Art brut polonais à la Fabuloserie (dans l'Yonne) (18/05/2017)
Pour la belle saison, la Fabuloserie, cettte année, a choisi de présenter 130 œuvres de 25 créateurs et artistes issus de la collection "turbulente" d'Andrzej Kwasiborski, tous polonais (même le nommé Kosek qui n'est pas le créateur tchèque Zdenek Kosek, mais plutôt sans doute le Polonais Ryszard Kosek). C'est la poursuite de l'intérêt porté par les Bourbonnais et leurs complices, Marek Mlodecki et aussi Radek Labarszewski, pour des créateurs qui sont nombreux dans un pays où longtemps ils ne furent pas identifiés comme pouvant se situer dans ce que l'on a appelé depuis 1945, en France, l'art brut. Jusqu'à ces dernières années, on les classait du côté de l'art populaire, et de l'art naïf. Ce qui n'était pas complètement usurpé, cela dit. Depuis quelques années, on a cependant remarqué, par exemple, les œuvres d'Edmund Monsiel, d'Henrik Zarski (dont des œuvres semblent exposées à Dicy cette année, voir la liste des créateurs et artistes exposés ci-dessous), et autres, qui ne relèvent pas d'une révérence marquée à une peinture de genre, manifestant plutôt une fantaisie figurative déconnectée de la perception visuelle du monde, mettant en jeu en somme une figuration autre, dont les règles s'élaborent dans le jeu libre des lignes, des couleurs et des formes dans un cadre et sur un support qui sont des mondes en soi...
Patchwork proposé par la Fabuloserie à Dicy actuellement jusqu'à la fin de l'été.
Il est à remarquer que les œuvres sont exposées, mêlées, dans le parcours de la Fabuloserie, aux œuvres de la collection permanente, dans une volonté de les faire dialoguer.
On note que cette exposition a plusieurs titres ; ici, on nous parle de "collectionneurs turbulents, art hors-les-normes sans frontières 1", comme qui dirait un sous-titre, ou comme le titre d'une nouvelle série d'expos consacrées aux collectionneurs d'art hors-les-normes (donc "turbulents" pour faire référence au fondateur de la Fabuloserie, Alain Bourbonnais) dont cette expo est le premier exemple.
C'est donc une seconde occasion de découvrir plus amplement la création brute polonaise, "seconde", parce qu'il y avait déjà eu il n'y a pas si longtemps, au Musée de la Création franche, à Bègles, une exposition similaire, intitulée (pieusement) "Les saints de l'art polonais" (voir la chronique que j'en avais faite sur ce blog). On retrouve quelques noms communs dans les deux expositions d'ailleurs, comme Zarski, Dembinski, Glowala et Kosek, tout en découvrant majoritairement des noms de créateurs nouveaux par nos contrées. A noter en particulier une créatrice déjà présentée dans l'antenne parisienne de la Fabuloserie, que j'ai trouvée exceptionnelle, Genowefa Magiera, vieille dame peignant au sein d'une maison de retraite à ce que j'ai compris. On peut se faire une idée des œuvres présentées en feuilletant le catalogue sur Calameo.
Genowefa Magiera, sans titre, peinture et collage sur carton, 42x19cm, vers 2016, coll. privée, Paris ; ph. Bruno Montpied
La créatrice en action...
14:31 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut polonais, sophie et agnès bourbonnais, andrzej kwasiborski, collectionneurs turbulents, art hors-le-normes, fabuloserie paris, fabuloserie dicy | Imprimer
Commentaires
Bonjour, je me suis laissé dire qu’il y avait là de belles œuvres mais aussi une qualité inégale. En revanche, j’ai eu d’excellents échos des organisateurs polonais, sympathiques, honnêtes et sincères, me dit-on.
Écrit par : Paul Hochon | 28/05/2017
Oui, celui qui vous a renseigné a raison. Ou du moins, cela recoupe mon impression. Cette collection A.K., la sélection qui en est montrée, m'a paru inégale à moi aussi. En Pologne, il y a bien d'autres créateurs, il me semble (par exemple Marian Henel, qui avait été présenté à l'expo d'Art et Marges à Bruxelles, quelques années auparavant, c'est très étonnant). A la Fabuloserie à Dicy, certains créateurs étaient cependant à découvrir (si on ne peut pas aller là-bas, sachez qu'un catalogue fort bien fait, disponible sur la Fabuloserie parisienne, rue Jacob dans le VIe ardt, renseigne correctement sur le style de chaque créateur exposé). Outre Genowefa Magiera, on pouvait en effet rester profondément intrigué devant les œuvres de Josef Chelmowski ou de Bogdan Zietek (dont les statues, substituts d'êtres vivants de compagnie, rappellent celles de Morton Bartlett, ce créateur "brut" américain). L'art plus visionnaire de Wladyslaw Walega retenait également l'attention. Deux créateurs déjà connus dans les autres collections d'art brut, Stanislas Zagajewski et le Tchèque Léos Wertheimer, ont peu l'occasion d'être montrées en dehors de certaines institutions ou collections, ici en France. Les œuvres exposées d'Henryk Zarski m'ont par contre un peu déçu. Beaucoup de pièces paraissaient aussi provenir d'ateliers de divers centres d'aide sociale, assez voisines de productions qu'on trouve en abondance dans les ateliers pour handicapés mentaux par nos contrées, avec leurs bonshommes ultra sommaires ou leurs compositions colorées "abstraites".
Un Singulier s'était glissé dans l'exposition, Adam Nidzgorski, qui vit depuis longtemps en France (jouant d'ailleurs avec générosité le passeur entre la culture populaire polonaise et la culture française), auteur d'une œuvre où il se passionne depuis longtemps pour un graphisme ultra sobre, archaïsant, proche de l'art enfantin, dans une recherche de stylisation originaire.
Le mélange de la collection d'A.K. avec les œuvres de la collection permanente de la Fabuloserie ne plaidait pas toujours pour que l'on remarque les œuvres polonaises, cela dit, ces dernières souffrant parfois du voisinage avec des pièces plus fortes ou plus frappantes "fabulosantes"....
Écrit par : Le sciapode | 28/05/2017