Une sirène des rues encore (Mami Wata la suite, à Paris) (12/10/2010)
Les sirènes me poursuivent drôlement je trouve. J'errais samedi matin avec un ami brocanteur aux Puces de Vanves, et comme souvent je me disais que je n'allais encore rien trouver. Et c'est toujours au moment où l'on désespère (enfin c'est souvent à ces moments-là, un peu comme lorsqu'on est las d'attendre un bus qui ne vient pas, et qu'on se décide à partir, et il survient juste au point de lassitude...), que la surprise se manifeste. Repassant devant un éventaire qui sans doute avait été tardivement déballé, me frappent comme une balle deux peintures représentant deux magnifiques sirènes que le biffin a accrochées à la grille longeant le trottoir. Présences immédiates! Qui m'élisent aussi sec! Une connexion se fait instantanément, je ne peux faire autrement que chercher à en acquérir une. Il y en a quatre au total, et aussi des animaux (une belle hyène dégustant une proie sanguinolente, deux lions qui ont une certaine ressemblance avec ceux que peignait le naïf italien Ligabue). Et le marchand me dit: c'est les "Mami Wata" qui vous intéressent? Encore des Mami Wata...! Je ne les avais pas d'emblée reconnues pour sirènes africaines. Elles sont signées "Mansuela 78". Un peintre zaïrois (le Zaïre est l'ancien Congo) actif dans les années 70 donc.
Mansuela, sans titre (Mami wata), 43 x 62 cm, 1978
Je choisis d'acquérir, parmi les quatre sirènes, qui tiennent tantôt un téléphone, tantôt un micro surgi des eaux, une qui cueille des roses, poussant bizarrement parmi des touffes d'herbes dans le fleuve d'où elle émerge (les Mami Wata sont des esprits d'eau douce plus particulièrement, je crois). Et il ne me revient qu'à présent, en rédigeant cette note, l'anecdote relative au rosier de la variété de roses "Mermaid" que j'ai évoqué dans ma précédente note sur les Mami Wata (voir lien ci-dessus). L'inconscient a parlé, je ne pouvais choisir qu'une sirène à la rose. Les collections se constituent ainsi, pièce après pièce, recomposant un puzzle qui dessine le désir de ce que nous voudrions sauver de notre vie (voir aussi la note sur ce fantôme lumineux de sirène surgi un jour dans la même maison au rosier "Mermaid").
17:02 | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : sirènes, mami wata, mansuela, art populaire africain | Imprimer
Commentaires
Jolie sirène à la rose qui nous ramène à une ancienne correspondance que nous eûmes il y a quelques mois... Je voudrais par ailleurs signaler au Sciapode et à ses lecteurs une mention du Poignard subtil sur le blog ami d'Isabelle Dalbe "Où va écrire?" qui nous parle aussi de Pierre Peuchmaurd, d'Alice Massenat, de "Recoins" et de quelques autres. Adresse de ce blog : http://isabelledalbe.blogspot.com/
Écrit par : Régis Gayraud | 13/10/2010
Il ne me semblait pourtant pas que les Mami Wata des légendes africaines fussent des esprits d'eau douce, du moins d'après ce que l'on m'a raconté. Ce serait des esprits de la mer.
On dit (mais certainement cela varie selon les endroits, je peux juste dire ce qui m'a été relaté provenant de Guinée) qu'elles se présentent la nuit sous la forme de la plus belle femme que l'on puisse imaginer aimer rejoindre. Le seul moyen de pouvoir s'apercevoir (car elles peuvent apparaître à n'importe quel endroit, sur une route par exemple) si elles sont vraiment des Mami Wata serait de regarder leurs pieds car elles auraient des sabots... (ce qui me fait penser à Balkis, par ailleurs).
Le souci, c'est que si jamais vous vous en apercevez, c'est déjà trop tard, vous avez été pris au filet de l'envoûtement et serez invariablement emmené dans les eaux..
Vous connaissez ce film d'Imamura, De l'eau tiède sous un pont rouge ? Il y a un coureur africain qui chante Mami wata ¶ , Mami wata ¶ ..
http://www.youtube.com/watch?v=6h1JzSdmRkY&feature=related
Bien à vous,
Écrit par : Valérie | 15/10/2010
Bon, je ne m'entêterai pas à replonger mes sirènes africaines, sur lesquelles j'aime rêvasser sans trop entrer dans des détails scientifiquement prouvés, dans l'eau douce plutôt que dans l'eau salée. Mais si il est dit que les Mami Wata apparaissent aussi à l'intérieur des terres, il faut bien les imaginer aussi dans les rivières ce qui correspond au double habitat des sirènes occidentales, à la fois de mer et à la fois ondines, esprits des eaux douces de rivières, lacs, étangs... Or, les sirènes occidentales ont compté dans l'inspiration des peintres africains de Mami Wata, à ce qui est colporté ici et là à leur sujet.
Ce sont des figures super ambigües en tout cas. Des sortes de sorcières en somme.
Mais je préfère personnellement les voir à la façon d'un Miyazaki, comme dans son charmant film "Ponyo sur la falaise".
Écrit par : Le sciapode | 16/10/2010
Quoi qu'il en soit, on préférera toujours Mami Wata à Mamie Nova !
Écrit par : L'aigre de mots | 16/10/2010
Je comprends mieux que vous vous cachiez derrière un pseudo lorsque je vous vois en si grande veine calembourgeoise, monsieur l'Aigre...
Écrit par : Le sciapode | 17/10/2010
Eh oui, cher Sciapode, L'Aigre de mots vous concède volontiers qu'il signerait parfois plus justement : Le Maigre d'idées... Le calembour n'est-il pas la fiente de l'esprit qui vole ?
Écrit par : L'aigre de mots | 17/10/2010
C'est agréable! C'est comme si vous me disiez que mon paillasson est bon pour vos crottes.
Écrit par : Le sciapode | 17/10/2010
C'est de Hugo, dans les Misérables. Il ne connaissait pas votre paillasson, l'ami Victor...
Écrit par : L'aigre de mots | 19/10/2010
Je ne le sais que trop bien que c'est de Hugo, tudieu! Mais la fiente, c'est quand même vous qui l'avez déposée, pas vrai?
Écrit par : Le sciapode | 19/10/2010
je sius motiver de voir le mami wata une femme pour moi
Écrit par : wonyou yondou | 25/06/2012
Puisque le dernier numéro de "Viridis candela" (n°23, de pédale 140 E. P.) nous apprend le décès de S. M. le Satrape Lutembi, Représentant Hypostatique de Sa Magnificence le docteur Sandomir pour les Afriques Equinoxiale, Capricornienne et Cancéreuse, dont le rôle éminent dans la Désoccultation du Collège est connu de tous, je propose de nommer Satrape pour lesdites régions africaines la Mami Wata, et souhaiterais demander au collège de 'Pataphysique d'instruire le procès en satrapisation le plus rapidement possible, afin de ne pas laisser ces contrées magnifiques et cependant déshéritées orphelines de leur Satrape plus avant.
Écrit par : Régis Gayraud | 08/04/2013
J'apprends parler de mami wata et je veux savoir si c'est vrais.alor si c'est le cas j'aimerai forlement en avoir une pour moi par pour faire du mal,ni avoir mal je le precise.j'attends une reponse....(...)
Écrit par : Eric Towa | 01/05/2013
La syrènne de l'eau.c'est réel cette histoire,alors je veux vivre ça.j'aimerai avoir une,pas pour faire du mal,ni avoir mal....(...)
Écrit par : Eric Towa | 01/05/2013
Je ne pige pas très bien, M. Towa et autres, ce que vous attendez exactement en laissant ce genre de commentaires. Vous aimeriez avoir une Mami Wata dites-vous? Ben il suffit d'aller à la pêche puisqu'elles sont réelles. Renseignez-vous sur les bons coins et munissez-vous du matériel ad hoc. Y a peut-être même des viviers, des bassins d'élevage.
Écrit par : Le sciapode | 01/05/2013