22/09/2017
Un poème du sciapode
Fin flux
La pendule s’est mise à chanter
Son oiseau ébouriffé s’époumone
Les cloches minuscules tintent
Une flûte dessine dans l’air
Les arabesques désinvoltes d’un automate chorégraphe
La brume estompe le pied des montagnes
Entêtantes êtes-vous flûtes, clochettes et gamelan
Et cet oiseau qui tintinnabule
Le petit marteau minuscule, le marteau qui insiste
Tape et tapote
Les lamelles
Tape et tapote tandis que la flûte fluide
Comme un soupir au murmure sinueux
Fin flux
Obsédant
Revient sans fin sur elle-même
Dans l’air
Main qui caresse
Emprisonnant l’esprit
Dans le lacis des tintements
De l’aigu
Du fin flux
(Bruno Montpied, mai 2014)
18:54 Publié dans Poèmes choisis du sciapode | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : flux, fin flux, poèmes de bruno montpied, poésie, flûtes | Imprimer
20/06/2017
La folle complainte, une chanson que je verrai bien à mon enterrement
Daniel Darc, l'interprète (et sorte de dandy rock plus ou moins fracassé...) de la chanson La folle complainte de Charles Trénet, que j'écoutais par hasard ce matin, a si parfaitement raison d'affirmer (dans un murmure, au début de l'enregistrement, qui va en s'évanouissant) que c'est la "chanson la plus belle de tous les temps...." Ou, du moins, l'une des plus belles... Elle me colle à la peau en tout cas, je m'y retrouve moi aussi, et je la trouve digne de ces morceaux que l'on diffuse lors du clap de fin dans les cimetières ou les incinérateurs...
00:08 Publié dans Art immédiat, Chanson poétique, Poèmes choisis du sciapode | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : charles trénet, folle complainte, daniel darc, chanson française, dernière chanson | Imprimer
26/12/2016
Eloge de la pluie, en dédicace à Zébulon
Tenez, en spéciale dédicace à un de mes commentateurs distingués, et pour augmenter ma playlist éparse au fil des notes de ce blog, pour alimenter aussi les rubriques "poèmes choisis du sciapode" et "chanson poétique", voici un poème de Francis Carco, chanté par Monique Morelli (que l'on retrouve sur l'anthologie de chansons d'après Carco éditée sous le label EPM, collection "Poètes et chansons").
"Il pleut", par Monique Morelli
23:22 Publié dans Chanson poétique, Littérature, Poèmes choisis du sciapode | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : monique morelli, francis carco, chanson et poésie, chanson française, pluie | Imprimer
09/09/2016
Jacques Bertin, une chanson: Louvigné-du-Désert
Une petite chanson pour partager un moment mélancolique et de pure poésie, loin de cette poésie cérébrale que l'on imagine comme seule possible)... Par Jacques Bertin, poète-chanteur que j'apprécie énormément (il est né à Rennes, voici 70 ans cette année).
Jacques Bertin, Louvigné-du-Désert, album "Une fête étrange" (1970)
00:45 Publié dans Chanson poétique, Poèmes choisis du sciapode | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : jacques bertin, poésie, louvigné du désert, mélancolie | Imprimer
07/01/2016
Claude Haeffely, à découvrir sur le blog de Jean-Louis Bigou dans l'Aude
Claude Haeffely, né à Tourcoing en 1927, est un dessinateur et un poète qui apparemment a longtemps vécu au Québec, ayant travaillé là-bas dans l'édition et aussi à l'Office national du film du Québec (faisait-il du cinéma d'animation?). Jean-Louis Bigou lui a consacré une série de photos de ses dessins, qui sont appelés par Haeffely "poèmes en pointillés", et une notice sur son blog excellent, De l'art improbable aux jardins insolites dans l'Aude et les environs. Je renvoie bien entendu les lecteurs intéressés à sa note, où l'on trouve beaucoup d'autres photos des dessins de Claude Haeffely, légers, désinvoltes, tout en ayant surgi automatiquement semble-t-il dans le droit fil d'une certaine tradition surréaliste (l'auteur a fréquenté autrefois Roland Giguère, qui lui-même avait côtoyé le surréalisme à Paris dans les années 1950 ainsi que l'animateur de la revue Phases, Edouard Jaguer). J'aime beaucoup ces œuvrettes funambulesques, tracées sans pesanteur aucune.
15/11/2014
Dialogue de 1974 Joël Gayraud/Bruno Montpied
Dialogue
Apercevant quelques centimètres de cendre sur la chaussée, que me direz-vous ?
C’était un tic-tac d’insolite, un autre rêve à trouver
De quel côté, le rêve ?
Passage du Désir, en ville
De quel métal, son portail ?
In memoriam
Cette situation n’a rien de réjouissant
Il y a des tristesses bien situées
Le flou n’est-il pas condamnable ?
Où ?
Dans leur mémoire
On rôde toujours autour de son absence
Ou de son manque ?
Ou de sa perte ?
Suffit ! Je ne rôde qu’en ma présence.
Avec le passé pour complice
Dans celui-ci, la lumière est rassurante.
La belle lumière noire
Bruno Montpied/ Joël Gayraud ,26-IX-1974
13:00 Publié dans Art collectif, Poèmes choisis du sciapode, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : dialogue poétique, joël gayraud, bruno montpied, poésie contemporaine, 1974 | Imprimer
14/12/2013
Rafiot dans le raffut, Albarracin pensait sans le savoir à Jean Branciard
Jean Branciard, la Grande Limule (crabe des Moluques), 2009, ph. Bruno Montpied
"Regardez comme le papillon roule et tangue sur les très réels et enivrants flots du néant, il a l'air d'un rafiot dans le silencieux raffut."
(Laurent Albarracin, Le Ruisseau, l’éclair, Rougerie, 2013).
04:13 Publié dans Art singulier, Poèmes choisis du sciapode | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : jean branciard, laurent albarracin, rafiot, raffut, rougerie, poésie contemporaine | Imprimer
20/07/2013
Régis Gayraud, ce poète inconnu
Voici un poème qui mérite d'être porté à votre attention, avec en prime à la fin, une lecture par son auteur (mais j'espère que vous parviendrez à l'entendre correctement, car il me semble que la qualité sonore est moyenne):
Les sinuosités des lacets de ses bottes
Me font signe de les suivre
Dans l’arsenal de stupidités sensuelles
Où j’aspire à une place d’essayeur.
Je sue ma semence d’assoiffé
Au son des sirènes,
J’expulse mille pulsions de supplices,
Je délaie la laideur des plaids
Dans des chambres d’hôtels où les gerflex flapis
Exigent leur offrande de javel.
Chaque matin face au miroir
Je décolle du bord de mes yeux
Les plumes poisseuses de l’ange de la mort
Qui s’est cogné la nuit aux murs de ma chambre.
Chacun sa coquille
Son bloc de glace son ruisseau de lave.
Et sous le crépitement de l’eau
Qui invite le feu
Dans leurs grandes noces aux habits de vapeur
Nul ne perçoit rien de nos balbutiements.
Régis Gayraud
20-29 juin 2011
04:02 Publié dans Poèmes choisis du sciapode | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poèmes choisis du sciapode, régis gayraud, sinuosités, lacets, stupidités sensuelles, gerflex, supplices, balbutiements, poésie contemporaine | Imprimer
23/03/2013
Il y a une fleur qui pousse à l'ouest, poème de Steinn Steinarr
Dans une traduction de Régis Boyer, intégré dès aujourd'hui dans mon choix de poésies, voici un poème de Steinn Steinarr, qui m'émeut tout particulièrement. Poète islandais qu'appréciait mon ancienne amie et muse Christine Bruces-Cerisier, je décidai de le lire à voix haute à la cérémonie de son incinération au Père-Lachaise en juillet 2001.
Il y a une fleur qui pousse à l'ouest, Steinn Steinarr, in Le Temps et l'Eau, éd. Actes Sud
15:25 Publié dans Poèmes choisis du sciapode | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : steinn steinarr, christine bruces-cerisier, le temps et l'eau, poésie islandaise, poèmes choisis du sciapode | Imprimer
10/03/2013
Le visage à l'intérieur, un parallèle Gilles Manero/Steinn Steinarr
Gilles Manero, sans titre, mine de plomb, crayons et collage de tarlatane sur papier photographique ancien, env. 39x29 cm, 2010, coll. Bruno Montpied
Dans ta conscience
Il y a un visage qui regarde
Steinn Steinarr
Dans ta conscience il y a un visage qui regarde,
Visage que nul ne voit et qui ne doit trouver place nulle part.
Son regard est le rêve, sombre et brûlant,
Qui se cache dans l'ombre de tes sentiments.
Il ne se trompe pas de direction, il prend bien garde à soi,
Il s'enterre dans l'ombre profonde et intime.
Il va incognito, ce visage,
Par les recoins les plus taciturnes de ton âme.
Rien n'est aussi profondément celé sur terre,
Tu séjournes longtemps à distance, faible et diminué.
Ta requête est faite pour rien,
Ce visage n'existe plus, qui fut toi-même.
(extrait de Le temps et l'eau, trad. Régis Boyer, éd.Actes Sud, 1984)
13:46 Publié dans Art singulier, Poèmes choisis du sciapode | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gilles manero, art singulier, steinn steinarr, régis boyer, poésie islandaise, rêve | Imprimer
03/03/2013
Poèmes choisis (2)
Pour alimenter le plus rapidement possible ma nouvelle catégorie de poèmes choisis, il faut que je procède à marche forcée. Voici un deuxième poème de Henri de Régnier cette fois, Le voeu. Toujours par ce même lecteur à la voix rauque, comme enrhumée, à moins que ce ne soit lendemain de cuite.
Le Vœu de Henri de Régnier
10:42 Publié dans Littérature, Poèmes choisis du sciapode | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : poésie, florilège poétique, henri de régnier, le voeu | Imprimer
28/02/2013
Poèmes choisis du sciapode
Le sciapode, dans les dîners en ville (comme on dit), fait souvent profession de ne pas aimer la poésie en vers. C'est bien sûr qu'il n'aime pas une certaine sorte de poésie contemporaine, abstruse, cérébrale, hermétique, y compris celle qui se complaît dans l'image détachée de toute référence au vécu, l'image pour l'image comme il y a de l'art pour l'art, exercice, gymnastique rhétorique tendant à l'abstraction (la soupe déshydratée dont parlait Benjamin Péret), toutes choses qui lui paraissent bien vaines...
Alors, pourquoi ne pas tenter de dresser a contrario la citadelle des poèmes qu'il préfère, et qu'il considère comme le contraire de la poésie décriée ci-dessus? Et donc à partir d'aujourd'hui de commencer à élaborer un florilège poétique en vers de pièces choisies par le sciapode? Une nouvelle "catégorie" est née, "les poèmes choisis du sciapode", qui s'alimentera peu à peu. La maison, ne reculant devant rien, s'est payé le luxe d'embaucher un lecteur professionnel, à la voix bien rauque. Ecoutez ci-dessous :
L'Horloge de Charles Baudelaire
23:25 Publié dans Littérature, Poèmes choisis du sciapode | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, poèmes, charles baudelaire, l'horloge | Imprimer