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L'été des expositions (note rallongée)

    Cet été, il y a du singulier saupoudré un peu partout pour ceux qui voudraient voyager en fonction des arts contemporains sous médiatisés. Je ne cite que quatre lieux cependant, car vous trouverez bien le reste sans moi, la toile pullule de sites consacrés à l'art dit singulier, la singularité résidant de plus en plus dans l'apparence, comme tant d'autres choses ces temps-ci...

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    On trouve de tout, des "classiques", des "ancêtres", et des aspirants à la notoriété "singulière" plus récents. Classiques sont en effet désormais Chaissac,Auberivecrbst_chaissac.jpg Pierre Bettencourt et Louis Pons, exposés du 1er juin au 5 octobre dans le cadre des Passeurs de frontière (sur les trois, c'est Chaissac et Pons que je préfère) au centre d'art contemporain de l'Abbaye d'Auberive.Auberive_vue_aerienne.jpg Auberive, c'est entre Langres et Châtillon-sur-Seine. A noter que ce centre possède des fonds d'art contemporain où l'on retrouve entre autres des oeuvres des Moiziard (Jean et Andrée) et d'autres artistes chéris de la galerie Béatrice Soulié. Tous les renseignements pratiques se trouvent sur le site du centre. Il suffit de cliquer...

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Portion de la Maison de Danielle Jacqui au Pont de l'Etoile, photo du carton d'annonce de son exposition à Nice

    Parmi les "ancêtres" (hou là, là... elle ne va pas apprécier...) de l'art singulier, il y a Danielle Jacqui dont on connaît la maison rutilante de couleurs, ultra baroque et foutraque à Roquevaire-en-Provence. Elle crée depuis trente ans au moins avec une belle constance et une grande profusion bariolée que je ne suis pas toujours sûr de pleinement apprécier (mais Jacqui et moi, on peut parler librement)... On ne peut cependant douter de sa sincérité, et de sa persévérance. L'occasion est donnée pour tous ceux qui voudraient en savoir plus de se renseigner sur l'ensemble de sa production multiforme puisque le Musée International d'Art Naïf Anatole Jakovsky à Nice lui consacre une exposition intitulée "ORGANuGAMME" (titre super tarabiscoté). Du 20 juin au 3 novembre, au Château Sainte-Hélène, avenue de Fabron, Nice. (Renseignements: 04 93 71 78 33).

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   Au Musée de la Création Franche à Bègles, ils ont prévu cet été de nous montrer encore et toujours Joël Lorand, en passe de devenir un classique lui aussi, étant donné la cadence de ses expositions. Il faut dire que son art frappe l'attention de beaucoup de spectateurs. L'oeuvre qui sert pour l'illustration du carton d'invitation ne déroge pas à la règle. De même que les autres peintures (dessins en couleur?) qui continuent d'être exposées en ce moment même à l'exposition L'Eloge du Dessin à la Halle Saint-Pierre à Paris. Cela est prévu pour durer du 27 juin au 7 septembre.

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Alain Lacoste, Seringue de malheur, 1996, photo récupérée du site Self-Taught-Art singulier de Jerzy Ruszczynsky-Art Outsider (à prononcer d'une seule traite) de Frédéric Lux

   Très classiques aussi sont Claudine Goux et Alain Lacoste qui exposent jusqu'au samedi 28 juin (va falloir se dépêcher, si ça vous intéresse ; personnellement, le site de la galerie où l'on voit des photos des expos laisse imaginer une tendance au foutoir et au n'importe quoi... ; mais, tout de même Goux et Lacoste étant des artistes estimables, il me paraissait malhonnête de ne pas les signaler) à l'Espace Lucrèce, 16, rue Salneuve, dans le 17e arrondissement de Paname.

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Oeuvre de Jerzy Ruszczynski, extraite du site de Frédéric Lux
Enfin, Frédéric Lux nous fait savoir qu'à Saint-Sever-du-Moustier, son protégé Jerzy Ruszczynski (riche non seulement de consonnes difficiles à retenir en français mais aussi d'une oeuvre foisonnante) expose une trentaine de ses oeuvres (dessins et peintures) en même temps qu'une forte escouade de créateurs talentueux: Louis de Verdal, Kurt Haas, Ted Gordon, Marilena Pelosi,Marilena Pelos,Il va renaître dans un corps sans haine, 2004.jpg Rosemarie Koczy, Stani Nitkowski (à titre posthume), entre autres... sans oublier... l'incontournable Joël Lorand! Dont cette fois l'oeuvre descend nettement vers le Midi (ceci afin de répondre au commentaire récent de Miss Anne-Lise...). L'expo s'appelle Les nouveaux troubadours (ça vous fait pas penser à la ritournelle d'une certaine publicité?). Elle est prévue pour durer du 12 juillet au 6 septembre. Le vernissage aura lieu le 12 juillet. C'est ouvert de 15h à 18h tous les jours (ceci pour répondre aux besoins horaires de Miss Valérie...). Un tél? 05 65 99 97 97. Un e-mail? nt@saint-sever.net

Marilena Pelosi, Il va renaître dans un corps sans haine, dessin aux crayons de couleur, 5x17 cm, 2004, coll.privée, Paris 

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Info-Miettes (2)

Claude Tarnaud, photo transmise par la galerie Nuitdencre64.jpg       La galerie Nuitdencre64 au 64 de la rue Jean-Pierre Timbaud dans le XIe ardt à Paris expose Claude Tarnaud né en 1922 et disparu en 1991. Il s'agit d'un poète surréaliste peu connu, c'est donc l'occasion d'en apprendre un peu plus sur lui. Sa rencontre avec les surréalistes réunis autour de Breton paraît avoir été éclair (1947-1948). Il fut lié à Brauner, Sarane Alexandrian, Stanislas Rodanski. Il semble avoir exécuté une bonne partie de son oeuvre plastique à partir de 1969 après une installation dans le Vaucluse. Là naîtront plâtres "greffés", divers objets, des collages, des oeuvres à la cire ou au brou de noix, des encres... Plusieurs livres de lui ont été réédités à L'Ecart Absolu. Expo de sculptures, peintures et manuscrits prévue pour durer du 19 décembre 2008 au 10 février 2009. 

Danielle Jacqui, détail de sa maison ph Geneviève Berg communiquée par Jean-Pierre Paraggio.jpg    La "modeste collection" de Danielle Jacqui, "résultat d'une aventure qui dure depuis 40 ans" va être exposée dans la salle Fabre à Roquevaire-en-Provence "face à l'église" du samedi 1O janvier prochain à la fin de semaine suivante. Le vernissage a lieu à partir de 11h30 le samedi, ce qui est une information des plus essentielles. Beaucoup de noms au sommaire de cet accrochage, qui réunit sans doute tous ceux qui firent des échanges avec Danielle Jacqui tout au long de sa vie. Au hasard: Raymond Reynaud, Monique Goutte, Claudine Goux, Chichorro, Karamanoukian, Gérard Sendrey, Yvon Taillandier, John Maizels, Martha Grünenwaldt, Claudette Espallergues, Jaber, Jean-Jacques Predali, Bernadette Nel, Roger Ferrara, Marie Morel, Alain Pauzié, etc., "+ des nuls à HIE, que j'adore!", comme l'écrit Danielle Jacqui sans trop expliquer à qui elle songe en disant ces trois lettres un peu violentes... En dehors de cette exposition, Danielle Jacqui continue d'oeuvrer sur son "Colossal d'art brut", projet de décoration à base de céramique pour la gare d'Aubagne. (A noter que sur le site en question, elle reviendra sur ce qu'elle désigne par "nuls à (ch)IE(r)". Il s'agit des peintres de croûtes qu'on trouve sur les vide-greniers, avec leurs disproportions, leurs maladresses. Je sais que Danielle Jacqui fait des distingos même au sein de cette production. Elle m'a montré un jour une petite toile naïve qui était très poétique -Note du 17 février 2009).

Danielle Jacqui, détail de sa maison peinte, ph.Geneviève Berg.jpg
Danielle Jacqui, détail pris sur sa maison décorée à Roquevaire, ph.Geneviève Berg, communiquée par Jean-Pierre Paraggio

Paul DUCHEIN.jpg     De son côté le musée de la Création Franche à Bègles (Gironde) ne chôme pas et a décidé d'exposer les boîtes faites d'assemblages oniriques de Paul Duchein. Il est difficile de passer après Joseph Cornell et tant d'autres amateurs de la mise en boîte. Paul Duchein, esthète raffiné, y arrive en se servant de sa culture qui est grande et en tirant parti de ses goûts pour les belles choses. Un petit catalogue paraît à l'occasion de cette expo qui se tient du 12 décembre 2008 au 25 janvier 2009.

Paul Duchein,la chambre de Mozart, 1990, musée de la Création Franche.jpg
Paul Duchein, la chambre de Mozart, 1990, extrait du catalogue publié par le musée de la Création Franche

 

Peinture de Ignacio Carlés-Tolra.jpg    Ignacio Carlés-Tolra, vieux routier des arts singuliers, comme il est un créateur suisse, peut être accepté par le musée d'art brut suisse Im Lagerhaus de Saint-Gall (en Suisse orientale) qui ne s'occupe que des créateurs suisses à 100%... (Ca me rappelle l'Espace Hérault à Paris dans le quartier de la Huchette autrefois qui n'exposait que des artistes nés au sud de la Loire, ça faisait du monde, ils pouvaient exposer jusqu'à la Turquie par exemple mais pas les gens du Nord -qui ont pourtant dans le coeur la chaleur qu'il n'y a pas dehors, comme disait Enrico). Pour l'anniversaire de ses vingt ans d'existence (à  ce que je crois avoir compris, car les informations qu'ils m'envoient sont en allemand, langue que je ne comprends absolument pas), le musée a invité Carlés-Tolra à monter quelque chose comme une rétrospective semble-t-il. Du 1er décembre 2008 au 16 mars 2009.

Fritz Frischknecht, Alpfahrt,1972.jpg    Les 20 ans du musée "Im Lagerhaus" (au fait sur ce musée, au tout début de ce blog, j'avais fait une note, voir ici) permettent aussi à ceux qui pourront faire le voyage jusqu'à St-Gall de découvrir la peinture naïve de l'Appenzell-Toggenburg, cette région qui s'étend au pied de la montagne magique du Säntis. Parmi les tableaux produits par les artistes autodidactes de ces contrées, on retrouve souvent des transpositions des paysages d'alpages aux verts soutenus communs dans ces régions, où sont semés, piquetant le paysage comme des masses et des formes plus ou moins abstraites peuvent piqueter l'espace d'une composition en apparence abstraite, les prés clôturés, les fermes, les vaches, les chemins blancs... Ces pentes douces sont proches du promeneur, j'ai pu le constater au cours du voyage que je fis en Suisse en 2007, comme des tableaux déjà tout faits dressés sous le ciel, immenses ready-made étendus aux dimensions d'un paysage entier. 

Gaston Savoy, collection de l'Art Brut, Lausanne.jpg    Après les Japonais (et peut-être bientôt les Chinois?), la Collection de l'Art Brut de Lausanne va se retourner un petit peu vers son versant plus intime, à savoir l'art brut présent dans le canton de Fribourg. Et ce, du 6 février au 27 septembre 2009, autant dire qu'on aura le temps d'aller y faire un tour. Ce sera aussi l'occasion d'établir (pour la première fois il me semble, Dubuffet va peut-être même se retourner dans sa tombe!) une confrontation "expérimentale" (dixit le site web de la collection) des oeuvres de dix créateurs fribourgeois (de découverte récente) avec des oeuvres d'art religieux, populaire et ethnographique de cette même région de la Suisse (à mon sens, excellente initiative qui aurait pu être tentée depuis belle lurette). A signaler que la Collection a collaboré récemment (de septembre à novembre 2008) avec le musée Im Lagerhaus pour une expo en prêtant des oeuvres entre autres du Prisonnier de Bâle, de Hans Krüsi, etc. Un catalogue sur l'art brut dans le canton de Fribourg devrait paraître à l'occasion de l'expo, de même qu'un film de Philippe Lespinasse, devenu cinéaste officiel de la Collection, on dirait... Les créateurs présentés sont au nombre de dix dont Marc Moret, Lydie Thorimbert, Maurice Dumoulin, Gaston Savoy (on dirait un clone de Hans Krüsi, avec ses défilés de vaches poyesques), Piere Garbani, Eugénie Nogarède.

galerie Dettinger Int2.jpg    La galerie Dettinger-Mayer de son côté a décidé de montrer au tournant des deux années 08 et 09 un patchwork des artistes qu'elle défend depuis plusieurs années, photographie africaine, art tribal, peintures et dessins en confrontation: il y aura jusqu'au 31 janvier des oeuvres de David Braillon, Evaristo, Evelyne Postic, Ruzena, Pascal Zoss, Fred Deux, Bernard Pruvost, Louise-Anne Koeb, Zahra Toughraï, Marilena Pelosi, Ariel, Aurélie Gaillard, Estela Torres et des photographes africains comme Sanlé Sory ou Tidiani Shitou, etc.

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Louise-Anne Koeb, Sans titre, Galerie Dettinger-Mayer

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03/01/2009 | Lien permanent

Un monde modeste, film sur Arte

     Le dimanche 27 septembre à 23h25 sur Arte, sera diffusé le documentaire de Stéphane Sinde, écrit avec Bernard Tournois, réalisé cette année, "Un monde modeste" (52 min).

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Affiche du film réalisée par Guy Brunet

      Consacré essentiellement à l'art modeste - ce concept voulu indélimité et forgé par Hervé Di Rosa, traitant d'un champ de l'art particulièrement vivant et souvent poétique, grosso modo l'art populaire manufacturé, le monde des collectionneurs de bibelots, objets et images publicitaires, le kitsch, etc. - ce film permet d'apercevoir (vite, car l'esthétique du film a fort à voir avec le clip) Guy Brunet dans son décor,La façade de l'immeuble où habite Guy Brunet, catalogue d'expo de l'Espace Antonin Artaud à Rodez, 2008.jpg Joseph Donadello,Joseph Donadello,Rio-Grande, photo Bruno Montpied, 2008.jpg Bernard Belluc et ses installations compulsives, Alfredo Vilchis, l'habitant-paysagiste populaire Yves Floch, "l'Organugamme" de Danielle Jacqui, ainsi que divers médiateurs, Hervé Di Rosa, Bernard Stiegler, et Pascal Saumade (récent commissaire de l'exposition "Kitsch-Catch",Affiche expo kitsch-catch, MIAM de Sète, 2009.jpg qui après une première installation à Lille, s'est déplacée ensuite début 2009 au Musée International des Arts Modestes à Sète, musée dont on voit quelques images fugitives dans le film).Enrique et Gerardo Velez, catcheurs en papier mâché peint à la main, catalogue Kitsch-Catch 2008.jpg

Yves Floch,portrait par Remy Ricordeau, 2008.jpg
Yves Floch au milieu de ses compositions, machines, bidules, personnages en matériaux recyclés et assemblés (Normandie), photo Remy Ricordeau, 2008

      Ce film, que nous avons vu en projection pour la presse (le P.S. ne recule devant rien pour satisfaire ses lecteurs), disons-le tout de suite, ne sert peut-être pas bien la cause de l'art dit modeste. Et encore moins celle des créateurs populaires qu'il nous laisse par bribes superficielles entrapercevoir. Le montage rapide, amusant au début, cherchant à créer l'illusion de la modernité (qui est aujourd'hui assimilée dans une large frange du cinéma documentaire à la vitesse, à l'épate par l'étourdissement, plutôt qu'au temps laissé à la réflexion), devient vite agaçant. Certains créateurs semblent même présentés pour amuser la galerie (Guy Brunet est montré en train de faire un film à partir de ses silhouettes naïves, faisant parler des effigies de cartons comme des marionnettes, le public rigole de tant de naïveté...). On amalgame les plus inspirés (Brunet, Donadello, Floch, Vilchis, Belluc) avec des histrions a priori légèrement hystériques et incohérents (Michel "El coyote" Giroud).

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Ex-voto d'Alfredo Vilchis (expo à la galerie Frédéric Moisan, 2009), photo extraite du livre de Pierre Schwartz sur les ex-voto paru au Seuil (voir le lien ci-dessus)

     De temps à autre des fragments surnagent. Le philosophe Bernard Stiegler (qui sort un livre chez Galilée ces temps-ci) insiste sur l'esprit de résistance à la pensée unique qui se manifeste chez les créateurs autodidactes, ainsi que sur la collectionnite qui caractériserait les travaux et autres objets réunis dans l'art modeste. Un artiste péruvien parle de cette nouvelle forme d'art qu'il pratique - et qui pourrait s'appliquer aussi à l'entreprise de Bernard Belluc - "le collage-archivage". Mais son interview, là comme ailleurs, passe à la vitesse du TGV, on a à peine le temps de le remarquer encore moins de s'en souvenir... Di Rosa, pourtant à l'origine le fondateur du concept d'art modeste, est à peine interrogé. Pascal Saumade, excellent dénicheur de talents populaires contemporains (ex-votos mexicains, imagerie du catch, affiches et portraits naïfs de Guy Brunet, posters faits main pour la publicité de films ghanéens de série Z), fait des apparitions fantomatiques.

Vitrine du MIAM à Sète, figurines collection de Bernard Belluc.jpg
Une vitrine du MIAM apparemment due à Bernard Belluc, figurines de jeu

     Le film  n'est qu'un tourbillon de couleurs et de fragments de phrases qui laisse l'amateur de ces formes d'art profondément sur sa faim. Pourtant le concept d'art modeste mériterait mieux, une collection de petits films (posés) sur chacun de ses domaines. On pourrait pousser plus loin l'interrogation à propos de ses diverses sous-catégories. L'art brut est-il un sous-ensemble de l'art modeste? Le terme de "modeste" n'est-il pas dépréciatif pour des Donadello, des Floch, des Guy Brunet, des Alfred Vilchis? Danielle Jacqui à un moment du film a le mérite d'avoir repéré le bât qui blesse, elle le clame avec netteté: "Je ne suis pas modeste, je fais l'Organugamme"... Jacqui pas modeste, ça, on peut dire qu'elle parle d'or. Il est du reste passablement paradoxal que le Musée des Arts modestes lui ait précisément proposé à elle d'exposer son projet en cours, le Colossal d'Art Brut, initialement projeté pour décorer la façade de la gare d'Aubagne (voir son blog en cliquant sur le lien à son nom).

Danielle Jacqui, détail de sa façade décorée au Pont de l'Etoile (Provence), photo Geneviève Berg, communiquée par J-P. Paraggio, 2009.JPG
Danielle Jacqui, détail de sa maison décorée au Pont de l'Etoile à Roquevaire-en-Provence, photo Geneviève Berg, 2009

      On aurait pu, surtout, laisser parler les créateurs populaires, et laisser de côté les spécialistes de la pensée, si intéressants soient-ils. Mais  peut-être veut-on voir le populo  sous un oripeau décidément trop modeste?

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11e festival à Aubagne

      L'art singulier... Qu'a-t-il d'encore véritablement "singulier"? Quand on voit la multiplicité des festivals et des artistes se réclamant de ce terme, et lorsqu'on constate qu'au fond leurs oeuvres ne se distinguent pas tant que cela du tout venant de la création contemporaine (la création qui continue dans les arts plastiques, s'entend), on se dit que le terme "outsiders" au sens turfiste - le cheval  qui n'était pas prévu pour la victoire et qui arrive cependant à gagner... - est bien mieux adapté.

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Une des meilleures affiches du festival depuis ses débuts, je trouve, due à Philip Pak Hin Chiu

      Le 11e festival d'art singulier - le premier festival du nom, animé dès le départ par Danielle Jacqui, avec l'appui au début de feu-Raymond Reynaud -, basé au début à Roquevaire-en-Provence, puis migré à Aubagne, dans la grande banlieue de Marseille, ouvre ses portes le 31 juillet prochain, pour une exposition hétéroclite et bourrée comme d'hab' jusqu'au 29 août. On consultera le programme ci-lié, pour se rendre compte des artistes qu'on y trouvera (malheureusement, peu d'images sont fournies, quid de Pierre Hornung, par exemple, dont on nous annonce sur le site du festival monts et merveilles?). En lisant rapidement la liste des créateurs invités, j'ai relevé quelques noms, Jean Branciard (souvent mentionné sur ce blog), Bonaria Manca (très intéressante créatrice sarde auteur de peintures mais aussi d'une maison entièrement décorée à la limite du naïf et du brut authentiques ; un film a été fait sur elle par Marie Famulicki, excellent au demeurant)Bonaria Manca, extrait du film la sérénité sans carburant, de Marie Famulicki.jpg, Swen et ses dessins touffus, Ester Chacon Avila, artiste chilienne de renommée internationale qui crée des oeuvres textiles aux figurations primitivistes qui font penser à du Marie-Rose Lortet, ou à du Karskaya en plus simple, Jacqueline Vizcaïno, Catherine Ursin, Adam Nidzgorski, ou encore Rosaria Cannonito (créatrice handicapée sicilienne sur qui on trouve un site à elle toute entière consacrée ; merci à Roberta Trapani de nous l'avoir indiqué)...

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Ester Chacon Avila

      Les festivals jacquiens sont toujours foisonnants, à l'image de son animatrice charismatique, qui aime l'abondance et l'explosion de couleurs, il y a toujours quelque chose ou quelqu'un à dénicher dans cette salle du Bras d'Or la bien nommée. Bonne pêche!...

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24/07/2010 | Lien permanent

Le pluriel des pluriels des Singuliers

     Une exposition au musée international d'art naïf Anatole Jakovsky de Nice du 2 juillet au 1er novembre qui s'intitule "Le Pluriel des Singuliers", ça ne vous rappelle rien? A moi si. Le titre servit il y a quelques années pour une série de quatre (pas plus?) manifestations qui se tinrent à Aix-en-Provence (la dernière peut-être en 2004). Je n'ai pu aller les voir, à peine ai-je pu m'en faire une idée d'après leurs catalogues plutôt bien faits (les meilleurs qu'on ait eu du reste dans la mouvance "singulière"), édités d'ailleurs par Actes Sud. Les sélections paraissaient réalisées avec soin, à la différence de tant d'autres festivals du genre amateuriste et dilettante.

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Raymond Reynaud devant deux de ses sculptures, dont "King-Kong", chez lui à Sénas, 1989, ph. Bruno Montpied

      J'ai reçu un carton d'invitation pour le 2 juillet, date du vernissage. Mais sans qu'on daigne m'en dire beaucoup plus sur le contenu de l'expo. Pas de dossier de presse sur le site www.musee-jakovsky.org en particulier, à peine quelques rares noms cités et jetés en pâture, comme ceux de Sanfourche, de Danielle Jacqui ou de Raymond Reynaud. On apprend aussi que le musée d'art naïf aurait acquis récemment une "maison" d'Auguste Forestier et une "très grande pièce de Robert Tatin". Les limites de la collection niçoise seraient-elles en train de se dilater aux confins de l'art singulier et de l'art brut (Forestier)? Le musée de Laval lui-même semble aussi aller dans ces directions, comme on me l'a récemment signalé, en créant une salle consacrée aux Singuliers. L'art naïf paraît avoir besoin d'un peu de sang frais, plus à la mode, pour redorer son blason.

      En particulier, on ne sait pas si les organisateurs de l'expo ont quelque chose à voir avec ceux qui montaient les expos à Aix (Michel Bépoix). A ceux qui auront les moyens et les disponibilités d'aller à Nice durant les quatre mois qui viennent de nous dire quels sont les créateurs représentés, et si le titre renvoie aux anciennes manifestations aixoises...    

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04/07/2010 | Lien permanent

Art Brut, architectures marginales, un livre de Marielle Magliozzi

     En chantier depuis quelques années (au départ ce fut une thèse de doctorat en histoire de l'art soutenue en 2003), l'ouvrage qui paraît ces temps-ci aux éditions de l'Harmattan, Art brut, architectures marginales, sous-titré Un art du bricolage, aura nécessité beaucoup de souffle à son auteur, Marielle Magliozzi, puisqu'il aura fallu le remanier, le retravailler profondément afin de le faire passer du format universitaire à une version plus grand public.

Art brut, architectures marginales, couvertire du livre de Marielle Magliozzi.jpg
Couverture du livre de M.Magliozzi, où l'on reconnaît la maison peinte de Danielle Jacqui au Pont de l'Etoile à Roquevaire

     L'ouvrage que je n'ai pas encore eu entre les mains paraît traiter, dans une optique d'art du bricolage (le texte du 4ème de couverture réunit Lévi-Strauss avec Dubuffet) appliqué à la création d'environnement artistique, d'au moins une vingtaine de sites disséminés en France, certains ayant disparu aujourd'hui (on sait que ces environnements n'ont pas encore reçu la grâce d'être considérés comme des éléments incontournables de notre patrimoine, on se demande toujours pourquoi...).

4ème de couverture du livre de M.Magliozzi sur les architectures marginales.jpg
4ème de couverture

    Peut-être Marielle Magliozzi revient-elle en particulier dans cet ouvrage sur ce créateur, nommé Louis Auffret, basé à Six-Fours dans le Var, qu'elle avait succinctement évoqué dans le n°49 de Raw Vision à l'hiver 2004-2005... Auteur d'un environnement complexe qui s'est trouvé par la suite rasé, avant qu'on ait eu le temps d'en entendre parler (Marielle est la seule à ma connaissance à posséder des photos de ce site)... Il semble acquis en tout cas qu'on retrouvera dans son livre certains créateurs plus connus comme Chomo ou Marcel Landreau, le "caillouteux" de Mantes-la-Jolie, dont les statuettes organisées en saynètes parfois automatisées étaient confectionnées à l'aide de morceaux de silex collés les uns aux autres. Son site était un des plus extraordinaires parmi tous ceux qui ont pu exister en France. Hélas... Mille fois hélas, il fut lui aussi balayé après la disparition de son auteur.

Marcel Landreau, 1987, photogramme des Jardins de l'Art Immédiat, film Super 8 de Bruno Montpied (1981-1991).jpg
Marcel Landreau, 1987 ; photogramme extrait du film en Super 8 Les jardins de l'art immédiat, 1981-1991, de Bruno Montpied (cette image est prise sur des personnages d'un manège de danseurs qui était en mouvement au moment du film, bercé par le célèbre air de La Paloma joué par Yvette Horner et diffusé par haut-parleur...)

    Attendons donc d'avoir le livre pour en parler plus largement, et donnons à tous ceux qui n'auraient pas eu l'info les renseignements que Marielle Magliozzi a eu la gentillesse de nous faire parvenir. Le livre peut d'ores et déjà se commander dans n'importe quelle librairie, en attendant de le voir en rayon à la rentrée après les grrrrrandes vacances (prix 32 €).

    

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03/07/2008 | Lien permanent

Environnement à signaler

    Je ne n'ai pas souvent l'occasion de citer le site web Art-insolite.com. Nous avons eu des mots en privé, suite aux critiques que j'avais formulées à l'égard de la restauration du site de Fernand Chatelain dans l'Orne (et les critiques, c'est décidément trop insupportable).

   Et puis, le site s'intéresse en majorité à des créateurs et des "plasticiens" (comme les snobs préfèrent les appeler) qui relèvent davantage de l'art singulier du type "tête à Toto" (ce faisant, ils ne se rendent pas compte qu'ils sont en train de tuer l'intérêt qui aurait pu croître davantage pour les créateurs véritablement authentiques de l'art singulier) que de l'art véritablement d'essence populaire et naïve, voire brute. On y mélange allègrement les créateurs d'environnements relevant de l'art contemporain (Jean Linard, René Raoult, Jacques Warminski ou Raymond Moralés par exemple, qui se rapprochent de créateurs type Niki de Saint-Phalle par le contenu de leurs références culturelles) avec les inspirés d'origine populaire (anciens ouvriers, artisans, paysans). Ces derniers me touchent souvent davantage, par la fraîcheur de leur démarche. Quant aux "singuliers", envahis de plus en plus par des faiseurs et des arrivistes bâcleurs qui jouent aux artistes, il paraît urgent de monter des expositions qui puissent faire le tri (c'est ce que je me suis employé à faire pour ma part  au Festival d'Art Singulier d'Aubagne en 2006, en présentant à l'amicale instigation de Danielle Jacqui et Frédéric Rays, 16 créateurs).

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Statue naïve de Pierre Hodcent dans le Perche, photo Art-insolite.com

    De temps en temps cependant, de loin en loin, les animateurs d'Art-insolite.com  font une découverte du côté des créateurs populaires. Je ne suis pas dogmatique. Je ne vois donc pas de raisons de ne pas citer ces découvertes, afin de servir une information objective. Je reproduis ici deux photos, récupérées vaille que vaille, c'est-à-dire mal, sur Art-insolite.com, montrant un petit environnement du Perche, quelques statues naïves dues à un certain Pierre Hodcent. Je les trouve assez belles et sympathiques.

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Photo Art-insolite.com, janvier 2008
 

    Libre aux internautes qui le désirent d'aller sur ce site voir plus confortablement les photos originales (qui jouent à apparaître et disparaître de façon particulièrement agaçante, "tu m'as vue? Coucou, je m'en vais..."; Heureusement, on peut quand même les bloquer...). Cliquer sur ce lien pour cela.

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Infos Expositions un peu partout

    Le musée Im Lagerhaus de Saint-Gall en Suisse (voir ma note du 5 juin 2007) lance une nouvelle expo, intitulée (en allemand, mais je traduis comme je peux, en devinant): "Mère, Madone, Monstre", ce qui est une intéressante piste de recherche, n'est-il pas? Je ne comprends pas l'allemand, alors je vous renvoie si vos connaissances dans ce domaine sont plus grandes que les miennes au site du musée d'art brut et naïf de Suisse orientale. Et voici une image, dont je ne suis pas sûr de l'auteur, peut-être un certain ou une certaine "F.Shearer"...

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   Je continue de signaler des expositions en vrac, comme elles viennent. Paul Duchein nous a écrit qu'il réunissait au musée Ingres à Montauban,aa79a4965f98e72e8f77d45f172b36a3.jpg dans le cadre d'une manifestation plutôt littéraire, "Lettres d'Automne", du 13 novembre au 10 décembre, un ensemble d'"artistes de l'"Art Brut" et assimilés". Cette présentation est destinée à prolonger l'exposition de photos de Mario Del Curto (qu'est-ce qu'elles se baladent ces photos-là...) installées dans le même lieu. Mais Paul Duchein ne donne pas plus d'explications sur les créateurs exposés, et le site municipal de Montauban ne nous en apprend pas davantage. Alors cette info  risque fort de n'être réservée qu'aux Montalbanais et leurs voisins.

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Raymond Humbert, Mer - Porspoder (détail), 1988, ph.Jacques Vasseur (carton d'invitation à l'exposition)

   Des Paysages de Raymond Humbert, artiste et fondateur du musée rural des arts populaires de Laduz dans l'Yonne, comme on sait, sont présentés à partir du 16 novembre au musée des Beaux-Arts de Quimper. Ce qui doit faire plaisir en tout premier à son ancienne colaboratrice Marie-José Drogou, elle-même excellente artiste méconnue, chez qui le peintre venait en visite à Porspoder, dans le Finistère nord dans les années 70-80...38260350ff9b40fc80e0d2ece86bbcf4.jpg Il était normal que la Bretagne s'intéresse aux oeuvres de celui qui aimait ses paysages, et plus encore, les visions et les vertiges qu'il fixait sur ses papiers, entrevus dans le remous des vagues autour des récifs du grand Mouzou...

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B.Montpied, Famille brûlée, 32 x 25 cm, peinture sur papier, 2005

  

   Sinon, se termine aujourd'hui même, je sais, c'est pas sérieux (et ça l'était d'autant moins que j'y étais exposé...), j'aurais pu en parler avant, mais que voulez-vous, il faut croire que je suis avant tout altruiste... ou pas mal distrait! ... Se termine aujourd'hui même à Reggio-Emilia en Italie l'exposition Ai Marginali dello Sguardo (" Aux Marges du Regard"), l'art irrégulier dans la collection Menozzi, consacrée à la donation d'une partie de la collection

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de ce critique et historien de l'art naïf venu sur le tard à l'art singulier, Dino Menozzi, qui animait naguère la revue Arte Naïve. Cette donation prend place dans le cadre de la Bibliothèque Panizzi (connue entre autres pour héberger aussi des archives d'anarchistes italiens) plus spécifiquement dans son Cabinet d'art graphique "A.Davoli". On retrouve dans cette exposition un petit contingent de créateurs habitués de la Création Franche, dont Charles Boussion, Gaston Mouly,

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 Pierre Albasser ou Ruzena (sur qui j'aurai sans doute l'occasion de revenir), des "Singuliers" (Kurt Haas, Danielle Jacqui, Martha Grünenwaldt par ex.), mais aussi des créateurs venus des collections d'ateliers d'hôpitaux psychiatriques italiens (l'atelier "Blu Cammello" de Livourne, ou l'atelier "Adriano e Michele", par exemple).

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   Un catalogue plutôt bien imprimé est paru à cette occasion.

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Pages de couverture du catalogue, avec des dessin de Pierre Albasser en illustrations
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Dino Menozzi (à droite) avec le peintre Ivan Vecenaj, années 70?

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Raymond Reynaud joue les Arlésiens...

      A lieu en ce moment (du 24 avril au 20 mai),  à Arles, montée apparemment avec l'aide de l'artiste singulier Gérard Nicollet, qui connut l'artiste vers 1991, une exposition Raymond Reynaud (dans les locaux d'une Eglise des Frères Prêcheurs) qui n'est pas seulement consacrée à ses peintures, aux dimensions parfois imposantes, mais aussi aux œuvres de ceux qu'il guida un temps vers une certaine liberté d'expression (qui, en définitive, débouchait sur un style pictural assez proche du sien, mêlé d'automatisme et de goût pour la décoration), et qu'il rassembla de 1977 à 1990 sous le nom de l'Atelier du Quinconce Vert, atelier qui changea par la suite de nom pour s'appeler quelque chose comme "le mouvement d'art singulier Raymond Reynaud". Ces "élèves" en liberté s'appelaient Jeanne Disdero, Martine Bayle, Renée Fontaine, Arlette Watelet, André Gouin...

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Affiche de l'expo consacrée à Raymond Reynaud et à ses amis artistes, pour le dixième anniversaire de sa disparition, Arles, 2017.

 

      Une troisième partie de l'exposition paraît s'être bâtie aussi de façon à reconstituer la salle que Reynaud (1920-2007) consacrait dans sa maison de Sénas, où il habitait avec Arlette, son épouse, elle-même peintre, plutôt naïve, à une sorte de petit musée des œuvres de divers amis qui passaient le voir. J'en fis partie suite à la visite que je leur rendis pendant quatre jours en 1989, qui me servit pour réaliser un entretien avec lui pour une émission sur Radio-Libertaire, et également pour rédiger un long article sur lui et son atelier du Quinconce Vert, pour le supplément en français d'un des premiers numéros de la revue internationale Raw Vision (son n°4 de 1991 ; cet article n'est, entre parenthèses, jamais cité dans les catalogues consacrés à Reynaud, alors que je pense avoir été un  des tout premiers à écrire sur lui et son mouvement), atelier qui constituait une entreprise didactique qui m'intriguait davantage que sa peinture, je dois l'avouer. Cette dernière, si elle prouvait son incontestable talent de coloriste, ne plaidait pas tellement pour son dessin, que je trouvais un peu flasque, comme on peut s'en rendre compte lorsque l'on voit un de ses dessins réalisés seulement en noir et blanc (Laurent Danchin, plus amateur d'euphémismes diplomatiques, qualifiait son graphisme de "tremblé"... Hum...). Il est vrai que ces traits, parcourus de tressautements, entretenaient peut-être des rapports étroits avec la maladie nerveuse qui le poussait vers les 17h à se cloîtrer tous les jours dans sa pièce intime jusqu'au lendemain.

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Raymond Reynaud, n°4 de la série "Pépettes, masques et vieux", 24 x 22 cm, 30 janvier 1991, coll. Bruno Montpied.

 

       Ce qui comptait cependant à mes yeux, avant tout, comme le rappelle Gérard Nicollet dans le dossier de presse de l'expo, c'était sa gentillesse, son ouverture d'esprit, et surtout, plus encore que cela, ou concomitante à cela, son esprit concret de collaboration, de solidarité entre artistes. Il se mettait en quatre pour vous aider à participer à des expos dans sa région. C'est grâce à lui si je participai avec quelques peintures au premier festival d'art singulier qu'il organisait conjointement, au début de l'histoire de ce festival, avec Danielle Jacqui à Roquevaire-en-Provence. Vous en connaissez beaucoup, vous, parmi les artistes actuels, qui vous inviteraient spontanément à exposer avec eux? Reynaud était comme ça, généreux, partageux, altruiste, désireux de propager la création et l'art autour de lui, prosélyte...

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Raymond Reynaud au milieu de ses œuvres et du triptyque consacré à Jean de Florette, DR.

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11/05/2017 | Lien permanent

Connaissez-vous Claire Chauveau?

Cet article contient des mises à jour (de janvier 2020)...

 

    Je ne sais pas trop où il faudrait ranger les trois gravures que je mets ici en ligne. Art brut, naïf ou singulier, ou tout simplement inclassable, et séduisant, parlant à la délicatesse et à l'imagination.

    Je suis tombé sur ces gravures lors d'une de ces journées portes ouvertes improbables, où je ne vais généralement pas, de peur d'être rasé de près par les artisteuhs hyper narcissiques se croyant tous sortis de la cuisse de Jupiter parce qu'ils ont la bonne fortune d'étaler un peu de dégoulinade colorée avec plus ou moins d'inspiration et de maestria sur tous les supports de leur choix (allez, je ne vise, on l'aura compris que ce qu'on appelait autrefois les m'as-tu-vu ; a-t-on remarqué du reste à quel point on n'emploie plus ce mot, alors que la chose est pourtant si fréquente?). On m'avait mis au parfum, faut dire. Monelle Guillet et Joël Gayraud m'avaient signalé une "artiste" intéressante dans l'atelier d'un de leurs amis, André Elalouf.

Claire Chauveau, gravure aux chasseurs, vers 1995, ph.B.Montpied.jpg
Gravure, sans date, vers 1995 ; ph.B.Montpied

    Elle était sur les lieux, dans cet atelier de la rue Bichat dans  le 10e ardt, il y a déjà quelques années maintenant. Il était difficile de lui parler. Sa mère très présente à ses côtés répondait pour elle. Quelque chose commençait à se dire, mais la protectrice, sans doute inquiète, venait se superposer à ce discours qui ne parvenait pas à l'esquisse d'une formulation qui aurait eu peut-être - c'est l'impression toute subjective que j'en retirais - besoin de plus de temps pour se déployer.

Claire Chauveau, gravure aux hippocampes, vers 1995, ph.B.Montpied.jpg
Gravure sans titre, sans date, vers 1995 ; ph.B.M.

    En attendant (en attendant quoi?), j'acquis trois gravures où les sujets représentés distillaient une sensation de raffinement enfantin. C'était une scène de chasse avec hommes des bois avec fusil et arc. Plus une autre où l'on découvrait un avion à réaction larguant des bombes à côté, au-dessus, on ne savait trop, d'un Pégase géant (il me semblait reconnaître des souvenirs de mythologie gréco-latine), une chèvre attachée par le licol comme un appât pour un improbable tigre, un ange en robe, des arbres fragiles tentant vaille que vaille de croître dans le vide. Une troisième image représentait dans un médaillon central tout déchiqueté sur son pourtour une scène de chasse à la baleine, comme dans un dessin d'Inuit, avec des hippocampes, ces animaux démodés...

Claire Chauveau, gravure au Pégase, vers 1995, ph.B.Montpied.jpg
Gravure sans titre, sans date, vers 1995 ; ph.B.M.

     Je ne les ai jamais encadrés, jamais accrochés au mur chez moi. Je les garde dans un carton, où je vais les repêcher de temps à autre, les regardant avec reconnaissance pour leur grâce et leur finesse, leur simplicité raffinée. J'ai revu d'autres gravures de Claire Chauveau il y a quelques années à la Halle Saint-Pierre, dans l'espace pompeusement nommé "galerie" entre cafétaria et moignon de collection Max Fourny, au rez-de-chaussée. Le charme n'était plus le même, une certaine sophistication avait remplacé l'élan candide des départs. Comme si avait été conjurée l'immédiateté poétique, un peu étrange, hors-normes, des débuts... Mais peut-être n'est-ce là que suppositions et devrai-je faire place ici, plus tard, à un correctif...

 

Note du 14 janvier 2020 : Je reviens sur cette note de 2008 pour signaler le nom de l'animatrice de l'atelier de gravure de l'ADAC, rue des Arquebusiers dans le IIIe ardt (où, entre parenthèses, j'ai moi-même pratiqué de manière éphémère la typographie dans les années 1980), Mireille Baltar, qui accompagna, m'a-t-elle écrit ces jours-ci, Claire Chauveau dans ses travaux de gravure durant vingt ans, sans se préoccuper de ses coordonnées psychiques.

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