21/07/2009
Il y a 100 ans disparaissait l'abbé Fouré, pour fêter ça, le restaurant Brébion est parti en fumée...
En repassant à Rothéneuf (prés de Saint-Malo) dernièrement, où j'aime tant m'asseoir sur les rochers sculptés par l'abbé Fouré entre 1894 et 1910 (ce sont les dates exactes, faites-moi confiance, toutes les autres, c'est du pipeau), quelle n'a pas été ma surprise de me retrouver nez à nez avec une pelleteuse qui était en train d'aplanir l'emplacement de l'ancien restaurant Aux Rochers Sculptés, le même qui avait été créé par Henri Brébion en 1907, dans le but de profiter de l'affluence des visiteurs du site de granit taillé au ciseau par l'abbé dans les roches de la falaise de la Haie, un site d'art rupestre populaire quasi unique au monde (et dont les institutions se moquent éperdument depuis des lustres).
En fait, l'ancien propriétaire du restaurant, M. Janvier, à ce que m'a appris son fils désormais en charge du droit de visite sur le fameux site sculpté, avait pris sa retraite voici déjà quelques années, et avait vendu le restaurant qui avait été du coup rebaptisé par le nouveau propriétaire "Le Bénétin". Mais voilà-t-y pas que le nouvel établissement s'est retrouvé l'année dernière la proie des flammes... Ce qui explique son rasage, et le projet d'un nouveau restaurant qu'un permis de construire annonce sur place prêt à bientôt renaître de ses cendres, la gastronomie devant être au rendez-vous avec ce nouveau restaurateur. Rothéneuf ne ressemble en effet plus beaucoup à l'ancien village où avait débarqué le pauvre abbé à la fin du XIXe siècle. Il a pris désormais des allures nettement plus résidentielles. Les trognes grotesques, les traits burinés des généraux de la guerre des Boers, les âpres visages des Saint-Budoc et autres "mousses" de Jacques Cartier, qui achèvent de s'estomper sur les rochers jouxtant la mer n'en paraissent que plus déplacés...
Par contre, si j'ai bien vu le fauteuil de l'abbé avec sa devise "Amor et dolor", ainsi que son grand portrait photographique rehaussé au fusain (comme me l'a précisé sur place le fils de M. Janvier), qui sont toujours conservés dans la guérite à l'entrée du site, j'ai oublié de demander des nouvelles des quelques souvenirs liés à l'abbé qui se trouvaient à une époque traînant à l'étalage du magasin de souvenirs - des faïences bretonnes pour la plupart - comme le portrait de l'abbé en buste, tout à fait banal, mais tout de même un souvenir de son temps puisqu'il avait été réalisé en hommage après sa mort avec l'accord de la municipalité. Est-il parti en fumée lui aussi ? Et qu'en est-il également de ce Saint-Nicolas, qui n'était pas de la main de l'abbé, lui non plus, mais qui provenait de l'ermitage où ce dernier avait accumulé comme on sait des splendides bois sculptés, mais aussi des tas de bibelots, objets pieux, etc. ? Voici les photos qu'une amie, Laure Lemarchand, avait faites de ces sculptures vers 1989:
01:45 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : abbé fouré, restaurant le bénétin, rochers sculptés de rothéneuf, environnements spontanés | Imprimer