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02/01/2011

Les Chapardeurs, une petite saga bien inspirée adaptée une seconde fois au cinéma

    Mercredi 12 janvier prochain sort sur les écrans - ô surprise - un nouveau film, Arriety et le petit monde des chapardeurs, de Hiromasa Yonebayashi, manga animé produit par les studios Ghibli (de l'extraordinaire Hayao Miyazaki, et de son compère Isao Takahata), et adapté du cycle de Mary Norton, intitulé en anglais The Borrowers, ce qui fut traduit en français lorsque l'Ecole des Loisirs l'édita en version française, par Les Chapardeurs.

Arriety, Le Petit Monde des Chapardeurs.jpg

    J'adore ce petit monde des chapardeurs (en fait en anglais, borrowers se rapprocherait davantage "d'emprunteurs" comme dit la traductrice du livre en français, c'est le sens que ces minuscules personnages attachent à leurs larcins, même si ce qu'ils font en réalité, c'est du chapardage aux dépens des "Z'umains", comme ils sont appelés au cinéma). J'ai eu du mal à me procurer des exemplaires de ces livres édités pour la première fois dans "la bibliothèque de l'Ecole des Loisirs" en 1979. Il y a eu cinq volumes, successivement Les Chapardeurs, Les Chapardeurs aux champs, Les Chapardeurs sur l'eau, Les Chapardeurs en ballon et enfin Les Chapardeurs sauvés (1984).Mary Norton, Les chapardeurs sur l'eau, (vol 3 du cycle), éd. l'Ecole des Loisirs.jpg Il existe aussi, toujours en français, Un Chapardeur a disparu, "une petite histoire apparentée au grand cycle en cinq volumes des Chapardeurs", comme l'indique le texte de son 4e de couverture, sorte de rallonge donnée pour un public de plus petits. Dans ce petit texte, Mary Norton évoque assez bien la particularité de ces avatars des lutins (en somme), quoique nettement plus humains que ces derniers:

"Mais où donc disparaissent toutes les aiguilles? Et les punaises, les boîtes d'allumettes, les barrettes, les dés à coudre, les épingles anglaises? Les usines continuent à fabriquer des épingles anglaises, les gens continuent à en acheter et pourtant elles sont toujours introuvables le jour où nous en cherchons! Où passent-elles donc? Maintenant, à cette minute même?

    Elles ne peuvent pas tout simplement traîner dans la maison. Qui les prend et pourquoi? Nous commençons à comprendre que quelque chose ou quelqu'un doit vivre tout prés de nous, sous le même toit, quelque chose ou quelqu'un avec des goûts humains, des besoins humains, quelque chose ou quelqu'un de très secret, très caché - sous les parquets, peut-être, ou derrière les plinthes. Tout petit, bien sûr, cela va de soi, et très occupé, toujours improvisant et toujous fabriquant quelque chose avec quatre fois rien.

The Borrowers, couverture d'une édition anglo-saxonne.jpg

    Et courageux - ils doivent être très téméraires pour s'aventurer dans les grandes pièces des humains (aussi dangereuses pour eux que pour les souris) en quête du nécessaire pour survivre. Qui pourrait leur reprocher le bout de crayon perdu, la vieille capsule, le timbre périmé ou le reste d'une tranche de fromage? Non (il faut de tout pour faire un monde, à ce qu'on dit) et nous devrions accepter leur présence cachée et les laisser gentiment vivre leur vie. Les enfants les appellent Les Chapardeurs". (Mary Norton, Introduction Un chapardeur a disparu).

Illustration de Diana Stanley.jpg

 Illustration de Diana Stanley pour Les Chapardeurs aux champs

 

      Sur les cinq volumes, je n'en ai trouvé que trois jusqu'à présent. Ils se dévorent, et sont si "british"... J'ai cru à un moment donné, lorsque sortit une première adaptation des Borrowers au cinéma (Le Petit Monde des Borrowers de Peter Hewitt, 1996 ; excellent film à petit buget, bien mené, aux trucages crédibles, avec ce désopilant acteur qu'est John Goodman, film qui plus est continuellement plébiscité par les enfants qui le visionnent, alors qu'aucune publicité ne lui est faite dans les grands médias)  que l'Ecole des Loisirs allait le rééditer, que nenni... Cela arrivera peut-être cette fois, la renommée et l'audimat attachés aux délicieuses productions des Studio Ghibli captant davantage l'attention des éditeurs? Les fans de ces studios - j'en suis, collectionnant tout ce qui en sort, depuis que de bons amis, sensiblement aussi âgés que moi, aussi loin de l'enfance que moi en tout cas, m'eurent fait découvrir l'univers enchanteur de Miyazaki (Mon Voisin Totoro, Le Voyage de Chihiro, Le Château Ambulant...)! - les fans sont aux anges de voir que ces créateurs venus du Soleil Levant ont le même goût qu'eux pour les Chapardeurs, dont ils sont tout autant fans (cela dit, dans le monde anglo-saxon, auquel semblent être très attentifs les animateurs  des Studios Ghibli, les Borrowers sont sans doute plus notoires que par chez nous ; car je me demande s'il y a beaucoup de connaisseurs des Chapardeurs en France...?). La rencontre des deux univers promet beaucoup. Espérons qu'il n'y ait pas de faux pas (la musique un peu lénifiante de la bande-son, due à une Française, Cécile Corbel, qui fait dans le celtique éthéré-gonflant pourrait en effet nous le faire craindre, mais chut... Ne jouons pas les Cassandre).

Commentaires

Je comprends enfin grâce à vous les raisons de la disparition mystérieuse et régulière chez moi, des petites cuillères pourtant rangées comme il se doit, à leur place dans le tiroir à couverts de la cuisine. J'avais imaginé toutes les hypothèses sans être convaincu par aucune. Mais j'ignorais jusqu'à aujourd'hui l'existence de ces chapardeurs. Cela dit, je suis bien embêté maintenant: que dois-je faire ? Ces lutins ont en effet l'air bien sympathiques.

Écrit par : RR | 02/01/2011

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Il me semble que la série animée "the littles" en français "les minipouss" partage la même inspiration :
http://www.youtube.com/watch?v=Ksy150h9nVQ

Moi c'est la disparition systématique de mes stylos billes que je comprend maintenant !

Écrit par : Cosmo | 03/01/2011

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Je pense qu'à tout ranger, vous facilitez le travail de tous ces chapardeurs, gremlins et autres domovoï. Chez moi, où rien n'est jamais rangé, je ne constate que très peu de disparitions.

Écrit par : Régis Gayraud | 03/01/2011

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Alors, es-tu allé le voir finalement?
Pour ma part, j'y suis allé mercredi soir. Ce n'est certes pas le meilleur Miyazaki. Un peu dans la veine inoffensive de "Kiki la petite sorcière" avec le même type d'adolescente comme héroïne mais aussi avec toute la poésie de l'étrangeté du très voisin comme dans "Mon voisin Totoro". Il y a un évident côté combinatoire chez Miyazaki et là, on pourrait dire que c'est un mixte presque arithmétiquement déductible des deux précédents. Le scénario est un peu fade, c'est vrai, mais l'évocation du monde des chapardeurs est très réussie (même si je ne connais pas l'original) et l'héroïne d'une vitalité contagieuse. Dans la série B du réalisateur mais chouette film quand même.
Autre expérience miyazakienne : j'ai revu "Porco Rosso" il y a quelques jours. En même temps que je lisais le dernier bouquin de Marcel Gauchet. De cette coïncidence, se dégageait une confirmation évidente : Miyazaki est un cinéaste d'une intelligence diabolique. Sur le plan de l'histoire politique aussi.

Écrit par : Emmanuel Boussuge | 29/01/2011

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Non, pas encore vu. Des amis connaisseurs des dessins animés japonais l'ont vu et le trouvent raté. Ils contestent l'attribution du film à Miyazaki qui n'est que producteur je crois (avec Takahata, ils couvrent de leurs grandes ombres des films d'auteurs différents). Il ne faut donc pas le ranger dans sa filmographie.
Il paraît que le scénario serait complètement raté. J'ai donc peur d'être déçu, et je renâcle... Ce serait dommage de découvrir que les studios Ghibli ont raté l'occasion de marier leur univers onirique à celui des "chapardeurs" de Mary Norton.
Mais je devrais aller tout de même le voir très bientôt, en bonne compagnie, celle d'enfants de 9-10 ans, ce qui devrait m'incliner à le juger de façon plus bienveillante, tant on se calque par empathie sur l'avis de ceux qui nous accompagnent durant les projections.
Les trois films de Miyazaki que je préfère sont "Mon voisin Totoro", "Le Voyage de Chihiro" et "le Château ambulant" (tiré d'un excellent roman de "fantasy", "Le Château de Hurle" de Diana Wynne-Jones, éd.Pocket jeunesse). Mais les autres sont presque aussi délectables.

Écrit par : Le sciapode | 29/01/2011

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Ravie de trouver un billet de blogue sur les Chapardeurs; j'ai lu tous les volumes quand j'étais petite et... maintenant que j'ai 38 ans, je recommence, encore et encore :) J'ai perdu des tomes, mais les ai tous retrouvés à la Grande Bibliothèque nationale du Québec ! Je vous souhaite la même chose, car ce sont des lectures délectables !
Bon, à mon tour de rédiger quelque chose à ce sujet pour mon blogue sur Haut et fort (on verra quand j'aurai le temps de le mettre en ligne).

Écrit par : Marie l'urbaine | 24/03/2012

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