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09/11/2023

Alain Nahum, "pour tout levier, un mouchoir"

      Alain Nahum, les passants qui croisent par cette colonne déroulée depuis 2007 dans le secret de l'océan Internet, l'ont peut-être déjà repéré. Je l'avais déjà évoqué pour un recueil de photos sur les images trouvées (Paris, passages piétonniers) dans les bandes de passages piétonniers paru aux éditions Travioles en 2002. Alain-Nahum-passages-piéton.jpg L'évocation se cachait au sein d'une note sur la poésie de hasard. C'est que cette catégorie me mobilise depuis fort longtemps. J'aime à recueillir mes propres découvertes photographiques (j'ai, je le reconnais, moins de métier que M. Nahum, mais le regard est semblable) quant aux paréidolies en tous genres que nous fournit le hasard des rues ou celui de la nature. J'aime aussi à héberger les paréidolies recueillies par d'autres amateurs.

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Couverture du nouveau livre d'Alain Nahum, paru aux éditions l'Œil de la Femme à Barbe.

 

    "Photographe urbain, Alain Nahum s'intéresse aux bribes d'histoires humaines et saisit les traces et vestiges qui racontent notre monde, souvent à notre insu: affiches arrachées sur les murs, restes de petites annonces collées sur les gouttières, passages piétonniers marqués par l'usure des roues et des chaussures, reflets des passants sur les trottoirs et mouchoirs en papier abandonnés..." (Extrait de la présentation de l'artiste dans le livre Lien rouge. Akai Ito, 2023).

     L'album paru récemment à l'enseigne de l'Œil de la Femme à Barbe (Ghislaine Verdier) part cette fois de mouchoirs en papier abandonnés sur les trottoirs de la nuit parisienne (pour alimenter l'œil du photographe, il paraît moins interdit de les jeter sur le bitume, par conséquent...!). Détrempés, ramollis, piétinés avec l'empreinte des semelles dessus, déchirés, triturés au petit bonheur des divers avatars de la circulation, contrastant par leurs blancheurs douteuses avec le noir asphalté et nocturne, ils représentent en effet, pour celui qui sait voir au-delà des apparences, un petit trésor esthétique involontaire.

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Mouchoir écrasé sur un trottoir, dans la partie du livre intitulé "Papiers de nuit", photo Alain Nahum, extrait de Lien Rouge. Akai Ito.

 

       Alain Nahum en a recueilli, et parfois retravaillé plusieurs (ce qu'il ne faut pas trop recommander, la trouvaille brute paraissant souvent, au final, plus forte que ce que la main de l'artiste pourra orienter ; ce n'est pas Georges-Charles Waintraub, qui collectait des objets de hasard, dans les années 1980, en les collant sur des cartes pliantes, en refusant d'y adjoindre la moindre retouche, en véritable puriste (voire intégriste!) du ready-made de hasard, qui m'aurait dit le contraire...). Le livre à l'Œil de la Femme à Barbe en publie plusieurs tels quels.

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De bien curieux fantômes...

Pages82-83Big-LienRouge-Nahum.jpg

Un lien rouge est ici figuré en dessous des "fantômes" pour évoquer la relation qui unit ces êtres.

 

         Mais Nahum a voulu aller plus loin que cette seule captation de la poésie du hasard. Il a organisé certains de ses "fantômes" trouvés sur bitume en faisant écho à une tradition japonaise du lien, le "en ga aru", qui explique les "liens familiaux, amoureux, amicaux" entretenus dans la vie présente par de "précédentes rencontres lors d'existences passées". "Si le hasard nous ballotte au gré d'un destin qui nous échappe, le "en" nous ancre dans les lieux et auprès des êtres qui de tout temps sont faits pour nous" (cité par Corinne Atlan dans Le Pont flottant des rêves, éditons de la Contre Allée, 2022). Pourquoi pas, même si la philosophie fataliste qui s'y exprime me laisse, je dois dire, un peu, beaucoup, perplexe?

        Par ailleurs, je vois dans cette orientation du ciné-photographe (car la profession de cinéaste de Nahum a certainement une responsabilité dans le fait de l'avoir poussé à imaginer un jeu de relations entre des figures collectées sur les trottoirs), un autre avatar du choix de retravailler certaines images trouvées (en rajoutant peut-être des yeux, des bouches par un simple trait, mince, mais tout de même rajouté?) que je signalais ci-dessus. De plus, je trouve que dans l'édition du livre, la façon de représenter le lien, par un rouge un peu trop vif, contraste par trop avec la matière de hasard des mouchoirs. Un blanc, voir un gris contrasté, n'auraient-ils pas été plus adaptés? Toujours est-il que l'on perd avec ce fil rouge (un peu trop cousu de fil blanc...), un peu, beaucoup, de la poésie brute du mouchoir trouvé initialement. C'est Georges-Charles Waintraub qui ne serait pas content, s'il revenait parmi nous...

Pour se procurer le livre, on se connecte avec la maison d'édition L'Œil de la Femme à Barbe: https://loeildelafemmeabarbe.fr, ou bien le site Librairies.com. On peut également écrire à l'éditeur : lafemme@loeilabarbe.fr, ou téléphoner au +33(0)681 221 687. Il est possible sans doute aussi de trouver le livre à la librairie de la Halle Saint-Pierre, rue Ronsard dans le 18e arrondissement parisien. D'autre part, on peut aussi prendre connaissance des trois haïkus vidéographiques qu'Alain Nahum a insérés sur Vimeo :

Lien rouge from Nahum Alain on Vimeo.

 

25/08/2021

La maison de la rue Bénard, XIVe arrondissement, à Paris

     En complément de ma note précédente sur des maisons simples décorées de motifs mythologiques ou grotesques, situées à Cholet, Douarnenez, et au Blanc, voici une petite mention d'une façade curieuse du XIVe arrondissement parisien, relative à la maison du 43 rue Bénard.

Façade ornée, rue Bénard 14e (2).jpg

Maison ornée de mascarons et autres figures composites ou grotesques, rue Bénard, ph. Bruno Montpied, 2021.

 

   Elle date visiblement d'une époque plus ancienne que les bâtiments qui la jouxtent, tentant même d'empiéter sur elle comme si elle gênait (l'immeuble situé à sa droite mord sur elle en effet – à tous les sens du terme, presque –, de façon incroyable (comment a-t-on pu le permettre?), à tel point qu'on en a mal pour elle...). Si les immeubles pouvaient parler, on entendrait perpétuellement cette objurgation: "Ôte-toi de là que j'm'y mette...".

La voisine qui mord sur la maison ornée (2).jpg

C'est tout juste si l'avancée de la maison d'à côté n'est pas venue obstruer la porte du 43.... ;  à signaler un dragon ailé au sommet de l'épi de faîtage (en zinc sans doute), en haut sur le toit, à droite, à la fin du cortège des fleurs de lys surplombant la gouttière ; ph. B.M.

 

    Si on passe un peu trop vite, on ne remarque pas l'aspect peu fréquent des motifs qui animent assez joyeusement cette façade plutôt rare à Paris aujourd'hui. Il y a des têtes, certes, une chouette aussi, mais en outre des figures plus composites, un chat à tête d'homme avec un corps serpentin au-dessus de la porte d'entrée, un monstre ailé en haut à gauche au sommet de la gouttière de descente, et des figures à la limite du visionnaire surgissant de la masse des feuillages surplombant la porte (où l'on a malheureusement fiché une lampe assez disgracieuse)...

Tête rieuse (2).jpg

Chouette et personnage composite (2).jpg

Figures fantastiques au-dessus porte (2).jpg

Sur cette composition au-dessus de la porte d'entrée de la maison, on aperçoit deux êtres fantastiques, dont l'un à tête humanoïde, surgissant de l'amas des rameaux de feuillages, ceux-ci composant même un masque fantastique (involontaire?) ; ph. B.M.

 

       Sur cette maison, on découvre ainsi, aussi, une décoration sculptée assez fantaisiste, analogue à celles des maisons que j'ai mentionnées en Bretagne, Pays de la Loire et Centre Val de Loire, avec une même apparence de personnalisation atypique, fort rare dans une agglomération comme Paris, terriblement sage (vide) du point de vue de l'ornementation de ses façades, si l'on excepte les rares vestiges d'architecture de type Art Nouveau (comme le Castel Béranger d'Hector Guimard dans le XVIe arrondissement ou l'immeuble de Lavirotte, avenue Rapp), si souvent menacées elles-mêmes, cela dit...

 

12/05/2021

Les statues angoissantes de Paris (1)

     Comme Dubuffet qui ne pouvait plus voir d'art dans les lieux impartis aux expositions durant l'Occupation du début des années 1940, du fait de la présence des Nazis justement, et qui se rabattait donc sur les graffiti, notamment ceux photographiés par Brassaï (voir les livres sur la question, et la revue Minotaure), je cherchais toujours à voir durant les derniers confinements intra muros à Paris les endroits où l'on peut librement accéder à de l'expression artistique en l'absence des musées fermés depuis des lustres (en dépit du fait que l'on pourrait imaginer des jauges, des écarts entre les visiteurs, des horaires plus grands, des ouvertures en nocturne, etc.). Au lieu des Nazis, c'est la Covid 19 qui nous occupe en effet. 

       A force de me promener dans Paris que je ne quitte plus et sillonne donc de long en large, je me suis rendu compte que plusieurs artefacts présents dans les rues, des statues dans les lieux publics, étaient étrangement angoissants, bizarrement choisis, je trouve... Pour confronter mon impression à celle de mes lecteurs, je propose donc ici quelques exemples.

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Pompidou, dans un parc près de l'Elysée, grande statue assez effrayante, raide comme un piquet avec comme un balai dans le cul ;  il paraît que Claude Pompidou, quand elle a découvert la statue, a pris peur et s'est enfuie à toutes jambes ...

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Autre grande gigue, installée sur les bords de la Seine, vers le Pont de l'Alma, un "hommage à Komitas  et aux 1 500 000 victimes du génocide arménien de 1915 perpétré dans l'empire ottoman", statue passablement lugubre à ne pas croiser en pleine nuit sous peine de chopper une dépression fulgurante...

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Etienne Martin, Personnage III, jardin des Tuileries ; statues d'aspect cartilagineux, comme des membres humains rongés par l'eau et lentement fossilisés.

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Sorte de père Ubu dans le même Jardin des Tuileries, près d'une aire de jeux, présence vaguement menaçante... Grand tas flasque et pourtant solidifié.

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Au-dessus de l'entrée d'une crèche collective, rue de La Tour d'Auvergne (IXe ardt), quelques figures de morts-vivants pour accueillir au mieux les petits...

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Ailleurs (rue Andréa Del Sarte,  dans le XVIIIe ardt), on préfère les crocodiles comme hôtesses d'accueil...

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Et quand les petits enfants seront plus grands, ils auront la joie de retrouver leurs grands-parents à l'image exemplaire de ces deux croulants sur le Déclin du Square Jules Champlain, le long du Père Lachaise, la destination finale qui explique peut-être l'attitude sinistre des deux vieux, tournés vers lui...

(Photos Bruno Montpied)

 

16/05/2020

Samuel Ring?

     Achevant de regarder et de lire un album consacré aux photos de Paris d'un très bon photographe méconnu, dont j'avais repéré depuis pas mal d'années qu'il s'était intéressé à la culture populaire, notamment aux inspirés du bord des routes, Léon Claude Vénézia (1941-2013), je suis tombé sur la photo ci-dessous, dont la légende éoque Claude Brabant, de la galerie associative L'Usine, dont j'ai déjà parlé sur ce blog.

Samuel Ring, ds Le Paris de LC Vénézia.jpg

 

     La légende est de Vénézia lui-même, commentant ses souvenirs relatifs au cliché. Ce Samuel Ring faisait donc de la peinture, plus naïve-expressionniste apparemment que "brute", en 1982, rue du Buisson Saint-Louis, une rue que j'ai bien connue, de 1978 à 1982, puis à partir de 1998, quand je vins travailler dans une école située juste à côté. Les tableaux que tient ce Ring ne me disent rien. Peut-être que Claude Brabant en possède, puisqu'elle a mis Vénézia sur la voie? Cette défricheuse, également rédactrice en chef d'une revue, Empreintes, qui parle régulièrement d'art du bord des routes qu'elle a parfois photographié, a eu l'occasion d'exposer de temps à autre quelques artistes atypiques, autodidactes populaires, comme une certaine Marguerite Piralian, dont les assemblages et les mosaïques m'avaient séduit dans ces mêmes années 1980.

      Ce quartier du Buisson Saint-Louis, situé dans le bas de Belleville, avait dans les années 2010 - c'est peut-être toujours en place - une autre boutique dont la devanture laissait voir des tableaux trahissant dans certains cas une touche naïve. C'était rue Sambre et Meuse, près du métro Colonel Fabien, et donc très près de la galerie L'Usine de Claude Brabant (102 bd de la Villette). Connaissait-elle ce lieu? Voyez ci-dessous. Je n'ai jamais pu me résoudre à demander à en voir plus. Il n'y avait là, me disais-je, qu'une petite promesse...

Boutique-Ligeon.jpg

Boutique avec tableaux naïfs signés Ligeon, avec, parfois, sur certains tableaux juste l'initiale L, avec une couronne à son sommet - indice d'un monarchiste? ; ph. Bruno Montpied, Paris Xe ardt, 2012.

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Ph. B.M., 2014.

 

     Ces tableaux étaient dans l'ensemble tellement naïfs que je me demandais si je n'avais pas affaire ici et là à des peintures d'enfants qui seraient venus suivre des activités artistiques auprès de l'artiste de la boutique. Un collège se tenait juste en face. Parmi les tableaux, de factures et de niveaux hétéroclites, il y avait une vue du port de Dieppe, pas naïve, juste appliquée, avec marqué "Fauvisme" (on la voit dans la photo générale de la boutique ci-dessus, je dis ça pour Darnish...). De même, sur une autre étiquette, on apprenait le titre d'un autre tableau, avec un grand mot pour qualifier son style...: " Ship in storm. Surréalisme".

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Ph. B.M., 2014.

 

     Léon Claude Vénézia a beaucoup photographié dans les années 1970 à 1980 le Paris populaire avant d'aller vivre à Aix-en-Provence où il enseigna la photographie. Du temps où il sillonnait Paris, j'aurais pu le croiser (ne serait-ce que dans la galerie L'Usine où je fus exposé en 1987), nous avions beaucoup de thèmes en commun. C'était un émule d'Atget et de Brassaï, reprenant naïvement lui-même les thématiques de ses maîtres. Pour finir, regardons ce portrait de cordonnier qui illustre parfaitement ma catégorie des noms prédestinants.

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L. C. Vénézia, M. Soulié, cordonnier, rue Crozatier, Paris 12e ardt, 1976 ; un monsieur Soulié qui, contrairement à une certaine galeriste de la rue Guénégaud, au nom similaire, a choisi de rester un aptonyme en suivant par son métier le destin tracé par son nom... ; photo conservée à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris.

07/04/2020

La tour Eiffel, horizon pour aspirants aux chimères

     La célèbre Dame de fer qui symbolise la ville de Paris a été reproduite à l'infini, notamment par (et chez) ceux qui sont eux aussi des sortes de bâtisseurs de rêve au petit pied, à savoir les habitants-paysagistes naïfs ou bruts, ayant laissé derrière eux maints jardins et environnements spontanés et insolites. L'art populaire aussi en est particulièrement hanté, son aspect de tour de Babel pointée vers l'infini plongeant dans une rêverie hantée de chimères tous les amateurs de travaux d'Hercule interminables. C'est un modèle insurpassable dans la direction duquel ils se doivent d'aller... Ils en perçoivent immédiatement l'absolue inventivité, le prodige de sa technique révolutionnaire pour l'époque (une architecture de fer, sa forme "babélienne").

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Henri Travert (ancien ouvrier) et sa tour Eiffel (une quinzaine de mètres de haut environ), à L'Aunay des Vignes, Fougeré, Maine-et-Loire, photos (vue générale et détail avec les fers à cheval soudés qui composent la tour..) Bruno Montpied, 2003 et 1991. 

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Une représentation de la tour par un fils d'Henri Travert, peinture et assemblage de baguettes de bois sur panneau.

 

      J'y repensais ces derniers jours après avoir reçu de M. Philippe Didion (j'en profite pour le remercier) la photo de la tombe d'un certain Claude Maudeux, maire de sa commune, dans le cimetière creusois de Vigeville, couverte par la maquette d'une autre tour Eiffel comme de juste, placée là non seulement par admiration pour les maçons creusois qui bâtirent tant de bâtiments célèbres de Paris, mais aussi pour faire la nique aux symboles religieux des sépultures voisines (l'anticléricalisme étant chose bien partagée dans le Limousin)...

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Photo Philippe Didion, 2019.

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La tombe à la tour Eiffel, ph. Philippe Didion, 2019.

 

      Elle me fait penser par association d'idée à une autre maquette de tour, placée cette fois plus en hauteur, en tant qu'épi de faîtage, en Ille-et-Vilaine, telle qu'elle a été dévoilée dans le catalogue d'une ancienne exposition de l'Ecomusée du pays de Rennes (2010-2011) "Compagnons célestes, épis de faîtage, girouettes, ornements de toiture" (édité par Lieux dits en 2010).

épi tour eiffel à Plerguer (IetV).jpg Epi de faîtage à Plerguer, photo Norbert Lambart.

   

       Chez les habitants-paysagistes naïfs ou bruts aimant animer leurs espaces intermédiaires entre habitat et route – une bonne partie d'entre eux le font pour le public des passants dans une communication immédiate avec leur voisinage, sans penser aux prolongements médiatiques que cela peut induire... –, des tours Eiffel surgissent de temps à autre telles des mascottes.

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Tour Eiffel d'André Bindler à l'Ecomusée d'Alsace à Ungersheim près de Mulhouse, ph. B.M., 2013.

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André Hardy (à Saint-Quentin-les-Chardonnets, Orne) avait confectionné au moins deux tours Eiffel, une dans chaque partie de son jardin, en voici une, coincée entre autruche et bœufs, ph. B.M., 2010.

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Joseph Donadello a lui aussi réalisé à Saiguèdes (Haute-Garonne) une tour, parmi de nombreuses statues et autres monuments recréés naïvement, ph. B.M., 2008.

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Emile Taugourdeau (Sarthe), dans son jardin aux 400 statues (environ, et non pas 900, comme dit Mme Taugourdeau dans Bricoleurs de paradis...), à côté de Bernard Hinault, avait installé une tour..., ph. B.M., 1991.

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Jean Grard, à Baguer-Pican (Ille-et-Vilaine), avait sculpté une tour qu'il avait appelée la Picanaise (une version régionale de la tour, en somme) et où il avait installé des personnages aux yeux faits de billes, ph. B.M., 2001.

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Marcel Dhièvre, sur sa maison à Saint-Dizier (Haute-Marne) qu'il avait nommé "Au petit Paris", avait, entre autres thèmes, lui aussi évoqué la tour Eiffel, ph. B.M., 2013.

Tour de Petit-Pierre, Fabuloserie 2015 (2).jpg

Peut-être la plus extraordinaire des tours Eiffel, celle de Petit Pierre (Pierre Avezard) telle que conservée dans le parc de la Fabuloserie, à Dicy, dans l'Yonne, où a été sauvegardé son "Manège" (constitué d'autres réalisations étourdissantes d'ingéniosité naïve), en provenance du site originel qui était à la Faye-aux-Loges dans le Loiret ; cette tour fut bâtie par son auteur ayant grimpé à l'intérieur jusqu'à son sommet ; ph. B.M., 2015.

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Tour Eiffel d'un certain Perotto à Darney (Vosges), parmi d'autres maquettes de monuments recréés, ph. B.M., 2016.

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Une tour Eiffel très stylisée, en mosaïque, créée par Aldo Gandini à Montrouge (Hauts-de-Seine), ph. B.M., 2012.

 

      En dehors des créateurs d'environnements spontanés, on trouve aussi chez certains auteurs d'art brut, ou d'art naïf et populaire, des effigies de la fameuse tour, réalisées à plat ou en volume.

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Arsène Vasseur, meuble original d'hommage à la tour Eiffel, réalisé dans sa maison à Amiens (Somme), et conservé au Musée de Picardie.

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Anonyme, vue de la tour Eiffel (peinture et gravure sur panneau de bois en léger relief), avec l'ancien palais du Trocadéro en fond vraisemblablement (à moins que ce ne soit l'Ecole militaire?), ph. et coll. B.M.

Augustin Gonfond, la Parisienne et la Tour Eiffel, Livre de communion enluminé de Joséphine, 1890.jpg

Détail d'une enluminure naïve d'Augustin Gonfond, extraite du Livre de communion de sa fille Joséphine, 1890.

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M. Manilla, tour Eiffel en os et têtes de mort, calavera en zincographie, Musée national de l'estampe, Mexico ; tradition populaire mexicaine.

Rochelle, peintre naïf inconnu, peut-être années 30 (2).jpg

Rochelle, scène de mariage semblant se passer au début du XXe siècle à Paris (présence de soldats en pantalons garance (un garde suisse est aussi présent, mais il y en a eu jusque vers 1950 à Paris), dirigeable d'un certain type dans le ciel), mais peinte peut-être après 1920, car il s'agit là d'une huile peinte sur de l'Isorel, matériau apparu après cette date apparemment ; une tour Eiffel en arrière-plan signe la ville où se déroule l'action ; ph. et coll. B.M.

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Miguel Hernandez, Les crêtes de Paris, 55 x 46 cm, huile sur isorel, 1951.

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Virgili, tour Eiffel, ancienne collection de l'Aracine, aujourd'hui au LaM de Villeneuve-d'Ascq.

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Joseph Donadello, autre effigie de la tour (datée de 1899, probablement par erreur, si Donal pensait à sa date de construction, 1889), cette fois à plat, parmi ses collections de peintures personnelles, ph. B.M., 2015.

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Anonymes, carte postale ancienne, une tour probablement éphémère, bâtie pour une fête de bienfaisance en 1928 à Oyonnax.

Tour Eiffel en osier à l'Ecole Nationale d'Osiericulture à Fayl-Billot, Haute-Saône, ph B.Montpied 2007.JPG

Tour Eiffel en osier, Ecole nationale d'Osiericulture, Fayl-Billot (Haute-Saône), ph B.M., 2007. 

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Moins connue peut-être, il existe une tour Eiffel souterraine! En mosaïque d'ossements, dans les Catacombes parisiennes, ce qui la rapproche de l'estampe populaire mexicaine ci-dessus.

 

    Enfin, pour ne pas fatiguer outre mesure nos lecteurs, terminons sur deux images véritablement inattendues, d'abord celle ci-dessous...

 

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Cherchez la tour... parmi cette panoplie d'accroche-tableaux qui étaient encore récemment présentés en devanture de la boutique Sennelier sur les quais de la Seine.

 

     Enfin, il fallait y penser, mais "ils" y ont pensé, les marchands de sex-toys du quartier de Pigalle à Paris, il fallait à l'évidence réunir les souvenirs touristiques de Paris aux jeux sexuels qui font l'apanage bien connu de ce quartier, l'aspect phallique de notre monument de fer y inclinant naturellement...

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Godemichets en forme de tours Eiffel, pour bien la sentir passer..., ph. B.M., 2016.

 

     Dernière image – car je me suis dit qu'elle manquerait par trop à cette note, qui nous la donne à voir sous différents regards - il me paraît judicieux de montrer ce que regarde la tour, elle... Du moins, comme ci-dessous, lorsqu'elle se tourne  vers le nord-ouest, dans un tableau à l'étonnante perspective aérienne, véritablement fourmillant de détails... qui sont autant de petits hommes...

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André Devambez (1867-1944), vue de la tour Eiffel, l'exposition de 1937 (le palais de Chaillot au  fond de la perspective), Musée des Beaux-Arts de Rennes.

 

02/01/2020

Art de rue discret, pour happy few et autres amateurs de messages subliminaux en lisière de mobilier signalétique

      Amusant que des gus aient investi des panneaux de sens interdit, tout près de la Halle Saint-Pierre, à Montmartre, car, entre autres, cela joue sur les mots. Ces sens nouveaux sont autrement interdits car relevant d'une forme de vandalisme, bien bénin certes, mais allez savoir, avec tous les pisse-froid qui peuvent croiser dans les parages... Et les spectateurs – sûrement pas nombreux – qui les auront aperçus, d'en rester eux-mêmes tout interdits. car, sans être géniaux par l'image obtenue par détournement du graphisme initial, les images réalisées – un tailleur de bloc blanc, un porteur de planche blanche – sont finement insérées dans le panneau circulaire, si évanescentes (en dépit de leur présence indiscutable) qu'on ne les aperçoit pas. Même les conducteurs de voitures, plus occupés à leur conduite qu'à repérer ce street art discret ne doivent guère les percevoir... Les deux significations sont unies indissolublement sur un même support, tout en diffusant rigoureusement, sans que l'une masque l'autre, leurs deux sens distincts.

art de rue marginal, sens interdit, panneaux de signalisation détournés, street art discret

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08/01/2019

Max Favallelli (ou Pierrre Tchernia) hante nos rues...

      Régis Gayraud a repéré ces jours-ci une pareidolie très nettement dessinée, sur une bande piétonnière à l'angle de la rue des Martyrs et de la rue Alfred Stevens dans le IXe ardt à Paris. C'en est renversant, de quoi se faire écraser en traversant la rue... C'est pourtant une tache, une usure du revêtement de cette bande, qui fait apparaître par évidement le profil replet, assez exact – comme dans un canivet avec leurs silhouettes expressives, telles des ombres de Chine – de l'ancien spécialiste des mots croisés, Max Favallelli (personnalité qui parlera sans doute peu à mes lecteurs en dessous de quarante-cinquante ans?), ou de Pierre Tchernia, au choix. Qu'on en juge...

Tache dans une bande piétonnière angle rue des martyrs, rue stevens, ph RGayraud.jpg

Tache dans une bande piétonnière Max Favalelli, ph RGayraud.jpg

Photos Régis Gayraud, 2019.

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Voici un canivet, ou un découpis, comme dit l'animateur de la brocante La Patience, ici une scène de libations champêtres découpée dans du papier noir gommé, et posée sur un tissu (soie?), sans date (XVIIIe siècle?) ; ph. et coll. Bruno Montpied.

28/08/2018

Un regard émoustillé

     Notre correspondant dans les zones de plaisir montmartroises, l'ami Régis, nous a narré récemment comment l'œil peut parfois raconter de savoureuses interprétations, s'il est placé dans des conditions adéquates.

    Il se baladait un soir sur le boulevard de Clichy, ses yeux glissant avec amusement aux devantures des boutiques qui font florès dans ce quartier en ce qui concerne l'érotisme. Notamment, il avait contemplé – on le devine, avec un intérêt tout ethnologique – les lingeries féminines suggestives.

    Tout à coup son regard se pose, éberlué, sur un autre objet, un panonceau métallique, où il lit l'inscription suivante:

Gaine interdite place Blanche ph RG.jpg

Photo Régis Gayraud, place Blanche, Paris, 2018.

 

     On comprend aisément le raisonnement qui se fit immédiatement jour en lui, après la vision des dessous érotiques proposés autour aux amateurs. Etrange interdiction, quelque peu passéiste (car, qui porte encore des gaines aujourd'hui ?), militant peut-être pour des femmes sans dessous (et, par suite, sens dessus dessous...)?

     Mais voilà que l'explication vint lui sauter aux yeux, presque tout aussitôt. En levant ses mirettes, il découvrit le second panneau qui dénonçait en réalité une tête de taxis...

Gaine interdite pour les taxis, ph RG.jpg

Ph. R.G., Paris, 2018.

    Cela devenait – hélas... – nettement plus prosaïque. Le panonceau ne désignait nulle lingerie "antique", mais rappelait seulement aux conducteurs de taxis que l'endroit était réservé aux voitures pouvant prendre en charge des clients, et non aux taxis au repos, qui gainent d'un étui le petit signal lumineux, rouge ou vert qui surmonte le toit de leurs véhicules... 

 

24/04/2017

Notre nouveau président

Asselineau Vaseline président ph Eugène.jpg

Vaseline président, photo Eugène, avril 2017. 

25/03/2017

Carnaval chez les chiens

Les chiens déguisés, oct 13, ave Vellefaux (recadré).jpg

Chiens habillés, Paris Xe ardt, photo (prise à la volée) Bruno Montpied, octobre 2013.

 

      M'avaient frappé l'esprit, ces deux clebs vêtus par un automne commençant sans doute fraîchement, à tel point que je décidai de les saisir avec leurs beaux atours anthropomorphes... Aujourd'hui, retombant sur cette image, je me dis qu'il serait fort amusant, probablement, de colliger toutes les photos qui existeraient sur le même sujet, de façon à débuter d'envisager un carnaval de médors accoutrés de la manière la plus excentrique.

vetements-pour-chien.jpg

      Il doit bien y avoir parmi ces vêtures insolites, des plus brutes que les autres, reflétant comme chaque fois la mentalité de leurs maîtres, car bien sûr, en principe...

il_ne_faut_pas_habiller les animaux. 2jpg.jpg

 

 

28/09/2016

Silburn et Mooky, Régis Gayraud mène l'enquête

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Silburn, Souvenir de Fresnes, 28-7-1940, coll. et photo Régis Gayraud

 

      J’ai déniché ce petit tableau il y a un peu plus de deux ans, aux Puces des Salins de Clermont-Ferrand. L’hiver, j’y passe presque chaque dimanche et n’y repère pas grand-chose, mais ce matin-là, cette œuvre sous verre modestement encadrée de ruban adhésif rouge m’a attiré par son aspect inhabituel sur un stand encombré de toute sorte de vieilleries comme on en trouve partout, pots à lait, rouets, vieux verres, cendriers, portemanteaux… Je ne connaissais pas le vendeur et ne l’ai jamais revu, et comme de juste, quand je lui demandai la provenance de cette œuvre, il me répondit qu’elle avait été tirée d’un grenier après un décès, « sur Clermont », qu’il en ignorait l’auteur mais qu’il se renseignerait et pourrait m’en dire davantage une fois prochaine, ce qui, bien sûr, n’était qu’une manière d’éluder la question sans avouer son incapacité.

      Plusieurs choses m’ont séduit dans cette image dessinée à l’aquarelle et, semble-t-il, au tire-ligne, sur un papier assez fin de médiocre qualité, qui s’est révélé ensuite adossé sur un morceau de carton publicitaire (apparemment, pour une revue technique automobile) réemployé comme fond, au dos duquel on avait collé une attache pour l’accrocher à un mur. C’était, tout ensemble, l’aspect général, cette imagerie précise, détaillée, et ingénieuse dans son naïf savoir-faire (le rendu du métal du seau, celui de la lampe, la forme précise des supports de l’étagère, par exemple), l’harmonie des couleurs sourdes, convenant parfaitement à l’atmosphère, cette atmosphère même, démoralisante, angoissante, et enfin, bien sûr, ce que racontait le tableau, qu’expliquaient les textes qui l’accompagnaient, et en faisaient pour ainsi dire un monument historique. Le personnage représenté était sans doute ce Mooky dont le nom apparaissait sur la valise placée devant lui en guise de table. Le même nom se trouvait signer la proclamation écrite en bas au crayon rouge comme un titre : « Quand j’étais victime de la guerre. Captif des Allemands, la prière et l’amour soutenaient mon courage ». A gauche, sur le lit, la mention « Souvenir de Fresnes 28/7/1940 » faisait surgir dans mon souvenir que la Gestapo incarcérait à Fresnes, dès 1940, toute sorte de récalcitrants. La signature n’était pas totalement lisible.

       J’ai acheté ce tableau pour une somme modique. Chez moi, j’ai tôt fait de découper légèrement le ruban adhésif pour séparer le tableau de son cadre, à la recherche d’une indication. Au dos, je découvre la mention d’une adresse, au crayon, où le nom de l’auteur de la peinture, jusque-là conjecturé, est cette fois clairement orthographié : « J. Silburn 59 A avenue Horace Vernet Le Vésinet S. & O. » Je remarque aussi que l’inscription en rouge signée par le nommé Mooky n’a pas été écrite directement sur le papier qui supporte le dessin, mais sur un autre papier plus grossier qui est collé au bord inférieur de celui-ci. J’en déduis que le tableau dessiné par Silburn et représentant Mooky a été offert par son auteur à ce même Mooky, qui, l’ayant accroché chez lui, y a ajouté son commentaire. Et j’imagine alors que Mooky et Silburn étaient compagnons de cellule, à Fresnes, en juillet 1940. La précision de la date, et aussi l’abondance de détails me suggèrent que le dessin n’a pas été réalisé de mémoire, mais a été fait là, dans cette geôle infâme. Mooky posait, et le temps de la pose était comme une pause dans l’horreur, pour le dessinateur qui travaillait comme pour le modèle qui affirmait sa dignité. L’émotion me prend à l’idée que je tiens entre les mains le témoignage d’un compagnonnage d’angoisse qui a pris tout son temps pour, ce matin, sur l’étalage d’un brocanteur négligent, me trouver.

      Par sa méticulosité, on dirait que l’artiste s’est ingénié à instaurer chez son compagnon et lui-même une sérénité qui voulait dire : « Nous survivrons ! ». Mais qui était-il, ce Silburn, capable, au moment d’être arrêté, de prendre avec lui sa boîte d’aquarelle ? En cherchant « Silburn Le Vésinet » sur l’Internet, je trouvai assez vite plusieurs mentions d’une Lilian Silburn, née à Paris en 1908 et décédée au Vésinet en 1993. Ce n’était pas n’importe qui. Directrice de recherches au CNRS pendant de longues années, elle était une indianiste réputée, sanskritiste, spécialiste du shivaïsme. Sur elle, on a écrit un livre, et elle-même en a écrit plusieurs. Initiée au soufisme, la scientifique était aussi une mystique, maillon dans une chaîne de maîtres et de disciples, et il semble qu’au Vésinet, autour d’elle, se soit aggloméré un petit groupe d’admirateurs fervents unis par ces exotiques croyances. Mais n’oublions pas que l’initiale du prénom portée sur le tableau est J. Je trouve alors une possible solution sur un site de généalogie. Dans un arbre en accès libre, on trouve le nom d’un James Henry Alexander Silburn, né à Londres en 1881 et mort lui aussi au Vésinet, en 1950. Les dates concordent. J’imagine bien un homme d’une soixantaine d’années tenir ce pinceau ferme et reposé. James Silburn était étalagiste. C’est un métier soigneux où il arrive qu’on conçoive de petits décors, ce qui explique peut-être cette familiarité avec l’aquarelle. Par ailleurs, James est le cousin de ladite Lilian. La famille Silburn, britannique, paraît s’être installée en France au début du XXe siècle et a fait souche, semble-t-il, au Vésinet. Née en France, Lilian, elle, était déjà française.

       Je sais qu’en 1940, parmi les premiers emprisonnés – et souvent par la police française qui aidait plutôt deux fois qu’une la police allemande - se trouvaient de nombreux ressortissants de l’Empire britannique, et souvent des « métèques » dudit Empire, que l’on traitait sans le moindre ménagement. Je me dis alors que c’est peut-être la raison – être sujets britanniques - qui précipita dans la geôle de Fresnes James Silburn et Mooky. Qui était Mooky ? Un autre Britannique ? Peut-être d’origine indienne ? Fais-je un délire d’interprétation si je décèle en lui des traits qui pourraient être indiens ?

      Qui était Mooky ? A moins que J. Silburn et lui ne soient qu’un seul et même homme (ce que je ne pense pas), le vieil homme à la chemise impeccable, au sage chandail gris-clair, silencieux dans son face-face stoïque avec les latrines puantes, conservera son secret. 

 

     PS : J’ai trouvé aussi une photo d’une cellule de Fresnes qui ressemble à s’y méprendre au décor du tableau, qui se révèle ainsi criant de réalisme.

 

      Régis Gayraud

 

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24-4-1913, prison de Fresnes, intérieur d'une cellule, photographie de presse, Agence Rol, base Gallica de la BNF

 

26/02/2016

Y a bon phone

 

     Il y a quelques années, dans la rue de Flandre – qui n'avait pas encore été élevée, si je me rappelle bien, au rang d'"avenue" –, ma curiosité avait été piquée au vif par un panneau où s'étalait un logo publicitaire, mi naïf, mi ésotérique, vantant une boutique de vente de téléphones cellulaires, logo signé, étonnamment en un tel endroit (un pauvre mur cachant une boutique bricolée au pied du talus du chemin de fer de ceinture qui enjambait la rue, peu avant la porte de la Villette), du nom de Tokoudagba. Le même nom que celui d'un artiste béninois (né en 1939, il est disparu en 2012) dont à l'époque, j'avais découvert des œuvres tout à fait remarquables à l'Institut du Monde Arabe dans une exposition temporaire (il avait auparavant exposé aux Magiciens de la Terre en 1989). J'ai déjà eu l'occasion de parler de lui ailleurs sur ce blog. C'était surprenant de retrouver un dessin peut-être dû au même Tokoudagba dans un endroit aussi banal. Il était tracé en noir sur blanc. Je n'ai pas pu le photographier sur le moment (un camarade le fit, mais sa photo n'a toujours pas été retrouvée, en dépit de mes demandes répétées...). Mais, repassant dans la même rue à peu de temps de là, je fus encore plus sidéré de constater que le logo, s'il avait perduré, probablement copié et transféré, le décor entier du mur de clôture et des portes de la boutique visible au fond d'une courette avait progressé, composé de fresques en couleur où la couleur jaune Turner (un jaune doré) dominait, éclatante dans cet environnement urbain uniformément gris. La boutique "Y a bon phone" se faisait ainsi une publicité tout à fait dans le style des enseignes naïves d'Afrique de l'ouest. Très unique cas audacieux en plein Paris. Inutile de dire que ce décor ne dura pas longtemps, sans que je sache la raison de sa disparition.

 

Y a bon phone, rue de flandres (à l'époque), vue générale 2003.jpg

Décor naïf africain pour une boutique de téléphones, Paris XIXe ardt, photo Bruno Montpied, 2003

Y a bon phone, rue de flandres (à l'époque), 2003.jpg

Le jeune habillé à l'européenne lance un portable vers son aïeul resté au pays : le message est clair, grâce à cet appareil, les générations peuvent garder le contact, ph BM, 2003

Y a bon phone, vue de près de l'être téléphonique 2003.jpg

Le logo inclus dans les fresques, refait d'après le logo primitif noir et blanc de Tokoudagba, on note l'alliance entre le serpent et le téléphone, la tête disparue dans l'arborescence d'un réseau de racines se dispersant dans toutes les directions ; ce logo entretient des rapports avec la représentation de la Mami Wata ; ph BM, 2003

Y a bon phone, l'avers de la porte, 2003.jpg

Autre peinture sur l'avers du deuxième battant du portail: "Y a bon phone", ph BM, 2003

 

15/02/2015

Trois récentes publications de l'auteur de ce blog (pour mon fan-club, si j'en ai un)

    J'ai omis, pour mon auto-promotion – et désolé si ça fait grincer quelques dentitions peu amènes à mon encontre – de signaler trois de mes récentes publications. Pour mon fan-club, si du moins mon imagination narcissique a raison de me le suggérer, cela peut avoir son importance. Et puis ce blog sert aussi à ça.

 

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Solange Knopf,  Astral Odyssey  (n°2), technique mixte sur papier, 72,8 x 55 cm, 2014 ; exposé à l'Inlassable Galerie (voir ci-dessous)

 

      En un, je signale donc la publication dans le dernier numéro de Création Franche, le quarante-et-unième de la série (décembre 2014), d'un entretien de mézigue avec l'artiste belge Solange Knopf dont je vous ai déjà causé il y a peu ici et là. La revue nous a fort bien servis, nous consacrant plusieurs pages. Solange Knopf se dévoile un peu dans cet entretien exécuté par correspondance. "Un peu" parce que c'est là l'interview paradoxale d'une taiseuse. 

      Elle est par ailleurs actuellement exposée à Paris dans l'Inlassable Galerie rue de Nevers dans le VIe ardt (expo collective "L'autre intérieur", en compagnie de Guylaine Bourbon,  Josette Exandier, Marcella Barceló, et l'abbé Coutant (l'erreur de casting de cette manifestation, parce que ce n'est pas parce qu'il fut en relation avec Chaissac qu'il fut automatiquement aussi inspiré que lui...), qui se déroule du 7 février au 16 mars ; 13 rue de Nevers, tél: 06 71 88 21 14 et 06 20 99 41 17).

 

CouvCF n°41, déc 14 (Knopf).jpg

 

    En deux, je dois également signaler le n°33 de la revue Cultures et Sociétés (janvier 2015), édité chez Téraèdre/L'Harmattan où, sur la demande de Patrick Macquaire, pour un dossier qu'il y a constitué, "L'homme ou le  travail à toutes fins utiles?", j'ai glissé un article intitulé "La retraite aux flambeaux", sous-titré "Les environnements populaires spontanés". J'y parle bien évidemment du moment souvent partagé par plusieurs créateurs d'environnements lorsque la prise de la retraite peut devenir traumatisante.

      On se retrouve brutalement désocialisé, devenu inutile, comme plus bon à rien pour les autres. Et c'est parfois ce moment-là que certains anciens travailleurs choisissent pour se révéler créatifs, prenant le contrepied de leur mise au néant. Comme Picassiette qui avait œuvré pour sa part en opposition avec le cimetière de Chartres où il s'était trouvé employé. On m'a mis parmi les morts, vous allez voir ce que je peux faire pourtant... La retraite, autre petite mort, est ainsi grosse d'une possible renaissance. La société accorde aux travailleurs enfin l'occasion de vaquer à leurs occupations personnelles, au moment où leurs forces commencent à faiblir, c'est alors le moment de montrer ce que l'on est encore capable d'accomplir d'épanouissant et de créatif! C'est ce que ne manquent pas de faire nos créateurs d'environnements bruts ou naïfs. A noter que dans ce texte, j'annonce le projet en cours de la publication de mon inventaire des sites français d'art brut en plein air (le tapuscrit a été rendu, les options de financement sont à l'étude (comme on dit), et l'on a bon espoir...).

 

CouvCulture et sociétés n°33, janvier 2015.jpg

page 1 retraite aux flambeaux Culture et sociétés n°22, janvier 2015002.jpg

Pour acquérir le numéro (16 euros), écrire à L'Harmattan, 16 rue des écoles, 75005 Paris.

revue création franche n°41,solange knopf,bruno montpied,cultures et sociétés n°33,patrick macquaire,environnements spontanés et retraite,mirabilia,josé guirao,paris populaire,photographie    En trois, il s'agit d'une toute autre publication, cette fois nettement plus littéraire (quoique), un texte de souvenir relatif au XIe arrondissement qui fut longtemps un de mes arrondissements préférés dans Paris, tant qu'il resta populaire, lié aux artisans en tous genres.

     Il  me semble que cet aspect commença de changer vers 1986, à peu près au moment où l'on détruisit l'ancienne gare de la Bastille pour y mettre à la place la gigantesque molaire de l'Opéra. C'est à cette date que je déménageai du XIe pour aller dans le XVIIe puis très peu de temps après dans le XVIIIe. "Souvenirs de la Onzième Case", texte illustré de photos noir et blanc de José Guirao, avec qui j'écumai à un moment les rues entre la Roquette et Charonne pour garder traces de quelques paysages urbains appelés à disparaître (il vendit ensuite certaines photos à la Bibliothèque Historique de Paris), "Souvenirs de la Onzième Case" donc a été publié dans le n°6 de la revue de Anne Guglielmetti et Vincent Gille, justement nommée Mirabilia, numéro placé cette fois sous le thème du Temps, précisément...

 

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Pour prendre davantage connaissance de la revue et de ses anciens numéros, pour consulter le sommaire de ce n°6, pour l'acquérir, il suffit de se reporter au site de la revue, ici même ou encore . On la trouve également dans plusieurs librairies à Paris, notamment dans l'excellente librairie de la Halle Saint-Pierre, rue Ronsard, au pied de la Butte Montmartre (XVIIIe ardt).

 

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Photo José Guirao, vers 1986, (il me semble qu'elle fut prise dans le Passage de la Main d'Or), publiée dans Mirabilia 6

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Une autre de José Guirao (vers 1986), non retenue dans l'édition de Mirabilia, "faute de place", parce qu'il faut bien qu'on en enlève une, et ce fut celle-ci, etc... ; moi, j'y vois un autocar en ruine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

24/09/2014

Deux petits événements à retenir pour les "Happy few"

      Cette semaine, j'ai oublié de les mentionner, il y a deux rendez-vous.

     Le premier, c'est sur Radio-Libertaire demain matin (jeudi 25 septembre) de 10h30 à midi dans l'émission Chroniques Hebdo animée par Gérard Jan. Je suis invité à causer de ma participation à l'exposition actuelle de la Halle Saint-Pierre "Sous le vent de l'art brut 2, la collection De Stadshof", de l'animation du présent blog et aussi de mon article paru sur les bouteilles malicieuses du couple Beynet dans le n°3 de la revue L'Or aux 13 îles.

 

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Bouteille de Louis et Céline Beynet, des filles et des monstres, coll. BM

 

     Et le deuxième événement, quel art de la transition, n'est-ce pas?, c'est justement la présentation de la revue L'Or aux 13 îles de Jean-Christophe Belotti à la librairie du Sandre, rue du Marché Ordener dans le 18e ardt de Paris vendredi soir. Tous les amateurs de cette splendide revue sont cordialement invités à venir boire un coup et discuter avec les collaborateurs de cette revue. Voir le fichier PDF en lien ICI.  

29/09/2013

Caviardages, la suite

     En voici un beau, évident, facile à réaliser à peu de frais... Rue des Trois Bornes dans le XIe ardt... En effaçant le haut du O...

 

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Paris, XIe ardt, photos Bruno Montpied, 2013


     N'en restons pas là. il me semble que je n'ai pas encore eu l'occasion de glisser cet autre caviardage plus poussé cette fois que m'avait indiqué Régis Gayraud dans sa bonne ville de Clermont-Ferrand:

 

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Une autre sagesse... Rue Ballainvilliers, Clermont-Ferrand, photo BM, 2012

    Bien sûr le caviardage est essentiellement à orientation sexuelle ou scatologique, comme le suivant découvert à Lunas dans l'Hérault, dans une ruelle où l'on peut intervenir furtivement et en toute tranquillité.

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Au départ la rue Font Picotière, à Lunas, ph.BM, 2012

     Parfois cela dérape carrément dans les noms d'oiseaux...

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Ph. Joël Gayraud (merci à lui de nous l'avoir communiquée), 2013? En plus il y a de l'art naïf...

    Ou bien, c'est le hasard du temps qui passe. Les horloges se révoltent malicieusement contre leur concepteur, l'aiguille fait d'un Lepaute un "Le Pute", pas très fixée sur le genre masculin ou féminin pour le plus vieux métier du monde exercé il est vrai par les deux sexes...

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Ph. BM, gare de Capdenac, 2012

     C'est le caviardage par élision de hasard. Le pliage malencontreux d'un tissu imprimé peut ainsi donner des résultats tout aussi désopilants.

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Ph. Thierry Vohl, 2012 (merci à lui) ; que vont en penser les Bourguignons?


    Et les mots à force se mettent à dériver, les caviardages ne tiennent plus trop compte de la sympathie que peuvent inspirer (en tout cas moi je les aime bien) par exemple les pompiers, on ne résiste plus à une petite transformation bénigne qui crée une surprise.

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Rue du Château d'Eau, Paris Xe ardt, ph. BM

     D'autres plus artistes et littéraires, un peu militants aussi, rue Louis Blanc, dans le Xe ardt, inspirés par les beaux caractères Défense d'Afficher, font penser les murs, et même donnent des coups de trompe...rie.

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Ph. BM, 2012

     Enfin, qu'est-ce que vous croyez, moi aussi il m'arrive de m'y exercer quelquefois, et très lâchement bien entendu, je fais ça loin des regards, dans la montagne du côté de la Bourboule (altitude 1436 m), au col joliment nommé de l'Ouïr, en dessous du Puy du même nom.

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Ph. BM, 2011, Auvergne

27/01/2013

Rêve sur rue

    Donc, l'action de rêver en vitrine a bien eu lieu. Je n'ai pas d'information pour le moment sur ce que cela a donné. Voici quelques photos prises le jeudi 24 janvier. A la tête du dormeur équipé d'un bandeau oculaire et de boules Quiès, enfoncé dans une chaude couette écarlate, on voit que des textes ont été produits, tandis que les deux numéros de la revue qui accueillit ce rêveur en performances, l'Or aux 13 îles, se tiennent en sentinelles près du rêveur. Amusante coïncidence, l'après-midi où je suis passé, à quelques mètres de la vitrine au dormeur, était garé un camion de déménagement exhibant en trompe-l'œil une charmante baigneuse faisant ses ablutions moussantes en lisière de rue elle aussi. L'esprit du dedans-dehors soufflait fort ce jour-là, rue Dauphine...

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Virgile Novarina l'intrigant dormeur de l'Inlassable Galerie, jeudi 24 vers 15h, ph Bruno Montpied

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Plus près...

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On peut lire le texte récemment produit à un réveil: "Pour une femme téléchargée, vous êtes bienveillante..."

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Se baigner ou rêver devant tout un chacun, l'imaginaire qui tend à devenir réel

 

13/01/2013

J'expose avec "l'Or aux 13 îles" à l'Inlassable Galerie

Cette note contient une mise à jour du 14 janvier 

    C'est pour bientôt, dans une galerie que je ne connaissais pas, l'Inlassable Galerie, divisée en deux parties, une où le public entre, au 13 bis, rue de Nevers (une des rues les plus étroites de Paris, digne d'une nouvelle de Jean Ray), et une autre cachée derrière une vitrine au n°18 de la rue Dauphine, le tout dans le VIe ardt à Paris, à deux pas de la rue Guénégaud, dans le quartier des galeries de la Rive Gauche. C'est une galerie, je le souligne, qui ouvre sur RENDEZ-VOUS (tél: 0620994117 ou 0671882114), en dehors du jour de vernissage s'entend, et l'après-midi de 14h à 20h tous les jours, même le dimanche.

      La revue de Jean-Christophe Belotti, L'Or aux 13 îles,l'or aux 13 îles,jean-christophe belotti,l'inlassable galerie,abbé fouré,ermite de rothéneuf,bruno montpied,art immédiat,art singulier,surréalsime,josette exandier,jean-pierre paraggio,pierre bérenger,pierre-louis martin,charles cako boussion,jan svankmajer,georges-henri morin,nicole espagnol,diego et mauro placi,françois sarhan,mélanie delattre-vogt,virgile novarina,rêve en public dont j'ai déjà plusieurs fois parlé ici (pour y avoir publié dans ses deux premiers numéros un dossier sur l'abbé Fouré et ses bois sculptés et un dossier sur une sélection d'art immédiat),l'or aux 13 îles,jean-christophe belotti,l'inlassable galerie,abbé fouré,ermite de rothéneuf,bruno montpied,art immédiat,art singulier,surréalsime,josette exandier,jean-pierre paraggio,pierre bérenger,pierre-louis martin,charles cako boussion,jan svankmajer,georges-henri morin,nicole espagnol,diego et mauro placi,françois sarhan,mélanie delattre-vogt,virgile novarina,rêve en public présente quelques créateurs dans une ambiance de cabinet de curiosités de façon à attirer de nouveau quelque peu l'attention sur ce qui se joue en elle et autour d'elle.

 

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Sur le verso de l'invitation ci-dessus, on retrouve une image de Jean-Pierre Paraggio

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 Bruno Montpied, La chamane entre en danse par le charleston, 43x30 cm, 2010 (un des trois dessins que j'exposerai, les deux autres s'intitulant le Charrieur et l'Idéaliste emplumé)

      Cela ira des dessins d'un enfant de 7 ans, Alexandre Cattin, récente découverte de Mauro Placi qui en parlera plus largement dans le futur n°3 de la revue de Jean-Christophe, jusqu'à divers artistes surréalistes comme Jan Svankmajer (présent sous forme d'affiches),l'or aux 13 îles,jean-christophe belotti,l'inlassable galerie,abbé fouré,ermite de rothéneuf,bruno montpied,art immédiat,art singulier,surréalsime,josette exandier,jean-pierre paraggio,pierre bérenger,pierre-louis martin,charles cako boussion,jan svankmajer,georges-henri morin,nicole espagnol,diego et mauro placi,françois sarhan,mélanie delattre-vogt,virgile novarina,rêve en public Jean Terrossian, Nicole Espagnol, Georges-Henri Morin, Josette Exandier, ou Alan Glass (dont Jean-Christophe présentera des photos des assemblages), en passant par des créateurs plus "singuliers" comme moi (j'exposerai trois dessins d'environ 40x30 cm), ou Charles Cako Boussion (voir ill. ci-contre),l'or aux 13 îles,jean-christophe belotti,l'inlassable galerie,abbé fouré,ermite de rothéneuf,bruno montpied,art immédiat,art singulier,surréalsime,josette exandier,jean-pierre paraggio,pierre bérenger,pierre-louis martin,charles cako boussion,jan svankmajer,georges-henri morin,nicole espagnol,diego et mauro placi,françois sarhan,mélanie delattre-vogt,virgile novarina,rêve en public des photographies (Pierre Bérenger, Pierre-Louis Martin, Diego Placi, Alexandre Fatta - un commentateur habitué de mon blog, celui-ci - des cartes postales anciennes de l'Ermite de Rothéneuf - en provenance de ma collection - plus deux de mes photos montrant le site de l'abbé de nos jours), des créateurs héritiers de l'inspiration surréaliste comme Jean-Pierre Paraggio, Guylaine Bourbon, ou encore Jean-Christophe Belotti qui exposera à cette occasion certains de ses collages.

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Pierre-Louis Martin, sans titre, photographie (exposée à cette occasion), vers 1996

 

     Des artistes dont je connais moins le travail seront également présents, Mélanie Delattre-Vogt (voir le n°2 de l'Or aux 13 îles et image en noir et blanc ci-dessous), François Sarhan (artiste ayant plus d'une corde à son arc apparemment), Claude Variéras, et le poète Mauro Placi venu tout spécialement d'Helvétie.l'or aux 13 îles,jean-christophe belotti,l'inlassable galerie,abbé fouré,ermite de rothéneuf,bruno montpied,art immédiat,art singulier,surréalsime,josette exandier,jean-pierre paraggio,pierre bérenger,pierre-louis martin,charles cako boussion,jan svankmajer,georges-henri morin,nicole espagnol,diego et mauro placi,françois sarhan,mélanie delattre-vogt,virgile novarina,rêve en public L'idée générale, on l'aura compris, est de rendre hommage à l'ensemble de ce qui a été présenté dans la revue depuis ses débuts en 2010.

      Petite expérience appelée peut-être à grandement intriguer les passants de la rue Dauphine qui y circuleront entre 9h et 18h, derrière la vitrine du n°18 on pourra également voir Virgile Novarina se livrer, de façon diurne donc et devant les passants, à un sommeil destiné à provoquer des rêves qu'il notera et publiera peut-être à l'occasion (voir le n°2 de la revue où l'on parle de ses expériences précédentes). La "performance" en question aura lieu du 21 au 26 janvier. Autour de lui seront exposés différents éléments liés à la revue L'Or aux 13 îles.

 

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La vitrine attendant la performance onirique de Virgile Novarina 

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       Le vernissage, en même temps que le début de l'exposition, sont donc prévus pour le jeudi 17 janvier, et tous les lecteurs du Poignard Subtil sont bien entendu cordialement invités. La manifestation se déroulera jusqu'au 5 février 2013 (ouverture sur rendez-vous, téléphonique ou par mail, je le répète).

08/12/2012

Graffiti cousus sur grille, du nouveau dans les inscriptions urbaines

    Dans mon périmètre d'arpentage perpétuel (j'ai souvent comme ça de ces moments à tuer) situé peu ou prou dans les Xe et XIe arrondissements, je suis tombé il y a quelques temps sur une drôle d'inscription à signification socio-politique quoique... Elle était brodée, si je puis dire, par-dessus les mailles du grillage d'une barrière de chantier. Et elle n'était vraiment pas facile à lire, vu qu'elle épousait étroitement les tiges métalliques. On pouvait passer devant sans la voir.

      Mais qui avait pu passer autant de temps à tisser d'une telle façon ce texte sur un support des plus exposés à toutes les vicissitudes?

      Le texte protestait contre le fait suivant (je n'ai pas vérifié si la statistique est bien fondée): "75% des pauvres = [le symbole de la gent féminine]", 75% des pauvres sont des femmes... C'était une protestation féministe apparemment, dans une technique traditionnellement impartie aux femmes. Exemple unique à ma connaissance dans l'art du graffito (au terme peu idoine en l'occurrence) et de l'inscription politique, en tout cas...

Inscription tissée sur grille de chantier, ave Parmentier, oct 12.jpg

Inscription tissée avenue Parmentier Xe ardt, octobre 2012, ph. Bruno Montpied

Inscription tissée détail du texte.jpg

Plus grande...

Inscription tissée détail.jpg

Encore plus rapprochée

11/02/2012

Art de rue

boîte à lettres, Montmartre, sept 11.jpg

Montmartre, sept 2011, ph. Bruno Montpied

06/12/2011

Que rien ne délie plus nos amours

    Nouvelle coutume aperçue sans nul doute par beaucoup de flâneurs parisiens ces temps-ci, le Poignard se doit de l'évoquer, car cela l'a touché, on accroche par centaines des cadenas aux grilles des rambardes de certains ponts de Paname ces temps-ci.

 

Cadenas en perspective, oct11.jpg

Ph. BM, novembre 2011, pont de l'Archevéché, derrière Notre-Dame, 5e ardt, Paris

     Qui ça "on"? Des couples d'amoureux probablement qui usent de cadenas de formes, couleurs et aspects variés, sur lesquels ils tracent parfois leurs deux prénoms, plus parfois un petit mot, en les fermant à clé, attachés pour toujours aux brins de fer. Je les imagine fiers de leur acte, ayant ainsi symboliquement scellé  le nœud de leur amour, et jetant dans les flots sombres de la Seine la petite clé qui risquerait de dénouer ce lien qu'ils veulent voir naïvement éternel. On s'aimera toujours, dit le cadenas rivé au pont, malgré le fleuve du temps qui coule par dessous. La barque de l'amour ne s'échouera pas, Maïakovsky.

 

Cadenas d'amour sur le pont de l'Archevêché, oct11.jpg

Ph. BM, 2011

      D'où vint ce rituel? Quand a-t-il commencé? Je parierai que ce n'est pas très vieux (même si cela a pris, notamment au pont de l'Archevéché, un tour assez massif ; j'ai vu la même pratique sur la passerelle du Pont des Arts). Et que cela procède de coutumes importées par des touristes étrangers. Paris étant vue comme une ville romantique. C'est un peu semblable aux piècettes propitiatoires que l'on jette au fond des fontaines. La monnaie a été ici remplacée par une clé. C'est plus joli.


15/06/2011

La chose étrange place de l'Hôtel de Ville

      Nous avons remarqué une étrange boîte vitrée installée sur les marches (ou les bancs) des fontaines de l'Hôtel de Ville mercredi 1er juin, un camarade et moi.

Objet bizarre pl Hôtel de ville mai 11.JPG

Place de l'Hôtel de Ville, Paris, ph. Bruno Montpied, 2011

    Son auteur ne paraissait pas (plus?) être aux alentours. A quoi servait-elle? Cela ressemblait vaguement à une machinerie. Il y avait une chaîne de vélo à l'intérieur paraissant destinée à entraîner quelques rouages indistincts dans le bas de la boîte. On remarquait des lettres placées verticalement, des blanches, H M N G, et des noires à l'horizontale, J (?), T U R. Une étiquette était en outre collée, comme menaçante: "Pas dproblem je vous retrouverai / Promi". Que voulait dire ce dispositif? Comment avait-il pu atterrir là? Mystère et boules de gomme... Si quelque lecteur pouvait nous apporter quelques éclaircissements, nous lui en serions extrêmement reconnaissants. 

05/12/2010

Le Théâtre Bois De Bout de François

Théâtre-Bois-De-Bout-s,déc0.jpg

François le marionnettiste, photo Bruno Montpied, décembre 2009

      Depuis quelques mois, l'ami Remy Ricordeau me l'ayant signalé sur le parvis du Centre Beaubourg à Paris, je garde des photos de côté sur un marionnettiste de rue, dont je viens de découvrir qu'il se prénomme François. Remy me l'avait présenté en me disant qu'il s'exprimait avec ses marionnettes dans une musique qu'on pourrait apparenter à une sorte d'art brut musical. J'étais allé le voir, l'avais écouté. Il s'exprime avec un sabir étrange, déformant les mots, prenant un drôle d'accent en effet. Mais lorsqu'on l'entend répondre aux questions d'un interview dans le web-documentaire présent sur le site Brèves de trottoir (excellent site qui se voue à l'illustration sonore, visuelle, cinématographique des figures de la rue parisienne - et voilà encore un crêneau de pris sur le web!), on se dit qu'il a de la culture - il cite Dubuffet et son "homme du commun" à un moment - il nous dit descendre d'une famille de marionnettistes, il n'est pas complètement "barré".

Théâtre-Bois-De-Bout-8.jpg

François, 2009, ph. BM 

 

   Mais qu'est-ce que ça fait au fond? L'homme est éminemment sympathique. Il vient en vélo tous les jours d'une campagne située à 50 kms de Paris pour rencontrer un public divers et varié (ou non, il lui est arrivé de jouer devant le vide, en continuant quand même), il manipule ses marionnettes à fil, tirant des borborygmes par-dessus l'action de ses histoires décousues, soufflant dans son harmonica avec une sainte inspiration. Il fait de "l'art populaire", il maintient le théâtre de marionnettes en public, comme il dit à un moment où on n'en voit plus beaucoup dans les rues. Son désintéressement est peut-être ce qui lui fait  avant tout rencontrer quelque public plus ou moins éberlué et lentement gagné à sa cause. Son jeu, son accent pâteux, comme d'un dyslexique ou d'un handicapé verbal, intriguent, donnant à ses spectacles un aspect vaguement foutraque.

Théâtre-Bois-Debout-9.jpg

 Les marionnettes épuisées, ph BM, 2009

02/12/2010

Recoins n°4

Couverture du n°4 de la revue Recoins.jpg

 

     Les recoins se sont agrandis, la revue, pour les besoins de ce n°4, a  repoussé les murs comme on dit pour se donner un peu plus d'air (format 25x20cm). Si je n'arrive pas à me départir de l'impression que la revue par certains aspects de sa mise en pages tient un peu comme à distance les sujets qu'elle présente à ses lecteurs, du fait du corps des caractères qui reste encore trop petit pour mes yeux fragiles, je comprends par ailleurs qu'étant donné la richesse des matières traitées dans ce numéro, les rédacteurs (tous des passionnés et des bénévoles) aient été placés devant des choix cornéliens sur la question de la mise en pages. On retiendra donc avant tout la nette amélioration de cette dernière, ainsi que de la ligne éditoriale.

 

 

Pierre Darcel,Les 4 danseurs et le dos de la Statue de la Liberté, ph. Bruno Montpied, 2010.jpg

 

Pierre Darcel, danseurs bretons en ciment couvert de coquilles de moules, coques, berniques, coquilles Saint-Jacques, ph. (inédite) Bruno Montpied, 2010

 

 

     Il s'est passé en effet quelque chose de plus, la revue a basculé dans une autre ère il me semble. On est là face à un saut qualitatif indéniable. Un de ses plus grands mérites est son excellent équilibre en dépit de sa variété. Car le sommaire marie les environnements spontanés (c'est moi qui m'y recolle avec un article sur un site nouveau en Bretagne, de Pierre et Yvette Darcel, statufieurs et mosaïstes, du côté de St-Brieuc), à la boxe, le rock n'roll, le blues ou la country, voire la musique antillaise d'avant le zouk (tiens il y a aussi un texte de Cosmo Helectra sur la musique de ski nautique, Cosmo un habitué de nos parages et animateur de l'émission Songs of praise sur Aligre FM tous les lundis soirs). Le mixage continue avec des articles sur un auteur de livres anticléricaux du  XVIIIe siècle, plus une très belle étude de Bertrand Schmitt sur un créateur tchèque Vladimir Boudnik (non, ni beatnik, ni spoutnik, quoique nom-valise on dirait, comme fait à partir des deux). Sont également convoqués deux très beaux textes de Régis Gayraud à thématiques contrastées (démontrant une fois de plus le grand talent du bonhomme, et je ne dis pas ça parce que c'est un ami, c'est plutôt le contraire, c'est parce qu'il crée aussi des choses de ce calibre qu'il est mon ami), une (trop) courte intervention d'Olivier Bailly sur Robert Giraud, une notice d'André Vers sur le Vin des Rues de Giraud, de l'art populaire dans les oratoires du Cantal, 

Pieta,Cantal,ph.Bruno Montpied, 1990.jpg

 

 

des compte-rendus de divers livres, des aphorismes (d'Olivier Hervy, en petite forme, j'ai trouvé), des brèves de comptoir comme celle-ci:

 

"La fin du monde, c'est mieux à la campagne, tu te fais pas piétiner"

(Tirée d'une anthologie de Jean-Marie Gourio, concoctée par l'auteur à partir de propos tenus dans les bistrots, pratique certes antérieure à Gourio, mais mettant en relief l'indéniable esprit des rues, volatil, anonyme, difficile à fixer en littérature, une création littéraire immédiate en quelque sorte)

 

Sommaire-Recoins-4.jpg

Sommaire de Recoins n°4

      Au sein de ce sommaire éclectique, et parce qu'il faut bien se limiter sur ce blog à quelques détails seulement, les deux interventions sur lesquelles j’ai tendance à focaliser sont celles de Régis Gayraud pour son texte « Méritoires d’outre-terre, feuilleton (1) », et l’étude de Bertrand Schmitt sur le poète, plasticien et théoricien tchèque Vladimir Boudnik.

     Du premier, on peut retenir son étourdissante habileté à plonger le lecteur dans un climat de pur onirisme qui a cette particularité de ne pas se cantonner au réveil - à cet entre deux où la conscience pas encore complètement extirpée du sommeil vacille entre deux mondes - mais bien plutôt à s’étendre progressivement, insidieusement à tout l’ensemble de l’activité diurne. Monde renversé, où la veille devient territoire du rêve, ce qui n’est pas sans laisser le lecteur au bord d’une certaine angoisse assez voisine de celle qui préoccupe un Roger Caillois par exemple dans les expériences qu’il relate dans son petit livre L’Incertitude qui vient des rêves. Régis l’a déjà écrit ailleurs (dans une enquête sur les rêves publiée naguère par le groupe de Paris du mouvement surréaliste –auquel soit dit en passant appartient Bertrand Schmitt), les rêves ont pour lui un autre aspect que celui de révéler des désirs enfouis et refoulés, selon la doctrine freudienne. L’activité onirique brasse les cartes des situations possibles, se prêtant ainsi à une véritable combinatoire des situations qui pourraient se produire. Ce qui explique qu’elle puisse prendre l’aspect d’un terrain propice aux prémonitions. Il semble que le texte de Régis publié dans ce nouveau numéro de Recoins joue quelque peu avec ce désir d’anticipation. Comme si l’auteur cherchait à diriger son destin, comme d’autres cherchaient à diriger leurs rêves.

Vladimir-Boudnik,-variation.jpg

Vladimir Boudnik, du cycle Variations sur le test de Rorschach, 1967 (extrait des illustrations de la revue Recoins)

 

     L'étude de Bertand Schmitt qui présente le fort peu connu Vladimir Boudnik (1924-1968) m'a fait l'effet d'une véritable illumination. J'ai reconnu en lui - comme certainement cela a été le cas pour la rédaction de Recoins (il faut repérer dans la revue les photos d'Emmanuel Boussuge qui comme moi s'intéresse de fort prés aux images créées par le hasard, figures anthropomorphes des ferrures de portes, piquets de clôture, taches diverses) - un précurseur, ou un continuateur, de la création immédiate. Ce poète, plasticien, et théoricien tchèque, instruit des ravages profonds induits dans l'âme des hommes par les désastres de la Seconde Guerre Mondiale, chercha à créer une nouvelle forme d'expression qu'il appela "l'explosionnalisme", qui consistait entre autres à pousser les individus dans la rue à projeter leurs inconscients à travers les traces existant sur les murs. "Armé de fusains, de craies, de graphites, il lit et interprète les vieux murs, fait surgir de la chaux des fantômes endormis". Ce que Bertrand nous apprend des actions et de la quête de Boudnik le montre assez parallèle avec les idéaux des membres contemporains du groupe Cobra, convaincus de la transfusion de l'art dans la vie quotidienne des classes populaires, ou d'un Dubuffet, également contemporain, qui découvrait à cette époque-là le génie populaire individualiste des oeuvres de ce qu'il appela "l'art brut". Il écrit les phrases suivantes, qui font indéniablement écho à l'illustration et à la défense de la poétique de l'immédiat que je cherche à promouvoir sur ce blog: "Un [...] appel à la création immédiate et concrète avait été exprimé dans le premier manifeste de l'explosionnalisme...". "Cette exhortation à la création collective, directe et populaire contient aussi une remise en cause du statut séparé de l'artiste professionnel". Et voici aussi cette phrase empruntée aux écrits de Boudnik: "Regardez autour de vous! Sur le mur sale, le marbre, le bois... Ce que vous voyez est ce qui est à l'intérieur de vous. Ne sous-estimez pas les taches. Faites-en le tour avec votre doigt, redessinez-les sur le papier... Saisissez votre monde intérieur." C'est la leçon de Léonard de Vinci proposée à l'homme du commun! Travaillant en usine, il va former des groupes de prolétaires à l'étude et à la création de formes inspirées d'images aléatoires comme les taches, les traces que l'on trouve communément autour de soi (les nuages, les signes sur les peaux de bananes, n'est-ce pas Bruly-Bouabré?...). Il organise des expositions dans les couloirs de son usine "au grand ébahissement des cadres et des ouvriers"...

Extrait d'un documentaire sur Boudnik sur You Tube (plusieurs oeuvres de cet étonnant expérimentateur sont ainsi visibles ici)

 

       Il expérimente à tout va (il fera ainsi une suite d'interprétations des tests de Rorschach), cherchant apparemment à ce que suggère Bertrand Schmitt dans son si éclairant article à partir en quête des secrets de la matière, de l'énergie génitrice présente au sein de celle-ci. Bref, on a là  à l'évidence une étude tout à fait passionnante, et rien que pour ces textes-ci, la revue Recoins dans ce n°4, a déjà rempli son office d'illuminatrice. J'encourage naturellement tout un chacun à s'enquérir du reste de son contenu.

Abonnez-vous-Rec4.jpg

 

Recoins  est disponible en écrivant et en s'abonnant 13, rue Bergier, 63000 Clermont-Ferrand. Adresse e-mail: revuerecoins@yahoo.fr

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A signaler également ce jeudi soir 2 décembre au Kiosque/Images, 105, rue Oberkampf, la présentation de l'ouvrage Les 12 travaux d'Hercule, édité par Recoins et Cie, sur les dessins de Pascal, un des créateurs fréquentant le foyer d'arts plastiques La Passerelle à Cherbourg (voir les notes que j'ai consacrées sur ce sujet).

La revue est disponible également sur Paris à la librairie de la Halle Saint-Pierre (XVIIIe ardt), ainsi que chez Bimbo Tower, passage Saint-Antoine dans le XIe arrondissement. D'autres librairies seront bientôt pourvues à leur tour.  

11/04/2010

Graffiti de printemps

      Une biffure sur une plaque et le sens bascule plaisamment...

Graffito, rue des Bourgeois plus francs, ph Bruno Montpied, Paris IIIe ardt, 2010.jpg
Plaque rue des Francs-Bourgeois, photo Bruno Montpied, 2010.jpg
Photos Bruno Montpied, 2010

21/03/2010

Etoiles noires de Robert Giraud

      Robert Giraud, on commence à le connaître davantage, grâce au blog d'Olivier Bailly, Le copain de Doisneau, qui a ranimé sa mémoire sur internet avant de publier une courte biographie sur lui chez Stock, intitulée Monsieur Bob. Plusieurs livres de lui sont aujourd'hui disponibles, notamment chez l'éditeur Le Dilettante. Son livre le plus connu, Le vin des rues a été réédité chez Stock, en même temps que sortait la biographie d'Olivier Bailly.Monsieur Bob d'Olivier Bailly.jpg

      C'était un connaisseur et un écrivain du Paris populaire des années 50 aux années 90 (il est disparu en 1997) que l'histoire littéraire a tendance à passablement occulter. Lisons ces lignes d'Olivier Bailly qui cerne en quelques mots les centres d'intérêt du personnage: "Il ne traitera que de sujets en marge: clochards, tatoués, gitans, petits métiers de la rue, prostitution, bistrots, sans oublier la cohorte des excentriques de tout poil. Son premier coup d'éclat, il le réalise avec Doisneau, dans Paris-Presse, avec la publication d'un reportage au long cours, "Les étoiles noires de Paris", onze articles consacrés à des personnages insolites qui peuplent le Paris de cette époque et que Bob croise pour certains dans ses périples journaliers et là où il boit son vin quotidien." (Monsieur Bob, p.84). Le vin était une autre de ses passions, sang de la vigne qui irriguait le corps de ses passions pour la vie immédiate. Olivier Bailly note qu'il fréquentait les bistrots qui avaient une certaine exigence en matière de crus, ceux tenus par des bistrotiers qui allaient sur place dans les régions chercher leurs récoltants, en évitant les "bersycottiers", c'est-à-dire les négociants de Bercy qui s'étaient enrichis pendant la guerre grâce au marché noir avec des mauvais vins (surnommés "côteaux de Bercy", synonymes de piquettes). Giraud, qui fut aussi un temps secrétaire de Michel Tapié au début de l'histoire de la collection de l'art brut, en 1948, alors que Dubuffet était parti voyager en Algérie, et qui garda mauvais souvenir de ce dernier qui le traitait en factotum (bien longtemps après, il parlait de lui en disant que Dubuffet n'était qu'un cave...), Giraud eut-il le temps de lire la "biographie au pas de course" (publiée dans Prospectus et tous écrits suivants, tome IV, 1995) où Dubuffet se vante lorsqu'il était marchand de vins justement à Bercy d'avoir renfloué son entreprise grâce au marché noir (il précise avoir alors vendu des "vins d'une qualité un peu supérieure" au vin de consommation courante, ce qui lui procura des bénéfices qui lui permirent d'éponger les dettes de son commerce d'avant-guerre, car il n'y avait sans doute plus de taxes sur ce négoce réalisé sans factures, sur parole)...? Nul doute que cela lui aurait confirmé ses impressions de la fin des années 40.Robert Giraud au comptoir chez Albert Fraysse, par Maximilien Vox, blog Le Copain de Doisneau.jpg

      Giraud vécut de divers petits métiers (il vola même un temps des chats, il fut avec sa femme Paulette bouquiniste à la hauteur de la Samaritaine). Ses sujets de prédilection étaient les clochards, les tatoués, les bistrots, et l'argot sur lequel il publia de nombreux livres. Il s'intéressa aussi aux créateurs insolites, plusieurs de ses articles publiés dans différentes revues et journaux (outre Paris-Presse, il y eut aussi Franc-Tireur et la revue Bizarre) s'y rapportent: par exemple Frédéric Séron dans Les étoiles noires de Paris (1950 ; avec Robert Doisneau, son complice photographe qui fit de nombreux reportages avec lui, il paraît l'un des tout premiers à avoir rendu visite à Séron, avant Gilles Ehrmann en particulier), Picassiette (dans Bizarre n°V en juillet 1956), ou encore Gaston Chaissac dans Franc-Tireur en août 1956 (Chaissac de qui il reçut une correspondance dont certains éléments ont été publiés par Dubuffet et Paulhan dans Hippobosque au bocage en 1951). Charles Soubeyran (auteur des Révoltés du Merveilleux, livre consacré à Doisneau et Ehrmann où l'on voit plusieurs des créateurs évoqués dans les "étoiles noires de Paris" comme Jean Savary, Maurice Duval, Frédéric Séron, Pierre Dessau) a un jour signalé que certain "dandy de muraille" peint par Chaissac renvoyait au frère de Robert Giraud, Pierre Giraud qui était un dessinateur et un peintre spontané, associé un temps à l'aventure de la débutante collection de l'art brut.Pierre Giraud enchanteur limousin, plaquette art brut éditée par la Galerie René Drouin en 1948.jpg

      Les chroniques de Robert Giraud sur les figures de la rue parisienne, vivant sous d'autres coordonnées mentales que le commun des mortels, au fond, on pourrait les voir comme issues d'une tradition de chroniqueurs du Paris populaire excentrique, qui rassemblent par exemple ces auteurs du XIXe siècle connus sous le nom de Lorédan Larchey (Gens singuliers), Champfleury (Les Excentriques), Charles Yriarte, Charles Monselet, etc, tous auteurs que l'on retrouve aujourd'hui au catalogue des précieuses éditions Plein Chant.

      En attendant que quelque éditeur veuille enfin réunir les différentes contributions de Robert Giraud à la cause de l'art brut, on se contentera d'initiatives isolées comme cette réédition à Noël 2009  des onze articles parus dans Paris-Presse, "Les étoiles noires de Paris", sous l'aspect d'un livre-objet conçu par Bernard Dattas qui s'est amusé pour le compte des "Editions des Halles" à publier cet ensemble sous la forme d'un livre massicoté en étoile, qui une fois ouvert révèle des dizaines d'autres étoiles de toutes couleurs (c'est joli mais ne va pas sans faire des difficultés pour la lecture...).

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Réédition des Etoiles noires de Paris de Robert Giraud par Bernard Dattas, 2009

      Bonne idée qu'a eu là Bernard Dattas (qui ne paraît pas à son coup d'essai, d'autres ouvrages ont semble-t-il été réalisés auparavant sur lesquels je n'ai que des ouï-dire, le monsieur cultivant, semble-t-il, un certain secret). On découvre ainsi l'ensemble des personnages qu'avait évoqués Giraud en 1950, ceux que j'ai déjà cités, plus Armand Févre, André Gellynck, Salkazanov, M. Dassonville et sa cane Grisette, Gustave Rochard, M. Nollan dit l'Amiral, le peintre Héraut, Pierre Dessau qui se baladait en costume Directoire et juché sur un grand Bi à travers Paris... Malheureusement je ne puis renvoyer mes lecteurs à une quelconque adresse qui leur permettrait d'avoir accès à leur tour à cette charmante publication. A moins que M. Dattas, s'il nous lit, veuille bien éclairer nos lanternes.

 Les étoiles noires de Paris par Robert Giraud et Robert Doisneau, édité par Bernard Dattas.jpg
L'ouvrage étoilé une fois ouvert... Une photo de Frédéric Séron par Robert Doisneau apparaît à droite 

 

 

05/03/2010

Fantaisie forgée rue Durantin prolongée

     Curieuse intervention créative qui a dû nécessiter un temps considérable pour être confectionnée puis ensuite disposée sur ces fenêtres en rez-de-chaussée, dans cette rue de Montmartre au nom cocasse, la rue Durantin prolongée... (Comme si on avait manqué d'imagination pour trouver un autre nom à cette voie qui ne ressemble du coup qu'à une excroissance méprisable).

Anonyme, fers forgés fantaisie,Rue Durantin prolongée, Paris 18e ardt,ph.Bruno Montpied, 2002.jpg
Photo Bruno Montpied, 2002

      C'est plutôt rare à Paris les décors originaux, faits en matériaux de récupération en l'espèce, et placés en plein air, au vu et au su des passants. Sans doute parce que les règles d'ornementation sont contraignantes dans les grandes villes et que peu osent s'en affranchir. Ici, la rue est maigrement fréquentée, malgré sa fonction de raccourci commode dans Montmartre. Cela a dû contribuer à l'audace du créateur qui a composé ces arabesques de fers tordus et soudés où l'on reconnaît entre autres dans le labyrinthe des lignes un plateau de dérailleur de bicyclette. Tout prés se tenait aussi (rue Durantin - non prolongée), à la même époque, l'atelier d'un sculpteur-assembleur connu des amateurs d'art singulier et qui se nomme Gilbert Peyre. Une enseigne en tôles peintes et sculptées, due à Peyre, au style voulu de guingois, représentant un moulin où s'agitait un automate au visage rigolard (la rue mène au moulin de la Galette que l'on aperçoit plus haut), donnait déjà l'exemple au coin de la rue Durantin prolongée et de la rue Tholozé (la rue du cinéma le Studio 28, où eut lieu le scandale de L'âge d'or de Bunuel). Le coin a ainsi l'aspect d'un bout de terrain libéré par les créateurs singuliers de plein vent parisien.

Gilbert Peyre, enseigne au petit moulin,rue tholzé, Paris 18e ardt, ph Bruno Montpied, 2002.jpg
Enseigne du restaurant Au petit Moulin créée par Gilbert Peyre, rue Tholozé, ph. BM, 2002

 

 

10/11/2009

Le Musée de Montmartre en péril

LAISSERONS-NOUS DISPARAITRE LE MUSEE DE MONTMARTRE ?

musée de Montmartre vue générale.jpg

     Le Musée de Montmartre, patrimoine des Montmartrois, risque de mourir par la volonté de sa tutelle, la Mairie de Paris, qui vient de décider, sans préavis, de lui couper toute subvention.

   Installé au 12, rue Cortot à Paris 18ème depuis 50 ans, par la Société du Vieux Montmartre, association née en 1886 et reconnue d'utilité publique en 1967, ce Musée associatif, devenu Musée de France en 2003, va attirer, cette année, avec ses 6000 œuvres d'art et objets de collection, plus de 50 000 visiteurs venant de France et de l'étranger.

    La Société du Vieux Montmartre et son Musée sont donc condamnés à disparaître faute de subventions si nous laissons faire la Mairie de Paris, privant ainsi pour toujours Montmartre et les Montmartrois de leur Association et de son Musée, et donc de leur histoire.

    C'est le cœur et la mémoire de Montmartre que l'on va tuer.

   Mobilisons-nous pour que les élus parisiens (Mairie du 18ème et Mairie de Paris) reviennent sur leur décision.

    Pour vous opposer à la mort du Musée, merci de signer cette pétition: http://www.petitionduweb.com/LAISSERONS_NOUS_DISPARAITRE_...

(Appel transmis par Rodolphe Trouilleux que je répercute volontiers sur ce blog)

22/10/2009

Nostalgie du Paris populaire récent

     Dans les commentaires à ma note du 19 août dernier, nous évoquions, Régis Gayraud et moi, un restaurant antillais où nous avions déjeuné (d'un assez médiocre boudin créole ma foi) au 31, rue des Vignoles dans le XXe ardt de Paris. Il s'appelait Les Chutes du Carbet.Les Chutes du Carbet sur l'Ile de Basse-Terre, Guadeloupe.jpg C'était une petite maison avec véranda et un petit étage en retrait, comme une paillotte de bord de mer qui aurait été parachutée au beau milieu de Paris, une sorte de guinguette en somme. Une bouée était accrochée à l'entrée du restaurant, ancrant dans l'esprit l'impression d'être dans un lieu maritime.

Restaurant antillais Les Chutes du Carbet,août 2000, ph.Bruno Montpied.jpg
Restaurant disparu, Les Chutes du Carbet, ph.Bruno Montpied, 2000

     De mauvaises chaises étaient disposées vaille que vaille sur la terrasse en ciment, deux ou trois arbres aux troncs passablement conséquents bordaient cette dernière, une fresque quasi naïve tentant d'égayer le décor.

Les Chutes du Carbet,la terrasse,ph.Bruno Montpied, 2000.jpg
Ph. BM, 2000
Les chutes du Carbet,le pêcheur, ph Bruno Montpied, 2000.jpg
Le pêcheur, ph. BM, 2000

    On apercevait un autochtone qui jetait ses filets dans la mer, un phare au lointain (d'où la bouée...). Un grand tambour, voisinant avec une machette et un décor de palmes, achevait de donner une touche tropicale à l'estaminet... L'endroit était sans apprêts, on y respirait une grande nonchalance, un détachement comme dirait un ami musicien, mot qu'il emploie toujours en dernière extrémité pour qualifier en l'occurrence le jazz des Noirs américains, synonyme de feeling. Autant dire que le lieu était interdit aux bégueules, tant y régnait l'esprit des vacances éternelles et le dégoût du travail (ce qui n'était peut-être pas étranger, en même temps, à la qualité médiocre du boudin...).

Les Chutes du Carbet,le tambour, ph. Bruno Montpied, 2000.jpg
Tambour et machette, ph.BM, 2000

     Les propriétaires ont changé par la suite. Si vous passez chez Temporel dans la rue des Vignoles, voici le restau new look que vous rencontrerez, intitulé dans une connaissance poussée de ses futurs clients: "Mondes Bohèmes". Les deux arbres ont été abattus, une serre s'élève désormais à côté de la terrasse. Plus de fresque naïve... Irions-nous encore nous enivrer dans un tel lieu si propre sur lui? Rien n'est moins sûr.

Les Mondes bohèmes ex-Les Chutes du Carbet, ph. Bruno Montpied, 2009.jpg
Les Mondes bohèmes, ex-Chutes du Carbet, ph.BM, 2009

13/09/2009

Réédition du "Paris insolite" de Jean-Paul Clébert, avec les photos de Patrice Molinard

RENCONTRE

Le vendredi 25 septembre à 18h

Pour fêter la réédition du livre (enrichi en 1954 des photographies de Patrice Molinard)

 de

 Jean-Paul Clébert

Paris insolite

Aux éditions Attila

Paris-Insolite-couv09.jpg

En présence des éditeurs ainsi que d'Olivier Bailly

Auteur de Monsieur Bob

(sur Robert Giraud) aux éditions Stock

A LA LIBRAIRIE PAGE 189, qui est comme de juste au 189, rue du Faubourg Saint-Antoine, Paris XIe...

 

  

26/08/2009

Passage Dieu

    Petit ajout à la balade dans le XXe arrondissement que j'ai mise en ligne il y a quelques jours. En recherchant la rue des Vignoles, je suis tombé sur un passage Dieu dont je ne me souvenais plus. Sans doute parce que la rue Dieu, dans le Xe, prés du Canal Saint-Martin, l'avait éclipsé. Placer deux fois le nom de Dieu sur des voies parisiennes faisant décidément un peu too much (d'autant que Satan de son côté n'a droit qu'à une pauvre impasse, comme par hasard, probablement par souci de le limiter, dans le XXe aussi).

C.-Coupé.jpg
"C.Coupé, tapissier"... Passage Dieu, XXe ardt, photo Bruno Montpied, 2009

    Ce passage s'est révélé riche d'une inscription en nom prédestinant, comme on peut le voir ci-dessus. Et riche aussi, un peu plus loin, de la collision cocasse entre sa plaque de rue et un avis de chantier placé en contrebas...

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Passage Dieu, port du casque obligatoire... ph. BM, 2009