français de Prague, où elle vit une partie de son temps, le reste de l'année se passant plutôt dans l'île de Bali (voir le témoignage qu'elle me donna à propos de la créatrice brute Ni Tanjung, témoignage dont j'ai parlé dans une note précédente). On peut, si on veut voir plus d'œuvres, se reporter à son site web.
00:05 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : petra simkova, captive insaisissable, photomontage numérique, autoportrait, nus, photographie surréalisante | Imprimer
Commentaires
Gageons qu'après cet article, certains vampires pragois vont se jeter à la Galerie 35 pour tenter de lui sucer le sang.
Écrit par : La cuistre légère | 12/01/2020