Une collection d'art immédiat dans "L'Or aux 13 îles" n°2, et un vernissage le 6 novembre prochain (30/10/2011)
L'Or aux 13 îles, je vous en ai déjà parlé lorsqu'était sorti en janvier 2010 son n°1 qui concernait grandement les passionnés d'art populaire brut et des environnements spontanés parce qu'y était inséré un dossier volumineux sur le musée disparu de l'abbé Fouré consacré à ses bois sculptés à Rothéneuf (ce fut l'occasion surtout de republier un document rare, le Guide de ce petit Musée étonnant, guide paru en 1919 ; par la même occasion, nous commémorâmes ainsi -les premiers!- le centième anniversaire de la disparition de l'abbé, mort en 1910).
Voici que paraît son n°2 (cliquez sur ce lien et vous obtiendrez le formulaire de commande du numéro, voire des deux numéros), cette fois dominé par un thème "L'homme hanté par l'animal". Jean-Christophe Belotti est toujours aux commandes du navire, Vincent Lefèvre est toujours le maquettiste, élément important qui assure à la revue sa belle et élégante livrée. Le sommaire est varié, après une introduction de Belotti sur le pourquoi du comment du thème choisi, qu'il a illustrée de fort charmantes cibles foraines tchécoslovaques, on découvre les magnifiques photographies d'oiseaux naturalisés de Pierre Bérenger qu'il fit à la fin des années 1960 dans les locaux alors désaffectés du Museum d'Histoire Naturelle, avant que ce dernier lieu ne soit restauré et transformé en Grande Galerie de l'Evolution (comme le rappelle François-René Simon dans son texte de présentation). Suivent divers textes de Vincent Bounoure, Anne Fourreau et Jean-Yves Bériou. Je m'arrête plus particulièrement sur les dessins d'une certaine Mélanie Delattre-Vogt.
Puis suit un grand dossier sur Pierre Peuchmaurd, poète estimable disparu tout récemment (comme dans le n°1 était inséré un dossier sur Jean Terrossian). Les poèmes nombreux sélectionnés par Belotti dans l'œuvre de Peuchmaurd ont tous un lien avec l'animal.
Des poèmes inédits de Guy Cabanel sont flanqués d'aquarelles d'Aloys Zötl, extraites du livre de Victor Francés récemment paru aux éditions Langlaude (Contrées d'Aloys Zötl, à un prix défiant toute concurrence grâce à des Chinois sous-payés), cet obscur teinturier autrichien qui se passionna de 1831 à 1887 pour des animaux qu'il dessinait plus réels qu'en vérité, les plaçant dans des décors naturels peu réalistes mais somptueusement veloutés et d'une puissance de suggestion sur l'imagination à nulle autre pareille.
Ce numéro 2 est aussi pour moi l'occasion d'entrouvrir une porte sur une collection "d'art immédiat" dans le texte de 40 pages que j'ai intitulé Le Royaume parallèle. Dérivant derrière cette porte, j'invite le lecteur à découvrir des créateurs aussi variés que Guy Girard, Marilena Pelosi, Gérald Stehr, Armand Goupil, le sergent Louis Mathieu, le peintre naïf Louis Roy, le "patenteux" québécois Charles Lacombe, Christine Séfolosha, divers pratiquants de l'atelier pour handicapés mentaux de la Passerelle (l'atelier animé par Romuald Reutimann à Cherbourg), des objets d'art populaire anonyme, des collages d'un "anonyme américain" (que j'ai identifié depuis peu grâce à l'amabilité de Frédéric Lux comme étant de l'autodidacte américain Javier Mayoral, voir le blog de Laurent Jacquy Les Beaux Dimanches qui y parle d'un blog tenu par ce créateur, appelé Locus Solus 1 où Mayoral parle de ses créations très diverses, ex-voto décalés, catcheurs, phénomènes à la Barnum ; le monsieur en question paraît beaucoup jouer de la distanciation tout en restant friand d'ingénuité: curieux!), un jeu de massacre forain, une poupée rescapée de tribulations dans des greniers oubliés, Jean Estaque, Serge Paillard, l'inévitable et mirifique Joël Lorand, Jean-Louis Cerisier, soit autant de figures ou de sujets que les lecteurs fidèles et attentifs du Poignard reconnaîtront sans coup férir comme rôdeurs dans ces parages...
A noter que je viendrai à l'auditorium de la Halle Saint-Pierre à 15h le dimanche 6 novembre (dans une semaine donc) en compagnie de Jean-Christophe Belotti qui dédicacera ce numéro tandis que je proposerai aux personnes présentes une dérive en une centaine d'images sur cette collection d'art immédiat (cela ne se limitera pas, étant donné le nombre, aux images présentes dans la revue). A bientôt donc.
Les illustrations qui accompagnent cette note sont, pour ce qui concerne les dernières des pages extraites de la revue.
20:29 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : l'or aux 13 îles n°2, jean-christophe belotti, art immédiat, bruno montpied, armand goupil, marilena pelosi, joël lorand, gérald stehr, hérold jeune, la passerelle, maugri, jean-lous cerisier, charles lacombe, sefolosha, émilie henry, louis roy, art naïf, lobanov, donadello, sirènes, manero, ruzena, bernard javoy, serge paillard, monique le chapelain, pépé vignes, paul duhem, javier mayoral, guy girard | Imprimer
Commentaires
"Pierre Peuchmaurd poète estimable". C'est tout? Dites donc, mon cher Sciapode, c'est légèrement condescendant, ce ton-là... Restrictif, bizarrement faible, en tout cas. On vous a connu plus d'engouements. Estimable? De quel carnet de notes, de quel "bulletin trimestriel" tirez-vous cet adjectif qui semble dire : "Oui, cher lecteur qui faites partie des happy fews qui appréciez ce blog, on m'a dit que ce gars-là était plutôt bien, vous devriez aller y voir" ? Pierre Peuchmaurd était tout simplement un des très grands poètes de ces trente dernières années. Estimable pour quoi? Pour sa poésie? Sont-ce de tels mots qui qualifient la poésie? Pour cette chimérique "authenticité" qui donnerait un sens à des créations qui n'ont pourtant pas besoin d'une nécessité externe pour être et dire le sensible? Pour son mode de vie, une marginalité qui rendrait honorable le fait qu'il soit quand même poète ("Soyons magnanimes, lecteur!...") ? Estimable "bien que" poète, peut-être? Diable!... Je sais, on ne lit plus la poésie, et puis, du côté situ dont nous fûmes issus, il était de bon ton chez nombre de ces fruits secs qu'on y a pu croiser et depuis sont tombés en grappes dans l'ornière de notre oubli, de s'en gausser sottement, mais vous avez su montrer, vous, que vous pouviez en sortir, et acquérir votre propre langage, alors ne soyez pas effarouché, on ne vous en voudrait pas si vous aimiez la poésie, au contraire ! D'autant que la poésie et nous, c'est une vieille histoire, pour certains faite de rendez-vous manqués, de poses, de faux-semblants, et puis pour d'autres, simplement une manière d'être, une impossibilité d'être autre chose, et toute l'acuité, le désespoir aussi, qu'offre cette impossibilité. Notre époque HAIT la poésie, elle lui a déclaré une guerre totale et absolue. Un poète comme Pierre Peuchmaurd n'est pas - ne peut pas être - que seulement "estimable". Voilà, c'est tout, cela ne soustrait rien à notre amitié, mais voilà qui est dit. Et, vous le voyez bien : la condescendance, on sait tous la manier - et pas seulement lorsqu'on connaît un petit succès passager - pour manier la poésie, ça, c'est autre chose.
Écrit par : Régis Gayraud | 02/11/2011
J'ai mis ce mot "d'estimable" qui te paraît faible parce que j'ai voulu en effet indiquer que je restais peut-être un peu trop sur le seuil des poèmes de Pierre Peuchmaurd. Je sais bien que c'est un poète estimé, et admiré par beaucoup d'entre nos amis. Je ne me sens pas pour autant obligé à faire comme tout le monde. Je veux qu'on se taise quand on cesse de ressentir, ce n'est pas de moi, mais j'essaye de l'appliquer à ma manière. Et ce qui me maintient en lisière, qui ne me fait pas m'émerveiller (la sensation d'aigrette sur les tempes), je le tais, je dis juste "estimable", oui, c'est comme ça.
Et garde tes coups de règle, qui semblent provenir d'une certaine orthodoxie surréaliste contemporaine, pour d'autres doigts. J'ai bien le droit de sentir autrement que toi.
Écrit par : Le sciapode | 02/11/2011
Que vous n'aimiez pas la poésie de Pierre Peuchmaurd, vous en êtes parfaitement libre, je l'admets tout à fait et il n'y a aucun problème pour moi de ce point de vue. Je n'oblige personne à partager certains des poètes que j'aime et dont, d'ailleurs, je ne vous parle jamais. Il y a bien des peintres "singuliers" que vous appréciez et que je trouve fort niais. La notion d' "art immédiat", comme catégorie, est un concept qui me plonge dans des abimes de perplexité. Etc, etc. Simplement, les mots ont un sens. Et un coloris aussi. Je tentais seulement de démêler ce que signifiait "estimable" dans ce cas. Si vous étiez vraiment resté en lisière, cher ami, et si vous vous étiez tu quand vous cessiez de ressentir, vous auriez écrit simplement "poète disparu tout récemment", ce qui n'aurait causé aucun problème... Voilà pour le sens. Mais il y a des adjectifs qui sous leur peau de fleur, cachent de jolies vaches. Ce ton "prof" m'exaspère. Voilà pour le coloris. "Orthodoxie surréaliste contemporaine"? Je ne vois pas ce que vous voulez signifier, en tout cas, pour ma part. Qui devrais-je préserver? Pour parler franchement : quel cul surréaliste serais je en train de lécher? Parce que vous ne l'aimez pas, apprécier la poésie de Peuchmaurd suggérerait une allégeance, ne serait-ce que tactique, et ne saurait être que cela? Vous savez pourtant que je suis assez en retrait de ce cercle comme de bien d'autres, et pas seulement géographiquement, sans doute plus en retrait que vous, en tout cas, et je pense m'être toujours montré libre de toute coterie. Ce qui, entre autres choses, me dispense de devoir sans cesse manifester que je ruerais dans les brancards - lesquels? - pour faire entendre une voix qui se voudrait en décalage. "Garde tes coups de règles"? Mais dites donc, comme disent les enfants: "c'est çui qui dit qui y est"! N'est-ce pas vous, quand même, qui, loin de vous taire quand vous ne ressentez pas, distribuez à longueur de blog bons et mauvais points? Je le répète, ce ton "prof" m'exaspère.
Écrit par : Régis Gayraud | 03/11/2011
Que de grands mots pour si peu de chose...
Estimable veut dire juste que j'estime les poèmes. Ils ne me font pas délirer d'émerveillement. Où est le ton prof' dans tout ça? On n'a plus le droit de dire ce qu'on pense? Et dès qu'on le dit, faut-il se faire traiter automatiquement de donneur de leçons, comme plusieurs avant toi l'ont déjà fait si facilement, (peut-être par une sorte de jalousie devant un ton plus franc que celui qu'ils adoptent volontiers)? Toi aussi, tu tombes dans ces clichés peu fûtés?
Tu me caricatures assez peu honnêtement je trouve. De ce que j'ai dit que les poèmes en question me laissaient sur ma faim, tu tires que "je ne les aime pas". Je n'ai absolument pas dit cela. Encore une fois, j'estime (seulement) ces poèmes, c'est tout, ni plus ni moins. C'est le mot qui m'est apparu le plus juste concernant ces textes que je voulais annoncer dans la revue de Belotti (il y a un léger ressenti tout de même, c'est vrai et c'est pourquoi je me suis risqué à mettre cet adjectif, plutôt que de me taire complètement). Quand j'estime, je dis que c'est estimable. Cela n'a rien de condescendant à mon sens. Tu cherches des poux sur la tête d'un chauve, parce que tu n'y as pas retrouvé ton beurre. Inutile de devenir agressif pour autant. On s'ennuie tant que ça en Auvergne?
Quant à l'art immédiat, tu ne peux l'envisager parce qu'au fond tu es un indécrottable esthète et littérateur (quoique velléitaire). Un adepte de l'art pour l'art en fin de compte?
Écrit par : Le sciapode | 03/11/2011
un gros big-up à jc belotti pour cette 2ème publication qui est trop de la balle.
vivement que le 3ème soit dans les bacs.
peace (mais pas dans ton froc)
matthieu m
négociant en virages.
Écrit par : morin | 04/11/2011