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22/02/2008

Disparition de Ruth Henry

     J'ai appris très subrepticement, dans une "Lettre du Musée" de Laduz envoyée aux amis du musée, sous la plume de Jacqueline Humbert la disparition de Ruth Henry.

    Allemande, elle vivait à Paris depuis longtemps, ancienne épouse du dessinateur humoristique surréaliste Maurice Henry, correspondante de presse en France. Elle était surtout la grande introductrice de l'oeuvre d'Unica Zürn dans notre pays. C'est  à elle que l'on doit la traduction des deux principaux livres d'Unica, L'Homme-Jasmin" et "Sombre Printemps". Récemment, elle avait également publié les Lettres que lui avait envoyées cette extraordinaire voyante qu'était Unica Zürn (publiées malheureusement à un trop faible nombre d'exemplaires). On l'entend  lire la présentation de cette correspondance sur le site du Centre international de Poésie de Marseille.

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     Peut-être ne s'en est-on pas encore totalement aperçu en France, mais c'est aussi au style de Ruth Henry que l'on doit la révélation des écrits d'Unica. Par la grâce de la traduction, sa voix est indissolublement liée à celle d'une Zürn plus tout à fait "unique-a". De cette passeuse précieuse, il est bon que l'on se souvienne aussi.

Commentaires

Ruth partie c'est Unica qui se fait plus lointaine. Double chagrin. Si le hasard objectif avait un visage, ce serait pour moi celui de Ruth Henry. Je l'ai relaté dans le catalogue "Unica Zürn" de la Halle Saint-Pierre.
Qui était cette dame - grand âge, grande allure - en conversation avec une de nos amies dans un vernissage champêtre de Laduz? Ruth Henry dont, retour de Berlin, je lisais alors les belles traductions.
Et que j'étais à 100 lieues d'imaginer rencontrer là.
A la seconde rencontre j'ai failli m'évanouir. J'avais marché trop vite sous le soleil de juin vers ce Bateau Lavoir où Ruth conférençait. Je garde de ce jour le souvenir d'une flamme dans les lacs clairs de ses yeux.
Elle surmontait sa lassitude pour Unica. Je n'ai pas su surmonter la mienne quand j'ai appris la disparition de Ruth en octobre dernier. Merci à toi, Bruno, de m'offrir l'occasion de le faire.

Jean-Louis Lanoux

Écrit par : Jean-Louis Lanoux | 22/02/2008

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Merci Jean-Louis de ce témoignage.
Je ne l'ai pas relaté de mon côté, dans l'article que j'ai consacré à Unica Zürn ("Unica Zürn, la seconde enfant qui ne voulait pas grandir", Création Franche n°27, mars 2007), mais il m'est arrivé exactement le même genre d'émotion et de surprise quant à Ruth Henry et le musée d'art populaire de Laduz qu'à toi, quoique des années plus tôt.
Vers 1992 ou 1993, je pense, après la mort de Raymond Humbert (1990), je fréquentais régulièrement les vernissages de Pentecôte du musée de Laduz, et tout à coup je tombe sur une certaine Ruth Henry, que sur le moment je ne rapproche pas de la Ruth Henry, qui est pour moi avant tout la figure mythique de la traduction des précieux écrits d'Unica Zürn. Un court moment, je pense donc qu'il s'agit d'une homonyme (ce qui n'est pas impossible, Google nous en offre quelques exemples), mais je découvre dans un éclair de stupéfaction que les deux ne font qu'une seule et même personne... Laduz et Unica Zürn ont instantanément un trait d'union! Deux passions qui sont miennes, a priori étanches l'une à l'autre, communiquent au contraire et ce grâce à Ruth Henry qui habitait Laduz, et qui de ce fait avait été naturellement amenée à fréquenter cet antre à merveilles.
Avec mon ancienne amie, Christine Bruces, devenue alors Christine Cerisier, en souvenir de notre découverte mutuelle d'Unica Zürn au début des années 80, nous arrangeons un rendez-vous avec Ruth Henry à son domicile parisien.
Hélas... Ce jour-là, la rencontre s'avère complètement décevante, désenchantante. Ruth Henry que nous imaginions porteuse de merveilleuses anecdotes concernant Unica Zürn, ne nous parle que de son ex-mari en des termes peu amènes, respirant l'amertume. Etions-nous tombés un mauvais jour? Sans doute. Ou bien, Ruth Henry n'était-elle au meilleur d'elle-même que lorsqu'elle coulait ses pas dans ceux d'Unica? A l'époque, je m'arrête à cette hypothèse. Je n'ai plus cherché par la suite à prolonger la rencontre. Et j'ai continué à lire les textes que Ruth Henry traduisait d'Unica Zürn, comme par exemple "Vacances à Maison Blanche", chez Joëlle Losfeld. M'étant convaincu qu'il n'est pas forcément d'une grande sagacité de vouloir toujours chercher à rencontrer les auteurs que nous admirons par leurs écrits...

Écrit par : Bruno Montpied | 23/02/2008

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