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04/02/2016

Dégringolade d'avortons et autres spectres chez Dettinger: Ruzena et Pierre Blondeau

     La galerie Dettinger a loué ses locaux à des fantômes d'êtres qui ressemblent furieusement  à des mort-nés et des poupées d'exorcisme. A des mort-nés surtout dans le cas de Ruzena.

SS titre, 18-12-2014, 60x40cm, .JPG

Ruzena, sans titre, technique mixte sur papier, 60x40cm, 2014

    Parce que, du côté de l'autre artiste présenté, Pierre Blondeau, on se croirait plutôt en présence de poupées pour zombies, du genre de celles qu'on pourrait imaginer aux mains des cadavres quand ceux-ci tentent de se distraire dans la froideur de leurs sépulcres. Ruzena adore accoucher, si j'ose dire, de ces esprits, parfois proches du phasme, qui paraissent comme recueillis, en larmes presque, pleurant leur impossible naissance au monde réel, condamnés à venir rôder à jamais sur la rugosité des grandes feuilles de papier où l'artiste obsessionnellement les couche, farfadets, petits démons aussi bien, si l'on veut, certains autres jours, comme lorsqu'on les voyait, à une époque, cernant des familles entières de bons Français mis sur leur 31.

Ruzena, portrait de famille sous-verre, ph mai 08 (2).jpg

Ruzena, portrait de famille, mai 2008, technique mixte sur photo, ph. Bruno Montpied

      Blondeau doit hanter quant à lui, non les cimetières (quoique...Vaudous...?), mais les cultures autres, loin de l'Europe et de ses anciens parapets, du côté de l'Afrique peut-être, cette Afrique que le galeriste Alain Dettinger, place Gailleton à Lyon, expose tout au long de l'année, sur des rayons parallèles de sa si originale galerie...

expo pierre blondeau 2016.jpg

Ruzena, "dessins"-Pierre Blondeau, "mutants mutins", du 30 janvier au 27 février, Galerie Dettinger-Mayer, 4, place Gailleton, 69002 Lyon. Tél 04 72 41 07 80. <www.galerie-dettinger-mayer.com> et dkart2@yahoo.com

Commentaires

Le portrait de famille de Ruzena, c'est peut être la famille Revenant du cimetière de Lyon évoquée dans la précédente notes.

Écrit par : Darnish | 08/02/2016

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Ou celui d'une famille de Mornay...Plus exactement. Parce que, pour qu'ils reviennent, il faudrait d'abord qu'ils soient nés. Or, c'est bien là où le bât blesse.
On pense toujours aux revenants, il y a une littérature abondante à leur sujet. Mais les morts-nés, les avortons, les esprits qui ne parviennent pas à s'incarner, y pense-t-on suffisamment? Heureusement que Ruzena est là pour les rétablir dans leur droit...
Et il faudrait bien qu'un éditeur s'occupe aussi de nous donner une traduction française du roman de "fantasy" de Charles Kingsley, "Water babies", une histoire curieuse où des bébés noyés sont recueillis sous les eaux par quelque génie. Ce ne sont pas, il est vrai, dans ce roman, des morts-nés, cela dit, en l'occurrence, ni encore moins des esprits non incarnés (auxquels je pense furieusement dès que je vois les personnages des dessins de Ruzena) mais plutôt des enfants morts en bas âge. Mais on s'en rapproche...

Les dessins de Ruzena campent des potentialités, des personnalités virtuelles hantant leur auteur, qui n'ont pas encore eu l'insigne honneur de naître, de se développer, de venir agir dans la lumière de notre réalité. Elles sont donc condamnées à errer lamentablement dans ces chutes sans fin de larmes aux formes de larves, dans les ténèbres funèbres de fonds encombrés de lianes, d'algues ou de toiles d'araignées, ces mêmes toiles d'araignée que l'on rencontre dans les recoins oubliés...

Écrit par : Le sciapode | 09/02/2016

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