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Gabriel Albert, première monographie sur un inspiré par les services de l'Inventaire
Est paru en mars, (le même mois que mon bouquin Eloge des Jardins Anarchiques), un magnifique ouvrage de taille imposante, bourré de photos, plans et documents divers, qui inventorie l'intégralité des 420 statues (dont une trentaine de volées) que laissa le menuisier Gabriel Albert à sa mort en 2000 (il était né en 1904, il faillit couvrir tout le siècle) dans son jardin à Nantillé (Charente-Maritime). C'est le résultat du travail hors-pair de divers auteurs, au premier plan desquels Michel Valière, Fabrice Bonnifait, Thierry Allard et Yann Oury, travail illustré de nombreuses photos, principalement de Gilles Beauvarlet, Raphaël Jean, et Christian Rome (accessoirement, on retrouve aussi des photos anciennes de Jacques Verroust et de votre serviteur, notamment lorsqu'il s'agit de montrer des statues disparues, ou des positionnements de ces mêmes statues différents de ceux d'aujourd'hui).
Ce livre, "Le Jardin de Gabriel, l'univers poétique d'un créateur saintongeais", est édité dans la collection Images du Patrimoine, n°266, par le service de l'Inventaire de la Région Poitou-Charentes (depuis 2004, ce sont les régions qui sous le contrôle de l'état se chargent des enquêtes d'inventaire du patrimoine), en collaboration avec les éditions Geste.
Gabriel Albert, jeune fille à l'oiseau, ph.Bruno Montpied, 2006
Le livre est une somme qui permet véritablement de faire presque le tour de la question du jardin de Gabriel. Des photos aériennes, des plans du jardin avec les emplacements des statues volées, des descriptions minutieuses des oeuvres sur place, le tout rédigé avec simplicité et précision (comme savent le faire les auteurs de ces cahiers d'Inventaire généralement, ce qui rend leurs ouvrages particulièrement agréables à parcourir), sans oublier le lien que l'on peut faire avec le site de l'Inventaire Poitou-Charentes, où l'on retrouvera une carte interactive du site, ainsi qu'un diaporama, et 411 statues étudiées sur un total de 420 créées par Gabriel Albert, tout cela donne le sentiment que l'on a fait véritablement le tour du sujet, de la manière la plus objective, sans se payer de mots inutiles.
Jardin de Gabriel Albert photographié en 1988, trois ans avant que ne s'arrête l'auteur, ph.BM ; à droite scène de l'Angélus de Millet
L'amateur a désormais en main un outil adéquat pour partir à la découverte de cet homme singulier improvisé sculpteur à sa retraite, après des années de labeur, qui ne lui avaient pas fait oublier ses rêves de jeunesse, où il avait caressé un court moment l'espoir de devenir un jour artiste. Ce qui est un cas resté exceptionnel dans le corpus des "inspirés du bord des routes". Je ne vois qu'un Gaston Mouly, sculpteur et dessinateur lotois, qui puisse lui être comparé pour ce désir refoulé d'être artiste. Parmi les descriptions des statues, on trouve également nombre de renseignements documentant la façon de travailler d'Albert, ainsi que les sources des images qu'il a cherchées dans certains cas à transposer ou à imiter.
Ce site est cependant - en dépit de cette publication, qui ne manquera pas d'interpeller tous les acteurs responsables de la pérennité de cet ensemble rare de sculpture autodidacte naïve en plein air - ce site est toujours en danger de ruine. La préfecture de la région Poitou-Charentes vient de promulguer un arrêté « portant inscription aux Monuments Historiques » de « ce jardin [qui] présente au point de vue de l’histoire et de l’art un intérêt suffisant pour en rendre désirable la préservation en raison du caractère unique de cette œuvre souvent assimilée aux meilleures productions de l’art brut ». En attendant, les statues perdent la face, et les corps se couvrent d'une lèpre grise bien disgrâcieuse. Contrairement à certains avis formulés dans le livre de l'Inventaire, je trouve l'état actuel du jardin très dégradé par rapport à ce qu'il était en 1988, date à laquelle je l'ai visité. Il était alors dans toute sa splendeur. Les statues étaient à l'apogée de leur éclat, leur modelé, leur finesse faisaient alors toute l'originalité du site. La restauration du site devrait viser à retrouver cet âge d'or devenu bien lointain.
Photogramme extrait de mon ensemble de films en Super 8 "Les Jardins de l'art immédiat", 1988 (le personnage au gibus à droite a disparu aujourd'hui du jardin, probablement volé ; les statues alors étaient en leur âge d'or)
Article de Sud-Ouest, juin 2011 ; communiqué par Patrick Métais, que je remercie ici
Le livre est trouvable à la librairie de la Halle St-Pierre à Paris. Sinon, dans toutes les bonnes librairies, comme on dit. On se reportera au site de l'Inventaire Poitou-Charentes pour d'éventuelles commandes.
14/07/2011 | Lien permanent | Commentaires (8)
Info-Miettes (12)
Expo Ody Saban tout l'été au musée de la Création Franche
Cela se tiendra du 1er juillet au 4 septembre au musée de Bègles.
Du côté de chez Chave maintenant...
Galerie Alphonse Chave, à Vence, on monte une exposition intitulée de façon un peu tarabiscotée je trouve, "L'harmonie des antonymes", avec en épigraphe sur le carton d'invitation quelques mots d'Héraclite d'où il ressort que "tout [surtout l'harmonie] devient par discorde" (le Poignard Subtil se voit ainsi confirmé dans ses choix)... Du 18 juin à fin août 2011. Avec Georges Bru, Gaston Chaissac, Gérard Eppelé, Jean Dubuffet, Slavko Kopac, Max Ernst, G.Lauro, Jean-François Ozenda, Jacques Prévert, Georges Ribemont-Dessaignes et alii... Tél: 04 93 58 03 45.
Le Musée des arts populaires de Laduz n'est plus subventionné...
Jacqueline Humbert se bat toujours pour maintenir la merveilleuse collection construite par elle et son mari décédé en 1990, Raymond Humbert. La région lui refuse la subvention qu'elle recevait pourtant depuis plusieurs années. A-t-on décidé d'étrangler par l'indifférence et l'insensibilité (pour ne pas dire l'ignorance) des élus toutes les collections d'art populaire, qu'elles soient comme en l'espèce privée, mais ouverte aux publics de tous âges, ou qu'elles soient étatiques comme celle de l'ex-musée des ATP autrefois installé près du Jardin d'Acclimatation dans le Bois de Boulogne à Paris, et qui végète à présent dans on ne sait quel entrepôt en attendant que se bâtisse le mirifique bâtiment promis depuis des lustres près du fort Saint-Jean à Marseille?
En attendant, le musée de Laduz tient cependant à organiser une exposition d'été, et cette fois on reviendra à la peinture de Raymond Humbert qui fut un admirable paysagiste abstrait, parallèlement à sa passion pour l'art populaire qu'il interprétait en visionnaire. Sans doute, Jacqueline Humbert puisera dans la force intacte des oeuvres de ce grand vivant l'énergie de faire face aux défis qui attendent le musée. Je ne saurai trop inviter tous ceux qui subodorent la poésie présente au sein des arts populaires à venir visiter ce musée champêtre qui n'a rien à voir avec les collections habituelles de vieux outils poussiéreux. Sa muséographie est sans cesse attractive, attachée à mettre en valeur tous les côtés inspirants de la vie créatrice des campagnes anciennes, en s'appuyant sur la valeur esthétique des objets présentés. Son département de sculpture populaire insolite de plus flirte avec l'art brut, de même que ceux de la marine populaire ou de la mémoire des campagnes font parfois allusion à l'art naïf.
Akram Sartakhti
J'ai laissé passé l'occasion de parler de cette femme iranienne (née en 1950) qui chipa les pastels de son petit-fils pour lui montrer ce dont elle était aussi capable, non mais... (on pensa à d'autres qui firent de même, comme M'an Jeanne par exemple, ou Joseph Barbiero encouragé par un fils artiste, ou encore Boix-Vives lui-même... non?). La cafétéria de la Halle Saint-Pierre abritait une petite expo de ses oeuvres colorées et stylisées du 10 janvier au 13 février dernier. La galerie Hamer à Amsterdam l'a aussi exposée entre mars et mai, avec une brochure à la clé préfacée par Laurent Danchin qui précise dedans qu'elle a commencé il y a seulement dix ans et que malgré le fait qu'elle ait caché d'abord ses oeuvres à son petit-fils, ce dernier, ayant quand même découvert ses dessins, les porta à l'attention de quelques experts, ce qui amena une ou deux oeuvres de sa grand-mère au musée d'art contemporain de Téhéran. C'est pour le peu qu'on a pu en voir à la Halle, une oeuvre fraîche et spontanée, joyeusement colorée et dégageant une grande vitalité grâce à la conjugaison de formes simples, suggestives avec de sensuels contrastes de teintes. Seuls les fonds peuvent paraître un peu vite faits comme si la peintre n'y attachait que peu d'importance. On ressent alors une impression de travail fait dans l'urgence, avec la bizarre sensation d'une précipitation.
Une autre peintre autodidacte iranienne existait aussi naguère, décédée à présent, qui était peut-être plus inspirée et brute qu'Akram Sartakhti, à savoir Mokarrameh Ghanbari, que ce blog-ci a évoqué voici déjà quelque temps, que l'on se reporte à... ces notes...
Une oeuvre de Mokarrameh Ghanbari
Au Madmusée de Liège on révise son histoire...
"Harvest", c'est le titre de l'exposition estivale du Musée d'Art Différencié (qui donne ce bel acronyme de MAD), titre très Neil Young, un peu trop anglais pour mon goût (est-ce que "moisson", ça fait péquenot chez nos amis belges...?). Elle se tiendra en deux lieux, en accès libre, au MADmusée du 2 juillet au 10 septembre, et au Grand Curtius, toujours à Liège, du 2 juillet au 13 novembre. Le propos du commissaire d'exposition (Brigitte Van Den Bossche?) est de montrer comment le "futur de la collection se dessine, grâce aux acquis des dernières années". Depuis que j'ai vu des parties de ces acquis à l'expo parisienne de la Maison des Métallos, j'acquiesce à toutes ces propositions. Donc, que ceux qui le peuvent aillent faire un tour à Liège, une fois.
02/07/2011 | Lien permanent | Commentaires (3)
Où trouver ”Eloge des Jardins anarchiques”? Liste des points de vente
Voici la liste des points de vente telle qu'elle pouvait être établie en mai (plutôt vers le début de ce mois). J'ai essayé de situer les librairies quand j'avais le temps... La liste n'est probablement pas exhaustive, le diffuseur (Court-Circuit diffusion) ayant probablement trouvé d'autres librairies entre temps, mais en l'état, elle peut tout de même être utile, je pense. Il se peut également que certains points de vente mentionnés ci-après n'aient déjà plus de livres. Il ne faut pas hésiter dans ce cas à passer commande à votre libraire (ceci étant valable aussi dans n'importe quel lieu ne figurant pas dans cette liste ; le diffuseur s'engage à honorer toutes les commandes que lui feront les librairies où que ce soit).
Paris:
Librairie de la Halle Saint-Pierre, rue Ronsard (18e ardt), L’Arbre à lettres dans les 3e, 5e, 12e, 13e ardts, L’Alinéa, L’Appel du livre, L’Attrape-Cœurs (18e), L’Atelier 9, L’Atelier (20e), Atout-Livre (12e), Librairie des Batignolles (17e), Les Buveurs d’encre, Le Cabanon, Le Merle Moqueur (20e), Chapitre.com, Le Comptoir des Mots, Compagnie (5e), Dédale (5e), Le Divan (15e), L’Ecume des pages (6e), La Friche (11e), Librairie des Gâtines, Le Genre Urbain, Gibert Joseph (Bd St-Michel, 6e), Les Guetteurs de vent (11e), L’Harmattan (5e), La Hune (6e), L’Humeur vagabonde (18e), L’Iris noir (11e), Les Jardins d’Olivier (rue Gay-Lussac, 5e), Libralire (11e), Le Livre Ecarlate, Libre Ere, Matière à lire, La Maison Rustique (6e), Le Merle Moqueur (20e), MK DVD Loire (19e), Le 104 (19e), Le Monte-en-l’Air (20e), Libraire du Musée du Louvre/RMN (1er), Les Oiseaux Rares (13e), Page 189, Parallèles (1er), Librairie du Parc/Actes Sud (La Villette, 19e), Flammarion Centre Pompidou (1er), Publico (11e), Quilombo (11e), Un Regard Moderne (5e), SFL Danton (6e), Librairie Jean Touzot, Tropiques, Tschann (6e), Vendredi (9e), La 25e Heure (5e), Equipages (20e), Le Flâneur des deux rives (6e), La lucarne des écrivains (19e), Comme un roman, Le 104 (19e), La FNAC
Couronne de Paris
78 (Yvelines) : Le Livre Bleu, Versailles, 92 (Hauts-de-Seine): Au Grillon, Nanterre, 93 (Seine St-Denis): Folies d’Encre, Montreuil ; Folies d’Encre-Liberté sur parole, St-Ouen ; La Malle aux histoires, Pantin ; Les Mots Passants, Aubervilliers ; SFL Alizé, St-Denis ; La Traverse, La Courneuve (centre-ville), 94 (Val de Marne): L’envie de lire, rue Gabriel Péri, Ivry ; Générale Libr’Est, Charenton-Le Pont ; Gibert Joseph, Vitry ; Millepages, Vincennes.
Régions
06 (Alpes-Maritimes): Librairie Jean Jaurés, Nice ; Librairie Masséna, Nice.
10 (Aube): Les Passeurs de textes, Troyes.
11 (Aude): Mots et Cie, Carcassonne.
12 (Aveyron): Musée des Arts Buissonniers, Saint-Sever-du-Moustier.
13 (Bouches-du-Rhône): Bouquinerie des 5 avenues, bd de la Libération, Marseille ; Gibert Joseph, Marseille ; Le Greffier de St-Yves, rue Venture, Marseille (1er ardt) ; Le Lièvre de Mars, rue des 3 Mages, Marseille ; Maupetit (éd. Actes Sud), Bd de la Canebière, Marseille ; L’Odeur du Temps, Marseille ; Librairie Vents du sud, Aix-en-Provence ; Libraire de l’Université, Aix-en-Provence ; Librairie La Provence, Aix-en-Provence ; Goulard, Aix-en-Provence.
14 (Calvados): Brouillon de culture/L’Université, Caen ; Euréka street, place de la république, Caen.
16 (Charente): Librairie MCL, Angoulême.
17 (Charente-Maritime): Les Saisons, La Rochelle.
22 (Côtes d’Armor): Gwalarn, Lannion ; Mots et Images, Guingamp ; Centre Leclerc, Plérin.
23 (Creuse): Maison de la Pierre, à Masgot (commune de Fransèches), hameau du sculpteur François Michaud.
24 (Dordogne): Marbot, Périgueux.
25 (Doubs): Camponovo, Besançon ; Les Sandales d’Empédocle, Besançon.
26 (Drôme): Le Bazar des Mots, Hauterives.
29 (Finistère): Caplan and Co, près de Morlaix, à Poul Rodou par Guimaëc ; La Petite Librairie, rue Danton, Brest ; Daniel Roignant, bouquiniste, Brest.
30 (Gard): Sauramps en Cévennes, place St-Jean, Alès.
31 (Haute-Garonne): Castela, Toulouse ; Gibert Joseph, Toulouse ; Ombres blanches, Toulouse ; Privat, Toulouse ; Terra Nova, Toulouse.
33 (Gironde): La Machine à lire, Bordeaux ; La Mauvaise Réputation, Bordeaux ; Mollat, Bordeaux) ; Librairie du Muguet, Bordeaux.
34 (Hérault): Gibert Joseph, Montpellier ; Le Grain des Mots, bd du Jeu de Paume, Montpellier ; Sauramps, Montpellier.
35 (Ille-et-Vilaine): Le chercheur d’art, 1, rue Hoche, Rennes ; La Cour des Miracles, rue Penhoët, Rennes ; Forum du Livre, Rennes ; Librairie Le Failler, Rennes.
38 (Isère): Lucioles, Vienne ; Le Square Librairie de l’Université, Grenoble ; Association Antigone, Grenoble.
39 (Jura): Jacques, Dôle.
42 (Loire): Lune et l’Autre librairie, St-Etienne ; Librairie de Paris, St-Etienne).
44 (Loire-Atlantique): Coiffard, Nantes ; Durance, Nantes ; Vent d’Ouest Lieu unique, Nantes ; Boutique Bientôt, Nantes ; La voix au chapitre, St-Nazaire.
45 (Loiret): Les Temps Modernes, Orléans.
46 (Lot): Régis Benatré, Biars-sur-Céré.
49 (Maine-et-Loire): Contact, Angers ; Les Nuits bleues, rue Maillé, Angers.
53 (Mayenne): Livres compagnie/chapitre, Laval ; Libraire du musée d'art naïf du Vieux-Château, Laval.
54 (Meurthe-et-Moselle): L’Autre rive,Nancy ; Hall du Livre/Privat, Nancy.
57 (Moselle): Hisler even, Metz.
59 (Nord): Le Bateau-Livre, rue Gambetta, Lille ; Le Furet du Nord, Lille ; La Boutique du Lieu (musée du LaM, musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut de Villeneuve-d’Ascq) ; L’Harmattan/Les Alizés, Lille ; Librairie Meura, Lille.
64 (Pyrénées-Atlantique): L’Alinéa, Bayonne ; Mattin Megadenda/Librairie Elkar, Bayonne.
66 (Pyrénées-Orientales): Torcatis, Perpignan.