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18/09/2009

Un monde modeste, film sur Arte

     Le dimanche 27 septembre à 23h25 sur Arte, sera diffusé le documentaire de Stéphane Sinde, écrit avec Bernard Tournois, réalisé cette année, "Un monde modeste" (52 min).

Guy brunet, affiche peinte du film Un monde modeste.jpg
Affiche du film réalisée par Guy Brunet

      Consacré essentiellement à l'art modeste - ce concept voulu indélimité et forgé par Hervé Di Rosa, traitant d'un champ de l'art particulièrement vivant et souvent poétique, grosso modo l'art populaire manufacturé, le monde des collectionneurs de bibelots, objets et images publicitaires, le kitsch, etc. - ce film permet d'apercevoir (vite, car l'esthétique du film a fort à voir avec le clip) Guy Brunet dans son décor,La façade de l'immeuble où habite Guy Brunet, catalogue d'expo de l'Espace Antonin Artaud à Rodez, 2008.jpg Joseph Donadello,Joseph Donadello,Rio-Grande, photo Bruno Montpied, 2008.jpg Bernard Belluc et ses installations compulsives, Alfredo Vilchis, l'habitant-paysagiste populaire Yves Floch, "l'Organugamme" de Danielle Jacqui, ainsi que divers médiateurs, Hervé Di Rosa, Bernard Stiegler, et Pascal Saumade (récent commissaire de l'exposition "Kitsch-Catch",Affiche expo kitsch-catch, MIAM de Sète, 2009.jpg qui après une première installation à Lille, s'est déplacée ensuite début 2009 au Musée International des Arts Modestes à Sète, musée dont on voit quelques images fugitives dans le film).Enrique et Gerardo Velez, catcheurs en papier mâché peint à la main, catalogue Kitsch-Catch 2008.jpg

Yves Floch,portrait par Remy Ricordeau, 2008.jpg
Yves Floch au milieu de ses compositions, machines, bidules, personnages en matériaux recyclés et assemblés (Normandie), photo Remy Ricordeau, 2008

      Ce film, que nous avons vu en projection pour la presse (le P.S. ne recule devant rien pour satisfaire ses lecteurs), disons-le tout de suite, ne sert peut-être pas bien la cause de l'art dit modeste. Et encore moins celle des créateurs populaires qu'il nous laisse par bribes superficielles entrapercevoir. Le montage rapide, amusant au début, cherchant à créer l'illusion de la modernité (qui est aujourd'hui assimilée dans une large frange du cinéma documentaire à la vitesse, à l'épate par l'étourdissement, plutôt qu'au temps laissé à la réflexion), devient vite agaçant. Certains créateurs semblent même présentés pour amuser la galerie (Guy Brunet est montré en train de faire un film à partir de ses silhouettes naïves, faisant parler des effigies de cartons comme des marionnettes, le public rigole de tant de naïveté...). On amalgame les plus inspirés (Brunet, Donadello, Floch, Vilchis, Belluc) avec des histrions a priori légèrement hystériques et incohérents (Michel "El coyote" Giroud).

Alfredo Vilchis,ex-voto mexicain.jpg
Ex-voto d'Alfredo Vilchis (expo à la galerie Frédéric Moisan, 2009), photo extraite du livre de Pierre Schwartz sur les ex-voto paru au Seuil (voir le lien ci-dessus)

     De temps à autre des fragments surnagent. Le philosophe Bernard Stiegler (qui sort un livre chez Galilée ces temps-ci) insiste sur l'esprit de résistance à la pensée unique qui se manifeste chez les créateurs autodidactes, ainsi que sur la collectionnite qui caractériserait les travaux et autres objets réunis dans l'art modeste. Un artiste péruvien parle de cette nouvelle forme d'art qu'il pratique - et qui pourrait s'appliquer aussi à l'entreprise de Bernard Belluc - "le collage-archivage". Mais son interview, là comme ailleurs, passe à la vitesse du TGV, on a à peine le temps de le remarquer encore moins de s'en souvenir... Di Rosa, pourtant à l'origine le fondateur du concept d'art modeste, est à peine interrogé. Pascal Saumade, excellent dénicheur de talents populaires contemporains (ex-votos mexicains, imagerie du catch, affiches et portraits naïfs de Guy Brunet, posters faits main pour la publicité de films ghanéens de série Z), fait des apparitions fantomatiques.

Vitrine du MIAM à Sète, figurines collection de Bernard Belluc.jpg
Une vitrine du MIAM apparemment due à Bernard Belluc, figurines de jeu

     Le film  n'est qu'un tourbillon de couleurs et de fragments de phrases qui laisse l'amateur de ces formes d'art profondément sur sa faim. Pourtant le concept d'art modeste mériterait mieux, une collection de petits films (posés) sur chacun de ses domaines. On pourrait pousser plus loin l'interrogation à propos de ses diverses sous-catégories. L'art brut est-il un sous-ensemble de l'art modeste? Le terme de "modeste" n'est-il pas dépréciatif pour des Donadello, des Floch, des Guy Brunet, des Alfred Vilchis? Danielle Jacqui à un moment du film a le mérite d'avoir repéré le bât qui blesse, elle le clame avec netteté: "Je ne suis pas modeste, je fais l'Organugamme"... Jacqui pas modeste, ça, on peut dire qu'elle parle d'or. Il est du reste passablement paradoxal que le Musée des Arts modestes lui ait précisément proposé à elle d'exposer son projet en cours, le Colossal d'Art Brut, initialement projeté pour décorer la façade de la gare d'Aubagne (voir son blog en cliquant sur le lien à son nom).

Danielle Jacqui, détail de sa façade décorée au Pont de l'Etoile (Provence), photo Geneviève Berg, communiquée par J-P. Paraggio, 2009.JPG
Danielle Jacqui, détail de sa maison décorée au Pont de l'Etoile à Roquevaire-en-Provence, photo Geneviève Berg, 2009

      On aurait pu, surtout, laisser parler les créateurs populaires, et laisser de côté les spécialistes de la pensée, si intéressants soient-ils. Mais  peut-être veut-on voir le populo  sous un oripeau décidément trop modeste?

Commentaires

Bonjour,
Je ne savais pas trop où déposer ce commentaire ou plutôt cette information sur un lien qui traite d'un certain Roger, lequel fait des compositions avec tiges de fer, bouts de ferraille etc.
Cela se trouve sur http://joelb.over-blog.fr/article-37064218.html
Il y a juste un diaporama genre Power Point, mais peu de texte d'explication : je suis incapable de vous dire où cela se trouve, probalement en Charente-Maritime, car "le blog de Joël" traite d'Haimps dans le 17.
J'ai pensé que cela pourrait vous intéresser.
Cordialement,
Bernard Maingot
Les actualités sur Saint-Jean-d'Angély et la région
http://angely.over-blog.com

Écrit par : Bernard MAINGOT | 07/10/2009

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Merci de votre indication,
Ce genre de décor en plein air paraît se multiplier ici et là ces temps-ci. C'est une évolution qui est loin de me plaire. On dirait comme un chant du cygne de la créativité populaire, qui s'achèverait dans une sorte de déliquescence de dépotoir.

Écrit par : Le sciapode | 08/10/2009

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C'est bien décrit et j'aime vos (quatre) derniers mots qui commencent par un "d".
On est loin du Jardin de Gabriel à Nantillé (17) où il y avait une recherche dans l'expression d'un art singulier.
Bernard Maingot
Les actualités sur Saint-Jean-d'Angély et la région
http://angely.over-blog.com

Écrit par : Bernard MAINGOT | 09/10/2009

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Cela dit je suis peut-être un peu sévère. Ce que je dis est à mettre en relation avec d'autres sites signalés récemment comme celui des environs de Gardanne mentionné récemment par le blog Animula Vagula.
Gabriel Albert est certainement plus artiste. Ses statues étaient vraiment très bien modelées avec un grand goût, une délicatesse esthétique complètement étrangère, c'est l'évidence, à ce M. Roger. Chez ce dernier, on ressent cependant une sorte de désordre, de déchiquetage mental (pour rester dans les initiales en "D"...), qui sont peut-être des indices de souffrance respectables en tant que tels. Ce décor exprime assez bien cela, il faut le reconnaître aussi.
C'est cependant très différent du décor d'un Bohdan Litnianski à Viry-Noureuil dans l'Aisne, avec lui aussi des accumulations de rebuts de dépotoirs organisés et amalgamés dans des colonnes de temple inachevé et une sorte de mur des lamentations de la société de consommation qui était le mur pignon de sa maison d'habitation.

Écrit par : Le sciapode | 09/10/2009

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