XIes Rencontres autour de l'Art Singulier à Nice (22/05/2008)
J'ai reçu enfin le carton annonçant la nouvelle programmation des excellentes Rencontres autour de l'Art Singulier qui se tiennent sous l'égide de l'association Hors-Champ, animée entre autres par Pierre-Jean Wurtz, une fois par an, généralement à la fin du mois de mai, à Nice, dans l'auditorium du Musée d'Art Moderne et d'Art contemporain. La prochaine rencontre se tiendra donc le samedi 7 juin de 10h à 17h30. Cela fait plusieurs années que cette association s'ingénie à réunir autour de l'art singulier -le terme englobe à leurs yeux tout ce qui relève de l'art brut, des environnements spontanés, voire de l'art naïf, et à l'étranger de l'art outsider- cinéastes, créateurs et amateurs de ces formes d'art marginal dans un climat qui se veut cordial. Ces rencontres furent souvent l'occasion de fructueux échanges de vues entre amateurs divers, de transmissions d'information qui se passent aussi bien dans le cadre de la journée de programmation qu'en dehors, dans les restaurants ou cafés du vieux Nice.
Cette année, on pourra découvrir des films sur Ni Tanjung (cette Balinaise dont on parle dans le dernier fascicule de la Collection de l'Art Brut à Lausanne), sur Joseph Donadello (dont le petit fanzine Zon'Art de Denis Lavaud et Bernard Dattas avait déjà parlé), sur Pya Hug (intrigante créatrice suisse dans un film de Mario Del Curto). Ainsi qu'un film de Guy Brunet (un extrait où ce grand candide raconte à sa façon dans un cinéma documentaire bricolé à la maison l'histoire du festival de Cannes... En présence d'acteurs ou de metteurs en scène célèbres réalisés en silhouettes peintes, voir ma note du 1er mai 08). A voir également, chaudement recommandé par Pierre-Jean Wurtz, un film d'Enrico Ranzanici sur un collecteur de galets de rivière, Luigi Lineri, qui les choisirait pour leurs formes parlantes -ça me rappelle Mme Bassieux à Dieulefit dans la Drôme... Pour le programme complet, voir les photos que j'insère à la suite.
L'association a chaque année la lourde tâche de trouver des subventions pour la réalisation de cette journée et il faut les féliciter d'y arriver depuis onze ans. Une parenthèse ici cependant: est-ce parce qu'ils sont trop obsédés par ces sponsors à dénicher qu'ils finissent par oublier de remercier les amis et les simples particuliers, qui, comme votre serviteur, leur ont proposé des idées de films à passer? Ainsi en va-t-il cette année du film de Jean Painlevé sur le créateur populaire danois Axel Henrichsen que j'avais proposé il y a quelque temps à Pierre-Jean Wurtz (voir la note du 17 février 2008 que j'ai consacrée sur ce blog à l'édition récente en DVD de ce film rare). Comme personne ne songera à opérer cette précision (dont j'ai la faiblesse de penser qu'au lieu de servir ma gloire, elle sert surtout à informer le public sur qui fait quoi), j'ai cru bon de l'ajouter (merci Photoshop) sur le libellé du programme de cette onzième journée niçoise...
Je n'en suis d'ailleurs pas resté là, puisque je me suis également amusé à "rectifier" sur ce programme le nom d'un des participants à cette journée, que je ne saurais appeler autrement que "La concierge de l'art brut" depuis qu'il fait circuler sur le net des "mémoires" (au reste assez ridicules) où il me prête des propos mensongers (courts certes mais mensongers et rapportés) dans le plus pur style délateur ou ragots de chiottes (voir le site de la galerie La sardine collée au mur), propos que j'aurais tenus sur des amis à lui. Belle attitude de concierge (de plus chez quelqu'un qui se prétend libertaire...). En conséquence, si je me dois de citer les travaux plus intéressants auxquels ce triste sire participe, lorsqu'il est infiniment mieux inspiré, comme la parution à l'égide de la revue Gazogène qu'il édite du côté de Cahors de numéros consacrés à l'extraordinaire collection de cartes postales consacrées aux environnements spontanés et autres de Jean-Michel Chesné, ou sa participation aux côtés de Chesné à ce XIe festival où ils présenteront un certain nombre d'images fascinantes, je ne saurais le citer autrement que sous ce grotesque vocable (je n'ai rien contre les concierges, sauf quand elles s'avisent de faire les pipelettes ce qui a été souvent leur vocation comme on sait).
J'en reviens à ces Rencontres 2008... Les programmations sont conçues aux dires mêmes de leur principal animateur, Pierre-Jean Wurtz, dans la perspective du documentaire avant tout. Point de fictions dans ce festival (et pourtant, il y aurait de quoi faire, car le cinéma s'est emparé plusieurs fois des biographies de créateurs de l'art brut ou de l'art naïf, comme Aloïse, Ligabue, Pirosmanachvili, récemment Hélène Smith...). Les responsables de Hors-Champ se sont donnés comme règle de choisir des documentaires, et parmi ceux-ci, en priorité les films montrant les créateurs vivants au milieu de leurs oeuvres, les commentant le cas échéant (ce qui explique donc, qu'ils aient dés lors écarté les fictions). La durée des films aussi compte dans la composition de la programmation (et les fictions sont des longs-métrages la plupart du temps). Ceci étant établi, on ne peut que constater, au vu des programmations des onze années précédentes, l'étendue et la richesse du (hors-) champ "art brut et cinéma documentaire". Conscients du fait que l'information a été jusqu'ici par trop confidentielle sur l'ensemble des films montrés à Nice, les animateurs de cette sympathique association ont mis en chantier la publication d'un livre qui devrait réunir toute l'information souhaitable sur les créateurs présentés depuis onze ans dans le cadre de leurs festivals. On devrait y retrouver par la même occasion nombre d'acteurs de la médiation de ces créateurs. L'ouvrage serait prévu pour cet automne, à ce que je crois savoir...
23:18 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : hors-champ, p-j.wurtz, axel henrichsen, j-m.chesné, mario del curto, ni tanjung, guy brunet | Imprimer
Commentaires
Petit détail qui n'a rien à voir avec cet article, juste pour vous signaler qu'il y a une lettre qui a pris la poudre d'escampette sur Wikipedia. Fouinant des données à propos de Raw Vision, je vous ai trouvé listé en bas d'"Environnements visionnaires", mais il y manque le t premier de hauetfort, vous y êtes donc délié ! Ce n'est rien, mais ceux qui ne sont pas vraiment familiers des petites subtilités du net ne vous y trouveront donc pas par ce chemin.
Salutations,
Écrit par : Valérie | 24/05/2008
Merci Valérie de m'avoir signalé cette petite coquille qui vient d'être prestement corrigée...
J'en profite pour dire que ce terme d'environnements "visionnaires" ne me paraît pas idoine. Tous les environnements spontanés ne sont pas visionnaires, au sens de créateurs anticipateurs ou doués de pouvoirs surnaturels. Certes, la création artistique est généralement visionnaire, de façon inconsciente, mais cela ne me paraît pas rendre compte des divers environnements divers que l'on connaît ici en France (ceux auxquels je m'attache plus prticulièrement histoire de limiter le champ). Les environnements de plus ne sont pas que visionnaires, ce ne sont pas les visions éventuellement décelables chez ces créateurs qui caractérisent l'ensemble des sites, mais plutôt à mon sens la notion de "spontanéité" (qui rend compte de l'aspect autodidacte, non professionnel de l'entreprise, ainsi que de son aspect fortement imaginatif "automatique"). Je préfère pour cela le terme d'environnements spontanés.
En réalité cette étiquette a été empruntée aux Anglo-saxons et notamment à John Maizels que l'auteur de l'article sur Wikipédia paraît légèrement flagorner, ce qui pour les connaisseurs du milieu pourrait signer l'identité de cet auteur...
Écrit par : Le sciapode | 24/05/2008
Mon cher sciapode, il m'est arrivé une drôle d'aventure avec Wikipédia moi aussi. Voilà qu'hier, je m'avise d'ajouter la référence de votre blog dans la rubrique "liens externes" de la page "art brut" de Wikipédia. Or, aujourd'hui je m'en vais regarder la même page et me rends compte que votre référence a déjà été gommée, certainement par quelque jaloux. Diable, ce monde des amateurs d'art brut est encore pire que celui des universitaires, dirait-on, pour tout ce qui est querelle de chapelles, etc. Si on pouvait faire disparaître son voisin de la surface du globe, y compris physiquement, sûr qu'on ne s'en priverait pas. La même logique que les photos retouchées de l'époque stalinienne, quand on faisait disparaître les disgraciés avant d'être disgracié à son tour (à ce propos je signale le bel album "'Le commissaire disparaît" sur ce sujet). Bof, la vérité éclate toujours.
Régis Gayraud
Écrit par : régis gayraud | 24/05/2008
C'est gentil, cher Régis, de te donner tant de mal pour "Le Poignard". Mais collaborer au Wikipédia ne va pas sans grande désillusion. En l'occurrence, ce n'est pas forcément un "jaloux" qui a sévi, mais peut-être seulement un des collaborateurs internes de Wikipédia qui a trouvé que ce lien n'était pas du genre "gros lien", comme celui de la collection de l'Art Brut ou celui des entretiens de Thévoz et Dubuffet qui sont actuellement maintenus... Il y a une sorte de charte d'utilisation et d'intervention sur cette encyclopédie mouvante... Faudrait la lire, mais personnellement, j'ai la flemme.
Écrit par : Le sciapode | 25/05/2008
Ah ! Oui, Mario del Curto, je me souviens bien de son nom, à cause des cabanes de Greaves.
http://lapremiere.org/files/gimgs/23_richard-greaves-2.jpg
(merci pour le lien)
Écrit par : Valérie | 28/05/2008
Oui, tu as certainement raison. je suis vite sourcilleux depuis quelque temps. Je m'en rends bien compte. Je suis tout le temps en train de tonner contre de prétendues bassesses. Il paraît que c'est l'abus de protéines du lait. Les fromages d'Auvergne, certainement.
Bises, Régis Gayraud
Écrit par : régis gayraud | 29/05/2008
Sympa cette page de potes qui devisent gentiment sur les méchants... C'est rafraichissant et rassurant... Eh oui ! Les censeurs sont partout...
Juste vous dire que je me suis occupé pendant quelques semaines d'enfants de 6 à 12 ans pour les occuper pendant ces quelques heures de "liberté" imposées par la surprenante loi sur les rythmes scolaires... le mot m'amuse...
Peintre non figuratif, je caressais le vœux pieux de les intéresser à l'art contemporain... Et voila qu'en fin de stage, ils m'avaient tous proposé des œuvres d'art singulier, très singulier... Je me suis pris au jeu, et j'ai sur leur directives fait l'arpette avec beaucoup de plaisir... Merci à eux et à tous mes confrères qui travaillent dans cette mouvance qui semble la plus proche des émotions vraies puisqu'elles sont semble t il celles des enfants.
Très cordialement
www.chamartin-claude.com
Écrit par : chamartin | 16/10/2014