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26/05/2010

Art populaire et archéologie

 
      Cette note est la refonte complète d'une précédente version, mise en ligne originellement en mars 2010 ; les commentaires qui la suivaient ont du coup été supprimés, puisqu'ils ne se rapportaient plus à la même note.

 

Glozel,tablette d'argile, publiée dans le dictionnaire des Trucs, éd. Pauvert, 1964.jpg 

A Glozel, ce genre de tablettes avec un alphabet inconnu laisserait supposer que les traces les plus anciennes d'écriture sont en Auvergne... ; reproduction extraite du  Dictionnaire des Trucs de Jean-Louis Chardans (Pauvert, 1964)

      Les trouvailles archéologiques du musée de Glozel, en Limagne (voir sur le web les informations nombreuses sur la question avec le débat qui dure depuis 70 ans entre pro-glozéliens et glozélo-sceptiques) - dont je ne suis pas en mesure de juger si elles sont à prendre au sérieux ou non - me sont toujours apparues intuitivement cousines de celles d'un Robert Garcet, ce visionnaire naïf qui en Belgique (voir le film de Clovis Prévost sur lui) était persuadé qu'il y avait sous sa maison des traces d'une civilisation ancienne sculptées dans des silex qu'il amassa muséologiquement sous une tour maçonnée de grosses pierres, que couronnaient des bêtes fantastiques venues tout droit de bestiaires alchimiques. Ou de cet autodidacte savant qui dans le bourg de Croix-de-Vie en Vendée pensait que l'Atlantide se trouvait au large des côtes vendéennes. Pour le prouver il présentait d'innombrables tablettes, fossiles, moulages, empreintes, croquis divers, serrés comme des harengs sur le mur de sa propriété appelée "le Castel Maraîchin".

 
Castel Maraîchin,Croix-de-Vie, années 1920, carte postale ancienne, coll. BM.jpg
L'entrée du "Musée de plein air" du Castel Maraîchin à Croix-de-Vie dans les premières décennies du XXe siècle... Coll. BM
Vénus-de-Quinipily,-2001.jpg
Vénus de Quinipily, ph. Bruno Montpied, 2001

            L'énigmatique Vénus de Quinipily elle-même, près de Baud dans le Morbihan, massive et de style incontestablement naïf, dont on ne connaît pas l'auteur et que l'on interprète comme une représentation d'Isis (voir le Guide de la Bretagne Mystérieuse chez Tchou), pourrait bien être, au lieu d'une trouvaille archéologique, une extrapolation en trois dimensions, inspirée de quelque iconographie ancienne, dont l'auteur serait un autodidacte resté anonyme. Les collections conservées au musée de Glozel, avec ses tablettes d'argile aux signes passablement sommaires, comme enfantins, ses idoles bisexuées rigolotes, d'un niveau artistique assez proche d'un certain art brut louchant du côté d'une stylisation archaïque pourraient sans difficulté entrer dans la catégorie de l'archéologie populaire visionnaire si ne s'y attachaient pas par ailleurs les convictions de divers auteurs qu'il s'agit là d'une découverte scientifique (le débat là-dessus paraît curieusement loin d'être clos).

Glozel,idole bisexuée, publiée dans le dictionnaire des Trucs, éd. Pauvert, 1964.jpg

Idole bisexuée, cf Le Dictionnaire des Trucs de Jean-Louis Chardans (Pauvert, 1964)