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Rechercher : La Passerelle à Cherbourg

Les bricoleurs de paradis débarquent à Drancy

      Ça faisait longtemps que je n'étais pas revenu vous parler de mes débats et diatribes divers débités en accompagnement d'une projection du film de Remy Ricordeau, coécrit avec mézigue (et non pas "co-réalisé" comme il est encore dit de façon erronée sur le site de la médiathèque ci-dessous en lien), Bricoleurs de paradis (sous-titré le Gazouillis des Eléphants). Eh bien, c'est reparti pour samedi 29 novembre, dans deux jours donc, à la médiathèque Georges Brassens à Drancy, à 18 h  tapantes. S'il y a des amateurs d'environnements sculptés, mosaïqués, architecturés, peints par des autodidactes populaires, ils sont donc les bienvenus à cette adresse.

 

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Une des versions de la galette du DVD des Bricoleurs envisagée un temps par les éditions de l'Insomniaque et finalement non retenue (2011) ; on reconnaît un disque d'André Pailloux (ce qui allait très bien avec la rotation dévédesque)

 

    Le film, tourné en 2010, fait défiler une quinzaine de sites que nous étions allés visiter, dont par exemple celui d'André Gourlet dans le Finistère sud, à Riec-sur-Belon. Je suis passé le revoir il n'y a pas longtemps. Cet ancien menuisier-charpentier est toujours d'attaque (même s'il m'a pris au début de ma visite pour Jean-Pierre Pernaud... ce qui fut particulièrement offensant!), continuant de sculpter dans  son atelier d'imposantes et ambitieuses statues (voir ci-dessous), et dans son jardin, réorganisant certaines des réalisations que l'on aperçoit dans notre film, ajoutant un nouveau sujet par exemple.

 

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André Gourlet, trois nouvelles statues dans son atelier en octobre 2014, dont au premier plan, un Saint-Isidore, patron des agriculteurs, en tenue bretonne traditionnelle, ph.BM 2014

 

 

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André Gourlet, arbre de la cohabitation, état d'automne 2014 ; le hibou et le chat ont été remplacés par des sujets en ciment, matériau plus résistant, une trogne est apparue au centre du tronc, de même qu'un échassier ; plus généralement l'ensemble des personnages a été réagencé autrement, le coq s'est retrouvé au sommet de l'arbre, tandis que le paresseux et son petit descendaient vers le bas ; ph. Bruno Montpied, 2014

    "L'arbre de la cohabitation", situé au milieu du jardin, a subi un lifting, tandis qu'une nouvelle statue apparaissait sur la pelouse, un démon Asmodée, impressionnant et fort beau. Un arbre qui avait été un temps taillé de façon topiaire en forme d'ours a été arraché et de son tronc monsieur Gourlet tire actuellement une Jeanne d'Arc, commande je crois pour une église des environs. Belzébuth, le diable peint en vert dont le membre en érection tient toujours une jardinière suspendue à son axe, a été déplacé, son bois remplacé (de façon un peu trop raide à mon avis).

     Bref, le jardin au dragon continue de se développer, et on peut toujours aller le visiter.

*

Post-scriptum de Remy Ricordeau:

      Je profite de l'annonce de cette projection pour rappeler qu'il est également possible de visionner le film en VOD sur le site des "mutins de Pangée".
http://www.lesmutins.org/bricoleurs-de-paradis
      J'en profite également pour informer les lecteurs italophones et anglophones de ce blog que l'édition de novembre de la revue italienne Osservatorio Outsider Art (j'en remercie au passage Roberta Trapani) et celle de décembre de la revue anglaise Raw Vision feront paraître deux articles sur des environnements spontanés à Taïwan que j'ai spécialement rédigé à leur intention à partir de la série qui avait été publiée ici même il y a quelques mois:
http://lepoignardsubtil.hautetfort.com/tag/environnements... 
     Grâce à cette publication qui a curieusement à l'époque été largement référencée sur internet, le sujet avait alors suscité un intérêt croisé de la part de milieux aussi différents que ceux de l'art brut et de la sinologie. J'espère que cette première rencontre un peu improbable en provoquera quelques autres. Peut-être par exemple grâce à la traduction en anglais de l'ensemble de ces articles qui sera bientôt disponible en début d'année prochaine sur le site américain "Spaces" dédié aux environnements insolites à travers le monde.
http://www.spacesarchives.org/

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La Fabuloserie remet un pied à Paris

     La Fabuloserie Paris est le nom de la galerie que vient d'ouvrir Sophie Bourbonnais à St-Germain-des-Prés, renouant avec les origines de la Fabuloserie, origines qui avaient pour nom l'Atelier Jacob, ouvert quant à lui de 1972 à 1982. Cette galerie fut la première à représenter l'art brut à Paris, alors appelé "art hors-les-normes", du fait des interdits de Dubuffet vis-à-vis de l'appellation qu'il se réservait (à un moment, en 1972, où sa collection de la rue de Vaugirard était en train de migrer vers Lausanne, migration qui mit six ans avant qu'on puisse la voir muséographiée au "Château" de Beaulieu).

     Le vernissage de la nouvelle galerie "fabulosante" a lieu aujourd'hui à partir de 15h... Voici les intentions qu'affichent sans ambages ses animateurs :

ouverture de la Fabuloserie Paris 17 9 16.JPGOuverture de la Fabuloserie-Paris, 17 sept 2016 (2).jpg

Œuvre de Michèle Burles

    C'est donc un nouveau souffle que se donne la Fabuloserie dont les rênes ont été reprises récemment, après la disparition de Caroline Bourbonnais en 2014 (le fondateur de l'Atelier Jacob et de la Fabuloserie, Alain Bourbonnais, étant disparu beaucoup trop tôt, en 1988), par ses filles Agnès et Sophie. On pourra commencer par la galerie parisienne pour des expositions centrées sur des créateurs et artistes défendus par la collection de Dicy (Yonne) – en tout premier lieu cette fois Michèle Burles, artiste très inventive mais pas assez remarquée, je trouve –, en s'en servant comme d'un marchepied en quelque sorte pour rebondir ensuite à Dicy, pour visiter la collection princeps. Ou, tout au contraire, venu de Dicy, on viendra à Paris afin d'en apprendre davantage sur l'œuvre de tel ou tel découvert primitivement en Bourgogne. Les animateurs de l'endroit promettent cependant de ne pas s'en tenir aux artistes ou créateurs déjà collectionnés, mais d'ouvrir la nouvelle galerie à d'autres œuvres récemment découvertes.

     Une librairie annoncée sur l'art brut et apparentés, avec événements à la clé (dont des projections de films...), est une initiative supplémentaire heureuse, car les occasions de dénicher de la documentation et de la littérature sur les sujets qui nous occupent restaient rares jusqu'ici, en dépit de l'excellente librairie de la Halle St-Pierre.

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Alain Bourbonnais et ses "Turbulents" à la Fabuloserie, ph. Bruno Montpied, 2016

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Eloge de la pluie, en dédicace à Zébulon

      Tenez, en spéciale dédicace à un de mes commentateurs distingués, et pour augmenter ma playlist éparse au fil des notes de ce blog, pour alimenter aussi les rubriques "poèmes choisis du sciapode" et "chanson poétique", voici un poème de Francis Carco, chanté par Monique Morelli (que l'on retrouve sur l'anthologie de chansons d'après Carco éditée sous le label EPM, collection "Poètes et chansons").


podcast

"Il pleut", par Monique Morelli

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Exposition des ”Barbus Müller” avec leur auteur démasqué, à Genève...

     Les lecteurs attentifs de ce blog se souviendront sûrement que j'ai raconté sur ce blog même, en avril 2018, par le menu, la chronologie de mes découvertes concernant l'identité de l'auteur d'une partie du corpus de sculptures sur pierre volcanique, dites des "Barbus Müller" (sobriquet inventé par Jean Dubuffet, en 1945, au début de sa collection d'Art Brut). Je l'avais, il est vrai, déjà esquissée dans mon livre Le Gazouillis des éléphants, paru à l'automne 2017, où j'ai publié deux paires de clichés sur verre inédits qui montraient un jardin semé de statues qui ressemblaient furieusement à ces fameux "Barbus Müller".

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Vue de détail d'un des clichés-verre, pris à la belle saison par un photographe inconnu, et ayant appartenu aux archives du photographe Goldner.

 

    On peut toujours se reporter à mes notes en allant sur ce lien (on y tombe sur le premier "chapitre" qui, à la fin, envoie par un autre lien vers le second chapitre qui lui-même, à la fin, envoie vers le troisième chapitre, qui etc., et ainsi de suite jusqu'au sixième). Je ne sais trop pourquoi, Google paraît avoir refusé de les indexer, en dépit de leur nombre conséquent pourtant. Me doutant que ma découverte ne serait pas suffisamment validée, si je me contentais de la publier sur internet, je fis en sorte de trouver des publications sur papier pour en donner au moins une version condensée. Viridis Candela, la revue des Pataphysiciens, et la revue sicilienne Osservatorio Outsider Art, successivement, me permirent de réaliser ce projet.

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Première page de la revue OOA n°16, automne 2018, "L'origine des Barbus Müller: du mythe du faussaire au mythe de l'art brut".

 

    Il fallait aller plus loin. Notamment pour donner des informations nouvelles glanées depuis dans une recherche qui promet de toute manière des prolongements (notamment, on peut espérer voir resurgir des "Barbus" du fond des collections ou des brocantes où ils végètent, sans être clairement identifiés comme faisant partie du même corpus). C'est donc au Musée Barbier-Mueller, à Genève, lieu historique qui possède, au milieu des ses collections d'"arts lointains" onze "Barbus Müller", qu'est revenue l'idée de monter une exposition qui rassemble une vingtaine de sculptures, grâce à des prêts de collections extérieures en plus de leurs propres pièces. A côté de ces Barbus, seront proposées des œuvres d'arts lointains qui permettront au public d'établir  des comparaisons.

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Couverture du catalogue de l'exposition prochaine sur les Barbus Müller, à paraître le 3 mars 2020.

 

     C'est que ces sculptures – la plupart du temps des têtes – du fait qu'elles furent longtemps privées d'auteur, et parce que leur aspect puissamment stylisé les apparentait dans quelques cas à des fétiches, étaient souvent raccordées à des sources hétéroclites, parfois complètement aventurées, surtout si l'on n'était pas trop regardant sur leur caractéristiques stylistiques pourtant marquées. Le corpus – que j'ai évalué à 43 pièces toutes associables les unes aux autres de façon à peu près cohérente et unifiée –, s'est bâti à partir de plusieurs collections les ayant fait reproduire,  après la labellisation "Barbus Müller" par Dubuffet (d'après les collections de Charles Ratton, de Henri-Pierre Roché, du sculpteur Saint-Paul, de Joseph Müller, ou de Félix Stassart, datant toutes des années 1930 à 1950), grâce à des attributions auto-décrétées par les collectionneurs et les experts de ventes publiques sur la foi de témoignages et surtout de ressemblances formelles, de caractéristiques stylistiques, et de matériaux communs (la pierre volcanique).

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Illustration tirée de "Adieu ma petite collection", souvenirs de Henri-Pierre Roché parus dans l'Œil n°51 en 1959 ; la statue de gauche a été ensuite acquise par le Musée Barbier-Mueller et donc incorporée à la série des Barbus Müller de façon intuitive...

 

      Il n'y avait eu, jusqu'à mes découvertes d'un auteur unique d'origine auvergnate, installé à Chambon-sur-Lac (Puy-de-Dôme), nommé Antoine Rabany, dit "le Zouave", aucune tentative de traçabilité rigoureuse de ces sculptures. Les deux paires de clichés sur verre publiées dans le Gazouillis des éléphants me permirent de remonter, depuis les Barbus inventés par Dubuffet en 1945, plus tôt, à savoir jusqu'en 1908, date du plus ancien témoignage sur le lieu de production et sur son auteur. Et de là, de démontrer que ces sculptures partirent très tôt se disperser au gré des antiquaires qui en achetaient.

    Lorsqu'il est dit que l'écrivain et critique d'art Henri-Pierre Roché (dans un numéro du magazine L'Œil de 1959, année de la mort de Roché, né en 1879)  put acquérir,"alors qu'il était tout jeune", une de ses trois  sculptures – qu'il qualifie de "bourguignonne", et qui fut ensuite jointe par Dubuffet aux Barbus Müller –, on nous donne une clé pour reconnaître que l'histoire de ces sculptures étonnantes ne commence pas avec Charles Ratton et Joseph Müller, qui, de leur côté, les avaient acquises en 1939 auprès d'une antiquaire parisienne, Mme Vignier.

 

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Henri-Pierre Roché, portrait multiple ; © Philippe Migeat - Centre Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP
© droits réservés.

 

     "Tout  jeune", est-ce une exagération...? En 59, Roché avait 80 ans. Faut-il imaginer qu'il acquit – à Semur-en-Auxois, nous dit la légende de la photo – cette sculpture dans les années 1920, voire avant, et donc peut-être alors que leur sculpteur était encore vivant ? Antoine Rabany dit le Zouave, l'auteur identifié par moi, avec l'aide de Régis Gayraud, est en effet mort, je l'ai déjà dit, en 1919. Ses pierres taillées en forme de têtes variées partirent très tôt de son jardin, puisque le témoignage que je donne en entier dans  le catalogue de la nouvelle exposition du musée Barbier Mueller, signale que, dès cette année 1908, des sculptures se retrouvaient déjà à Evreux chez un antiquaire... Henri-Pierre Roché aurait donc pu, peut-être, au cours d'un voyage en Auvergne, rencontrer Rabany sur son lieu de production, au lieu de tomber sur sa statue à deux personnages (une mère et son enfant selon moi, plutôt qu'un "diable lui parlant à l'oreille") dans la localité de Semur-en- Auxois. Mais le destin en décida autrement...

 

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     A l'occasion de cette exposition, qui est prévue pour durer du 4 mars au 27 septembre 2020, un catalogue est publié donc, comprenant la réédition du fascicule 1 de l'Art Brut, consacré entièrement aux Barbus Müller, édité et non diffusé en 1947 par Gallimard, puis réédité une seconde fois en 1979, déjà par le même Musée Barbier-Mueller, avec un texte inédit de Jean-Paul Barbier-Mueller. Dans le catalogue proprement dit, on trouvera également trois contributions, de Baptiste Brun, de Sarah Lombardi et donc de votre serviteur, Bruno Montpied. Divers documents nouveaux et inédits paraissent à cette occasion, dont un scoop que je produis pour la première fois, ne l'ayant pas dévoilé jusqu'ici, le réservant au musée Barbier-Mueller... L'ensemble fera figure, à n'en pas douter, de document historique incontournable concernant la préhistoire de l'Art Brut.

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Le fascicule I de l'Art Brut qui, n'ayant pas été diffusé, resta un "premier" fascicule avorté ; Dubuffet fit paraître en effet, plus tard, au début des années 1960, un plus officiel numéro I de la série des fameux fascicules de l'Art Brut.

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25/02/2020 | Lien permanent

A propos du dénommé Lariflette, un site à préciser...

     L'ami Darnish, avec son commentaire sur le cahier de Blanche Nicard (voir note précédente), m'a fait ressouvenir de deux photos genre Instamatic que je possède depuis des années, montrant un jardin dans une région assez peu riante a priori, avec un portail bricolé et décoré sans grande audace (un début balbutiant de décor brut en somme), et une girouette dans un coin surmontée d'une figure de ce Lariflette dont parle Darnish, personnage qui est étranger à ma culture (comme Pif le chien, et autres, venus d'"illustrés" que je ne lisais pas dans mon enfance).

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Site inconnu lié à "Lariflette", photographe inconnu, date inconnue (années 1980 probablement)... Archives Bruno Montpied.

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La girouette avec le dénommé Lariflette, localisation inconnue, bis repetita... Archives B.M.

 

      Qui a bien pu m'envoyer ces photos? Par extraordinaire, je ne l'avais pas noté. J'ai interrogé deux connaissances, croyant me souvenir que cela avait pu provenir d'eux. Et puis non. Aujourd'hui, je me demande si ça ne venait pas de Jean-François Maurice, à l'époque où nous nous parlions encore... De toute manière, vu l'endroit où il est désormais, ce n'est pas lui qui pourrait me donner la réponse quant à cette ébauche de site (très embryonnaire), et ce qu'il a pu devenir. Si un lecteur a une idée...

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Critique du primitivisme à la Halle St-Pierre

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Conf baptiste brun sur Dubu et la crit du primitivisme févr 2020- 2.JPG

     Pris par d'autres lectures, je n'ai pas encore eu l'occasion d'entamer plus que le début du gros pavé commis récemment par Baptiste Brun sur la "critique du primitivisme" qu'il s'ingénie à penser comme un des chevaux de bataille de Dubuffet avec son entreprise de l'Art brut. Sur le site des éditions Les Presses du Réel en particulier, on peut lire ces lignes qui cherchent à résumer la direction principale du livre de Brun: "Tordre le cou au primitivisme : voilà l'un des enjeux du travail de Jean Dubuffet (1901-1985). Le lecteur pourra trouver l'affirmation paradoxale tant l'artiste semble être le parangon du primitivisme artistique dans la seconde moitié du XXe siècle. Tout pourtant dans son travail concourt à récuser l'existence d'un art supposé « primitif », pierre de touche d'une conception européenne et raciste de l'art, repliée sur elle-même et ébranlée au sortir de la Seconde Guerre mondiale. En poussant à l'excès les codes du primitivisme de son temps, le peintre en dévoile lucidement les ressorts et les présupposés."

     L'art dit primitif serait tout uniment "la pierre de touche d'une conception européenne et raciste de l'art, repliée sur elle-même et ébranlée au sortir de la Seconde Guerre mondiale"? N'est-ce pas aller vite en besogne? Je ne suis pas sans doute aussi cultivé que Baptiste Brun en matière d'histoire du primitivisme, mais il me semble tout de même que derrière ce mot on n'a pas mis, au cours de l'histoire de l'art moderne, que de la condescendance paternaliste... Le mot "primitif" a été utilisé à plusieurs sauces, me semble-t-il. Ne l'utilisa-t-on pas pour qualifier les peintres de la pré-Renaissance en Italie et en France, qui ignoraient encore les lois d'une perspective géométrique? Le mot, et l'art des peuples non occidentaux,  auprès de tant d'artistes modernes – Picasso, Derain, Modigliani, Vlaminck, etc. – étaient vus comme extrêmement positifs et séduisants, ce qui était une réorientation, opérant un virage à 180° par rapport aux antiquités gréco-latines des classiques. La primitivité n'était-elle pas vue aussi alors comme un accès direct à une expression plus spirituelle, plus proche du ressenti-pensé, accès, approche que les artistes modernes du début XXe siècle recherchaient obscurément en se détournant de la reproduction du réel rétinien? On ne se tournait pas seulement vers les arts lointains (comme disait Fénéon qui fut l'un des premiers à collectionner des œuvres d'art africaines ou océaniennes, bien avant les collectionneurs d'après Seconde Guerre), on admirait les primitifs de l'intérieur, l'art populaire des campagnes, comme Courbet vis-à-vis de l'imagerie populaire, ou Gauguin face à la sculpture naïve bretonne, ou encore Filiger, l'ami de Gauguin, qui s'inspirait des Primitifs italiens et de l'imagerie populaire alsacienne... Primitif était synonyme de "premier", tout aussi bien pour ces artistes. Les raccourcis expressifs, la stylisation, le goût d'aller droit au but (synonyme d'art "premier") propres aux artistes-artisans populaires impressionnaient  favorablement les artistes modernes.

      Que Dubuffet ait opéré une critique de la dimension paternaliste – et raciste chez certains critiques et amateurs d'art qui ne sauraient être majoritaires chez les admirateurs des arts primitifs – du primitivisme me paraît également sujet à discussion. S'il me paraît avoir rejeté l'interprétation primitiviste de son "art brut", c'est au même titre qu'il a balayé devant sa porte l'art des enfants, l'art populaire et l'art naïf, vus comme insuffisamment inventifs et insuffisamment asociaux. Il lui fallait bâtir sa notion en éliminant toutes les annexions possibles aux catégories voisines. 

      Baptiste Brun vient donc en parler à la Halle Saint-Pierre, Que ceux qui veulent en savoir plus viennent l'écouter (personnellement j'aurais bien voulu, mais à cette date, le 22 février, je serai malheureusement occupé ailleurs...).

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Sylvia Katuszewski à la Halle St-Pierre

    Sylvia fait partie des revenantes régulières de la Halle Saint-Pierre, notamment dans l'espace dite de la Galerie", au rez-de-chaussée. Tous les murs lui sont consacrés jusqu'à fin octobre. Ce ne sont cette fois que des dessins aux crayons de couleur et autres pastels (je crois bien), des personnages isolés qui la bouche ouverte semblent appeler au secours du fond de couleurs tendres, roses, oranges, vertes, des personnages plantés au milieu de ce qui ressemble à des jardins d'été, dans une ambiance de bonheur pastoral. On pourrait  croire à une figuration heureuse si ne sourdait insidieusement comme une anxiété rampante, suintant au sein de ces halos chauds et joyeux...

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Des femmes, des jeunes filles (?) parmi des fleurs, découvrant le nid d'un oiseau, ou parmi des joncs, au bord d'un étang, surprises, interdites devant les spectateurs... (interprétation de mézigue), photo Bruno Montpied, octobre 2019.

Oeuvre exposée à la HSP en octobre 2019 (2).jpg

Un grand dessin de Sylvia Katuszewski, comme une mariée juchée sur un arbre, avec un petit air de morte enveloppée dans un linceul... ph. B.M., octobre 2019.

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15/10/2019 | Lien permanent

Présentation prochaine du ”Gazouillis des éléphants” à Bègles (Gironde)

      Je poursuis ma tournée de présentation, juste avant une pause pour cause de fêtes à venir... Je vais donc à Bègles, au Musée de la Création Franche  pour une présentation, accompagnée de photos tirées de mon livre, le mercredi 20 décembre prochain à 19h. L'animation en question, en entrée libre, se déroulera dans les locaux de la bibliothèque qui est voisine du musée. A l'issue de la présentation et du débat qui, j'espère, s'ensuivra, je dédicacerai également mon livre aux lecteurs intéressés...

Rencontre-dédicace avec Bruno Montpied

Bruno Montpied sera l'invité du Musée de la Création Franche mercredi 20 décembre à 19h. Il présentera et débattra autour de son ouvrage Le gazouillis des éléphants, paru aux éditions du Sandre. Son ouvrage est une « sorte d'inventaire général » regroupant plus de trois cents jardins oniriques, fantasmagoriques et inédits à travers la France.

La rencontre sera suivie d'une dédicace.

Bibliothèque municipale de Bègles

58, avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny 33130 BEGLES

 

Le portrait de mézigue (photographe José Guirao), choisi ci-dessus par le musée de la Création Franche pour illustrer la rencontre, je l'espère, ne fera pas trop peur aux éventuels amateurs des inspirés du bord des routes, car, pas d'inquiétude, en dépit de cet air quelque peu grincheux (je préfère dire : consterné, accablé...), je ne mords tout de même pas...

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L'Empire des sens, à la Renaissance, en Quercy

     Au cours d'une conversation récente avec Thierry Coudert, par ailleurs grand connaisseur en art populaire, le sujet de nos palabres a légèrement dévié. Il me fit part de son étonnement à propos d'un bas-relief qu'il avait vu (et photographié) au Château de Montal dans le Quercy.

Bas-relief du château de Montal, Quercy, époque Renaissance.JPG

Bas-relief du Château de Montal ; ph. Th. Coudert.

 

     Une femme nue, échevelée, tient à la main droite un phallus, apparemment sectionné, et, à la main gauche, un coutelas (pas un poignard subtil, je vous prie de le croire). Image frénétique s'il en en est... Qui pourrait se déchiffrer ainsi, s'il se rapporte au commanditaire de l'œuvre (et du château), Jeanne de Balsac, qui venait de perdre son fils aîné dans une bataille pendant une campagne en Italie (en 1523) : désespérée par la mort de son fils chéri, sa mère se lamente de lui avoir donné le jour, en vouant aux gémonies le sexe masculin qui l'avait engrossée (et ne s'étant pas contentée, comme on le voit, de l'avoir "voué aux gémonies"...). Une description publiée sur le site qui délivre une notice historique sur ce château (site des monuments nationaux) paraît accréditer ce déchiffrement : "Le décor des lucarnes est en revanche dédié à l'humaine colère d'une mère désespérée par la mort de son fils : folie furieuse agitant ses grelots, allégories du désespoir accompagnées de la fameuse devise « Plus d'espoir »." Le bas-relief reproduit ci-dessus entretient-il des rapports  étroits avec les décors de ces lucarnes...?

     Cette scène n'est pas sans me faire penser à la séquence du film du réalisateur japonais Nagisa Oshima, L'Empire des sens, où l'on voit une amante poussant la passion amoureuse à un paroxysme effrayant, jusqu'à trancher le sexe de son amant, sexe qu'elle garde contre son cœur, telle une poupée chérie...Un peu trop chérie... Mais que l'on puisse trouver une illustration de ce genre de folie passionnelle dans un château du XVIe siècle en France, n'est-ce pas incroyable?

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03/11/2018 | Lien permanent

Rétrospective Martine Doytier en vue en décembre à Nice...

      Martine Doytier, j'en ai quelquefois parlé sur ce blog. Cela a contribué à me mettre en contact avec ses anciens fils, ami et amant. J'ai signalé ainsi le voyage qu'elle avait accompli en 1977 avec Marc Sanchez qui prenait les photos, du côté des Inspirés du bord des routes qui commençaient d'intéresser divers amateurs de poésie de grand chemin buissonnier, tout ceci en lien avec le goût des cultures alternatives.

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     Voici que s'annonce une rétrospective pour décembre à Nice, montée par Alain Amiel et Marc Sanchez. Dans cette perspective, ils recueillent grâce à un questionnaire en cinq points des témoignages de gens qui ont connu Martine Doytier de près ou de très loin (comme mézigue, qui ne l'ai jamais rencontré, mais qui ai été frappé en 1984, l'année de son suicide, par la reproduction de son affiche pour le centième anniversaire du Carnaval ; cela m'a conduit à reparler d'elle sur ce blog, en demandant, de loin, à ce que l'on daigne nous en apprendre davantage). Si vous voulez en savoir plus sur ces témoignages, c'est ici: https://martinedoytier.com/ecrits/cinq-questions-a/

      Où situer Martine Doytier, m'y est-il demandé? Pas dans l'Ecole de Nice, où elle n'était visiblement pas à sa place, ni dans l'art naïf auquel une partie de ses tableaux se rattacha pourtant à un moment, mais plutôt peut-être – mais elle était en avance là-dessus – dans l'art singulier, comme un Chaissac ou un Macréau qui furent eux aussi des précurseurs, avec d'autres (Fred Bédarride, par exemple ; Armand Goupil...).

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Frédéric Altmann à l'extrême gauche, Martine Doytier au centre tenant son chien, Anatole Jakovsky à l'extrême droite ; photo X vers 1982.

 

Vous retrouverez par ailleurs à côté de ce questionnaire le site de l'Association des Amis de Martine Doytier, avec diverses rubriques, informations, galerie d'œuvres, etc...

liste des témoignages au 26 juillet 23 suite au questionnaiee de M Sanchez.jpg

La liste des auteurs de réponses au questionnaire sur Martine Doytier, telle qu'elle était constituée à la date du 26 juillet 2023.

 

martine doytier,association des amis de martine doytier,marc sanchez,alain amiel,carnaval de nice,bruno montpied,frédéric altmann,anatole jakovsky

Martine Doytier, Les autres,130 x 97 cm. collection privée, 1977; photo X.?

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