Un tableau ancien d'Alain Dettinger exhumé d'une loge de concierge... (25/02/2025)
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Le mot de Bruno Montpied
Il sortait des Beaux-Arts en 1969, le jeune Alain, et il n’avait qu’une envie, celle de désapprendre à dessiner, abandonner la posture réaliste, et notamment se détourner des peintres lyonnais. Dubuffet, Chaissac et d’autres artistes primitivistes du même calibre faisaient souffler un vent où l’on réduisait les têtes à des graffiti. Il prenait exemple sur eux.
C’est dans une loge de concierge que fut retrouvé récemment un grand format de cette époque. Qu’y voit-on ? Une foule de carnaval où se pressent comme des faces de clown, éberluées. Cela respire un tendre expressionnisme, empreint d’un zeste d’esprit caricatural. Alain Dettinger n’en avait sans doute pas conscience alors, mais, avant sa période des Robots, il avait déjà pris place parmi les préfigurateurs de l’art que l’on appelle aujourd’hui « singulier », les inspirés de l’art brut et du primitivisme, cette cohorte d’artistes en rupture de ban qui refusent les académismes cherchant à pauvrement mimer la réalité, car seulement envisagée dans sa version rétinienne.
18:40 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : alain dettinger, art singulier, primitivisme, art brut, galerie autour de l'image, exhumation, faces de clown, éberluées, anti-académisme, peintres lyonnais | Imprimer
Commentaires
On m'a parlé d'une vidéo mythique où l'on verrait Alain Dettinger, juste quelques années plus tôt, torse nu, au bord de la route du mont Ventoux, intervenir anonymement dans un moment historique. Avez-vous une idée de la chose, cher Sciapode?
Écrit par : Atarte | 02/03/2025
L'information vient tout droit d'Alain Dettinger lui-même qui me l'a raconté, vous faites semblant de l'avoir oublié, Atarte. Il se trouvait au bord de la route sur ce Mont Ventoux tragique de 1967 lorsqu'il a vu arriver le Britannique Tom Simpson zig-zaguer et bientôt s'écrouler de son vélo, victime de la soif, du dopage et de la chaleur intense de ce jour-là. Le voit-on sur les images assez floues en noir et blanc de la télévision? Lui dit que oui. Peut-être est-ce cet homme torse nu, portant une moustache de Gitan qui suit les deux types qui soutiennent Simpson encore sur son vélo? Il se retourne vers la caméra très brièvement...
Alain raconte qu'il était avec son père ce jour-là. Le hasard voulut donc qu'il fut l'un des premiers à tenter de porter secours à ce coureur dont la mort mit au jour, pour la première fois de façon éclatante, les pratiques dopantes dans le vélo, pratiques qui n'étaient interdites que depuis deux ans, sans que soient jamais appliquées de sanctions pour les coureurs pris la main sur la seringue...
Écrit par : Le sciapode | 03/03/2025