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Rechercher : cartes postales

Galipettes de corbeaux à Mauriac: MASSIF EXCENTRAL (3)

    Ne venez pas me dire, on connaît déjà ça, on en a déjà vu... (car il y a des lecteurs blasés, ils se sont manifestés pas plus loin que sur ce blog).

    Or donc, voici des corbeaux qualifiés sur les cartes postales vendues du côté du Cantal, non pas de "chers corbeaux délicieux", comme disait Rimbaud, mais  de "diableries". Ce qui devait être le terme autochtone pour parler à mots couverts, en pouffant ou tout au contraire d'un ton scandalisé, de ces postures affriolantes, voire "pornographiques" (une pornographie* moyen-âgeuse et ingénue) qui s'affichent depuis quelques siècles sur les corbeaux de l'église de Mauriac. Quid des "corbeaux"? Ce sont, dit le dico d'architecture, des "supports en surplomb accusant une faible saillie par rapport au nu d'un mur"... Saillie, nu du mur, on ne saurait mieux dire entre les lignes... Je parlerai personnellement davantage d'acrobaties aussi vieilles que l'homo sapiens (Pierre Molinier et ses contorsions n'avaient rein inventé). Quoi...? Ah, oui, on me souffle... Ce sont des modillons, pas des corbeaux... Bon, d'accord, M.Boussuge, mais je préfère les corbeaux... C'est plus petit que les modillons, ça saillit moins, mais c'est plus rigolo, corbeaux, pour les acrobaties.

   Rincez-vous donc l'oeil par ces beaux soirs d'été, pas seulement le gosier.

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* Je ne mets aucune intention puritaine dans l'emploi du mot "pornographie", je dis ça pour tous ceux que ce mot peut hérisser...

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Pépé Vignes à Montmartre

    Durant "tout l'été" (est-ce que cela comprend septembre? Mystère et boules de gomme...), une vingtaine de dessins de Joseph "Pépé" Vignes sont exposés sur le mur noir de la friperie du 57 bis, boulevard de Rochechouart, chez Antoine Gentil, en provenance des réserves de la Fabuloserie. Il y en a pour tous les goûts, autocar, voiture de course, instrument de musique, ballons de rugby, steamer, etc., et toujours le tout réalisé aux crayons de couleur, et plus rarement, aux feutres.

Joseph Vignes dans sa cuisine, photo Bourbonnais.jpg

Expo Joseph Vignes au 57 bis bvd de rochechouart.jpg

Carte postale éditée par Gentil, recto et verso.

 

    J'aime profondément Pépé Vignes, ce fils de tonnelier catalan français (d'Elne), qui nous donna si généreusement sa poésie tendre et candide, inversement proportionnelle aux moyens techniques dont il disposait, et peut-être en raison de ces moyens limités, qui lui suffisaient, la preuve... Les prix de ses dessins restent accessibles, le marché ne s'étant pas encore jeté dessus. Question de mode sans doute, tant le marché paraît le reflet des lubies de quelques gros marchands et collectionneurs.

Joseph Pépé Vignes, sans titre (instrument à cordes), 43x37cm, 1975 (2).jpg

Joseph "Pépé" Vignes, sans titre (un instrument à cordes), crayons de couleur sur papier fixé sur carton enveloppé de papier kraft, 43x37 cm,1975 ; Ph. et coll. Bruno Montpied.

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Les contes de tradition orale et les environnements (1)

     Ce matin, j'ai envie d'entamer une petite série de références à la thématique contes et environnements spontanés. Comme ça, pour voir s'il y a beaucoup d'occurrences, et parce qu'aussi, étant récemment passé en Alsace, j'ai retrouvé un site qui possède plusieurs pièces en rapport avec le thème. Ce sera aussi l'occasion de mettre en évidence les passerelles qui peuvent exister entre culture populaire traditionnelle et environnements spontanés, art populaire contemporain.

 

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"La Clairière des Contes", Yalta, Crimée (Ukraine), cartes postales coll. Bruno Montpied


        Pour débuter, pour cette note, je vais revenir passablement en arrière, à l'époque de ma défunte revuette La Chambre Rouge. En particulier au dernier numéro (un double, le n°4/5, 1985). Régis Gayraud m'avait ramené d'URSS (c'était encore l'URSS à ce moment-là si je ne me trompe) un carnet de cartes postales, souvenirs de "la Clairière des Contes" à Yalta en Crimée. Ce carnet contenait dix cartes en couleurs, et dans la Chambre Rouge je décidai d'en reproduire une en noir et blanc, de plus en photocopie (en chapeau du sommaire de mon numéro).

 

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C'es cette carte que j'avais reproduite en noir et blanc dans La Chambre Rouge ; deux personnages aux trognes burlesques devisant gaiement

 

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La couverture du carnet de cartes postales ; les nains sur la photo paraissent vraiment trop démarqués de Walt Disney, comme s'il n'était plus possible après ce dernier d'imaginer les petits hommes qui portent secours à Blanche-Neige autrement... Du moins en Ukraine, c'était ainsi dans les années 80 de l'autre siècle...

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Ces trois petits cochons, adaptés à la sauce russe, avec balalaïka et petit accordéon, eux aussi paraissent un peu trop Disneyisés...


    Je ne crois pas avoir reçu d'explication à l'époque sur les légendes attachées aux sculptures que montraient ces cartes (apparemment si on regarde sur internet la "Clairière" existe toujours). Ce petit parc était apparemment organisé comme une base de loisirs à thème (si l'on se réfère à la vue des chalets ci-dessus, environnés d'un impressionnant cirque de montagnes). Etait-ce une collection de sculptures populaires? P't-être ben que oui, p't-être ben que non (en fait un peu des deux, mon général). Les styles de ces pièces paraissant variés, on pouvait inférer qu'ils n'étaient pas de la même main. Certaines statues, plus fantastiques que les autres, jouent avec les formes naturelles des bois choisis pour camper les sujets en rapport avec des contes. d'autres sont nettement plus réalistes, flirtant avec le kitsch.

 

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Qui est ce personnage coulant des joues...?

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Peut-être avons-nous affaire ici aux "musiciens de la ville de Brême"? (Eh bien, non! Voir le commentaire de Régis Gayraud au pied de cette note, il s'agit du conte "Quartette")


    En farfouillant sur internet,  on ne trouve pas grand-chose en français. A peine nous indique-t-on sur le site d'une agence de voyages ukrainienne, dans une notice rédigée dans un français approximatif, que ce fut un certain Pavel Pavlovitch Bezroukov qui initia ce site, ayant été rejoint ensuite par d'autres artistes (ce que j'avais subodoré). Régis Gayraud, appelé à la rescousse, m'a appris finalement qu'existait en russe un site web entièrement consacré à ce Musée de la Clairière des Contes. On y apprend - je crois Régis sur parole ici - que le nommé Bezroukov était un garde forestier fondu de contes de fée, si, si, et qu'il n'était pas un sculpteur professionnel (je parierais qu'il est l'auteur des personnages imaginés dans des formes de bois tourmentées)... Il avait bien fait appel à d'autres artistes. Les matériaux employés pour les sculptures évoluèrent au fil du temps, il n'y eut pas que du bois, mais aussi de la pierre, du verre, des matériaux recyclés, du plastique... A parcourir un peu au hasard ce site, on s'aperçoit que la Clairière a bien évolué, organisée différemment, que les Trois Petits Cochons ont été repeints et que le nombre, ainsi que le style des sculptures ont considérablement changé...

 

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Personnages du Magicien d'Oz, sculptures contemporaines de la Clairière des Contes


     Ce qui m'intéresse par ailleurs dans la thématique de ce parc, c'est le rapprochement que l'on pourrait faire avec d'autres pratiques, en l'occurrence celles de certains conteurs indiens, qui leur servent à narrer les récits traditionnels de leur pays, le Bengale occidental, lorsqu'ils dévident simultanément des rouleaux (appelés "patua") supportant des images elles-mêmes narratives, illustrant le conte raconté ou chanté. On peut en voir à Paris dans les collections du Musée du Quai Branly (qui ressemble à une contrepéterie).clairière des contes de yalta,régis gayraud,la chambre rouge,contes de tradition orale,contes et environnements spontanés,trois petits cochons,baba yaga,comptines,rouleaux patua,éditions rackham  Ce genre de racontée existe encore aujourd'hui (on peut en profiter pour signaler la belle édition réalisée en 2009 par les éditions Rackham qui ont édité sous forme de dépliant magnifiquement illustré (voir ci-contre), un patua intitulé Tsunami, d'après une chanson de Moyna et Joydeb Chitrakar composée au moment de la catastrophe survenue dans le Golfe du Bengale en 2004 ; d'après l'éditeur, il est précisé que ce livre conçu, sérigraphié et relié à la main par l'atelier des éditions Tarai à Chennai en Inde, serait le "premier rouleau patua édité sous forme de livre").

    On imagine facilement des criées aux contes organisées dans cette Clairière des Contes, les conteurs se déplaçant de saynète sculptée en saynète sculptée en fonction du conte à dire, chaque saynète jouant alors un rôle identique à celui tenu par les patuas dans les contes du Bengale.

(Suite à cette note, Henk Van Hes, sur son blog Outsider Environments Europe, rédigé en anglais, intéressé par Bezroukov, est allé quérir d'autres informations, voir ce lien)

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Exposition Cerisier-Montpied à Carquefou, aux Renaudières

 

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        Nous voici Jean-Louis Cerisier et moi à nouveau réunis¹, cette fois aux Renaudières, cet espace culturel que la municipalité de Carquefou (ville située dans la grande périphérie de Nantes), sous la direction de Chantal Giteau, voue généreusement depuis plusieurs années, entre autres, à la découverte de divers artistes de la mouvance dite "singulière". L'exposition qui commence le 14 novembre prochain est prévue pour se clore le 13 décembre.

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Bruno Montpied, Nid de nuit, 32 x 25 cm, 2004

       Nous présentons chacun une quarantaine d'œuvres dans l'espace de trois salles dont la dernière tentera de faire cohabiter nos deux systèmes de représentation. bruno montpied,les renaudières,carquefou,chantal giteau,jean-louis cerisier,art singulier,art naïfSi Cerisier pour sa part montre des œuvres qui furent choisies par Chantal Giteau dans une de ses récentes périodes où le thème dominant est la "maison" (voir ci-contre La fugue, huile sur toile, 38 x 46 cm, 2015) je présente de mon côté des œuvres de petit format (la plus grande fait 30 x 43 cm ), réalisées pour la plupart d'entre elles selon une technique qui mixe l'encre, la mine de plomb, des solutions acryliques, des crayons de couleur et autres marqueurs. Deux œuvres ont été le fruit d'un travail à deux, tantôt avec Sasha Vlad en Californie (nous avons travaillé par échange postal de la même œuvre, un collage proposé par lui et interprété graphiquement par moi, ; voir ci-dessous), tantôt avec Petra Simkova (Chansons d'ivrognes, œuvre réalisée en simultané). Quatre autres œuvres font partie des "modifications" que j'exécute régulièrement depuis des années en repeignant ou en redessinant par-dessus des reproductions photographiques de cartes postales, magazines, gravures, etc. Plusieurs autres œuvres que j'exposerai à Carquefou ont été précédemment montrées cet été dans la Creuse à la Maison du Tailleu. Il y a bien sûr aussi plusieurs autres nouveaux venus.

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Bruno Montpied et Sasha Vlad, Le Monument et son gardien effaré, 30 x 23 cm, technique mixte sur papier, 2010

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Bruno Montpied, Le message, gravure modifiée à l'encre, au stylo et aux crayons de couleur, 29 x 20 cm, 2010

 

      Un petit catalogue d'une trentaine de pages, avec neuf reproductions pour chaque artiste, a été prévu par les Renaudières pour être diffusé le jour du vernissage (semble-t-il). Ce sera aussi l'occasion pour moi de vendre quelques exemplaires de mon récent livre "Andrée Acézat, oublier le passé", ainsi que des exemplaires de l'autre titre paru dans la collection La Petite Brute, "Visionnaires de Taïwan" de Remy Ricordeau. Bienvenue à tous ceux qui pourront se retrouver par là-bas, près de Nantes.

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Bruno Montpied, La Grande Dame et l'homme qui a perdu la tête, encre, mine de plomb, lavis et marqueurs sur carton d'emballage alimentaire, diamètre 19 cm, 2015

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¹ La première fois, Cerisier et moi fûmes réunis par Pascal Rigeade à Bègles au musée de la Création franche en février-mars 2011.

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05/11/2015 | Lien permanent

Une étrange roche sculptée en forêt de Fontainebleau

 Cette note contient une mise à jour datée du 28 novembre

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Forêt de Fontainebleau, Roche de la Chouette (la Belle-Mère), tamponnée et datée au verso de 1930

 

   Curieuse carte postale, curieuse photographie sans nom d'auteur que voilà... L'intérêt de cette image à mes yeux étant que l'on n'a pas seulement affaire ici à une de ces photos de formes naturelles pittoresques sur lesquelles l'éditeur de la carte aurait plaqué une interprétation plus ou moins reconnaissable. On a en plus une action accomplie par une main anonyme qui à l'aide d'un ciseau de sculpteur a façonné la roche de façon, justement, à caractériser une interprétation de départ. Cette "Roche de la Chouette", ou cette "belle-mère", a été visiblement orientée par le sculpteur resté anonyme. C'est une démarche tout à fait voisine de celle de l'abbé Fouré qui sculpta au tournant des XIXe et XXe siècles les falaises de Rothéneuf près de St-Malo. Dans ce massif de Fontainebleau, ce genre d'interprétation visionnaire est comme on sait très commune (on se reportera au Guide de Fontainebleau Mystérieux de René Alleau publié en 1977 dans la collection des Guides Noirs des éditions Tchou-Princesse, qui entre parenthèses ne mentionne pas cette roche curieuse). Par contre, parmi toutes les roches surnommées en fonction des images que tel ou tel croyait y reconnaître (l'Eléphant, la tortue, etc.), il me semble qu'on en relève fort peu qui aient été accentuées par la sculpture, voire la peinture, et qu'on aurait pu ranger entre land art et art brut.

    Aux Gorges de Franchard, en forêt de Fontainebleau, moi qui connais assez bien le coin pour le visiter depuis des lustres en compagnie de nuées d'enfants des centres de loisirs parisiens, je n'ai jamais vu cette roche. La carte est datée de 1930. Ce n'est pas si éloigné de notre époque, et donc on peut raisonnablement espérer que la roche existe encore aujourd'hui. Mais où se trouve-t-elle exactement? Je pars à sa poursuite...

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     Inutile de partir en quête, mes lecteurs s'en chargent presque aussi sec, et leur hâte me fait chaud au cœur... Un(e?) certain(e?) Dan me renvoie donc dans les commentaires (voir ci-dessous) à un site qui recense les roches de la forêt, et bien sûr on y apprend que la roche de la Chouette existe toujours, la voici donc:

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Etat 2012, site web sur la Forêt de Fontainebleau

 

     Le profil de "la belle-mère" a disparu, mais pas l’œil qui peut-être, cavité naturelle de forme comme bridée, donna l'idée au sculpteur anonyme des années 20-30 de poursuivre le profil en le taillant plus réalistement. Donc, de deux choses l'une, soit ce profil a disparu par usure, soit ce ne fut qu'un trucage. Et pour faire la part entre ces deux hypothèses, j'ai l'impression que mes lecteurs risquent de s'y casser les dents cette fois...

     Dernières précisions quant à la date de 1930. Elle est apposée au bas du texte en cinq mots de l'expéditeur de la carte au verso, et elle figure sur le tampon également. Mais cela ne suffit pas en effet. La carte a pu faire partie d'un lot qui publié auparavant ne s'était pas encore complètement écoulé en 1930. On sait que les textes en cinq mots ne furent permis qu'à partir de 1909... Et que certaines cartes furent réimprimées plusieurs années après le cliché original, c'était en effet une pratique commune dans les années 30. Cela expliquerait peut-être que l'on ne trouve pas de nom d'éditeur à côté de la légende (on ne voit qu'un logo, un dragon...). Donc la photo peut dater d'avant les années 30.

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Il y a cent ans mourait l'abbé Fouré: le Guide de son Musée des bois sculptés réédité dans un dossier signé Bruno Montpi

     Ouf, ça y est enfin, est paru le dossier que je préparais depuis des lustres sur les sculptures en bois de l'abbé Fouré, parfois appelé aussi l'ermite de Rothéneuf. Il sort dans une revue nouvelle, L'Or aux 13 îles, d'inspiration surréalisante, concoctée par le poète et collagiste Jean-Christophe Belotti, qui en l'espèce avec la collaboration d'un bon maquettiste, Vincent Lefèvre, a réalisé là un très bel objet (108 pages, illustrations noir et blanc et couleurs en majorité) .

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En couverture, le Musée fantôme de l'abbé Fouré...

     N°1, janvier 2010. Cent ans après la mort de l'abbé, je tire ainsi mon chapeau à la mémoire de cet extraordinaire sculpteur de roches à l'air libre (sur la côte, au-dessus de la Manche, nous sommes dans la banlieue de St-Malo, dans un bourg qui fut autrefois du temps de l'abbé, au début de l'autre siècle, une station balnéaire en vogue) et sculpteur aussi, ce que l'on sait un peu moins, de bois aux formes tourmentées qu'il entassait dans son "ermitage" au coeur du bourg. Les cartes postales ont popularisé ces statues géniales qui étaient joyeusement peinturlurées en outre (ce que les cartes en noir et blanc ne révèlent malheureusement pas).

    Page gauche du dossier sur les bois sculptés de l'abbé Fouré.jpgPage de droite pour le dossier sur les Bois Sculptés.jpg
Pages de présentation du dossier sur les Bois sculptés, comprenant introduction  et réédition du Guide du Musée de l'Ermite de Rothéneuf 

     Le dossier se divise en deux parties, une introduction qui resitue le personnage, son oeuvre, et retrace également les étapes qui m'ont mené à découvrir vers 1989 l'existence d'un document étonnant que personne jusqu'ici n'avait songé à rééditer en son intégralité (en l'occurrence, en fac similé), le Guide du Musée de l'ermite, daté de 1919 (la même année que La Vie de l'Ermite de Rothéneuf, autre petite brochure plus biographique dûe à la plume de l'historien régional Eugène Herpin, dit "Noguette" et imprimée dans la même maquette chez le même imprimeur de St-Malo (R. Bazin)). Les lecteurs de ce modeste blog se souviendront peut-être que je l'ai mis en ligne ici même à la date du 24 septembre 2009. Ce Guide décrit par le menu les oeuvres que conservait le musée après la mort de l'abbé. Dans cette réédition de L'Or aux 13 îles, j'ai bien entendu mis en parallèle les cartes postales montrant les oeuvres décrites. Tout fonctionnait ainsi à merveille à l'époque pour les estivants qui visitaient l'Ermitage de Haute-Folie (tel était le nom de l'habitation de l'abbé).Abbé-Fouré-,GalInfCôtéDroit.jpg On pouvait repartir avec un guide et des images sur cartes postales. Ces dernières sont plus rares aujourd'hui que celles représentant les rochers sculptés, car les pièces sculptées et l'ermitage ont désormais disparu tandis que les rochers subsistent, sans qu'on sache très bien à quel moment l'anéantissement eut lieu (il faudra faire confiance aux chercheurs qui nous suivront pour éclairer ce point).

Couverture du Guide du Musée de l'Ermite de Rothéneuf, auteur inconnu, 1919.jpg
La couverture d'un document rare...

      Pour marquer le coup de cette parution (veuillez lire les renseignements pratiques pour l'acquisition de la revue au bas de cette note), je ferai un exposé sur l'abbé Fouré à l'auditorium de la Halle Saint-Pierre, 2, rue Ronsard à Paris (18e ardt), le dimanche 7 février prochain à 15 heures, illustré de photos des sculptures de l'ermite, sur bois et sur roches. Jean-Christophe Belotti sera également là pour présenter la revue et toute l'étendue de son sommaire qui ne se limite pas, loin de là, à mon dossier sur l'ermite. On y trouve de nombreuses collaborations, un dossier fort important sur le peintre surréaliste discret Jean Terrossian, un article sur le film Démence de Jan Svankmajer, des textes polémiques à propos de Sade et de Nadja par Jean-Pierre Guillon pour le premier, et par Jorge Camacho, Bernard Roger et Alain Gruger pour la seconde, une enquête sur l'exaltation avec des réponses de Roger Renaud qu'illustrent des oeuvres de Josette Exandier fort belles ma foi. Le tout coiffé d'un éditorial rédigé par Jean-Christophe Belotti dont les collages parsèment la revue.

 
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Le sommaire, ou le "menu" du n°1 de L'Or aux 13 îles
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Pour acquérir la revue... Il faut la commander à Jean-Christophe Belotti, 7, rue de la Houzelle, 77250 Veneux-les-Sablons (adresse e-mail: jc.belotti@laposte.net).  Prix de vente: 18€ + 2€ de frais de port, soit donc au total 20€.
La revue est actuellement en vente dans les librairies suivantes (pour l'instant toutes à Paris):
Parallèles (dans le 1er ardt), La librairie Michèle Ignazi (17, rue de Jouy, 4e ardt), Pensées classées (9, rue Jacques-Cœur, 4e), la librairie Céline Poisat (102, rue du Cherche-Midi dans le 6e), L'Ecume des pages (à St-Germain-des-Prés, Bd St-Germain, dans le 6e), Vendredi (67, rue des Martyrs, 9e), Libralire (116, rue st-Maur dans le 11e), L'Arbre à Lettres (62, rue du fbg St-Antoine dans le 11e), La Friche (36, rue Léon Frot, dans le 11e), La Manoeuvre (58, rue de la Roquette, dans le 11e), la Galerie Nuitdencre (64, rue Jean-Pierre Timbaud dans le 11e), Publico, (145, rue Amelot, dans le 11e), Bimbo Tower (passage Saint-Antoine dans le 11e), La Halle Saint-Pierre (2, rue Ronsard, dans le 18e), à la Galerie Christian Berst (rue de Charenton, après l'Opéra Bastille, dans le 12e), Tschann (dans le 14e, bd du Montparnasse), Anima (3, avenue Ravignan, dans le 18e), Le Merle moqueur, (51, rue de Bagnolet, 20e), Equipages, (61, rue de Bagnolet, 20e), Librairie-galerie Le Monte-en-l'air, (6, rue des Panoyaux, 20e),  L'Atelier d'à côté, (3, rue Constant-Berthaud, 20e), Le Comptoir des mots, (239, rue des Pyrénées, 20e), Le Genre urbain, (30, rue de Belleville, 20e).   

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Le Graffiti de tranchées dans le Soissonnais

 

Le graffiti des tranchées, couverture, éditions Le Soissonnais 14-18.jpg
Achevé d'imprimer en octobre 2008

     Un très bel ouvrage historique est paru il y a peu, cet automne 2008, sur les graffiti des tranchées et plus précisément sur ceux des carrières du Soissonnais où les Poilus de l'armée française se reposaient ou étaient casernés, en alternance avec leurs homologues allemands, au gré des avancées et des reculs des deux belligérants. On a retrouvé également des traces du passage de soldats américains dans ces fameuses carrières, où régnait une pénombre trouée de l'éclat de multiples chandelles jetant sur les parois de ces grottes des lueurs et des ombres propices aux caprices de l'imagination.

Carte postale, Napoléon,la République victorieuse, guerre 14-18.jpg
Carte postale du temps (pas éditée dans le livre "Le Graffiti des Tranchées"), "Dans les carrières du Soissonnais, sculptures par nos soldats artistes. Napoléon et la République victorieuse...", coll.B.Montpied

     Personnellement, j'ai découvert vers 1988 l'existence des graffitis de soldats, notamment au Chemin des Dames, grâce à la visite que je fis à l'époque au Musée des Graffiti Historiques de Verneuil-en-Halatte, situé dans l'Oise et animé par Serge Ramond (je m'en suis ouvert notamment dans l'article Un musée des graffiti dans l'Oise, dans Artension n°8 (deuxième série), mars 1989).graffito représentant Paris, gravé dans une carrière du Chemin des Dames en 14-18, musée Serge Ramond.jpg Ce dernier avait moulé les graffiti incisés dans le tuf des carrières par les Poilus qui allaient parfois jusqu'à dégager de grandes portions de la roche, la creusant, l'évidant jusqu'au bas-relief, jusqu'à la sculpture en trois dimensions. Son musée avait fort belle allure, car Serge Ramond avait reproduit les empreintes positives des graffiti d'origine à partir du plâtre qu'il coulait dans ces moulages. Il leur donnait ensuite une teinte pour leur conférer l'illusion des originaux.graffito dans une creute du Chemin des Dames en 14-18, la liberté quittant le monde, musée Serge Ramond.jpg L'éclairage oblique et rasant dans des salles sombres achevait de donner au visiteur l'impression de se retrouver dans les mêmes conditions que les chercheurs de graffiti au fond des oubliettes, des cachots et des carrières. Ramond avait ainsi sauvé de la destruction et de l'oubli (car il y avait, il y a encore, beaucoup de vandalisme dans ces souterrains)  un certain nombre de graffiti étonnants. Le musée, aujourd'hui rebaptisé Musée Serge Ramond, possède plus de 3500 moulages. Il ne s'arrête pas aux graffiti de 14-18 mais va bien au delà.

Le graffiti des tranchées, la Poisse, ph. Association Soissonnais 14-18.jpg
Graffito montré dans le livre édité par Soissonnais 14-18, "La Poisse"... ; photo Association Soissonnais 14-18

     J'en reviens au livre Le Graffiti des tranchées édité par l'Association Soissonnais 14-18. Curieusement, aucune  mention n'y est faite du musée et des sauvetages de Serge Ramond, pourtant entreprise parallèle à la leur. Le graffiti en lui-même n'occupe que la seconde moitié de l'ouvrage, la première étant réservée à des courts textes relatifs à des événéments chargés de restituer l'ambiance de l'époque dans cette boucherie absurde que fut la dite "Grande" Guerre. Ce qui n'est pas inintéressant mais laisse tout de même sur sa faim l'amateur pur et dur de graffiti. La perspective des auteurs est avant tout historique, et patrimoniale. L'association a beaucoup fait pour qu'on préserve les graffiti in situ. Certains d'entre eux sont placés en vis-à-vis dans leur état actuel et dans l'état où les ont conservés les cartes postales en noir et blanc de l'époque. Ces dernières se sont en effet intéressées aux Poilus comme elles se sont intéressées par ailleurs aux sites d'art fantastique populaire. Là aussi, elles s'avèrent une source documentaire fort précieuse.

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Carte postale, "La nymphe d'Aveluy", coll.B.M.
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Quatre profils de femmes taillés dans la roche des carrières, ph. Association Soissonnais 14-18

    Diverses cartes ont immortalisé ainsi les réalisations sculptées des soldats durant leurs temps de répit entre deux assauts, entre deux coups de dés à la vie à la mort. Et ce ne sont pas des graffiti exceptionnels qui sont montrés mais plutôt la trace d'un moment émotionnel intense, le souvenir d'êtres engloutis dans le carnage et l'oubli du temps, morts pour servir l'indépendance d'un pays en butte à l'emprise d'un autre, hommes jetés en pâture au néant par des officiers absurdement tenaillés par des visions grandioses d'"offensive à outrance" (théorie du général de Grandmaison en 1914).

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Inscription figurant dans "Le graffiti des tranchées": "La guerre finira à la fin du monde", ph. Association Soissonnais 14-18

     Les auteurs de ce livre, semble-t-il le premier ouvrage historique à traiter des graffiti des tranchées, on le sent bien, n'ont pas beaucoup de sympathie pour la guerre qui a dévoré les hommes. Leur souci premier est avant tout l'évocation des êtres humains qui ont souffert de cette tragédie, leur tourment étant d'effacer au maximum l'angoisse que ces hommes dont ils recherchent une trace la plus tangible, la plus étoffée possible, aient pu mourir sans qu'on les reconnaisse, sans que leur souvenir ait été fixé. Leurs graffiti sont cette expression qui permet d'étayer leur présence qui nous hante. Expression pour les auteurs du livre, au delà d'être un art.

Pour trouver où se procurer le livre (43 €), on trouvera tous les renseignements utiles en cliquant ici: sur l'association Soissonnais 14-18 (adresse, bon de commande...)

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27/12/2008 | Lien permanent

Une représentation de la Vierge par un artiste de la Côte d'Ivoire en 1931

SteVierge, Côte d'Iv,, expo coloniale Lyon 1931.jpg

 

       Lorsque je cherche des cartes postales qui pourraient me révéler un site ou un environnement créatif ancien, il m'arrive de tomber, à la faveur de recherches par mots-clés notamment, sur des cartes aux images insolites, même si n'appartenant pas à mon cœur de cible... 

       Tel fut le cas avec la carte ci-dessus, montrant très lumineusement, avec la clarté de l'évidence, une représentation de la Sainte-Vierge par un "artisan" de la Côte d'Ivoire. Elle fait partie peut-être d'une série de cartes éditées à l'occasion de l'exposition coloniale de 1931 à Lyon, comme il est dit dans l'en-tête de la carte.

          Elle me frappe cette petite (?) effigie, par l'innocence de son expression et la stylisation de sa forme. La cape double qui la couvre totalement l'enserre, au point que l'artiste qui l'a façonnée, ayant besoin de lui mettre des bras, a projetés ces derniers vers l'avant, comme si elle s'apprêtait à une imposition magique des mains. Toute son allure me fait penser à celle d'une enfant, ce qui ne participait pas de l'intention consciente de l'artiste bien sûr. Où cette statuette se retrouve-t-elle à présent? A-t-elle été conservée par le musée des Confluences à Lyon?

          Et peut-on la ranger dans ce que l'on appelle "l'art colon", cet ensemble de représentations sculptées montrant des personnages faisant écho aux costumes de l'époque coloniale, longtemps méprisés par les marchands et les collectionneurs d'art dit primitif ou premier, qui ne les jugeaient pas assez "authentiques"? Alain Weill, dans son récent livre intitulé "L'Art dit Colon" (chez Albin Michel, en 2021, il est sous-titré "Un aspect méconnu de l'art africain"), reprend une définition de Denise et Michel Meymet, de Lyon, qui dans leur livre sur leur collection (Art  colon, Musée des Confluences/Fage Éditions, Lyon, 2013), écrivent ceci: "L'art colon n'est ni un art de rupture, ni un art qui a dégénéré à force de contamination. Il représente la part de l'art africain qui s'est adaptée pour assurer la survie du monde traditionnel." Alain Weill souligne, dans son propre ouvrage, que cet art, pendant longtemps, ne fut pas recherché par les collectionneurs occidentaux, et qu'il faut le distinguer de l'art pour touristes, dit "art d'aéroport". C'est un ensemble d'objets faits par des artistes africains pour d'autres Africains, des oeuvres d'art tout court, reprenant des thèmes et des styles traditionnels présents dans l'art des fétiches des temps plus anciens. Personnellement, cette mutation artistique me paraît assez analogue aux mutations qui sont intervenues de l'art populaire occidental aux formes artistiques plus individualisées du XXe siècle rangées tantôt dans l'art naïf, tantôt dans l'art brut (dans une partie de l'art brut, d'inspiration populaire, celle qui me retient personnellement davantage).

      Ici, cette représentation, liée à la religion chrétienne exportée par les Occidentaux, me paraît rattachable à l'art dit colon, dans une acception plus religieuse, ce qui ne m'a pas paru jusqu'à présent bien évoquée dans les différents ouvrages consacrés à ce corpus (de même dans les livres consacrés, par Nicolas Menut, parfois avec la collaboration d'Alain Weill, aux représentations de l'homme blanc dans les arts non occidentaux, dont l'art africain).

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25/03/2022 | Lien permanent

Cheminement d'un papotier

      Un papotier, est-ce que cela papote? Est-ce que cela n'a rien à voir avec l'argile et le métier qui lui donne forme? Est-ce un voisin du compotier? Un papotier, je gage que vous n'en aviez jamais entendu parler, c'est cela, tel que je le découvris sur une carte postale ancienne:

CP-du-papotier.jpg

     Etrange facétie qui consista vers 1590 à sculpter cette effigie à la mâchoire toujours prête à se décrocher, aux yeux roulant dans des orbites selon des axes distincts, qui papotait quand la fantaisie en prenait à l'organiste qui l'actionnait de derrière son orgue en pleine église. Il s'en passait de bonnes autrefois. En tout cas l'objet est rare, la plupart de ses semblables ont disparu, on se demande bien pourquoi...

 

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Papotier provenant de l'église Notre-Dame d'Avénières, près de Laval, Coll. Musée d'Art Naïf et d'Art Singulier du Vieux-Château de Laval, ph. Bruno Montpied, 2011

 

      Tout à coup, en passant récemment par la patrie du Douanier Rousseau, au musée d'art naïf et singulier de la ville, quelle ne fut pas ma surprise de retomber sur le papotier, mais cette fois grandeur nature, un peu abandonné, à l'écart dans une tour du Vieux-Château... La notice y explique que la figure grotesque avait été enlevée du buffet d'orgue de l'église en 1878 et qu'elle avait été conservée dans une collection privée jusqu'à sa vente en 2006. On y ajoute que "les sculpteurs et facteurs d'orgue [au XVe-XVIe siècles] surchargeaient les buffets de carillons, automates vociférateurs, têtes grimaçantes "et menus attrafuz destinés à l'amusement des petits et des grands". Nul doute que les "petits et les grands" devaient effectivement grandement s'esclaffer devant cette tête dont les yeux roulaient dans deux sens différents tandis que la mâchoire s'ouvrait si largement qu'on eût pu croire à son complet et imminent décrochage. Les messes ne s'en trouvaient-elles pas troublées du coup? N'y eut-il pas quelques bonnes âmes ulcérées devant ces innocentes farces, perçues peu à peu comme vaguement sacrilèges, d'où leur disparition consécutive durant nos siècles dits modernes...? A voir. Le hasard me mit une fois de plus sur les traces du papotier. Chez un camarade brocanteur, je trouvais une ancienne brochure annonçant une vente chez Drouot, en 2006, sous le patronage de l'expert Martine Houze. En couverture, le papotier était mis à l'honneur. C'était dans cette vente que le musée d'art naïf de Laval avait fait ses emplettes, à n'en pas douter.

 

Vente-au-papotier-2006.jpg

Page-du-catalogue-2006.jpg

A noter que la notice de ce catalogue, due sans doute à Martine Houze, avance le nom d'un "maître menuisier" du nom de Jean Dubois (nom prédestinant encore une fois), comme sculpteur de la tête en 1590. La légende de l'ancienne carte postale placée au début de cette note signale le nom de Florentin Lusson comme auteur plutôt de l'orgue que du buffet. Jean Dubois qui "faisait jouer les estoiles"... C'est joliment dit.

 

     

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Il y a 100 ans disparaissait l'abbé Fouré, pour fêter ça, le restaurant Brébion est parti en fumée...

 
Restau-Brébion-,cp,collBelo.jpg
Restaurant "Aux rochers sculptés" de Henri Brébion, années 1930? 1950? Carte postale
Abbé Fouré,Carte postale des années 50 du site des rochers Sculptés à Rothéneuf (Ille-et-Vilaine).jpg
Autre carte postale, des années 1950 vraisemblablement, où l'on voit le restaurant à l'arrière-plan du site des rochers sculptés (derrière les haies taillées)

    En repassant à Rothéneuf (prés de Saint-Malo) dernièrement, où j'aime tant m'asseoir sur les rochers sculptés par l'abbé Fouré entre 1894 et 1910 (ce sont les dates exactes, faites-moi confiance, toutes les autres, c'est du pipeau), quelle n'a pas été ma surprise de me retrouver nez à nez avec une pelleteuse qui était en train d'aplanir l'emplacement de l'ancien restaurant Aux Rochers Sculptés, le même qui avait été créé par Henri Brébion en 1907, dans le but de profiter de l'affluence des visiteurs du site de granit taillé au ciseau par l'abbé dans les roches de la falaise de la Haie, un site d'art rupestre populaire quasi unique au monde (et dont les institutions se moquent éperdument depuis des lustres).

Emplacement de l'ancien restaurant d'Henri Brébion, ph.Bruno Montpied, 2009.jpg
L'emplacement du restaurant "Le Bénétin", anciennement "Aux rochers sculptés"...Photo Bruno Montpied, 2009

    En fait, l'ancien propriétaire du restaurant, M. Janvier, à ce que m'a appris son fils désormais en charge du droit de visite sur le fameux site sculpté, avait pris sa retraite voici déjà quelques années, et avait vendu le restaurant qui avait été du coup rebaptisé par le nouveau propriétaire "Le Bénétin". Mais voilà-t-y pas que le nouvel établissement s'est retrouvé l'année dernière la proie des flammes... Ce qui explique son rasage, et le projet d'un nouveau restaurant qu'un permis de construire annonce sur place prêt à bientôt renaître de ses cendres, la gastronomie devant être au rendez-vous avec ce nouveau restaurateur. Rothéneuf ne ressemble en effet plus beaucoup à l'ancien village où avait débarqué le pauvre abbé à la fin du XIXe siècle. Il a pris désormais des allures nettement plus résidentielles. Les trognes grotesques, les traits burinés des généraux de la guerre des Boers, les âpres visages des Saint-Budoc et autres "mousses" de Jacques Cartier, qui achèvent de s'estomper sur les rochers jouxtant la mer n'en paraissent que plus déplacés...

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Aspects des rochers sculptés par l'abbé Fouré, ph.BM, juillet 2009

     Par contre, si j'ai bien vu le fauteuil de l'abbé avec sa devise "Amor et dolor", ainsi que son grand portrait photographique rehaussé au fusain (comme me l'a précisé sur place le fils de M. Janvier), qui sont toujours conservés dans la guérite à l'entrée du site, j'ai oublié de demander des nouvelles des quelques souvenirs liés à l'abbé qui se trouvaient à une époque traînant à l'étalage du magasin de souvenirs - des faïences bretonnes pour la plupart - comme le portrait de l'abbé en buste, tout à fait banal, mais tout de même un souvenir de son temps puisqu'il avait été réalisé en hommage après sa mort avec l'accord de la municipalité. Est-il parti en fumée lui aussi ? Et qu'en est-il également de ce Saint-Nicolas, qui n'était pas de la main de l'abbé, lui non plus, mais qui provenait de l'ermitage où ce dernier avait accumulé comme on sait des splendides bois sculptés, mais aussi des tas de bibelots, objets pieux, etc. ? Voici les photos qu'une amie, Laure Lemarchand, avait faites de ces sculptures vers 1989:

          Abbé Fouré, son buste post mortem, ph.Laure Lemarchand, vers 1989.jpg     St-Nicolas, ancienne collection de l'Abbé Fouré, ph.Laure Lemarchand, vers 1989.jpg
    Si quelqu'un en a des nouvelles, qu'il pense à nous bien sûr...

     

 

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