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16/06/2013

Un coup de sang de Pat Atarte concernant le MUCEM (à rebaptiser MUCM...)

      Je relis avec un tendre sourire en coin cette note déjà ancienne où vous exprimiez votre espoir de pouvoir un jour contempler de nouveau les merveilleuses collections du musée des ATP au fameux MUCEM qui tardait alors à sortir de terre. Eh bien nous y sommes. Le MUCEM est né, il est inauguré, et le tendre sourire se transforme en rictus.

     Ce MUCEM n'est qu'un fantasme de conservateur bilieux rendu fou par sa haine du public. Les collections des ATP sont invisibles. Elles y sont, paraît-il, mais enfouies, cachées au fond des réserves, inaccessibles hormis à quelques chercheurs qui devront montrer patte blanche. Dans ATP, il y a tradition et il y a populaire, deux mots absolument détestables sans doute pour les politiciens invertébrés qui font la culture, et qu'il faut surtout arracher à la conscience du public - et que l'on continue d'offrir, au passage, par la même occasion, à l'extrême droite comme on lui a offert sur un plateau, il y a quelques années, celui de laïcité.

    Surtout, oublions le rapport sensuel à l'objet, à la fois creuset et produit de l'imaginaire! Surtout, que le peuple, s'il existe encore, ne voie pas les beaux meubles paysans qu'on fabriquait avec dix bouts de bois et deux outils ruraux, sans aide de la force électrique, il y a deux cents ans, et qui tiennent encore debout aujourd'hui! Que le simple fait de se fabriquer un coffre où mettre ses pauvres vêtements continue de paraitre à tous tellement compliqué, et IKEA sera bien gardé! Qu'on enfouisse au plus profond de l'oubli l'idée même de décoration, qui ennoblissait tous ces objets du quotidien et élevait l'âme de leurs utilisateurs, car son rappel risquerait d'anéantir l'esthétique carcérale du design imposée aux masses comme solution aliénante! Qu'on oublie vite tous ces outils qui libéraient au lieu d'asservir! Et qu'on oublie vite le pauvre Georges-Henri Rivière et toute son ingénieuse muséographie, au besoin en le canonisant au passage, pour définitivement anéantir son ouvrage!

Pat Atarte

Note du rédacteur du blog:

J'éviterais de me prononcer trop catégoriquement contre le MUCEM en question, ne l'ayant pas encore visité (attendons que les foules téléguidées par média interposés se soient évanouies, déjà on nous dit qu'elles se contentent des promenades et des panoramas offerts par les passerelles et les points de vue du nouveau site), et restant curieux de la richesse des cultures populaires méditerranéennes (une très belle charette sicilienne entièrement sculptée et peinte est ainsi montrée semble-t-il dans la collection permanente, transfuge peut-être de l'ancien Musée de l'Homme parisien où l'on pouvait en voir une, très belle, dans le département Ethnologie européenne). Je suis d'accord avec Atarte cependant, quant à sa dénonciation de la bureaucratie ethnologiste qui se détourne des objets façonnés poétiquement par le peuple préférant se concentrer sur le discours plutôt que sur l'objet. Et surtout, je soulignerai pour le moment le fait que la dénomination Musée des Civilisations d'Europe et de Méditerranée impliquerait a priori qu'on puisse y découvrir, à côté de la culture populaire méditerranéenne, les arts et traditions populaires d'Europe de l'ouest, du nord et de l'est, sous peine de devoir plutôt se limiter à l'appeler le MUCM. Cela me confirme dans ce que je subodorais dans ma note sur l'expo de 2011 de "Morceaux exquis" à savoir que le projet du MUCEM était peut-être trop grandiose. A vouloir trop embrasser, trop mal étreint...?

 

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Charette sicilienne amenée au Canada par son propriétaire Joseph Pillitteri en 1962, ph. Musée canadien des Civilisations


Commentaires

Visité avec une ancienne conservatrice des A.T.P. "descendue" pour l'inauguration et effrayée de voir les collections ainsi démantelées, épouvantée par cette nouvelle forme de comparatisme récurrent qui fait se côtoyer un lit de mariés grec (le lit ; les mariés, je l'ignore !) à côté de trois bébés emmaillotés français, le tout dans une espèce de retable reconfiguré pour l'occasion, dans une chapelle du XIIe dont la restauration à elle seule vaut bien mieux que ce qui préfigure — si j'ai bien compris — les reliquats permanents des A.T.P.

Ensuite, ce seront des expositions "par thème", cette tendance qui fera que certaines parties des collections prendront l'air le temps de l'expo. Il y avait deux de ces expositions à thème, dont une sur les outils. Ces expositions temporaires n'occupent pas toutes le MUCEM; le reste est fait d'expositions permanentes qui n'ont rien à voir avec feu les A.T.P. : les peintres méditerranéens qui ont peint le bord de mer, etc.

Je crois que l'on a bien plus affaire à une question de réorientation du destin des nouveaux musées qu'à une question de projet grandiose qui ne serait pas à la hauteur.
Le MUCEM vaut le détour pour l'ensemble architectural avec le Fort Saint-Jean qui lui vaut d'avoir été restauré. Architecturalement, ça vaut le déplacement !

Écrit par : Armelle | 18/06/2013

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Hélas, l’actuelle réorientation des musées se résume à une gadgétisation branchouille inculte (populiste ?).

Quelle différence avec la liquidation de la culture par les précédents ?

Le temps serait-il venu de regretter l’époque durant laquelle le musée des A.T.P. n’existait plus que sous forme de réserves, au Trocadéro?

Gadgétisation branchouille inculte (populiste ?), suite (c’est plus qu’une tendance) : Quai Branly (qui tue le Musée de l’Homme), Galerie de l’évolution (qui tue le Museum), La Villette (qui tue le Palais de la Découverte), etc.

Tout le monde descend !

À Disneyland !

Quand ils entendent le mot « culture », ils sortent quoi ?

Écrit par : Karl-Groucho D. | 18/06/2013

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Comme le note bien notre Sciapode (inter) national, ce sont les passerelles et la vue absolument superbe sur le port qui attirent le plus le public. Des ATP, il ne resterait, semble-t-il qu'une toute petite minuscule salle malgré les milliers d'objets enfouis dans les réserves. Pour revenir à la remarque du Sciapode, mais mon cher, les gens qui ont conçu le musée ont bien pensé et dépensé pour le reste de l'Europe, de l'Ouest, de l'Est et du Nord. Je me souviens d'avoir rencontré à Moscou, en avril 3009, un de mes éminents collègues, professeur à la Sorbonne, qui,missionné par le MUCEM, venait d'acheter en bloc un appartement entier resté dans son jus, afin de montrer l'habitat de type soviétique des années 50. Cela paraissait un projet exaltant. Tout ceci est englouti dans les réserves. Non, on aurait vraiment mieux fait d'offrir ce terrain à Jospe Pujuila y Vila, qu'il nous fasse un superbe belvédère sur le Poirt! Ca c'aurait été du vrai MUCEM!

Écrit par : Régis Gayraud | 19/06/2013

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