Mon oeuvre... et l'exposition "Sous le vent de l'art brut 2" (06/09/2014)
Petit rappel, c'est pour le 16 septembre à la Halle Saint-Pierre le début de l'exposition consacrée à la collection néerlandaise De Stadshof, collection hébergée depuis le début des années 2000 à Gand en Belgique au Museum du Dr. Guislain, suite à la fermeture du local où elle était primitivement hébergée à Zwolle aux Pays-Bas. C'est une collection d'art brut, d'art naïf et d'art singulier. On utilise ce dernier terme de plus en plus souvent pour désigner les artistes marginaux de l'art contemporain qui sont influencés par l'exemple esthétique et moral des créateurs de l'art brut. Dans l'exposition "Sous le vent de l'art brut 2", ceux qui relèvent directement de cette catégorie sont (à ma connaissance bien sûr) par ordre alphabétique Azéma, Burland, Katuszewski, Koczÿ, Lamy, Lortet, Montpied (mézigue), Nedjar, Nidzgorski, Sefolosha. Nombre de créateurs néerlandais restent des inconnus et donc il ne faut pas se cacher que peut-être parmi eux se cachent quelques artistes plus proches de l'appartenance au corpus des singuliers qu'au corpus de l'art brut stricto sensu. Mais, autre caractéristique de la collection De Stadshof, par ailleurs apparemment construite avec exigence (qu'on en juge en parcourant leur site web, que j'ai mis en lien au début de cette note), c'est la présence de nombreuses œuvres naïves, c'est-à-dire relevant de ce que l'on appelait au début du siècle dernier, le "réalisme intellectuel". Les trois catégories se mélangent ainsi avec harmonie au service de la poésie visuelle. Et c'est donc une très bonne chose que Martine Lusardy soit partie rechercher à Gand cette collection que l'on avait tendance à oublier.
Le catalogue de l'exposition est déjà prêt, mais je n'ai pas eu le temps de le compulser en détail, hormis le fait que j'y ai reconnu une peinture de moi assez ancienne qui y est reproduite (assez inexactement je dois dire, car elle est floue et ses couleurs ne correspondent pas à la réalité, je n'ai pas eu de chance). Je la reproduis un peu plus exactement ci-dessous.
Bruno Montpied, Une actualité chargée comme un canon (Golfe, Yougoslavie), peinture sur papier contrecollée sur panneau de bois peint 60x80 cm, 1991 ; dans le catalogue de l'expo "Sous le vent de l'art brut 2" il est dit que cette peinture est "sans date", or cette dernière est inscrite au milieu en bas (du moins si mes yeux sont encore bons) ; la photo ci-dessus, compressée, a un tirage original sur papier, un tout petit peu plus net que la photo publiée dans ce catalogue (provenant des animateurs de la collection De Stadshof)
C'est une des quatre peintures que recèle la collection De Stadshof, suite à une donation que je leur avais faite en 1995. Ce sera la seule des quatre qui sera présentée durant l'exposition parisienne. A côté d'elle - ce que je préfère! - douze œuvres de ces dernières années, d'une écriture sensiblement différente de celles des années 1990. Parmi elles, il y aura une œuvre accomplie à deux mains, avec la peintre et photographe tchèque Petra Simkova (titre: "L'enfer, c'est le paradis").
Bruno Montpied, La démarche comme une frégate, voici la belle emportée..., 40x30 cm, 2013 ; exposée à la Halle St-Pierre
Du reste, s'il y a des lecteurs qui s'intéressent plus particulièrement à ma peinture et mes dessins, je signale qu'existe sur ce blog depuis juillet 2013 un photoblog entièrement consacré à ma production picturalo-graphico-plastique (on le trouve dans la colonne de droite de la page d'accueil de ce blog, à peu près vers le haut de la colonne, au-dessus de la rubrique "Notes récentes"). J'y raconte mes œuvres à la manière d'un carnet de bord autobiographique qui serait centré sur l'activité artistique de son auteur, d'où peut-être parfois un ton qui pourrait passer pour narcissique ce qui, j'espère, n'agacera pas trop à la longue...
Bruno Montpied, La cigogne, Grandes Oreilles et l'angoissée, 8 figure, 2001 ; c'est l’œuvre qui est présente à la date de cette note sur la page d'accueil du photoblog)
Si l'on veut voir l'ensemble des photos d’œuvres présentées, on part de la première visible sur la page d'accueil du photoblog et on remonte de l’œuvre la plus récente à la plus ancienne (mises en ligne par date de la plus proche d'aujourd'hui jusqu'à l’œuvre la plus ancienne, c'est donc une remontée dans le temps). Et si l'on veut regarder les archives on va plutôt à cet endroit. Qu'on se le dise.
19:39 | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : sous le vent de l'art brut 2, halle saint-pierre, de stadshof, bruno montpied, zwolle, museum du dr.guislain, martine lusardy, art singulier, art naïf, carnet de bord artistique | Imprimer
Commentaires
J'ai eu la chance d'aller deux fois au musée Guislain. Au début des années 2000, on pouvait y voir des expositions temporaires. Je me souviens d'y avoir découvert Ronan Jim Sévellec, d'y avoir vu de très grands et beaux Henri Darger et je garde un souvenir impérissable de peintures réalisées par un individu ayant vécu en "enfant placard" durant des années. Il représentait des silhouettes floues, lointaines, sur des fonds à la Rothko. Je me souviens aussi du travail d'un type qui fabriquait des horloges avec leurs mécanismes. Les mécanismes tirant vers le mouvement perpétuel étaient très savants et en même temps faciles à comprendre. On suivait, fasciné, une boule qui s'enroulait autour d'une tige pour repartir dans l'autre sens pousser un mécanisme et revenir s'enrouler autour de sa tige...Sans électricité ni énergie nucléaire, ses systèmes étaient épatants...Cela tenait, pour moi à ce moment, du génie! Le tout permettait à des aiguilles de tourner sur des cadrans décorés précieusement. Cela n'indiquait aucune heure réelle mais plutôt des temps abstraits, voire cosmiques...Malheureusement, j'ai oublié les noms de ces messieurs, j'ai perdu depuis longtemps le petit bout de papier sur lequel je les avais inscrits...Si un lecteur de passage pouvait me les remettre en mémoire...
Écrit par : Darnish | 06/09/2014
J'en profite pour dire que Ronan-Jim Sévellec, ça me barbe passablement.
Écrit par : Le sciapode | 14/09/2014
Le docteur Guislain, c'est le vilain qui fait des guili?
Écrit par : James Song | 07/09/2014
Vous êtes drôle, Song, très drôle. Vous avez du talent. Continuez comme ça.
Écrit par : Atarte | 07/09/2014
Tiens? Atarte, vous écrivez comme ces robots qui veulent faire de la pub pour des entreprises. Vous, c'est quoi, la pâtisserie?
Écrit par : Le sciapode | 07/09/2014
Pour ma part, les boîtes de Sévellec m'ont enchanté sitôt que je les ai vues, sans réserve aucune. La condensation qui s'y opère de tout un monde leur donne une puissante charge onirique.
Écrit par : L'aigre de mots | 15/09/2014
Sévellec, et autres faiseurs de maquettes maniaquement poussées, c'est de la maison de poupée pour adultes, pour démiurges à la petite semaine, pour petits dieux de pacotille. L'illusion de dominer quelque chose.
Écrit par : Le sciapode | 15/09/2014
Et du kitsch pour esthètes en somme.
Écrit par : Le sciapode | 15/09/2014
Toujours aussi aigri, le Sciapode. Et avec l'âge, ça va pas s'arranger. Mais après tout, c'est son opignon (sur rue) et il la partage...
Écrit par : L'aigre de mots | 15/09/2014
Non, cher Aigre, le Sciapode n'est pas particulièrement plus aigri. Un aigri est quelqu'un qui tient constamment rancoeur de ses échecs, mais ici, on ne le voit pas. C'est ici au contraire un trait de caractère assez inhabituel mais que j'ai remarqué depuis longtemps chez lui. C'est en effet le succès, et non l'échec, qui donne des ailes à sa véhémence. Trouvez le après un revers: il est humble (enfin, relativement), ouvert, et même sympathique. Mais suivez le lorsqu'il se sait admiré, lorsque ses oeuvres sont exposées, lorsque sa parole compte, il hausse le ton, il vitupère, il pousserait par delà la falaise jusqu'à ses plus anciens amis. Un homme à qui la vie sourit est naturellement porté à la générosité. Lui, l'échec l'adoucit, la réussite raffermit sa hargne.
Écrit par : Siger du Haryag | 16/09/2014
C'est séduisant comme théorie sur mon caractère, mon cher Siger, mais à mon avis c'est du pipeau.
Comme l'a écrit un jour Gérard Sendrey, je suis "roide en amitié", c'est-à-dire que quelque soit les échecs ou les réussites, dont cela ne dépend nullement contrairement à ce que vous inventez (poussé par votre démon de la littérature), j'éprouve toujours le besoin de ne pas ménager mes amis lorsque je vois chez eux quelque chose qui me tracasse. C'est là passion de la franchise. Comment pourrait-on déguiser sa pensée vis-à-vis de ses amis (et de ses amantes)? C'est une question enfantine certes, mais je suis ainsi, justement, grand enfant.
De plus, justement, parce qu'il y a amitié, ou amour, je trouve qu'on se doit de dire ce que l'on croit être des travers à nos proches, c'est une façon de les aider! Alors bien sûr, si on se trompe, on pourra en débattre et on y gagnera toujours, si on n'est pas de mauvaise foi bien entendu.
Écrit par : Le sciapode | 18/09/2014
Grand dieux, ça va être chaud, ce soir! On ne sait pas où donner de la tête, pire que pendant les soldes, comme on dirait chez Animula. Que de vernissages ! Sous le vent de l'art brut 2 à la Halle, et aussi Kakabadzé à Maillol. Kakabadzé. Oui. J'ai bien dit Kakabadzé. 25 ans que j'attendais ça. Et bientôt, j'espère, Goudiachvili. Allez voir, allez voir! Faut montrer de la curiosité, que diable.
Écrit par : Régis Gayraud | 16/09/2014
Le vernissage a eu lieu hier, il me semble. Vos œuvres,cher Sciapode, sont-elles bien accrochées? Discutent-elles agréablement avec leurs voisines?
Écrit par : Darnish | 17/09/2014
Merci de vous en inquiéter, mon cher Darnish.
Je ne peux répondre précisément en même temps à cette question. Car je ne peux être juge et partie en l'espèce. A vous de voir et de me dire quand vous viendrez. Car j'espère que vous viendrez en délaissant quelque temps vos brumes bretonnes.
Ces treize œuvres (il y en a une de plus, venue de la Collection De Stadshof, car les douze autres sont des œuvres venues de mon atelier, comme je l'ai déjà dit) sont installées fort bien, sur la coursive qui est à l'entrée du second espace d'exposition au premier étage de la Halle, en demi cercle, séparée par deux portes qui donnent sur les autres sous-espaces. J'aime cette situation.
En même temps, elles ne sont pas en rapport direct avec d'autres œuvres exposées, comme si on avait voulu les préserver d'un dialogue avec d'autres expressions. Elles sont dans une coursive sans vis-à-vis. C'est peut-être dû à leur format assez réduit qui demande un recul limité pour les contempler. Mais du coup je suis un peu exposé à part. Singulier parmi les singuliers?
Au chapitre des commentaires, une journaliste japonaise m'a identifié avec raison je crois comme un écrivain qui dessine. Un écrivain imagier, serais-je tenté d'ajouter. Ça me va. Je ne me sens pas faire partie de la cohorte traditionnelle des rapins et autres artistes.
Écrit par : Le sciapode | 18/09/2014
Les peintures de Bruno Montpied sont à la meilleure place qu'il ait pu espérer. On est forcé de les voir lorsqu'on pénètre dans la salle du premier étage. Elles font office de seuil entre les œuvres qu'on vient d'admirer en bas et celles qu'on va découvrir en haut. J'y ai vu comme un symbole et un hommage. C'est cette position médiane et pivotale que la journaliste japonaise, me semble-t-il, a saisi. Montpied est un singulier qui use aussi bien du stylo que du pinceau, qui trace des mots et des lignes et se sert de toute la palette des couleurs, mais surtout a mis sa plume au service de la cause des singuliers (ce terme incluant ici les bruts et tout ce qui contrevient à l'attendu et au convenu). Son œuvre est comme un ruban de Moebius où sur une face se dessine son activité de critique et d'essayiste et où sur l'autre, mais c'est la même, ses personnages et ses paysages ont toujours une histoire à nous raconter.
Écrit par : L'aigre de mots | 18/09/2014
Hou-là, c'est le miel de mots, pour le coup. Merci, merci, de la part du ruban de Moebius.
Écrit par : Le sciapode | 18/09/2014
Puissent Bruno Montpied, et avec lui tous les amis, se révéler être eux-mêmes des rubans de Moebius. Puisse la mort nous épargner tous, et puissions-nous demeurer éternellement vifs et joyeux.
Écrit par : Régis Gayraud | 18/09/2014
Amen !
Écrit par : RR | 18/09/2014
J'espère en effet "monter" à Paris pour voir cette exposition...Et délaisser quelques instants le soleil qui brille intensément depuis un mois dans ces beaux paysages du sud Finistère...Je suis content que vos œuvres se trouvent si bien mises en valeur, et cette coursive que vous décrivez et que l'Aigre de Mots souligne comme "pivotale" me semble une belle trouvaille en effet...Cette exposition me semble être une étape de plus dans la construction de votre oeuvre, une pierre de plus à votre palais idéal...
Écrit par : Darnish | 18/09/2014