Postérité des environnements (3): Abbé Fouré, avant, après... (10/08/2010)
Il est rare je trouve, lorsque d'aventure on s'intéresse aux rochers sculptés de l'ermite de Rothéneuf, de son vrai nom, Adofe-Julien Fouré (Fouéré pour l'état-civil, mais lui signait Fouré), de présenter parallèlement ce qu'il reste de ces rochers sculptés en bordure de mer avec ce qu'ils furent à l'origine. Cent années (depuis la mort de Fouré) séparent les vestiges actuels (car c'est le mot, des vestiges...) des pierres taillées du début du XXe siècle. L'usure, peut-être des vols, et/ou des descellements, les ruissellements, les lichens vérolant les formes de taches disgracieuses, toutes ces causes se sont liguées pour entamer le grand travail d'effacement de la roche rognonneuse péniblement amenée par l'abbé en seulement quinze ans (il habita Rothéneuf de 1894 à 1910) à l'état d'hallucinations figées. L'inconscient naturel reprend lentement ses droits sur l'inconscient humain.
22:56 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : abbé fouré, ermite de rothéneuf, rochers sculptés de rothéneuf, environnements spontanés, art rupestre, conservation de l'art brut | Imprimer
Commentaires
Très bon article sur l'oeuvre de l'abbé !
Je me demande parfois ce qui restera .... Et d'ailleurs faut-il laisser une trace ?
Écrit par : le sculpteur anonyme | 24/08/2010
La mer est forte, les éléments vifs, que peut on faire contre leur action ?
Je n'imagine pas quelle restauration serait possible.
Écrit par : Cosmo | 30/08/2010
Sic transit gloria abbati.
On utilise des millions, des milliards d'euros pour des travaux aussi colossaux que futiles, tels des barrages, des centrales électriques pour la prospérité de la sinistre multitude. On aurait pu imaginer une grande digue qui permettrait de mettre à l'abri ces oeuvres. Et puis, en même temps, le fait qu'il y ait la mer au pied des oeuvres fait partie de la poésie du lieu. La digue supprimerait cet élément. La restauration, à coup sûr, détruira la magie comme elle la détruit presque partout. Alors, il ne reste plus qu'à se tourner vers la poétique des ruines et se dire que le Parthénon en miettes est quand même plus émouvant que l'église de la Madeleine. (Laquelle, transformée en grille-pain, deviendrait plus intéressante, telle l'église Saint-Germain l'Auxerrois en nécessaire à huile et vinaigre pour pantagruélique table de bistrot, sa fonction symbolique évidente, ainsi que l'avait remarqué Victor Hugo lui-même en son temps).
Quoi qu'il en soit, cette grotte ainsi usée me rappelle la superbe ville troglodytique d'Uplistsikhe, en Géorgie. Là encore ruinée et inimaginable autrement.
Régis Gayraud
Écrit par : régis gayraud | 31/08/2010
Sur ce thème, peut être faudrait il envisager la mise en ruine délibérée de certains de nos monuments. Le Sacré Coeur par exemple, ferait peut être une très belle ruine pour peu que sa désintégration soit opérée avec intelligence. Celle de la grande arche de la Défense serait sans doute plus problématique, mais peut être pas impossible. La liste est ouverte... Contrairement à ce que l'on appelle "les grands travaux", tout cela ne coûterait de plus pas très cher. Comme quoi avec un peu d'imagination il suffit quelquefois de peu de moyen pour améliorer de manière décisive l'aspect de nos quartiers et ouvrir des perspectives intéressantes pour les habitants qui y vivent: au delà de la poétique des lieux ainsi transformés, quels beaux terrains d'aventure pour petits et grands pourraient être en effet créés de la sorte !
Écrit par : RR | 01/09/2010