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20/06/2008

"Les Cahiers de l'Institut" n°1 est paru

    Prévu pour février (voir ma note du 24 novembre 2007), le n° 1 des Cahiers de l'Institut, émanant de l'IIREFL (Institut International de Recherche et d'Exploration sur les Fous Littéraires, etc...) est finalement paru en juin de cette année.

Les Cahiers de l'Institut, n°01,2e trimeste 2008.jpg
Couverture du n°01 avec un collage d'André Stas, intitulé "Naufrage de la pensée" (2007)

   Diffusé a priori essentiellement sur commande, on peut l'obtenir grâce aux coordonnées que j'affiche au bas de cette note. Disons-le tout de suite, c'est une superbe revue, écrite de façon tonique et claire, apportant du neuf sur le petit monde des fous littéraires,  popularisé avant cet "Institut" par Nodier, Queneau et Blavier. La revue ne se limitant pas aux excentriques littéraires, elle se permet aussi des incursions vers certains cas d'art brut, ou des créateurs simplement atypiques de l'art.

    Par exemple, dans ce n°1, nous trouvons un long article passionnant de Frédéric Allamel (p.110) sur l'environnement à la fois littéraire et architectural de Billy Tripp, situé aux USA (Marc Décimo l'a également fait figurer dans son récent livre sur les Jardins de l'Art Brut, éd. Les Presses du Réel), à Mindfield dans l'ouest du Tennessee. "Les correspondances abondent et laissent transparaître un at total dessinant un art de vivre faisant l'éloge du local". Billy Tripp illustre assez bien la fusion du fou littéraire et du créateur d'environnement poétique, ce qui est un cas unique à ma connaissance. Un détail du site de Billy Tripp à Brownsville (Tennessee, photo publiée dans les Jardins de l'Art Brut de Marc Décimo)).jpgLa revue a la bonne idée également de republier un article de Marcel Réja (qui, comme on le sait depuis Michel Thévoz, cachait le nom de l'aliéniste Paul Meunier, collaborateur du Dr Marie et ami traducteur d'August Strindberg), datant de 1901, L'Art malade: dessins de fous, texte anticipant sur le livre que publia par la suite en 1907 Réja. Assurant la transition avec la principale préoccupation de la revue qui reste avant tout l'univers des fous littéraires, un article de Michèle Nevert et Alice Gianotti (p.94) traite de la conservation miraculeuse de nombreux manuscrits d'aliénés de l'asile de Saint-Jean-de-Dieu à Montréal, qui sont donc autant de textes que l'on qualifierait du côté des amateurs d'art brut d'"écrits bruts" (Les anonymes du siècle, Manuscrits asilaires de Saint-Jean-de-Dieu: première traversée ; cependant, il est à noter que les extraits publiés par les auteurs de l'article sont avant tout des lettres de patients à leurs médecins et qu'ils sont écrits dans une langue sans grande invention, à la différence des écrits bruts rassemblés par Thévoz). On connaissait déjà certaines recherches de Michèle Nevert qui avaient été publiées dans les actes du colloque Indiscipline et marginalité édités par Valérie Rousseau dans le cadre de la Société des Arts Indisciplinés en 2003 au Québec.

Dessin de fou, coll Dr.Sérieux, servant à illustrer un article de Marcel Réja dans le n°01 des Cahiers de l'Institut.jpg
"Dessin de fou, collection du Dr. Sérieux", légende publiée dans ce n°01 des Cahiers de l'Institut pour illustrer l'article de Marcel Réja

    Bien d'autres sujets sont évoqués dans les colonnes de cette revue grosse de 145 pages. Marc Décimo, le rédacteur en chef, de son côté, s'évertue (p.22) à recenser les traces laissées chez divers auteurs  par Jean-Pierre Brisset (connu pour avoir voulu démontrer par des séries de calembours étourdissants que l'homme descendait de la grenouille). S'ensuivent quelques extraits caractéristiques des écrits de Brisset. On trouve encore dans ces Cahiers un article d'Allen Thiher, professeur à l'université du Missouri, intitulé Folie et littérature (p.56). Au sein d'un assez long développement, M.Thiher avance cette étonnante remarque: "La littérature dans presque tous les sens du mot n'est-elle pas précisément une expression directe d'un petit accès psychotique, c'est-à-dire, une extériorisation d'une hallucination qui vise à se substituer au monde soi-disant réel -réel dans le sens le plus banal du terme"... Jean-Jacques Lecercle, dans son Eloge des fous littéraires (p.10), estime que les fous littéraires de façon inconsciente mette en avant une autre philosophie du langage. Michel Criton présente les cas d'un certain nombre de mathématiciens fous (p.64). Paolo Albani (p.73) étudie l'usage de la contrainte littéraire librement employée (à la façon des écrits de l'Oulipo) à l'intérieur même de certains écrits de fous littéraires (il cite par exemple le cas de Jean-François de Mas-Latrie, (1782-?) qui pratiqua le lipogramme, ce jeu qui se propose d'éliminer une ou plusieurs lettres volontairement dans les textes à produire). Il cite aussi le cas de ce roman destiné aux plus jeunes, de Mary Godolphin (alias Lucy Aikin), un Robinson Crusoe en mots d'une syllabe...

IIREFL-01--herminie-hanin.jpg
Une peinture d'Emilie-Hermine Hanin, 1929, reproduite dans le n°01 des Cahiers de l'Institut

    La revue ne s'arrête pas aux articles ci-dessus mentionnés, elle fourmille d'érudition sur les loufoques de partout, avec le ton humoristique et pince-sans-rire que l'on connaît aux Pataphysiciens, jamais éloigné d'une certaine propension à la malice et à la supercherie. Au détour d'un article ou l'autre, il sera loisible au lecteur de s'arrêter sur la découverte qui le concernera plus particulièrement. J'ai personnellement fait mon miel d'une note relative -dans le cahier central de la revue imprimé sur papier jaune, consacré aux notes de lecture et aux fragments bibliographiques- à un ouvrage appartenant à l'Institut. Son titre: Super-despotes et son auteur, Emilie-Hermine Hanin. Si l'ouvrage est essentiellement consacré à la défense et à la vengeance du père de l'auteur, inventeur malheureux d'un calendrier perpétuel, il permet également de faire découvrir que cette femme était aussi peintre (et souffrait d'une tendance au délire de persécution). L'oeuvre Le piège à avions (du nom d'une invention d'Herminie Hanin), reproduite dans ces Cahiers de l'Institut, révèle un talent naïf/brut de fort bon aloi, qui fait un peu penser aux tableaux naïfs de la collection Courteline. Je me permets de le reproduire ci-dessus. A noter que Jean Selz a publié dans Les Lettres Nouvelles (Les Cahiers de l'Institut ne donnnent pas la référence exacte du numéro) le récit de ses deux rencontres avec cette dame. André Blavier l'a également cité dans son anthologie.

Pour acquérir la revue:

Adresser sa commande (25€ le numéro, 50€ pour deux numéros par an, 140 pages illustrées en noir et blanc) à:

I.I.R.E.F.L., 1, rue du Tremblot, 54122 Fontenoy-la-Joûte, France. Règlement par chèque bancaire à l'ordre de I.I.R.E.F.L. Virement bancaire Société Générale compte n°30003 01463 00050336469 22. Paypal (iirefl@orange.fr). Abonnement étranger: En raison des frais bancaires, des frais de change et des frais de port, l'abonnement est fixé au prix de 70€. Règlement par virement bancaire international par IBAN et BIC. IBAN FR76 3000 3014 6300 0503 3646 922. BIC SOGEFRPP. Paypal (iirefl@orange.fr).

Il est également possible de trouver la revue à la librairie de la Halle Saint-Pierre, rue Ronsard dans le 18e ardt à Paris.

 

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