16/02/2009
Expertise d'Olivier Hervy, morceaux choisis
Je m'étais promis de remettre des aphorismes d'Olivier Hervy dès que j'aurais mis la main sur la plaquette qui avait été éditée aux éditions Pierre Mainard en décembre 2007. Et puis le temps s'est écoulé, et bien sûr j'ai oublié. Le livret était planqué sous un tas de papiers, à l'occasion de ce petit marathon effectué d'une foulée ramollo, le voilà qu'il a resurgi, comme bois flotté ramené par la marée. Je me fais un petit plaisir, en extraire les aphorismes choisis selon mon goût.
Nos masques africains cachent des têtes de clou.
Les amis d'enfance sont comme les jouets. Vient un moment où il faut s'en séparer.
Ils sont bien nombreux à constater que Paris est désert au mois d'août.
Encore un vieil acteur qui vit avec une très jeune femme. Scénario sans surprise.
Le chat fait sa toilette. Le chien celle des autres.
Cette voiture dans le fossé donne enfin l'impression d'être arrivée.
La voix d'outre-tombe d'Yves Bonnefoy est un peu ridicule tant qu'il est vivant.
Visite du Village d'Artistes où je ne vois que des commerçants.
La tarte. Pour en finir une fois pour toutes avec les pommes.
Ils évoquent avec nostalgie l'époque où Paris était un village, mais ne pensent pas à déménager dans le nôtre.
On construit partout pour que les résistants de demain ne trouvent pas de maquis.
La mer écrit en italique.
Les applaudissements au concert de jazz, lents et tristes aussi.
La scie est la seule qui atteint son but en revenant sans cesse sur ses pas.
Les hommes qui cuisinent en font tout un plat.
"Le voyage! La découverte! L'inconnu!", s'exalte M. de retour du Mexique. Puis il m'offre un sombrero.
Encore une bande dessinée où des rescapés évoluent dans un monde en ruines. L'imaginaire n'a pas survécu.
Os de seiche, feuille d'endive.
La tapisserie a son brouillon au dos.
(Aphorismes extraits d'Olivier Hervy, Expertise, Editions Pierre Mainard, 14, place Saint-Nicolas, 47600 Nérac, (7€).) A signaler de nouveaux aphorismes du même auteur parus dans la dernière livraison des Cahiers de l'Umbo n°11, revue concoctée par Jean-Pierre Paraggio du côté d'Annemasse.
15:17 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : olivier hervy, aphorismes, editions pierre mainard | Imprimer
Commentaires
Je ne sais pas si Olivier Hervy est lui aussi auteur d'un "grand oeuvre", mais au moins 7€ c'est plus abordable. Merci de vous soucier du pouvoir d'achat de vos lecteurs. Là c'est un prix carrément hard discount. Quant au contenu il est, comment dire..., un peu plus consistant pour nos pauvres cervelles affamées.
Écrit par : Zébulon | 16/02/2009
Répondre à ce commentaireA force de sauter sur son ressort, le pauvre Zébulon semble avoir perdu le sens de la lecture. Qu'il compare mes aphorismes à ceux d'Olivier Hervy, soit, mais qu'il n'oublie pas que les miens s'avancent fièrement sous la bannière de la platitude. Normal qu'il n'y trouve pas la consistance des autres : ce qui définit la platitude, c'est justement l'absence de consistance, l'esprit en deux dimensions, sans volume ni profondeur. Une bonne platitude ne s'invente pas comme une pensée profonde; c'est une anguille mentale prête à glisser entre les mailles du langage, et pour la saisir, il faut montrer une disposition naïve face aux accidents infimes et sans épaisseur de la vie quotidienne. Alors, parfois, quand la formule se présente bien, du décalage entre l'insignifiance du contenu et la forme emphatique de la maxime naît une certaine qualité d'humour...
Écrit par : Joël Gayraud | 18/02/2009
Répondre à ce commentaireC'est un peu comme les "proverbes faibles" d'une amie à moi. En voici un :
« Manger c'est correct.»
Je trouve ça plus drôle que celui sur le shampooing, mais je n'ai pas lu les autres aphorismes de J.Gayraud, donc, contrairement à certains, je ne juge pas avant d'avoir lu.
Écrit par : alex fatta | 20/02/2009
Répondre à ce commentaireComme quoi même dans la platitude, il peut y avoir des degrés (ce qui finit par donner du relief).
(Et au fait, M.Fatta, comment introduisez-vous les guillemets horizontaux dans vos commentaires? En copier/coller?).
Écrit par : Le sciapode | 20/02/2009
Répondre à ce commentaireLes guillemets « horizontaux », et qu'on appelle français, par opposition aux anglais "verticaux" s'obtiennent, cher Sciapode, sur un clavier macintosh en pressant les touches alt + è pour le guillemet ouvrant et les touches alt + maj + è pour le guillemet fermant.
Écrit par : Joël Gayraud | 21/02/2009
Répondre à ce commentaireTout ça, c'est pour nous dire que vous faites partie du clan des Mac!
Cela, malheureusement, ne résoud pas mon problème. Quand on ne connaît pas son clavier de PC, comme mézigue, on ne peut taper sur Hautetfort, l'hébergeur du blog, que les guillemets anglais (merci de m'avoir rafraîchi la mémoire pour ce qui est de la nationalité des guillemets, qui est le qualificatif exact, effectivement), et pas les français (merci aussi pour le renseignement sur le genre du mot également, que je n'avais pas vérifié, paresseux que je suis). Donc, s'il y avait un lecteur utilisateur de PC qui sache répondre il aura droit à ma reconnaissance universelle.
Écrit par : Le sciapode | 21/02/2009
Répondre à ce commentaireLes guillemets horizontaux, je les obtiens simplement en appuyant sur un bouton qui sert à ça... en bas à gauche du clavier. Les guillemets sont dessinés sur le bouton et il ne sert qu'à ça je crois. Mais je suis au Québec, peut-être que c'est un clavier américain, je sais pas, j'y connais rien...
En passant, excellent blog!
Écrit par : Alex Fatta | 26/02/2009
Répondre à ce commentaireIl faut également (et absolument) lire des notes de Joël Gayraud dans son livre "La peau de l'ombre" (José Corti).
Écrit par : Olivier Hervy | 27/02/2009
Répondre à ce commentaireQuand nous marchions sous la pluie, mon maître et moi, il disait:
Ne marche pas si vite, la pluie est partout.
Écrit par : Roland | 05/04/2011
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