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29/12/2020

La recherche sur Kobus s'augmente de deux pièces retrouvées...

       Kobus, ce nom, j'en ai déjà parlé à la fin février 2019, voici donc presque deux ans – qu'on veuille bien se reporter à cette note. J'y causais de deux bas-reliefs sur bois dont l'un est signé de ce nom, Kobus, probablement un pseudonyme, peut-être inspiré du nom d'un personnage du roman L'Ami Fritz d'Erckmann-Chatrian. A quelques mois de mes deux premières trouvailles, effectuées sur un trottoir des Puces de Vanves, j'acquis un autre bas-relief taillé sur un bois luisant comme les deux autres, exprimant le même goût pour la plaisanterie, quoique plus orienté vers le calembour visuel. Qu'on en juge ci-dessous:

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Inconnu, Les Stupéfactions d'Hippocrate, bas-relief sur bois (du noyer ?), 45 x 35 cm, sd, ph. et coll. Bruno Montpied.

 

      Sur ce panneau, le célèbre médecin grec, "patron" des milieux médicaux en tous genres comme on sait, reste perplexe devant un pantin à demi rangé dans un tiroir... Il tient à la main l'outil servant à faciliter la sortie des bébés lors des accouchements, les fameux forceps. Il apparaît évident que l'auteur du bas-relief, outrepasse la seule dimension possiblement caricaturale du gynécologue représenté sous les traits d'Hippocrate. Cela va plus loin puisque la scène nous signifie plaisamment sa surprise devant l'accouchement inédit qui lui échoit, réalisation de l'expression familière, "avoir un polichinelle dans le tiroir"... Il s'agit donc d'un calembour visuel, datant vraisemblablement du XIXe siècle, en tout cas bien antérieur aux peintures basées sur des calembours d'un Christian Zeimert (disparu en octobre dernier), dont les tableaux pouvaient s'intituler le Monument aux ivres-morts, Jésus et ses dix slips, Le fils du Père Barbelé, Le dernier cardeur, ou encore Mourons pour les petits oiseaux.

        Il n'est pas sûr que ce dernier panneau soit de la même main "kobusienne" que les deux évoqués dans ma note du 28 février 2019, car le grotesque en particulier ne s'y retrouve pas (de même, on n'a affaire qu'à un seul personnage, et plus à des groupes d'hommes). Mais la technique, le style, et la façon de titrer aussi, les apparentent aux deux autres. Je n'ai pas eu d'information supplémentaire comme d'habitude concernant la source de l'objet... Mais notre fidèle lecteur, M. Jean-Christophe Millet (voir commentaires ci-après), nous a signalé, suite à une première mise en ligne de cette note, un recueil de textes plaisants de Paul Reboux, de 1928, illustrés de neuf dessins de René Vincent, intitulé justement "Les Stupéfactions d'Hippocrate", où l'on retrouve en plus du même titre, parmi les dessins ce qui apparaît comme l'image qui a exactement inspiré le sculpteur du bas-relief:

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René Vincent,  dessin dans le recueil Les Stupéfactions d'Hippocrate de Paul Reboux, 1928. ;L'horloge en haut du meuble sur le dessin a été remplacée par un sablier dans le panneau sculpté, avec comme autre différence, la couronne de laurier sur l'arrière du crâne d'Hippocrate dans le dessin absente sur le panneau...

 

        Enfin, pas plus tard qu'hier, un ami corrézien m'a appris qu'il a à son tour acquis un autre bas-relief, cette fois de même style que mes deux panneaux avec groupes, et, de plus, encore signé "Kobus", avec des personnages nettement grotesques. Encore une caricature, très voisine par l'esprit et le style de mes deux bas-reliefs "Aux bains froids", et "Après l'enterrement d'un ami" :

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Kobus (signé en bas à droite), L'arrivée des recrues à la caserne, dimensions non communiquées, sd. ph. et coll. particulières.

 

      Etant donné l'uniforme du trouffion à gauche qui reçoit les recrues, et les costumes des apprentis bidasses, où les coiffures ont fait  l'objet d'une attention particulière de la part du sculpteur, comme si ces dernières étaient chargées de rappeler les professions d'origine des différents conscrits, je pencherais pour une datation aux alentours des années 1880, voire plus tard?... Ce panneau, de plus, confirme que le nom Kobus est bien une signature d'artiste.

        L'enquête, devant cette œuvre qui  s'agrandit, doit continuer, à l'évidence... !

Commentaires

Je vous rappellerai toutefois, pour la précision historique, que, pour ce qui est du panneau évoquant le "polichinelle dans le tiroir", j'en fus, telle une mère porteuse, l'heureux acquéreur à la foire de Chatou de l'automne 2019, avant de vous le recéder sans bénéfice au prix d'achat quelques mois plus tard afin que vous puissiez renforcer votre collection. C'est ainsi que vous en devîntes propriétaire à votre tour.
Ce qu'il faut remarquer quand même aussi, c'est que même si ce nom de Kobus peut faire songer à l'Alsace, le vendeur qui vous avait cédé les deux premiers panneaux à Vanves en 2018 vous avait déclaré (j'étais présent, je m'en souviens) que ce Kobus était de quelque part dans le Massif central. La provenance corrézienne de ce dernier panneau des conscrits aurait finalement tendance à confirmer cette hypothèse... qui n'est pas forcément en contradiction avec l'origine alsacienne. Je vous signalerais qu'il est de tradition que face aux avancées tudesques, nombre d'Alsaciens et Mosellans préférant les arrangements de la République française à la brutalité de l'Empire prussien partaient se réfugier au plus loin des frontières, dans le Massif central exactement. On sait bien que cela s'est fait de façon importante au cours de la seconde annexion de 1940, mais cela eut lieu pendant la première de 1870. Donc pourquoi pas un Alsacot réfugié alors quelque part entre l'Auvergne et le Limousin.

Écrit par : Régis Gayraud | 29/12/2020

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Oui, mais, comme 9 fois sur 10 les brocanteurs racontent de jolies histoires comme autant de billevesées leur passant par la tête, j'ai trouvé bon de ne pas répercuter vers les lecteurs de ce blog, gardant la jolie histoire tout de même en archive.
Quant à l'histoire de l'achat, je me souviens que vous ne teniez pas tant que ça à l'acheter, et que pour vous convaincre de le faire quand même je vous ai promis de vous racheter ce panneau plus tard. Donc ce n'est pas à l'image de la mère porteuse que je pense à première vue vous concernant sur ce coup, mais plutôt à celle d'un garde-meuble!

Écrit par : Le sciapode | 29/12/2020

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A propos de l'émigration des Alsaciens vers le Massif Central, c'est ce qui a dû arriver en 1940 à cet autre artiste atypique, alsacien, que fut Gabriel Jenny, dont nous avons retrouvé la tombe et la date de décès lors d'une pérégrination en février dernier dans son village de la Creuse (Lupersat).

Écrit par : Le sciapode | 29/12/2020

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Il s'agit de la transposition pratiquement à l'identique d'une gravure publiée en 1940 par les Laboratoires Pépin-Leboucq à Courbevoie, titre "Les stupéfactions d'Hippocrate". Les dessins sont de René Vincent et les textes humoristiques de Paul Reboux.

Écrit par : Jean-Christophe Millet | 30/12/2020

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Plaquette publiée avant 1940 (et probablement destinée à une clientèle de médecins) puisque René Vincent est décédé en 1936.

Écrit par : Jean-Christophe Millet | 30/12/2020

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Merci Jean-Christophe de cette info. Je suis donc allé après vous avoir lu sur la sacro-sainte Toile pour moi aussi pêcher quelques éléments supplémentaires sur ce livre de Paul Reboux illustré par des dessins (plutôt que des gravures) de René Vincent. On trouve une date plus ancienne pour ce recueil de 9 dessins accompagnant les textes de fantaisie mythologique autour d'Hippocrate: 1928.
Je vais mettre en ligne également le dessin que vous avez repéré, effectivement identique à mon bas-relief.
Cela confirme que ces panneaux sculptés sont bien des transpositions de gravures ou dessins satiriques, comme je le devinais dans ma première note sur Kobus. 1928 donne une date tardive par rapport aux sujets des panneaux "Après l'enterrement d'un ami", "l'arrivée des recrues...", "Aux bains froids" qui paraissent dériver de caricatures que j'estimais autour de la fin XIXe siècle. J'écrivais que le magazine "le Tam-Tam", représenté dans "Aux bains froids" avait poursuivi sa publication jusqu'en 1918...
Est-ce que notre Kobus, dont on ne retrouve pas la signature sur "les Stupéfactions d'Hippocrate" (le panneau sculpté), aurait taillé ce dernier un peu plus tard que les autres ? Possible... De même que se trouve possible la taille de ces panneaux dans ces mêmes années 20 d'après des vieux magazines de la fin XIXe...
En tout cas, merci d'avoir fait progresser l'enquête, M. Millet!

Écrit par : Le sciapode | 31/12/2020

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