LaM art mod, LaM art brut (20/09/2010)

             L'événement se faisait attendre depuis de nombreuses années, et le voici enfin réalisé, le  musée d'art moderne de la région lilloise à Villeneuve-d'Ascq est de nouveau accessible au public, enrichi de nouvelles collections. Il s'appelle désormais le LaM.

 

Maquette du LaM, ph.Bruno Montpied.jpg

Maquette du LaM, avec en bleu l'extension récente avec administration salle d'exposition temporaire, partie consacrée à l'art brut, etc. ; photo Bruno Montpied, juin 2010

 

             LaM, ça veut dire paraît-il, (attention, prendre sa respiration): "Lille Métropole musée d'art moderne d'art contemporain et d'art brut". Ou peut-être plus brièvement, en creux, Lille art Moderne? Ca joue aussi sur les mots, "l'âme" se dilate, s'ouvre à de nouvelles expressions et c'est là que l'art brut qui trouve pour la première fois un département à part entière au sein d'une institution muséale prestigieuse française, jouant le rôle de la nouvelle expression, contribue grandement à cette dilatation. C'est la grande nouveauté incontestablement. La collection de l'association l'Aracine trouve ici un écrin passablement plus ample que celui du minuscule Château-Guérin à Neuilly-sur-Marne dans les années 80-90 de l'autre siècle.

Les salles de la collection d'art brut en cours d'accrochage, juin 2010, ph. Bruno Montpied.jpg

 Une partie des salles consacrées à l'art brut en cours d'accrochage, juin 2010, ph. BM

 

            Le musée ouvre ses portes au public le 25 septembre prochain, mais j'ai eu l'occasion de le visiter alors qu'il était encore en chantier d'accrochage au mois de juin dernier. Les salles, parfois fort hautes de plafond, étaient presque vides, et des tableaux modernes signés de grands noms accrochés aux murs mais encore non déballés de leurs caisses de protection composaient de drôles d'oeuvres virtuelles.

Tableau de Rouault protégé,chantier du LaM, Villeneuve-d'Ascq, juin 2010, ph. Bruno Montpied.jpg

Un Rouault malevitché ou isouié?, juin 2010, ph. BM 

 

            La partie du complexe muséal consacrée à la présentation de la collection d’art brut (en grande partie constituée de la donation consentie par l’association l’Aracine (toujours en activité) a quelques salles, dont j’ai pu saisir qu’elles avaient des thématiques, les inventeurs de machines, les médiumniques par exemple, ou les habitants-paysagistes (avec Théo Wiesen et ses totems, Virgili et ses tables à figures mosaïquées, Jean Pous, Jean Smilowski, et peut-être dans le futur Arthur Vanabelle ?). Une grande salle est destinée aux expositions temporaires, à l’articulation des salles vouées aux collections d’art moderne et contemporain (dans un souci peut-être de futures expositions transversales entre ces champs contrastés ?).

Salle des Habitants-paysagistes, avec oeuvre de Théo Wiesen,juin 2010, ph. Bruno Montpied.jpg

Salle des habitants-paysagistes, un cavalier de Théo Wiesen et des "fantômes" des totems de ce dernier en attente de l'installation des originaux, juin 2010, ph.BM            

 

             Lors de ma visite de juin, un Lesage se faisait relifter dans la solitude et un silence religieux.

 

Chantier de l'extension, un Lesage en train d'être restauré,juin 2010, ph. Bruno Montpied.jpg

LaM, juin 2010, ph. BM

  

            Deux tableaux de Bauchant pouvaient se voir dans une salle à part, composant une esquisse de collection naïve qui pourrait suggérer dans le futur de fructueuses confrontations avec l'art brut, qui sait? Il y a en effet au sein de la collection du musée d'art moderne tout un ensemble de peintures naïves datant de l'entre-deux-guerres qui pourrait permettre ce genre de rapprochement (l'art brut a été conçu après guerre dans le sillage de la vogue pour l'art naïf, Dubuffet avait même tenté de s'allier avec Jakovsky pour faire des recherches ensemble).

 

Bauchant,1927,LaM de Villeneuve-d'Ascq, juin 2010, ph. Bruno Montpied.jpg

 Un tableau de Bauchant (1927) dans les collections du LaM, ph BM, juin 2010

 

             Mais dans l’ensemble c’est surtout l’art moderne et contemporain qui se taille la part du lion dans ce musée. Le plan du musée avec la nouvelle extension fait songer à des racines, ou à une main, ou à un système circulatoire, une irrigation. La toile d'araignée ou la dentelle qui habille le musée, comment l'interpréter? J'avoue une certaine perplexité. Quelle place est assignée à l'art brut face aux collections d'art moderne et contemporain?

            Ce qui est sûr, c'est le choc et les étincelles que ne manqueront pas de causer la rencontre des oeuvres de l'art brut, avec leur sincérité crue, dans l'esprit des visiteurs amenés à les comparer aux oeuvres si élaborées et pesées des Rouault, Matisse et autres Braque. Nul doute que l'art brut résistera haut la main à cette confrontation. Mais peut-être se dira-t-on aussi que sa place aurait pu être mieux assurée aux côtés des oeuvres de l'art naïf et des oeuvres des arts populaires ruraux (type ATP - dont les collections comme par hasard en ce moment continuent de végéter en attendant que sorte de terre le fameux musée censé être lui aussi bâti dans une autre grande ville française, Marseille, à l'autre extrêmité de la France) ?

 

 

00:31 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : lam, l'aracine, art brut, théo wiesen, virgili, arthur vanabelle, environnements spontanés, habitants-paysagistes |  Imprimer