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20/10/2021

Des tours pour voir la mer, un rapprochement

       « En achetant ma ferme, j’ignorais l’affaire que je faisais avec les oiseaux bleus, les goglus des prés et les grives, qui n’étaient pas comptés dans le prix ; je n’imaginais pas davantage les aurores et les crépuscules sublimes qui tombaient dans mon escarcelle – les étendues de paysage, les vues sur les champs et les petites routes. Je ne mesurais pas non plus le luxe indescriptible de notre rivière indienne, le Musketaquid. Il coule parallèle à la rue du village et chaque maison de cette longue rue possède une porte de derrière qui, par le jardin, mène à la rivière sur laquelle, l’été, une yole, ou un doris, vous conduit vers des enchantements chaque jour nouveaux et, l’hiver, offre au patineur ses étendues gelées. Et puisque notre rivière n’est ni le Hudson ni le Mississippi, je me heurte depuis longtemps au problème suivant, qui est du ressort d’un ingénieur : de quelle hauteur devrait être la tour qui, de mon jardin, me permettrait de voir l’océan Atlantique, à une trentaine de kilomètres d’ici ? »

     Extrait de Ralph Waldo Emerson, Promenades à Concord. Traduit de l’anglais (américain) par Jean Duval et présenté par Thierry Paquot. Librairie La Brèche, éditions. Cité sur le site de l'éditeur.

La Tour du Fada, Bonnieux, Vaucluse, ph Olga Caldas, 2021.jpeg

Photo Olga Caldas, 2021.

 

      Ce texte m'a tout de suite fait ressouvenir d'une photo prise par Olga Caldas du côté de la forêt des Cèdres, qui se trouve près de Bonnieux dans le Vaucluse, montrant ce que l'on appelle dans le pays, la "Tour Philippe" (ou "de  Philippe").Cette tour a été bâtie, inachevée apparemment, vers 1885, par un artiste que l'on présente sur internet volontiers comme un excentrique, Philippe Audibert, parce qu'il désirait voir la mer depuis son sommet. Disparu malheureusement trop tôt (une attaque d'apoplexie à 64 ans), il ne put aller au bout du projet. Son beau-frère, ayant hérité du lieu, arrêta les frais... Il paraît que la vue ne porte que jusqu'à l'étang de Berre. Sa tour, en attendant, reste un édifice tout à fait remarquable et passablement romantique.