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17/04/2008

Der Mandarin

    Vite, vite, mes oiseaux rares, vous qui êtes encore de la race des curieux... Ce soir 17 avril, certes il y a, depuis hier déjà, du théâtre et de l'art brut aux Rencontres de la Villette avec ABCD et Sylvie Reteuna (voir note du 28 mars dernier), mais il y a aussi ce même jour, à 19h30, à la Cinémathèque Française, un film pour vous.... Dans le cadre d'une programmation sur les "Trésors en couleurs des cinémathèques"... J'ai été intrigué par ce titre: "Der Mandarin" (le Mandarin), film autrichien de Fritz Freisler, muet avec des intertitres italiens (sous-titrés en français), "teinté", de 1918, faisant 61 minutes. Le synopsis? Jugez plutôt: "Un écrivain visite un asile psychiatrique et fait la connaissance du "baron", un des patients qui lui raconte les raisons de son internement". On ne nous dit rien de plus sur le prospectus de la Cinémathèque. Ce doit être sans doute une fiction, et l'asile n'est alors que son décor. Peut-être bien. Mais cela me paraît un sujet rare au cinéma dans ces années-là. Alors? Serez-vous prêts à tenter le diable ce soir à 19h30 du côté de Bercy?

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    Alors, j'ai tenté le diable ce soir-là, et nous n'étions pas nombreux à le faire dans la salle Henri Langlois... Film apparemment se rattachant au courant expressionniste. Pas grand chose sur l'asile, effectivement joué par des acteurs (à part un personnage de "roi du Groenland", habillé de fourrure et coiffé d'une couronne de paille du plus heureux effet, assis sur un trône au milieu d'un jardin, les fous du film ne font pas beaucoup d'apparitions)... L'histoire n'est que l'assez simpliste évocation du passage à la folie d'un riche oisif qui ne peut séduire les femmes et qui veut se faire aider d'un mandarin chinois aux pouvoirs magiques, présent sous forme d'une statuette d'abord puis se métamorphosant en être réel ensuite, sorte de génie de la bouteille capable d'exaucer les voeux donjuanistes du héros. Puis, suite à sa répudiation par le héros, capable aussi, a contrario, de l'empêcher à tout jamais d'accéder aux mêmes femmes, ce qui le rend définitivement fou. Le tout étant joyeusement invraisemblable (et simultanément mêlé d'une part de vécu et de douleur cachée qui sourd par dessous tout au long de cet étrange film), ce qui fait le charme paradoxal de cette oeuvre aux teintes changeantes (bleuâtre, jaunâtre...). L'invraisemblance fait souvent tout le sel d'un certain cinéma visionnaire comme on sait.