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15/01/2012

Info-Miettes (14)

Pascal Tassini au Madmusée de Liège

       Pascal Tassini quand on voit ça, le truc emberlificoté ci-dessous, on se dit, ah, on tient une Judith Scott made in Europe. Car,pascal tassini-créahm(Liège)e.jpg objet textile non identifié (OTNI qui mal y  pense bien sûr), le parallèle paraît s'imposer, du moins si l'on s'en tient à cette boule bleue effilochée. Or, ce créateur ne s'en tient pas là. il semble que son œuvre majeure soit plutôt une sorte de construction, une "cabane", toujours textile, qualifiée par les rédacteurs du dossier de presse de l'expo de "phénoménale installation à l'aspect organique et tentaculaire", installation qui se développe dans les locaux du Créahm, également installé à Liège (le Madmusée, "émanation" du Créahm, est quant à lui hébergé provisoirement au musée du Grand Curtius en attendant un espace plus adapté à ses collections présentées comme importantes –je n'ai pas encore eu l'occasion d'aller vérifier, cependant l'expo montée il y a peu à Paris à la Maison des Métallos invitait à le penser). Pascal Tassini réalise aussi des coiffes et des tenues de noces plutôt inventives. Une expo se tient actuellement pour en apprendre davantage.

Expo Pascal Tassini au Madmusée jusqu'au 25 février, un catalogue monographique étant édité à cette occasion. Egalement l'exposition parallèle "Indifférence", qui concerne la collection du Madmusée présentée au Grand Curtius, et qui durera jusqu'au 6 mai.

 

Pascal TASSINI cabane détail flou.jpg

La cabane de Pascal Tassini


Gérard Sendrey à Langon (Aquitaine)

     De son côté Gérard ne chôme pas. Après une expo à Bayonne (que j'ai annoncée il n'y a pas si longtemps) le voici qui remonte près de son cher Bordeaux qu'il n'aimerait guère quitter à ce que sussure la rumeur.G.Sendrey,-profil,-1994.jpg Cela se passe à Langon, dont monsieur le maire s'appelle Vérité. Un politicien appelé à ne jamais mentir, ça ne doit pas être facile tous les jours.

Expo du 12 janvier au 25 février, Salle George Sand au Centre Culturel des Carmes, 8, place des Carmes, 05 56 63 14 45. (Ci-contre "Profil" de 1994 par Gérard Sendrey)

André Robillard à Lyon, toujours par monts et par vaux

    On m'annonce une nouvelle exposition d'André Robillard avec des fusils et des dessins à la MAPRA à Lyon, dans le cadre de la Biennale "Musiques en scène" du 2 au 17 mars (où dans le programme parmi des dizaines de compositeurs type Boulez ou Steve Reich on retrouve le nom de notre amateur d'accordéon et de poésie sonore bruts).

Expo du 28 février au 17 mars à la MAPRA de Lyon. Petit-déjeuner André Robillard et Alain Moreau (directeur du théâtre de Villefranche-sur-Saône) le samedi 3 mars à 10h30 au Théâtre Les Ateliers à Lyon.

 

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André Robillard, DAFRIQUE UN ELEPhant, coll.Bruno Montpied

Et Guy Brunet dans tout ça?

      Eh bien, ce dernier exposera à Villefranche-sur-Saône dans le cadre du "festival de cinéma francophone en Beaujolais", à la fin de l'année. On me signale qu'il y aura des silhouettes (de producteurs, vedettes d'Hollywood comme les affectionne Guy Brunet comme on sait), des affiches de films (la plupart américains comme de juste ; "copies" modifiées involontairement par l'auteur) et ses films bricolés à la maison, comme ceux où il se rêve en speaker de documentaires cinéphiliques. C'est le même Alain Moreau qui sera le conseiller artistique de cette manifestation prévue pour novembre 2012 seulement.

Actualité du Musée de la Création Franche

     A Bègles, va bientôt s'achever une exposition Emilie Henry que je n'ai pas eu le temps de signaler ici, bien que j'en apprécie les oeuvres, très proches, dans la technique des encres, des pratiques tachistes, rorschachiennes, voire hugoliennes qui sont autant de pratiques divinatoires ou simplement génératrices d'imaginaires latents (cela dit, Emilie Henry réalise aussi désormais des collages au milieu de ses encres). Cette expo est prévue pour se terminer le 22 janvier, dans une semaine donc, pressez-vous les retardataires (175 dessins vous y attendent).Ss titre,21x13cm, ptêt 2011.jpg

CF n°35.jpg     Par ailleurs, à signaler la parution à la fin de l'année dernière du n°35 de la persévérante revue Création Franche dont Gérard Sendrey vient d'annoncer qu'il se retirait du poste de rédacteur en chef, pour se limiter de façon intermittente à des collaborations ponctuelles. J'ai été invité à participer à ce numéro où je propose un article pour découvrir le foyer d'arts plastiques de La Passerelle à Cherbourg (La Passerelle: comme un vol d'étourneaux dans le paysage créatif), foyer par ailleurs déjà évoqué sur ce blog. Le sommaire est à lire ici (à noter qu'on trouve dedans un article de présentation de Pascal Tassini par Teresa Maranzano, et un texte de Deborah Couette, du CRAB, sur Alexis Lippstreu où elle analyse la démarche imitatrice-recréante d'Alexis Lippstreu, analyse qui ne peut que me ravir puisque je l'ai déjà précédée sur la question dans le texte de mon allocution sur les rapports entre arts populaires et art brut dans le cadre du séminaire de Barbara Safarova au Collège International de Philosophie).

 

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Yann, sans titre, (créé dans l'atelier de La Passerelle), 50x70 cm, février2011, coll BM


A Lausanne, Sarah Lombardi aux commandes et Lucienne Peiry appelée à de plus hautes responsabilités

      A la Collection de l'Art Brut, il y a du mouvement, et je n'y comprends pas grand-chose... Bon, OK, que Sarah Lombardi devienne directrice par intérim pendant un an, ça je vois de quoi il s'agit (ou à peu prés...).pascal tassini,madmusée,handicapés mentaux,créahm,gérard sendrey,émilie henry,andré robillard,guy brunet,alain moreau,théâtre de villefranche,création franche,art singulier,la passerelle Mais Lucienne Peiry qui devient dans le même temps "attachée culturelle-directrice de la recherche et des relations internationales" en poste auprés de la municipalité de Lausanne, ça, je patauge quelque peu sur le sens de cette fonction, en franc béotien que je suis. (ci-contre portrait de Sarah Lombardi, photo Magali Konig, Coll. de l'Art Brut)

Guo Fengyi et Gregory Blackstock à Lausanne

     Pendant ce temps dans les locaux de la Collection de l'Art Brut se poursuivent deux expos également intéressantes, Guo Fengyi d'une part (18 nov 2011-29 avril 2012) et Gregory Blackstock (30 septembre 2011-19 février 2012). Les deux sont également au sommaire du dernier fascicule de la Collection, le n°23, paru tout récemment, Guo Fengyi décrite et analysée par Lucienne Peiry et Gregory Blackstock par Philippe Lespinasse, le même Lespinasse qui a réalisé avec Andress Alvarez un duo de courts-métrages sur ces créateurs, réuni en un seul DVD.pascal tassini,madmusée,handicapés mentaux,créahm,gérard sendrey,émilie henry,andré robillard,guy brunet,alain moreau,théâtre de villefranche,création franche,art singulier,la passerelle,lucienne peiry,sarah lombardi Philippe Lespinasse a le chic d'évoquer des créateurs d'art brut de façon sensible, condensée, dans une durée de film adaptée à une première prise de contact, telle qu'on l'expérimente dans les auditoriums de musée.

     Si Gregory Blackstock se présente a priori plutôt comme une sorte de naïf encyclopédiste amateur de planches sérielles aux thématiques variées (gratte-ciels, accordéons, corbeaux aux plumages pas toujours réalistes, scarabées, fouets, chaussures, bombardiers...), Guo Fengyi (1942-2010) paraît de son côté avoir commencé son œuvre (qui n'en était pas une au début) dans le but de se soigner avant toute chose. "Elle cherche à soulager ses souffrances dues à des crises d'arthrite aiguë", nous dit le dossier de presse de l'expo.pascal tassini,madmusée,handicapés mentaux,créahm,gérard sendrey,émilie henry,andré robillard,guy brunet,alain moreau,théâtre de villefranche,création franche,art singulier,la passerelle,lucienne peiry,sarah lombardi,guo fengyi,gregory blackstock,philippe lespinasse Par la suite, c'est par un esprit d'aventure et d'exploration d'une forme de savoir inconnu qu'elle systémisa sa production. Elle se mit à dessiner à un moment sur des rouleaux de papier fin fabriqué à partir de fibres végétales. Dessinant de façon tout à fait automatique –elle le dit très clairement dans le film de Lespinasse– dans les deux sens du rouleau, elle assimile le surgissement graphique qui s'opère sous ses doigts à la germination des arbres, sans repentir possible.

      Ces rouleaux de dessin à visée thérapeutique peuvent faire songer par analogie aux rouleaux magiques éthiopiens tels qu'ils avaient été présentés par exemple dans l'ex-Musée des Arts Africains et Océaniens à Paris en 1992-1993.pascal tassini,madmusée,handicapés mentaux,créahm,gérard sendrey,émilie henry,andré robillard,guy brunet,alain moreau,théâtre de villefranche,création franche,art singulier,la passerelle,lucienne peiry,sarah lombardi,guo fengyi,gregory blackstock,philippe lespinasse Ces rouleaux, portés à la ceinture par ceux qu'ils étaient destinés à protéger, de la taille d'un homme, étaient des talismans. Guo Fengyi ne se fabriquait-elle pas pour elle seule ses propres talismans? Un peu comme la Madame C. dont nous visitons la maison décorée de dentelles de plâtre dans notre film Bricoleurs de paradis, à Remy Ricordeau et à moi, et qui luttait durant ses nuits blanches de souffrance en sculptant contre son cancer.

Illustrations: Ci-dessus, Guo Gengyi, Le Mont Putuo, 1993, encre sur papier, 153,5x52 cm, ph: Caroline Smyrliadis, Coll. de l'Art Brut, Lausanne. Et en dessous, "Ange gardien", rouleau protecteur en parchemin, XIXe siècle, H: 44 cm, L:23,5, ancienne coll; du MAAO.




11/12/2011

Il y a de l'art brut parisien, le saviez-vous?

 

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Vue partielle de l'exposition Exil, ph Bruno Montpied

    "Exil, l'art brut parisien", c'est une exposition au Réfectoire des Cordeliers dans le Ve ardt qui n'est pas une salle de cantine comme les autres, c'est une architecture fort ancienne où sont montées depuis quelque temps des manifestations fort bien mises en scène. La dernière prévue entre le 1er décembre 2011 et le 12 janvier 2012 ne déroge pas à cette règle. Elle est très soigneusement présentée, les œuvres sont fort bien mises en valeur. On nous y annonce 59 "artistes" (c'est moi qui rajoute les guillemets) venus de 9 ateliers médico-sociaux et de 4 ateliers d'art-thérapie tous situés à Paris. On en retrouve un, l'ESAT (ex-CAT) de Ménilmontant dont j'ai déjà eu l'occasion de mentionner une intéressante expo au Carré de Baudouin dans les hauteurs de Ménilmontant naguère. Reviennent ainsi dans cette expo faire un petit tour une grande peinture de Joseph Tibi (décidément remarquable peintre d'origine tunisienne), et quelques pièces de Philippe Lefresne et de Fathi Oulad Ben Abid qui paraissent toujours assez en forme. A noter aussi que c'est la troisième expo d'envergure sur l'art des handicapés mentaux que l'on nous présente à Paris en l'espace d'un an et demi, la première ayant été l'expo du Madmusée à la Maison des Métallos (plutôt réussie, voir la note où je la signalais) en avril 2010.

 

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Philippe Lefresne, sans titre, 65x50cm, 1985, (ESAT de Ménilmontant), ph B.M.

     Mais, à part quelques cas comme ceux que je viens de citer, il ne se produit pas de choc véritable à parcourir cette grande et belle salle des Cordeliers. On nous y annonce de "l'art brut", mais qui en a décidé, hormis les organisateurs? Suffit-il de sortir quelques productions, au reste de qualité (sans aller jusqu'à la surprise bouleversante), la plupart du temps vraiment trop en référence à des courants divers de l'art moderne (un zeste de COBRA, un peu d'expressionnisme, un peu de peinture enfantine, beaucoup "d'art brut" déjà vu), sans qu'on en sache la raison (on soupçonne tout de même l'influence occulte de l'animateur de l'atelier), pour obtenir à coup sûr le sacro-saint "art brut"? L'impression dominante est d'assister à une sorte de revue d'influences mal digérées de l'art moderne. Comme si les animateurs avaient fait réaliser leurs rêves secrets de créateurs par les participants interposés de leurs ateliers.

 

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Anne et Cyril, L'Oiseau, 100x80cm, 2009 (CAJ Robert Job) ; tiens? On dirait du Acézat... Ph BM

     L'affirmation, placée en préambule de l'exposition par Véronique Dubarry (adjointe au maire de Paris chargée des personnes en situation de handicap), comme quoi on aurait ici affaire à de l'art brut parisien, m'apparaît donc quelque peu aventurée (on retrouve son "éditorial" sur le site internet consacré à l'exposition, www.exil-artbrutparisien.fr ; à lire sur ce site aussi le texte du professeur François Robichon, petit chef d'œuvre de passe-passe intellectuel où l'art brut se voit retourné comme un gant, assimilé à l'art contemporain, ce qui permet de légitimer toutes les insuffisances côté inventivité et tous les mimétismes aussi de ces productions d'art-thérapie). Une autre affirmation de Mme Dubarry prête à sourire, il n'existerait à Paris en effet aucun lieu voué à présenter de l'art brut (« Existe-t-il à Paris un lieu dédié où les artistes parisiens en situation de handicap mental et psychique, issus de n’importe quels ateliers, puissent exposer? De cette question, et de sa réponse négative, a émergé la volonté collective de sortir hors les murs le travail d’artistes jusqu’ici cloisonné »). Il faudrait emmener de toute urgence Mme Dubarry visiter la Halle Saint-Pierre (qui n'a jamais réservé des expos uniquement à l'art issu des handicaps, préférant l'intégrer à des ensembles plus vastes et moins cloisonnés)... Il est vrai qu'en ce moment à la Ville on se préoccupe de moins en moins de la Halle, préférant lui augmenter sans cesse son loyer, et diminuer les subventions dans l'espoir sans doute de voir ses animateurs actuels (Martine Lusardy et son équipe) enfin abandonner les lieux, pour les livrer aux associations de quartier justement, peut-être même ces associations qui promeuvent de ce simili art brut style Réfectoire des Cordeliers.

    Ceci dit, je n'ai rien contre le fait qu'on puisse créer à Paris un nouveau lieu voué aux "artistes parisiens en situation de handicap mental et psychique" (pour les y "recloisonner", Mme Dubarry?) pourvu que cela ne  se fasse pas au détriment de lieux déjà existants comme cela semble être parfois la politique de la Ville de Paris qui adore créer par ailleurs des nouveaux lieux complètement artificiels (voir le 104 ce complexe culturel créé dans les locaux des anciennes pompes funèbres municipales...) ou ressusciter des salles de spectacle d'un autre temps (les trois Baudets, le Louxor...).

 

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Lydie Boisset, Autoportrait, mai 2008,(production Atelier de la Passerelle, coll. BM)


       Il existe des endroits en France où l'on produit des œuvres autrement inventives qui pour le coup sont davantage dignes d'être rangées dans l'art brut (par le fait de cette inventivité), comme par exemple les productions de l'Atelier La Passerelle à Cherbourg que je défends sur ce blog depuis quelque temps. On aura l'occasion très bientôt de découvrir quelques œuvres venues de ce Cotentin où souffle le vent de l'art brut dans les locaux de la Maison Rouge bd de la Bastille (voir bientôt la note à ce sujet sur ce blog).

Exil, l'art brut parisien, Réfectoire des Cordeliers, du mardi au samedi, 10h30-19h, nocturne les jeudi de 10h30 à 21h30, 15 rue de l'Ecole de Médecine, Ve ardt. Renseignements: 01 40 33 19 19.

30/10/2011

Une collection d'art immédiat dans "L'Or aux 13 îles" n°2, et un vernissage le 6 novembre prochain

     L'Or aux 13 îles, je vous en ai déjà parlé lorsqu'était sorti en janvier 2010 son n°1 qui concernait grandement les passionnés d'art populaire brut et des environnements spontanés parce qu'y était inséré un dossier volumineux sur le musée disparu de l'abbé Fouré consacré à ses bois sculptés à Rothéneuf (ce fut l'occasion surtout de republier un document rare, le Guide de ce petit Musée étonnant, guide paru en 1919 ; par la même occasion, nous commémorâmes ainsi -les premiers!- le centième anniversaire de la disparition de l'abbé, mort en 1910).

l'or aux 13 îles n°2,jean-christophe belotti,art immédiat,bruno montpied,armand goupil,marilena pelosi,joël lorand,gérald stehr,hérold jeune,la passerelle,maugri,jean-lous cerisier,charles lacombe,sefolosha,émilie henry,louis roy,art naïf,lobanov,donadello,sirènes,manero,ruzena,bernard javoy,serge paillard,monique le chapelain,pépé vignes,paul duhem,javier mayoral,guy girard       Voici que paraît son n°2 (cliquez sur ce lien et vous obtiendrez le formulaire de commande du numéro, voire des deux numéros), cette fois dominé par un thème "L'homme hanté par l'animal". Jean-Christophe Belotti est toujours aux commandes du navire, Vincent Lefèvre est toujours le maquettiste, élément important qui assure à la revue sa belle et élégante livrée. Le sommaire est varié, après une introduction de Belotti sur le pourquoi du comment du thème choisi, qu'il a illustrée de fort charmantes cibles foraines tchécoslovaques, on découvre les magnifiques photographies d'oiseaux naturalisés de Pierre Bérenger qu'il fit à la fin des années 1960 dans les locaux alors désaffectés du Museum d'Histoire Naturelle, avant que ce dernier lieu ne soit restauré et transformé en Grande Galerie de l'Evolution (comme le rappelle François-René Simon dans son texte de présentation). Suivent divers textes de Vincent Bounoure, Anne Fourreau et Jean-Yves Bériou. Je m'arrête plus particulièrement sur les dessins d'une certaine Mélanie Delattre-Vogt.l'or aux 13 îles n°2,jean-christophe belotti,art immédiat,bruno montpied,armand goupil,marilena pelosi,joël lorand,gérald stehr,hérold jeune,la passerelle,maugri,jean-lous cerisier,charles lacombe,sefolosha,émilie henry,louis roy,art naïf,lobanov,donadello,sirènes,manero,ruzena,bernard javoy,serge paillard,monique le chapelain,pépé vignes,paul duhem,javier mayoral,guy girard

     Puis suit un grand dossier sur Pierre Peuchmaurd, poète estimable disparu tout récemment (comme dans le n°1 était inséré un dossier sur Jean Terrossian). Les poèmes nombreux sélectionnés par Belotti dans l'œuvre de Peuchmaurd ont tous un lien avec l'animal. 

l'or aux 13 îles n°2,jean-christophe belotti,art immédiat,bruno montpied,armand goupil,marilena pelosi,joël lorand,gérald stehr,hérold jeune,la passerelle,maugri,jean-lous cerisier,charles lacombe,sefolosha,émilie henry,louis roy,art naïf,lobanov,donadello,sirènes,manero,ruzena,bernard javoy,serge paillard,monique le chapelain,pépé vignes,paul duhem,javier mayoral,guy girard      Des poèmes inédits de Guy Cabanel sont flanqués d'aquarelles d'Aloys Zötl, extraites du livre de Victor Francés récemment paru aux éditions Langlaude (Contrées d'Aloys Zötl, à un prix défiant toute concurrence grâce à des Chinois sous-payés), cet obscur teinturier autrichien qui se passionna de 1831 à 1887 pour des animaux qu'il dessinait plus réels qu'en vérité, les plaçant dans des décors naturels peu réalistes mais somptueusement veloutés et d'une puissance de suggestion sur l'imagination à nulle autre pareille.

      Ce numéro 2 est aussi pour moi l'occasion d'entrouvrir une porte sur une collection "d'art immédiat" dans le texte de 40 pages que j'ai intitulé Le Royaume parallèle.l'or aux 13 îles n°2,jean-christophe belotti,art immédiat,bruno montpied,armand goupil,marilena pelosi,joël lorand,gérald stehr,hérold jeune,la passerelle,maugri,jean-lous cerisier,charles lacombe,sefolosha,émilie henry,louis roy,art naïf,lobanov,donadello,sirènes,manero,ruzena,bernard javoy,serge paillard,monique le chapelain,pépé vignes,paul duhem,javier mayoral,guy girard Dérivant derrière cette porte, j'invite le lecteur à découvrir des créateurs aussi variés  que Guy Girard, Marilena Pelosi, Gérald Stehr, Armand Goupil, le sergent Louis Mathieu, le peintre naïf Louis Roy, le "patenteux" québécois Charles Lacombe, Christine Séfolosha, divers pratiquants de l'atelier pour handicapés mentaux de la Passerelle (l'atelier animé par Romuald Reutimann à Cherbourg), des objets d'art populaire anonyme, des collages d'un "anonyme américain" (que j'ai identifié depuis peu grâce à l'amabilité de Frédéric Lux comme étant de l'autodidacte américain Javier Mayoral, voir le blog de Laurent Jacquy Les Beaux Dimanches qui y parle d'un blog tenu par ce créateur, appelé Locus Solus 1 où Mayoral parle de ses créations très diverses, ex-voto décalés, catcheurs, phénomènes à la Barnum ; le monsieur en question paraît beaucoup jouer de la distanciation tout en restant friand d'ingénuité: curieux!), un jeu de massacre forain, une poupée rescapée de tribulations dans des greniers oubliés, Jean Estaque, Serge Paillard, l'inévitable et mirifique Joël Lorand, Jean-Louis Cerisier, soit autant de figures ou de sujets que les lecteurs fidèles et attentifs du Poignard reconnaîtront sans coup férir  comme rôdeurs dans ces parages...

l'or aux 13 îles n°2,jean-christophe belotti,art immédiat,bruno montpied,armand goupil,marilena pelosi,joël lorand,gérald stehr,hérold jeune,la passerelle,maugri,jean-lous cerisier,charles lacombe,sefolosha,émilie henry,louis roy,art naïf,lobanov,donadello,sirènes,manero,ruzena,bernard javoy,serge paillard,monique le chapelain,pépé vignes,paul duhem,javier mayoral,guy girardA noter que je viendrai à l'auditorium de la Halle Saint-Pierre à 15h le dimanche 6 novembre (dans une semaine donc) en compagnie de Jean-Christophe Belotti qui dédicacera ce numéro tandis que je proposerai aux personnes présentes une dérive en une centaine d'images sur cette collection d'art immédiat (cela ne se limitera pas, étant donné le nombre, aux images présentes dans la revue). A bientôt donc.

Les illustrations qui accompagnent cette note sont, pour ce qui concerne les dernières des pages extraites de la revue.

        

22/04/2010

Les cochons dans la boue

     Je suis allé à Cherbourg où paraît-il il n'y a que deux saisons, l'hiver et le 15 août, et figurez-vous que pour moi le soleil fut de sortie. J'ai ramené plein de photos prises dans l'atelier du centre d'arts plastiques de La Passerelle qu'anime Romuald Reutimann (voir anciennes notes). Il y a là à n'en pas douter une certaine effervescence créatrice qui paraît rare en France. Je médite quelque texte plus long à  ce sujet. Dans les limites de ce blog, et pour rester dans le sillage des impressions ressenties à chaud, je vous invite à prendre connaissance d'un petit texte d'interprétation automatique d'une des oeuvres vues à Cherbourg.

Cyrille-Augeard-Cochons-dan.jpg
Cyrille A., Les cochons dans la boue, acrylique et marqueurs à peinture, centre d'arts plastiques de La Passerelle, déc. 2008
Cortège

           Ils processionnent, bien silencieux, bien cois. Moutons de Panurge prêts à se jeter dans les flots, mais de mort lente, comme dit la chanson. La queue dressée, en forme de goupillon ou de matraque, ou d'autre chose. Est-ce l'heure de la transhumance ? Horizontale alors, car il n'y a nulle trace d'alpage, de pente à gravir à l'horizon. Il n'y a pas d'horizon pour ce cortège figé, enfermé dans ses pensées, ou son absence de pensée. Le monde est une orange qui les entoure de toutes parts, ils flottent dans le vide, ronds jolis, colorés... Des choses sans nom traînent à terre, à côté d'eux, parmi eux.

         Ils se ressemblent terriblement. Pourquoi « terriblement » ? Parce que certains pourraient les trouver monotones. Identiques, clonés. En réalité, s'ils paraissent bien bâtis sur un même modèle, ils ont leurs différences, de points, couleurs, taille. Il y a ceux qui sont clairs, et puis les plus sombres. Et encore ceux qui ne sont ni l'un ni l'autre.

         Ils font bloc cependant. Groupe soudé, car l'union fait peut-être la force, mur de rondouillards mutiques érigé pour on ne sait quel ennemi invisible sur cette feuille. Ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'en dépit de leur apparence décorative, ils intriguent. Leur dessin va du côté d'un possible dessein, d'un mystère destiné à rester insoluble sans doute.

         Ils sont simples, mais aussi ésotériques. Du grand art, en somme.

         J'ai découvert le titre de ce dessin après l'avoir décrit : « Les cochons dans la boue ». Cochons jouets, mais où est la boue ? Dans leur âme sans doute, qu'il faudra alors laver. Il paraît que les cochons ne préfèrent pas la boue. Ce sont les hommes qui les y précipitent.

28/03/2010

Les paradis de Cherbourg, la Passerelle expose

    Je reçois de l'animateur de l'atelier d'arts plastiques La Passerelle à Cherbourg l'annonce d'une exposition organisée à la Maison des Jeunes et de la Culture de la ville. Bel événement étant donné l'apparente qualité de ce qui se produit dans cet atelier, qui j'espère fera plus amplement connaître ce foyer remarquable de créativité. Elle a débuté le 29 mars et se terminera le 7 mai.

Affiche expo La Passerelle, mars-mai 2010.JPG

     Voici comment Romuald Reutimann, l'encadrant de cet atelier, présente leur travail sur son blog (où comme je l'ai déjà dit on peut découvrir un grand nombre des travaux réalisés par les participants à l'atelier):

     « La Passerelle est un atelier d'art plastique inauguré il y a 20 ans, dans le cadre d'un service d'insertion sociale, s'adressant à des adultes vivant avec une déficience intellectuelle.

       La plupart travaillent au Centre d'Aide par le Travail (C.A.T.) de LA GLACERIE. Nous accueillons également une personne du C.A.T. des Pieux et un retraité.

André,Sans titre,sans date,crayon,65x50cm, Blog La Passerelle.jpg
André, sans titre, sans date, 65x50 cm ; extrait du blog de La Passerelle

       Depuis l'origine prés d'une centaine de personne sont passées par l'atelier. Actuellement, il compte 16 participants répartis en deux groupes. Chaque groupe se retrouvant deux heures par semaine.

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Annick, Abécédaire, 70x50 cm, 2004 ; extrait du blog de La Passerelle

 

       Il s'agit avant tout d'un lieu de détente et d'expression autour des arts plastiques. Nous accueillons tous ceux qui en manifestent le désir pour peu qu'ils soient régulièrement présents et qu'ils s'investissent dans une production.

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Pascal, sans titre, 45x43,5 cm, 2003 ; extrait du blog de La Passerelle

       Les propositions de travaux sont le plus souvent amenées au cas par cas. Nous cherchons à leur faire plaisir mais aussi à les provoquer au travers de voies graphiques qu'ils ont souvent découvertes, initiées et développées eux-mêmes. »

08/10/2009

La Passerelle, foyer artistique à Cherbourg, la poésie souffle toujours où elle veut

     Une jolie surprise m'est venue ces jours-ci de ma boîte e-mail. Un monsieur nommé Romuald Reutimann m'a donné un lien vers son blog, celui d'un foyer artistique pour déficients mentaux (c'est le terme qu'il utilise), la Passerelle, situé à Cherbourg, la ville des mythiques Parapluies dont on ne sait pas grand-chose à part ces sempiternels clichés pluvieux, ou ses homards à multipinces venus des environs de La Hague...

L'atelier de la Passerelle, Cherbourg, photo Romuald Reutimann, 2009.jpg
L'atelier de La Passerelle

      Or, c'est idiot de ne pas chercher à en savoir plus sur cette ville oubliée au bout du Cotentin, face à la mer qu'elle contemple, on le suppose, extasiée depuis des éternités. J'aurais bien envie de commencer par les usagers de cette Passerelle justement. Les oeuvres reproduites sur le blog (créé semble-t-il depuis peu, le mois d'août dernier?) sont fraîches, simples, inventives, et les commentaires qui les accompagnent sont au diapason, sans prétention aucune, ce qui nous change des proses et des poses artistiques habituelles.

Christine,sans titre,2002, atelier La Passerelle.w.jpg

Christine, sans titre, 2002        

Yann, l'animal dans la personne, ph.La Passerelle, 2009.w.jpg

Yann, L'animal dans la personne, 2009

     "Actuellement nous accueillons plus ou moins une vingtaine de participants divisés en deux groupes qui se réunissent les mardis et jeudis, après le travail, entre 17 et 19h. Nos moyens et notre espace de travail sont modestes mais l'enthousiasme et l'assiduité sont là..." (Romuald Reutimann)

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Cyril, feuillets assemblés, Hommes-machines, 2001

     Le travail se fait dans un appartement, sobrement mais aussi assez elliptiquement décrit, ce qui lui confère une aura de mystère. Les oeuvres montrées sur ce blog me séduisent passablement, me faisant désormais croire que vient de surgir en France un centre de création pour handicapés qui pourrait rivaliser avec les centres belges du type de la Pommeraie, ou du foyer Reine Fabiola à Neufvilles, ou encore avec ceux dont les oeuvres sont montrées de temps à autre chez Art en Marge à Bruxelles, ou dans le Mad-musée à Liège. En attendant, je ne peux faire moins que l'ajouter à ma liste de doux liens.

Gisèle,Marchand de pigeons, ph. Atelier La Passerelle2007.jpg
Gisèle, Marchand de pigeons, encre et collage, 2007