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18/03/2008

Marilena Pelosi expose chez Dettinger

    "Des prisonnières, mais cette fois-ci pas forcément volontaires, il y en a dans le petit théâtre de Marilena Pelosi, cette créatrice d’origine brésilienne qui paraît se souvenir des gravures naïves de la littérature de cordel, où derrière l’apparente simplicité des images se cachent des ambiguïtés inquiétantes…

Marilena Pelosi, dessin aux crayons de couleur sans titre, 15x17 cm, janvier 2003, coll.privée, photo Bruno Montpied.jpg

     Il y a dans son théâtre des femmes nues bizarrement bâillonnées (on dirait qu’on leur a passé le mors), allongées comme si elles étaient au bronzage, leurs bouches entravées et comme ensanglantées. Des femmes qui portent sur leurs ventres un haricot géant, symbole matriciel féminin, ligaturé avec des cheveux, ces derniers étant souvent perçus comme des liens, ce terme étant à prendre dans le sens de ligatures mais aussi, simultanément, dans le sens de "relations" (comme on l’emploie dans le jargon informatique). Des femmes qui parfois doivent lutter contre leurs destins comme si ces derniers étaient des arceaux qui cernaient leurs corps et dont elles ne pourraient se défaire (prémonition du sinistre bracelet électronique?). Des femmes torturant d’autres femmes en leur faisant miroiter des parures, secrètes armes inventées par la société de consommation pour enchaîner tout un chacun devant le miroir aux alouettes de la marchandise. Plus généralement des femmes, voire des enfants, qui se tiennent sous la coupe de personnages plus grands qui paraissent vouloir leur faire de l’ombre, quand ils ne saignent pas tout simplement sur eux… Décidément un curieux théâtre, un doux et fragile théâtre dessiné aux crayons de couleur de l’enfance, sur papier calque parfois (théâtre faussement transparent) qui nous parle de torture et qui dénonce en même temps."

 

Marilena Pelosi, L'Effet Bienfaisant de l'Eau Tiède, 1999, crayons de couleur et stylo sur papier calque, 66x77 cm, coll.privée, photo Bruno Montpied.jpg

 

    Cet extrait (légèrement remanié) provient d'un texte plus ample, intitulé L'Enfer me ment qui n'a été publié que de façon partielle par les organisateurs du 9ème festival d'Art Singulier d'Aubagne en 2006. Il devait figurer dans le catalogue de l'exposition en regard des seize créateurs que l'on m'avait proposé de présenter dans une salle qui était à ma discrétion (j'y reviendrai). Ce passage consacré à Marilena Pelosi se concentrait sur le thème de "l'enfermement" qui était le fil rouge du festival.

    Pour autant, le travail de cette créatrice ne se réduit pas à ce thème.

 

Marilena Pelosi, Elle voyait comme ça dans son imagination, 1998, gouache sur carton, 27x43 cm, coll.privée, photo Bruno Montpied.jpg

 

   On s'en instruira en se rendant à l'exposition de dessins de Marilena qui ouvrira bientôt ses portes, du 21 mars au 19 avril prochains, à la galerie Dettinger-Mayer, au 4, place Gailleton dans la Presqu'Ile à Lyon (http://www.galerie-dettinger-mayer.com/expositions.htm).