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16/06/2007

Une oeuvre d'art populaire anonyme

            Par la grâce de l'art brut, certains objets que l'on regardait jusqu'à son invention (en 1945) comme des oeuvres de patience insolites sont maintenant arrachables au corpus de l'art populaire. La même chose se produit avec l'art naïf. Séraphine Louis, s'est-on avisé (Michel Thévoz par exemple), c'est plutôt de l'art brut, car c'est trop exalté, trop extrême pour rester dans l'art naïf.
En retranchant, en extirpant ainsi, on achève d'élaguer art naïf et art populaire, on les fait ressembler à ce que les thuriféraires orthodoxes de l'art brut voudraient qu'ils soient, des arts sans audace, trop codifiés, pépères. On crée une réserve pour l'art audacieux. N'est-il pas préférable de laisser les choses où elles en étaient ? Pas trop cernées ? Pas trop clôturées ? Et laisser l'art à son anarchie naturelle ?
            Certains passionnés observent cette attitude. Plutôt que de parler d'art brut à tout bout de champ, ils diront s'intéresser aux "objets de curiosité", ce qui recouvre souvent sous ce délicieux vague, des oeuvres inclassables, ou qui devraient tout au moins le rester, à mon avis. Dessins naïfs de prisonniers, cruche couverte de graffitis, trônes de prolétaires, statues rongées par le temps ou les insectes, fourneau de pipe hallucinatoire comme celle que j'ai décidé de vous fourrer sous les yeux cette fois.
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            Sculptée par on ne sait qui, le collectionneur qui l'a trouvée la date du début XIXe, rapport au couvre-chef de l'homme de profil que l'on voit tenant un chien en laisse. Ne dirait-on pas en effet une sorte de tricorne ?
L'orifice du fourneau est placé au-dessus de l'homme au chien, ce dernier est peut-être un autoportrait du sculpteur. Toute la surface, ou à peu de choses près, est ciselée.
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 Beaucoup d'animaux, un échassier, de la volaille, des serpents, une drôle de bestiole  juchée au sommet d'une éminence à l'apparence sexuée, des têtes aux extrémités comme gargouilles guettant aux frontières.
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  Deux masques aux yeux cloutés de part et d'autre de l'homme au chien. Le style fait parfois penser à de l'art inuit.
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La première photo du haut montre la pipe telle que le spectateur placé face au fumeur la voyait. Il est étonnant que le sculpteur ait gardé les branches fines qui s'écartent du fourneau. Il semble évident que l'objet était fait pour surprendre son monde. J'imagine assez aisément un malicieux, un chasseur voulant se camper face aux autres, un fort en gueule, habile de ses mains en tout cas. L'objet fut sans nul doute chéri car il possède des soudures en métal quelque peu disgracieuses mais qui furent considérées comme un moindre mal après que le bois se fut un jour fendu.
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(Ce fourneau de pipe a fait partie à un moment de la collection de M.Michel Boudin. Il est aujourd'hui dans une collection privée. Les photos, représentant plusieurs aspects du même objet, sont de Bruno Montpied.)